Scarlett avait froid. Ce qui était complètement ridicule quand on savait la température qu’il faisait à Brisbane en ce moment mais elle ne pouvait pas s’empêcher de trembler les bras croisés sur sa poitrine, le bruit de ses talons dans la nuit noire comme seule signe qu’elle était en vie, son sac se baladant d’une cuisse à une autre tandis que sa robe ne cessait de remonter à chacun de ses pas. Quelle heure était-il ? Trop tard, ou trop tôt selon certains, l’heure où les rues commençaient à se vider, où les gens rentraient chez eux, pour retrouver un lit, une maison, quelqu’un, quelque chose. La brune n’avait pas tout ça et plus elle y songeait et plus elle avait envie de sortir la bouteille de vodka à moitié pleine dans son sac et d’en boire une gorgée. Scarlett n’avait qu’un seule poison, une seule raison depuis ses quinze ans et c’était bien l’alcool. Et dire que la soirée avait si bien commencé… Un de ses « amis » lui avait envoyé un sms plus tôt avec un boulot intéressant, quelques billets offerts pour danser dans un des nouveaux bars huppés de la ville, juste histoire de. « Allez viens tu amuseras la galerie et je te payerais un verre. » Et qui était Scarlett pour dire non ? Elle n’avait absolument rien prévu de son vendredi soir et sortir était bénéfique, si elle s’écoutait, elle pouvait passer la journée devant l’écran de son ordinateur, à lire les suggestions de ses fans les plus fidèles et regarder les pervers se disputer en direct pour savoir dans quelle position elle devrait atteindre son orgasme la prochaine fois. Ça ne faisait que la faire sourire dans le fond, voir tout ce petit monde s’agiter pour pas grand chose, pour avoir une miette d’elle. Comme si elle leur appartenait dans le fond, comme si les gens pouvaient vraiment l’avoir. La brune avait donc fermé son ordinateur dans un sourire avant de se préparer, Scarlett avait peut-être l’air de se négliger les trois quarts du temps, elle savait comment faire plaisir aux gens et leur donner exactement ce qu’il voulait ni plus ni moins. Son ami, Mark, l’avait complimentée dès son arrivée avant de lui proposer une cigarette et elle avait compris. Le jeu de séduction avait commencé au moment où Scarlett avait dit non et lui avait rappelé qu’elle pouvait se payer les siennes. C’était encore une fois trop facile, il n’y avait aucun défi et Scarlett avait dépassé le blond avec un fin sourire aux lèvres, sachant où elle allait finir sa nuit. Les verres avaient suivi, Scarlett se souvenait encore de la forte musique, qui lui brulait toujours es tympans alors qu’elle avançait dans les rues complètement désertes. Comme elle l’avait prédit, Mark n’avait pas hésité à l’embrasser et à lui proposer de venir chez lui. Scarlett en toute bonne allumeuse avait réclamé un autre verre, ils avaient fini dans un drug store à dévaliser les rayons et à faire les idiots et en se servant sans avoir l'intention de payer. Une soirée normale, jusqu’à ce que Scarlett décide d’arrêter de jouer et lui dise non au détour de l’allée dans laquelle ils étaient en train de s’embrasser. Mais qu’était-elle à part une fille facile ? À cette pensée, la brune sortit la bouteille de vodka de son sac et en but une longue gorgée, ignorant au passage sa lèvre inférieure qui saignait, là où cet espèce d’idiot avait eu l’audace de la gifler. Une mauvaise soirée en fait, et l’alcool commençait tout juste à faire effet et Scarlett finit par s’arrêter et se laissa retomber sur le trottoir, les larmes aux yeux. Ça ne lui arrivait pas souvent, la Warren savait boire et s’amuser et pas se transformer en véritable chaos ambulant, mais pas ce soir. Ce soir il semblait bien que toutes ses erreurs allaient la rattraper et elle fixa la maison devant laquelle elle s’était posée avec une impression d’être déjà venue ici. Ou alors c’était juste l’alcool qui parlait. Scarlet songea un instant à se rouler en boule, juste ici, avant que son esprit ne dérive vers Tommy. Et si elle l’appelait dans cet état-là et qu’elle lui racontait tout ce qui s’était passé dans sa vie depuis qu’il était parti. Mais non, c’était une idée stupide autant rester là.

