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 let me inspire you (ginny)

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Message(#)let me inspire you (ginny) EmptyJeu 2 Fév 2017 - 21:32

Ginny & Rose
“let me inspire you”
Rose était une touche à tout, une artiste dans l’âme. Elle ne se contentait jamais de ce qu’elle connaissait déjà, ou de ce qu’elle maitrisait. Si le stylisme et la conception de vêtements et de bijoux était sa véritable passion, elle ne se privait jamais de découvrir de nouvelles activités. Déjà grande amatrice de dessin, de musique et de chant, elle s’était lancé pour dernier objectif d’apprendre à peindre. Entre exécuter un croquis et faire de touches de peinture un tableau, il y avait tout un monde. C’était donc sous les conseils d’un collègue de la troupe de théâtre de Brisbane qu’elle s’était inscrite à un cours d’aquarelle. Il arrivait parfois qu’on admire sa capacité à pratiquer autant d’activités, à toujours innover. Mais c’était comme ça qu’elle avait grandi, pour découvrir ses champs de possibilités et s’épanouir dans chacun d’eux.

Vêtue d’une robe en imitation jean de sa création et de Doc Martens à fleurs, la rouquine avait quitté son appartement, signalant à son colocataire qu’elle allait s’absenter durant l’intégralité de ce dimanche après-midi. Aveuglée par le soleil, elle posa ses lunettes aviateur sur son nez, plus motivée que jamais. Enfin, si cela était possible. En réalité, il n’y avait pas un jour que Rose n’affrontait pas avec son optimisme et sa volonté débordants. Elle était capable de savoir d’avance que cette journée allait lui apporter, et que meilleure peintre ou non après ce cours qui l’attendait, elle serait en tout cas une meilleure version d’elle-même. Son âme d’écologiste et le temps plus qu’agréable de l’été australien la motivèrent à se rendre au parc en vélo, ce qui lui permettrait d’arriver dans les temps. Elle qui détestait le manquement à la ponctualité avait toujours l’habitude de prendre une marge d’avance sur son programme. C’est donc sans étonnement qu’elle arriva au point de rendez-vous une demi-heure plus tôt. Le professeur étant déjà là, elle ne manqua pas de le saluer avec toute la politesse dont elle faisait preuve. Sous ses instructions, elle s’empara du matériel mis à disposition et alla s’installer devant un chevalet situé dans un coin d’ombre. Rose avait beau aimer le soleil, sa peau de rousse ne supportait pas bien longtemps l’exposition, et ce malgré les années passées à Brisbane. Chacun arriva à son tour, la pelouse se remplissant de minutes en minutes. Bientôt, plus aucun de chevalet ne se trouvait sans propriétaire. Rose avait salué chacun des arrivants, au moins d’un sourire pour les plus introvertis. Assister à de telles expériences était aussi pour elle un moyen de rencontrer des gens, de se faire de nouveaux amis. A ses côtés se trouvait une jeune femme brune aux traits mêlant douceur et dureté. Elle n’était pas parvenu à croiser son regard, cependant, elle ne comptait pas en rester là. Elles avaient après tout le cours entier pour faire connaissance.

Le professeur, également enseignant dans une école d’art de Brisbane d'après son récit, prit la parole avec un dynamisme qui captiva Rose, un charisme qui ne manqua pas de l’éblouir. Avec beaucoup de simplicité, il expliqua les rudiments de l’aquarelle, avant de proposer le parc comme modèle de peinture. Le visage concentré, la rouquine entra dans une période de réflexion. Comment allait-elle procéder. Quelles couleurs allait-elle utiliser. Puis ce fut l’illumination, le déclic. Elle savait. Une vingtaine de minutes s’était écoulée depuis que le professeur avait lancé les participants dans leur projet et pourtant, rien ne semblait inspirer la jeune femme à ses côtés. Intriguée, Rose compara sa toile où des esquisses figuraient déjà à la toile blanche de sa voisine. Très peu du genre à se sentir gênée, l’étudiante posa son pinceau pour se pencher vers elle. « Ça va ? Je peux peut-être vous aider si vous avez du mal avec le début. Les esquisses c’est mon truc, alors ça me ferait plaisir de me rendre utile si jamais. » demanda-t-elle dans un grand sourire. « Personnellement j’ai choisi de représenter le coin avec la fontaine là bas. Et vous ? Il y a un endroit qui vous inspire plus qu’un autre ? » Ses gestes avaient accompagnés ses paroles, désignant du doigt l’endroit auquel elle faisait référence.


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Message(#)let me inspire you (ginny) EmptyJeu 2 Fév 2017 - 23:49

Ginny & Rose
“let me inspire you”
J’avais tourné autour de mon matériel au moins 10 fois depuis le réveil. Repassé sur chaque pinceau, observé chaque couleur, agité du bout des doigts chaque palette. Le canevas de la veille qui trône au fond de l’atelier, en morceaux. Les vêtements tâchés regroupés en boule à côté, témoins de la scène de crime. J’arrive à extérioriser ce qu’il me restait devant l’attente à grand trait de crayon, à mouvement de fusain, aux poings acérés. Noah dans son lit à l’hôpital, mes parents qui prennent trop de place, Bailey qui s’épuise de voir que je ne reviendrai pas, que je ne reviendrai plus. Ezra qui se perd dans son cœur comme dans sa vie. Et tout le reste, toutes les déceptions, tous les doutes, tout ce qui traîne, qui ne fonctionne plus, plus comme avant. J’avais décidé de m’inscrire à un atelier quand tout allait bien, et j’avais promis à Noah qu’un jour, on peindrait tous les deux, comme dans l’atelier de Londres. Ses petits doigts auraient probablement joué du piano sur la toile blanche, mais ç’aurait été notre moment à deux, au soleil, à laisser de côté la vie et ses déceptions le temps de quelques heures. Mais pas aujourd’hui, apparemment. D’autres tests, d’autres échantillons, d’autres médecins et l’idée d’un atelier à deux qui reste sur le coin d’une table, surprise étouffée par mes bons soins. Saul me disait d’y aller quand même, que ça me ferait du bien, de changer d’air, de retoucher à l’art un peu. En vérité, j’en avais très envie. Je ne pensais qu’à cela depuis que j’avais recommencé doucement à manier le pinceau dans l’intimité de mon atelier improvisé. Et c’était probablement cette envie qui me poussait à zigzaguer entre mes sacs et mon chevalet depuis le petit matin. Alors qu’avant, la peinture était tout pour moi, je l’avais rangée, je la gardais secrète, cachée, intime. J’avais toujours un croquis au bout de l’index, qui a tout naturellement fini par se voir bouclé dans le placard durant les dernières années. Mais voilà, un vent nouveau. Un essai, du moins. J’attrape mon sac, j’y glisse les premiers pinceaux qui me tombent sous les doigts, j’enfourche mon vélo et je file au parc. Comme si chaque geste posé assez vite pourraient m’empêcher de revenir en arrière, de réfléchir, de me poser. Bonne mère perdue, pleine de remords au chevet d’un gamin dont la santé est stable, inquiétante, mais stable. Et puis merde, il sera fier Noah. Fier de voir que sa mère n’est pas juste une loque humaine. Le vent dans les bouclettes, les yeux qui s’adaptent à la lumière, je finis par arriver un peu avant le début de la classe, au parc choisi pour l’occasion. La journée est parfaite, la température est douce et je sens la chaleur adoucir mon corps un peu trop meurtri par le régime de café et de sommeil improvisé sur les canapés. J’en profite pour me faufiler alors que le professeur fait les introductions, un chevalet restant, une petite place qui aurait pu être partagée à deux, mais qui fera en solo pour aujourd’hui. En attendant, que je me convaincs. Grande inspiration, et hop, on y va.

