| Everybody needs someone beside em’ shining like a lighthouse from the sea • Myrddin & Saul |
| | (#)Sam 28 Jan 2017 - 20:04 | |
| Mon cadeau de noël a fait son petit effet sur Myrddin ! Je me rappelle encore de cette joie qui se lisait sur tout le visage de mon meilleur ami lorsqu'il m'a remercié avec toute la chaleur du monde. Cette étreinte, le lendemain de noël, après les paroles blessantes de Thomas était meilleure que n'importe quelle parole. Cette même joie n'a pas quitté Myrddin depuis notre retour à Brisbane, Arthur en étant pour beaucoup. Je le sens plus serein, plus détendu. Il prends son rôle de jeune père vraiment à cœur et ça fait du bien de le voir autant impliqué dans une nouvelle tâche. Et puis faut dire ce qu'il en est, cet Arthur est adorable. Vraiment. J'ai hérité du statut de 'parrain non officiel'. Le vrai, l'original, il est en Angleterre. Et il n'a rien fait pour nous empêcher d'emmener son neveux à l'autre bout du monde. Il n'avait pas le choix, certes, mais ...je sais pas, à sa place j'aurais peut-être un peu plus insister, juste pour la forme ?
Enfin, je ne vais m'en plaindre, parce que du coup je suis le parrain de substitution -même Thomas était d'accord, c'est vous dire ...- et j'aime bien ce rôle, je dois l'avouer. Certes, je ne suis pas près à garder Arthur seul, mais lorsque je suis chez Thomas et Myrddin ou que mon meilleur ami est chez moi, j'ai toujours des idées comment occuper le petit. L'avantage à ce jeune âge c'est qu'ils en ont rien à foutre du fait que je marche ou non. Il était un peu impressionné par le fauteuil roulant au début, mais il s'est très vite habitué. Et puis de toute manière, mon but c'est que lorsqu'il aura soufflé sa deuxième bougie cet engin sera définitivement dans le placard. Et j'avoue que je commence à y croire de plus en plus. Depuis notre retour à Brisbane, j'ai repris la rééducation de plus belle. Trois jours entiers par semaines, le lundi le mercredi et le vendredi, je les passe à centre de rééducation. C'est fatiguant, mais je sens qu'après ces trois dernières semaines, mes efforts commencent à payer tout doucement.
Et aujourd'hui, c'est le grand jour. Celui où j'embarque enfin Myrddin au théâtre. La première pièce qu'il a choisi est un drame mis en scène par personne d'autre que Saul Masterson. J'ai déjà parlé de lui à Myrddin, mais seulement pour lui expliquer pourquoi je considère cet homme comme un héro. Je ne lui ai pas dit qu'il est metteur en scène et encore moins ce que je lui réserve à la fin du spectacle. Car évidement, en voyant quelle pièce de théâtre mon Myrddin a choisi, j'ai tout de suite pris contact avec Saul. Je lui ai rappelé l'histoire de mon meilleur ami et le metteur en scène m'a dit qu'il adorerait le rencontrer. Et qui sait, peut-être l'intégrer dans sa troupe ? Et lui donner un petit rôle dans sa prochaine pièce ! Oh ce serait tellement génial ça ! À 18h30, je toque à la porte du duplex de Myrddin et Thomas et attends sagement que quelqu'un vienne m'ouvrir. J'en profite pour lisser un plie de mon t-shirt rayé noir et blanc, de remettre le col de ma veste correctement. |
| | | | (#)Dim 29 Jan 2017 - 20:30 | |
| EVERYBODY NEEDS SOMEONE BEHIND THEM. — — NATHAN & MYRDDIN & SAUL Ce soir est important, c’est le premier où je laisse mon petit Arthur seul en compagnie de Thomas. Depuis notre retour en Australie, je ne l’ai pas quitté, ou tout juste quelques heures. Je n’ai même pas encore repris le travail. Dans notre quotidien, tout s’est mis en place assez rapidement, tout s’est harmonisé étonnement bien. Pour un enfant d’à peine un an, il a vécu beaucoup de bouleversements ces derniers temps, et je compte bien tout faire pour que cela l’impact le moins possible. Ce qui n’est pas évident, car s’il ne me voit pas d’un moment, il se met à me chercher, inlassablement, allant parfois jusqu’à pleurer et piquer une crise. Lui qui est d’ordinaire si calme. Tom arrive encore à l’apaiser, mais il n’est pas encore assez habitué à Nathan.
J’espère donc que tout se passera bien. Ce que Thomas ne manque pas de me faire remarquer d’à quel point c’est inutile. C’est vrai, je n’ai même pas à lui donner de consignes, il sait déjà tout. Quelques semaines à vivre avec ce petit bout de chou et j’ai l’impression que nous sommes une vraie famille. Je n’imaginais pas cela arriver de cette façon, ni aussi vite, mais j’en suis heureux. Je finis de me préparer pour cette soirée au théâtre, première utilisation de mon cadeau de noël offert par Nathan. Qui vient avec moi. Je l’attends d’une seconde à l’autre pour partir, car l’heure approche.
Je suis en train d’expliquer à Arthur que je sors ce soir, avec des mots simples mais clairs. Je vois bien son petit regard à deux couleurs inquiet et empli de questions. Je pars toujours du principe qu’il n’est pas plus idiot que n’importe qui, que même s’il ne comprend pas tout sur le moment, il reçoit mon intention de le rassurer pleinement. Thomas est en train de lui préparer son diner, il se révèle assez doué à cela a d’ailleurs. J’ai encore beaucoup de choses à apprendre. Enfin bref ; on toque à la porte. Ce qui attire l’attention d’Arthur qui se blottit contre moi alors que je vais ouvrir, pour trouver Nathan sur le palier.
— Salut Nath’ ! Pile à l’heure comme d’hab’, l’invitais-je à entrer en souriant. Je réajuste la position d’Arthur dans mes bras. Alors mon cœur, on dit bonjour à tonton ?
Je laisse Arthur le saluer, à sa manière, en agitant sa petite main, avec un début de mot qui ressemble à une déformation féroce de « tonton Nathan ». Je me baisse pour le déposer sur les genoux de son parrain-oncle-tout ça, mais il refuse de me lâcher et s’agrippe comme un petit koala, attirant des rires attendris. Mais il faudra bien que nous nous séparions. Thomas arrive à ce moment-là ; il salut Nathan avec une certaine chaleur. Néanmoins son attention est très vite portée sur Arthur ; après un peu de délibérations, mon fils accepte de changer de bras. J’en profite pour aller chercher quelques dernières affaires. Nath’ est déjà à côté de la porte d’entrée, m’attendant. Je dis au revoir comme il se doit aux deux hommes qui partagent ma vie, avant de sortir avec mon meilleur ami, en direction d’une soirée qui s’annonce très bien.
— Dis au fait j’y pensais en regardant tout à l’heure, tu m’as pas dit connaître un Saul ? Ton héros là ? Parce que le metteur en scène de la pièce s’appelle pareil.
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| | | | (#)Lun 30 Jan 2017 - 0:03 | |
| Évidement, lorsque Myrddin vient m'ouvrir il porte son fils dans ses bras. Je leur offre un large sourire et entre lorsque mon meilleur ami me fait de la place. « Je dois être l'homme le plus ponctuel qui existe» rayais-je avec humour alors que Myrddin demande à Arthur s'il ne veut pas dire bonjour à son tonton. Cette appellation me surprends encore et toujours. Je ne sais d'ailleurs même pas si je m'y ferrais un jour, à être appeler de la sorte. Arthur me regarde -ou plutôt me trouble à me regarder avec ses yeux dépareiller- et agite la main en babillant quelque chose qui pourrait ressembler à Tonton et Nathan. Je rigole doucement et me redresse en allant lui caresser la joue « Salut p'tit cœur » dis-je sans perdre mon sourire avant de me reculer lorsque Myrddin se penche pour le poser sur mes genoux.
