Le Deal du moment : -29%
DYSON V8 Origin – Aspirateur balai sans fil
Voir le deal
269.99 €

 saul&joanne + your body's poetry, speak to me

Anonymous
Invité
Invité
  

saul&joanne + your body's poetry, speak to me  Empty
Message(#)saul&joanne + your body's poetry, speak to me  EmptySam 28 Jan 2017 - 12:07


your body's poetry, speak to me
won't you let me be your rhythm tonight?


C’était assez surprenant que Joanne ait eu cette envie de sortir en ville. Elle qui, ces derniers temps, avait bien tendance à se morfondre chez elle, à ressasser tout ce qui avait été dit ou pas dit. Cela finissait toujours pas une insomnie, à force de trop penser. Certains la décriraient même comme paranoïaque, et ils n’avaient certainement pas tort. Surtout que Daniel était chez ses parents pour quelques jours. Joanne dirait qu’elle s’entend un petit mieux avec eux, mais elle ne voulait pas faire comme si de rien n’était. Cela ne faisait que l’isoler davantage, à une période de sa vie où elle n’avait plus grand monde sur qui elle pouvait compter. Joanne avait envie d’être seule, mais elle ne s’attendait pas à être si éloignée du reste du monde. Etant donné qu’elle n’avait pas son enfant sur qui veiller, Joanne ne savait pas quoi faire. Jusqu’à ce que sur un coup de tête, elle se lève de son canapé pour monter à l’étage, dans sa salle de bain. Elle troqua ses vêtements du jour contre une robe de couleur bordeau, particulièrement moulante et cintrée. Celle-ci était loin d’être vulgaire; elle s’arrêtait au niveau des genoux et était munie de larges bretelles. Une robe assez classe, en somme. Elle se maquillait si peu ces derniers temps que ça lui  une impression étrange de se voir se sublimer devant son miroir, elle qui n’appréciait pas vraiment son reflet. Oh, Joanne n’avait pas l’intention de séduire qui que ce soit et comptait bien dormir dans son propre lit en rentrant. Mais pour une fois, elle prenait soin d’elle, chose qu’elle n’avait plus fait depuis une éternité. Du haut de ses escarpins, elle descendait avec aisance les escaliers et prit sa voiture. Si elle venait à trop boire, elle la laisserait certainement sur un parking pour rentrer en taxi.

Ce n’était pas le même bar où elle avait rencontré Jamie pour la toute première fois. C’en était un autre, au centre ville. L’ambiance y était assez cosy et chaleureuse, avec ces lumières tamisées, tous les meubles qui étaient en bois et les bougies présentes sur chaque table. Il n’y avait pas encore beaucoup de monde. Accoudée contre le bar, elle sirotait un verre cocktail. Elle n’avait pas vraiment envie de muscat ou de vin, contrairement à ses habitudes. Wesley, son partenaire pour ses cours de danse, lui envoyait des messages, à la fois pour et contre cette sortie seule sur un coup de tête. Il craignait qu’elle devienne bien trop saoule pour qu’elle ait conscience de ses actes ou qu’elle se fasse avoir par le premier homme qui venait à l’aborder. Mais personne ne venait vers elle, pour le moment, ce n’était pas plus mal. Elle écoutait la musique de fond et regardait le barman préparer ses boissons avec aisance. Joanne rêvassait principalement, elle pensait beaucoup à Jamie, à Hassan, à tout ce qui a déjà pu se passer depuis le début de cette année. C’était assez catastrophique en somme. Elle estimait qu’elle devait s’avouer déjà chanceuse qu’elle ne soit pas malade, ni son fils d’ailleurs. Et dire qu’il n’était plus qu’à quelques jours de ses un an, déjà. Joanne balayait souvent du regard la salle. Après avoir vidé son verre, elle se rendait quelques minutes aux toilettes. Elle revint quelques minutes plus tard, et tomba nez à nez avec un inconnu fier de son sourire charmeur. Voilà que ça commençait, le rentre-dedans. Et ça démarrait assez fort car ce grand gaillard était particulièrement lourd et s’y prenait très mal en osant se montrer d’emblée tactile avec la jeune femme. Celle-ci ne se trouvait à un peu plus de deux mètres de Saul, elle remarqua sa présence et eut l’idée la plus étrange qui soit. Joanne s’éclaircit la voix et finit par dire. “Je crois que je devrai rejoindre mon compagnon.” dit-elle avec un sourire forcé. “Vous n’en avez pas, je vous ai vu toute seule depuis que je suis là.” “C’est parce qu’il… n’était pas encore arrivé à ce moment là, et je comptais le rejoindre. Il est juste là, regardez.” dit-elle en faisant un signe de tête en direction de Saul. L’inconnu se retourna et le regarda de la tête aux pieds. “Lui ?” “Oui, lui.” répondit-elle d’un ton un peu désinvolte, en croisant les bras. Joanne finit par s’approcher de Saul et s’installa sur le tabouret à côté du sien. Elle lui sourit. “Chéri, ce grand gaillard me drague parce qu’il ne me croit lorsque je dis nous sommes ensemble.” dit-elle en regardant le beau brun. Histoire de faire un peu plus réel, Joanne déposa délicatement l’une de ses mains sur sa cuisse - heureusement, l’alcool qui coulait dans ses veines lui permettait de faire ce genre de choses. Sans quoi, elle n’aurait jamais osé. Elle espérait qu’il accepte de jouer le jeu afin qu’on la laisse tranquille. “Et il allait justement me commander un cocktail pour qu’on puisse passer une agréable soirée, être tranquille. Pas vrai ?”

made by black arrow
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

saul&joanne + your body's poetry, speak to me  Empty
Message(#)saul&joanne + your body's poetry, speak to me  EmptyMar 31 Jan 2017 - 17:00

Depuis combien de temps détaillait-il au juste le fond de son verre ? Il ne saurait le dire, ayant perdu la notion du temps dès lors qu'il avait commandé son troisième verre de whisky et commencé à osciller entre une troublante neurasthénie et un enthousiasme qui lui valait par moments de bondir sur son tabouret, les mains plaquées sur le comptoir, et d'afficher un sourire qui lui donnait certainement l'air aussi idiot que le soir de sa première cuite. C'était la même rengaine depuis plusieurs jours. Depuis qu'il était rentré de New York et avait constaté que la vie avait suivi son court en son absence et que les problèmes qu'il avait laissé derrière lui le jour de son départ avaient attendu bien sagement de pouvoir le rattraper dès son retour. Il y avait eu cette montagne de messages vocaux laissés sur son répondeur, les sollicitions de journalistes qui bizarrement s'intéressaient à son cas maintenant qu'il était au cœur d'un scandale qui risquait fort de l'éclabousser jusque dans les plus petits recoins de son existence, et les plaintes interminables d'une Patty visiblement plus préoccupée par la bonne marche de leur compagnie que par ce qui avait tenu son associé éloigné de Brisbane pendant plusieurs jours. Il ne pouvait pas lui en vouloir, son associée et lui n'avaient pas été taillés dans le même bois. Son cœur à elle avait toujours été cette sorte de masse imperméable que rien ne semblait pouvoir ébranler. Son cœur à lui, a contrario, n'était depuis toujours qu'une éponge imbibée de sang qu'un coup de vent, même léger, pouvait écorcher. Alors s'il devait compter sur la compréhension de quelqu'un, livrer entre deux soupires tout ce qui lui valait aujourd'hui de rechercher l'ivresse au fond du premier bar venu, ce ne serait certainement pas vers Patty qu'il se tournerait. Ni vers Vance, qui depuis quelques semaines semblait sciemment l'éviter – ou Abel, qui aurait vite fait de lui répéter qu'il l'avait suffisamment mis en garde du temps où il lui aurait été encore possible de se tirer du pétrin dans lequel il s'était fourré. Il y avait bien Hannah, mais la comédienne en avait déjà fait beaucoup pour lui en lui ouvrant les portes de sa demeure new-yorkaise, et une partie de lui savait qu'il la décevrait encore un peu plus si la brune devait le voir dans cet état. Et dans le fond, sans doute n'avait-il besoin de personne. Pour le comprendre, pour l'écouter, pour excuser ce qui n'avait pas à l'être … Il était tout aussi bien tout seul, à boire un savoureux whisky et à fixer le fond de son verre comme s'il espérait parfois y voir apparaître une sorte de faille spatio-temporelle qui lui permettrait de remonter plusieurs années en arrière, avant que sa vie ne lui échappe totalement. « Sers m'en un autre, s'il te plaît. » Il souffla d'ailleurs, remontant cette fois son regard jusqu'à la serveuse qui courait d'un bout à l'autre du bar. « Je sais que c'est pas mes oignons, mais tu devrais y aller mollo. Ça fait trois soirs de suite que tu enchaînes les verres, je sais pas ce qui te tracasse mais je pense pas que ce soit la solution. » Saul esquissa à ce moment-là un sourire. Ni tellement heureux, ni tellement triste. Le genre qui était très probablement dicté par l'alcool et qui témoignait finalement du fait qu'il oscillait lui-même entre plusieurs états d'esprits, aussi diamétralement opposés qu'ils pouvaient parfois se confondre, quand il n'était plus tout à fait maître de ce qu'il laissait ou non transparaître. « Sur ce point on est d'accord, c'est pas tes affaires. » Le brun reprit en tout cas, en mouvant doucement la tête, avant de l'incliner pour la dévisager avec un peu plus de douceur. « Désolé, j'ai juste … besoin de décompresser. Mais ne t'inquiète pas, je suis venu à pied. » Comme hier, avant-hier et le soir d'avant. Parce qu'aussi perdu fallait-il sans doute être pour s'égarer dans ce genre d'endroits lorsqu'il paraissait effectivement évident qu'aucun verre n'irait le soulager du poids de ses problèmes, Saul n'en était pas encore au point de se mettre délibérément en danger. En tous les cas perdu dans ses songes, c'est une arrivée pour le moins inattendue qui vint finalement l'en tirer au moment où Joanne, qu'il n'avait pas vu s'approcher, prit place sur le tabouret à coté du sien. Il lui fallut alors à ce moment-là quelques secondes supplémentaires pour réaliser ce qui était en train de se passer. Car si l'alcool n'aidait évidemment pas à ce qu'il assimile la situation, l'attitude pour le moins surprenante de la jolie blonde - et tout particulièrement cette main posée à même sa cuisse - ne l'y aidait pas non plus. Pourtant, tout finit par lui apparaître un peu plus clairement au moment où leurs regards se croisèrent et où il comprit, en observant par la suite l'homme qui se tenait près d'eux, qu'il avait ici l'occasion de la tirer d'un mauvais pétrin. « Oh. » Il se redressa alors et se tourna légèrement sur son tabouret, délaissant le verre qu'on lui avait préalablement apporté et s'efforçant de paraître aussi dégourdi que possible malgré son état. « Il faut croire que j'ai eu tort de te laisser partir seule aux toilettes. » Déduction risquée étant donné qu'il ignorait en vérité où Joanne avait passé les cinq dernières minutes – et même les cinq dernières heures – mais il n'y avait sans doute pas dix mille endroits où elle aurait pu s'absenter, seule, si elle était véritablement venue accompagnée. « Eh bien vous voyez, elle vous a dit la vérité. Maintenant qu'est-ce que vous diriez d'aller voir ailleurs si j'y suis, avant qu'on ait un problème tous les deux ? » Et passant un bras autour des épaules de la blonde pour la rapprocher légèrement de lui, Saul s'assura que l'homme n'aurait pas dans l'idée de s'éterniser et l'observa finalement s'éloigner avant de recroiser le regard de Joanne. « Chéri ? » Il s'amusa, les lèvres étirées en un sourire teinté de malice, sans doute beaucoup plus enclin à prendre la chose à la légère que s'il avait été parfaitement sobre. « Entre nous, j'aurais jamais imaginé qu'on commencerait à se tutoyer dans ces conditions. » Il aurait même probablement ajouté qu'une partie de lui n'aurait sûrement jamais cru qu'ils commenceraient à se tutoyer un jour, mais ce soir la teneur de leurs derniers échanges ne lui revenait que par extraits et il n'avait pas nécessairement le cœur à s'en rappeler plus précisément. « Bien, j'imagine que je suis censé connaître les goûts de ma compagne, alors ... Un gimlet pour la jeune femme, et un manhattan pour moi. Merci. » Quant à son verre de whisky, il y reviendrait en temps voulu, à cet instant lui-même apprécierait de goûter à autre chose. Les cocktails, ça lui rappelait toujours les nombreuses soirées qu'il avait passé dans ce genre d'endroits du temps où il n'était encore qu'un étudiant. Et si ces élans de nostalgie auraient probablement ravivé sa peine dans d'autres circonstances, ici l'alcool agissait comme un filtre qui édulcorerait légèrement une réalité le plus souvent insupportable. D'où sa présence ici depuis quelques soirs. Glissant cette fois une main dans le dos de la blonde, c'est presque inconsciemment qu'il laissa ses doigts s'enrouler autour de quelques unes de ses mèches de cheveux. « Mieux vaut continuer à jouer le jeu tant qu'on n'est pas sûrs que votre ... ton admirateur n'est plus dans les parages. Il avait l'air très intéressé, je doute qu'il renonce aussi facilement. » Il souffla par la suite à son oreille, avant de tourner son visage vers le sien et d'esquisser un léger sourire. « Je viens souvent ici, ces derniers temps. La musique est sympa, et on s'occupe bien de vous … tout du moins quand on ne vous chaperonne pas. » Et laissant un regard entendu à la serveuse qui fronça légèrement les sourcils, il réprima un rire avant de passer une main contre sa nuque, les lèvres légèrement pincées. « Mais toi, tu ne viens pas souvent, je me trompe ? J'ai pas le souvenir de t'avoir déjà croisée par ici, ou alors je n'étais chaque fois plus en état de te reconnaître, et dans ces cas-là j'espère que l'inverse était vrai. » Cette fois il laissa échapper un rire, osant à peine imaginer dans quel état Joanne l'aurait aperçu si elle s'était elle-même attardée dans ce bar au cours des derniers jours. Saul avait conscience de tirer sur la corde depuis son retour de New York, et il savait qu'à long terme cette situation ne serait plus viable et que noyer sa peine dans l'alcool finirait par lui causer de nouveaux ennuis, dont il n'avait assurément pas besoin. Finalement la serveuse vint apporter leurs cocktails. « Merci. » Et saisissant le sien avant de rapprocher l'autre verre de la jeune femme, Saul joua un instant avec la cerise dépassant de son verre avant de reporter son attention sur Joanne. « A quoi est-ce qu'on trinque ? A cette soirée ? » Il était probable qu'il eut été le dernier à proposer de célébrer un soir comme celui-ci si l'alcool ne l'avait pas détendu, et c'était certainement une raison supplémentaire pour trinquer tant que sa vie lui semblait encore avoir un semblant de saveur. « C'était une envie, ou bien un besoin ? » Il savait ce qu'il en était de son coté, mais ce qui l'intéressait c'était de savoir si Joanne était entrée dans ce bar avec l'envie de passer une bonne soirée, ou si quelqu'un ou quelque chose était responsable de sa présence ici. Saul, lui, ne risquait pas de s'en plaindre, apercevant enfin une opportunité d'apprendre à la connaître sans qu'il soit question de Jamie, de sa décision de le dénoncer aux autorités ou de leurs tourments sentiments respectifs. Ils n'étaient peut être l'un et l'autre pas vraiment dans leur état normal, mais c'était peut être leur meilleure chance de briser la glace, pour de bon.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

saul&joanne + your body's poetry, speak to me  Empty
Message(#)saul&joanne + your body's poetry, speak to me  EmptyMar 31 Jan 2017 - 21:47


your body's poetry, speak to me
won't you let me be your rhythm tonight?


