Ca faisait déjà 4 jours que Nino venait de débarquer à Brisbane. Il s'était fait payer 3 nuits dans une auberge assez insalubre, c'était d'ailleurs étonnant qu'on puisse permettre l'ouverture de ce genre d'établissement. Tout était crade, les murs étaient remplis d'humidité et les douches devaient être lavées une fois toutes les deux semaines. Ne parlons pas de l'état des lits, des matelas et du linge prêté. Nino n'avait malheureusement pas le choix de faire le difficile. C'était son cousin qui lui avait payé ces quelques nuits, mais pour les suivantes, il allait devait se débrouillé seul.
Après une journée à vadrouiller, à prendre ses marques dans le coin, Nino se rend à l'auberge pour y passer une nouvelle nuit quand la vieille de l'accueil l'interpelle pour qu'il paie les nuits qu'il s'apprête à passer sur place. Nino fait mine de ne pas parler anglais, ce qu'il fait très bien depuis qu'il est arrivé. Ainsi, il peut gagner du temps et esquiver les remarques de cette femme âgée dont les paupières tombaient tellement qu'on ne voyait presque plus ses yeux. Il n'avait jamais saisi si elle était la propriétaire ou si elle était là uniquement pour arrondir sa sale retraite.

Après une heure à tourner en rond dans son lit miteux, un homme ouvre la porte de sa chambre avec peu de délicatesse et allume la lumière sans prévenir. Les seuls mots qui sortent de sa bouche son " ciao " qu'il répète à plusieurs reprise en direction de Nino. En à peine quelques minutes, le jeune italien se retrouve dehors, en caleçon et avec son sac de voyage au pied. Après avoir injurier l'homme qui l'avait mis dehors, qui se tenait à coté de cette vieille femme, Nino se décide à s'habiller enfin et à bouger de là. Il avait aucune idée d'où il pourrait aller. Il n'avait fait la connaissance de personne pour le moment et se sentait terriblement seul.

Il mis son sac sur le dos et marcha plusieurs dizaines de minutes en plein milieu de la nuit et fini par s'installer sur un banc public. Ce ne serait pas la première fois qu'il dormirait dehors. Il prend bien soin d'attacher son sac à son poignet, qui sait si quelqu'un voudrait lui voler, puis le glisse sous sa tête, ca lui servirait d'oreiller. Autant dire qu'il était presque impossible pour Nino de trouver le sommeil, mais il se forçait à fermer les yeux pour qu'au moins, on lui foute la paix. Faux espoir seulement quand quelqu'un vient l'accoster. Il hésite entre l'envoyer balader, faire le mort mais comme cet homme semble être médecin, il saurait quoi faire pour prendre ses paramètres, ou alors l'ignorer simplment. Nino ouvre les yeux une fois que l'homme en question ai fini de parler. "Je suis pas un clochard. J'ai pas besoin de pitié! " dit il avec son accent marqué. Il se redresse et regarde le médecin de haut en bas. "Ca va!"

Nino avait déjà passé une nuit à dormir sur un banc à Naples. C'était plus par choix cette fois là, c'était surtout pour impressionner Sofia. Sofia, la femme de sa vie, celle pour qui il aurait décroché la lune, enfin, presque. Il aurait pu tout faire pour elle, sauf se ranger et arrêter ses conneries. Pour lui, c'était comme une drogue, difficile de s'en défaire, impossible même. C'était bien pour cette raison qu'il l'avait perdu. Mais avant de la perdre, il fallait la séduire, et pour que la demoiselle accepte de lui accorder un peu de temps, il lui avait juré qu'il dormirait sur le banc devant chez elle chaque soir, jusqu'à ce qu'elle finisse par dire oui. Elle aura tenu moins de 24 heures. Nino, ce qu'il veut, il l'a. Bien qu'il ai du mal à les garder bien longtemps... Sofia, c'était une histoire qui avait duré 3 ans et qu'il aurait vu se poursuivre jusqu'à la fin de ses jours. Elle en avait décidé autrement.

Le discours du médecin était plutôt alléchant. Une chambre, à manger, peut être même de quoi prendre une douche bien chaude. Bien que Nino n'était pas un grand maniaque de l'hygiène, là, il ne dirait pas non contre de l'eau chaude sur son corps. Et vu l'état des douches à l'auberge, autant dire qu'il ne s'y était jamais vraiment attardé. Il ne répondit pas tout de suite à cet homme et le laissa même s'en aller sans rien lui dire. Nino restait assis sur ce banc entrain de le voir s'éloigner. Il aurait l'impression de passer pour un faible en acceptant d'aller chez lui mais en fait, il avait vraiment faim. Et pas une tune sur lui pour aller chercher quoi que ce soit. Il verrait plus tard pour faire l'homme dur.