Et d’abord, c’est le silence. Rien, aucun son, aucune image. L’idée est bien là, l’arbre au loin, le bouquet de fleurs jaune, et rose, et orangé en guise de siège. Les nuages qui s’embrassent en cadence. Les inspirations qui se mêlent, délicates, faciles. Et l’aquarelle, mon medium préféré, celui qui s’applique en douceur sans le moindre effort. Mais le silence, pesant. Accompagné d’un blocage, physique pour la plupart. Mon corps qui s’immobilise, qui prend frousse. Une minute passe, puis 10, puis 20. J’ai perdu le fil et je ne fais que fixer, inquiète, interdite. C’est la voix de ma voisine qui m’extirpe de ma prison inventée, douce voix candide, prête à aider. Elle parle d’esquisse, elle parle d’inspiration, et je tourne lentement la tête vers elle, vaincue. « Je… merci, c’est gentil. Je vais essayer avec l’arbre je crois. » que je tente, polie. Sentant son regard qui insiste, comme un tuteur, comme un soutien sur lequel je n’aurai pas d’autre choix que de m’appuyer, j’attrape mon pinceau un peu plus fermement. Ça va aller Ginny, ça va passer. Elle continue de fixer, sensible, souriante, et un trait part. Puis un autre. Puis un troisième, plus assumé. Aussi vite que je le réalise moi-même, le calme de la rousse à mes côtés a suffit à lancer une base. Rien de bien glorieux, mais on commence à déceler des ombres, des couleurs, des formes. « Le syndrome de la page blanche, sûrement… » que j’essaie de justifier, gênée qu’elle ait dû se stopper dans son œuvre pour s’occuper du boulet que je suis.
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Message(#)let me inspire you (ginny) EmptyVen 3 Fév 2017 - 18:31

Ginny & Rose
“let me inspire you”
Si aux premiers abords la vue qu’elle avait du parc n’inspirait pas Rose pour la création de son tableau, les choses se firent bien rapidement. Elle réalisa que l’environnement dans lequel ils se trouvaient ne se limitait pas seulement à l’espace qu’ils occupaient, autour de cet arbre majestueux dont l’ombre rafraichissait l’air. Ses yeux ne devaient pas se contenter de voir ce qui se trouvait devant elle, ces autres personnes qui l’entouraient, ces chevalets en bois, ces pinceaux amassés entre deux brins d’herbe. Il y avait bien plus à découvrir. Dans un coup d’œil vers sa droite, elle aperçut un groupe d’enfants jouer. La seule fille du groupe semblait fuir les garçons dans un rire enfantin et euphorique. Derrière eux, une jeune femme faisait voyager son regard du livre qu’elle tenait dans ses mains aux enfants qu’elle paraissait surveiller. Cette scène ne manqua pas de lui rappeler sa propre enfance, à se chamailler entre les caravanes, avec ses frères et sa cousine. Elle aurait pu s’y attarder davantage, décider de représenter cette image qui lui inspirait tant d’apaisement mais elle se ravisa finalement. A son niveau d’amatrice, peindre des corps en mouvement était une tâche bien trop ardue. Son regard avait alors glissé vers sa gauche cette fois. Illuminée par un rayon de soleil, se trouvait une fontaine. Classique dans son style, elle dégageait néanmoins quelque chose de chaleureux. Les reflets de soleil sur l’eau étaient jolis, tout comme la mousse qui naissait à quelques endroits sur la pierre. Le coup de foudre fut immédiat lorsqu’un oiseau, sûrement un moineau, vint se poser sur le rebord dans l’espoir de désaltérer. Sans plus attendre, la rouquine s’était lancée dans la réalisation de sa base, bien incapable d’attaquer sa toile directement en couleurs.

L’inactivité de sa voisine de chevalet eut cependant pour effet de l’arrêter dans son action. Il n’y avait rien de dérangeant, mais la curiosité était là. N’ayant pas eu l’occasion de croiser son regard, Rose n’en était que plus intriguée. Durant quelques secondes, elle tenta de déchiffrer son attitude, cherchant à comprendre sa situation. Était-elle en manque d’inspiration ? Avait-elle du mal à commencer ? Savait-elle tout simplement s’y prendre ? Tant de questions qui affluaient dans son esprit, tant de questions qui la poussèrent à s’approcher d’elle, délaissant quelques instants son propre travail. Dans une première approche, Rose lui proposa son aide, soulignant sa capacité à esquisser sans pour autant s’en vanter. Puis, elle continua la conversation sur l’objet de son aquarelle, dans l’hypothèse où la jeune femme manquait ici d’inspiration. «  Je… merci, c’est gentil. Je vais essayer avec l’arbre je crois. » Levant ses yeux bleus vers les alentours, la rouquine tenta de trouver l’arbre auquel elle faisait allusion. Puisqu’elles se trouvaient dans un parc, définir celui qui avait attiré sa préférence fut compliqué. Plutôt que de lui demander directement, l’étudiante se dit que deviner une fois son aquarelle terminée serait bien plus amusant. Sans avoir le temps d’ajouter quoi que ce soit, elle remarqua le pinceau de l’inconnue se diriger vers la toile, puis les formes se dessiner bien plus vite et plus habilement qu’elle ne l’aurait crut. « Le syndrome de la page blanche, sûrement… » La rouquine s’était retrouvée bouche-bée. Ce qu’elle venait de produire en quelques minutes seulement était plus impressionnant que ce qu’elle-même avait réussi à faire. L’idée que cette femme puisse être une totale débutante devint alors improbable. « Je vois ça ! Rassurez-moi, ce n’est pas la première fois que vous faites ça ? » demanda-t-elle d’une voix douce, désireuse de ne pas déranger le reste du groupe. « J’ai l’air ridicule dans ma façon de tenir un pinceau à côté de vous. Et la façon dont vous avez posé cette couleur, ça semblait si… naturel. » Son expression ébahie trahissait sa pensée. Parler avec Rose était toujours facile, on lisait en elle comme dans un livre ouvert. « Au fait, mon prénom c’est Rose. Et vous ? » Le visage souriant, elle la regarda. « En tout cas j’ai vraiment très hâte de voir votre tableau terminé, et aussi de deviner quel arbre vous avez choisi » ajouta-t-elle dans un petit rire avant de reporter de nouveau son attention sur son début d’œuvre. « De mon côté je vous ai gâché la surprise, je regrette maintenant ! Enfin je dis ça mais si ça se trouve, mon aquarelle sera tellement ratée qu’on ne reconnaitra même pas ce que j’ai peins. » Et ça, elle n’en serait pas étonnée.


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Message(#)let me inspire you (ginny) EmptySam 4 Fév 2017 - 19:44

Ginny & Rose
“let me inspire you”
J’étais vague. Probablement parce que perdue dans mes pensées, sûrement parce que la simple idée d’être ici me semblait encore un brin irréaliste. Toutes ces années passées à oublier ce qu’est un quotidien normal à travers les tests, les mensonges et les questions évitées – ça avait fini par déteindre sur ma capacité à me mêler à la foule. L’art, la peinture, la photographie, tout ce qui pouvait s’y apporter restait encore inatteignable autrement qu’au fond de mon atelier, en secret, en cachette. J’y voyais une occasion de prendre un peu trop de place, de m’assumer un peu trop fort, de parler plus haut que je ne le devrais. Un raisonnement stupide en pratique, mais qui sonnait un peu trop vrai en pensée. Je me redresse, je réalise que ma voisine veut simplement aider, sans juger, sans s’immiscer un peu trop loin, un peu trop fort. Et ça me plaît. De la douceur, de la candeur, de la gentillesse. Rien que ça, sans arrière-pensées, sans idées tordues, sans plan machiavélique, sans mauvaise nouvelle à la clé. Simplement. C’est probablement cette aise, cette facilité à s’ouvrir à une pure inconnue, silencieuse et un peu trop sauvage à mon goût, qui me séduit chez elle. Qui m’enlève une pression, lourde, insurmontable des épaules. Qui me motive à m’y mettre juste pour voir. Et même si mon sujet m’était à moi-même abstrait, il finit par se résulter sur ma toile beaucoup plus clairement et assumé que je ne l’aurais cru. Je souris. À ma nouvelle muse, à ma réussite, simple mais efficace, aux couleurs qui se mélangent doucement, qui se marient, qui s’entraident. Victorieuse, je tourne la tête vers elle, comme une gamine surprise de ce que ses dix doigts peuvent arriver à faire lorsqu’elle s’y concentre un peu mieux. Elle semble maintenant étonnée, surprise même. Il faut dire que je ne donnais pas l’impression de m’y connaître, d’une quelconque façon. Je me justifie donc, doucement. « Oh, dans une autre vie. J’ai arrêté de peindre depuis longtemps... ça semble une éternité maintenant. » oui, j’avais quelques canevas tâchés ici et là. L’envie de m’y remettre, de reprendre là où j’avais abandonné – mais chaque nouveau coup de pinceau m’arrachait de souvenirs d’avant. De l’époque parfaite, de cet autre monde, cet autre univers où tout allait bien, mieux. Les paroles qui suivent, ses doutes, me font secouer la tête automatiquement, alarmée qu’elle pense cela d’elle. Sa toile me semble absolument adorable, toute en candeur, en naïveté. Exactement ce que j’adore chez un artiste. Ce que j’adorais, du moins. « Voyons! » que je m’exclame, gardant tout de même un ton bas, poli. « À quoi sert la technique si on ne l’utilise jamais?» j’ajoute un clin d’œil rieur. Elle a tout le potentiel pour surpasser le moindre talent qui puisse me rester, et j’en doute à peine. « Ginny. Enchantée, vraiment. » que je réponds à sa présentation, un fin sourire se dessinant sur mes lèvres. Elle a cette voix, ce bonheur qui transparaît. Si douce, si calme, si pétillante. Je l’écoute me répondre, me parler de son œuvre, du résultat que je tarde à voir complété maintenant. Comment une simple jeune fille arrive à chasser toutes mes idées noires d’un simple sourire, d’une main tendue? Je laisse mes doutes à la porte pour lui répondre, maintenant plus détendue « Ratée? Pff, à d’autres! » un sourire accompagne mes paroles. « Quand on peint avec autant de passion, avec les yeux qui brillent à ce point-là, c’est impossible de rater quoi que ce soit. » je suis honnête, et je pèse sur chaque mot avec conviction.

