Voilà trois jours que Lily était rentrée à Brisbane. Sa mère avait pleuré en la revoyant, et elle devait avoué qu'elle avait versé quelques larmes elle aussi. Ça avait été beaucoup de pression, que ce soit pour elle, comme pour sa mère et son frère de la savoir dans un pays en guerre, et encore plus en apprenant que sa fille avait été victime d'une attaque. Désormais, elle profitait de la vie calme que pouvait lui offrir Brisbane, cette ville qui l'avait accueilli quinze ans plus tôt. Elle aimait cette ville, vraiment, mais c'est vrai qu'elle avait eu cette envie, ce besoin même, de la quitter afin de faire son petit bout de chemin seule. Si elle ne l'avait pas fais, elle savait qu'elle l'aurait regrettée. C'était peut-être égoïste de sa part d'avoir fais ça mais, honnêtement, cette proposition de volontariat était tombée à pique il y a six ans, puisque Arthur, son petit ami de l'époque, avait l'intention de la demander en mariage. Mais non, elle n'aurait pas pu assumer ça, pas à l'époque. Encore aujourd'hui, les souvenirs de sa mère en parfaite souffrance suite au décès de son mari restaient gravés dans sa mémoire. Elle ne voulait pas affronter la perte d'un mari. C'était parfaitement idiot comme façon de penser, elle en était totalement consciente. Malheureusement, c'était ainsi.
La blondinette venait d'aller faire un tour à l'hôpital. Non, elle n'était pas malade ou bien blessée. Elle avait simplement eu un rendez-vous avec son ancien chef de service afin de voir s'ils engageaient des infirmières. La jeune Anderson avait aimé travailler dans cet hôpital où les équipes étaient soudées entre elles. Elle avait fais ses premiers pas en tant qu'infirmière ici, c'était eux qui lui avaient proposé cette opportunité qu'elle avait saisi, et dont elle avait adoré l'expérience, bien qu'elle lui ait apporté un lot de tristesse et de blessures suite à la découverte de la précarité et de la violence dans certains pays. Ainsi, heureuse, elle quittait l'hôpital avec un emploi. Elle avait besoin de cet emploi. Pas forcément pour des questions financières car pour l'instant elle vivait avec sa mère en attendant de se trouver un logement, mais parce que Lily était une femme active, elle avait toujours été ainsi, elle avait besoin de travailler pour se sentir bien.
Prenant le trajet du retour à pied, elle avait branché ses écouteurs à son téléphone, cherchant une musique à écouter durant le trajet. Alors qu'elle cherchait une chanson en particulier, elle se fit bousculer de plein fouet, atterrissant sur les fesses. Ses écouteurs s'étant enlevés durant la chute, elle leva le regard vers la personne l'ayant bousculé. Ou peut-être était-ce elle qui l'avait bousculé ? Après tout, elle ne regardait pas où elle allait. Qu'elle ne fut pas sa surprise de découvrir Arthur, son ancien petit ami celui qu'elle avait quitté à l'aide d'un mot posé sur la table de la cuisine, quelques temps avant Noël, celui avec qui elle avait voulu passer sa vie mais qui n'avait pas était prête pour le mariage, et surtout, celui qu'elle avait voulu évité au maximum. Elle s'était dis que dans une grande ville comme Brisbane, il y avait peu de chance qu'ils se croisent. Et bien, il fallait sans doute dire merci au destin dans ce cas... La jolie infirmière se râcla la gorge, tout en se relevant du sol. "Décidément... Il faut qu'on arrête de se rencontrer de cette façon...", la jeune femme lui lança, un peu penaude, essuyant la poussière imaginaire sur sa jupe, afin d'éviter, en réalité, le regard du jeune homme en face d'elle.
Aujourd’hui c’est ta journée tranquille. Tu as cours quelques heures le matin avant d’être libre jusqu’à ce que l’entraînement de baseball prennent place au milieu de l’après-midi. Tu utilises ces heures précieuses pour travailler ou des fois pour faire autre chose comme faire quelques courses aujourd’hui. C’est idiot mais faire les courses c’est un truc essentiel et qui revient bien trop souvent à ton avis. Tu files donc au supermarché le plus près de chez toi après tes cours et tu flânes dans les rayons, trouvant toujours quelque chose de plus à acheter. Les listes t’ennuient, tu ne sais jamais à l’avance ce que tu vas avoir envie de manger de toute façon. Tu soupires en passant à la caisse avant de rentrer chez toi tout ranger dans l’appartement. Ton colocataire n’est pas là, il est au travail et tant mieux comme ça tu peux ranger tranquillement et te poser un peu. Une fois la corvée des courses passée, tu décides de te poser avant de manger quelque chose et de filer de nouveau au lycée où l’équipe t’attendra de pied ferme. Mais au moment où tu t’installes dans le canapé et où tu attrapes ton livre, tu te rends compte qu’il ne te reste d’une dizaine de pages à lire … Hier soir tu avais été trop fatigué pour le terminer. Tu soupires avant de le finir à contre cœur avant de regarder l’heure et de décider que tu avais le temps d’aller t’acheter une nouvelle fournée à la librairie. Oui, c’est pas de chance que cela tombe aujourd’hui mais cela te redonne le sourire car tu adores aller perdre du temps dans les librairies à choisir des livres faisant toujours le pari qu’ils te plairont. C’est souvent le cas mais il y a toujours cette excitation de voir si cela se vérifie car cela arrive que l’histoire ne soit pas à ton goût.
C’est don en te mettant les lunettes de soleil que tu sors de l’immeuble. Tu as ton téléphone dans la poche de ton pantalon et ton portefeuille dans l’autre. Pas besoin de prendre la voiture, vu le soleil aujourd’hui tu préfères marcher un peu quitte à prendre les transports en commun pour te rendre au lycée. Tu as pris ton sac de sport avec toi, tu n’es jamais sûr du temps que cela va te prendre de trouver des livres qui te conviennent alors mieux vaut ne pas prendre de risques. Tu trouveras toujours quelque chose à grignoter en ville. Alors que tu marchais tranquillement ton téléphone se mit à vibrer t’indiquant qu’un nouveau message venait d’arriver. C’était un message de ton colocataire et tu étais en train de lui répondre quand tu rentrais dans quelqu’un au tournant d’une rue faisant tomber la personne en fasse de toi. Tu ranges de suite ton téléphone et tu te tournes vers la personne que tu as bousculé prêt à t’excuser mais quand tu vois son visage, ta bouche reste ouverte alors qu’aucun mot n’arrive à sortir. Non, c’est pas possible, ce n’est pas elle, ce n’est pas possible. « Décidément... Il faut qu'on arrête de se rencontrer de cette façon... » Si, c’est elle, plus aucun doute. Tu te pinces rapidement le bras pour te rendre compte que tu n’es pas en plein cauchemar mais dans la réalité. Devant toi se trouve la femme qui t’a brisé le cœur six ans plus tôt. Un vrai cauchemar, cela ne pouvait être autre chose. Franchement, tu ne pensais pas la recroiser dans ta vie. Elle avait eu envi de partir, de voir le monde alors tu pensais qu’elle y resterait dans le monde alors que toi tu resterais là, à Brisbane. Tes yeux étaient rivés sur son visage baissé, elle refusait de croiser ton regard. « Qu’est-ce que tu fais là Lily ? » Lui demandas-tu sur un ton des plus froids et des plus amers. Franchement, en ce moment tu n’avais nullement besoin de ça mais tu n’avais pas le choix, maintenant qu’elle était devant toi, il faudra faire avec.