Je le laisse faire, mais Arthur s'accroche à lui comme un koala s'accrocherait à sa mère et je rigole doucement en l'aidant à le reprendre dans ses bras. Le petit Arthur a vécu tellement de chose en une seule année. Et même s'il ne sait pas encore ce que cela signifie que de grandir sans mère mais avec deux pères, il sait qu'il y a des changements majeurs dans sa vie. C'est pour ça que je comprends totalement qu'il ne veuille pas rester avec moi mais qu'il accepte d'aller dans les bras de Thomas lorsque celui-ci arrive pour me saluer. Myrddin profite d'avoir les deux mains libres pour aller chercher encore quelques affaires. Moi, je l'attends dehors et vais déjà appeler l'ascenseur. Le temps qu'il dise au revoir aux deux hommes de sa vie et qu'il me rejoigne, les portes s'ouvrent et nous entrons. Alors que l'ascenseur nous emmène en bas, Myrddin prends la parole, me demandant si je ne connaîtrais pas un Saul. Il fait de lui-même le rapprochement avec le héro duquel je lui parlais régulièrement et je souris doucement en hochant la tête «Yep, c'est lui » avouais-je en sortant du bâtiment « Mon héro est un metteur en scène. Ça ferait un bon titre de film, non ?» je rigole doucement et ouvre ma voiture « Enfin peu importe. Oui donc c'est bel et bien ce Saul Masterson là qui m'a sauvé de la noyade certaine à Halloween et qui est derrière la mise en scène de cette pièce qu'on va voir »
J'ouvre la porte de la voiture et me hisse sur le siège J'enlève les roues de mon fauteuil puis plis le reste et le met sur la banquette arrière avant de m'installer correctement. J'attends que Myrddin soit attaché et fin près pour mettre le contact, enclencher la marche avant et m'engager sur la route. « ça fait longtemps que t'es plus aller au théâtre, je me trompe ?» demandais-je en lançant un coup d’œil à Myrddin. « Moi je crois que la dernière pièce que j'ai vu c'était quand tu jouais encore à Cambridge. La dernière pièce de ta troupe avant qu'tu ne partes pour Londres » expliquais-je, m'étonnant quelques peu de n'entendre aucune nostalgie ou amertume dans ma voix. Enfin, depuis le temps aussi... peu importe. «J'ai prévu une surprise pour toi aussi » dis-je, le plus naturellement possible «Mais faudra attendre la fin de la pièce pour ça » |
| | | | (#)Mar 31 Jan 2017 - 14:35 | |
| EVERYBODY NEEDS SOMEONE BEHIND THEM. — — NATHAN & MYRDDIN & SAUL Les aux revoir ont été rapides, comme un pansement qu’on arrache. Arthur ne dit rien, me regarde seulement avec ses grands yeux tristes, mais je lui ai encore réexpliqué que je rentrerais vite, et que j’irais lui faire un bisou à mon retour. En attendant il doit rester avec Tom, qui saura le gérer. Après tout, c’est aussi son père, quelque part. Nous sortons donc avec Nathan et, en nous dirigeant vers sa voiture, je lui fais part d’une question : est-ce que le metteur en scène de la pièce de soir est bien le même Saul que celui qui lui a sauvé la vie lors de cette horrible soirée d’Halloween.
Et c’est bel et bien le cas. Avec toujours d’admiration dans la voix, lorsqu’il parle de lui, Nathan me confirme ce fait. J’espère avoir l’occasion de croiser cet homme alors, enfin, pour le remercier en bonne et due forme d’avoir sauvé la vie de mon meilleur ami. Nous nous installons dans la voiture, et Nath’ démarre, prenant rapidement la direction du théâtre de Brisbane. Il fait encore bon, grâce au climat australien. Le froid d’Angleterre me manque encore je dois dire. Ce voyage a été bénéfique, le mal du pays étant quelque chose que je ne connais que trop bien. Mais avec Arthur, je n’ai plus le temps de penser à des choses aussi négatives ; Thomas m’a même fait remarquer que j’avais l’air d’aller mieux, que j’avais moins de journées de déprime. Ce qui me remonte aussi le moral.
— Mh, je suis allé voir une première y’a quelques mois déjà, une ancienne collègue était dans le rôle-titre et par un concours de circonstances, j’avais aidé aux répétitions. Et puis je bosse un peu avec Aaron aussi, mais je n’ai pas revue de pièce à proprement parlé, expliquais-je suite à quelques instants de réflexion. Nathan se rappelle que la dernière fois qu’il est allé au théâtre, c’était lorsque j’étais encore à Cambridge, et que je me produisais avec une troupe. Vieille époque. Oh oui ça fait longtemps ça ! Cambridge... J’étais à l’université, donc ça doit faire… à peu près 7 ans. Que le temps passe vite. Je ne m’attarde pas là-dessus car ma curiosité est tout de suite piquée par les paroles de mon meilleur ami. Une surprise ? Nathan, qu’est-ce t’as… Et puis zut, lançais-je avec un franc soupire. Je verrais bien, mais j’aime pas attendre, et tu le sais.
Bon, un vrai gamin. Mais Nathan me connaît, il devait prévoir une telle réaction, et son rire résonne de toute façon à mes oreilles, me déridant bien vite. La route se déroule ainsi, dans une conversation agréable, comme nous pouvons en avoir. Fait est que cette nouvelle démarre bien, pour nous deux, très étonnement d’ailleurs. Mais je ne me plaindrais pas. Petit Arthur a chamboulé ma vie, et impacte aussi celle de Nathan, en lui donnant une motivation folle pour sa rééducation. Un malheur nous a donné un ange.
Nous trouvons facilement une place pour nous garer, étant donné que Nath’ a le droit aux places handicapées. Être en fauteuil est une galère, alors il y a bien quelques avantages à avoir. Il se débrouille seul pour se replacer sur son fauteuil, et je l’attends déjà dehors, profitant d’une brise légère de soirée. Nous sommes finalement en avance, grâce à une circulation plus que fluide. Dans le théâtre, nous n’avons même pas attendre que l’on nous mène déjà à nos places. On s’installe, et entamons une petite discussion à propos de ce théâtre, et des prochaines pièces qui méritent d’être vue – j’ai choppé quelques flyers à l’entrée –, tandis que la salle se remplit. Puis les lumières s’éteignent enfin, les voix se transforment en murmures et chuchotements, pour finalement se taire. La pièce débute.
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| | | | (#)Mer 1 Fév 2017 - 14:14 | |
| Myrddin, je le connais par cœur. Sa réaction boudeuse ne m'étonne donc clairement pas. Une autre réaction m'aurait très clairement étonnée, mais pas celle-ci. C'est pour ça que j'éclate de rire lorsque mon meilleur ami me dit qu'il n'aime pas attendre. « Je sais Myrtille, je sais » dis-je, amusé. Ce surnom. Ça fait des années que je ne l'ai plus utilisé. Et pour la simple et bonne raison que mon épaule c'est encore rappelé deux jours après à quel point il déteste qu'on l'appelle comme ça. C'est compréhensible aussi. Enfin, dans tous les cas, peut-être s'est-il calmé ou peut-être juge-t-il préférable de ne pas réagir aussi vivement car je suis entrain de rouler et qu'il ne veut pas nous tue, dans tous les cas, il ne lève pas la main sur moi. Mais du coin de l’œil je remarque bien son petit air renfrogné me montrons bien qu'il n'est pas d'accord avec ce que je viens de dire.
Du coup j'engage rapidement une nouvelle conversation, ce qui a pour le but de le dérider facilement. Nous parlons avec joie et bonne humeur pendant toute la durée du trajet. Nous évoquons surtout des souvenirs lié au théâtre et ma propre expérience sur les planches. Car oui, a force de voir Myrddin joué j'ai bien eu envie de tenter l'expérience moi-même. Mais ça c'est soldé par une crise de panique avant de monter sur scène, donc j'ai foiré ma scène et je me suis rendu compte que j'ai beau adoré le théâtre, le côté spectateur de la chose me correspond bien mieux.
Nous arrivons finalement devant la salle de Brisbane et je trouve sans problème une place pour personne a mobilité réduite. Il faut bien quelques avantages, non ? Enfin, je remonte rapidement les roues sur mon fauteuil puis le hisse dessus et ferme la voiture que je contourne pour rejoindre Myrddin. Dans le hall, la personne à l'accueil n'est même pas surprise de me voir arriver et elle nous indique directement nos place. J'ai même droit de quitter mon propre fauteuil pour prendre place sur un plus confortable de la salle. Sans doute que Saul doit être derrière tout ça. Je ne manquerais pas de l'en remercier.
Mais pour l'instant, Myrddin et moi nous nous intéressons aux différentes pièces de théâtre qui valent le coup. Je ne manque pas de lui faire remarquer que les ballets ont aussi leur intérêts et même les opéras. Mais après tout, c'est son cadeau à lui. S'il ne veut utiliser les billets que pour voir des pièces de théâtre, ce n'est pas moi qui vais l'en empêcher. La salle se remplie, les lumières s'éteignent, les voix se transforment en murmures pour finalement se taire, la musique démarre, le rideau se lève et la pièce commence.