La silhouette du professeur commence doucement à sillonner à travers les tableaux, et je fais signe à Rose de s’y remettre. Comme une étudiante presque prise en flagrant délit, je laisse l’enseignant passer derrière nous, s’arrêtant quelques minutes pour détailler nos canevas respectifs, souriant en silence, nous encourageant à continuer. Étrangement, mon focus ne tourne qu’autour du fameux arbre, celui un peu plus loin, en retrait, celui qui a attiré mes pupilles dès les premières minutes de la classe. À un moment, je n’entends même plus le crissement des poils de pinceau sur les autres toiles, j’ignore les murmures, les rires d’enfants, les passants qui laissent leur route croiser la nôtre le temps d’observer ce que la dizaine d’artistes rassemblés en plein centre du parc peut bien imaginer. C’est bientôt Rose qui attire de nouveau mon regard, sans même s’en rendre compte. Je prends le temps de déposer doucement ma palette, détaillant son visage lorsqu’elle peint. Les sourcils froncés avec douceur, la bouche détendue, les yeux perçants, calculant, comprenant le reste. Damn. Elle me fait penser à avant, chacun de ses gestes, chacune de ses réflexions que je vois transparaître à travers son coup de crayon. Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que je saute de l’artiste en devenir, la vraie passionnée, l’inspirée inspirante, à la Ginny d’aujourd’hui, blasée, bloquée? J’évite la réponse, évidente, en ajoutant simplement « Quelqu’un a clairement surpassé le devoir à ce que je vois. » j’appuie mes paroles en pointant des iris l’aquarelle de Rose, presque terminée.

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Message(#)let me inspire you (ginny) EmptyDim 5 Fév 2017 - 16:55

Ginny & Rose
“let me inspire you”
Le visage sévère et fermé qu’affichait la jeune inconnue s’était transformé progressivement, détendant ses muscles et arpentant petit à petit des traits plus doux et souriants. Il y avait quelque chose de très gracieux chez elle, autant dans sa façon de se tenir, de faire danser son pinceau, que dans les traits de son visage. Elle ressemblait à une poupée, une poupée délicate qui donnait pourtant l’impression d’avoir été cassée, de manquer de vie. Malgré de beaux yeux noisettes, Rose ne put que remarquer leur manque de pétillement, leur manque d’éclat. Silencieuse, elle la contempla tandis qu’elle se mettait à peindre avec un naturel et une délicatesse déroutants. Elle donnait l’impression d’avoir fait ça tout de sa vie et peignait comme on pouvait respirer. La rouquine ne perdit pas de temps pour l’interroger sur son don, convaincue qu’elle n’en était pas à son premier coup d’essai. « Oh, dans une autre vie. J’ai arrêté de peindre depuis longtemps... ça semble une éternité maintenant. » On pouvait lire un sentiment de nostalgie dans ses yeux dont la concentration s’en était allée, sûrement plongée dans des souvenirs inconnus à Rose. Tout en elle désirait en savoir plus, savoir ce qui l’avait poussée à arrêter. Néanmoins, elle ne dit rien car aussitôt, son interlocutrice fut prise d’une vague d’inspiration, laissant son pinceau se promener sur son canevas au gré de ses pensées. Habituée à créer, Rose savait qu’il pouvait être agaçant d’être dérangée lorsque l’on était concentré, ce qui fut suffisant pour la faire taire. Et il était pourtant bien difficile de sceller les lèvres de la jeune étudiante. Quand elle s’arrêta de nouveau, la rouquine profita de l’occasion pour prendre de nouveau la parole, soulignant son niveau faible en comparaison. « Voyons! À quoi sert la technique si on ne l’utilise jamais? » Voir cette femme sourire avait quelque chose de très gratifiant, d’autant que la beauté de ses yeux s’en retrouvait magnifier. « Ginny. Enchantée, vraiment. » Une esquisse de sourire et Rose était charmée. « Enchantée Ginny » Visiblement ouverte à la discussion, Rose s’empressa de continuer sur sa lancée, faisant référence à ce qu’elle avait déjà peins et se moquant gentiment du résultat. « Ratée? Pff, à d’autres! Quand on peint avec autant de passion, avec les yeux qui brillent à ce point-là, c’est impossible de rater quoi que ce soit. » Ses mots, pourtant en apparence si simples, avaient troublé l’esprit de Rose qui l’admira avec béatitude, touchée par ce qu’elle venait de prendre pour un compliment. « Ça me fait plaisir que vous disiez cela, c’est un peu ma philosophie. Toujours vivre chaque instant avec passion » affirma-t-elle avec une légère fierté. Une philosophie qui lui avait toujours réussi. « Mais vous savez, même si je rate ce que je fais, ce n’est pas un problème. Parce que c’est en ratant qu’on devient meilleur, non ? Quand j’étais jeune je m’entrainais beaucoup et pour me motiver mon père avait l’habitude de me dire que tomber était la meilleure façon de se relever. » Si à l’époque la française avait souffert de cet entrainement intensif qui l’avait au final pousser à quitter le monde du cirque, elle réalisait aujourd’hui combien les mots de son père étaient justes.

Leur conversation fut coupée lorsque le professeur se leva, visiblement curieux de voir ce que ses élèves étaient en train de produire. Sous le conseil amical de son interlocutrice, Rose se remit à sa peinture, bien en face de son chevalet. Il lui fallut cependant quelques minutes avant de pouvoir se concentrer de nouveau, tant son esprit avait tendance à partir ailleurs. De l’énergie, elle en possédait, sûrement trop parfois. Enfin, elle parvint à recentrer son esprit sur la fontaine, s’attaquant désormais aux couleurs. La langue coincée entre les lèvres, elle trempa les poils de son pinceau dans l’eau, puis dans la couleur bleu ciel. La main tremblante, elle hésita quelques secondes à poser la couleur sur le canevas. Un coup trop brusque, et tout serait gâché. C’est ce moment que le professeur choisit pour venir derrière, ayant probablement remarqué la détresse dans ses yeux. Dans un regard chaleureux, il lui fit comprendre qu’il fallait se lancer, ce qu’elle fit alors. Ce fut d’abord un soulagement de constater qu’elle n’avait pas trop mal réussi, puis le plaisir de voir son projet prendre de plus en plus forme, au fur et à mesure des coups de pinceaux. Avec la chaleur du soleil et de la concentration, Rose attrapa la lourde masse de cheveux roux et l’enroula dans un chignon qu’elle fit tenir à l’aide d’un pinceau inutilisé. Voilà qui était mieux. De nouveau dans son travail, elle ne vit pas le temps passer, quand la voix de Ginny la sortit de sa contemplation. « Quelqu’un a clairement surpassé le devoir à ce que je vois. » Étonnée, Rose prit une certaine distance avec sa toile et l’observa quelques instants. C’était en effet bien mieux que tout ce qu’elle avait espéré. « C’est vraiment trop gentil, merci ! Je dois avouer que je suis très contente du résultat, et en plus, on reconnait la fontaine » plaisanta-t-elle en référence à leur conversation un peu plus tôt. Puis intriguée, elle jeta un coup d’œil du côté du chevalet de Ginny où une œuvre remarquable trônait. « Et que dire de la vôtre. C’est tellement poétique, ces couleurs sont si belles, je suis époustouflée » Avec automatisme, son regard s’était mis à la recherche du modèle de la brune et bien rapidement, elle le trouva. « C’est cet arbre que vous avez choisi n’est-ce pas ? » demanda-t-elle en le pointant du doigt. « Il est encore plus beau sur votre peinture que dans la réalité ! » Ses yeux brillaient d’une sincère admiration. « Pourquoi avoir arrêté de peindre si ce n’est pas trop indiscret ? Vous avez beaucoup de talent et je suis sûre que vos œuvres trouveraient facilement des acheteurs. Vous accepteriez de me montrer ce que vous avez fait ? Je me ferai une joie de parler de vous à mon entourage » Parce qu’il fallait se l’avouer, un talent comme ça ne devait pas resté caché. Puis le professeur prit la parole, s'adressant à l'intégralité du groupe. « Je vous propose qu'on commence à comparer vos travaux, je vous laisserai encore un peu de temps ensuite si vous n'avez pas terminé. Est-ce quelqu'un veut montrer ce qu'il a fait ? » Aux yeux de Rose, le moment était idéal. Toute guillerette, elle leva la main, avec une telle motivation qu'il semblait qu'elle allait toucher le ciel du bout de ses doigts fins. « Celui de Ginny est parfait monsieur, je pense que tout le monde devrait le voir » avait-elle crié avec enthousiasme sans réellement prendre la peine de demander son avis à la jolie brune.