C'était certainement mauvais endroit et mauvais moment pour Saul. Son visage laissait deviner qu'il n'en était pas à son premier verre, et il lui fallut quelques secondes pour reconnaître la jeune femme. Ils ne s'étaient pas quittés en de très bons termes, et elle lui demandait un sacré service en prétendant être son compagnon. La jeune femme était bien soulagée qu'il veuille bien jouer le jeu, il aurait très bien pu refuser de le faire. "C'est vrai, tu ne devrais pas me lâcher une seule seconde." répondit-elle avec un sourire on ne peut plus reconnaissant. C'était peut-être la première fois que Saul la voyait sourire. Alcoolisé ou non, ça devait être être étrange pour lui, de voir son visage rayonner un minimum. Le brun demanda même gentiment au mauvais dragueur de les laisser tranquille tout en passant un bras sur les épaules de Joanne pour leur donner un peu de crédibilité. Saul était amusé par le surnom qu'elle venait de lui donner. La petite blonde rit alors, par gêne, en baissant les yeux. "Surtout que je n'utilise pratiquement jamais ce surnom." dit-elle en riant toujours. "Mais merci beaucoup. Je n'ai jamais été très douée pour me débarrasser des mecs lourds comme lui. Ils finissent toujours par être particulièrement tactiles. C'est toujours plus facile lorsqu'on a un complice pour s'en défaire." Et Joanne parlait d'expérience, pour le peu de fois où elle allait sortir dans un bar. C'était une bien drôle de manière de commencer à se tutoyer, en effet. "Mieux vaut tard que jamais, pas vrai ?" lui dit-elle alors. Il était vrai que Joanne n'aurait jamais véritablement su quand elle pouvait se permettre de le tutoyer. Elle n'était même pas sûre de l'avoir fait d'elle-même, tout naturellement. Ca aurait été bien compliqué, vu leurs dernières rencontres. Apparemment motivé de poursuivre ce petit jeu de rôles, le beau brun finit par même lui offrir un verre, un cocktail. "C'est gentil, merci beaucoup." dit-elle tout bas, avec un sourire. "Le prochain est pour moi, par contre." Elle avait noté qu'il avait auprès de lui un verre de whisky qui n'était pas terminé, mais qu'il gardait précieusement près de lui. Ils n'étaient pas à leur premier verre chacun, cela facilitait certainement les rapports. Ce fut au tour de Saul de se montrer tactile, en allant d'abord déposer délicatement sa main sur le dos, puis il remonta progressivement afin de pouvoir entremêler ses doigts dans quelques unes de ses mèches blondes. C'était un geste peut-être courant mais qui était assez intime pour Joanne. Il n'y avait que Jamie ou Hassan qui se permettaient de jouer ainsi avec ses mèches - son fils ne rentrait pas vraiment en ligne de compte. "Mon admirateur ? C'est vraiment comme ça que tu l'appelles ?" dit-elle en riant. Mais il avait raison, il fallait jouer le jeu jusqu'à ce que les éventuels prétendants se fassent à l'idée qu'il fallait voir ailleurs s'ils voulaient pas rentrer seul ce soir-là. "C'est la première fois que je viens ici." répondit-elle. "Je suis allée sur Google, j'ai regardé les bars qui avaient bonne réputation. Parmi eux, il y en avait un que je préférais éviter, parce que trop de souvenirs, et pour le reste, j'ai laissé le hasard faire." Elle haussa les épaules. "Mais je vois que la musique fait même danser ici, ce qui est plutôt bon signe." Un peu plus loin dans le bar, il y en avait quelques uns qui se laissaient entraîner par le rythme de la musique. "Et même, de base, je ne vais pas vraiment souvent dans ce genre d'endroits. J'avais juste envie... de me vider la tête un peu, pour une fois. J'ai plutôt tendance à faire l'inverse." Elle rit nerveusement, et remercia la serveuse lorsque celle-ci lui apporta sa boisson. "A cette soirée. Ca me va très bien." Ils firent tinter les verres avant d'en boire une gorgée. Joanne devait reconnaître que le cocktail choisi par Saul était particulièrement bon - elle ne l'avait jamais goûté auparavant. "Un peu des deux." répondit-elle, toujours souriante, bien qu'un peu effacée. "Je pensais que tout irait mieux au bout d'un moment, mais ce début d'année n'a pas été particulièrement encourageant pour le moment. J'ai appris des choses qui... qui font empirer beaucoup de choses." Elle regardait alors son verre, se disant qu'il n'était certainement pas raisonnable de tout boire rapidement bien que ce n'était pas l'envie qui manquait. "S'il peut y avoir une bonne nouvelle dans ce foutoir qu'est ma vie, c'est que j'ai décroché un nouveau travail. J'ai laissé de côté la fondation - en être à la tête n'était définitivement pas fait pour moi. Et j'ai peu revenir à ma passion première, qui est d'être conservatrice dans un musée. Un mi-temps pour le moment, c'est qui est plutôt pas mal vis-à-vis de l'angoisse de séparation avec mon fils." dit-elle en riant nerveusement. "Moins violent que si j'avais directement un temps loin. Mais je suis quand même très nerveuse. Ca reste mon bébé après tout." dit-elle avec un sourire, en prenant une gorgée de son cocktail. "Et toi ? Tu me dis que tu viens souvent ici, et ta tête laisse deviner que c'est loin d'être ton premier verre de la semaine. Ce n'est pas vraiment de bonne augure." De plus, ça se voyait, qu'il gardait beaucoup de choses pour lui. Quelque part, Joanne savait de quoi il s'agissait. Il ne pouvait s'agir que d'une seule chose à vrai dire. "Je vais te prendre la main, c'est juste pour que le même mec arrête de me regarder comme si j'étais sa proie." lui dit-elle tout bas, finissant par exécuter ce qu'elle disait en croisant ses doigts avec les siens. "Qu'est-ce qui s'est passé ?" lui demanda-t-elle alors, soucieuse. "Je ne suis peut-être la personne à qui tu aurais voulu te confier, mais... on m'a toujours dit que je savais bien écouter." dit-elle avec un sourire encourageant. "Alors, quel a été l'élément déclencheur ?" Elle voyait bien qu'il avait besoin d'extérioriser un peu, qu'il gardait quelque chose pour lui, et pas des moindres.

made by black arrow
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

saul&joanne + your body's poetry, speak to me  Empty
Message(#)saul&joanne + your body's poetry, speak to me  EmptyLun 6 Fév 2017 - 14:47