Le jeune italien se lève alors du banc et siffle assez fort pour que son interlocuteur l'entende. Hep! Attends! Il retire son sac de son poignet et le met sur son dos. D'un pas assez lent, il rejoint le médecin qui semble avoir entendu son appel. Ok pour cette nuit! Nino esperait qu'il allait pas être derrière lui trop longtemps. Vu l'heure, il aurait juste envie de manger un bout en arrivant chez lui et ensuite, aller dormir pour plusieurs heures. Il avait pas mal de nuit à rattrapé. C'est ta caisse? dit il en montrant une voiture assez classe, le genre de voiture que Nino ne voyait pas souvent dans son quartier en tout cas.

Nino avait tendance à faire des phrases courtes, à aller à l'essentiel. Il était comme ça pour beaucoup de chose, même dans sa façon d'être, sa façon de s'organiser. Pour aller quelques part, il prenait le chemin le plus court, il détestait faire des écart, des détours et quand il parlait, c'était comme ça aussi. Donc, il attendait en retour que ce soit la même chose. Une question simple, une réponse simple. Il faisait en sorte que les gens ne racontent pas trop leur vie et là, il avait l'impression que ce serait mal partie. A vrai dire, il se moquait pas mal de savoir que c'était son assurance qui lui avait payé suite à un accident. Il voulait juste savoir si c'était sa voiture, la réponse aurait pu être plus courte : oui ou non. Il ne dit rien de plus et monte à l'avant, coté passager.

Le chauffeur se présente, on pouvait à présent mettre un prénom sur un visage. Nino le sentait, il allait être bavard, lui, allait être succins. Après tout, il ne le connait pas, ne sait rien de lui, ni d'où il vient, ni où il va vraiment. Nino était monté dans cette voiture car au final, il n'avait rien à perdre, mais peut être qu'il n'en sortirait plus jamais. Mais après avoir détaillé Duncan, ce n'était pas le genre de mec qui lui ferait ce type de plan. Nino les connaissait les voyous, les vrais, il les côtoyait et lui n'en était pas un. " Nino. " réponse courte, encore. Son prénom était la seule information nécessaire mais il ajouta quand même : " J'ai la dale... " donc autant dire qu'il pourrait manger n'importe quoi si on lui proposait et tant que c'était gratuit.
Il savait à présent où il allait, ou plutôt il avait le nom d'un quartier sans doute. Arrivé depuis quelques jours, Nino ne connaissait pas encore les rues ou les districts de la ville. Il savait qu'il était à Brisbane, c'était déjà ça.

" Quatre jours." Nino regardait vers l'exterieur, il scrutait le bord de la route, sans trop faire attention à où ils allaient, quel chemin ils empruntaient. Il ignore s'ils en ont pour un moment mais espère que ce ne soit pas trop le cas. Il était fatiguait, voulait simplement dormir et manger aussi, surtout manger. " Je vais me débrouiller! " Nino relève alors les yeux et à ce moment même, un chien débarque de nul part sur la route, juste devant eux. "Attention!" dit il en se redressant sur son fauteuil, main cramponné à la poignet au dessus de la portière. Il ferme les yeux l'espace d'un instant, esperant que Duncan n'allait pas rentrer dans le chien.

Le jeune italien ne répondit rien aux excuses que lui présentaient son hôte pour la nuit. Il faut avouer qu'il avait quand même un peu flippé de voir ce chien s'écraser sur le par brise ou passer sous le parchoc mais il n'en était rien. Les reflexes de Duncan étaient plutôt bon pour quelqu'un qui sortait du travail à 4h du matin. En même temps, pour un médecin, c'était plutôt rassurant. En tout cas, ce chien venait peut être de permettre à Nino de passer le restant du voyage dans un silence complet, ce qui lui allait très bien. Il ne savait pas si c'était pour ce chien ou si c'était les brèves réponses qu'il donnait qui avaient refroidit Duncan. Et pour Nino, c'était très bien ainsi.