Lorsqu'à la fin la salle est à nouveau plongé dans l’obscurité, que le rideau se baisse, c'est un tonnerre d'applaudissement qui commence, qui augmente d'intensité lorsque les comédiens apparaissent à nouveau sur scène. Tout le monde se lève, hurle leur joie et leur reconnaissance. Moi, je reste assis, évidement, mais je n'en suis pas moins excité. Lorsque Saul arrive sur scène j'applaudis encore plus fort et j'ai l'impression qu'on ne s'arrêtera plus. Finalement, les premiers spectateurs partent et je pose une main sur la cuisse de Myrddin en le sentant se lever «Non, attends » dis-je « On attends que ça se soit un peu vider, j'ai pas envie d'écraser trop de pieds »
Évidement, ce n'est qu'une excuse ça car j'ai convenu avec Saul qu'on se retrouverait ici, dans la salle. Je prends donc mon mal en patience et me redresse lorsque je le vois arriver. Je lui fait un signe de la main et souris lorsqu'il y répond avant de se diriger vers moi. «Hey » dis-je en me redressant. Je réponds rapidement à son étreinte et lui offre un large sourire «C'était génial ! Mais le contraire m'aurait étonné » rigolais-je doucement avant de poser une main sur l'épaule de mon meilleur ami «Voilà Myrddin, de qui je t'ai déjà beaucoup parler et ...» je me tourne vers l'anglais et désigne le metteur en scène « Et Myrddin, voilà Saul, que tu connais aussi » |
| | | | (#)Lun 6 Fév 2017 - 19:20 | |
| Patty faisait les cent pas depuis déjà plusieurs minutes, rompant le silence qui régnait en coulisses chaque fois que ses escarpins venaient frapper le parquet. C’était comme si elle expérimentait ça pour la première fois. Comme s'ils étaient remontés plusieurs années en arrière, jusqu'à l'époque où leur collaboration n'en était qu'à ses débuts, et où ils montaient ce qui deviendrait leur premier succès. Saul la connaissait par cœur, et il reconnaissait chez Patty tous les signes d'une angoisse des plus perceptibles, qu'il ne lui avait certes plus connue depuis des années mais qui se rappelait à son bon souvenir comme si tout avait commencé hier. A ceci près qu'ici, ce soir, ça n'était pas l'inconnu qui stressait son associée. C'était autre chose. C'était lui. C'était tout ce qui avait changé en l'espace de seulement quelques jours. « Alors, qu'en est-il de la salle ? » La voix de la blonde résonna tout autour d'eux tandis qu'il lui lançait inlassablement des regards qu'elle ne semblait toujours pas décidée à lui rendre. « Elle est pleine, madame. » Nancy, nouvelle recrue qui avait endossé bien malgré elle le tablier d'assistante de Patty, avait préalablement disparu le temps de se faufiler entre les rideaux de la scène, depuis lesquels elle avait pu constater, non sans soulagement, que le public était ce soir encore au rendez-vous. Car beaucoup en avaient douté, à commencer par Patty, qui contre toute attente s'était finalement tournée vers lui pour lui adresser quelques mots. Les premiers depuis qu'ils s'étaient rejoints en coulisses, en début de journée. « Bien. Il faut croire que tes frasques ne les ont pas encore complètement rebutés. » Son ton était incisif, et son regard mauvais. Saul l'avait compris dès son retour de New York, son associée n'avait pas digéré qu'il ait choisi de partir sans l'en informer avant. Pire, elle gardait bien en travers de la gorge qu'il l'ait tenue à l'écart de ce qui avait régi sa vie durant ces dernières années. « Patty, tu comptes me faire la gueule encore longtemps ? » Saul lui souffla alors, après s'être légèrement rapproché de son associée pour éviter à tous les techniciens et comédiens qui s'affairaient non loin d'eux de profiter de cette partie de la conversation. Mais Patty, qui avait toujours eu un goût beaucoup plus prononcé pour le scandale, ne prit pas de gans au moment de répliquer, dotée de sa discrétion habituelle. « Seulement tant que je n'aurai pas ta lettre de démission sur mon bureau. » Sa remarque lui fit l'effet d'une gifle, d'un uppercut qu'il n'eut pas le temps d'éviter. Est-ce que son associée, la femme avec qui il avait fréquenté les bancs de la fac et décidé de monter le projet le plus important de sa vie, attendait sérieusement de pouvoir le dégager du paysage comme le dernier des malpropres, simplement pour un souci de fierté mal placée ? Est-ce qu'elle tenait à ce point à ce que tout le monde sache tout le mépris qu'il pouvait maintenant lui inspirer, alors que leur énième collaboration était sur le point de se jouer, à quelques mètres de là ? Saul resta bien incapable de la moindre riposte, ainsi c'est silencieux qu'il partit finalement se poser dans un coin des coulisses, lorsque sonna le début de la représentation. Encourageant les comédiens qui s'apprêtaient à monter sur scène, il leur accorda toute son attention, oubliant volontiers tout ce qui n'appartenait qu'aux coulisses et qu'il retrouverait bien assez tôt. Le premier acte débuta alors, marquant les débuts d'interprètes prometteurs à qui ils avaient choisi de laisser leur chance, et qui brilleraient ce soir à chaque temps fort de ce drame orchestré de façon à ce que chacun ait matière à scintiller. Des étoiles, voilà ce qu'il avait sous les yeux, et les voir se révéler une à une suffit à atténuer les doutes que les mots de Patty avaient fait naître au fond de son esprit. Alors, après près d'une heure trente de représentation, lorsque les lumières du théâtre se rallumèrent et que résonnèrent les applaudissements d'un public semblant conquis, c'est d'un bon qu'il se leva lui-même pour acclamer ses comédiens. On lui intima par la suite de rejoindre la scène en qualité de metteur en scène, et c'est après une hésitation qu'il s’exécuta. Il salua le public, avec toute la pudeur qu'il savait garder quand d'après lui le mérite revenait surtout aux comédiens, puis repartit en coulisses, le cœur plein d'une confiance retrouvée. Pour l'instant, en tout cas. « Saul, n'oublies pas qu'on est attendus à Bayside pour prendre un verre avec les investisseurs. Il faut partir maintenant si on veut arriver à l'heure. » Vance l'alpagua à peine eut-il quitté la scène, et c'est après un soupire que Saul se résigna à répondre, après un regard en direction de leur associée. « Tu sais comme moi que Patty va encore s'en donner à cœur joie, et quitte à ce qu'elle balance ses horreurs j'aime autant ne pas être là pour les entendre … Mais vas-y toi, tu me raconteras. De toute façon, j'ai quelqu'un à voir. » Quelqu'un qui contrairement à son associée ne lui cracherait probablement pas son venin à la figure durant les deux prochaines heures. Ainsi, lorsque Vance et tous les autres eurent disparu, Saul resta seul quelques instants, à simplement attendre que la salle se vide. Il savait qu'il y trouverait Nathan, mais aussi Myrddin, dont le jeune homme lui avait tant parlé. Cette rencontre, ils l'avaient planifiée quelques jours plus tôt, et jamais il n'avait été question des bruits qui couraient sur sa vie sentimentale, ou de ce que commençait à écrire la presse sur son compte. Alors c'est de bon cœur qu'il rencontrerait aujourd'hui ce garçon qui visiblement comptait beaucoup aux yeux de son ami, et à qui il n'excluait pas de proposer de retourner sur les planches. Quittant finalement les coulisses après quelques minutes, il finit par s'avancer à travers la salle pour y rejoindre Nathan, de qui il s'approcha avec un large sourire. « Eh, bonsoir. » Tous deux s'étreignirent un court instant avant que le jeune homme ne lui glisse un compliment sur la pièce qui venait tout juste de s'achever. Un compliment probablement anodin pour Nathan qui devait s'imaginer qu'il en avait entendu beaucoup d'autres avant ça, mais qui ce soir avait une saveur particulière pour Saul. « Je me réjouis que la pièce t'ait plu. On a toujours un peu plus la pression lorsqu'on sait qu'un ami se trouve dans le public, alors ça me fait plaisir que tu aies passé un bon moment. » Et c'était d'autant plus vrai qu'aujourd'hui la liste de ses amis semblait s'alléger de jour en jour, comme il l'avait très justement redouté du temps où sa chute se conjuguait encore au conditionnel. Se tournant doucement vers Myrddin, que Nathan lui présenta, c'est dans un nouveau sourire qu'il reprit. « Bonsoir. Nathan m'a effectivement beaucoup parlé de vous, il me tardait de vous rencontrer. » Et lui tendant l'une de ses mains, il se risqua aussitôt à recueillir les impressions du jeune homme, n'oubliant pas la façon dont Nathan lui en avait parlé la première fois. « Qu'avez-vous pensé de la pièce ? J'ai cru comprendre que vous étiez du métier, alors je serais curieux d'avoir votre avis. » Car si chaque opinion importait à ses yeux, le point de vue d'un comédien était toujours particulièrement instructif pour un metteur en scène, peu importe qu'il encourage ou non son travail. « La plupart des comédiens qui se produisaient ce soir ne sont diplômés que depuis quelques mois et n'avaient encore jamais joué devant autant de monde. Ils auraient sans doute beaucoup à apprendre de vous. » Et il espérait ne pas l'intimider en le laisser entendre, raison pour laquelle il lança aussitôt un regard à Nathan, espérant qu'il n'utilisait pas les informations qu'il avait partagé avec lui à mauvais escient. |
| | | | (#)Mer 8 Fév 2017 - 14:37 | |
| EVERYBODY NEEDS SOMEONE BEHIND THEM. — — NATHAN & MYRDDIN & SAUL Cette soirée entre potes me fera du bien. Je reste toujours un peu inquiet d’avoir laissé Arthur seul, ça n’était jamais vraiment arrivé. Et parfois je vérifie mon portable, au cas où… Ce qui est fort idiot ; Tom sait parfaitement se débrouiller, peut-être même mieux que moi. Mais je suis content de voir Nathan, de passer un vrai temps avec lui. Bien que j’ai envie de le frapper à l’arrière du crâne lorsqu’il m’appelle par mon vieux surnom. Etant donné qu’il conduit, il échappe à une douleur atroce dont il a sûrement encore souvenir, datant de la dernière fois où il a utilisé ce surnom. Nous arrivons au théâtre un peu plus tard, et n’avons aucun problème à nous installer à nos places. On patiente en discutant, autour des évènements de la saison notamment. Théâtre, ballet, opéra, tout cela m’a l’air très intéressant, et me rappelle ma vie londonienne. Je prends des idées pour mes prochains billets.