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Scarlett & James

Les pleurs de Luca l’avaient réveillé en sursaut, comme un mauvais rêve il avait mis quelques secondes à retrouver sa place, remettre le mobilier en perspectif jusqu’à ce que les pleurs de son propre fils ne se mêlent à ceux du fils de Liviana. Se levant en titubant presque il avait retrouvé son fils dans la chambre voisine. Avoir deux enfants dans la maison n’était pas une mince affaire et Mathis avait beaucoup de mal à s’acclimater à la venu de ce nouvel arrivant sous leur toit. Alors que Mathis commençait tout juste à trouver un rythme et faire ses nuits, le nouveau né le réveillait au milieu de son cycle bousillant les maigres espoir de James de retrouver un jour des heures de sommeil correctes. Il avait attrapé son fils dans ses bras le serrant contre lui pour le calmer. Son front était trop chaud - la pousse de ses dents faisant monter sa fièvre et lui procurant des douleurs que le petit garçon avait de la peine à supporter, James l’avait emmené avec lui jusque dans le salon et avait fini par le garder contre lui jusqu’à ce que son souffle s’apaise et qu’il ne se rendorme. Entendant encore les pleurs de Luca à l’étage supérieur il était resté plusieurs minutes dans le salon son fils tout contre lui laissant son esprit divaguer. Depuis la naissance de Mathis ses maux s’étaient calmés - il avait semblé trouver en son fils le moyen de se séparer d’une dépression qu’il trainait avec lui depuis des années mais parfois comme ce soir - dans le silence de la nuit il sentait cette mélancolie dangereuse revenir le saisir. Cette partie de lui qui était morte avec son frère il savait qu’il ne la récupérait jamais - qu’elle continuerait sans doute de le hanter pour toujours même si il semblait dans le sourire de son fils retrouver la joie dont il avait oublié la saveur pendant 3 longues années. « Désolé… » La voix de Livia l’avait sorti de ses pensées alors qu’elle descendait les escaliers, les cernes marquant son visage. « Ne t’inquiète pas tout va bien. » Il avait désigné son fils endormi dans ses bras avec un sourire. « Luca s’est rendormi tu peux le recoucher. Je vais tenter de dormir encore un peu. » Son regard se posant enfin sur l’horloge il s’était rendu compte que le sommeil l’avait quitté malgré l’heure bien trop matinale pour un réveil. Reposant son fils dans son lit il l’avait observé dormir quelques secondes avant de redescendre décidé à utiliser ses heures pour faire quelques chose d’utile plutôt que de tourner dans son lit à ruminer des idées noirs qu’il ne pourrait sans doute pas chasser. Après avoir fait un peu de ménage il avait décidé d’aller courir un peu - comme ses proches le savaient, son implication sportif était directement reliée à ses états d’âme et plus il faisait de sport moins bien il se portait. Enfilant un jogging il avait laissé un mot sur la porte de Liviana espérant que les petits ne se réveillent pas pendant son absence et était sorti dans la rue - remontant l’aller de la maison il lui avait semblé entrevoir une silhouette au bout - et plus il avançait plus cela devenait une évidence. Une jeune femme était assise au bord du trottoir et le signe distinctif de ses épaules se levant et se baissant par à-coup laissait deviner qu’elle était entrain de pleurer. S’approchant lentement il avait tout de même pris soin de ne pas être trop silencieux qu’elle ne sursaute pas en entendant sa voix dans son dos. « Mademoiselle ? » Posant sans doute un peu dangereusement une main sur son épaule il s’était agenouillé proche d’elle ne sachant trop quoi faire dans cette situation. Une odeur d’alcool relativement forte était présente et un peu maladroitement il avait prononcé ses prochains mots. « Est-ce que je peux vous aider ? » Pas la peine de lui demander si elle allait bien - l’évidence était que non.

Scarlett allait rester là, là sur ce bout de trottoir et regarder le soleil se lever. Il n'y avait rien ni personne qui pouvait l'empêcher de le faire et puis ce n'était pas comme si on l'attendait ailleurs. Elle ne manquait à personne, personne ne déplorait l'absence de la brune dans ses draps, personne n'allait la chercher au réveil, personne n'allait tenter de la contacter. Scarlett était juste Scarlett. Elle avait réussi à repousser toutes les personnes de son entourage et surtout, elle avait réussi à leur faire croire que tout allait bien. Que le chaos et elle ne faisaient qu'un, qu'elle ne passait pas ses journées à essayer de remplir cette espèce de vide géant qui sommeillait en elle et qui ne la laissait pas fonctionner correctement. Comment faisaient les autres quand leur coeur battait à ce rythme là ? Comme s'il fallait qu'elle prenne un couteau et qu'elle l'enlève, pour que tout aille mieux... comment faisait-on pour ne pas merder continuellement et trouver une place qui était un peu la sienne. Scarlett ne se battait jamais pour rien, elle ne l'avait jamais fait, car rien n'avait d'importance, rien n'avait jamais d'importance, elle n'avait jamais trouvé une bonne raison de se lever le matin, jamais. Alors elle flottait, que ce soit maintenant, ou dans la vie de tous les jours, Scarlett flottait. Et d'ailleurs maintenant, elle avait vraiment l'impression de flotter, c'était l'alcool qui faisait son effet, ses pieds tellement légers que la brune finit par enlever ses chaussures. Elle ferma les yeux et posa ses deux mains sur ses deux oreilles, seulement accueillie par les battements de son coeur. Boum-boum. Peut-être qu'elle pouvait rester là et essayer de mendier un peu d'argent pour prendre un taxi. Boum-boum. Ou alors elle pouvait montrer sa poitrine au premier homme qui passait par là et ainsi avoir une nuit bien au chaud en échange de quelques caresses... ça pouvait se faire. Boum-boum. Appeler Tommy alors ? Il la tuerait à cause de l'heure, elle réveillerait Moïra et alors pas certain que Tom-Tom vienne la chercher, non. Scarlett sursauta en sentant une main sur son épaule, elle avait presque basculé dans ses propres pensées, presque happée par ses propres rêves, presque libre en fait, et ce simple toucher sembla lui brûler la peau. Elle ouvrit lentement les yeux, pour les poser sur un visage un peu trop proche. Un homme s'était agenouillé devant elle. Elle ne revait définitivement pas. Scarlett leva une main faible et tremblante vers le blond avant de se ressaisir. "... Non." Elle eut une impression de déjà vu, la brune battit des paupières tourna la tête vers la maison, et vers son propriétaire de toute évidence. Merde, merde, merde, se dit aussitôt Scarlett. "Mon dieu non... je suis déjà venue ici... il faut que je parte... il faut que je..." Scarlett venait de se relever, trop brusquement pour que son corps suive le rythme, trop rapidement pour que l'alcool l'y autorise et elle manqua de tomber, alors oui, faiblement, elle s'accrocha aux épaules de James, et réalise que putain elle se souvenait de son prénom. Mais non, Scarlett fit frénétiquement non de la tête, essayant de faire bonne figure et surtout, essayant surtout de déguerpir de là. "Vous... Tommy. Je ne peux vraiment pas rester ici." La brune ne réalisait même pas qu'elle parlait tout haut, une main dans les cheveux alors qu'elle se penchait pour ramasser ses chaussures. Son cerveau embrumé par l'alcool lui jouait vraiment de drôles de tour...