Joanne. Un nom qui pour Saul avait longtemps été synonyme de complications. Parce qu'aussi loin pouvait-il encore s'en rappeler malgré son état, ses précédents échanges avec la jeune femme ne s'étaient pas déroulés sans encombre, au point qu'une partie de lui s'était promise d'éviter de se mêler à nouveau des affaires de la blonde, quand par le passé son envie de lui rendre service lui avait attiré quelques problèmes. Oui mais voilà, Saul en était ce soir à son troisième verre de whisky et ce qui aurait pu se dresser entre la blonde et lui paraissait soudainement dérisoire. Leur dernier échange au milieu du parc, sa conversation avec Jamie au tribunal, et les nombreuses nuits qu'il avait passé à se demander s'il n'aurait pas mieux fait de rester à sa place le jour où il lui avait pris l'envie de jouer les voisins concernés … tout ça appartenait ce soir à un ensemble de souvenirs qu'il préférait noyer au fond de son verre. Alors, au moment où Joanne s'approcha de lui pour laisser entendre auprès d'un homme visiblement entreprenant qu'il n'était autre que son compagnon, Saul n'y réfléchit pas à deux fois avant d'entrer dans le jeu de la jeune femme. Il n'avait certainement plus rien à perdre depuis déjà quelques jours, et tant qu'à profiter des effets bienfaiteurs de l'alcool sur ses idées noires, autant qu'il n'en profite pas seul. Ainsi endossa-t-il le rôle qui serait le sien le temps de cette soirée, avant de recommander à l'homme qui se tenait près de Joanne de s'éloigner sans faire d'esclandre. L'occasion pour Saul de s'amuser du surnom précédemment employé par la blonde, et de noter au passage que celle-ci semblait bien plus souriante et apaisée que lors de leur dernier échange. L'illustration d'un bonheur retrouvé, ou bien la preuve que l'alcool lui réussissait autant qu'à lui ? « Visiblement, c'est loin d'être la première fois que ça t'arrive. Si j'étais toi, j’investirais dans un spray au poivre pour la prochaine fois, à moins de vouloir transporter un complice partout où tu vas. Ça prend plus de place, mais c'est tout aussi dissuasif. » Ses lèvres dessinant désormais un sourire plus amusé, il se rapprocha ensuite légèrement pour ajouter, sur un ton plus complice. « Je devrais peut être me porter volontaire dans l'hypothèse où tu recroiserais cet idiot et qu'il s'étonnait de ne pas te voir avec ton compagnon. » Il aurait volontiers ajouté qu'il n'aurait de toute façon rien de mieux à faire de ses soirées maintenant que sa vie sociale risquait de se limiter aux rares personnes que les récentes révélations sur sa vie personnelle n'éloigneraient pas de lui, mais tant qu'il pouvait éviter d'effleurer le sujet du doigt, sans doute valait-il mieux qu'il se concentre sur le reste. Et le reste, c'était notamment cet étonnant hasard qui voulait que Joanne et lui se tutoient pour la première fois et dans ces conditions pour le moins singulières, ce qui les amusa l'un comme l'autre. « Entièrement d'accord. » Il répliqua ainsi, à la remarque de la blonde, et dans un sourire qui s'étira après qu'il l'ait prise au mot et leur ait commandé deux cocktails, pour le plus grand plaisir de Joanne, qui se proposa même de lui offrir le prochain. « Si tu étais arrivée quelques verres plus tôt je t'aurais sûrement répondu que ça allait à l'encontre de mes principes, mais je crois que je ne serai bientôt plus en état de te refuser quoi que ce soit. » Et c'était certainement un peu triste, qu'il sache déjà plus ou moins dans quel état il finirait cette soirée. Une soirée dont il garderait certainement des souvenirs embrumés, à l'instar de celles qu'il avait déjà passé accoudé à ce même bar, à ceci près que la compagnie de Joanne ajoutait ici un petit quelque chose à ce tableau qui garderait certainement une saveur plus prononcée, plus mémorable aussi. Car ce petit jeu s'avérait divertissant. C'était peut être finalement tout ce dont il avait besoin pour se changer les idées, plus que d'un verre dont le goût s'oubliait toujours trop vite. De rejoindre Joanne sur ce terrain inattendu, surtout au regard de leurs précédents échanges. Ainsi, bien décidé à honorer l'engagement qu'il avait silencieusement pris auprès de la jeune femme, c'est presque naturellement qu'il avait laissé sa main épouser son dos, puis titiller ses pointes de cheveux, avant que la suite ne l'incite à chuchoter, un air malicieux sur le visage. « J'aurais utilisé un autre mot si je n'étais pas en galante compagnie. » Parce qu'« admirateur », ça paraissait toujours trop doux, trop romantique aussi pour désigner ce genre de lascars, qui entraient dans ce genre d'endroits sans autre but que celui de débusquer la gazelle solitaire qui n'aurait soit pas assez de volonté, soit pas assez d'amour propre pour résister à leur numéro pourtant dénué de finesse. Saul ne les avait jamais observé d'un œil envieux, quand bien même ils avaient certainement toujours eu beaucoup plus de succès que lui et ses élans romanesques. Joanne, en tout cas, confessa bientôt être entrée ici pour la première fois, et suite à ce qui ressemblait de plus en plus à un heureux concours de circonstances. « Dans ce cas c'est ton jour de chance, de mon coté je viens régulièrement, alors ce bar n'a presque plus de secret pour moi.  Et c'est notamment parce que cet endroit me rappelle de nombreux souvenirs que j'y reste très attaché. Je dois être un nostalgique dans l'âme. » Il ne l'avait pourtant pas toujours fréquenté avec la même assiduité que ces derniers jours, mais le Canvas s'était souvent retrouvé au centre de moments importants et qui avaient compté à l'échelle de sa vie, si bien qu'il y régnait à ses yeux une atmosphère singulière, qui mieux que beaucoup d'autres endroits savait le rassurer lorsque l'angoisse venait animer son cœur. La serveuse leur apporta en tout cas leurs cocktails, l'occasion de trinquer à cette soirée qui se profilait décidément sous de bons hospices. Leurs verres tintèrent alors, et Saul en profita pour interroger la jeune femme sur la véritable raison de sa présence ici, elle qui un peu plus tôt avait dit vouloir se vider la tête, sans qu'il sache s'il devait en conclure que pour elle aussi les derniers jours n'avaient pas été des plus évidents. Et à en juger par la réponse de la jolie blonde, ce début d'année était effectivement en demi-teinte pour elle aussi. « Rien qui ne puisse s'arranger après un bon cocktail, ou juste un peu de temps ? » Il demanda, tout bas, dans un sourire foncièrement doux. Il savait que les raisons qui l'avaient conduit dans ce bar ne connaîtraient pas de revirement heureux, mais il aimait penser que pour Joanne les choses n'étaient pas gravées dans le marbre. Il n'y avait qu'à l'entendre parler de son nouvel emploi, et voir quelle fierté transparaissait sur le visage de la blonde. « Alors je propose que nous trinquions aussi à cette bonne nouvelle. Car tant qu'il y en a encore, c'est que la vie peut toujours nous réserver d'agréables surprises, et dans ces cas-là l'avenir n'est jamais totalement sombre. » Ainsi, rapprochant à nouveau son verre du sien, il en but ensuite une gorgée, son visage toujours tourné vers celui de Joanne tandis que celle-ci évoquait à présent son enfant. « Pourtant, ce soir, tu es venue sans ton fils. » Le brun souffla, son regard ancré au sien, avant d'ajouter. « Il y a quelques semaines, je t'avais conseillé de prendre un peu de temps pour toi. Je suis sûr qu'aujourd'hui tu réalises combien tu en avais besoin, et que ça ne fait pas de toi une mauvaise mère pour autant. » Bien sûr il n'était pas crédule au point d'imaginer qu'elle ait pu vouloir suivre l'un de ses conseils, qui plus est alors que jusqu'à présent les choses n'avaient pas été évidentes entre la jeune femme et lui, mais ce qui comptait ici c'était que Joanne ait su s'octroyer une pause qu'elle se refusait encore il y a encore quelques semaines. A la question de la blonde, Saul haussa doucement les épaules. « Eh bien, disons que pour moi non plus ce début d'année n'est pas des plus simples. Il y a encore quelques semaines, je pensais avoir touché le fond, et puis la vie s'est chargée de me prouver qu'on pouvait toujours tomber plus bas. » Il émit à ce moment-là un léger rire, mois nerveux qu'on pourrait le penser, preuve qu'il avait trouvé ici ce qu'il était venu chercher : un moyen de voir la réalité sous un jour un peu moins désespérant, quand tout autour de lui menaçait pourtant de s'écrouler comme un château de cartes. « Mais ça va, je ne suis pas tant à plaindre que ça. Je profite d'un délicieux cocktail en présence d'une jolie fille, il me semble que j'ai connu des soirs pires que celui-ci. » Et quand bien même son cœur demeurait ravagé par une peine contre laquelle il ne pouvait pas faire grand chose, il n'était pas là pour se morfondre ou pour pleurer sur son sort. Ça, il le faisait bien assez lorsqu'il se retrouvait seul face aux conséquences de ses erreurs, certains soirs où tout l'alcool du monde ne saurait pas l'apaiser. Tiré de ses songes par le contact de leurs deux mains désormais liées, c'est dans un net sourire qu'il reprit la parole. « Je t'en prie. » Et laissant son regard s'égarer un instant sur leurs doigts entrecroisés, Saul releva ensuite lentement son regard jusqu'au sien, les lèvres doucement pincées lorsqu'elle reprit la parole. « Oh, Joanne, je suis certain que tu connais déjà la réponse à cette question. » Sachant ce qu'elle connaissait de sa vie et de ses tourments, Joanne avait sans doute une petite idée de ce qui avait pu le conduire jusqu'à ce bar, seul, comme si plus personne ne l'attendait où que ce soit. Et elle se trompait, en supposant qu'il aurait pu vouloir se confier à quelqu'un d'autre. Il l'avait fait, avec Hannah, et s'était retrouvé avec une raison supplémentaire de noyer sa peine au fond d'un verre d'alcool. Avec Joanne ce serait différent, la blonde savait déjà ce qu'il y avait à savoir et ne risquait pas d'être aussi déçue qu'avait pu l'être la comédienne, qui sans doute désespérerait de le voir dans cet état. « C'était le soir du Nouvel An. J'ai comme qui dirait connu un petit accro avec le frère … de Margaret. Le genre d'accro qui te laisse à plat ventre sur le sol des toilettes, ta dignité et une dent en moins. » Et cette fois, si ses lèvres avaient dessiné un fin sourire tandis qu'il remuait distraitement son cocktail, c'est parce qu'une partie de lui s'était convaincue qu'il valait sans doute mieux en rire, à présent qu'il pouvait presque relativiser en se disant que ça n'était finalement que le début de ses problèmes. « Dit comme ça, ça a l'air encore plus pathétique que ça ne l'était. » Et échangeant un regard presque rieur avec la jeune femme, Saul ne put toutefois ignorer la douleur qui s'était réveillée en lui, se propageant de sa cage thoracique à son estomac. Une douleur plus supportable quand elle était anesthésiée par l'alcool, mais qui prouvait qu'il n'allait pas aussi bien qu'il aimait se le raconter. « Après ça, tout s'est enchaîné. Elsie a fini par comprendre ... ou bien peut être qu'une partie d'elle se doutait de quelque chose depuis déjà quelques temps. Nous avons eu la discussion que j'avais repoussé pendant des mois, et j'ai fini dans un avion pour New York, à fuir le courroux de ma femme, de mes collègues, de mon public ... puis ici, accoudé à ce bar … sans même exactement savoir à quel moment j'avais perdu le peu de contrôle que je pouvais encore avoir sur ma vie. » Tout était allé très vite, comme un train lancé à pleine vitesse qui l'avait happé au passage. Et il avait pris peur, même alors qu'il s'était si souvent préparé à ce que sa vie bascule du tout au tout au jour au lendemain. C'est pour ça qu'il était parti à New York, retrouver la seule personne qui ne l'avait pas encore condamné … avant de la décevoir, elle aussi. « A présent, regarde-nous. On ne peut pas dire qu'on forme le duo le plus joyeux de ce bar, et pourtant on ne se laisse pas abattre. » Saul glissa finalement, d'un ton complice. C'était grâce à l'alcool, et certainement à ce heureux hasard qui avait voulu qu'ils se retrouvent ici, tous les deux, à un moment où leur existence respective semblait vaciller au bord d'un vide incommensurable. « Ce n'est qu'une question de minutes avant qu'il revienne à la charge. » Il reprit après quelques secondes, se retournant légèrement jusqu'à constater que l'admirateur de Joanne s'était contenté de faire le tour du bar mais demeurait à quelques dizaines de mètres de là, les yeux rivés vers eux. Alors, laissant son pouce caresser le dessus de sa main, il finit par se pencher vers elle, feignant de déposer un baiser contre son cou tandis qu'il lui souffla quelques mots à l'oreille. « Jusqu'où tu m'autorises à aller pour lui faire comprendre qu'il ferait mieux de se trouver une autre cible ? » C'était une question anodine, bien que formulée à travers un sourire malicieux, qui visait à s'assurer que Joanne et lui étaient sur la même longueur d'ondes et qu'il ne risquait pas de dépasser certaines limites en croyant bien faire. Par le passé il avait pu constater que ses intentions n'avaient pas toujours été très bien comprises, alors il profitait ici d'avoir encore un certain contrôle sur ses actions pour poser les bases de la suite de cet échange.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

saul&joanne + your body's poetry, speak to me  Empty
Message(#)saul&joanne + your body's poetry, speak to me  EmptyJeu 9 Fév 2017 - 14:30


your body's poetry, speak to me
won't you let me be your rhythm tonight?


Non, ce n'était pas la première fois que Joanne arrivait dans un bar, et ce n'était pas non plus la première fois qu'elle se faisait aborder si lourdement, à son grand désarroi. Elle qui pensait que le monde pouvait compter sur de nombreux gentlemen - ayant pour seul élément de comparaison Hassan -, elle fut vite bercée par une certaine désillusion. "Après mon divorce, ma soeur voulait à tout prix que je sorte. Que je fasse de nouvelles rencontres, histoire de me caser au plus vite parce que je ne suis pas le genre de femmes qui aime vivre seule, disons. J'ai eu beaucoup plus de mauvaises de surprises qu'autre chose, je l'avoue. J'avais une complice, mais elle n'est plus là." Sophia, sa meilleure amie qu'elle avait rencontré sur les bancs de l'université, s'était évaporée du jour au lendemain, sans crier gare. "Mais crois-moi, il y a déjà eu pire que lui. On peut dire que j'ai une certaine expérience en la matière. Je ne pense pas que dire ça soit particulièrement flatteur." dit-elle en riant. "Il y en a qui préfèrent être... tactile dès le début. Les mains sur les hanches, ou les fesses, carrément." Joanne haussa les sourcils, se remémorant bien ces quelques moments qui furent bien désagréables pour elle, n'aimant pas qu'on la touche ainsi sans qu'elle en ait donné l'autorisation - chose que toute femme devrait avoir droit. "J'avoue que je ne serais pas contre un nouveau complice, effectivement." ajouta-t-elle avec un léger rire. Joanne n'était pas une fervente croyante du hasard, bien au contraire. Chaque élément était un signe, bien plus qu'une simple coïncidence. Qu'il se mette à se tutoyer dans une situation si inattendue devait nécessairement signifier quelque chose, à ses yeux. "Il paraît que, de base, il est difficile de me refuser les choses." lui lança-t-elle avec un sourire malicieux. Bien que c'était involontaire, Joanne parvenait très souvent à ses fins. Ne serait-ce que par son regard, ou son sourire adorable. Jamie était certainement celui qui cédait le plus rapidement à son charme, prêt à lui donner tout ce qu'elle pouvait ne serait-ce que désirer. "Alors je suis hasardeusement arrivée dans un bar de qualité." lui répondit-elle lorsqu'elle entendit Saul dire qu'il aimait fréquemment venir ici. Saul avait rapidement compris que tout n'était pas rose pour elle non plus. "Un verre de cocktail, ça me semble assez limite pour gérer tout ça." lança-telle avec un rire nerveux, les lèvres proches de son verre. "J'avoue que cet appel avait été inespéré. Mais ça m'a fait le plus grand bien, de travailler dans un domaine familier, au milieu des ces vieilleries qui me passionnent. J'ose espérer que je pourrai décrocher un contrat sur le long court, à l'issue de celui que j'ai actuellement. J'en avais besoin. De changer d'air, de rencontrer les nouveaux collègues. C'est mon domaine, un endroit où je me sens déjà un peu chez moi." Joanne pouvait mettre les pieds dans n'importe quel musée, elle s'y sentirait immédiatement chez elle. Mais effectivement, se séparer de Daniel chaque jour n'était pas souvent aisé. "Remarque, il aurait pu aussi faire un bon complice." rétorqua-t-elle en riant. "Les hommes sont rapidement dissuadés dès qu'un enfant entre en jeu, non ?" Effectivement, Saul lui avait conseillé de sortir, de penser un peu à elle. "Je prends toujours un peu de temps pour suivre certains conseils." La jeune femme rit nerveusement. "Je suppose que toutes les jeunes mamans ont cette impression d'être mauvaise mère dès qu'on place le bébé à la crèche, quand il faut retourner travailler." Elle haussa les épaules. Pour Saul, les choses semblaient être aussi bien compliquées en ce début d'année. "Une jolie fille ? Mais de qui parles-tu ?" dit-elle avec un rire nerveux, les joues légèrement roses. Le moindre compliment la faisait toujours réagir. de cette façon là. Forcément, Joanne avait choisi de mettre les pieds dans le plat. Saul laissait largement comprendre que la vérité avait été révélée au grand jour, peut-être pas de la façon dont il aurait voulu. "Il n'y a rien de pathétique, à mes yeux, Saul." lui dit-elle en toute sincérité. "Ce n'est peut-être pas la façon dont tu voyais les choses. Je me doute bien que tout doit te sembler catastrophique désormais, sans issue. Je pensais la même chose, lorsque plus rien n'allait avec Jamie, avec cette histoire de procès." Elle haussa les épaules. "Je ne vois pas vraiment d'issue, mais les choses s'apaisent. Ca prend du temps. Des semaines, des mois, mais ça finira par t'arriver aussi." Le brun se trouvait certainement lamentable, à s'apitoyer sur son sort avec des verrres d'alcool qui se suivaient, dans un bar. Il constata que l'admirateur de Joanne portait un regard insistant sur eux. Alors le brun se rapprocha de la petite blonde, tout près de son oreille, demandant jusqu'où il pouvait aller pour se montrer convaincant. Joanne arqua un sourcil dès qu'il s'éloigna d'elle, et rit nerveusement. "Il ne faut pas trop demander à mes talents d'actrice, je trouve que ce que je fais ce soir relève déjà de l'exploit." Il fut un temps ou prétendre qu'une connaissance était son compagnon ne lui aurait jamais traversé l'esprit. "Mais s'il faut vraiment déterminer les limites... Je dirai que ça ne devrait pas aller plus loin qu'un baiser. Au-delà, il y a de grandes chances qu'il y ait certains regrets qui viendraient léser le terrain d'entente que nous commençons à avoir." dit-elle en riant. "Je... Je ne suis pas vraiment du genre à ... coucher, disons... en dehors d'une relation amoureuse." lui confia-t-elle après quelques minutes de silence. Là, il fallait mettre en cause la quantité d'alcool ingérée pour que Joanne révèle aussi aisément ce genre de choses. "Je te promets qu'après, on arrête de parler de tout ça, mais je tenais à te dire que... Si tu as besoin de te confier à quelqu'un, de tes problèmes, tu peux compter sur moi. Tu as été là lorsque j'étais au plus bas, et je voudrais l'être pour toi également." lui confia-t-elle. "Mais maintenant, passons à autre chose !" dit-elle en finissant sa verre, consommé un peu trop rapidement. Il n'était certainement pas question de continuer à se morfondre. Joanne avait l'alcool plutôt joyeux. Force est de constater qu'on continuait de l'observer. Cela commençait à l'agacer et elle prit alors elle-même l'initiative de déposer un doux baiser sur les lèvres de Saul. "Pas plus loin que ça." lui dit-elle tout bas avant d'éloigner son visage du sien. Cela semblait particulièrement efficace concernant l'admirateur de Joanne. "Et que ça ne devienne pas une habitude, c'est uniquement parce que tu es mon complice pour la soirée." lança-t-elle ensuite en riant, sans parler trop fort, avant de faire appel au barman pour commander une nouvelle boisson.  

made by black arrow
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

saul&joanne + your body's poetry, speak to me  Empty
Message(#)saul&joanne + your body's poetry, speak to me  EmptyLun 20 Fév 2017 - 16:17