Lily avait toujours utilisé une pointe d'humour lorsqu'elle était dans des situations périlleuses. Ça n'avait pas été rare, durant ces dernières années, d'entendre cette jeune femme raconter des blagues aux patients dont elle s'occupait, alors qu'elle leur faisait des prises de sang par exemple. En même temps, les patients avec lesquels elle avait pu travailler avaient sans doute besoin de rire aux vues des situations dans lesquelles ils pouvaient vivre. Par ailleurs, elle avait des moments où elle savait qu'il ne fallait pas plaisanter, elle était consciente de la difficulté de certains et les respectait donc. C'est juste que Lily, partout où elle allait et avait pu aller, était un peu vu comme la comique, celle qui était toujours de bonne humeur et qui essayait toujours de la partageait au maximum. Mais, comme à ce moment précis, elle utilisait la plaisanterie pour détendre l'atmosphère.
Ainsi, on pouvait parfaitement dire que cette tentative de blague était un échec total si l'on considérait la tête que faisait Arthur. En même temps, il ne s'attendait sans doute pas à la revoir ici. peut-être même à la revoir un jour. De son côté, elle avait espéré ne pas le croiser depuis qu'elle était ici, de retour à Brisbane. "Je...", la jeune femme commença suite à sa question et après s'être relevée, la tête toujours baissée. Lily n'avait jamais baissé les yeux devant lui, même durant leur dispute où elle pouvait être en tort, elle l'avait toujours regardé dans les yeux. Alors ce n'était pas aujourd'hui qu'elle allait baisser son regard. Même face à un Arthur qui ne lui avait jamais parlé de cette manière et qui lui fit froid dans le dos. Elle inspira alors profondément, relevant son regard pour le placer dans celui de l'homme avec qui elle avait partagé sa vie durant plusieurs années. "Ma famille vit ici je te rappelle. Et je suis rentrée. Pour de bon.", elle rajouta, lui faisant comprendre que malgré le fait qu'il semblait réellement lui en vouloir, ce qu'elle pouvait comprendre, elle n'était pas décidée à quitter Brisbane.
La jolie infirmière pouvait facilement imaginer qu'il puisse lui en vouloir. Après tout, qui ne lui en aurait pas voulu ? Après plusieurs années à être ensemble, et à se sentir bien dans leur couple malgré les hauts et les bas, elle était partie, rapidement et simplement, en laissant un simple mot en guise d'explication alors que lui voulait l'épouser. Parfois, elle regrettait son geste, mais elle repensait aux raisons qui l'avaient poussées à faire ça. Ce n'était pas l'absence d'amour entre eux, ça non, c'était simplement la peur de souffrir. Et Lily ne voulait plus souffrir. Malheureusement, ce qui était fais, était fais. "Et puis, il me semble que je fais ce que je veux. Je n'ai pas vraiment besoin de ton approbation.", elle rajouta, croisant ses bras sur sa poitrine. Non, elle n'avait définitivement pas besoin de l'autorisation d'Arthur pour faire ce que bon lui semblait. Mais il devait le savoir depuis le temps puisqu'elle avait toujours été cette personne assez indépendante et débrouillarde. "Si tu n'as pas envie de me parler, tu peux toujours passer ton chemin.", elle lui lança, gardant malgré tout son calme. Elle détestait savoir et voir qu'Arthur lui en voulait à ce point, même si elle s'en doutait avant de le croiser et qu'il ne lui parle et ne la regarde de cette façon.
Incontestablement, la situation dans laquelle ils se trouvaient était de sa faute, les sentiments de haine que semblait avoir Arthur envers elle étaient de sa faute. Mais, même si elle assumait tout ça, et qu'elle l'avait 'bien cherché', Lily avait elle aussi souffert de cette séparation. Car rappelons-le, elle ne l'avait pas quitté parce qu'elle ne l'aimait plus ! Elle l'avait quitté parce qu'elle n'était pas prête à se faire passer la bague au doigt, et qu'elle avait cette envie, ce besoin même!, de voyager. De quitter Brisbane, de quitter l'Australie ! Et aujourd'hui, elle l'avait fais, et même si ses voyages avaient été éprouvants, elle n'en regrettait pas un seul car grâce à eux elle avait changé, elle était devenue une personne plus mature, plus posée, plus sereine, elle avait grandi finalement. Lily avait eu l'occasion de voir une bonne partie du monde, découvrant des civilisations complètement différentes, rencontrant des personnes extraordinaires. Ces voyages lui avait même permis d'avancer professionnellement puisqu'elle avait pu s'améliorer au fil des années ! Donc oui, il y avait eu des côtés négatifs, elle ne le nierait sans doute pas, mais ça avait été une expérience humaine fantastique et qu'elle ne regretterait jamais. Même si la séparation avec Arthur avait été difficile pour elle aussi. Mais ça, elle se garderait bien de lui dire parce qu'il lui dirait sans doute qu'elle l'avait bien cherché, ce qui n'était pas totalement faux et elle était parfaitement au courant.
A cet instant précis il était clair que tu regrettais amèrement d’avoir soudainement eu envi de lire un livre. Tu aurais dû te plonger dans un exercice de maths et en ressortir des heures plus tard satisfait et sans avoir connaissance du retour de Lily à Brisbane. Franchement, en ce moment tu n’avais pas de chance. Les fantômes de ton passé semblaient vouloir venir tous te hanter en même temps et tu n’avais qu’une envie, te réfugier dans ton lit et ne plus jamais en sortir. Tu étais presque sûr que le lycée était un endroit sécurisé aussi mais tout autre endroit était dangereux. En revoyant Amelia, tu avais ouvert la porte à un passé que tu n’étais peut-être pas prêt à revoir. Une chose était sûre et certaine, tu n’avais pas prévu de revoir Lily, jamais. Enfin, jamais était un bien grand mot mais … non en fait, jamais. Pour toi il n’y avait rien à dire de plus que ce qu’elle t’avait fait six ans plus tôt laissant derrière elle seulement un bout de papiers et des souvenirs brisés. C’était plus simple de laisser tout cela dans le passé, vraiment.