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Scarlett & James

Sa tentative pour ne pas l’apeurer n’avait de toute évidence pas marché - sursautant en sentant sa main le toucher la jeune femme avait relevé des yeux complètement perdus sur James qui ne savait trop comment agir dans cette situation. Si il faisait son possible pour être bon citoyen et aider ses voisins avec leur courses, les personnes âgées à traverser la route, ou les personnes en situations compliqués avec son travail - c’était une toute autre chose de trouver une jeune femme de toute évidence alcoolisée sur le trottoir. « ... Non. Mon dieu non... je suis déjà venue ici... il faut que je parte... il faut que je… » Ne comprenant pas la réaction de la jeune femme James était resté accroupi la mains dans le vide alors que la jeune femme se relevait d’un bon comme si d’un coup son contact la brulait, le regain d’énergie n’avait pourtant pas duré longtemps puisque déjà elle avait semblé faiblir à nouveau se rattrapant à lui pour ne pas tomber. L’alcool - la fatigue ou l’émotion il était incapable de dire ce qui avait crée cette soudaine agitation chez la brune mais était maintenant persuadé qu’il ne pouvait pas la laisser seule dans cette situation. Alors qu’il s’apprêtait à resserrer un peu son étreinte pour l’aider à tenir droit -  elle l’avait pourtant fuit à nouveau - attrapant ses chaussure avec frénésie et un besoin de toute évidence pressant de partir d’ici. « Vous... Tommy. Je ne peux vraiment pas rester ici. » Ouvrant des yeux étonnés à l’évocation d’un nom qui ne lui était pas inconnu il avait pourtant tenté de ne pas faire de lien trop vite sans en savoir plus. Il devait y avoir plus d’un Tommy dans la ville - et pourtant d’un coup les traits du visage de la jeune femme ne lui paraissaient plus aussi inconnus - comme si elle lui rappelait un homme qu’il connaissait maintenant bien . « Okay… Calmez vous… Tout vas bien. » Cette fois beaucoup plus hésitant il avait tout de même reposé sa mains sur son bras - prenant le risque d’un rejet brutal - voir même violent. Il n’avait aucune idée de ce dont pouvait être capable cette femme mais elle lui donnait l’impression d’être bien plus perdue que violente. « Vous connaissez Tommy ? Tommy Warren ? » Le regard de la jeune femme se posant sur lui il en avait déduit qu’il visait juste. « Est-ce que c’est pour ça que vous êtes là ? Est-ce qu’il y a  un soucis avec lui ? Je peux… Je peux vous aider ? » Bien que l’ancien détenu soit une vraie tête à claque et qu’être son agent de probation n’était pas toujours de tous repos James ne pouvait pas le nier - il aimait bien Tommy - et était persuadé que si il ne se forçait pas à jouer les imbéciles il pourrait réellement retrouver la stabilité dont sa vie - et celle de sa fille - avait besoin. Et son nom murmuré comme ça lui avait procuré un léger frisson de peur… Qu’est ce qu’il avait encore fait ? Est-ce qu’il s’était mis dans la merde. James se savait le devoir de le dénoncer si il venait à déraper et pourtant il n’en avait aucune envie… Les épreuves partagés avec lui avaient crée un lien un peu spécial - qu’évidement il n’avouerait jamais par professionnalisme. « Respirez… Je ne vais rien vous faire… Et vous n’êtes de toute évidence pas en état de bouger pour le moment. » Elle pouvait à peine tenir debout - puis James n’était pas prêt de la laisser partir seule dans cet état - si le quartier était habituellement plutôt sécure - il ne voulait pas prendre le risque d’avoir une agression sur la conscience. C’était une proie facile - une jolie fille paumée, alcoolisée au bon milieu de la nuit et seule… L’idée ne lui plaisait définitivement pas.