Si l'arrivée de Joanne n'avait pas manqué de le surprendre, Saul pourrait difficilement nier que la perspective de passer la soirée en compagnie de la blonde était autrement plus agréable que celle de trinquer plus longtemps avec sa solitude. Et même lorsqu'il comprit que la jeune femme s'était essentiellement approchée dans l'espoir qu'il l'aiderait à se débarrasser d'un admirateur un peu trop entreprenant, Saul se sentit d'humeur à entrer dans son jeu, songeant qu'il avait plus à gagner qu'à perdre en lui servant de couverture. Ainsi comprit-il, une fois l'intrus éloigné et la conversation lancée, que Joanne avait malheureusement l'habitude de ce genre d'attentions, elle qui lui confirma bientôt avoir eu son lot d'adorateurs pour le moins envahissants, et même tactiles semble-t-il. Esquissant un sourire, Saul souffla, sur le ton de la confidence. « Je connais bien ce genre d'énergumènes, j'en côtoyais malgré moi un certain nombre à l'université. Ce qui est curieux, c'est qu'à l'époque c'est paradoxalement ce genre de types qui avaient le plus de succès et que la plupart d'entre nous jalousions secrètement. » Peut être ne faisait-il pas partie de ceux qui les prenaient tout particulièrement comme modèles, toutefois Saul devait bien admettre qu'à un âge où l'on manquait parfois encore un peu de confiance en soi, souffrir de ce genre de comparaison n'aidait pas à se valoriser. Ce qu'il ignorait à ce moment-là, c'est qu'il rencontrerait sa future femme sur les bancs de la fac, un souvenir auquel il repensait avec une triste mélancolie aujourd'hui. « Malgré tout, je crois me souvenir que leur audace ne plaisait pas à tout le monde. Et du peu que j'ai pu voir durant certaines soirées particulièrement instructives, rien ne vaut dans ces cas-là un bon coup de pied bien placé. » Et émettant un rire, il laissa son regard emprunter un chemin que Joanne ne manquerait probablement pas d'identifier. « Tant que tu ne me prends pas pour cobaye. » Son sourire se fit plus complice et son regard plus rieur, tandis que Joanne admettait justement n'avoir rien contre l'idée de s'entourer d'un nouveau compagnon de mésaventures, ce à quoi Saul sourit de plus belle avant qu'ils ne commandent de quoi trinquer et que la blonde ne se propose de lui payer son prochain verre, allant jusqu'à affirmer qu'il était de notoriété publique qu'on ne pouvait rien lui refuser. « C'est sans doute vrai pour ceux qui ne côtoient pas des comédiens toute la journée. Moi, je ne me laisse plus si facilement berner par un sourire, même quand il est très joli. » Saul usa cette fois d'un ton plus énigmatique, presque joueur, feignant d'être parfaitement imperméable aux arguments féminins, même les plus innocents, quand son cœur fondait toujours comme neige au soleil devant quiconque savait comment le prendre par les sentiments. Profitant en tout cas du fait que Joanne confesse être entrée dans ce bar pour la première fois, il ne manqua pas de lui assurer qu'elle n'aurait pas pu faire de meilleure découverte, hochant ensuite la tête à sa prochaine remarque, avant de se pincer les lèvres lorsqu'il comprit que pour elle aussi ce début d'année n'était pas nécessairement des plus simples et que cette sortie cachait pour elle aussi le besoin de se vider la tête. « C'est Jamie ? » Il osa alors questionner, tout bas, au moment où la jeune femme reprit la parole. Mais songeant que leur meilleure chance de dépasser leurs mésententes passées était encore d'éviter de remettre certains sujets sensibles sur la table, il reprit aussitôt. « Oublie ma question, je … j'ai conscience d'avoir empiré plus de choses que je n'en ai arrangé. » Et pour cette raison, il valait mieux qu'il s'abstienne de rouvrir une brèche dans laquelle il avait déjà fait l'erreur de s'engouffrer une fois. Les histoires de Joanne et Jamie n'étaient pas de son ressort et ne l'avaient jamais été, il était temps qu'il le comprenne. Les prochaines confessions de Joanne furent heureusement plus encourageantes, et c'est un nouveau sourire qui gagna ses lèvres lorsqu'elle évoqua sa nouvelle place au musée. « Si tu es passionnée par ce que tu fais et que ça te réussit, c'est que tu dois continuer dans cette voie. Et tous ceux qui voudront ton bien t'y encourageront aussi, j'en suis sûr. » Lui-même était bien placé pour savoir que l'on ne s'épanouissait véritablement que lorsqu'on se sentait libre de faire ce qu'il nous plaisait, quand bien même aujourd'hui c'était le cœur plus lourd qu'il partait chaque matin travailler, depuis que la presse s'était emparée des rebondissements de sa vie privée et que la vie au théâtre se faisait moins paisible. « Tu parles à un père de trois enfants, je te rappelle. » C'est dans un rire que Saul reprit par la suite, après qu'il ait été question du fils de Joanne et de l'idée selon laquelle les enfants pouvaient potentiellement dissuader certains hommes. « Mais si avoir un demi-frère m'a bien prouvé une chose, c'est que tous les hommes ne sont pas égaux face à un sujet aussi sensible. Rien que dans ce bar, on peut supposer qu'au moins la moitié des hommes présents espère ne pas terminer la soirée tous seuls, mais que ce pourcentage chuterait sensiblement si ces mêmes hommes avaient comme choix de raccompagner une mère de famille ou bien de ne raccompagner personne. » Parce que la plupart de ces types s'accrochaient certainement à leur liberté, et ne se projetaient pas plus loin que jusqu'au bout de cette soirée, ou de la nuit qui suivrait. Ainsi, la notion d'enfant et tout ce qu'elle impliquait dans l'inconscient masculin devenait sans doute facilement dissuasive dans ces cas-là. « Ce que je me demande, c'est si cette idée s'applique aussi aux femmes qui fréquentent ce genre d'endroits. » Son regard balaya distraitement l'endroit, incertain quant au fait de se poser ou non sérieusement la question, sachant que dans l'hypothèse où l'envie lui prendrait d'engager la conversation avec l'une des jeunes femmes qu'il pouvait voir graviter non loin de là, la question de sa paternité ne serait pas la première qu'il mettrait sur le tapis. « Eh bien au risque de briser plusieurs décennies d'idée reçues, certains pères vivent aussi très difficilement ce genre de séparations. » Il reprit finalement, les lèvres étirées en un sourire plus tendre, lorsque Joanne évoqua l'idée de se sentir coupable de laisser son fils à la crèche chaque matin. Lui-même ne s'était jamais séparé de ses enfants sans avoir regretté de les laisser aux mains d'une nourrisse, et c'était d'autant plus vrai depuis la naissance de sa fille et ses premiers mois, durant lesquels il aurait aimé pouvoir être plus présent. Finissant par confesser que pour lui non plus les premières semaines de janvier n'avaient pas été des plus évidentes, c'est d'un ton pourtant presque détendu qu'il avait effleuré sa situation du doigt, et admis qu'il y avait sans doute plus à plaindre que lui, au moins dans l'immédiat. « Peu importe, elle est trop modeste pour me donner raison. » Ainsi souffla-t-il après la remarque de la blonde, un brin de malice au fond du regard, avant qu'il ne se risque finalement à mettre des mots sur ce qui l'avait conduit à faire le déplacement un soir de plus, et à chercher en ces lieux le réconfort dont il avait tant besoin. Il confessa alors ce que Joanne avait certainement deviné, évoquant aussi bien sa mésaventure avec Tommy que le moment où Elsie avait découvert la vérité, scellant la fin de l'angoisse qui l'habitait depuis trois ans, mais aussi d'une vie et d'un mariage qui ne seraient plus jamais les mêmes. Face aux paroles bienveillantes de Joanne, Saul retrouva son sourire mais garda cette lueur triste dans le regard, qu'il dissimulait comme il pouvait derrière des sourires et des mimiques censés donner le change. « Je ne crois pas que dans mon cas espérer que les choses finiront par s'arranger soit très réaliste. J'ai perdu mon père en octobre dernier, et à ce moment-là j'avais toutes les raisons de penser que tout finirait par aller mieux, parce que c'est ce que les gens font, ils apprennent à aller mieux, à accepter le deuil, à avancer ... » Il se rappelait pourtant à ce moment-là s'être dit que sa peine resterait insurmontable, mais il avait fini par la mettre à profit pour se rapprocher de ceux qui comptaient pour lui, et était allé de l'avant, peu à peu, à force de patience. « Mais ici, c'est différent. Je sais que ce que j'ai déjà perdu n'est qu'une petite partie de tout ce qu'on me retirera encore, et que si j'ai pu décevoir certaines personnes, il y en a encore beaucoup qui préféreront se détourner de moi. » C'était comme savoir que l'on perdrait tout, et tout le monde, en ignorant simplement quand. Comme savoir qu'une balle nous traverserait de plein fouet et nous achèverait en bonne et due forme, sans savoir quand serait tiré le coup de feu. Saul s'efforçait ce soir de ravaler ses angoisses, mais il lui était pour autant difficile de feindre de croire que pour lui tout pouvait encore trouver une issue favorable. Constatant après s'être légèrement retourné que l'admirateur de Joanne était quant à lui toujours présent, à quelques mètres d'eux, c'est finalement en pensant rendre de nouveau service à la jeune femme que Saul lui souffla ce qui ressemblait à une demande d'autorisation, tandis qu'il chercha à savoir quelle limite elle l'autoriserait à franchir pour dissuader comme il se doit cet homme visiblement déterminé. La réponse de la jeune femme fut alors d'abord accueillie par le brun à travers un fin sourire, qu'il perdit toutefois lorsqu'elle sembla se méprendre sur les intentions qu'il avait voulu formuler. Les yeux ronds et les lèvres pincés, il aurait pu s'amuser de ce quiproquo mais n'avait plus le cœur à rire. « Joanne, ce n'est pas … ce que j'avais à l'esprit. » Il se défendit aussitôt, d'un air presque affolé, buvant nerveusement une nouvelle gorgée de son cocktail. « Je ne doute pas que ça suffirait à dissuader pour de bon ton admirateur, mais j'évite généralement de faire ce genre de choses … au milieu des bars. Et contrairement aux apparences et à l'étiquette qui semble me coller à la peau depuis que mes frasques sont connues de tous ... je ne suis pas non plus un habitué des coups d'un soir. » Son ton oscillait entre le désespoir de constater que ses intentions avaient été une fois de plus mal comprises, et la rancœur de se sentir indirectement jugé, comme à New York, comme au théâtre, comme partout où il allait depuis maintenant plusieurs semaines. « Mais je devrais peut être essayer, histoire de ne pas avoir seulement les mauvais cotés de ce genre de réputations. » Cette fois, il esquissa un sourire plus triste, songeant l'espace d'une seconde à faire honneur à cette image qui lui collait à la peau, en finissant cette soirée entre des bras étrangers, qui se ficheraient bien de savoir s'il était ou non un saint. Alors toujours légèrement amer, Saul se détendit toutefois davantage lorsque Joanne souffla quelques mots qui semblèrent agir comme un baume réparateur sur un coeur oppressé. « Merci. » Il souffla, cette fois avec plus de douceur, tournant son visage vers le sien pour lui sourire. « En ce moment je n'ai pas vraiment l'habitude d'entendre ce genre de choses, la tendance générale est disons … plutôt aux reproches et au rejet. » Il ne blâmait personne, mais se sentait plus vulnérable face à ces volte-faces qu'il ne l'aurait cru. Parce que ça impliquait des êtres qui lui étaient chers, des relations qu'il aurait voulu préserver de tout ça, à l'image de sa relation avec Hannah et de ces mots, ces regards qui s'étaient dressés entre la brune et lui, comme une forteresse à présent infranchissable. Le pardonnerait-elle un jour d'être ce qu'il était ? Saul n'en avait pas la moindre certitude et c'était ce qui le ravageait, sans répit, depuis son retour de New York. Le cœur à nouveau lourd, il crut d'abord que la suite de son échange avec Joanne l'aiderait à renfiler sa cape d'invulnérabilité, y compris lorsque la jeune femme s'approcha pour déposer ses lèvres sur les siennes, dans un baiser qu'il se surprit à apprécier, aussi bref fut-il, pour cette délicatesse qui lui semblait aujourd'hui si étrangère. Mais à ses prochaines paroles et à la façon qu'elle eut de s'amuser d'une chose qui la dépassait complètement, Saul se braqua, sentant l'expression de son visage se transformer brusquement. « J'avais compris. » Il pesta, les sourcils froncés, bien conscient qu'il n'était qu'un complice, oui, et que c'était par intérêt et pour aucune raison qu'elle l'avait embrassé. C'était lui qui lui avait proposé de l'aider une dernière fois, et pourtant c'était lui qui se sentait utilisé, et regardé de haut par une femme qui non contente de l'avoir fait passer pour le dernier des don juan, s'amusait maintenant à lui cracher tout son désintérêt à la figure. Joanne avait pris ce qu'elle voulait prendre, et c'était tout. Lui n'était alors que deux lèvres à sa merci, sans cœur ni sensibilité, censé se satisfaire de n'avoir eu ne serait-ce que l'once d'une utilité pour la blonde. Soupirant finalement, Saul fut comme rattrapé par sa peine tandis qu'il se ratatina de tout son long sur son tabouret. « Excuse-moi. » Il baissa la tête et plaça une main contre sa nuque, sentant bouillir en lui une fièvre destructrice, mêlant frustration et regrets. « Je me sens juste ... terriblement seul. C'est idiot, et complètement insensé n'est-ce pas ? Parce qu'un homme qui a connu et aimé deux femmes pendant des années n'a aucun droit de se sentir seul … Et parce que tout ça, après tout, je l'ai mérité. » Alors pourquoi se plaindre, et déplorer de n'être plus celui qu'on approchait et embrassait avec envie, mais juste par dépit, et de n'être plus dépeint que comme un salopard de plus, qui avait fréquenté deux femmes comme s'il en avait fréquenté cent, et qui dès lors avait perdu tout droit d'être ménagé ? « Mais je ne suis pas fait pour vivre seul, moi non plus. Je ne l'ai jamais été. La simple idée de retrouver ma chambre d’hôtel soir après soir m'angoisse horriblement, alors je viens, je bois, et j'espère toujours rentrer suffisamment alcoolisé pour oublier que je me coucherai seul. » Loin de la présence qui avait si longtemps accompagné ses nuits, et qu'il ne retrouvait plus qu'en rêves. Pour la première fois depuis onze ans, Saul se retrouvait véritablement seul, un sentiment insupportable pour quelqu'un que l'abandon terrifiait depuis toujours. Depuis la séparation avec sa mère, le manque d'attention de son père, toutes ces choses qui avaient laissé des traces sans doute indélébiles. « Je crois qu'il est parti, mais je serais content que tu restes, malgré tout. » Saul finit par reprendre, tout bas, sans trop savoir s'il ne venait pas de lui donner une excellente raison de le planter là avec ses problèmes, mais désireux de se rattraper s'il le pouvait encore. Alors, se retournant légèrement, il ajouta. « Danser, c'est quelque chose que tu situes avant ou après la limite fatidique du baiser ? » Il tentait un trait d'humour, comme en témoignait son sourire, ignorant si cette proposition ne donnerait pas à nouveau lieu à une méprise. C'était mieux que de se renfermer sur lui-même, mieux que de poursuivre leur route sans plus tenter de s'aider l'un-l'autre, juste en étant là, juste en se tenant compagnie, sans en attendre davantage de cette soirée.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

saul&joanne + your body's poetry, speak to me  Empty
Message(#)saul&joanne + your body's poetry, speak to me  EmptyMar 21 Fév 2017 - 14:23


your body's poetry, speak to me
won't you let me be your rhythm tonight?