Le ton sur lequel tu lui adressas la parole était loin d’être agréable. En même temps, tu ne voyais pas comment elle pouvait espérer autre chose de ta part. Certains disent que le temps guérit toutes les blessures, ta sœur était la preuve vivante que ce n’était pas le cas et la blessure que t’avait infligée Lily était toujours entière. « Je ... Ma famille vit ici je te rappelle. Et je suis rentrée. Pour de bon. » Là il n’y avait qu’une solution à ton équation, elle désirait réellement t’achever. Tu ne voyais pas comment cela pouvait être autrement. Alors elle ne venait même pas en vacances ? Tu savais ce que cela voulait dire, tu savais pertinemment que vous finiriez à vous recroiser à un moment ou à un autre si elle s’installait de nouveau à Brisbane. Tu ne pouvais pas t’empêcher de trouver cela ironique cependant, qu’elle vienne s’installer dans cette ville qu’elle avait eu tant besoin de fuir. Pourquoi ne s’était-elle pas installée ailleurs ? « Oh le reste du monde a perdu son attrait soudainement ? Besoin de retourner s’enfermer dans cette ville si ennuyeuse qu’est Brisbane ? » Tu es légèrement méchant, tu le reconnais mais quand Lily est partie, cela t’a brisé. Lily avait été ta bouffée d’oxygène, celle qui t’avait sortie de la dépression dans laquelle tu t’enfonçais petit à petit après cette histoire avec ta sœur. Tu savais que tu lui devais beaucoup, tu étais capable de le reconnaître mais tu refusais purement et simplement de le lui dire, trop blessé pour cela. Elle avait le droit de revenir à Brisbane, cela ne voulait pas dire que cela te faisait plaisir.
Tu avais toujours su que Lily voulait partir, voir autre chose. Cela n’était pas un secret qu’elle gardait mais tu avais pensé qu’elle partirait quelques mois dans une ONG, quelque chose de ce genre mais dans ton esprit cela ne voulait pas dire la fin de votre couple. Tu l’aurais laissée partir, plusieurs fois si cela avait été nécessaire. Mais non, la vie en avait voulu autrement et Lily t’avait imposé son choix sans que vous ne puissiez discuter. « Et puis, il me semble que je fais ce que je veux. Je n'ai pas vraiment besoin de ton approbation. » Non, elle n’avait pas besoin de ton autorisation, elle n’en avait jamais eu besoin. Tu n’avais jamais cherché à installer ce genre de relation. Cependant, tu ne pus t’empêcher de laisser échapper un éclat de rire en entendant cette phrase, c’était plus fort que toi. « En effet, tu fais toujours ce que TU veux. » Dis-tu en insistant un peu sur ce pronom. Elle l’avait un peu cherché avec sa posture décidée et ses bras croisés. Elle ne s’arrêta pas là cependant en disant : « Si tu n'as pas envie de me parler, tu peux toujours passer ton chemin. » En effet, cela était une possibilité. Tu n’avais pas trop eu le choix cependant, quand tu rentrais dans quelqu’un tu les aidais à se relever, c’était de la pure politesse, que ce soit Lily ou quelqu’un d’autre. « J’ai pour habitude d’aider les personnes que je bouscule et j’ignorais que tu étais de retour. Mais tu as raison. Bon retour parmi nous enfin avant ton nouveau départ ! » Dis-tu un faux sourire sur les lèvres avant de dépasser la jeune femme pour te remettre en route. Après tout elle avait raison, tu n’avais pas à lui parler. Ce n’était pas comme si tu avais des questions à lui poser sur son départ, clairement elle avait laissé le mot pour s’expliquer. Tu avais à peine fait quelques pas que tu te rendis compte que tu n’avais plus ton téléphone, il avait dû tomber. Tu revins espérant qu’il était toujours là. « Mon téléphone. » Dis-tu en le ramassant.
Et dire qu'elle avait failli prendre le bus pour rentrer chez sa mère... Si elle l'avait fais, elle ne serait sans doute pas tomber sur Arthur et leur aurait éviter cette discussion amère. Mais il faisait beau, elle Lily avait voulu profiter de ce beau soleil. Si elle avait su... En même temps, ils auraient sûrement été amenés à se croiser. Certes Brisbane était grand, mais il y avait une chance tout de même. Et cette 'chance' semblait être aujourd'hui. De son côté, elle ne lui en voulait pas comme lui semblait lui en vouloir. En même temps, pourquoi serait-elle énervée contre lui ? Il n'avait rien fais. Mise à part lui parler aussi froidement. Mais c'était le résultat d'une chose qu'elle avait faite plusieurs années auparavant. On ne pouvait revenir en arrière.
Malgré tout, même si toute cette situation émanait d'une décision qu'elle avait prise égoïstement, la jeune femme ne se laissa pas faire, répondant à cette première question qu'il venait de lui poser, les premiers mots qu'il prononçait à son intention avait un tout autre sens à ses yeux. Son "Qu'est-ce que tu fais là Lily ?" sonnait plus comme "Oh non, pas elle.". De nature calme, elle avait retenu ce sentiment d'agacement qui voulait prendre place sur son visage, tout comme le sentiment de la déception. Déception car jamais elle n'aurait imaginé créer une telle haine chez son ancien compagnon. C'est vrai, quand on y repense, tout avait été réellement parfait entre eux. Elle avait simplement tout gâché. Tant pis... "Oh le reste du monde a perdu son attrait soudainement ? Besoin de retourner s’enfermer dans cette ville si ennuyeuse qu’est Brisbane ? ". A cette question purement et simplement ironique de la part d'Arthur, Lily serra légèrement sa mâchoire afin d'éviter de faire sortir de sa bouche des paroles qu'elle ne pensait même pas. Surtout qu'elle n'avait jamais trouvé sa vie ennuyeuse, ni Brisbane. Elle avait juste eu ce besoin depuis des années avant leur rencontre, de devoir quitter cette ville afin de visiter d'autres terres. "Tu n'as pas le droit de dire ça. Tu sais très bien que j'adorais vivre ici mais que j'avais toujours eu envie de partir. J'ai toujours été honnête envers toi.", elle lui lança alors.