La salle s’est bien remplie, tous les sièges sont occupés. Quelques retardataires prennent rapidement place, à moitié dans le noir, car les lumières commencent à s’éteindre. La salle est bientôt plongée dans ce silence caractéristique, juste avant que le rideau ne se lève. Je suis très agréablement surpris. A la tombée de rideau, comme tout le monde, j’applaudis avec force. C’était vraiment du beau jeu, tout était bon. Du haut niveau. L’ovation dure une grosse minute avant que l’effervescence ne se calme petit à petit. Me relevant pour mettre mon manteau, Nathan pose sa main sur ma cuisse en me disant d’attendre un peu. Sagement, je me rassois, comprenant qu’il ne veuille pas créer de bouchons à la sortie avec son fauteuil. La salle se vide, doucement mais sûrement. J’observe les gens, distraitement, jusqu’à ce que l’un d’eux sorte du lot. Notamment parce que Nathan le salut et lui fait signe. Je me redresse aussi, curieux. Et reconnaissant les traits du metteur en scène.
Le fameux Saul étreignit Nath’, qui lui dit tout le bien qu’il pensait de cette pièce. Visiblement un tel succès n’est pas étonnant. L’homme lui répondit que venant d’un ami, un compliment était toujours plus appréciable. Je souris doucement, me retrouvant un peu dans ses paroles. On a toujours plus peur de décevoir ses proches. Mon meilleur ami me présenta alors à son sauveur. Apparemment il a beaucoup parlé de moi, et je suis curieux de savoir tout ce qu’il lui a dit. Mais on verra ça plus tard. Saul, toujours très sympathique, avoue qu’il avait envie de me rencontrer, après le nombre de fois où Nath’ lui a parlé de moi. Je souris franchement en lui serrant la main.
— Enchanté de même, Nath’ m’a aussi bien parlé de vous, il vous appelle son sauveur, dis-je avec un petit regard en coin pour mon meilleur ami.
Mais Saul me demande tout de suite, sachant que je fais(ais) parti de la profession, mon avis sur la pièce. Il précise aussi que la plupart des comédiens viennent de sortir de l’école. Leurs diplômes sont tout frais. Pour eux, c’était la première fois devant un public aussi grand. Il rajoute, pour terminer, qu’ils auraient bien à apprendre de moi. Je me demande bien ce qu’il sait de ma carrière, car je fais confiance à Nathan pour enjoliver le tableau. Je tente de dissimuler toute gêne, mais je suppose qu’une légère rougeur s’est installée sur mes joues. Sûrement une chose qui ne changera jamais. Les compliments ont toujours cet effet sur moi. D’autant que bien que j’apprécie d’être devant la caméra, je n’ai jamais été vraiment à l’aise en interview. J’essaie de me reconcentrer sur la pièce que je viens de voir, afin de donner un avis pas trop bateau.
— Et bien j’ai pas grand-chose à leur apprendre, vos jeunes ont fait du très bon boulot. Surtout, j’ai remarqué un des garçons qui avait quelque chose de très juste dans son jeu, et deux filles, les petites blondes, très pétillantes dans leurs prestations, commençais-je. Y’avait quelques trucs assez originaux dans la mise en scène, ça m’a agréablement surpris. Chacun a eu sa place pour évoluer, et ce n’était pas surchargé non plus… Je me passe une main dans les cheveux. Ouais bravo, beau succès en plus, la salle était pleine et les gens ont adoré.
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| | | | (#)Sam 11 Fév 2017 - 10:34 | |
| Passer un peu de temps avec Myrddin et seulement avec Myrddin, est quelque chose qui, je l'avoue, me manque un peu. Nous nous voyons très souvent, mais il y a toujours Arthur ou même Thomas qui sont dans les parages. Et même si j'adore mon filleul et que je chéri chaque moment passé avec lui, être juste avec Myrddin, comme avant, me manque un peu. Je compte donc bien en profiter, de cette soirée. Et elle commence bien. Sur le trajet jusqu'au théâtre nous parlons et rigolons joyeusement, tout deux totalement détendu. Toutefois, je sens bien que Myrddin n'est pas serein à 100%, sans doute est-ce l'idée de laisser Arthur seul trop longtemps avec Thomas. Mais il sait bien qu'il n'a pas à s'inquiéter. Enfin, instinct paternel quoi. Bref.
Le spectacle, lui, est parfait. Une mise a scène très bien réussi, un casting du tonnerre -surtout la petite blonde dans le rôle secondaire m'a bien bluffé. Et nous ne sommes pas les seuls a être passé par toutes les émotions possible. Le spectacle a eu sacré effet sur tout le publique, ce n'est pas pour rien qu'on leur offre une standing ovation à la fin. Les applaudissement durs longtemps, sûrement 5 minutes, jusqu'à ce que les premiers ne se lèvent. Je sens Myrddin qui bouge à mes côtés et le retient, donnant comme excuse que je n'ai pas envie de créer de bouchon avec mon fauteuil. Mais en vrai, j'attends surtout la venue de Saul à qui j'ai envie de présenter Myrddin.
Lorsque le metteur en scène arrive, je lui fais un signe de la main et le salue en bonne et due forme. Je lui dis le plus grand bien de son spectacle, mais passe très rapidement aux présentations. Sans un mot, je les laisse échanger, rougissant quand même lorsque Myrddin indique que je parle souvent de Saul comme étant un sauveur. Bon ce n'est pas faux, mais il aurait put se passer de cette précision. Il sait très bien à quel point ça me met mal à l'aise qu'il m'affiche de la sorte.
Saul demande directement à Myrddin l’avis qu'il porte sur la pièce, précisant que la plupart des acteurs sortent tout juste de l'école et qu'ils auraient sans doute beaucoup à apprendre de lui. Encore un coup dans mon malaise. Bon après, je n'ai pas dis grand chose sur Myrddin, je n'ai pas dis pourquoi il a mit sa carrière entre parenthèse pendant quelques années. Saul doit donc penser qu'il est encore régulièrement sur scène. Enfin, j'espère que mon meilleur ne m'en tiendra pas rigueur. Cela dit, je pense qu'il m'en voudrait bien d'avantage si j'avais tout avouer à Saul. S'il a envie que le metteur en scène connaisse son histoire, il le fera de lui-même.