Le pire dans tout ça, c’était que ce n’était pas la pire soirée ou matinée que Scarlett avait connue. Oh que non, cette soudaine rencontre n’était même pas dans son top dix et c’était pour dire à quel point la brune avait bien vécu. Ou alors cela aurait dû être la sonnette d’alarme, la ramener à la réalité, la forcer à se réveiller. Mais Scarlett ne vivait pas dans la réalité, surtout pas quand elle avait encore une bouteille de vodka dans son sac et encore de l’alcool qui coulait dans ses veines et qui faisait battre son coeur à un rythme incessant. Elle fronça les sourcils tandis que James lui demandait s’il y avait un problème avec Tommy, oh ça… Scarlett pouvait en nommer des tas de problèmes à propos de son frère, à commencer par le fait qu'il était capable de s’éloigner sans un regard en arrière, sans se soucier de qui il abandonnait ou même de qui il blessait. Tout ça pour revenir et pour quoi ? Se disputer la garde d’une gamine avec Marius ? Alors quoi... Il fallait avoir moins de dix ans pour avoir son attention ? La brune poussa un profond soupir, la tête et tout le corps tanguant entre la droite et la gauche, incapable de formuler à voix haute tout ce qui lui passait par l'esprit dès que son grand frère était concerné. Elle se contenta d'un sourire niais pour James, et Scarlett finit par hocher la tête. "Tommy ? Oui c'est mon frère… et je suis déjà venue ici…" À quoi bon paniquer ? Qu’est-ce qu'il allait faire désormais ? Appeler la police ? Ce ne serait pas la première fois que Scarlett passait la nuit en cellule de dégrisement, c'était bien pour cette raison qu'elle sortait toujours avec une fausse carte d'identité, histoire de se protéger un peu et éviter que le clan Warren tout entier se mette en alerte. Non, Scarlett avait prise sa décision, elle devait partir d'ici, éviter de mettre Tommy dans la merde, ou au contraire, l'aider à creuser son trou. "Ce n’est pas la première fois que je m’approche de cette voiture." Scarlett pointa la voiture en question de son index, comme une demi-confession. S'était-elle sentit coupable après avoir crevé les pneus de James ? Absolument pas, cela lui avait fait un bien fou de s’en prendre physiquement à quelque chose, elle avait probablement été aussi bourrée qu'aujourd'hui ce jour-là, les détails s’effaçaient de la mémoire de Scar sans qu'elle ne puisse vraiment les rappeler à elle. Mais elle fut assez lucide pour faire un mouvement de recul, peut-être un peu trop brusque, en entendant James et le ton qu'il employait à présent. Non, hors de question qu'elle reste ici une seconde de plus s'il ne lui inspirait que de la pitié, Scarlett préférait largement le voir dégoûté par cette espèce d’épave qu'elle était à cette seconde précise plutôt que de l'entendre s'exprimer sur ce ton doux encore une fois. Non, plus que jamais, Scarlett n'avait besoin de personne, personne sur qui s'appuyer et définitivement pas besoin d’une épaule sur laquelle pleurer, elle se débrouillait très bien toute seule. Comme pour le prouver, au monde, à elle, et dans le fond à Tommy, elle se passa une main dans les cheveux et sur sa robe, presque pour lisser les pans et presque pour montrer qu'elle était prête, parée à toutes les éventualités. "Ne vous en faites pas pour moi, je vais rentrer en taxi." Scar insista bien sur le dernier mot, comme pour montrer qu'elle était lucide, c'était loin d’être le cas, mais la jeune femme refusait de rester là, le peu de dignité qu’il lui restait était mort et éteint depuis longtemps, pas de doute là dessus, il lui restait ses faux principes et de l’alcool. À cette pensée, Scarlett fouilla dans son sac et en sortit la bouteille de vodka, avec qui elle allait probablement finir la nuit. " Comme une grande fille."

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Scarlett & James

L’attitude de la jeune femme était de plus en plus étrange, il avait beau tenter de la calmer il ne savait pas ce qui lui passait par le tête et quand le sourire niais de Scarlett s’était posé sur lui, il avait légèrement froncé les sourcils. « Tommy ? Oui c'est mon frère… et je suis déjà venue ici… » Ne comprenant pas trop il avait continué de l’observer avec un soupçon de questionnement dans le regard. « Vous êtes déjà venue ici ? Chez… moi ? » Ou dans cette rue ? Il n’était pas sur de bien comprendre. Pas sûr non plus d’avoir envie de comprendre ce que la jeune femme tentait de lui dire. « Ce n’est pas la première fois que je m’approche de cette voiture. » Tournant le regard vers sa voiture il avait d’un coup compris ou elle voulait en venir. « C’était vous ? » Faisant un pas en arrière pour s'éloigner de la jeune femme, il l’avait regardé toujours sans comprendre. « C’est vous qui avez crevé mes pneus ? » Et pas qu’un peu, les quatre d’un coup et au couteau, ce qui ne laissait pas de doute sur un potentiel accident. Après ça, James avait d’ailleurs commencé à vraiment s’inquiéter. Si ce n’était pas la première fois qu’il se retrouvait face à des menaces à son égard personne avant n’était vraiment passé à l’action, s’en prenant à quelque chose qui lui appartenait, juste là, devant sa maison, dans sa propriété privé. Il avait eu peur que la personne en question ne puisse faire pire, et pourtant maintenant qu’il l’avait devant ses yeux elle ne semblait pas si effrayante. Juste complètement paumée. « Ne vous en faites pas pour moi, je vais rentrer en taxi.  Comme une grande fille. » Un léger rire jeune était sortie de ses lèvres cette fois. « Je ne doute pas que vous en êtes capable… Mais si vous croyez que vous pouvez lancer ce genre de révélations comme ça et partir comme si de rien n’était vous vous trompez. » Une pointe de colère avait maintenant percé dans sa voix. « Changer les 4 pneus m’a couté un blinde et si ce n’était que ça. Vous avez effrayé ma famille et moi aussi. » Alors la moindre des choses à son sens c’était qu’elle lui présente des excuses. Même si de toute évidence elle n’était pas dans le meilleur des états. « Et je crois que vous avez assez bu ! Vous ne tenez même plus debout. » Attrapant la bouteille il savait bien qu’il allait s’attirer les foudres de la jeune femme, mais peu importe. « Je peux au moins savoir pourquoi ? » Parce que si les quelques complications avec Tommy n’avaient pas toujours été de tout repos, il avait toujours fait au mieux. Et si cette jeune femme était assez idiote pour croire qu’elle allait aider son frère en agissant de la sorte elle était loin du compte. Elle avait bien plus de chance de lui apporter encore plus de problèmes.