Ils arrivèrent rapidement devant une maison de taille moyenne, rien qui ne ressemble à une grosse villa que les docteurs, chirurgiens pouvaient avoir. Celle ci semblait plutôt modeste. Nino n'avait pas espéré passer la nuit dans un palace de toutes façons. Il se contenterait bien de ça et puis, ce serait toujours bien mieux que tout ce qu'il avait connu, surtout bien mieux que l'auberge de jeunesse où il avait dormi jusqu'à maintenant. Quant à son appartement à Naples, mieux vaut ne pas y penser... Nino observe le quartier, ce qu'il y autour de lui. Une chose est sure: il n'était pas dans le coin le plus défavorisé de la ville, loin de là. Il faudrait sans doute qu'il s'habitue à voir de l'herbe verte chez les personnes chez qui il irait crécher. Il savait que d'ici quelques jours, il croiserait des personnes avec qui le contact passerait facilement et chez qui il pourrait poser ses valises, le temps de trouver un appartement ou une colocation. Ceci dit, ses colocataires seraient plutôt à plaindre, Nino n'est pas tellement facile à vivre. Enfin, pour le moment, le voilà sur le pas de la porte d'une maison dans laquelle il ne passerait pas plus longtemps qu'une nuit, ou un bout de nuit, vue l'heure qu'il était. Nino n'était pas du genre à dormir jusqu'à pas d'heure et ce même s'il se couchait très tard. C'est comme psychologique, comme s'il était réglé sur le levé du soleil, ce qui fait qu'en Australie, les nuit étaient plutôt courtes en ce moment.

Nino regarde tout autour de lui lorsque Duncan le met en garde à propos du chat noir. Etait-ce par ce qu'il était superstitieux ou parce qu'il avait vraiment un chat noir et qu'il pourrait se mettre dans ses pattes. En tout cas, le message était clair. L'italien n'est pas vraiment fan des animaux, donc en ce qui le concerne, il ne le laisserait pas traîner autour de lui, ni même le laisser se poser sur ses genoux pour ronronner.

Le tour du propriétaire fait, Nino doit quand même se montrer reconnaissant envers le jeune homme. Ils ne se connaissent ni d'Adam, ni d'Eve et le voilà à dormir dans un lit XXL, par rapport à ce qu'il avait retenu des lits superposés de l'auberge, mais il avait aussi droit à une douche bien chaude et maintenant, un repas, chaud lui aussi. Il s'installe à table en attendant que Duncan lui réchauffe son plat et se sert de l'eau en faisant un peu la grimace. Il avait plutôt l'habitude de boire de la bière ou des boissons sucrées. Il se contenterait d'eau pour le moment. Il fini par briser le silence, qu'il sentait peser sur les épaules de Duncan, enfin, c'était l'impression qu'il avait. "C'est cool... de m'laisser dormir ici." il regarde partout autour de lui. "t'inquiete pas, j'vais pas t'emmerder longtemps. Demain, j'serai partie..

Merci. Aussitôt le plat chaud posé devant lui, Nino s'attaqua à l'avaler en quelques bouchées sans attendre que Duncan ne vienne avec lui. Il avait vraiment faim et même si ce qui se trouvait dans l’assiette n'était pas très appétissant, il s'en moquait. Il voulait se remplir le ventre pour ensuite pouvoir bien dormir. Il savait que son comportement n'était pas poli mais il se doutait que Duncan ne lui en tiendrait pas rigueur. Il avait accepté de ramener un SDF chez lui, il ne devait surement pas s'attendre à une attitude irréprochable.