Joanne souriait doucement à ce que Saul pouvait dire, lorsqu'il avouait avoir côtoyé des hommes du même genre que celui qui se montrait un peu trop collant avec elle. Mais il avait raison sur bien des points : on avait l'admiration pour des gens peu vertueux lorsque l'on était plus jeune. Elle rit doucement. "Au lycée, on me laissait tranquille parce que j'étais trop timide, trop effacée. Et j'avais un grand frère qui ne supportait pas l'idée de voir un garçon m'approcher. Il les en empêchait, je crois." Reever se montrait bien trop protecteur envers elle, tout comme la grande soeur de Joanne. "Et à l'université... c'est là que j'ai connu mon ex-mari. J'ai eu à peine le temps de me faire à l'université qu'on s'est rencontré. Nous étions bien trop amoureux pour que qui que ce soit ne me tente de faire des avances." Elle riait nerveusement, mais le reflet de ses yeux montrait une certaine nostalgie. Un véritable coup de foudre, on pourrait. Hassan était bien habitué de l'université de Brisbane, elle, elle venait tout juste d'arrive de Perth, la magie avait très rapidement opérée. Les seuls moments où ils étaient véritablement séparés, c'était lorsqu'ils étaient chacun en cours. Ce qui était assez comique, à un moment donné, c'était qu'Hassan était devenu assistant. Il n'était plus sur les bancs de l'université, mais devant tous les étudiants. Juste pour le narguer, et lorsqu'elle le pouvait, elle se rendait à l'un de ses cours pour le regarder faire. "Ce n'est pas mon attention. Ni mon genre d'ailleurs." lui assura-t-elle lorsqu'il disait qu'il ne voulait pas qu'elle fasse de lui son cobaye. L'expérience de Saul dans le monde du théâtre lui permettait de ne plus se faire avoir si facilement par n'importe qui - ce que Joanne adorerait avoir. "J'aimerais avoir ce don." dit-elle en riant nerveusement. Elle but une gorgée de son cocktail. "Mais dommage, je n'aurais pas réussi à te berner avec le mien, de sourire." ajouta-t-elle, toujours avec un léger rire, sur le ton de la plaisanterie. Joanne n'avait jamais eu l'intention de charmer quelqu'un, souvent, elle l'était bien avant qu'elle ne tente de le faire. Autant dire qu'elle ne savait pas vraiment draguer. Saul, tout comme elle, ne cherchait qu'à se vider la tête dans ce bar. L'on pourrait les traiter d'alcooliques, mais il y avait certainement plus de deux personnes qui cherchaient à oublier une journée ratée derrière un verre de bière ou de vin. Le beau brun avait mis les pieds dans le plat en demandant si tout était à cause de Jamie. Mais il regretta vite sa question. Lui comme elle ne cherchait pas de conflits ou de tensions, ils tenaient juste à passer un bon moment. "C'est Jamie... entre autres." confessa-t-elle tout de même. Le mois de décembre à Londres l'avait pratiquement anéanti, sa relation avec Hassan l'avait rendu confuse. Et ne parlons pas de sa rencontre fortuite avec Yasmine, qui n'avait été que le clou du spectacle. Une montagne de remords et culpabilité, ce sentiment d'être de trop dans la vie de son ex-mari alors que celui-ci était soulagé d'avoir trouvé en elle une personne qui pouvait enfin comprendre ce qu'il était désormais. Elle ne savait plus en quoi en penser, elle était perdue. "Ca partait d'une bonne intention." dit-elle avec un vague sourire. "Il faut palier avec, désormais." Etrange que Joanne dise cela, alors qu'elle était la première à ressasser le passé et le moindre de ses actes, à se persuader que tout ce qu'elle faisait était mal, quoi qu'elle puisse faire, même avec la meilleure intention du monde. Cette conversation fut rapidement essuyée par le fait que Joanne ait pu retrouver un emploi dans son domaine. C'était presque salvateur, à ses yeux. Cependant, la culpabilité de devoir laisser bien plus souvent son fils à la crèche ne faisait que décupler, alors qu'elle avait parfaitement que c'était pour son bien, et qu'elle n'avait pas vraiment d'autres solutions. Les enfants effrayaient les hommes, souvent, c'était un bon élément dissuasif. "Je ne pensais pas que boire te rendrait si curieux en terme de statistiques." répondit-elle avec un rire léger. "Les résultats pourraient même être surprenants, qui sait." renchérit-elle lorsqu'il se posait la même question concernant les femmes présentes dans ce bar. Difficile de déterminer leurs intentions, elles. Les hommes devaient penser qu'elles ne venaient que pour une seule chose. Joanne, elle, voulait juste se vider la tête, pas se faire rentrer dedans dès qu'elle avait mis un pied dans ce bar. "Je n'en doute pas. Mais je suppose qu'ils sont un peu trop fiers pour l'exprimer autant que la mère." lui répondit-elle, lorsqu'ils se mirent à parler de séparation avec l'enfant. Saul finit par mettre des mots sur ce qui s'était passé, de la manière dont la vérité avait éclat au visage de tout le monde, lui le premier. Et ce n'était pas tout. En plus de ça, Saul avait récemment perdu son père. "Je suis sincèrement désolée pour toi, Saul." dit-elle tout bas, l'air bien triste. Elle pouvait comprendre ce qu'il ressentait, elle avait récemment perdu sa grand-mère également, une personne avec qui Joanne était extrêmement proche, elle ne priait que par elle. "Je suis plus douée à être optimiste pour les autres que pour moi-même. J'ai envie de croire pour toi que les choses finiront par s'arranger. Ca prendra du temps, ça demandera beaucoup d'efforts, mais il n'y a pas de raison à ce que tu ne t'en sortes pas." Saul marquait son sentiment de solitude. Entre la perte d'un proche, l'univers qui semblait se retourner contre lui. Joanne aurait aimé faire quelque chose pour lui. Mais qui sait, elle aurait aussi fait quelque chose qu'elle penserait bien, mais qui finirait par tout empirer. "Il faut... juste que tu saches que tu n'es pas complètement seul." Elle était bien là, elle. Certes, il n'était peut-être pas ce dont il avait besoin, et leur relation n'était pas au beau fixe, mais ça restait toujours bon à prendre, non ? L'homme qui avait repéré se montrait alors bien insistant, et Saul le remarqua, bien évidemment. L'alcool et l'incompréhension de certaines paroles les embrouillèrent alors dans un véritable quiproquo. La petite blonde fut rapidement bien confuse d'avoir mal interprété ces paroles qui avaient alors laissé planer un sacré malaise entre eux. "Oh, heu... ce n'est pas... Enfin... Je suis désolée, je..." Confuse, elle bégaya longuement, incapable de faire une phrase complète. "J'ai mal compris, je suis désolée, vraiment." Saul avait l'impression que l'image que l'on pouvait désormais avoir de lui déteignait et déformait les phrases qui pouvaient sortir de sa bouche. Joanne n'osait plus vraiment parlé, l'alcool lui faisait dire bien des bêtises pour le moment, et elle n'avait jamais cherché à le mettre mal à l'aise. Elle aurait bien été tentée qu'elle ne l'imaginait pas non plus volage. Il était amoureux de deux femmes, certes, mais il ne devait pas être un coureur de jupons. Joanne aurait bien été tentée de se rattraper, même avoir lui avoir volé un baiser, mais Saul lui montra alors une toute autre facette de sa personnalité qui lui glaça le sang. Elle baissa les yeux, préférant regarder son verre. Peut-être valait-il mieux qu'ils se séparent. Mais Joanne était figée sur place. "Ne t'excuse pas." dit-elle tout bas, la gorge bien serrée. "C'était mérité, je ne me suis pas montrée juste envers toi." Elle l'admettait, et elle s'en voulait. Saul était à nouveau bien triste. Lui aussi devait accepter sa situation, et surtout le regard des autres. Jamie vivait le même calvaire. Et Joanne ne pouvait rien faire d'autre que de les voir endurer tous les deux. "Eh bien, je ne suis pas d'accord avec les personnes qui pensent ça." lui répondit-elle avec sincérité. "Tu viens déjà de perdre énormément. A mes yeux, c'est déjà beaucoup à endurer pour un seul homme. Ce n'est pas une raison pour que tu doives vivre ça absolument tout seul." Elle haussa les épaules. "Je sais que je ne peux pas te mettre dans tes baskets, et que c'est justement ça ce qui te fait sentir seul, mais j'aimerais t'aider, si je le peux. Alors dis moi si je peux faire quelque chose pour toi."  dit-elle en cherchant le regard du beau brun. "Laisse-moi me rattraper, si c'est possible." Elle fit un sourire triste, culpabilisant encore beaucoup pour le quiproquo, et le baiser. Joanne apprit également à ce moment que Saul dormait à l'hôtel. Il n'avait plus de chez lui. Elle était surprise que Saul ne lui demande de rester, même si l'énergumène était parti et qu'en soi, elle n'avait plus besoin de ce fameux complice. "Et moi, j'adorerais encore rester un peu avec toi." répondit-elle avec un sourire sincère. Il finit même par l'inviter à danser, sur une pointe d'humour. "Ca, ça va, ça passe encore." répondit-elle en riant, sur le ton de la plaisanterie. Joanne vida cul-sec son verre avant de prendre la main de Saul et l'entraîner avec elle. La musique était plutôt douce pour le moment, alors elle rapprocha sa taille de son corps, et déposa l'une de ses mains sur son épaule. "Tu sais, je ne t'ai jamais remercié." finit-elle par dire en le regardant dans les yeux, faisant quelques pas au rythme de la musique. "D'avoir été mon confident. C'est pas vraiment une place de choix, mais ça m'avait fait énormément de bien de pouvoir en parler à une personne extérieure à tout ça. Et je t'en suis reconnaissante, d'avoir été à l'écoute. D'habitude, j'en aurais certainement discuté avec ma grand-mère. Mais... Tu n'es pas le seul à avoir perdu un proche récemment." dit-elle avec un sourire triste. Mais elle ne voulait pas en dire davantage. Tout comme lui, elle tenait à rester succincte, ne pas entrer dans les détails. Ils passaient un moment à danser ensemble, Joanne avait le sourires, les yeux qui pétillaient d'une insouciance qui lui plaisait -elle en remerciait l'alcool pour ça, c'était assez plaisant pour le moment. Ne pensant à rien d'autre, et juste passer un peu de bon temps avec autre coeur brisé.

made by black arrow
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

saul&joanne + your body's poetry, speak to me  Empty
Message(#)saul&joanne + your body's poetry, speak to me  EmptyLun 13 Mar 2017 - 14:06