Ils étaient là, en plein milieu de la rue en train de parler de leurs anciens problèmes. Un véritable spectacle... "En effet, tu fais toujours ce que TU veux.", à cette phrase, Lily ne put s'empêcher de rire légèrement. Mais pas de ce rire qu'elle pouvait avoir lorsqu'on lui racontait quelque chose d'amusant. Non, c'était le rire qui voulait dire "Mais il se fiche de moi là ?", elle passa une main dans ses cheveux et inspira profondément. Elle ne voulait pas s'engueuler avec lui ici, à la vue de tous. Lily n'était pas du genre à se donner en spectacle. Ainsi, elle préféra ne pas répondre. C'était peut-être la meilleure chose à faire. Bien que l'envie de lui expliquer les raisons de son départ, toutes les raisons, la démangeait. Et puis pour quoi faire en fait ? Arthur semblait tellement être remonté contre elle qu'il ne croirait sans doute même pas ce qu'elle lui avouerait. En plus, serait-elle capable de lui avouer ? Non, pas comme ça, pas maintenant. Alors, la jolie infirmière lui proposa de passer son chemin s'il n'avait pas envie de lui adresser la parole. "Bon retour parmi nous enfin avant ton nouveau départ !", lui lança-t-il avant de s'éloigner d'elle alors qu'elle secouait doucement la tête en regardant ailleurs.
Voilà, ça, c'était fais... Elle inspira profondément, retrouvant son calme, avant d'entendre de nouveau Arthur : "Mon téléphone.". La jeune femme soupira légèrement "J'imagine que tu refuserais si je t'offrais un café ?", Lily lui proposa, se doutant bien de la réponse. Après tout, lorsqu'il l'avait bousculé la première fois, il le lui avait proposé, cette fois c'était un peu elle qui l'avait bousculé alors elle tentait. Elle voulait avoir une chance de s'expliquer avec lui. De vraiment s'expliquer, et pas seulement avec des mots écrits sur un papier. Au moins, elle pourrait lui dire qu'elle a agis sous la peur, quand elle avait vu cette bague, elle avait tout de suite tout compris et s'était vu 'enfermée' dans une relation qu'elle n'aurait pas regretter, certes, mais elle n'aurait pas pu voyagé comme elle avait toujours voulu le faire. Elle pourrait lui expliquer pour son père mais ça, elle ne le ferait sans doute pas. "Laisses-moi au moins une chance de t'expliquer mon départ un peu mieux que ce que j'ai fais.", elle rajouta, montrant qu'elle regrettait de l'avoir quitté ainsi. Pas de l'avoir quitter, en tout cas pas totalement, elle avait bien trop adoré ces six dernières années pour ça. Mais elle regrettait la façon dont les choses s'étaient terminées.
Les mots qui sortaient de la bouche de Lily étaient pour toi comme des coups de poing. Sérieusement ? Elle ne pouvait pas espérer que tu l’accueilles à bras ouvert de toute façon. Une chose était certaine, elle n’avait pas réellement l’air de regretter t’avoir quitté. Si c’était le cas, son visage arborerait un semblant de remords et tu ne pouvais pas réellement en voir sur son visage. Pire même, elle semblait choquée que tu lui parles ainsi, comme si ce que tu disais n’était pas vrai, comme si elle avait le droit de te briser complètement et de revenir comme une fleur. Elle n’a aucune idée de ce qu’elle t’a fait, elle ne pouvait pas en avoir le moindre idée de toute manière, tu avais veillé à ce que personne de son entourage ne sache rien à ton égard toutes ces années ou du moins le strict minimum. Tu avais changé, elle t’avait changé et elle se rendra bien compte à quel point un jour tu n’en doutes pas. Des fois, alors que tu regardes dans ton passé, tu te demandes comment tu as pu être aussi naïf. Comment tu as pu penser un seul instant que tu pouvais être aussi important que son envie de quitter Brisbane, que vous auriez trouvé un moyen à deux de lui faire réaliser son rêve. La retenir à Brisbane à jamais n’avait pas fait parti de tes plans. « Tu n'as pas le droit de dire ça. Tu sais très bien que j'adorais vivre ici mais que j'avais toujours eu envie de partir. J'ai toujours été honnête envers toi. » Tu ne peux le nier, Lily t’a toujours dit qu’elle avait envie de partir. Mais c’est une excuse trop simple, bien trop simple à tes yeux et qui ne pouvait pas justifier son départ. Elle avait trouvé la bague, tu le savais, elle l’avait écris dans la lettre mais est-ce que cela justifiait une fuite en catimini ? Pas à tes yeux en tout cas. Gosh tu étais prêt à la demander en mariage ! Noël était à quelques semaines de là et elle était partie. Autant dire que cette année-là Noël n’a pas été une fête agréable à tes yeux. « C’est vrai mais partir voulait-il absolument dire me quitter ? J’ignore dans quel monde tu vivais pour penser que je t’empêcherais de réaliser ton rêve, je ne me suis jamais pensé aussi égoïste. » Vu comment Lily avait toujours parlé de découvrir le monde, cela aurait été vraiment minable de ta part de penser à lui faire abandonner ce rêve là. Tu t’étais imaginé que vous trouveriez une solution, à deux comme l’idiot que tu étais.
Quant à la suite de ses paroles, elles te paraissaient encore plus désolantes. Mais elle soulevait un bon point, vous n’étiez nullement obligés de vous revoir et Brisbane sera sans doute assez grand pour que vous n’ayez pas à vous recroiser avant un moment. Tu priais sincèrement pour que ce soit le cas, toi laïque dans l’âme. Là tu étais prêt à prier s’il le fallait, laisser le fantôme de Lily dans le passé c’était beaucoup mieux, tu avais dépassé tout cela. Voilà pourquoi tu décidais de partir sans plus tarder. Malheureusement, l’oubli de ton portable encore à terre te fit revenir sur tes pas laissant à Lily l’occasion parfaite de te demander : « 'imagine que tu refuserais si je t'offrais un café ? » Tu lèves un sourcil, incrédule. Un café ? Comme lors de votre première rencontre ? Elle rêve là n’est-ce pas ? Tu peux voir sur son visage qu’elle ne comprend pas toutes tes réactions, cette méchanceté dont tu fais actuellement preuve et qui à tes yeux est plus que nécessaire. « Dis-moi que tu ne vis pas dans un monde parallèle où tu penses que tout peut être oublié en quelques minutes. » Dis-tu toujours incrédule et ne comprenant pas à quoi elle jouait. Pourquoi voulait-elle que vous vous retrouviez autour d’un café ? Tu avais nullement envie de l’entendre te raconter ses voyages et tu ne voyais pas de quoi vous pourriez parler d’autre. « Laisses-moi au moins une chance de t'expliquer mon départ un peu mieux que ce que j'ai fais. » Ah donc c’était de ça qu’elle voulait parler … Tu ne savais pas ce qui lui restait à te dire à ce sujet, franchement tu n’avais pas l’impression qu’il restait grand chose à dire. Tu pousses un soupir avant de dire : « T’essayes de me faire une théophanie c’est ça ? Venant enfin m’apporter les vrais raisons d’un départ précipité. » Dis-tu en levant les yeux au ciel. « Je ne veux pas de café, il y a un banc près d’un parc quelques mètres plus loin. A prendre ou à laisser. » Dis-tu en imposant clairement tes conditions. Elle ne te mènera pas une deuxième fois en bateau. « Mais n’hésite pas, je suis tout ouï. » Dis-tu presque sarcastiquement.