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Message(#)let me inspire you (ginny) EmptyLun 6 Fév 2017 - 16:34

Ginny & Rose
“let me inspire you”
La discussion coulait plus naturellement encore que je ne l’aurais cru – et ce n’était pas sans me déplaire. Les journées commençaient doucement à être plus longues qu’auparavant, et les espoirs venaient à terme plus vite que je n’aurais pu croire. L’hôpital qui jadis m’était familier, rassurant, signe que tout irait bien, que Noah était entre bonnes mains me pesait de plus en plus sur les épaules, et le cœur. Prendre l’air, voir un peu de lumière, changer mes idées noires adoucissaient avec plaisir mon cœur et ses tourments, du moins, pour quelques heures données. C’est probablement cette impression de soulagement qui laissa place à la culpabilité de ne pas être près de mon fils à l’instant, et les douces paroles de ma voisine de chevalet. Elle avait cette facilité à s’ouvrir aux autres, et ce sourire qui malgré les déprimes les plus noires arrivait à apposer un baume de douceur. Ses quelques mots lancés innocemment avaient su me remettre tranquillement en confiance, et la passion qu’elle avait à peindre sa propre œuvre m’avait redonné le petit coup de pinceau nécessaire pour laisser une chance à la classe, et à l’aquarelle qui en sortirait. Comme si mes poignets, comme si mes doigts et leurs gestes étaient rouillés, il me fallut plusieurs minutes avant de vraiment trouver un angle, une lumière, un aspect qui méritait d’être mis de l’avant plus qu’un autre. Là où plusieurs étudiants avaient préféré aller dans la vitesse et l’efficacité, j’avais privilégié prendre tout le temps qui nous était alloué, inspirant doucement, utilisant l’expiration pour amener un peu plus de couleur à mon canevas. C’était un travail de longue haleine de me retrouver assise à cette place, devant une toile blanche, dans l’attente de produire une illustration. Tant de souvenirs qui reviennent, tant d’idées qui se bousculent. La nostalgie de l’Académie, des jours heureux, d’Ezra, des autres. L’envie de faire comme avant, de fermer les yeux et de m’imaginer en plein centre de mon atelier scolaire finit de m’aider à trouver l’inspiration, et ces quelques bribes d’un passé qui semble si lointain déjà reviennent donner un peu plus de force, d’amour à mes dessins. Je m’interromps plus tard, ignorant le temps, simplement pour contempler ce que Rose a pu peindre de son côté, et le résultat me plait énormément. Ce petit moment à l’observer suffit à me faire sourire, ravie, une couche de légèreté supplémentaire à appliquer sur mon petit cœur meurtri. La blague de ma voisine m’arrache un éclat de rire, alors qu’elle joue sur sa fierté d’avoir réussi à rendre le sujet. J’ose un « Oh, en fait je croyais que tu avais choisi de peindre la maisonnette rouge, au fond à droite. Mais quand on tourne la tête, oui, on voit bien la fontaine… je crois. » plus personnel, additionné d’un clin d’œil moqueur.

Des paroles d’humour on passe à celles un peu plus profondes, de l’émotion qu’elle exprime en jetant un coup d’œil à ma propre toile. Je sens mes joues tourner au vermeille avant de recevoir ses mots comme un constat, incapable de ne rien dire de plus. Je laisse mes iris caresser la toile, repasser sur mes traits timides, sur ceux plus assumés, sur l’ombrage qui est parti en vrille mais que j’ai rattrapé d’un bleu plus profond. J’aurais pu faire mieux pour le bouquet aux allures jaune soleil, j’aurais pu jouer un peu plus sur les teintes carmin, sur la finesse des tiges. J’aurais pu… Rose m’interrompt dans mes pensées en me demandant de me replonger de nouveau sur l’avant, sur la coupure, sur l’abandon des classes. Doux voile qui se dépose sur mes prunelles, alors que je tourne la tête vers elle, prête à sentir la déception dans son regard lorsque mon histoire ne sera pas aussi amusante que nos quelques blagues échangées déjà. « Je… j’ai quitté le pays avec ma famille pour emménager à Londres. Là-bas, je n’ai pas réussi à retrouver la motivation de m’y remettre. Beaucoup avait changé, et moi aussi j’imagine. » restons dans le vague, dans le simple. Elle n’a pas besoin de voir sa bonne humeur tâchée par mes erreurs. Son enthousiasme va même jusqu’à vouloir jeter un coup d’œil sur d’autres toiles, sur mes derniers projets. Pfiou, mis à part les quelques toiles que j’ai démolies avec Jamie dans un élan de rage bien mérité, je ne vois pas trop ce qui pourrait la séduire dans mon nouvel atelier de fortune. « La plupart de mes toiles datent de très longtemps, ou sont plus qu'inachevées. » ma réponse semble la décevoir un peu, et mon cœur n’arriverait pas à déceler le moindre signe de déception maintenant, sur son visage si candide, si joueur. « Mais si tu veux, et que ça ne t’embêtes pas trop, j’ai un débarras où j’y accumule tout mon matériel, et quelques croquis. Je te donnerai l’adresse, si un jour tu passes dans le coin, tu pourrais peut-être venir. Il y a sûrement du matériel qui t’y intéresserait, ça me ferait plaisir de te le donner. » la vérité, bien égoïste, c’est que je me demande si sa présence à mon atelier m’aiderait à reprendre le pinceau comme j’ai su le faire aujourd’hui. Comme avant, mais si différemment aussi. Qui sait.

Je laisse mon regard revenir à ma toile, un détail fin à ajuster au niveau des nuages, alors que j’entends mon nom prononcé de nouveau par Rose, mais alors qu’elle s’adresse au professeur, et de même qu’à toute la classe. La voilà qui s’enthousiasme un peu trop, proposant qu’on s’attroupe tous autour de mon canevas pour le détailler. Je lui envoie un regard de panique, prête à lui dévoiler quelques bribes de ma vie mais pas à m’exposer de la sorte aux autres… mais il est déjà trop tard et je sens plusieurs silhouettes s’approcher de mon chevalet, de moi, de nous, avec des regards un peu trop présents, un peu trop insistants. Ma palette tombe mollement sur mes genoux et je tente de retrouver un semblant de contenance lorsque l’enseignant dépose sa grosse patte sur mon épaule, se voulant rassurant, m’arrachant un frisson qui parcourt ma colonne vertébrale entière. « En effet, vous avez fait un excellent boulot jusqu’à maintenant Mlle McGrath. Dites-moi, quelle était votre idée derrière cette aquarelle? Pourquoi avoir choisi de peindre cette scène et pas une autre? » Au moins, il ne me demande pas de parler de moi, c’est déjà ça. Avec les années, j’ai appris à devenir maître dans l’art de parler d’œuvres, d’artistes, d’idées. Mais de ma petite personne… plutôt perdre la voix. « Oui, je… oui, bien sûr. » je toussote, lançant un énième regard à Rose qui semble déjà prête à entendre la suite avec entrain. « J’ai choisi l’arbre en retrait, près du petit sentier ombragé. » je laisse mon index indiquer le fameux arbre, l’identifiant une bonne fois pour toute. « C’est le premier élément que j’ai aperçu d’ici, lorsque je me suis installée tout à l’heure. Pour la technique, c’était plutôt facile de l’atteindre puisqu’on peut le voir sous plusieurs angles si on penche la tête un peu vers la gauche. Et la lumière du soleil descend finement sur son arche, avant d’attraper les quelques bouquets colorés qui se trouvent au sol. Je trouvais que ça ajoutait un peu plus de douceur, un peu plus de profondeur. » Le professeur hoche de la tête, me faisant signe de continuer. « Parfait pour la technique. Maintenant, qu’avez-vous voulu représenter ici comme émotion? » je prends le temps de détailler l’arbre en question, de revenir à ma toile, puis de reprendre, pensive. « Certains diront que j’ai voulu montrer qu’il était seul contre tous. Aucun autre arbre qui l’entoure, aucun passage trop achalandé qui le contourne. Il est simplement là, à attendre qu’on le remarque, presque. Mais je le voyais plutôt comme une silhouette bien stoïque. Forte, qui n’a besoin de rien ni personne. Il n’est pas solitaire, il a simplement besoin de peu pour rayonner, pour prendre sa place. Je trouvais que ça rendrait justice au fait qu’il est clairement la vedette ici que de le représenter sur mon canevas. » j’essaie de retrouver un rythme de respiration normal, satisfaite de ma réponse, prête à passer le flambeau de parole à quiconque se sent d’attaque. Des étudiants prennent la peine de me féliciter – ce que je trouve drôle en un sens… je n’ai sauvé la vie de personne, et j’ai encore moins réalisé un tour de force – et d’autres gardent la voix baisse, secrète. La main de l’enseignant plus pesante, il semble lui-même heureux de ma réponse, et m’offre un dernier tapotement avant de se déplacer vers ma voisine, de nouveau curieux. « Je vois que vous avez choisi un sujet complètement différent de Virginia, Mlle Leoni. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre œuvre? »