C'était tout Scarlett ça, la fuite, celle qui en faisait toujours trop et qui ne restait jamais assez longtemps pour observer et surtout pour comprendre les conséquences de ses actions. À qui la faute aussi ? Elle avait vu Tommy partir une fois et avait déclaré que cela était suffisant et que c'était le bon exemple à faire. Quand il avait quitté les rues de Brisbane, elle n'avait plus eu aucune bonne raison de continuer et d'aller de l'avant justement. Elle n'avait fait que couler, encore et encore, avalant la tasse après chaque nuit, se demandant quand est-ce que l'eau salée allait finir par bousiller ses poumons pour de bon. Peut-être que Scar n'allait pas bien, mais elle n'avait pas besoin de leçon de moral. Ou peut-être que si, mais la seule personne à qui elle voulait se confier était trop occupée, alors voilà pourquoi est-ce qu'elle était là ce soir et qu'elle était complètement perdue...  Toutes ces émotions étaient forcément visibles sur son visage, sinon qu'est-ce qui aurait pu pousser James à en avoir quelque chose à faire et à lui prendre sa bouteille des mains. "... Rendez moi ça putain..." Scarlett essaya de faire un pas vers lui avant de se raviser, c'était une mauvaise idée, une très mauvaise idée de bouger autant. Elle se passa les deux mains dans les cheveux, elle pouvait déjà sentir la gueule de bois qu'elle aurait le lendemain matin. La brune eut une grimace aux mots de James, lui qui rendait soudainement tout ça tellement vrai et qui lui donnait encore plus envie de fuir, pourquoi rester là ? "PARFAIT !" finit par lâcher Scarlett, pour faire taire le blond et cette culpabilité naissante qu'elle pouvait sentir se former dans le creux de sa poitrine. Elle avait merdé, sur toute la ligne, s'en prendre à lui n'avait pas de sens, c'était à Tommy qu'elle devait parler de tout ça. Mais l'un comme l'autre, le frère comme la soeur, n'était pas équipé pour avoir ce genre de conversation et Scarlett se retrouvait là. Elle haussa les épaules, complètement désemparée et articula les mots suivants :  "Je ne sais pas... je crois que d'une certaine façon... j'essayais de protéger Tommy. De vous. Du système. De tout. Je sais c'est débile, je suis mal placée pour m'occuper de lui mais bon..." Que faire dans ces cas-là ? Quand elle était incapable de dire qu'elle avait été blessée ? Elle réalisait, bourrée ou non, qu'elle s'était trompée de cible et que jamais sa route et celle de James aurait du se croiser, jamais. Elle posa ses yeux couleurs noisettes sur lui, une expression plus sincère sur le visage. "Je suis désolée okay ?" S'il la connaissait, il aurait su que les mots lui coûtaient beaucoup, parce que Scarlett regardait rarement en arrière et de ce fait ne s'excusait jamais. À quoi bon pas vrai ?  "Dites moi combien ça vous a coûté et je vous rembourserais." promit Scarlett, l'idée venait juste de lui passer par la tête. Elle lui devait bien ça, entre sa voiture ruinée et cette matinée-là... James devait avoir une opinion très basse d'elle, comme la plupart des hommes qu'elle avait côtoyé mais au moins là, elle pouvait y faire quelque chose. "Je le pense vraiment, ce n'est pas juste l'alcool qui parle okay ? Tenez, prenez mon numéro de téléphone." Scarlett fouilla dans son sac encore une fois et après avoir déniché son reçu pour sa bouteille de vodka et un tube de rouge à lèvres, elle finit par y écrire un S. suivi de son numéro de téléphone et tendit le tout à James. "Et désolée encore une fois."

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Peut-être son côté père qui ressortait ou juste son besoin d’aider autrui mais même face à elle qui avait vandalisé sa voiture il ressentait le besoin de la comprendre. Il s’était tout de même montré un peu plus virulent qu’à l’ordinaire en lui ôtant la bouteille des mains.   « ... Rendez moi ça putain… » Pas tant qu’il n’aurait pas une réponse à sa question, ou peut-être pas du tout même, elle avait clairement assez bu et lui n’était pas d’humeur à marchander. « Je ne sais pas... je crois que d'une certaine façon... j'essayais de protéger Tommy. De vous. Du système. De tout. Je sais c'est débile, je suis mal placée pour m'occuper de lui mais bon… » Baissant un peu sa garde il l’observe un instant, une partie de lui est bien capable de comprendre son raisonnement. Protéger sa famille. « Je ne suis pas une menace pour Tommy. » Il se doute que le brun ne doit pas dire que du bien de lui - et même si c’est une vrai tête de pioche il l’apprécie et essaie sincèrement de l’aider. « On est du même côté, même si c’est dur à croire. » Et il y a des bonnes chances d’ailleurs pour qu’elle ne le croit pas, même avec ses mots. « Je suis désolée okay ? » Il n’est pas sûr que ça soit suffisant dans cette situation mais au moins à l’impression qu’elle est sincère. Que c’est juste une fille un peu paumée qui ne sait pas trop ce qu’elle fait - et qui ne réfléchit pas trop non plus.   « Dites moi combien ça vous a coûté et je vous rembourserais. » Il secoue la tête gardant pourtant toujours la bouteille loin d’elle. « Bon laissez tomber… » Elle continue pourtant de fouiller dans son sac bien décidée à aller jusqu’à la fin de son idée. « Je le pense vraiment, ce n'est pas juste l'alcool qui parle okay ? Tenez, prenez mon numéro de téléphone. » Pour lui faire plaisir il la laisse écrire son numéro, mais sait bien qu’il ne l’appellera jamais. C’est de l’histoire ancienne maintenant, il n’a de toute façon jamais été bien proche de son argent, c'était plus le fin mot de l’histoire qui l'intéressait. « Et désolée encore une fois. » Il hoche la tête, une partie de lui reste agacé même si l’autre comprend. « Au moins j’aurais eu le fin mot de cette histoire. » Et il pourrait peut-être dormir à nouveau sur ses deux oreilles. « Je dois bien l’avouer je me doutais que des anciens détenus pourraient me donner du fil à retordre... Mais par leur jeune soeur. » Il n’est même pas sûr qu’elle soit plus jeune que lui, mais fait des suppositions. Il le dit tout de même sur un ton amusé tentant de réduire la tension entre eux. « Je vous offre un café… » Dit-il en désignant sa maison ? Maintenant qu’il a piqué sa bouteille et puisqu’il ne compte pas la lui rendre. « Ca vous remettra peut-être les idées en place. » Il n’est pas trop à l’aise à l’idée de la laisser repartir dans cet état…