Jamais elle n'aurait pensé que leur "retrouvailles" (même si ça n'avait pas été planifié) se passerait aussi mal, avec tant d'agressivité de la part d'Arthur. Mais elle ne lui en voulait pas. Lily n'était simplement pas habitué à cet Arthur en face d'elle. Mais la jeune femme préféra malgré tout se défendre, même si ça pouvait engendrer un peu plus d'énervement de la part du jeune homme. Elle n'avait jamais trouvé sa vie ici à Brisbane ennuyante, encore moins avec lui. Il n'y avait pas eu un jour où elle avait regretter de se mettre en couple avec lui, ou bien d'emménager avec lui. D'ailleurs, ça avait été une des meilleures décisions qu'elle avait prise. Mais elle avait tout gâché, elle en était parfaitement conscience. Cependant, elle ne pouvait pas laisser Arthur penser qu'elle n'avait pas aimé cette vie avec lui. Loin de là. "C’est vrai mais partir voulait-il absolument dire me quitter ? J’ignore dans quel monde tu vivais pour penser que je t’empêcherais de réaliser ton rêve, je ne me suis jamais pensé aussi égoïste. ", Lily inspira profondément en serrant les dents, regardant vers le ciel pour éviter que des larmes ne coulent. Non, elle ne pleurerait pas. Mais c'est vrai que ses mots étaient durs à entendre. C'est vrai qu'Arthur avait toujours cherché à la rendre heureuse, elle se rendait compte qu'il l'aurait sans doute laissé partir à l'aventure comme elle l'avait fais. Mais d'une part, leur relation longue distance n'aurait peut-être pas tenu le coup, et puis il n'y avait pas que ça, il allait la demander en mariage. "Je n'y ai pas réfléchi sur le coup. Je ne savais plus quoi faire quand j'ai découvert cette bague.", lui avoua-t-elle en baissant les yeux, passant une main dans ses cheveux avant de la poser sur sa nuque. Lily savait que ce jour-là, elle avait un peu agi dans la panique. Cette simple boîte contenant cette bague de fiançailles l'avait totalement remuée.
La jolie infirmière lui proposa d'aller boire un café afin qu'il lui laisse une chance de s'expliquer. "Dis-moi que tu ne vis pas dans un monde parallèle où tu penses que tout peut être oublié en quelques minutes. ". Comme c'était dur de garder son calme avec Arthur qui lui lançait des piques de ce genre, et qu'il continuait, parlant du fait que Lily attendait peut-être un miracle. "Je ne t'ai pas demandé de tout oublier. J'aimerais simplement t'expliquer.", elle répliqua le plus calmement possible, mettant ses mains dans les poches de sa petite veste en jean. A la proposition d'Arthur pour le banc, elle hocha la tête. C'était mieux que rien après tout non ? La jeune femme se dirigea alors avec lui vers ce fameux banc, avant de s'y installer dessus, croisant ses jambes et croisant ses mains dessus qu'elle tentait de garder calme. Ok. Voila. Elle allait tout lui expliquer. Peut-être pas tout, tout, mais en tout cas, le principal. Peut-être qu'il comprendrait un peu mieux, ou peut-être pas d'ailleurs.
"Ok...", la jeune femme murmura, comme pour se donner un peu de courage, du style "OK, maintenant c'est ton tour, vas-y !". Elle inspira alors profondément, regardant le parc qu'il y avait en face d'eux. Le regarder dans les yeux pour lui expliquer tout ça lui était impossible. "Le jour où je suis partie, j'avais été faire les derniers cadeaux de Noël, dont le tien. Quand je suis rentrée, je voulais trouver une cachette et c'est là où je suis tombée sur cette boîte. Tu le sais, j'ai toujours été curieuse, je n'ai pas pu m'empêcher de l'ouvrir.", la jeune femme secoua légèrement la tête. En fait, si elle n'avait pas céder à la tentation d'ouvrir cette boîte, elle aurait presque pu croire à une paire de boucles d'oreille par exemple et serait donc restée. Pour Noël, elle aurait été obligé de faire face à Arthur qui l'aurait demandé en mariage et ils auraient pu en discuter ensemble, peut-être qu'il ne lui en aurait pas voulu de refuser pour l'instant, peut-être qu'il aurait compris. Mais avec des si...on referait le monde. "Quand j'ai vu cette bague, j'ai tout de suite compris ce que tu voulais faire. Je suis restée tétanisée. Je n'étais pas prête pour le mariage.", Lily inspira profondément de nouveau, avant de reprendre. "Ce jour-là, l'hôpital m'avait aussi fais une proposition. Je pouvais partir en tant qu'infirmière volontaire la semaine suivante. Je voulais t'en parler le soir-même. Mais voir cette bague, ça m'a fais peur. J'ai agi dans la panique, sur un coup de tête je le sais. Mais je ne pouvais pas faire autrement.", la jeune femme termina son explication, même si elle ne lui avait pas réellement expliquer pourquoi elle avait eu si peur en voyant cette bague.