J'écoute Myrddin avec attention, faire une analyse un peu plus poussée que moi, de la pièce. De toute manière, a part dire que c'était bien ou non, je ne peux rien dire de plus, ne m'y connaissant pas beaucoup. Et puis, parfois ce n'est pas plus mal, je pense, d'avoir l’avis de quelqu'un qui n'est absolument pas dans le métier. Mais peu importe. « Tu vas préparer une deuxième pièce, non ?» demandais-je à Saul avant de sourire « Y aurait peut-être moyen que tu trouves un petit rôle pour Myrddin ?» demandais-je, sans demander l’avis de mon meilleur ami. Sentant son regard sur moi, je me tourne vers lui et hausse les épaules, innocent «Ben quoi ? » dis-je doucement « Je t'ai bien vu là, pendant la pièce : t'avais juste envie de rejoindre les comédiens sur scène !» je lui souris doucement «Franchement, essaie. Tu aimes tellement ça que ça ne peut que te faire du bien de t'y remettre. Avec un petit rôle pour commencer » je lance un coup d’œil vers Saul «Qu'est-ce que tu as à perdre ? » beaucoup de chose, me cris ma petite voix interne. Et si Myrddin ne s'en sort pas ? Que sa mémoire lui fait défaut alors qu'il est sur scène ? Il y a deux solutions : ou bien il sort de scène encore plus détruit qu'il ne l'est de se rendre compte que plus jamais il ne pourra reprendre sa passion, ou alors il réussi et ça le motivera pour reprendre réellement. Et puis, doit bien y avoir des techniques particulières de mémorisation, non ? |
| | | | (#)Mer 22 Fév 2017 - 1:15 | |
| Les soirées au théâtre se suivaient mais se ressemblaient de moins en moins depuis que l'entente n'était plus au beau fixe entre Saul et ses associés. Vance et Maxyn évitaient le plus souvent de mettre sur le tapis certains sujets qu'ils savaient sensibles – à commencer par la façon dont sa vie privée avait été dépeinte par la presse – mais lui donnaient le plus souvent l'impression de ne plus exactement savoir comment se comporter avec lui, comme si tout avait changé, comme si brusquement il n'était plus question de Saul, mais des casseroles qu'il traînait derrière lui dans un brouhaha déconcertant. Patty, quant à elle, avait joué franc jeu dès le départ. Dès ce coup de fil qu'elle avait reçu d'un ami journaliste pendant que Saul se trouvait encore à New York, et qui l'avait par la suite incitée à encombrer sa messagerie de messages tous plus incendiaires les uns que les autres, jusqu'au bouquet final, le jour où Saul était revenu à Brisbane et s'était confrontée à une Patty bien décidée à lui donner le coup de grâce. Depuis, ils n'échangeaient plus que pour le strict minimum et tout ce qui concernait les projets de la compagnie, tout du moins jusqu'à ce soir, où Saul avait constaté que son associée était même prête à lui cracher sa rancœur à la figure devant moult témoins. Elle voulait sa tête, Saul le savait depuis déjà quelques jours, mais prenait brusquement conscience de toute la détermination que Patty mettrait à le dégager du paysage, ce qui le détruisait finalement encore un peu plus. Alors oui, cette soirée ne ressemblait encore à aucune autre, parce que la tension était de nouveau montée d'un cran et que c'est le cœur plus lourd que les autres soirs qu'il s'était assis pour assister à le représentation de leurs comédiens. Les voir jouer, incarner leur personnage avec autant de fougue, de passion, ça lui faisait bien volontiers oublier ce qui le tourmentait, car rien ne comptait plus à cet instant que leur jeu, et toute l'authenticité qui s'en dégageait. Le seul instant où sa peine le rattrapa, ce fut lorsque son esprit s'égara au moment où il se souvint qu'Hannah, elle, ne jouerait pas ce soir. Qu'elle ne jouerait probablement pas demain non plus, ayant raté les dernières répétitions, peut être parce qu'elle se trouvait toujours à New York, peut être simplement parce qu'elle aussi ne voulait plus rien avoir à faire avec lui. Ce n'est qu'au moment où les lumières se rallumèrent que Saul fut tiré de ses songes, constatant à ce moment-là, et non sans fierté, que les comédiens s'étaient attirés l'adoration du public. La presse de demain ferait probablement écho d'un succès, et peut être alors que Patty lui reconnaîtrait au moins qu'aussi déplorable soit-il peut être en tant qu'homme, et ami, sa passion et son envie de se donner tout entier à son art étaient quant à elles restées intactes. Mais ce serait une discussion pour un autre jour, car ce soir la dernière chose dont il avait besoin était certainement de la confronter à nouveau. Quant au verre qu'il était censé prendre avec leurs investisseurs, ça attendrait également, aussi bien parce qu'il n'avait pas besoin de boire plus qu'il ne le faisait les soirs où le théâtre ne le sauvait pas de sa déprimante solitude, que parce qu'il avait d'autres projets pour l'heure qui venait. Ainsi abandonna-t-il Vance et tous les autres pour rejoindre la salle, où ses yeux trouvèrent rapidement Nathan et son ami Myrdinn, qu'il avait prévu de retrouver. Ce fut chose faite lorsqu'il descendit les rejoindre, se réjouissant des appréciations de Nathan au sujet de la pièce avant de se présenter à Myrdinn, dont la confession ne manqua pas de l'amuser. « Son sauveur, vraiment ? » Saul nota dans un large sourire, échangeant un regard rieur avec Nathan. Il connaissait bien sûr la raison d'un tel surnom, et ne s'en étonnait du coup qu'à moitié, pour autant c'était loin d'être un terme qu'il avait l'habitude de se voir associer, et plus encore ces derniers temps. S'intéressant en tous les cas aux ressentis de Myrdinn quant à la représentation de ce soir, Saul se risqua à faire écho à ce que Nathan lui avait préalablement raconté, notamment au sujet de la carrière de comédien du jeune homme. Une prise de risque qui sembla toutefois payer à la façon dont celui-ci répliqua, dessinant sur ses lèvres un plus fin sourire. « C'est vrai, ils travaillent tous très durs pour être à la hauteur des espoirs qu'on place en eux, et ils ne nous déçoivent jamais. Ce sont de bons gamins et des interprètes que je juge aussi très prometteurs, ça me fait plaisir que vous soyez du même avis. Vous, vous avez été à leur place, vous savez combien on doit donner de sa personne dans ces cas-là. » Et c'était aussi en ça qu'en tant que metteur en scène, l'avis d'un comédien avait une valeur toute particulière, qui plus est alors qu'il se dégageait de ce garçon une passion et une ferveur intactes pour le théâtre. « Merci beaucoup, j'essaie toujours … de laisser à chacun la place dont il a besoin pour se révéler. Le reste, c'est eux qui le font. » Et si certains dans le milieu lui reprochaient parfois sa modestie et sa tendance à s'effacer au profit des autres, Saul lui jugeait qu'une réussite telle que celle de ce soir ne reposait pas sur les épaules d'un seul homme, mais bien d'une équipe, d'une troupe, de tout un ensemble de personnes qui avaient œuvré, à différents niveaux, pour donner vie à un projet. A la prochaine remarque de Myrddin, finalement, Saul lâcha un léger rire. « Oh, eh bien, merci. Vous vous sentiriez de répéter ça devant mon associée ? » Il plaisanta, l'espace d'une minute, reprenant aussitôt. « Je plaisante, ne vous inquiétez pas. On a juste, disons, certains désaccords professionnels ces temps-ci. » Mais rien qui ne doive peser sur cet échange jusqu'ici prometteur, raison pour laquelle Saul ne s'attarda pas outre mesure sur cet épisode, s'intéressant plutôt à Nathan et à la question que celui-ci ne tarda pas à lui poser, non sans qu'il devine ce qu'elle cachait réellement. « C'est prévu, oui. A vrai dire, on vient justement d'acheter les droits de la pièce d'un jeune auteur avec qui on a décidé de travailler. On planche actuellement sur son adaptation. » Sans doute aurait-il été plus judicieux de prendre un peu de temps pour régler les problèmes qui régissaient sa vie personnelle avec de se relancer dans la préparation et la mise en scène d'une nouvelle pièce, mais la dernière chose dont il avait besoin était de se ménager ou de laisser penser à Patty qu'il comptait céder