Les effets de l'alcool commençaient à s'estomper petit à petit et même Scarlett pouvait le ressentir. Normalement à cette heure-ci, elle était déjà dans son lit, une cigarette à la main, probablement sur son ordinateur en train de trainer sur des sites peu recommandables ou juste à écouter du Led Zeppelin en boucle pour s'endormir. Même pour Scarlett, parler à quelqu'un à cette heure-ci était une première et une toute petite partie d'elle-même se demandait ce que James fichait encore là, à essayer de la raisonner, alors qu'il aurait pu se rendre à l'évidence il y a des minutes de cela et finir par intégrer sa demeure et l'oublier. Scarlett finit par croiser les bras sur sa poitrine, elle commençait à vraiment avoir froid et elle considéra sa proposition. « Je vous rassure, ce n'est pas inscrit sur mon visage que j'ai des problèmes... vous n'êtes pas le premier à vous faire avoir. » marmonna t-elle. Était-ce un avertissement pour lui dire ne pas trop se faire d'espoir ? Non, c'était la triste vérité, peu de personne se penchaient sur son cas et encore moins essayait de la comprendre. Elle n'avait pas de problèmes pas vrai ? Elle était en bonne santé, elle aurait dû se comporter de manière normale, avoir un petit-ami, faire des études et trouver sa voie tout simplement. Sauf que le normal ne s'appliquait pas à Scarlett, ce modèle de vie si commun ne lui allait tellement pas et quand elle essayait de se fondre dans la masse, tout finissait par l'irriter et elle allait faire ce qui était à l'opposé. Parce que c'était toujours comme ça qu'elle avait fonctionné. La proposition de James était tentante, Scarlett était déjà épuisée rien qu'à l'idée de trouver un taxi et de monter les marches jusqu'à son appartement. La brune se mordit la lèvre inférieure, réfléchissant à toute vitesse, comme à son habitude. « À une seule condition... » commença lentement la jeune femme, son regard hésitant posé sur James. « Ne dites rien de cette soirée à Tommy, il n'a pas besoin de savoir pour tout ça... Il n'a pas besoin de savoir tout court. » ajouta Scarlett en hochant la tête. Elle savait dans le fond qu'elle devrait avoir une sérieuse discussion avec Tommy dans un future proche, à propos de sa vie à elle, de ce qu'il avait manqué et de quelle façon il l'avait blessée... Ça elle le savait, mais si elle pouvait retarder l'échéance encore un peu, gagner du temps, trouver une meilleure approche, cela aurait été parfait. Cette conversation avec son grand frère n'aurait de toute évidence pas lieu ce soir. « Pour lui je suis bien sagement chez moi, il ne se doute de rien donc si ça pouvait rester entre nous...»Scarlett savait qu'elle en demandait beaucoup à James, de mentir pour elle probablement, ou juste de ne pas mentionner cette soirée. Scarlett elle l'oublierait vite, elle se connaissait, elle appréciait la gentillesse de James, mais ce n'était pas son attention à elle qu'elle désirait par dessus tout. Ce n'était pas un café qui allait combler le manque et l'absence mais c'était un bon début. «  Deal ?» demanda Scarlett, elle finit par tendre la main à James, sa paume ouverte, attendant qu'il jure sa bonne foi.