Revoir Lily, c’était comme revenir toutes ces années en arrière. Et en t’y replongeant tu ne pouvais t’empêcher de remarquer à quel point tu avais changé. A cette époque là, tout ce que tu voulais c’était faire ta vie avec Lily, construire quelque chose, vivre une vie bien rangée, avoir des enfants un jour, dans un futur plus ou moins proche. Six ans plus tard, après un cœur brisé, tu étais bien loin de cet idéal qui avait été le tien à cette époque. Tu en avais longtemps voulu à Lily de t’avoir brisé aussi. Elle était cette personne si spéciale dans ta vie qui te donnait le sourire, qui te permettait de voir le bon côté des choses, tout le temps. Mais elle n’avait plus été cette personne depuis un long moment alors cela ne servait à rien de se replonger dans le passé. C’était le présent qui t’occupais et cette rencontre dont tu te serais bien passé. Tu ne pouvais t’empêcher d’être désagréable, c’était plus fort que toi. Lily t’avait tellement blessé … Tu n’avais toujours pas compris pourquoi elle avait fui ainsi, tu n’avais jamais voulu l’enfermer à la maison à s’occuper des enfants, cela n’avait jamais été ton souhait. Tu avais juste voulu t’engager, lui promettre une belle vie à deux mais apparemment il n’y avait que toi que cela intéressait. « Je n'y ai pas réfléchi sur le coup. Je ne savais plus quoi faire quand j'ai découvert cette bague. » Tu secouais la tête. De toute manière qu’est-ce que ça changeait de remuer ainsi le passé ? Rien. Vous étiez deux personnes différentes aujourd’hui, vous aviez chacun votre vie et rien de ce qu’elle ne pourra te dire changera le fait qu’elle t’avait fait mal, terriblement mal. Tu ne trouvais rien à dire à cela cependant. Clairement, si elle avait eu assez peur pour fuir de cette manière c’était que vous n’en étiez pas au même point dans votre relation. « Je ne t'ai pas demandé de tout oublier. J'aimerais simplement t'expliquer. » Tu laissais échapper un petit rire. Sérieusement ? Elle voulait t’expliquer ? Tu ne savais pas ce qu’elle pourrait te dire et qui changerait ton avis sur la situation. Rien je pense, rien du tout à vraie dire mais tu décidais de lui laisser une chance en lui proposant de se poser sur un banc un peu plus loin. Il était hors de question de prendre un café, tu refusais de remonter le fil des vos moments ensemble, pas maintenant, jamais certainement.
Vous preniez donc place sur ce banc et tu la laissais parler. Tu aurais sans doute pu lancer la conversation mais c’était Lily qui voulait parler alors elle devait pouvoir se lancer non ? « Le jour où je suis partie, j'avais été faire les derniers cadeaux de Noël, dont le tien. Quand je suis rentrée, je voulais trouver une cachette et c'est là où je suis tombée sur cette boîte. Tu le sais, j'ai toujours été curieuse, je n'ai pas pu m'empêcher de l'ouvrir. Quand j'ai vu cette bague, j'ai tout de suite compris ce que tu voulais faire. Je suis restée tétanisée. Je n'étais pas prête pour le mariage. » Tu restais silencieux, c’était clair qu’elle n’avait pas fini. Tu n’avais pas besoin qu’elle te raconte cela, tu t’en fichais de savoir comment elle avait trouvé la bague. Tout ce qui t’importait c’était qu’elle l’avait trouvée et qu’elle n’avait pas trouvé autre chose à faire que fuir. Voilà tout ce que tu retenais de cette histoire finalement. Qu’elle ne soit pas prête pour le mariage, tu pouvais le comprendre mais t’en parler c’était trop demander ? « Ce jour-là, l'hôpital m'avait aussi fais une proposition. Je pouvais partir en tant qu'infirmière volontaire la semaine suivante. Je voulais t'en parler le soir-même. Mais voir cette bague, ça m'a fais peur. J'ai agi dans la panique, sur un coup de tête je le sais. Mais je ne pouvais pas faire autrement. » Tu ne pus t’empêcher de rire encore une fois. Elle ne pouvait pas faire autrement ? Laisse-moi rire … Elle aurait très bien pu faire autrement, elle n’en avais juste pas eu envie. Elle avait préféré sa carrière, ses rêves à toi. Elle avait été égoïste, elle n’avait même pas dû se demander quel impact cela aurait sur toi toute cette histoire. Peut-être que tu attendais des excuses finalement mais il était clair qu’elle ne regrettait nullement son choix. « Tu aurais pu faire autrement Lily, on peut toujours faire autrement. Surtout si tu es partie une semaine plus tard, la panique passée tu aurais pu faire autrement tu as juste décidé de ne pas le faire. » C’était la vérité, la dure vérité mais elle était bien là. Lily pouvait essayer d’enjoliver cette histoire, il n’y avait rien à enjoliver malheureusement. « Mais ne t’en fais pas, j’ai bien compris que tu aimais plus ta liberté et ton envie de voyager que moi, le message est passé sans aucun souci. » Dis-tu ne pouvant t’empêcher d’être légèrement amer à ce sujet. « Tu étais tout pour moi il y a six ans, je voulais juste promettre de passer le reste de ma vie avec toi, pas t’enfermer dans une maison et te faire pondre des enfants. Mais j’ai appris la leçon, ne laisser personne s’approcher comme ça on ne peut ni briser ta confiance, ni ton cœur, ni tes espoirs et tout le monde est content. » Cynique ? Oh juste un petit peu, trois fois rien.
Arthur était bien trop silencieux... En même temps, c'est elle qui avait demandé à s'expliquer, donc oui, c'était à elle de parler. Malheureusement, elle ne pouvait pas lui dire pour quelle raison elle avait paniqué exactement. Elle ne se voyait pas lui dire que voir la souffrance de sa mère lorsqu'elle avait perdu son mari était restée gravé dans sa mémoire. Mais ça, el ne pouvait lui dire car d'une part, il y avait des gens autour, et c'était bien trop personnel pour le révéler dans un endroit public comme celui-ci, et d'autre part, elle n'était même pas sûr de pouvoir mettre des mots sur ça en fait. Elle n'en avait jamais parlé. Même pas à son frère dont elle est très proche pourtant, c'est pour dire !
Malgré tout, à la fin de son explication, le jeune homme ne put s'empêcher de lâcher un petit rire encore une fois. Lily avait pu voir toute une palette d'émotion chez Arthur, mais là, elle pouvait facilement voir qu'il la méprisait presque en fait, c'était douloureux, même si elle savait parfaitement qu'elle était responsable de ça. Elle l'avait vu dans pleins d'état différent, il avait eu été en colère contre elle, ça oui. Une dispute dans un couple c'est tout à fait normal et il fallait avouer que Lily avait son petit caractère avec lequel ce n'était pas toujours facile de vivre. Pourtant, le bru s'en était plutôt pas mal sorti durant leurs années ensemble.