Si ses années fac lui avaient inculqué bien des choses, celles-ci lui avaient notamment appris à reconnaître les serial-lovers qui sévissaient la plupart du temps dans des bars comme celui-ci, et qui profitaient d'avoir à disposition bon nombre de demoiselles disposées à boire et à faire la fête pour tenter des approches généralement dénuées de subtilité. Il suffisait de voir la façon dont cet homme avait visiblement imposé sa compagnie à Joanne, au point d'inciter la jeune femme à se tourner vers lui, elle qui selon ses dires avait pourtant longtemps échappé à ce genre d'énergumènes, en partie parce que son frère aîné en avait dissuadé plus d'un sur sa route. « Et où est ce grand frère lorsqu'on a besoin de lui ? » Saul s'amusa alors, supposant que cette soirée n'en aurait été que plus agréable pour Joanne si son frère avait fait une apparition remarquée au Canvas. « Parce qu'à t'entendre, il aurait certainement trouvé les mots … ou les gestes pour dissuader ton admirateur de t'approcher. » Sans doute plus que lui qui en soit n'avait fait que rentrer dans le jeu de la jeune femme en prétendant être son fiancé. Rien de particulièrement courageux ou qui risque de laisser un souvenir impénétrable et traumatisant à cet admirateur chevronné. « Imagine, tu n'aurais même pas eu à me solliciter, et ça je suis sûr que ça ne t'aurait pas déplu. Non pas parce que ma compagnie t'est insupportable, j'ose espérer que non ... mais parce que je devine que tu ne raffoles pas de jouer la comédie. » Parce que Joanne était trop vraie, et qu'on lisait toujours suffisamment en elle pour savoir qu'elle n'était pas de ces êtres qui appréciaient de dissimuler une partie d'eux-mêmes, de leurs pensées ou de leurs sentiments. Ce n'était pas une question d'honnêteté, c'était simplement qu'elle parlait et agissait toujours comme si son cœur battait au creux même de sa main, au vu et au su de tous. En tous les cas rassuré d'apprendre que la blonde ne prévoyait pas de faire de lui son cobaye lors d'une expérience qui n'aurait pas été des plus plaisantes pour lui, Saul s'amusa par la suite de l'idée selon laquelle Joanne obtenait généralement tout ce qu'elle voulait rien qu'en esquissant un joli sourire. Une idée à laquelle il croyait sur parole, mais qui avait peut être moins de chances de se vérifier avec lui, habitué au jeu de comédiens qu'il avait appris à connaître par cœur. La remarque de la jeune femme le fit néanmoins sourire. « Si ça peut te rassurer, notre serveuse n'a pas eu beaucoup plus de chance que toi à ce niveau-là. Si tu l'interroges, elle te dira sûrement qu'elle m'a toujours souri sans aucune arrière-pensée, mais je fréquentais déjà ce genre d'endroits lorsqu’elle apprenait encore à lire, alors je sais reconnaître les signes. » Et tandis que son regard intercepta momentanément celui de la jeune serveuse qui s'était adressée à lui quelques instants plus tôt – comme chaque soir depuis qu'il se perdait volontiers à l'intérieur du Canvas – c'est dans une moue amusée qu'il reprit. « Je plaisante, en réalité je dis surtout ça pour l'embêter. C'est une chic fille, mais elle a un peu tendance à se mêler de ce qui ne la regarde pas, et j'ai passé l'âge d'avoir une chaperonne … tu ne penses pas ? » Joanne serait certainement d'accord avec lui sur ce point, après tout elle aussi était une adulte responsable qui avait choisi de passer la soirée dans ce bar, en toute connaissance de cause. Pour autant l'idée que quelqu'un se soucie ne serait-ce qu'un minimum de ce qu'il pourrait devenir à l'issue de cette soirée le touchait plus qu'il ne voulait véritablement l'admettre, raison pour laquelle il adressa finalement un sourire à ladite serveuse, avant de reporter son attention sur Joanne. Au sujet de Jamie, en tout cas, il regretta rapidement de s'être laissé aller à un court élan de curiosité, comprenant qu'il y avait certains sujets qu'il valait certainement mieux ne plus évoquer en présence de Joanne … Ne se risquant alors pas à poursuivre avec une nouvelle question, Saul fut toutefois forcé de reprendre la parole à la remarque plutôt surprenante de la blonde. Cette soudaine compréhension le prenait de court, lui qui s'était fait à l'idée que ses décisions au sujet de son ancienne voisine aient été définitivement mal comprises. Alors, dans un fin sourire, il souffla. « Je suis content que tu l'aies compris. Je sais que ça n'était pas nécessairement évident au début, et que mes intentions vous paraissaient troubles, à tous les deux ... » A elle comme à Jamie, qui lui avait aussi destiné une profonde méfiance le jour où ils s'étaient retrouvés au tribunal, remettant en question les vraies raisons pour lesquelles il avait pu le dénoncer, à son grand désespoir. « Il vaudra sans doute mieux que cette soirée reste notre secret, je ne voudrais pas que ça me créé plus de problèmes avec Jamie. » Saul ajouta d'ailleurs, les lèvres maintenant pincées, songeant que Jamie pourrait de nouveau se méprendre, imaginer qu'il en faisait une affaire personnelle en tentant de se rapprocher de Joanne pour l'atteindre lui, ou bien lui reprocher de tourner à nouveau autour de sa famille … Saul ignorait si Jamie avait parlé à la blonde de leur altercation au tribunal, mais il lui semblait définitivement préférable que cette soirée ne fasse pas inutilement parler d'elle. Étant en tout cas ravi d'apprendre que la vie de la jeune femme avait connu un heureux tournant lorsqu'elle avait trouvé un poste qui lui correspondait parfaitement, c'est un Saul à l'esprit brusquement pragmatique qui s'aventura par la suite sur le terrain ardu des statistiques, lorsque Joanne et lui en virent à se demander si les enfants effrayaient autant les hommes célibataires qu'on se l'imaginait. « Je te l'ai dit, ce genre d'endroits a peu de secrets pour moi, et c'est d'autant plus vrai depuis quelques jours. S'ils avaient une carte de fidélité, j'aurais certainement déjà épuisé tous mes avantages. » Il en riait ici, néanmoins une partie de lui – celle qui n'était pas encore complètement influencée par les effets de l'alcool – déplorait que passer ses soirées dans ce genre d'endroits soit devenu sa seule alternative pour éviter de trop ressasser ses soucis. Au sujet de l'idée selon laquelle ses statistiques s'appliqueraient aussi aux femmes présentes ce soir, Saul esquissa bientôt un nouveau sourire. « La plupart sont nettement plus jeunes que moi, j'imagine que ça donne déjà une petite idée de la réponse. » Parce que des gamines d'une vingtaine d'années recherchaient certainement autre chose qu'à faire leur vie avec un père de famille, au même titre que les hommes comme lui ne se satisfaisaient généralement pas éternellement d'aventures sans lendemain. Saul, en tout cas, ne manqua pas d'affirmer être bien placé pour savoir que la séparation entre un père et ses enfants n'était jamais facile, contrairement à ce qu'on devait généralement supposer face à l'image que véhiculaient certains médias. Joanne avait toutefois raison, c'était sans doute moins naturel pour eux de l'admettre tout haut, ainsi haussa-t-il doucement la tête, avant que la conversation ne dévie sur un sujet moins évident, lorsqu'il en vint à évoquer la façon dont sa vie avait pu basculer en l'espace de quelques semaines, et combien certains soirs l'impression que rien ne pourrait plus lui sortir la tête de l'eau se voulait tenace, et étouffante. Joanne releva par ailleurs le fait qu'il ait évoqué à demi-mot le récent décès de son père, lui soufflant quelques mots qui lui allèrent droit au cœur. « Merci, c'est … ça a été une période compliquée, disons. Ça a remis beaucoup de choses en perspective, mais j'ai fini par comprendre que je ne pouvais pas me morfondre éternellement. Que pour mes enfants, mon demi-frère … je n'en avais pas le droit. » Parce qu'aussi douloureuse ait été cette perte, Saul avait compris qu'il ne pouvait pas s'approprier un chagrin que d'autres ressentaient aussi, et vivre ce deuil dans son coin, sans laisser à sa famille la moindre chance de l'extirper de la bulle de mélancolie dans laquelle il s'était enfermé. La suite lui valut d'esquisser un sourire plus amusé, lorsqu'il ajouta. « J'espère que tu as raison, au moins pour le bien de mon foi. » Un foi qui ne supporterait pas éternellement qu'il improvise ce genre de soirées. « Plus sérieusement … je te remercie. Si j'avais entendu plus de discours comme le tien, je suppose que je ne me serais pas retrouvé dans ce bar aujourd'hui, vissé à ce tabouret comme si c'était l'ultime solution. » L'ultime solution à ce qui l'avait précisément conduit jusqu'ici. Il y a quelques jours, l'optimisme et l'empathie de Joanne l'auraient peut être fait sourire et motivé à boire un peu plus, mais ce soir Saul prenait conscience qu'il ne pourrait pas continuer ainsi aussi longtemps que sa vie demeurerait un champ de bataille, auquel cas il ferait mieux d'investir tout de suite dans une pierre tombale. Mais alors qu'une authentique complicité semblait décidément naître entre la blonde et lui, celle-ci fut mise à mal lorsqu'il se risqua à lui demander quelle limite elle ne se verrait pas franchir pour dissuader son admirateur de revenir à la charge. Car alors qu'une méprise se glissa au beau milieu de cet échange, Saul comprit que Joanne lui avait imaginé des intentions qu'il n'avait pas, quand clairement tous les verres d'alcool au monde ne l'inciteraient pas à lui proposer une partie de jambes en l'air au milieu du bar. Parvenant toutefois à ironiser sur la chose, c'est finalement d'un ton plus incisif qu'il reprit, après que Joanne ait scellé leurs lèvres dans un baiser visant à brouiller les pistes, mais qui fut accompagné d'une réflexion qui le vexa pour de bon. Pas longtemps, mais assez pour qu'il sente se raviver en lui ce sentiment de solitude qui l'accablait depuis quelques semaines. Au fond, Joanne n'y était pour rien, c'est lui qui prenait à cœur le fait de se sentir ainsi utilisé, parce qu'il goûtait au célibat pour la première fois depuis longtemps et qu'il devait se faire à l'idée qu'on ne le ménagerait probablement plus maintenant qu'il n'était plus qu'un quadra en devenir, sans doute bientôt divorcé, au passé sentimental relativement trouble … Il s'excusa alors, mettant comme il le pouvait des mots sur ce qu'il avait ressenti, puis esquissa un sourire, un peu triste, à la remarque de la blonde. « Ça ne fait rien, je propose … que nous fassions comme si les deux dernières minutes n'avaient pas eu lieu, qu'en penses-tu ? » C'était sa manière d'arrondir les ongles après s'être emporté, un peu injustement, sous prétexte qu'il avait mal vécu le tournant qu'avait pris cet échange. « Tu ne voulais pas être blessante, je le sais, tout comme je ne voulais pas te paraître susceptible … Mais dans un cas comme dans l'autre je crois que ça n'est pas une franche réussite, alors disons qu'on est quittes. » Quittes, parce qu'en soi les torts étaient probablement partagés, et que rien ne servait de ressasser tout ça plus longtemps, quand ils avaient certainement beaucoup plus à gagner à dépasser ce quiproquo pour reprendre leur discussion là où ils l'avaient laissé. Joanne lui destina alors à nouveau des paroles pleines d'empathie qui vinrent doucement lui réchauffer le cœur, tandis qu'elle se proposa de l'aider, à sa façon, pour se rattraper disait-elle. « Tu n'es pas responsable de ce qui m'arrive, Joanne. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, et je ne tiens pas à te faire perdre ton temps alors que ta vie est déjà bien assez remplie comme ça. Et puis … récemment, on m'a fait comprendre que ça n'était pas juste d'attendre des autres qu'ils nous portent ou qu'ils nous réparent. Et je ne veux être un poids pour personne. » C'était ce qu'Hannah avait insinué à New York, lorsqu'elle s'était détournée de lui à défaut de se sentir capable de le tirer hors des eaux troubles qui menaçaient de l'engloutir. Ce n'était pas ce qu'il lui avait demandé, mais c'était peut être ce dont il avait inconsciemment eu besoin sur le moment. « Mais c'est gentil, j'apprécie vraiment que tu veuilles m'aider. Je ne pensais pas qu'on pouvait encore vouloir se mettre à ma place. » Parce qu'il ne pensait pas que l'empathie puisse encore avoir sa place dans sa situation, quand la plupart des réactions qu'il déclenchait oscillait entre le mépris et l'indifférence. Joanne avait un grand cœur, il n'en avait jamais douté, et c'était précisément la raison pour laquelle il ne voulait pas la contaminer avec tout ce qui gangrenait désormais sa vie. Finissant alors par lui demander de rester, à demi-mots, c'est d'un ton plus hésitant encore qu'il lui proposa de danser, songeant qu'il valait décidément mieux laisser les dernières minutes derrière eux, et simplement profiter de ce que cette soirée leur offrait. Joanne accepta, pour son plus grand plaisir, et ils rejoignirent ainsi la piste de danse, où Saul déposa une main contre son dos avant que la seconde n'aille trouver la sienne. Là, la jeune femme reprit la parole et ses mots dessinèrent un fin sourire sur les lèvres du brun. Un sourire qui s'atténua toutefois à la façon dont elle conclut. « Je suis désolé. Je devine qu'elle comptait beaucoup pour toi. » Et lui était mieux placé que n'importe qui pour savoir ce qu'une perte aussi importante pouvoir provoquer et combien il pouvait être difficile de faire face, qui plus est lorsqu'on avait leur sensibilité. « Est-ce que ça veut dire que tu ne regrettes plus de t'être confiée à moi ? » Il osa ensuite reprendre, doucement, tentant peut être à sa manière de lui redonner le sourire, mais aussi de dédramatiser sur un épisode qui avait pu les opposer par le passé mais qui aujourd'hui lui paraissait loin. « Je l'ai fait de bon cœur, rien ne me paraissait plus normal sur le moment, et même si ça n'a forcément eu l'effet que j'espérais … j'ai été content que tu te confies à moi. » Parce qu'elle lui avait accordé sa confiance sans même apprendre à le connaître au préalable, une chose à laquelle il n'était pas nécessairement habituée, quand tout autour de lui on avait généralement beaucoup de mal à livrer ses sentiments, même en se connaissant depuis toujours. « Tu as aussi été une oreille attentive pour moi, et bien que je t'en sois reconnaissant … je suis surtout désolé, de t'avoir rendu complice de ma situation et mêlé à ce qui n'aurait du impliquer que moi. » Saul finit par reprendre, son regard planté dans le sien, tandis qu'il ajouta. « Le bon coté des choses, c'est que si tu avais du m'en vouloir, j'imagine que ce serait déjà fait … non ? » Et alors que ses lèvres dessinèrent un fin sourire, il se laissa un instant porter par la musique qui les entourait, regardant parfois tout autour d'eux, vers les autres couples qui dansaient, comme pour se rassurer. « Alors, est-ce que ce bar tient ses promesses pour ça aussi ? Il faut avouer que la musique n'est pas mal et que cette piste de danse est plutôt accueillante ... A moins que les cocktails y soient aussi pour quelque chose. » Parce qu'il ne lui aurait probablement jamais proposé de se joindre à lui pour une danse s'il n'avait pas enchaîné quelques verres avant ça, et avalé de quoi se désinhiber quelques peu. « C'est simplement dommage que Patrick Swayze n'ait plus été là pour t'accompagner et que tu aies du coup récupéré l'un des pires danseurs du bar. » Ses lèvres émirent cette fois un léger rire, bien conscient que son niveau trahissait ce soir le fait qu'il n'ait pas franchement l'habitude de ce genre d'expériences. « Toi, en revanche, tu te débrouilles très bien. » Faire mieux que lui n'était certes pas bien difficile, mais Joanne n'avait véritablement rien à envier aux meilleures danseuses du coin. A tel point qu'elle avait même visiblement attiré l'attention d'un jeune homme, qui s'était lentement approché d'eux et s'était adressé, à lui, pour le plus grand étonnement de Saul. « Est-ce que je peux vous emprunter votre fiancée le temps d'une danse ? » Le brun écarquilla légèrement les yeux, échangeant un bref regard avec la blonde tandis qu'il souffla. « Oh, ce n'est pas … » Mais brusquement, il réalisa que ça n'était peut être pas un service à rendre à Joanne que de la présenter comme une jeune femme célibataire, quand après tout cet homme n'était peut être qu'un admirateur de plus qui deviendrait vite entreprenant une fois seul avec elle. « Enfin, on n'est pas … encore fiancés, à vrai dire. » Il se corrigea alors, cachant discrètement l'alliance qui trônait toujours à son doigt, avant de tourner son visage vers celui de la blonde. « Qu'en penses-tu, ça te tente ? Je peux aller t'attendre au bar et nous commander deux autres verres si tu veux. » Il ignorait si Joanne était tentée d'offrir une chance à ce jeune homme, mais si tel était le cas il ne verrait aucun inconvénient à aller l'attendre un peu plus loin. Sans doute tomberait-elle sur un bien meilleur danseur que lui, et dans l'hypothèse où cette soirée ne tournerait pas comme elle l'espérait, la blonde aurait de toute façon une porte de sortie … qui n'était autre que lui, à nouveau.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

saul&joanne + your body's poetry, speak to me  Empty
Message(#)saul&joanne + your body's poetry, speak to me  EmptyLun 20 Mar 2017 - 18:21


your body's poetry, speak to me
won't you let me be your rhythm tonight?