Sidewalkers

Scarlett & James

La phase de colère était vite passée, le faite qu’elle ait des remords lui suffisant amplement. S’il était dans certain cas très rancunier il lui en fallait plus que quelques pneus crevés et une fille un peu paumée en face de lui. « Je vous rassure, ce n'est pas inscrit sur mon visage que j'ai des problèmes... vous n'êtes pas le premier à vous faire avoir. » Il en doute un peu, parce que ce soir, sa bouteille à la main entrain de pleurer sur le trottoir il n’y pas besoin d’écriteaux pour comprendre qu’elle a des problèmes ou tout du moins qu’elle ne va pas bien. C’est pourquoi il lui propose un café, aussi un peu parce qu’il fait frais et qu’elle semble n’être pas très habillée. « À une seule condition... » Parce qu’en plus elle a des conditions, c’est le monde à l’envers. « Ne dites rien de cette soirée à Tommy, il n'a pas besoin de savoir pour tout ça... Il n'a pas besoin de savoir tout court. » Il hoche la tête. « Je ne comptais pas lui en parler. » De toute façon si quelqu’un doit le faire c’est elle non pas lui, il ne compte pas s'inviter dans les histoires de famille des Warren. « Pour lui je suis bien sagement chez moi, il ne se doute de rien donc si ça pouvait rester entre nous…» James c’est un homme de confiance et il était sûr qu’il n’en toucherait pas mots à Tommy. « J’ai de la peine à croire qu’il vous pense sagement en la maison. » Avait-il tout de même ajouté d’un ton un peu amusé. Elle n’avait pas l’air d’être le genre de fille qui reste chez elle à glandouiller devant sa télé, mais savait aussi qu’en tant que grand frère parfois la vision pouvait être faussé. Il ne doutait pas que sa petite soeur à lui aussi était beaucoup plus dévergondée qu’il ne le pensait. «  Deal ? » « Deal. » Sa main était venue serrer celle de la jeune femme avant d’ouvrir la marche pour se diriger dans la maison. « Ma famille dort par contre alors restons silencieux. » Il n’allait pas rentrer dans les détails plutôt compliqués de qui était Liviana pour lui et du fait qu’en parlant de sa famille il n’était pas question de sa femme. Elle s’en moquait et de toute façon ne la rencontrait sans doute pas. Prenant place dans la cuisine il lui avait montré une chaise derrière le bar alors qu’il lui faisait couler un café - lui ayant déjà pris le sien il s'était fait couler un verre d’eau. Après lui avoir demandé si elle voulait du lait et du sucre il lui avait tendu sa tasse prenant place de l’autre côté du bar en silence. « Je sais qu’on ne se connait pas mais… J’ai bien vu que ce n’était pas la forme. Si vous avez besoin de parler à quelqu’un que vous ne reverrez plus jamais, qui ne sait rien de vous et sait garder sa langue… Je n’ai rien de mieux à faire. » Il se doutait qu’elle était bien trop réservée pour ça mais c’était dans sa nature de le dire - de tenter d’aider les autres et il était habitué à être une oreille attentive.

Au moins, James avait réussi à lui arracher un sourire au moment où il lui serra la main. Il y avait au moins ça de positif dans toute cette soirée et Scarlett se contenta de le suivre, les bras croisés sur sa poitrine, toutes les défenses de la jeune femme ayant disparu depuis longtemps. «Okay. » murmura t-elle alors qu'il lui disait de ne pas faire de bruit. Scarlett n'arrivait pas à se dire que c'était normal, tout ça, de rentrer dans le foyer de quelqu'un parce que ce dernier voulait véritablement l'aider. Pourtant Scarlett avait rencontré un bon nombre de connards au fil des années, des gens qui prenaient sans rien donner en retour et elle avait fini par se forger un sacré caractère et surtout un bon détecteur à conneries. Pas de ça avec James, il était sérieux, il avait les épaules carrées et Scarlett pouvait l'imaginer lui en tant que bon père de famille. Et pas un père raté comme le sien ni comme Tommy dans le fond. Un vrai père, de ceux qui écoutaient vraiment leur fille et qui ne lui disaient pas de ne pas salir le nom de la famille, de porter des jupes beaucoup plus longues ou de faire plus d'effort en cours. Non, c'était probablement le genre de foyer dans lequel Scarlett aurait adoré grandir. Mais elle avait loupé le coche, c'était trop tard pour elle, il n'y avait plus rien à sauver, elle ne pouvait que s'asseoir là, le regard perdu sur la table à espérer que le temps passe plus vite. Qu'elle puisse sortir d'ici et ne rien casser, plus qu'elle ne l'avait déjà fait. « Merci. » murmura Scarlett quand le café fut enfin posé devant elle. Elle senti le regard que lui adressa James et elle haussa les épaules. Se livrer n'avait jamais été son fort, en général, elle gardait ça pour les pages des cahiers qu'elle trimballait toujours sur elle depuis ses quinze ans. Un journal, quoi de plus cliché, mais c'était bien là et pas ailleurs que Scarlett laissaient trainer ses pensées. Pas ailleurs. Il y avait tellement de choses qu'elle ne disait pas, tellement de cris qui ne se manifestaient pas... C'était trop compliqué. « Honnêtement ? C'est juste une soirée de plus pour moi, il n'y a rien à dire, rien à raconter, je suppose que j'ai juste besoin de sommeil.» marmonna la brune. C'était une demi-vérité que la jeune Warren noya sous une gorgée de café chaud, qui lui brula un peu la langue mais elle accueillit le gout de la caféine avec joie, sa bouche complètement anesthésiée après l'alcool. Scarlett finit par pousser un soupir, ses yeux dans ceux de James... puisqu'elle devait être sincère. « Il faudrait éventuellement que je parle de tout ce qui ne va pas à Tommy. Ce n'est pas que je n'ai rien à dire... mais je ne suis pas certaine qu'il soit prêt à tout entendre. » Et dans le fond, il ne lui devait rien. Tommy était parti parce qu'il le voulait et Scarlett s'était foutue dans la merde pour cela également. Ça lui plaisait, si elle voulait remonter la pente, elle l'aurait fait depuis longtemps. « Beaucoup de choses ont changé en son absence. » Elle n'était plus innocente, elle n'était plus aussi rêveuse qu'avant, il n'était pas question de voyages, de s'éloigner de Brisbane, non elle était devenue pragmatique, préférant ruiner la vie des autres plutôt que de ramasser les lambeaux de la sienne. « J'ai changé aussi. » Cette phrase là fut articulée avec une certaine tristesse et Scarlett finit par se passer une main dans les cheveux, au bout du rouleau. Elle lança un coup d'oeil vers le salon de James, puis sur le blond. « Ça vous dérange si je crashe une heure ou deux sur votre canapé ? Promis dès qu'il fera jour j'irai prendre un taxi pour rentrer chez moi.»