"Tu aurais pu faire autrement Lily, on peut toujours faire autrement. Surtout si tu es partie une semaine plus tard, la panique passée tu aurais pu faire autrement tu as juste décidé de ne pas le faire.", Lily secoua alors la tête doucement, fermant doucement les yeux en soupirant légèrement. Il ne comprenait pas. Et en même temps c'était normal puisqu'elle ne lui disait pas tout. "Tu ne comprends pas. Tu ne peux pas comprendre.", elle lui répondit avant de reprendre doucement, restant calme : "Même après la panique passé Arthur, tu ne comprends pas. Je ne pouvais pas revenir à l'appartement comme si de rien était et t'expliquer pourquoi.". Remarque, elle ne le pouvait toujours pas.
"Mais ne t’en fais pas, j’ai bien compris que tu aimais plus ta liberté et ton envie de voyager que moi, le message est passé sans aucun souci.", la jeune femme avala sa salive difficilement à ces mots-là. Comment pouvait-il penser qu'elle ne l'avait pas aimé ? Il avait été le seul qu'elle ait aimé ainsi, aussi profondément et sincèrement. Mais dans sa tête, et de façon tellement idiote, le mariage était associé à la souffrance. Pourtant ses parents avaient été parfaitement heureux ensemble. Ce n'est que lorsque son père a disparu qu'elle a commencé à voir le mariage de cette façon. En soi, c'est complètement bête car le mariage n'est qu'une officialisation. S'ils avaient été simplement ensemble, sans se marier, la disparition de l'un comme de l'autre aurait conduis à la même souffrance. Pourtant, ce n'était pas comme ça dans la tête de Lily. Même si ça pouvait être difficile à comprendre. "Je ne peux pas te laisser penser ça Arthur...", lui annonça-t-elle en secouant doucement la tête.
Ses mots firent l'effet d'une claque à la jolie infirmière qui n'aurait jamais imaginé en sortant de l'hôpital où elle venait d'avoir un job, de se prendre autant d'émotion en pleine face, et de revivre pas mal de souvenirs, bons comme mauvais. "Je sais que tu n'es pas comme ça, je le savais. Ce n'est pas pour ça que je suis partie.". Elle secouait une nouvelle fois la tête, baissant les yeux. Voilà, elle lui avait brisé le coeur, elle lui avait fais perdre tout espoir, et elle s'en rendait compte désormais.
Tu savais déjà, avant que Lily ouvre la bouche que tu n’allais pas être satisfait des raisons qu’elle allait te donner. Déjà parce ce qu’elle ne cherchait nullement à s’excuser d’être partie ainsi. Elle ne regrettait pas de t’avoir laissé derrière, ça c’était clair et net. Et c’était sans doute ça qui était le plus dur à avaler. Non, Lily était partie sans un regard en arrière, c’était clair six ans plus tôt et aujourd’hui elle te prouvait que c’était bien vrai. Au final, tu t’en fichais un peu de ce qui l’avait faite partir parce que la fin de l’histoire était bien là, elle était partie. Six ans plus tôt, ce qui t’avait fait mal c’était de ne même pas avoir eu la chance de lui parler, de la convaincre de rester. Elle avait pris cette décision seule sans te mettre dans l’équation apparemment. A tes yeux c’était purement égoïste et rien d’autre. Dans un couple, on fonctionne à deux, ce genre de décision ne peut pas se prendre seul. Du moins c’était ce que tu pensais. Tu n’avais pas eu d’autre choix que d’accepter la décision de Lily, cette dernière ayant quitté Brisbane avant que tu ne comprennes ce qui venait de t’arriver.
C’était une période que tu voulais laisser derrière toi mais revoir Lily ne pouvait que ramener ces souvenirs. Ils effaçaient presque tous les bons moments que vous aviez passé ensemble avant cette date fatidique. Tu n’avais pu t’empêcher de penser qu’on continuait à te punir pour ton comportement face au viol de ta sœur. Peut-être que tu ne méritais pas d’être heureux finalement. Voilà les pensées qui avaient longtemps tournées dans ton esprit et qui de temps en temps refaisaient leur apparition. « Tu ne comprends pas. Tu ne peux pas comprendre. Même après la panique passé Arthur, tu ne comprends pas. Je ne pouvais pas revenir à l'appartement comme si de rien était et t'expliquer pourquoi. » Au contraire, tu avais l’impression de très bien comprendre. Peu importe de toute façon, vous n’alliez pas changer le passé aujourd’hui. Lily n’était pas venue s’expliquer, pont final. Ce que tu comprenais ou pas n’avait plus aucune importance. « Tu te rends compte que tu ne m’as même pas laissé la possibilité de me défendre ? Tu m’as imposé ton départ simplement à l’aide d’un petit mot sur la table de la cuisine. Alors excuse-moi de penser qu’après quatre ans de relation c’était légèrement égoïste. » Tu ne savais pas ce que Lily pensait réellement de la situation. A ses yeux, son départ devait être justifié et elle ne devait pas comprendre tes mots méchants et ta colère aujourd’hui. Tu ne savais pas mais tu pouvais au moins lui faire comprendre que ses actions avaient eu un impact sur ta vie aussi, pas seulement la sienne.
« Je ne peux pas te laisser penser ça Arthur... » Tu levais un sourcil. Alors ça c’était réellement la meilleure de la journée. Elle ne pouvait pas te laisser penser ça ? Sérieusement ? Tu te demandais si elle s’était demandée ne serait-ce qu’une fois la manière dont sa fuite avait pu être perçue de ton point de vue. Clairement ce n’était pas le cas sinon elle ne serait pas en train de te sortir des absurdités pareilles aujourd’hui. « Explique-moi ce que tu voulais que je pense alors Lily. Parce qu’à mes yeux il est assez clair que ta liberté comptait plus que moi vu la vitesse à laquelle tu t’es enfuie. Tu pensais que j’allais interpréter ça comment exactement ? » Il était peut-être temps pour Lily de voir que ses actions avaient eu des conséquences. Peut-être que ce n’était pas ce qu’elle avait voulu que tu penses mais au final, les actions parlent bien plus clairement que le mots. « Je sais que tu n'es pas comme ça, je le savais. Ce n'est pas pour ça que je suis partie. » Oui, elle était partie pour autre chose mais qu’importe, elle était partie et au final c’était tout ce qui comptait. C’était désarmant comme vérité mais en six ans tu avais accepté la situation telle qu’elle était. « Mais tu es partie quand même et peu importe ce qu’on se raconte aujourd’hui, ça ne changera rien à cela. » Dis-tu simplement en fixant ton regard sur l’autre côté de la rue. Non, rien n’aura changé à la fin de cette discussion.