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Message(#)let me inspire you (ginny) EmptyMer 8 Fév 2017 - 12:44

Ginny & Rose
“let me inspire you”
Son aquarelle quasiment terminée, Rose se sentit soulagée, comme délivrée d’un poids. Contre toute attente, elle n’avait pas échouée dans sa première tentative, plus encore, elle aimait ce qu’elle avait fait. Il y avait bien des défauts par ci, par là, ce n’était néanmoins qu’un détail à ses yeux. Réussir avec perfection dès son premier coup d’essai était de la folie, pure utopie. Elle avait trop appuyé son pinceau sur le soleil, fait baver le coin droit de l’herbe folle du parc, mais ces imperfections donnaient un certain charme à son œuvre. Sa toile était comme elle, toute en douceur et en naïveté. « Oh, en fait je croyais que tu avais choisi de peindre la maisonnette rouge, au fond à droite. Mais quand on tourne la tête, oui, on voit bien la fontaine… je crois. » La bouche ouverte en o, la rouquine s’étonna l’espace de quelques secondes de la remarque de son interlocutrice. Loin d’être idiote, elle était parfois si réceptive qu’elle ne parvenait pas immédiatement à déceler la moindre trace d’ironie. Lorsqu’elle eut finalement compris à l’air qu’affichait Ginny, un rire amusé s’échappa de sa bouche. « Tu m’as fait peur pendant deux secondes » rétorqua-t-elle avec amusement.

Subjuguée par l’œuvre réalisée par sa camarade cours, la rouquine préféra concentrer l’attention sur cette dernière, désormais ridicule à côté d’elle. Il lui semblait étonnant de constater que Ginny ne prenait plus le temps de peindre quand on voyait ce dont elle était capable. Aussi s’empressa-t-elle de l’interroger sur les raisons de son arrêt, sans se douter un instant qu’il puisse se cacher quelque chose de triste derrière. L’expression joyeuse que la brune arborait quelques secondes plus tôt s’éclipsa. Ce fut de nouveau de la distance dans ses yeux, de la nostalgie, des sentiments que Rose n’avait pas espéré déclencher. Mais il était trop tard pour regretter. « Je… j’ai quitté le pays avec ma famille pour emménager à Londres. Là-bas, je n’ai pas réussi à retrouver la motivation de m’y remettre. Beaucoup avait changé, et moi aussi j’imagine. » L’étudiante avait immédiatement ressenti le manque d’assurance dans sa voix, les tremblements, le manque d’envie de s’attarder sur le sujet. « D’accord, je comprends » répondit-elle alors, ne souhaitant pas l’embarrasser davantage. C’est pourquoi elle décida de dévier légèrement le sujet de conversation, revenant sur ses travaux et sur son envie irrépressible d’en voir plus. « La plupart de mes toiles datent de très longtemps, ou sont plus qu'inachevées. Mais si tu veux, et que ça ne t’embêtes pas trop, j’ai un débarras où j’y accumule tout mon matériel, et quelques croquis. Je te donnerai l’adresse, si un jour tu passes dans le coin, tu pourrais peut-être venir. Il y a sûrement du matériel qui t’y intéresserait, ça me ferait plaisir de te le donner. » C’est d’abord de la joie qui envahit Rose, s’imaginant déjà avec tous ces nouveaux matériels, ces possibilités de créer davantage. Puis vint le mécontentement. En y réfléchissant mieux, cette proposition ne lui convenait pas. « J’adorerais passer voir tout ça. Par contre hors de question de te piquer du matériel ! J’ai vu le plaisir que tu as pris à peindre cette aquarelle, il faut que tu t’y remettes. Je m’engage à te rendre la motivation » plaisanta-t-elle en y croyant pourtant un peu. Il était vrai qu’elles ne se connaissaient pas, mais il en fallait plus pour effrayer Rose.

Lorsque le professeur fit part de son désir de découvrir quelques travaux, il ne fallut pas longtemps à la rouquine pour réaliser que montrer son œuvre aiderait peut-être Ginny à prendre confiance en elle. La détresse dans son regard ne passa pas inaperçue, cependant Rose ne s’en alarma pas. Elle connaissait cette peur de montrer son travail, et savait plus encore que cela n’était que ponctuel. Bien rapide et bien futile quand on pensait à la satisfaction que procuraient ensuite les compliments d’autrui. Sous les regards concentrés de tous, Ginny répondit alors aux questions du professeur. « Oui, je… oui, bien sûr. J’ai choisi l’arbre en retrait, près du petit sentier ombragé. C’est le premier élément que j’ai aperçu d’ici, lorsque je me suis installée tout à l’heure. Pour la technique, c’était plutôt facile de l’atteindre puisqu’on peut le voir sous plusieurs angles si on penche la tête un peu vers la gauche. Et la lumière du soleil descend finement sur son arche, avant d’attraper les quelques bouquets colorés qui se trouvent au sol. Je trouvais que ça ajoutait un peu plus de douceur, un peu plus de profondeur. » Rose resta sans voix. « Certains diront que j’ai voulu montrer qu’il était seul contre tous. Aucun autre arbre qui l’entoure, aucun passage trop achalandé qui le contourne. Il est simplement là, à attendre qu’on le remarque, presque. Mais je le voyais plutôt comme une silhouette bien stoïque. Forte, qui n’a besoin de rien ni personne. Il n’est pas solitaire, il a simplement besoin de peu pour rayonner, pour prendre sa place. Je trouvais que ça rendrait justice au fait qu’il est clairement la vedette ici que de le représenter sur mon canevas. » L’entendre parler de ce qu’elle faisait est aussi plaisant que de contempler son œuvre. Elle avait la passion dans le sang, c’était indéniable. Il avait suffi de l’écouter pour que la rouquine n’en soit sûre et désormais, l’envie de l’aider à se remettre à la peinture était plus forte encore. Un immense sourire aux lèvres, la jeune femme leva ses deux pouces vers Ginny pour la féliciter de son explication parfaite. « Je vois que vous avez choisi un sujet complètement différent de Virginia, Mlle Leoni. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre œuvre? » Les joues rosies, l’étudiante ravala toute confiance en elle. Passer après Ginny semblait bien difficile. Après quelques instants de réflexion et une fois l’assurance retrouvée en partie, Rose commença. « Et bien j’ai choisi la fontaine là-bas. J’ai toujours trouvé l’eau et ses mouvements très poétiques et j’ai tenté de retranscrire cela dans ma peinture. Le jeu de lumière n’était pas évident mais je pense que je m’en suis pas trop mal sortie. Le plus important pour moi était de faire apparaître l’atmosphère paisible, avec des couleurs très douces. » Elle se racla la gorge, jetant un coup d’œil vers Ginny pour tenter de savoir si son intervention avait été aussi ridicule qu’elle n’en avait l’impression. « J’aime beaucoup les mouvements dans la fontaine en tout cas, on arrive presque à imaginer le FRISELIS de l’eau qui s’y écoule. Beau travail, merci » lui dit le professeur à son plus grand soulagement.

Tandis qu’il s’en alla vers un nouveau volontaire, Rose se pencha vers Ginny. « Ohalala, c’était ridicule non ? » Malgré tout, la rouquine conservait son sourire et sa bonne humeur. « Qu’est-ce que tu dirais de me donner des cours ? Ça me permettrait de m’améliorer et toi de te remettre là-dedans. C’est un bon compris non ? » demanda-t-elle avec un entrain peu contrôlable. « Il est évident que je te paierais pour ça, tout travail mérite salaire. Je pourrais nous faire des gâteaux aussi. Le sucre me donne toujours plein d’énergie pour créer ! » Comme si elle avait besoin de cela pour en avoir. Sentant qu’elle s’excitait un peu trop comme à son habitude ce qui força le professeur à se retourner pour lui faire signe d’être moins bruyante, Rose se mordit la lèvre, attendant une réponse de Ginny.  