Reever, le frère de Joanne, était un sujet de conversation particulièrement épineux, qui touchait beaucoup la plus jeune des Prescott. Elle perdait alors immédiatement son sourire, tentait quelques secondes plus tard de forcer un sourire. "Très loin d'ici." dit-elle en sirotant sa boisson alcoolisée. Elle marqua une pause avant de reprendre. "Il est allé faire sa vie aux Etats-Unis. Il est parti peu de temps avant que je n'arrive à Brisbane, quand je suis entrée à l'université. Il avait envie de changer d'air, de voyager." Jusqu'ici, tout se serait très bien passé. "Au début, on gardait pas mal contact parce que nous étions proches. Il était... extrêmement protecteur avec moi, disons." dit-elle avec un rire nerveux. "Aucun garçon ne pouvait m'approcher s'il ne passait pas par lui d'abord, tu vois le genre ? Mais au fil des mois, des années, il ne donnait pas vraiment de nouvelles. Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien. Mais la chose pour laquelle je lui en veux encore, c'est qu'il n'était pas même venu à mon mariage, avec Hassan. Il n'a même pas répondu à l'invitation. Il est réapparu il y a presque deux dans, pensant pouvoir retrouvé sa place après plus dix ans d'absence." Elle haussa les épaules. "Donc il n'a plus vraiment son mot à dire et j'essaie de me débrouiller comme je peux." dit-elle en riant, lorsqu'il s'agissait de se débarrasser de ses fameux admirateurs. "Mais oui, il était toujours plus doué pour ça que moi." admit-elle. "Mais si je n'avais pas eu à te solliciter, on ne serait jamais tutoyé, et on n'aurait jamais tenu une conversation si longtemps sans qu'il y ait de larmes." Joanne riait, amusée par cette supposition. "J'avoue que j'aime bien l'option choisie pour ce soir." Elle était persuadée que dans d'autres circonstances, ils seraient tout de suite devenus de très bons amis. "Mais effectivement, jouer la comédie, ce n'est pas vraiment mon truc. Je suis une bien piètre actrice." dit-elle en riant. "Disons que tout le monde me dit qu'on lit en moi comme dans un livre ouvert." Saul parlait ensuite de la serveuse, il disait ne pas apprécier son comportement de la serveuse. "Elles doivent certainement se dire que les personnes qui ont l'habitude de venir ici, même si ce n'est que par période, ont forcément besoin de parler, alors que ce n'est pas le cas. Je n'aurais pas apprécié non plus, à ta place." Lorsque Saul disait ne pas avoir besoin de chaperonne, la jeune femme fit mine d'hésiter exagérément. Puis elle lâcha un petit rire, incapable d'être sérieuse. Il fallait dire que la jeune femme avait l'acool particulièrement joyeux. "Mh... Je ne sais pas, c'est à voir." lui lança-t-elle avec un regard amusé. La jeune femme faisait de son mieux pour comprendre les intentions de Saul, bien qu'il n'avait pas idée de l'effet domino de cette annonce. L'on ne pouvait pas dire que Joanne allait bien, ou mieux. Sa vie lui semblait être un véritable foutoir, mais elle ne pouvait se permettre de baisser les bras, elle avait un fils qui ne pouvait compter que sur elle. "Je ne comptais pas lui en parler de toute façon." répondit-elle avec un sourire triste. "Il a bien assez à faire de son côté, et il n'a plus vraiment son mot à dire sur ce que je fais ou quelles sont les personnes que je convoite, même si je dois admettre que parfois, son avis me touche toujours autant. Et ça, je ne peux pas y faire grand chose. Autant il y a des fois où j'arrive à totalement me fermer, autant d'autres où c'est assez compliqué." Elle ne parvenait pas à expliquer ce phénomène. Peut-être que ce n'était que la preuve de la faiblesse de Joanne, de sa trop grand fragilité. "Ou peut-être que tu en aurais eu encore plus, d'avantages." répondit-elle en riant. Puis des sujets moins joyeux venaient s'imposer, et ça ne tombait certainement pas ans l'oreille d'une sourde. "On s'arrête souvent à ce qu'on voit, et à ce qu'on a envie d'entendre. Ils veulent du drama, de quoi faire couler l'encre, de quoi papoter derrière un bon verre. Je sais ce que c'est. Ils s'en sont bien amusés, avec Jamie et Hannah." Et Dieu sait que cette histoire avait touché Joanne, bien plus que de raison. Elle se souvenait encore de tout ce qui lui traversait la tête lorsqu'elle voyait les couvertures de magazines. "Tout le monde dit que c'est facile de faire la part des choses, qu'il suffit juste d'ignorer ce qui est écrit. Mais quand on n'est pas habitué au milieu et que ça nous touche directement, beaucoup de ces principes là s'envolent, et les conséquences arrivent très vite." Joanne sourit tristement. Elle savait que toute cette histoire était l'une des causes de la ruine de son couple avec Jamie. Saul préférait ensuite oublier le petit quiproquo qui avait instauré un certain malaise entre eux, ce à quoi Joanne approuva par un simple signe de tête. Certaines paroles interloquèrent la jeune femme, mais elle accepta le fait qu'il ne veuille pas l'impliquer davantage dans sa vie privée, certainement pour ne pas empoisonner davantage sa vie avec ses problèmes. Il disait qu'il ne fallait pas attendre des autres qu'ils nous réparent. Elle avait toujours rêvé de se prouver à elle-même qu'elle pouvait prendre soin d'elle. Il y avait son frère pour la surprotéger jusqu'à ses dix-huit ans, elle était devenue bien plus autonome avec Hassan, qui lui laissait les libertés qu'elle avait besoin de développer. Jamie aussi était dans la veine là mais Joanne avait tellement peur de le perdre ou de faire quelque chose de travers qu'elle se limitait énormément. Elle s'était mise toute seule dans une cage dorée dont elle avait perdu la clé. Et bien qu'elle se débrouillait très bien malgré une situation compliquée -mère célibataire, c'est une situation loin d'être facile-, elle se pensait incapable de faire quoi que ce soit. Que ce n'était pas assez, qu'elle devait faire mieux. Elle ne parvenait plus à être satisfaite de ce qu'elle était déjà capable de faire - et elle savait en faire, des choses. "L'empathie devient une denrée. Il y a des personnes qui ne le méritent clairement pas. Les pédophiles, les violeurs, les meurtriers par exemple... Mais tu n'es aucun de ces criminels là. Alors j'estime que l'on peut pardonner, et accompagner. Il n'y a rien de pire qu'une solitude que l'on n'a pas voulu, lorsque tout le monde nous tourne le dos." Elle haussa les épaules. Quelque part, elle espérait un jour que Saul comprenne Jamie n'avait jamais cherché intentionnellement de faire du mal à Joanne. S'il comprenait son passif, il saurait pourquoi il ne parvenait pas à se contrôler par moment. Mais elle se disait qu'il ne comprendrait certainement jamais. Une fois qu'ils s'étaient mêlés aux autres danseurs, le brun parlait de la grand-mère de Joanne. Celle-ci sourit tristement. "Disons que c'était la seule de ma famille qui me laissait rêver autant que je le voulais. Mes parents, mon frère et ma soeur me fliquaient en permanence. C'est un peu une tare, d'être la petite soeur." dit-elle d'un rire nerveux. "J'avoue que son départ n'était pas... au meilleur moment - ça ne l'est jamais. Mais déjà que plus rien n'allait. Un jour, une mauvaise nouvelle, on n'en voit plus le bout. Et il y avait de nombreux jours où je me demandais si ça valait encore le coup de se lever le matin. Et encore là, je me dis que je ne me lève que pour mon fils." Elle rit nerveusement, se trouvant bien ridicule. "Si ça ne fait pas de moi une mère dévouée, ça..." dit-elle pour tenter d'alléger tout ce qu'elle venait de dire, avec un léger sourire aux lèvres. Saul plongeait son regard dans le sien, satisfait d'avoir pu être, à un moment donné, le confident de Joanne. "Disons que j'essaie de faire de gros efforts pour parvenir à relativiser, c'est encore loin d'être mon fort." dit-elle avec un sourire. Mais passons à des sujets plus joyeux. Saul préférait revenir sur l'ambiance du bar. "Je crois que l'alcool altère quelque peu mon discernement, mais je pense être suffisamment consciente de ce que je dis pour dire que j'aime bien cet endroit." Elle riait à ses paroles. "Aussi bon danseur pouvait-il être, ce cher Patrick n'était pas vraiment le genre d'hommes qui faisait chavirer mon coeur." répondit-elle avec un large sourire. "J'ai toujours fait un peu de danser. Classique, moderne, les danses de salon, j'ai été touche-à-tout dans ce domaine là. J'en faisais beaucoup à l'université, et même encore un peu après." expliqua-t-elle. "Mais ça s'apprend. Si ça se trouve, tu finiras par être un cavalier parfait." Joanne était douée pour être optimiste pour les autres, mais jamais pour elle. Un inconnu se présenta à eux, désireux de danser avec Joanne. "A vrai dire, je préférerai rester avec mon ami." répondit Joanne courtoisement à l'homme en question. "J'aimerais passer la soirée avec lui parce qu'il ne va pas bien, et je ferai bien une personne ingrate si je le laissais seul." Elle se tourna ensuite vers Saul. "Mais j'adorerai tout de même boire un autre verre avec toi." dit-elle avec un large sourire, avant de le prendre par la main pour qu'ils s'approchent à nouveau du bar. Tout s'était fait naturellement parce que Joanne pensait ses mots - elle n'avait pas eu à mentir. Elle préférait passer le reste de sa soirée en compagnie de Saul plutôt que de se faire draguer à tout va. "Décidément, ils ne veulent pas me lâcher." soupira-t-elle, commençant à être bien agacée d'être accostée à tout va, qu'importe si elle était en train de parler avec quelqu'un d'autre ou pas. "Pour la peine, c'est de nouveau moi qui te paie un verre." dit-elle en levant la main pour que l'un des barmans la repère. "En espérant qu'on nous laisse tranquille désormais." La barmaid apparut auprès d'eux, la même qui tentait de se mêler un peu trop de la vie de Saul. "Au pire, on pourra aller se promener après ce verre-là, pour être plus au calme et ne plus être interrompus à tout bout de champ."

made by black arrow
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

saul&joanne + your body's poetry, speak to me  Empty
Message(#)saul&joanne + your body's poetry, speak to me  EmptyMar 25 Avr 2017 - 16:31