La jeune femme voyait bien qu'il ne comprenait pas pourquoi exactement elle avait fui. Et en même temps, elle savait que si elle ne lui expliquait pas clairement, il ne pourrait pas comprendre. Et puis, avait-il seulement envie de savoir ? Elle l'avait blessé, elle en était parfaitement confiance, elle avait agi égoïstement. A l'époque, ils étaient censés être un couple, les décisions ils devaient les prendre à deux. Elle, elle avait agi de son côté, sans lui laisser la moindre chance de s'exprimer. Elle savait qu'elle avait foiré, mais c'est vrai que six ans auparavant, elle n'avait pas réfléchi, elle était seulement partie. Et après, à l'hôtel, alors qu'elle attendait son vol pour quitter l'Australie, elle avait eu honte de ce départ précipité, et ne se voyait pas revenir sur ses pas, revenir sur sa décision. "Je sais. Je suis désolée.", lui avoua-t-elle malgré tout. Même si être désolée n'allait sans doute pas faire bouger les choses.
Et les voilà reparti... Cette discussion semblait sans fin... Lily n'arrivait pas à s'exprimer correctement, à se faire comprendre, et Arthur quand à lui, était énervé, ce qui était normal au vu des circonstances. "Je n'ai pas réfléchis à ça, je n'ai pas réfléchis du tout, j'en suis consciente.", elle soupira légèrement, ayant l'impression que tout ça, que cette discussion, n'allait mener nul part. Que pouvait-elle faire de plus ? Elle s'était excusée d'être partie de cette façon, et de lui avoir fais du mal, elle avait tenté d'expliqué ses motivations à l'époque même si elle avait l'impression qu'elles étaient idiotes. Il y a six ans, s'enfuir avait été la seule solution à ses yeux. Elle n'allait pas se mettre à genoux devant lui afin qu'il la pardonne, d'une part parce que ça ne servait à rien, Arthur, s'il souhaitait au moins essayer de la pardonner, ne se laisserait pas amadouer avec des supplications, il lui fallait du temps sans doute.
La blondinette se racla légèrement la gorge. "Bon... j'imagine que tu as des choses plus intéressantes à faire. Je ne vais pas te retenir plus longtemps.", elle lui annonça doucement. Elle lui avait expliqué plus ou moins ses raisons, maintenant, elle préférait lui laisser du temps pour avaler ça et pour se faire à l'idée qu'elle était revenue en ville et pour de bon cette fois-ci. Et puis, comme il lui avait si bien dis, même avec cette conversation, ça n'a pas changé le fait qu'elle l'avait quitté sans de vraies explications, sans une vraie discussion entre eux. Elle avait simplement imposé ses choix à Arthur sans lui demander son avis. Lily se leva alors du banc, passant une main sur sa nuque comme elle l'avait toujours fais lorsqu'elle était mal à l'aise, et se tourna légèrement vers Arthur. "En tout cas, je suis contente de voir que tu sembles aller bien.", en tout cas physiquement ça avait l'air, après, elle ne savait pas où il en était avec sa famille et tout ça. Elle savait que ça n'avait jamais été facile pour lui et espérait au fond d'elle que ça s'était arrangé de ce côté-là. Et c'est vrai que même si elle avait redouté cette rencontre, elle avait été contente de le voir. Malgré la discussion difficile qu'ils avaient eu.
Une chose et une seule était sûre. Lily ne regrettait pas d’être partie. Et c’était peut-être ça qui faisait le plus mal. Elle ne regrettait pas de t’avoir quitté du jour au lendemain pour partir réaliser ses rêves. Non, elle était simplement partie te laissant ramasser les morceaux d’une relation pour laquelle tu n’avais d’autre choix que de tourner la page. Et à l’époque, cela avait été la goutte de trop. Beaucoup de tes amis n’avaient pas compris ton soudain changement mais tu en avais eu besoin. Tu n’étais plus capable de faire face au rejet de ta famille, au départ de Lily, à des élèves qui te donnaient envie de pleurer plus que de rire. Non, il avait fallu faire face mais ça Lily ne devait même pas l’avoir envisagé. Voilà pourquoi à tes yeux son geste était purement égoïste et ses excuses ne sonnaient pas réellement sincères. Parce que tu savais que peu importe ce que tu faisais, elle serait partie sans se retourner une nouvelle fois si vous pouviez revenir à l’époque. Lily avait été le centre de ta vie pendant quatre ans, enfin une once de bonheur dans ce monde te paraissant si hostile. « Je n'ai pas réfléchis à ça, je n'ai pas réfléchis du tout, j'en suis consciente. » Tu hoches la tête sans rien dire. Tu pensais être guéris, tu pensais avoir mis cette période derrière toi, tu pensais pouvoir aller de l’avant mais peut-être que non finalement. Peut-être qu’une partie de toi sera toujours affectée par Lily. Tu te poses beaucoup de questions alors que tu sais très bien que maintenant qu’elle est à Brisbane, faire comme si ce n’était pas le cas sera tout simplement impossible. Tu te demandes si tu devrais lui pardonner. Pour quoi faire ? Cela n’allait rien changer à la situation et puis vous n’étiez pas obligés de vous revoir après tout.
« Bon... j'imagine que tu as des choses plus intéressantes à faire. Je ne vais pas te retenir plus longtemps. En tout cas, je suis contente de voir que tu sembles aller bien. » Tu la vois se lever, tu sais que tu dois parler mais tu ne sais pas quoi dire. Est-ce que tu vas bien ? Non, pas un poil mais c’était un peu à cause d’elle. Venir rajouter son retour à tout ce qui t’occupait en ce moment ce n’était clairement pas quelque chose qui allait t’aider. Mais tu semblais toujours aller bien, c’était une de tes plus grande force au fond. Elle a raison, tu as des choses à faire, principalement aller entraîner ton équipe cette après-midi. Tu n’étais pas certain d’être désormais dans de bonnes dispositions pour le faire mais tu n’allais malheureusement pas avoir le choix. Tu préfèrerais aller t’enfermer dans ta chambre et t’endormir en te disant que ce n’était qu’un cauchemar. A la place tu allais entraîner des lycéens pour un match qu’ils avaient peu de chance de gagner, l’équipe était encore trop neuve. Mais cela ferait un bon entraînement en quelque sorte. Tu te lèves à ton tour. « Tu sembles aller bien aussi. » Dis-tu bêtement avant d’ajouter. « Bon retour à Brisbane. Je suppose qu’on finira par se recroiser. » Ton taux de malchance était trop élever pour l’éviter et tu n’étais qu’à moitié sincère dans ta première phrase mais tu ne pouvais pas faire mieux. Tu lui fis un sourire forcé avant de reprendre la direction de ton appartement pour récupérer ta voiture. Il fallait te mettre en route ou tu allais être en retard.