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Dernière édition par Rose Leoni le Dim 12 Fév 2017 - 16:53, édité 1 fois
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Message(#)let me inspire you (ginny) EmptyVen 10 Fév 2017 - 3:53

Ginny & Rose
“let me inspire you”
J’aurais facilement pu refuser ce retour dans mes souvenirs. Le passé, la peinture, l’Académie et tout ce qui y touchait me laissait toujours un goût amer en bouche lorsque j’y repensais – comme une œuvre inachevée. Et s’il y avait bien pire calvaire pour un artiste c’était cela : rester incapable, impuissant devant un canevas qu’on ne réussirait jamais à compléter. Si j’avais joué du pinceau quelques fois depuis la naissance de Noah, ç’aurait été bref, et surtout douloureux. Aujourd’hui marquait peut-être la fin ou le début de quelque chose, mais au moins, les minces bribes que j’avais laissées venir aux oreilles de Rose m’étaient un peu moins acides entre les lèvres. Elles trouvaient refuge dans les yeux brillants de ma voisine, dans ce ton plein d’espoir qui était si doux à mes oreilles, si salvateur, rassurant. C’est probablement pour cette raison que je lui offris l’accès à mon atelier, aménagé dans le loft que Bailey avait loué suite à tout le chaos qui déferlait sur nous depuis le Nouvel An. Mon antre, intime, secrète, où j’avais maintenant envie d’inviter une parfaite inconnue, empreinte de douceur. Exactement ce dont j’y avais besoin, lorsque je laissais mon égoïsme prendre la place. À mes mots, à mon offre, elle refuse cependant, s’empressant d’ajouter à quel point le plaisir transparaissait lorsque je parlais d’art. Ça, je ne pourrais jamais le nier. Parler d’une œuvre pourrait m’occuper des heures durant, surtout lorsqu’elle ne venait pas de mes propres doigts. La motivation, donc. Je sourie, amusée par sa réaction sans aucune malice. « À voir ce que ton petit discours de tout à l’heure m’a motivé à faire, je ne doute pas une seconde que tu seras excellente dans ce rôle. » je viens donc d’accepter, plus vite encore que tout ce qui a pu m’être donné comme opportunité, de laisser Rose entrer dans ma vie, et d’en devenir une cheerleader. L’idée m’arrache un éclat de rire supplémentaire, incertaine si vraiment cet entrain allait transparaître au quotidien ou s’il ne s’agissait que de plans envolés, en l’air, qui rebondiraient à travers nos excuses, nos horaires chargés, nos vies qui se sépareraient tout naturellement. L’avenir le dirait et pour une fois, j’avais bien hâte de voir ce qu’il nous réserverait.

Notre conversation aurait pu s’arrêter là, si Rose n’avait pas désigné mon œuvre du doigt pour que le professeur – et l’entièreté de la classe – ne viennent la détailler. Les mains moites, la voix qui se cherche, j’avais tout de même articulé quelque chose de suffisamment correct pour que l’enseignant hoche de la tête et qu’il accepte ce que j’avais bien pu raconter de bien profond sur une aquarelle qui avait été faite à la va-vite, sans grand brouillon. Puis, c’est au tour de Rose de s’exprimer finement sur ses propres idées, sur sa toile. Elle parle de poésie, d’atmosphère et de douceur et je me joins aux autres élèves qui remarquent à quel point elle a su saisir l’éclat de quelques gouttes d’eau, les rendant à merveille, détails de perfection. C’est un soupir de soulagement qu’elle poussera ensuite, lorsque le petit groupe se dirige vers la toile d’un certain Jared, nous laissant souffler un brin sans sentir les respirations lourdes de chacun lorgner par-dessus notre épaule. J’acquiesce à sa question, convaincue de sa maîtrise, avant de m’interrompre dans mon geste. Lui… donner des cours?! La surprise laisse aller un « Absolument pas! » bien senti. Elle se redresse, je m’excuse de suite, voulant préciser ma réaction. Mon ton se rajuste, plus amical. « Je veux dire, je ne crois pas du tout être meilleure ou plus avancée que toi. Peindre en duo, ça me va. Apprendre en duo, aussi. Mais jouer au professeur? J’en suis déjà angoissée! » j’éclate de rire, me contenant alors que quelques regards d’autres étudiants se jettent, noirs, vers nous. Voilà qu'elle parle de gâteaux et je suis déjà séduite. Bonne joueuse, je lui fais tout de même signe de se lever, et d’ainsi rejoindre le groupe que nous avons délaissé et qui semble embêté par nos réactions un peu trop évidentes. « Par contre, je garde bien au chaud la proposition des gâteaux. Je fournirai le thé, pour l’équilibre. » mais qu’est-ce qui m’arrivait? Alors que je souhaitais au plus profond de mon être m’isoler, prendre ce temps pour moi, rien que pour moi et mes pensées, je greffais ma vie à celle d’une boule d’énergie qui semblait ne jamais vraiment se calmer. La crainte de lui enlever un peu de son soleil, de la tacher avec ma noirceur constante m’effleure l’esprit mais je me retiens d’aller un peu trop loin sur cette pente dangereuse. En temps et lieu, et puis, Rose me semblait assez forte et solide pour se dégager si un jour j’en venais à flirter avec le drame sous ses yeux. Encore faudrait-il que nous tenions chacune notre engagement. Et nous n’en étions pas encore là… quoi que j’espèrerais tout de même très fort que cette rencontre n’en serait pas la seule et l’unique.

Jared est toujours en train d’illustrer avec ses mots son œuvre lorsque Rose et moi atteignons la troupe et j’arrive à attraper une partie de son monologue qui me fait hausser un sourcil, sans vraiment le réaliser. « J’étais premier de classe à l’Académie. On m’a toujours dit que j’irais loin, que ma vision transparaissait dès les premières esquisses. Alors oui, je crois que ma toile est la plus réussie autant dans la technique que dans l’exécution. » il détonait tout de même, fallait se l’avouer. Je tourne instinctivement la tête vers Rose, murmurant mon sarcasme de la plus subtile des voix « Il réussit aussi au niveau de la modestie… » je retiens un rire, baissant la tête alors que le professeur se tourne dans notre direction. Puis j’ajoute, hilare, dans un chuchotement « Fort à parier qu’il a remporté l’ACCESSIT de la personnalité la plus humble à l’Académie… » c’est déjà trop, et pourtant je n’ai pas osé me taire devant ma blague. L’enseignant se tourne vers nous, nous fixant quelques secondes, avant de poursuivre. « Bon. Comme certaines personnes préfèrent commenter plutôt que d’écouter parler d’art… » ses prunelles me font regretter de suite mes paroles, rendant mes joues complètement brûlantes sous leur intensité « … pourquoi ne pas ajouter un peu de défi à l’atelier? Choisissez maintenant une œuvre, au hasard parmi celles de vos comparses, et tentez de l’améliorer, de la faire évoluer à travers vos yeux. »  je retiens mon expression d’effroi alors que plusieurs élèves me fusillent déjà des iris. Eh merde Ginny, chaque fois que tu tentes de faire la maligne, voilà ce qui se passe…

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Message(#)let me inspire you (ginny) EmptyDim 12 Fév 2017 - 18:20