sa place à un autre. « Plus qu'un petit rôle, même. » Saul reprit en tout cas, dans un sourire à présent teinté d'un peu de malice, lorsque Nathan suggéra qu'il pourrait peut être se débrouiller pour trouver un petit rôle à Myrdinn, vers qui il se tourna justement. « Mon équipe et moi devons encore attribuer la plupart des rôles, y compris ceux des personnages centraux de la pièce. Nous pensions débuter des auditions dans le courant du mois, mais j'avais effectivement l'espoir de vous convaincre d'intégrer l'aventure entre temps. » Seulement, à en juger par l'échange qui eut bientôt lieu entre les deux amis, il s'agissait là d'un sujet sensible, ou tout du moins assez pour que Nathan se sente obligé d'insister auprès du comédien, laissant penser à Saul que le jeune homme risquait peut être de s'imaginer que tout avait été organisé pour le placer devant le fait accompli. Il s'empressa ainsi de reprendre, d'un ton qui se voulait rassurant. « Myrddin, ce serait réellement un honneur de vous compter parmi nous sur ce projet. Je sais bien … qu'à cet instant tout ça ressemble plus ou moins à un subterfuge, mais Nathan veut votre bien, et moi … je souhaite simplement que vous vous sentiez libre de reprendre le théâtre, quand et si vous en avez l'envie bien entendu. » Il ne l'y forcerait naturellement pas, pas plus que ne le ferait certainement Nathan. L'un et l'autre voulaient simplement lui offrir l'occasion de remonter sur une scène, et si Saul ignorait encore la raison qui l'en avait visiblement tenu éloigné ces derniers temps, il n'en était pas moins bien intentionné et désintéressé. « Ça peut aussi attendre. Il y aura d'autres pièces, d'autres spectacles, et ma proposition tiendra toujours. » Parce que lorsqu'il s'intéressait à un talent, Saul était prêt à attendre aussi longtemps qu'il le faudrait pour l'accueillir dans ses rangs, ses propositions n'étant dans ces cas-là jamais limitées dans le temps. |
| | | | (#)Mer 1 Mar 2017 - 0:50 | |
| EVERYBODY NEEDS SOMEONE BEHIND THEM. — — NATHAN & MYRDDIN & SAUL Cette représentation est un véritable triomphe, c’est indiscutable. A la fin, toute la salle est debout, pour applaudir comme il se doit les comédiens sur scène. Les applaudissements retentissent durant plusieurs minutes, jusqu’au départ définitif des comédiens et au retour du rideau. Dès lors, le public s’active pour sortir. Nathan me fait signe d’attendre que la salle se soit vidée pour finalement partir à notre tour. Mais en voyant arriver celui qui s’avère être Saul Masterson, je suppose que Nath’ avait tout prévu pour notre rencontre. J’en éprouve aucun mécontentement cependant, ravi de rencontrer enfin le « sauveur » de mon meilleur ami, dont j’ai appris le métier et le rôle dans cette pièce qu’il y a peu. Lorsque le metteur en scène arrive, chacun se salut et les présentations sont faites. Nathan a bien parlé de moi à Saul, et je fais savoir que l’inverse est vrai également. Saul s’amusa quelque peu du surnom que lui a accordé, à juste titre je pense, mon meilleur ami. Je souris simplement en hochant la tête, avec un coup d’œil vers ce dernier, rougissant de gêne.
Par la suite, Saul s’intéresse à mon avis en tant que connaisseur. Je ne fais pas cas des informations qu’il a à mon sujet ; je parie que Nath’ a en effet bien parlé. Reste à savoir ce qu’il lui a dit ou non. Je rassemble mes idées pour fournir une réponse assez construite au metteur en scène, soulignant au passage son beau travail, en plus de la prestation des jeunes comédiens. Avec un sourire où je crois déceler de la fierté, Saul reconnait le travail fourni par les jeunes pour faire honneur aux espoirs placés en eux. Ce stress peut en achever certains, et élever les autres. C’est une chose difficile à gérer au début, mais ces jeunes sont en effet prometteurs, je suis bien d’accord avec Saul. J’acquiesce lorsqu’il s’adresse à ma propre expérience. Le réel démarrage de ma carrière, après l’école, a bien été éprouvant, alors que j’avais pourtant pas mal d’expérience pour mon jeune âge. Saul fait preuve de modestie, et cela se ressent aussi dans son travail ; chacun a sa place sur scène, il n’y a pas de véritable star. A mon dernier commentaire sur la mise en scène, Saul s’en amuse et me demande si je pouvais le redire à son associée. J’arque un sourcil en apprenant qu’ils souffrent de quelques désaccords, mais je me garde bien de demander quoi que ce soit.
De toute façon c’est Nathan qui reprend la parole en questionnant son ami sur une prochaine pièce. Nous apprenons donc qu’ils ont déjà acquis les droits d’un jeune auteur, et ont même déjà entamé des réflexions quant à son adaptation. J’écoute simplement, curieux, avant que Nath’ ne me surprenne totalement en avançant mon nom pour un petit rôle. Je tourne un regard écarquillé sur mon meilleur ami, tandis que Saul ajoute qu’il est prêt à me donner plus qu’un petit rôle. Je ne sais même pas comment me sentir. J’ai l’impression que Nath’ a bien prévu son coup, et me met un peu au pied du mur. Je fronce les sourcils, durcissant mon regard. Il s’explique alors, disant avoir remarqué mon envie d’aller sur scène aussi, et aussi supposant que ça ne pourra pas me faire de mal. C’est ma passion après tout. Devant son innocence, sa bonne foi, je soupire fortement, battu.
— T’es pas croyable Nathan... soufflais-je finalement.
Saul ajoute son grain de sel entre temps : beaucoup de rôles sont encore vacants, et même si des auditions sont prévus, le metteur en scène caressait l’idée de m’intégrer au projet d’ici là. Je porte un instant mon attention sur l’homme, mais je suis plus choqué par la hardiesse de Nathan dans le but de m’aider à remonter sur scène. Je lui avais à peine parlé de ça, tout juste qu’aider Aaron dans ses activités théâtrales me suffisait. Reprendre ma carrière était encore hors de question, à peine un rêve. Depuis l’arrivée d’Arthur, je me voyais encore moins revenir sur scène. Saul ne manque pas mon malaise et mon hésitation. Je n’ai encore pas dit un mot. Il se veut rassurant quand il exprime une réelle envie de travailler avec moi. Il note que toute cette rencontre a l’air d’un coup monté, mais il n’en est rien. Puis il place de toute façon le choix entre mes mains, sous-entendant que rien ne presse, que d’autres pièces seront montées, et qu’il ne reviendra pas sur sa proposition.
— Merci beaucoup Saul, c’est très gentil de votre part de me proposer un rôle, sans pour autant me connaître vraiment. Mais je suppose que Nathan a omit quelques détails. Je jette un coup d’œil à mon ami, avant de reprendre immédiatement. Si j’ai arrêté ma carrière, c’est suite à un trauma crânien qui a eu un impact sur ma mémoire. J’ai des difficultés à retenir les choses depuis. Je ne sais pas si je serais capable d’apprendre tout un nouveau rôle. J’préfère vous prévenir, expliquais-je avec un léger sourire. Mais... Si vous êtes décidé à me donner une chance et ben... Laissez-moi y réfléchir, ok ?
J’ai un petit garçon à présent, je ne peux pas me permettre de penser égoïstement. Thomas sera aussi impacté, même si je mettrais ma main à couper qu’il va me pousser à accepter l’offre de Saul. Tout ça mérite au moins une réflexion sérieuse. Dans tous les cas, si je reprends, cela me demandera beaucoup de travail pour la mémorisation du texte. Je garde toute de même dans un coin de ma tête que Saul serait prêt à attendre, bien que je ne sache pas quel crédit y apporter. Je regarde alors Nathan, avec un sourire en coin.
— En fait t’essaie de me coller au théâtre pour que je te confie d’avantage Arthur quand Tom ou moi ne pourra pas s’en occuper hein ? plaisantais-je, avant de rire face à l’expression de mon ami. Tout ça pour détendre l’atmosphère. Parler franchement des raisons de l’arrêt de ma carrière ne m’est jamais facile. J’déconne Nath’, lançais-je en allant lui tapoter l’épaule. De toute façon, ce n’est pas demain la veille qu’Arthur acceptera de rester toute une journée loin de moi ; il n’y a bien qu’avec Tom que j’imagine cela possible.