Saul n'avait peut être jamais eu de sœur – à son grand désespoir – mais si tel avait été le cas, il y a fort à parier qu'il se serait fait un devoir de la protéger des quelques énergumènes qu'on croisait généralement dans ce genre d'endroits lorsqu'on était jeune et jolie et qu'on paraissait un tant soit peu vulnérable. Joanne, elle, semblait avoir eu la chance d'avoir déjà pu compter sur les interventions de son grand frère, bien qu'il semblerait que cette époque soit révolue, à en juger par l'absence de ce dernier ce soir, alors que du renfort n'aurait pas été de trop face à l'insistance de son admirateur. Saul comprit toutefois, en le faisant remarquer, qu'il avait touché à un sujet sensible. Et pour cause, Joanne et son frère semblaient s'être légèrement perdus de vue. « Je suis désolé. » Le brun souffla alors, en posant son regard sur la jeune femme, embêté d'avoir peut être fait preuve de maladresse. « Je veux dire, je sais ce que c'est que de ne pas être aussi proche de ceux qu'on aime qu'on le voudrait, tout comme je sais ce que c'est que de se sentir abandonné par quelqu'un à qui l'on tient. » Tout du moins, il en avait fait l'expérience à l'époque où ses parents s'étaient séparés pendant plusieurs années, où il était parti vivre avec son père en Australie et où sa mère avait de son coté refait sa vie et eu un autre enfant. Aujourd'hui il n'y repensait peut être plus avec la même peine, mais à l'époque, l'adolescent qu'il était s'était senti délaissé et le comportement distant de son père n'avait rien arrangé. « Mais s'il y a bien une chose que la vie m'a apprise, c'est qu'il n'est jamais trop tard pour renouer, tout du moins jusqu'à ce qu'on laisse passer notre dernière occasion de le faire. » Il l'avait d'abord constaté lorsqu'il avait consenti à ce que sa mère revienne dans sa vie et avait accepté la présence d'un demi-frère qu'il avait appris à aimer. Et puis, plus récemment, il avait pardonné à son père d'avoir longtemps été cet homme qu'une séparation avait rendu froid et solitaire. Il lui avait pardonné oui, quelques années avant son décès, et il n'y avait pas un jour où il ne se félicitait pas d'avoir saisi cette occasion au moment où elle s'était présentée. Si Joanne n'aurait alors sûrement pas eu à se tourner vers lui si son frère avait été à ses cotés, la jeune femme affirmait néanmoins qu'il aurait été dommage que les choses se passent autrement, ce à quoi il ne put qu’acquiescer. « Moi aussi, et je crois que c'est ce qu'il nous fallait pour repartir du bon pied. On a beau dire, mais on n'a pas encore trouvé mieux pour rapprocher deux personnes qu'un peu d'alcool et une bonne ambiance. » Saul souffla, dans un léger rire, se rapprochant ensuite légèrement pour feindre de lui faire une confession. « On oublie juste de dire que les dons juans aussi s'avèrent parfois pratiques dans ces cas-là. » Et lançant un regard rapide et plus ou moins discret à l'individu de tout à l'heure, celui qui avait lourdement accosté la jeune femme, il esquissa ensuite un plus fin sourire, acquiesçant de nouveau ses paroles. « Alors nous sommes deux. J'ai beau m'être découvert une triste aptitude pour le mensonge, je n'envisage pas pour autant une reconversion de l'autre coté du rideau. Les comédiens sont ceux qui jouent un rôle sur scène ... à la différence des enflures qui en jouent un dans la vie. » Et si la mine amusée qu'il laissa apparaître donna presque l'impression qu'il parvenait à ironiser sur son propre sort et sur ses mauvais choix, c'est en vérité avec tristesse et désolation qu'il l'avait fait remarquer, toujours aussi conscient d'avoir violé tous ses principes en prenant la décision la plus périlleuse de sa vie. Au sujet de leur serveuse, en tout cas, c'est avec humour que Saul avait repris, notant toutefois plus sérieusement la curiosité dont celle-ci avait déjà fait preuve à son égard. Une curiosité bien connue dans la profession, qui n'avait rien d'un mythe et que Joanne ne semblait pas totalement méconnaître non plus. « Hélas, elle arrive quelques mois trop tard. J'ai déjà expérimenté ce genre de « thérapies », et j'aurais sûrement mieux fait de me casser une jambe ce jour-là. » Dans un rire sans-joie, Saul repensa à Tommy, et à toutes les fois où les deux hommes avaient conversé, longuement, et où Saul s'était confié sur sa situation. Des confessions qu'il avait fatalement regretté le soir où le serveur lui était tombé dessus à coup de poing. Sur une note heureusement plus enjouée, tous deux s'amusèrent bientôt de l'idée qu'il puisse avoir potentiellement besoin d'une chaperonne, avant que Saul n'éprouve un certain soulagement à l'idée que Joanne semble aujourd'hui comprendre qu'il ait pu agir sans mauvaise intention quelques semaines plus tôt, lorsqu'il avait dénoncé Jamie. Pour autant, sans doute valait-il mieux que cette soirée reste entre eux, car il y avait de grandes chances pour que l'ex-fiancé de la blonde n'apprécie pas l'idée d'une rencontre entre Joanne et celui qu'il devait considérer comme son bourreau, ici ou bien ailleurs. La réponse de la jeune femme eut alors eu le don de le surprendre légèrement, peut être parce qu'elle lui avait jusqu'ici semblé extrêmement soucieuse de l'avis de Jamie. « Convoite ? » Le brun nota, dans un sourire malicieux, faisant mine que ce terme avait particulièrement attiré son attention. Puis, passée l'envie de détendre l'atmosphère, il reprit avec plus de sérieux. « On finit par guérir de ce genre de choses, j'imagine. Par se sentir un peu moins coupable de vouloir avancer. C'est simplement plus dur encore lorsqu'on porte en plus la responsabilité d'un échec. » Ce n'était peut être pas le cas de Joanne, mais c'était assurément le sien, et en ça il était sans doute bien placé pour savoir qu'avancer, continuer, s'affranchir de l'idée qu'on puisse encore décevoir, n'avait rien d'évident. « Tu sais, je pense que tu as fait un choix inconscient en t'asseyant près de moi et en acceptant de me tutoyer. Celui de ne plus laisser son avis t'atteindre, au moins pour quelques heures. Parce que tu sais qu'il n'apprécierait pas de nous savoir ensemble, peu importe que tu prévois ou non de lui en parler. » Certes, ni Joanne ni lui n'étaient ce soir dans leur état normal, mais Saul la jugeait sincèrement capable de faire abstraction de Jamie pour quelques instants, qu'elle ait bu ou non. « Maintenant, peut être que tu reviendras sur ce choix en décidant que ça ne vaut pas la peine que tu le lui caches, et en oubliant cette soirée s'il te le demande. Si c'est le cas, alors je comprendrai et je ferai de même. Je te l'ai dit, je ne compte pas vous créer plus de problèmes. » Sans doute cela le désolerait-il un peu, encore une fois parce que cette soirée leur permettait de reprendre leur relation à zéro et de s'aborder sous un jour nouveau, loin des tensions et des complications de leurs débuts. Mais parce qu'il ne comptait plus se mêler de ce qui concernait Jamie et Joanne, Saul se rangerait à la décision que prendrait la blonde, quelle qu'elle soit. Un nouveau sourire se dessina en tout cas sur ses lèvres à la prochaine remarque de la jeune femme, avant qu'il ne le perde finalement, lorsqu'il fut question des récents événements qui étaient venus bouleverser sa vie et tout particulièrement des ravages que pouvait parfois faire la presse. Joanne évoqua en effet la relation de Jamie et Hannah. Une allusion qui ne l'aurait pas mis mal à l'aise si seulement il ne revenait pas d'un court séjour à New York, qu'il avait passé au domicile de la comédienne, et s'il n'avait pas conscience de l'importance que celle-ci avait progressivement prise à ses yeux … « J'ai cru comprendre, oui. Je … je crois que personne n'en est vraiment ressorti indemne. » Pendant un quart de seconde, Saul envisagea de lui parler de la brune, de lui, et de ce petit quelque chose qui semblait être né de leurs échanges, du temps qu'ils avaient passé ensemble et de tout ce qui les avait fatalement rapprochés. De ce qui s'était brisé, aussi, lorsqu'Hannah avait su pour sa liaison et de ce que ça lui avait fait, à lui, d'avoir comme l'impression de la perdre à son tour. Mais Saul se ravisa. Ce soir, Joanne semblait un peu plus sereine que la dernière fois qu'ils avaient réellement discuté, et il ne voulait en aucun cas prendre le risque de raviver sa méfiance en lui confiant ce qu'il valait peut être mieux qu'elle ignore, au moins pour l'instant. Ainsi reprit-il. « La presse a toujours eu beaucoup d'imagination, mais elle a souvent manqué de diplomatie. Et je sais par expérience qu'on ne peut pas toujours prendre autant de recul qu'on le voudrait. Parce que c'est une chose de voler des photos pour les sortir de leur contexte, mais une autre de pondre des textes très inspirés que tes enfants auront peut être un jour entre leurs mains. » Il fit là indirectement allusion aux photos récemment parues dans un magazine, et les montrant Hannah et lui dans une posture presque ambiguë. Peut être Joanne n'ouvrirait-elle jamais cette revue, ou bien peut être le ferait-elle et tirerait d'elle-même certaines conclusions … Dans l'immédiat, en tout cas, Saul préféra prêter grande attention aux prochaines paroles de la blonde, qui était parvenue à le toucher en faisant preuve d'une empathie qu'il n'attendait peut être plus, ni d'elle ni de personne. Une empathie qu'il semblait mériter, du point de vue de Joanne, dont il crut comprendre le sens des mots. « Je sais, tu dois te dire que Jamie et moi ne sommes pas si différents, et que tout ça, on ne l'a ni voulu, ni vraiment mérité. » Il esquissa un fin sourire, croyant en effet deviner qu'elle avait ici fait une sorte de parallèle entre leurs deux situations, consciemment ou non. « Je ne te donnerais pas raison sur tout, mais j'admets que ce qui m'est tombé sur le coin de la figure m'a fait réfléchir. Et que je sais maintenant ce qu'on peut ressentir lorsqu'une erreur nous précipite un jour au fond d'un gouffre dont on n'est pas sûr de pouvoir ressortir. » Est-ce que ça changeait absolument tout ? Non, parce qu'il ne pouvait pas réécrire l'histoire et qu'en soi, une partie de lui resterait persuadée d'avoir agi au mieux compte tenu des circonstances et de son propre vécu familial. Mais ça l'amenait à aborder les choses un peu différemment, à faire preuve d'une empathie et d'une certaine solidarité à l'égard de Jamie, et finalement à considérer que dans cette histoire, personne n'ait eu ni totalement tort, ni totalement raison. « Je te remercie, en tout cas. » Saul ajouta après quelques secondes, avant que la jeune femme et lui ne gagnent finalement la piste de danse et se mêlent à la foule. L'occasion pour eux de s'ouvrir encore un peu plus à l'un et l'autre, notamment au sujet de ce deuil qui les avait frappé l'un comme l'autre au cours des derniers mois. A entendre Joanne, le brun comprit que la perte de sa grande mère l'avait tout particulièrement affectée en raison de sa relation privilégiée avec cette dernière, et c'est un tendre sourire qu'il esquissa bientôt. « Je n'ai aucun mal à imaginer ce que tu traverses, mais tu as une raison de vivre, Joanne, et c'est déjà plus que beaucoup de personnes hélas dans la même situation. Et surtout, tu as envie de t'en sortir, au moins pour ton fils, ou parce que c'est ce que ta grand mère aurait voulu pour vous deux. » Sans qu'il y fasse vraiment attention, la main qu'il avait passé autour de la blonde se resserra légèrement sur le corps de Joanne, comme un désir silencieux de lui apporter un soupçon de soutien, une once de réconfort. « On ne s'en remet jamais vraiment, mais on finit par avancer, et c'est le début d'une sorte de guérison malgré tout. » Lui n'avait pas le sentiment d'avoir « guéri » de la mort de son père, car celle-ci avait été brutale et injuste à plus d'un égard, mais il était parvenu à faire en sorte de garder de lui des souvenirs essentiellement heureux, pour que le voyage vers l'acceptation se fasse un peu plus doux. La conversation connut heureusement un virage un peu plus heureux lorsqu'ils en vinrent à faire de nouveau allusion à l'ambiance de cet endroit, et Saul émit bientôt un léger rire. « A la bonne heure, d'ici quelques temps tu feras peut être aussi partie des meubles, toi aussi. » Une chose qu'il n'était pas certain de lui souhaiter, car si lui était dernièrement devenu particulièrement familier avec cet endroit, c'est essentiellement parce qu'il n'avait pas trouvé meilleur réconfort que d'y passer beaucoup de ses soirées. Joanne, en tout cas, ne semblait pas tant déplorer l'absence du regretté Patrick Swayze, pourtant plus à l'aise que lui au milieu d'une piste de danse. « Une préférence pour John Travolta, peut être ? C'est vrai qu'il n'était pas en reste, et puis le coté latin fait souvent la différence. » Et esquissant un sourire teinté de malice comme s'il se faisait brusquement le porte-parole de la communauté latine d'Europe et d'ailleurs, il rit de nouveau face à l'optimisme de sa compagne d'un soir. « Je n'en demande pas tant, disons que je me contenterais de faire mieux que le soir de mon mariage, où là aussi Elsie n'avait eu aucun mal à me voler la vedette. » Et il eut comme un pincement au cœur en repensant à leur danse, au milieu de leurs deux familles, de leurs amis, et de toutes ces personnes qui comme lui, comme eux, avaient pensé que le temps du bonheur durerait toujours. Il se remémora un instant le rire d'Elsie, et les efforts considérables qu'il avait du faire pour que sa maladresse ne gâche pas ce si précieux moment. Oui, pendant un instant, Saul eut le cœur lourd en se revoyant à l'aube d'une vie qu'il avait si facilement gâchée. Ce fut finalement l'intervention d'un jeune homme qui le tira de ses songes, lorsque ce dernier demanda à ce que Joanne lui fausse compagnie le temps d'une danse. Une idée qui lui sembla un brin risquée après l'épisode de tout à l'heure, et qui expliqua sa réserve. Mais la blonde, elle, prit moins de gants pour refuser, n'hésitant pas à aborder une toute nouvelle stratégie. « Je … oui, ça n'est pas une période évidente et elle sait qu'il vaut mieux ne pas me laisser seul avec mes idées noires. » Saul appuya alors instinctivement ses paroles, bien qu'assez mal à l'aise à l'idée qu'un inconnu doive maintenant le prendre en pitié ou s'imaginer que la blonde se coltinait un dépressif notoire pour cavalier. « Bon, l'avantage c'est que celui-ci ne risque pas de passer sa soirée à nous épier. Il doit s'imaginer que je vais pleurer sur ton épaule pendant les deux prochaines heures, je crois que ça dissuaderait n'importe qui. » Saul n'eut cependant aucun mal à s'amuser de la situation, jugeant qu'après tout cette diversion avait au moins eu le mérite de les débarrasser d'un admirateur potentiellement aussi difficile à décourager que le précédent. « Je n'y vois aucune objection. » Il finit par reprendre, au sujet du verre comme de la proposition bientôt formulée par Joanne, avant de s'étonner lui aussi de la fréquence à laquelle les hommes présents ce soir semblaient attirés par l'aura de la blonde. « Va savoir si leurs boissons ne sont pas aphrodisiaques. Les serveurs utilisent peut être ce genre de méthodes pour faciliter les rencontres et pousser à la consommation … Si c'est le cas, tu prends peut être un risque en m'offrant un verre de plus. » Et il se mit à rire de plus belle. Il n'était certes pas d'un naturel entreprenant, mais tous les hommes ne devenaient-ils pas les mêmes après un verre de trop et face à une femme aux atouts indéniables ? Oui, sans le moindre doute, Joanne prenait là un sacré risque. « Mais j'ai vaincu ma peur du ridicule en allant danser alors je crois que je mérite bien un verre. » D'autant plus après avoir souffert de la comparaison avec Joanne. « Je prendrai comme toi. » Et relevant les yeux vers la serveuse lorsque celle-ci vint justement prendre leur commande, il reporta son attention sur Joanne lorsque celle-ci suggéra d'aller profiter de la douceur nocturne une fois leurs verres terminés. Une idée qui avait tout pour convaincre. « Et retarder le moment où j'irai retrouver ma triste chambre d'hôtel ? Tu n'y penses pas ! » Il souffla toutefois, d'un ton dénué du moindre sérieux, avant de reprendre avec un fin sourire. « Bien sûr, ce sera avec plaisir. Et puis, on ne va certainement pas interrompre notre petit numéro alors qu'on touche au but. » C'est vrai, après tout le gus de tout à l'heure pourrait être encore dans les parages, à les observer, fin prêt à bondir de nouveau sur Joanne dès qu'il aurait le dos tourné. Une raison supplémentaire de quitter ce bar ensemble, c'était certain.
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
  

saul&joanne + your body's poetry, speak to me  Empty
Message(#)saul&joanne + your body's poetry, speak to me  Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

saul&joanne + your body's poetry, speak to me