Ginny & Rose
“let me inspire you”
« À voir ce que ton petit discours de tout à l’heure m’a motivé à faire, je ne doute pas une seconde que tu seras excellente dans ce rôle. » Peut-être n’étaient-ce que des paroles en l’air, pure gentillesse, mais il n’empêchait que Rose se sentie touchée par les paroles de Ginny. Se savoir utile était plus plaisant encore que sa soif d’apprendre et se cultiver. Elle remarqua alors, que sans qu’aucune d’elles ne l’ait mentionnée, le tutoiement était arrivé dans leur discussion, de la façon la plus naturelle qui soit. Quelque chose s’était connecté entre elles, la rouquine le savait, le sentait, quelque part bien enfoui dans son cœur. Quelque chose qui lui donnait cette envie de s’accrocher à elle et de continuer à la faire sourire comme elle l’avait fait à cet instant. Comme elle l’avait fait lorsque les poils de son pinceau s’étaient posés sur sa toile, glissant avec inspiration. Quelque chose qui lui criait qu’elle avait besoin d’aide, son aide. Appeler le professeur pour admirer son travail était la première chose qui lui était venue à l’esprit, la première étape d’un long chemin vers la redécouverte de son amour pour l’art, la peinture. Et c’était sans aucun étonnement que la brune l’avait épatée à travers ses explications, démontrant toute la brillance dont elle faisait preuve. Néanmoins Rose ne s’était pas attendue à ce que la situation se retourne contre elle, forcée de présenter à son tour son aquarelle. Plutôt humble, elle traversa ce moment avec un manque évident de confiance elle, tâchant toutefois de ne pas se laisser abattre. Dans un compliment du professeur, son calvaire s’acheva. Enfin. L’expression que Ginny lui lança la rassura, réchauffant son cœur et effaçant toute trace de peur qui avait pu s’installer. Dans un élan d’affection pour cette femme qu’elle ne connaissait que trop peu, la rouquine lui proposa alors d’être son élève, ce qui sembla offusquer Ginny. « Absolument pas! » Dans un petit sursaut, la rouquine entra sa tête entre ses épaules, visiblement étonnée par le ton soudainement brusque que son interlocutrice avait employé à son égard. « Je veux dire, je ne crois pas du tout être meilleure ou plus avancée que toi. Peindre en duo, ça me va. Apprendre en duo, aussi. Mais jouer au professeur? J’en suis déjà angoissée! » Fort heureusement, la peintre avait reprit une voix plus amicale, visiblement elle-même gênée de s’être exprimée de la sorte. La tête de nouveau haute, Rose sourit, satisfaite de l’argument qu’elle avança. « Je ne voulais surtout pas te mettre de pression ! » Elle s’était empressée de répondre, plus que tout désireuse de ne pas tâcher la bonne entente qu’elles avaient su créer jusque maintenant. « Avec plaisir pour apprendre en duo, même si je reste persuadée que j’ai bien plus de choses à acquérir que toi » plaisanta-t-elle en désignant la toile de Ginny du bout de son menton. « Par contre, je garde bien au chaud la proposition des gâteaux. Je fournirai le thé, pour l’équilibre. » Elle n’aurait pas pu lui faire plaisir, si bien que la rouquine laissa échappé un petit son aigu de contentement. Son qui ne manqua pas d’attirer les foudres des membres du groupe, ainsi que du professeur.

Coupables, elles finirent par rejoindre le reste du groupe, tentant tant bien que mal de se concentrer sur le discours de l’homme dont la toile était analysée. Un certain Jared, qui ne semblait pas inspirer confiance à Rose. A peine se concentra-t-elle sur ses propos que son intuition fut confirmée. Il n’était que prétention, probablement un des défauts que Rose supportait le moins chez les gens, elle si simple et modeste. Elle fut d’ailleurs bien amusée de constater que ce détail n’avait pas échappé à Ginny non plus. « Il réussit aussi au niveau de la modestie… Fort à parier qu’il a remporté l’accessit de la personnalité la plus humble à l’Académie… » Son sourcil droit s’arqua, soudain perdue par ce que son interlocutrice venait de lui dire. « Accessit ? Qu’est ce que ça veut dire ? » L’anglais n’étant pas sa langue maternelle et n’ayant jamais eut l’occasion de fréquenter les bancs de l’école, il arrivait parfois à Rose de ne pas tout comprendre. Ce mot qu’elle venait de dire, c’était du chinois. Néanmoins, elle n’eut pas le temps d’obtenir une réponse puisque le professeur s’offensa de leur inattention et prit la parole avec froideur. « Bon. Comme certaines personnes préfèrent commenter plutôt que d’écouter parler d’art… pourquoi ne pas ajouter un peu de défi à l’atelier? Choisissez maintenant une œuvre, au hasard parmi celles de vos comparses, et tentez de l’améliorer, de la faire évoluer à travers vos yeux. » Bavarde au possible, la rouquine avait l’habitude de se faire remonter les bretelles depuis qu’elle avait intégré son école de stylisme, mais jamais on ne l’avait punie de la sorte. Dans une moue boudeuse et enfantine, elle regarda Ginny, s’excusant presque dans un regard. Ce fut alors un mouvement général où chacun se leva, partant à la recherche du tableau qu’il souhaitait modifié. Rose mit tant de temps à revenir sur Terre, qu’elle n’eut pas la possibilité de prendre place devant l’œuvre de Ginny et se retrouva coincée devant celle du fameux Jared. Fantastique. Tandis qu’elle s’installa en tailleur face au chevalet, la rouquine se lança dans la contemplation de son travail. A sa plus grande surprise, Jared avait décidé de représenter les trois enfants qu’elle avait remarqués un peu plus tôt. Et il avait raison, sa technique reflétait la perfection. Cependant quelque chose de primordial manquait à cette représentation aux yeux de Rose. De l’humanité. Les mouvements des enfants avaient été accomplis avec une grande technique, mais aucune expression n’était visible dans leurs yeux. Cette joie qu’elle avait vu en les observant, elle ne la retrouvait pas. Plutôt contente d’avoir trouvé quelque chose à retravailler, Rose se lança dans sa retouche quand Jared lui tapota l’épaule. « Fais gaffe ma petite, si tu ruines mon tableau ça va pas le faire » Le regard apeuré, Rose chercha Ginny du regard et la repéra, deux chevalets à sa gauche. Leurs yeux se croisèrent et un instant, elle espéra qu’elle eut entendu la remarque de l’homme. Ayant remarqué sa tête, le professeur l’interrogea. « Il y a un problème Mlle Leoni ? Vous n’avez plus l’air d’être aussi sûre de vous maintenant n’est-ce pas ? » Persuadée qu’il faisait référence à ses bavardages, la rouquine baissa les yeux et ne dit mot. Elle aurait très bien pu envisager de se défendre en expliquant que l’autre prétentieux l’avait menacée, mais elle n’avait jamais dénoncé personne. Aujourd’hui n’allait pas être une première. « Je… je préfère ne pas toucher au tableau de Jared monsieur. Je ne peux pas l’améliorer, il est déjà parfait » avait-elle balbutié d’une toute petite voix. « Vous avez raison, cette aquarelle est déjà très bien, mais je veux que vous fassiez le travail demandé. Il y a toujours des choses à apporter. Vous êtes là pour apprendre, non ? » De là où il se tenait, Jared affichait un air satisfait et mauvais, qui ne manqua pas de la déstabiliser davantage. Aussi positive et optimiste qu’elle était, Rose était également influençable et facilement impressionnable. Entre la remarque de Jared et du professeur, elle n’avait maintenant plus la force de faire quoi que ce soit. « Est-ce que je peux aller aux toilettes ? » Surpris, le professeur lui fit signe d’y aller, et sans perdre une seconde, elle se leva et se dirigea sans un regard pour le groupe vers la cabane où les toilettes publiques se trouvaient, quelques mètres plus loin. Déstabilisée, Rose s’observa un instant dans le miroir puis s’appuya sur le bord du lavabo. Si elle restait assez longtemps ici, le cours allait pouvoir se terminer sans elle et ainsi, elle n’aurait aucun problème.  


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Message(#)let me inspire you (ginny) EmptyLun 13 Fév 2017 - 4:39