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| | | | (#)Lun 27 Mar 2017 - 18:59 | |
| Myrddin ne semble pas à l'aise. Quoi de plus normal, après tout. Je veux dire, il est venu ici dans le but de simplement passer un bon moment, ne s'imaginant aucunement que j'insisterais sur le fait qu'il reprenne le théâtre. J'avoue que je me sens moi-même un peu mal à l'aise sur ce coup. Je veux dire, si on me faisait le coup je le prendrais sans doute très mal. Et puis le théâtre n'est pas un sujet avec lequel on rigole avec Myrddin. C'est un thème très sérieux pour lui. Enfin, il ne semble pas non plus le prendre très mal j'ai l'impression. Tant mieux.
Je les laisse un peu discuter, me tenant à distance, tout en étant attentif. Saul propose à Myrddin carrément un des rôles principaux. Je grimace un peu, me rendant compte que finalement je n'ai révélé que la moitié de la vérité. C'est finalement Myrddin, lui-même, qui lui révèle la vérité : s'il a arrêté le théâtre c'est à cause d'un problème de mémoire suite à un trauma crânien. Je l'observe, guette ses réactions, essaie de savoir s'il m'en veut ou non. Je pince les lèvres lorsqu'il baisse les regard vers moi, disant que si j'essaie de le coller au théâtre c'est pour que je puisse plus m'occuper d'Arthur. Je ne suis pas certain comment le prendre, mais au final il me rassure lui-même en disant qu'il déconne.
«Je ...c'est juste que je pensais que ça te ferait plaisir » dis-je doucement en me passant une dans les cheveux « Je sais que tu peux y arriver. J'ai lu un article dernièrement sur un comédien qui a réussi à retourner sur les planches après un sacré accident qui lui fait perdre la mémoire et … enfin son histoire était assez similaire à la tienne que ...» je baisse mon regard sur mes mains « Je pensais que ça devrait aller...» concluais-je dans un souffle. Moi, mal à l'aise ? A peine.
Je fini tout de même par relever mon regard sur Saul et Myrddin. Celui-ci ne semble pas m'en tenir rigueur malgré tout. Pourquoi devrait-il aussi, après tout ? Bref. Je prends une profonde inspiration « Moi en tout cas je dis que tu devrais y aller franchement. Et tu sais que tu peux compter sur Thomas pour t'épauler » je souris doucement « Et moi aussi, évidement. Et puis ça donnera une raison à Arthur d'être encore plus fier de son père » j'hausse les épaules «Et bien sur je serais là pour m'occuper du petit si vous en avez besoin » Même si Arthur n'est pas encore totalement près pour rester toute une journée seul avec moi, je sais qu'un jour il le sera. |
| | | | (#)Mer 10 Mai 2017 - 1:59 | |
| Si Saul s'était brièvement amusé de l'idée que Nathan puisse l'avoir dépeint comme son « sauveur » auprès de Myrddin, c'était autant parce qu'il n'estimait pas avoir fait quoi que ce soit pour mériter d'être ainsi placé sur un piédestal que parce que cette appellation n'allait pas vraiment dans le sens de la tendance actuelle, le concernant. Il suffisait de tendre l'oreille ici et là dans le milieu pour surprendre des conversations où l'on faisait probablement état de ses récentes frasques et de son image à présent écornée. Dieu sait auprès de combien de metteurs en scène, d'auteurs ou de producteurs Patty l'avait déjà décrié, et combien d'entre eux lui souriraient à présent avec hypocrisie ou serreraient sa main avec plus de réserve chaque fois qu'ils se rencontreraient. Saul avait lutté pour se faire un nom dans ce milieu, en dépit de celui de son père et des privilèges dont il aurait certainement pu user si ce dernier l'avait encouragé dans la voie de l'art ou que Saul n'avait pas eu à cœur de se débrouiller seul, ainsi aujourd'hui l'idée que des années de travail et de totale dévotion risquent d'être souillées par les erreurs qui jalonnaient sa vie personnelle le hantaient d'effroi. Alors finalement, être un « sauveur » pour quelques minutes quand il serait probablement un paria pour les prochains mois, ça avait quelque chose d'agréable et d'un peu flatteur. Mais c'est au moment où Myrddin lui fit généreusement part de son opinion sur son spectacle et sa distribution que Saul se sentit véritablement chanceux. Parce qu'il était face à un jeune homme qu'il sentait habité d'une passion toute intacte pour le théâtre, de cette même lueur qui lui l'incitait encore à se lever chaque matin, et qu'en ça son avis avait une valeur toute particulière pour lui. Ainsi fut-il honoré que le comédien salue son travail et la prestation de ses artistes, quand lui-même devait reconnaître qu'en dépit de toute la passion qu'il pouvait mettre dans ses pièces, celle-ci ne trouvait véritablement son sens que lorsque ses comédiens se laissaient habiter par ses textes, par ces personnages qu'il façonnait de plus en plus à leur image, au fil des années. Saul était un passionné de théâtre, mais il était aussi un passionné d'échanges, et nul échange ne l'enthousiasmait plus que celui qui naissait entre ses comédiens et lui durant le temps de préparation de ses spectacles. Alors oui, il n'en serait pas là où il en était aujourd'hui s'il n'avait pas eu la chance de collaborer avec des artistes de talent, et c'était tout aussi vrai pour ces jeunes pousses qui parfois faisaient leurs débuts à même cette scène et savaient déjà briller d'un éclat particulier. Et Myrddin, lui, avait certainement été à leur place un jour. Du moins, Saul – qui n'était pas certain d'avoir déjà eu l'honneur de le voir jouer – parvenait d'autant mieux à l'imaginer au milieu d'une scène depuis qu'il pouvait mettre un visage sur la figure un brin mystérieuse que lui avait dépeinte Nathan. Celle d'un comédien qui ne jouait plus depuis un certain temps, mais que l'on gagnerait à faire remonter sur scène. Car Saul n'était pas dupe, il savait bien ce que Nathan attendait de lui et ce que cachait cette rencontre. Il le savait et l'avait accepté, en toute connaissance de cause, devenant en quelques sortes complice du service que le jeune homme tentait visiblement de rendre à son ami. C'est ainsi qu'après avoir évoqué sa prochaine pièce et l'idée que les rôles titres doivent encore être attribués, Saul jugea bon de faire savoir à Myrddin qu'en dépit des apparences, personne ici ne cherchait à lui forcer la main. Est-ce qu'il aimerait être celui qui le rapprocherait à nouveau de sa passion et lui offrirait le rôle qui signerait son retour sur scène ? Bien sûr, néanmoins l'idée n'était pas de le placer dos au mur. Myrddin avait le choix, celui de refuser, d'estimer que ça n'en valait pas la peine ou que c'était trop tôt. Car inconsciemment, Saul se doutait que le comédien n'avait pas quitté la scène par plaisir, ou parce qu'il lui avait été possible de faire autrement. Ainsi, lorsque Myrddin fit finalement la lumière sur des détails légitimement omis par son ami, Saul esquissa un sourire, sincère, avant d'échanger un regard complice avec Nathan puis de reposer les yeux sur le comédien. « C'est vrai, il ne m'en avait rien dit. Mais je comprends qu'il ne l'ait pas fait. Il voulait que je vous juge en toute impartialité, comme le passionné et le brillant comédien que vous êtes, et c'est ce que j'ai tâché de faire. » Saul souffla alors, posant sur Myrddin un regard censé laisser entendre que oui, cette révélation l'aidait à y voir plus clair mais que non, ça n'altérait pas son jugement ni ne l'incitait à revenir sur ses précédentes paroles. « Ça ne change rien à ma proposition. En tant que metteurs en scène on est amenés à relever toutes sortes de défis, et celui-ci en vaut la peine, j'en suis certain. » Qu'il ait à présent des difficultés à apprendre des textes présenterait assurément une difficulté non négligeable, mais ça n'était pas le genre de détails qui pouvaient l'effrayer, lui qui avait toujours eu l'habitude de composer avec la personnalité et les spécificités de ses artistes. De plus, Saul ne pouvait qu'apprécier que Myrddin ait choisi de se montrer honnête avant de songer à accepter sa proposition. « Et puis, je pourrai si besoin dégager un peu de temps chaque semaine pour vous faire personnellement répéter, en plus des répétitions avec le reste de la troupe. » C'était une nouvelle proposition, qu'il n'était pas forcé d'accepter mais qui tendait à lui