Nino était pas un grand emmerdeur, dans le sens où il pouvait se faire discret et il était pas du genre envahisseur. Sauf quand on lui proposait gracieusement le logis pour plusieurs jours. S'il s'y sentait bien, il s'y installerait jusqu'à ce qu'on le foute dehors ou jusqu'à ce qu'il trouve une solution de repli. On peut dire qu'il est opportuniste mais il sentait que là, c'était pas l'endroit pour poser ses valises pour plusieurs jours. Et il avait rien directement contre Duncan, mais s'il pouvait plutôt profiter d'une nana, c'était aussi bien pour lui. Ou alors, s'il devait s'installer chez un mec, il choisirait quelqu'un peu digne de confiance, tout comme lui. Il avait tendance à apprécier les personnes qui étaient comme lui, un peu paumées et qui aimaient être hors des sentiers battus. Là, il sentait que Duncan était tout le contraire. Une petite vie bien rangée, sa maison, sa caisse, son taf. Où était le chien et la petite nana? Il lui manquait juste une famille. Enfin, Nino n'avait pas l'impression que quelqu'un partageait sa vie dans cette maison; Aucun fringue de nana ne traînait et aucune décoration féminine non plus. Tout semblait être très voire trop épuré ici, bien que Duncan semblait avoir un certain goût en terme de décoration. Il avait pas des goûts de chiotte, en d'autres termes.
Il avait raison, avoir un médecin dans ses contactes, c'était bien pour lui. Surtout qu'il venait d'arriver et que Nino était typiquement le genre de mec qui n'aimait pas se rendre à l’hôpital ou même aller voir un docteur quand il se sent mal. Simplement parce qu'il n'y a pas été habitué. Trop pauvre pour payer une consultation, trop pauvre pour payer des médicaments alors les rhumes et les maux de têtes passeraient tout seul. Par contre, pour les choses un peu plus sérieuses, c'était toujours bien d'avoir un réseau. Il l'avait à Scampia, il ne l'a plus à Brisbane. Duncan pourrait être le premier maillon de la chaîne. Il ne comptait pas lui demander son numéro mais il avait repéré où il habitait, au cas où, juste au cas où...  "Te prends ps la tête pour moi. Il était presque 5 heures du matin quand Nino leva les yeux vers l'horloge accrochée au mur. Je serai partis avant midi. J'vais m'démmerder. Nino dormait peu, il était réglé en fonction du levé du soleil mais vu l'heure, il allait quand même se forcer à dormir un peu plus longtemps avant de déguerpir. Il ne savait pas tellement où se rendre ensuite mais il n'avait pas envie de rester plus longtemps dans cette maison.

Nino se permettrait pas d'ouvrir les placards et faire comme il était chez lui, bien que Duncan lui en avait donné l'autorisation. Il se contenterait du plat que lui avait offert gracieusement son hôte. Pour la salle de bain, il ne sauterai pas l'étape par contre. Si Nino était pas très à cheval sur son hygiène corporel, il l'était bien plus pour ses dents. Il ne se débarrassait jamais d'elle, s'il n'allait pas souvent, voire jamais chez le dentiste, il prenait soin au maximum de sa dentition. Il détestait sentir qu'il avait les dents sales et redoutait d'avoir une carie un jour. Nino attendrait que Duncan s'en aille pour s'y rendre et ensuite il irait dans la chambre d'ami. Il avait bien repéré comment y aller, en même temps,c'était pas bien compliqué. C'était pas très grand ici.

"J'vais passer par la salle de bain ouais. juste pour les dents, il n'y resterait pas longtemps. Il verrait demain s'il allait se laver ou non. Si une bonne douche chaude aurait été la bienvenue, maintenant il s'était bien réchauffé, ce n'était plus si indispensable pour lui.
Il repoussa l'assiette qui était devant lui, bien qu'il avait fini depuis un moment déjà. C'était pour accompagner Duncan jusqu'à ce qu'il termine à son tour. Quand le médecin se leva, Nino en fit autant. Il pris son sac avec lui et se dirigea vers la salle de bain. Ouais, ca marche. Bonne soirée. Il se retourna quand Duncan l'interpela de nouveau, il regarda le morceau de papier qu'il accrocha au frigo et vit le numéro de téléphone dessus. Nino ne répondit rien, pour lui ce n'était pas utile. Il n'avait pas besoin d'un contact d'un médecin. Il n'avait de toutes façons pas de téléphone si on peut dire. Enfin, si, il avait une vieille cabine dans laquelle il n'enregistrait aucun numéro et qui ne lui servait que pour certaines choses, pas toujours claire ou alors qu'en cas d'extrem nécessite. Il ne communiquait son numéro à personne.
Duncan lui passa devant pour aller se coucher, Nino lui pris la direction de la salle de bain en éteignant la lumière derrière lui comme lui avait demandé Duncan. Nino irait dormir ensuite.


Nino ouvrit les yeux vers 11h, il fut surpris en voyant l'heure affichée sur le reveil à coté de son lit. Il n'aurait pas pensé rester endormi si longtemps mais au moins, cette fois, il avait bien dormi. Ce qui n'était pas arrivé depuis qu'il était à Brisbane. N'étant pas du genre à traîner au lit, il se dépêcha de se lever et de s'habiller. Il récupéra son sac et ses quelques affaires qui traînent. En descendant par la cuisine, Nino regarda le post it posé sur le frigo avec le numéro de Duncan et finalement, il alla le prendre et le glissa dans sa poche. Il le rangerait dans son porte feuille. Il se dit qu'en acceptant le numéro, c'était un moyen de dire merci au médecin qui l'avait accueilli chez lui avec générosité. Nino sortie dans faire plus de bruit.