Ginny & Rose
“let me inspire you”
Je fais signe à Rose de se lever ; c’est bien à contrecœur que j’interromps notre calme précaire pour rejoindre le groupe qui s’attroupe auprès d’une nouvelle œuvre à analyser. La vérité, c’était que j’en avais déjà fait plus que ce que je me croyais capable, et que déjà mes progrès et ma sociabilité m’impressionnaient. Je rêvais d’enfourcher mon vélo pour retourner au calme, peut-être même auprès de Noah pour m’emmitoufler avec lui entre les draps et laisser les séries télé fortement exagérées de fin d’après-midi nous guider doucement vers le sommeil. Mais l’art étant ce qu’il est, la curiosité de voir ce qui avait inspiré mes compatriotes de classe me guida vers Jared, nouvel étudiant que désigna l’enseignant avant de lui laisser la parole. Je laisse un peu de place à Rose pour qu’elle puisse mieux voir l’œuvre, et je penche légèrement la tête pour détailler les subtilités des couleurs, des ombres et des formes avant de me faire surprendre par les paroles qu’il utilise pour décrire son travail. Imbu, il me force à hausser le sourcil un peu plus à chaque mot, comme s’il avait la vérité absolue. Habilement, je tente de me concentrer sur son canevas et d’ignorer le reste, mais il ne me rend pas la tâche facile, mettant l’accent sur sa technique exemplaire, son doigté précis… et son ego surdimensionné. Malgré ma grande capacité à tenter très fort d’éviter tout jugement trop rapide, mes paroles glissent sans la moindre retenue, dévoilant mon opinion sur la personne. Je réalise au passage que l’Angleterre a teinté mon vocabulaire, le rendant un peu trop distingué à mon goût. « Oh, je voulais dire un honneur. Une mention honorifique scolaire, en bref. » je balaie l’air de la main, ne voulant pas trop attirer l’attention sur nos chuchotements… mais il est bien vite trop tard et l’enseignant nous rattrape au détour. Eh merde. Sa voix est autoritaire, stricte, exigeante – et je me retrouve directement à l’époque de l’Académie, alors que j’avais la tête ailleurs, le cœur aussi, l’esprit ambiant et les idées tout sauf attentives. Je me rétracte, la silhouette qui s’affaisse, et je ne réagis pas du tout sauf bien sûr suivre le mouvement et m’éloigner le plus possible de ce regard noir qui suit mes sillons. Rose part aussi de son côté, la mine bien basse, et je sens mon cœur se serrer de voir la tournure qu’a vite pris cet après-midi au soleil. Comme quoi, mon envie de quitter avant la fin n’était pas si injustifiée que cela. M’enfin. Je finis par m’installer à une nouvelle place, un peu en retrait, devant une toile qui a été réalisée par une blonde a l’air rêveur et qui s’en est donné à cœur joie dans l’interprétation. Il me faut plusieurs minutes pour comprendre qu’elle s’est amusée à jouer des silhouettes et des teintes pour tracer une toile qui s’inspire probablement de ses émotions, de son inspiration, du tout ce que le parc signifie pour elle plutôt que d’un détail trop précis. Bonne idée que je pense, ainsi personne ne peut vraiment comparer son œuvre ou la juger – elle représente exactement l’idée, l’impression, la vibe qu’a l’endroit en son cœur.

J’allais la chercher des yeux pour la féliciter de son audace, pour lui mentionner que j’aimais bien l’idée, mais j’accroche au passage une Rose qui semble encore plus mal, encore moins à l’aise. Elle s’excuse au professeur, se levant précipitamment et quittant son chevalet pour aller se réfugier Dieu sait où. Un bref état des lieux me laisse perplexe, tentant de comprendre son expression déstabilisée, sa fuite pressante, et le regard fier de Jared qui la suit des iris avant de regagner son canevas. A-t-elle été prise au piège par l’œuvre du prodige? A-t-il jugé ce qu’elle avait tenté de faire? Peut-être que si je lui laisse le temps de se calmer... tout ira mieux? La tête ailleurs, j’esquisse rapidement un oiseau, rien de bien graphique, tentant de respecter l’essence de ce que l’artiste a pu faire avant que je m’installe à sa place. Je m’attarde à peine, dérangée, misant sur le mouvement qui ajoutera une petite touche de dynamisme à mon sens, qui rendra l’œuvre un peu plus mouvante. C’est lorsque l’enseignant recommence une seconde ronde d’analyse – et que Rose n’est toujours pas revenue – que je laisse le groupe pour gagner la cabine de bois où elle semble s’être isolée. Au passage, je laisse même Jared bénéficier d’un coup d’œil noir, persuadée qu’il a encore une fois brillé par sa verve. Comme je m’en doutais, je retrouve la jeune rousse braquée derrière la porte des toilettes, inspirant profondément. Il n’en faut pas plus pour que je m'approche à tâtons, toujours autant attristée de réaliser qu’elle a perdu son sourire si contagieux. « Tu sais… » je signale ma présence d'un pas dans sa direction, la saluant brièvement du revers des doigts. « Si tu préfères, on peut laisser Jared repasser sur les toiles des autres pour les rendre aussi parfaites que la sienne et aller terminer la classe à mon atelier. J’ai justement reçu une jolie palette d’aquarelle il y a peu, ça me ferait plaisir de la tester avec toi. » mes paroles au départ bien sarcastiques viennent finement s’adoucir. Je serais contente de la recevoir dans ce petit loft bien impersonnel qui est devenu mon refuge au fil des jours. « Et si ça te remonte le moral, je peux même te montrer une technique vraiment cool à tester avec un pinceau plat pour ajouter plus de volumes aux formes. » mon ton se veut maternel, gentil, compréhensif. J’attends sa réponse, poliment, ressentant le besoin d’ajouter un petit « Il n’en vaut pas la peine. Des comme ça, il y en a des dizaines. » empli de sens. Les artistes, ceux qui se divisent bien souvent d’eux-mêmes en deux catégories : celle où le syndrome de l’imposteur fait rage, et celle où c’est le syndrome de Dieu qui prend toute la place.

© Starseed
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Message(#)let me inspire you (ginny) EmptyLun 13 Fév 2017 - 16:42

Ginny & Rose
“let me inspire you”
L’odeur pestilentielle des toilettes lui chatouillait les narines, tandis qu’un coup d’œil vers le carrelage au sol ne manqua pas de lui extirper une grimace de dégout. Peut-être qu’un jour elle comprendrait cette impolitesse et ce manque de respect dont faisait preuve l’espèce humaine. Rester ici ne l’enchantait guère, la lumière du soleil ne passait que très peu à travers l’embrasure de la porte et le néon blanc commençait à lui abîmer les yeux. C’était pourtant sa seule solution, si elle ne voulait pas retourner devant le chevalet de l’homme prodige où elle allait certainement être humiliée davantage. Oh, si son père la voyait ici, à se cacher. Si son père la savait si impressionnable et faible, cette petite qu’il avait tant formé à l’effort, aux dures épreuves. Un peu honteuse de s’être échappée de la sorte, Rose soupira, longtemps et profondément. Il était désormais trop tard pour retourner là bas, le retour n’en serait que pire. Maintenant qu’elle avait passé un quart d’ici, mieux valait attendre la fin du cours qui, elle l’espérait ne serait tarder. Si le manque de réseau ne lui permit pas d’aller sur internet de son téléphone, elle eut au moins la distraction de jouer à Candy Crush. Application qu’elle n’ouvrait qu’en cas d’extrême ennui, chose très rare dans sa vie si occupée. Bien rapidement, cette occupation la lassa, l’obligeant à ranger son téléphone dans la poche de sa robe. Prête à rendre les armes et se joindre de nouveau au groupe, elle fut surprise lorsque la porte s’ouvrit sur une silhouette féminine. Ginny.

« Tu sais… Si tu préfères, on peut laisser Jared repasser sur les toiles des autres pour les rendre aussi parfaites que la sienne et aller terminer la classe à mon atelier. J’ai justement reçu une jolie palette d’aquarelle il y a peu, ça me ferait plaisir de la tester avec toi. » Les mouvements hésitants de la jeune femme démontraient de tout le respect qu’elle pouvait porter à Rose et son intimité, détail qui ne lui échappa pas. Une esquisse de sourire s’était dessiné sur son visage enfantin, plutôt contente de l’entendre maudire ce Jared, et surtout de vouloir lui redonner le moral. « Et si ça te remonte le moral, je peux même te montrer une technique vraiment cool à tester avec un pinceau plat pour ajouter plus de volumes aux formes. » Voilà que les rôles s’étaient inversés. Rose qui avait souhaité aider Ginny dans un premier temps se retrouvait en position de faiblesse, bien heureusement accompagnée de l’âme douce et généreuse de la brune. « Il n’en vaut pas la peine. Des comme ça, il y en a des dizaines. » Convaincue par ce qu’elle avança, Rose reprit du poil de la bête, se redressant du lavabo qui lui servait de dossier depuis trop longtemps. « Tu as raison, j’aurais été la première à te dire de ne pas te laisser abattre par un tel idiot si les rôles avaient été inversés, je ne sais pas ce qui m’a pris… » Hésitante, elle se dirigea en direction de la porte et mit un pied à l’extérieur du cabanon, presque aveuglée par la lumière naturelle qui vint se poser sur son visage pâle. « Avec plaisir pour aller dans ton atelier, de toute façon ce professeur n’était pas très pédagogue et de ce que je vois… le cours est fini » Son regard fixait l’endroit où tous les élèves se tenaient, rangeant méticuleusement leurs affaires et récupérant leurs œuvres. Suivie par Ginny, elle regagna l’arbre et son chevalet où ses affaires étaient encore posées. Sentant un regard insistant posé sur elle, la rouquine releva la tête et aperçut Jared qui la toisait avec un air moqueur. Plutôt que d’en être peinée davantage, elle leva les yeux au ciel, se retenant de lui lancer une grimace. Elle avait bien mieux à faire que s’occuper d’hommes comme lui. Son sac sur son épaule, son aquarelle dans la main et son vélo récupéré, elle s’approcha de sa nouvelle amie, un sourire aux lèvres et lança un « Je te suis » jovial et dynamique. Maintenant elle ne désirait plus qu’une chose, partir d’ici.  


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