prouver qu'il saurait faire les aménagements adéquates pour lui faire une place au sein de sa troupe et l'aider dans ce qu'il entreprendrait à leurs cotés. Myrddin lui semblait être quelqu'un de raisonnable, quelques minutes à discuter avec lui l'en avaient convaincu, alors il savait que le comédien serait le premier à freiner la machine si leur collaboration s'avérait trop ambitieuse ou lui demandait trop d'efforts. « La seule chose qui pourrait me faire hésiter, c'est si vous me disiez que c'est trop tôt ou que vous ne le sentez vraiment pas. Dans ces cas-là, je n'insisterai pas. » Une nouvelle fois, Saul lui assurait à sa manière qu'il ne lui mettait aucune pression et qu'il ne le priverait jamais du droit d'emprunter une porte de sortie si tout ça lui semblait trop périlleux. « Alors oui, prenez bien le temps de réfléchir. Je vous l'ai dit, je peux attendre. » Le brun ajouta, dans un nouveau sourire, prêt à attendre le temps qu'il fallait pour être certain que Myrddin prendrait une décision en son âme et conscience, et non pas parce que Nathan et lui semblaient aussi convaincus l'un que l'autre que sa place était sur une scène. Saul finit par glisser sa main dans la poche arrière de son pantalon, sortant de celui-ci une petite carte qu'il tendit à Myrddin. « C'est ma carte. Je suis souvent en contact avec Nathan, mais comme ça vous n'hésiterez pas à m'appeler directement. » Qu'il accepte ou non, viendrait peut être un jour où il voudrait revenir dans le milieu, et dans ces cas-là il pourrait toujours sonner à sa porte. Balayant du regard la salle désormais vide tout en s'intéressant aux mots bientôt échangés par les deux amis, Saul ne put réprimer un sourire, plus attendri, lorsque les deux garçons en vinrent à parler d'un certain Arthur, qui semblait être le fils de Myrddin. N'osant au départ les interrompre, Saul sentit bientôt naître une idée à l'intérieur de son esprit et finit par reprendre, presque hésitant. « Et si jamais ça peut jouer dans votre décision, sachez qu'ici nous avons une garderie. Plusieurs de nos artistes y déposent leurs enfants et la plupart d'entre eux parlent même déjà de suivre les traces de leurs parents. » Il lâcha un léger rire puis haussa doucement les épaules, songeant qu'après tout ça Nathan et lui auraient au moins donné à Myrddin toutes les cartes pour réfléchir posément à la situation. |
| | | | (#)Ven 12 Mai 2017 - 23:23 | |
| EVERYBODY NEEDS SOMEONE BEHIND THEM. — — NATHAN & MYRDDIN & SAUL Je n’en veux pas à Nathan de m’avoir amener ici avec comme dessein annexe de me faire rencontrer Saul. Je suis tout d’abord surpris, et un peu mal à l’aise car pris de court, je l’avoue, et je ne pensais pas que Saul irait jusqu’à me proposer un rôle dans sa prochaine pièce alors que nous venons de nous rencontrer et que nous avons à peine discuter théâtre. J’ai simplement donné mes vues sur la représentation à laquelle je viens d’assister, rien n’indique que nous nous entendrons professionnellement. Nathan y est pour quelque chose, évidemment, il a dû insister ou au moins en parler assez à Saul. Et il doit déjà s’imaginer que je lui en veux, alors que c’est faux. Bien sûr il va en entendre parler de cette petite trahison, mais je sais très bien qu’il fait ça pour mon bien. D’ailleurs, si Thomas avait été dans la confidence, je suis à peu près certain qu’il aurait été du côté de Nathan. Et je suis tout aussi certain qu’il sera ravi dès le moment où je lui annoncerais que je vais réfléchir à cette opportunité.
Mais je la joue franchement avant ; ce qui me caractérise assez, je rejette l’hypocrisie en bloc malgré mon appartenance à ce milieu de la scène. J’explique à Saul pourquoi j’ai arrêté la scène. Il devait se douter, car il est autant passionné que moi, cela se voit, que je n’avais pas claquer la porte du jour au lendemain. Il y voit ainsi un peu plus clair, et peut d’autant mieux juger si ça vaut le coup ou non. Effectivement, Nath’ ne lui avait rien dit, pour le laisser plus impartial quel que soit la direction qu’il choisissait. Mais je comprends bien ce qu’il veut dire, ce qu’il veut faire passer par son sourire et Nathan avait raison ; ce gars-là, c’est un type bien. Ma révélation, mise à part être une preuve de mon honnêteté, ne change rien à ses plans, au contraire même, il apprécie les défis et celui-ci en vaut la peine à son avis.
— Merci, soufflais-je avec un sourire que je ne peux réprimer, alors que Saul ajoute qu’il peut très bien trouver du temps supplémentaire pour travailler particulièrement avec moi.
Cela me donnait bien des arguments en faveur de la proposition du metteur en scène, et je ne trouvais presque plus de quoi plaider pour un refus. Cependant ce n’est pas le type d’offre qu’on accepte d’un coup de tête alors qu’il y a tant en jeu. C’est à ce moment précis que je me rends compte que j’ai mûri, pour le meilleur et pour le pire. J’ai à présent une famille qui compte tout autant que la scène, or je n’aurais jamais pensé hésiter un jour sur une proposition de rôle. Si on m’avait proposé ça il y a à peine six mois, j’aurais dit non tout net je pense. Mais la peur de me planter est moindre. La peur de me rendre compte que je ne suis plus du tout apte à exercer le seul métier au monde qui me fait vibrer, elle se fait plus faible. Sans doute parce que, dans tous les cas, j’ai les deux hommes de ma vie qui m’attendant pour la suite des aventures. J’ai d’autres choses qui comptent.
— Justement, si vous ne tombez pas au bon moment, vous en êtes pas loin en tout cas, avouais-je pour répondre à Saul. Il n’insisterait pas en cas de « non » de ma part, si je ne le sentais pas. Je sais pas si je vais accepter, mais je vais bien réfléchir à tout ça, et c’est déjà plus que ce que j’aurais fait il y a quelques mois. Le fait même que j’envisage de reprendre le théâtre est en soi une victoire. Mais j’essaierais de pas trop vous faire attendre quand même, ajoutais-je avec un léger sourire. Puis je prends la carte de visite que Saul me donne avec plaisir. Merci Saul, en tout cas on restera en contact c’est certain, ne serait-ce que parce qu’en tant que spectateur j’ai envie de voir tes prochaines pièces.
Ca, c’était vraiment certain. Je vais continuer à suivre son travail. Et je profite de ce moment pour charrier un peu Nathan et lui faire comprendre (avec cependant trop de subtilité pour sa naïveté) que je ne lui en veux pas. Il balbutie une phrase qui me fait plus rire qu’autre chose. Il est tout timide et tout mignon quand il est gêné comme ça, et, malgré les années, j’avoue que le pousser un peu dans de telles situations me fait encore marrer.
— Je t’en veux pas Nath’, et j’suis sûr que Tom serait de ton côté sur ce coup, alors tu sais... Non je peux pas t’en vouloir, le rassurais-je en haussant les épaules. Nathan répète alors qu’il pense vraiment que je devrais accepter, que Thomas va me soutenir dans ce projet. Et il ajoute qu’Arthur sera fier de moi. T’as pas tort... En nous écoutant parler d’Arthur, Saul en profite pour mettre un dernier coup à ma volonté de ne pas dire oui tout de suite. Ils ont une garderie ici. Je souris alors. C’est un bon point ça, et une bonne idée d’avoir mis ça en place. Ca ne sera pas aussi simple avec Arthur, mais on en reparlera si j’accepte, je garde ça en tête.
Je ne voudrais pas l’assommer avec encore d’autres explications, et peut-être que d’ici là, le cas d’Arthur sera peut-être moins compliqué. On peut toujours rêver non ? Mais je sais que je ne pourrais pas toujours compter sur Thomas ou Nathan, il faudra bien qu’un jour ou l’autre il apprenne à rester loin de moi. En tout cas, je vois bien que tout se positionne plus ou moins de façon à me faciliter la tâche, je ne vois pas pourquoi je refuserai maintenant. Inconsciemment, je connais déjà ma réponse, mais j’ai besoin de l’aval de Thomas et d’une réflexion à tête reposée. Saul et Nathan m’ont donné de quoi réfléchir ; d’ailleurs, la salle est vide à présent, nous sommes les derniers.
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| | | | | | | | Everybody needs someone beside em’ shining like a lighthouse from the sea • Myrddin & Saul |
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