Sidewalkers

Scarlett & James

 
Il avait en premier lieu laissé parler le silence, seul le bruit de la cafetière retentissant dans la cuisine. Ce  n’est qu’une fois la café posé devant la brune qu’il s’était permis de parler à nouveau, offrant une aide qui n’était sans doute pas grand chose mais tout ce qu’il pouvait offrir. « Honnêtement ? C'est juste une soirée de plus pour moi, il n'y a rien à dire, rien à raconter, je suppose que j'ai juste besoin de sommeil.» Il hoche la tête en buvant une gorgée d’eau sans rien rajouter. Il ne peut pas la forcer à parler si elle n’en a pas envie. Se contentera du silence, pas persuadé que des banalités soient bienvenus entre eux. « Il faudrait éventuellement que je parle de tout ce qui ne va pas à Tommy. Ce n'est pas que je n'ai rien à dire... mais je ne suis pas certaine qu'il soit prêt à tout entendre. » Il relève les yeux sur elle cette fois, quelque chose semble se dessiner devant lui… Un problème familiale plus ancré qu’il n’aurait pu le croire. Tommy semblait toujours prendre le sujet familiale à la légère et James avait cessé de l’aborder pour se concentrer sur sa réinsertion sociale. Il avait peut-être eu tort. « Il n’est pas toujours simple de lui parler. » Certes Tommy pouvait être une vraie tête de noeud, il le savait. « Mais peut-être a-t-il besoin d’entendre ce que vous avez à dire. » Autant qu’elle semble avoir besoin de le dire. Et il ne voudrait pas qu’il soit un jour trop tard… Tommy avait bien failli y rester le soir de la tempête, il n’avait pas été loin et le côté éphémère de sa vie avait dû lui sauter au visage. Pas assez apparemment pour essayer de régler les histoires avec sa famille. « Beaucoup de choses ont changé en son absence. » Sans détacher le regard de la brune il avait attendu de voir si elle voulait en dire plus. « J'ai changé aussi. » Ca semblait être quelque chose de plutôt négatif dans la bouche de la jeune femme. « On dirait que ce n’est pas quelque chose de bon dans votre bouche… »  C’est ce qu’il entend dans sa voix mais est plutôt optimiste il était de ceux qui pense que si ce qu’on est ne nous convient pas il y a toujours moyen de changer. Les choses ne sont pas immuable. « Ça vous dérange si je crashe une heure ou deux sur votre canapé ? Promis dès qu'il fera jour j'irai prendre un taxi pour rentrer chez moi.»  Il regarde son canapé avec quelques secondes d’hésitation tout de même. Elle a beau avoir vandalisé sa voiture il a envie de lui faire confiance et de ne pas penser à l’idée que son appart se retrouve vide après son passage. Elle n’est rien de plus qu’une fille triste et un peu paumée… « Oui évidemment… Vous pouvez utilisez le téléphone fixe si besoin. » Il montre le téléphone d’un signe de tête attrapant la tasse vide de la jeune femme pour la mettre dans le lave-vaisselle. Il se dirige vers le salon et ouvre une armoire pour en sortir une couverture et la lui tendre. « Tenez, il fait un peu frais parfois ici. » Il tente un sourire bienveillant avant de se détourner un peu. « Vous avez besoin d’autre chose ? »  Il est comme ça James, même pour quelque heure il n’a pas envie qu’elle soit mal chez lui.

Scarlett était au bout du rouleau, aussi bien physiquement que moralement, elle voyait bien tous les efforts que faisaient James pour l'aider et à un autre moment, sobre, elle aurait pu se laisser aller à une ou deux confessions. Lui dire que dans le fond elle aussi était terrifiée que lui par la tournure que prenait sa vie parfois, qu'elle savait très bien qu'elle allait dans le mur mais qu'elle ne savait plus si elle avait envie d'appuyer sur la pédale de frein ou au contraire sur l'accélérateur. C'était difficile à dire. Et puis il y avait Tommy à qui elle ne disait pas grand chose, elle ne savait même pas si elle était encore capable d'être honnête avec lui. Tout était trop compliqué, tout tournait dans sa tête et lui donnait le vertige, elle voulait passer à autre chose, d'où son désir de se laisser retomber sur ce canapé qui avait l'air plus qu'accueillant et confortable, pour une heure ou deux. Scarlett fixa le téléphone au moment où James lui suggéra de passer un coup de fil... mais à qui ? Elle n'avait pas vraiment d'amis dans le fond, aucun qui était sobre à cette heure-ci, Jimmy devait probablement avoir un rail de coke dans le nez et Mark avait du finir par s'endormir quelque part, soit dans sa boite, sois dans sa voiture... Non, il valait mieux qu'elle reste ici. « Non je crois que ça ira...» murmura la jeune femme avant de s'enrouler dans la couverture que venait de lui tendre James. Elle eut à peine le temps de s'installer sur le canapé, et d'articuler un autre bonne nuit que ses paupières se firent lourdes. Sa tête, ou son coeur, continuait de tambouriner là, au dessus de son crâne mais Scarlett respira profondément et essaya de dormir. Elle avait au moins une pensée rassurante : ici, rien ne pouvait mal se passer. La brune émergea quelques instants plus tard, elle ne savait pas combien de temps elle avait dormi mais le soleil n'était pas très haut dans le ciel. Autant ne pas s'attarder ici. Elle replia rapidement la couverture et récupéra ses chaussures. Dans l'entrée Scarlett marqua une pause, presque hypnotisée par les photos de James et dans un sens, les photos d'une vie qu'elle ne connaitrait jamais. À quoi bon s'attarder sur tout ça ? Elle se contenta de lui laisser un mot, qui pour elle voulait déjà tout dire. Merci pour tout.