lle se maudit d’avoir accepté de passer sa soirée ici. Chaque seconde qui passe n’est qu’un argument pour qu’elle prenne la fuite. Mais Cora tente de rester digne et résiste avec difficulté à cette envie de pendre ses jambes à son cou et détaler très loin de là.  Elle est venue pour faire plaisir à Kyeran, pour faire un pas vers lui. Evidemment, il aurait pu comprendre que d’accepter de passer une soirée dans la même pièce que sa mère était vraiment quelque chose de sympa de la part de Cora, un signe qu’elle veut bien nouer une relation fraternelle, il aurait pu avant de décider d’aller passer le réveillon de Noël ailleurs afin que Cora n’ait pas à passer une soirée totalement malaisante entre sa mère et son beau-père. Mais que peut-elle faire maintenant qu’elle a accepté de venir. Elle maudit déjà ce demi-frère qui ne risque pas de la revoir de sitôt.

« Evidemment, elle aurait très bien pu réussir aux Etats-Unis si elle n’avait pas perdu autant de temps avec sa lubie d’étude, mais tu comprends, à l’époque elle ne pensait qu’aux garçons, et c’est difficile d’écouter sa mère quand on est un jeune adulte. » L’entendre parler d’elle comme si elle n’était pas dans pièce est ce qui l’énerve le plus. Elle a l’habitude de ça. Cora ne dit rien. Elle pourrait la contredire et clarifier ce récit auprès de son beau-père, mais à quoi bon ? Elle sait que sa mère raconte ce qu’elle veut, que de toute manière elle le tient, alors elle se concentre sur le positif, elle, elle ne la tient plus. « Il faut bien que jeunesse se fasse. Mais maintenant Cora, tu vas avoir presque vingt ans dans le métier, tu n’as pas envie d’évoluer ? Tu sais, ta mère m’en a parlé, elle a toujours beaucoup de projet pour toi. » Elle ferme les yeux, maudit Kyeran. Elle savait que ça serait un piège. Heureusement pour elle, elle n’est plus une enfant et aujourd’hui, elle est parfaitement capable de se battre seule. « Mon agent s’occupe déjà très bien de moi. Je n’ai pas besoin de Danielle, mais je vous remercie de votre sollicitude» dit-elle fermement  avec un sourire pour ne pas laisser voir sa lassitude, même si elle sait que sa mère la devine. « Tu vois ? Toujours égoïste. Toujours à me tenir à l’écart. Je ne sais pas ce que j’ai pour avoir des enfants aussi irrespectueux, son frère et sa sœur sont pareil. » « Voyons, au moins Cora nous rejoint pour le réveillon, elle est différente. » Ses yeux fusille sa mère d’une façon qu’elle seule peut voir. Qu’elle tente le chantage passe encore, mais la jeune femme a beaucoup de mal à gérer les mensonges que sa mère raconte. Elle n’en peut déjà plus de la voir se donner le beau rôle, et le repas ne fait que commencer. « C’est vrai. Mais elle a toujours été soucieuse, pas comme les deux autres qui ne voyaient que leur père. » répond t-elle en passant sa main sur l’épaule de la rousse, comme si effectivement il y’avait une relation mère-fille. Son poing se serre. Elle le sait maintenant, elle ne finira pas ce repas. « En même temps, peut-être qu’ils auraient plus de respect pour toi si tu ne les avais pas laissé crever après la mort de papa. Peut-être que Bryn te donnerait des nouvelles si elle savait au moins à quoi tu ressembles parce qu’elle ne t’a sûrement pas vu plus d’une heure en vingt ans. C’est normal qu’ils ne voyaient que papa, tu ne les as jamais vu toi » lâche alors Cora le feu aux tempes. Elle s’était jurée de ne rien dire. De faire comme si tout allait bien. Elle avait Arthur à retrouver et elle avait espérer soutirer des informations à sa mère. Tout ça, elle fait une croix dessus, et pour quoi ? « Tu sais bien qu’avec ta carrière nous n’avions pas le temps, ton père les a monté contre moi. » « Peut-être que ça aurait été une vraie excuse si tu avais cherché à les détromper après sa mort, mais au lieu de ça, tu n’es pas venue, tu n’as même pas eu le respect de me le dire tout d’suite. » « Roh, tu avais une audition, je n’allais pas risquer de la rater pour des funérailles. J’te rassure, ton père en sait rien. » « Ce n’était qu’une audition, il y’avait plus important. » « C’est comme ça que tu me remercies ? J’ai dédié dix ans de ma vie à ta carrière, vingt à t’élever et tu m’accables de reproches ? Tu es vraiment une ingrate. » « Et toi une mauvaise mère. Accepte le fait que tu as bousillé tes trois enfants. » « Tout de suite les grands mots. Tu n’as aucune reconnaissance. Si je n’avais pas été là, tu aurais gaspillé les plus belles années de ta vie à pouponner et à devenir une de ses enfants stars qui deviennent obèse et vivent dans une caravane. Et regarde toi ! Tu es toujours belle, jeune et riche ! Dis-moi merci ! » « C’est bon, on passait un moment sympa. » dit-alors son beau père alors qu’elle s’apprêtait à lui répondre, mais au lieu d’être bien sage, Cora se lève de table, comme prédit, elle ne restera pas. « Cora ? » Alors qu’elle traverse la pièce, sa mère ne manque pas d’ajouter. « Laisse la fuir. De toute manière, elle n’est qu’une ingrate traînée. J’ai fait le mieux pour cet enfant. » Ultime provocation. Cora ne cherche même pas à répondre alors qu’elle quitte la pièce, et bientôt la maison. Elle ne repense pas de suite à la conversation. Clairement bouleversée, elle s’avance jusqu’à son véhicule et met les voiles le plus vite possible.

C’est les mains tremblantes qu’elle ouvre la porte de chez elle. L’issue de cette soirée n’est pourtant pas différente de ce qu’elle avait prédit, mais elle avait clairement manqué de préparation. Elle n’avait pas été aussi fort qu’elle l’avait pensé, et c’était peut-être ça le pire : de se dire que sa mère gagnerait toujours ce jeu là. Et maintenant, elle reste là, débout, dégoutée d’elle-même à observer son salon pendant que tout l’monde fête Noël. « Bien joué Coverdale ! » se dit-elle à elle-même avant d’avancer pour sauver son semblant de soirée.

Une heure plus tard. Le vin est posé sur la table, des restes de différents traiteurs sont éparpillés et la télé hurle des chants de Noël et autres animations prévues pour ce soir si spécial, tandis que Cora écrit et ré-écrit un texto qu’elle destine à Finn. Elle aurait tellement voulu qu’il soit là, en allié. Et au final, elle ne fait que tenter vainement de trouver des mots pour lancer une conversation avec lui. Sans succès. La sonnerie de la porte l’interpelle et elle arrête ce qu’elle fait. De toute manière, elle n’y arrivera pas ce soir, elle est bien trop en colère. A sa surprise, la porte s’ouvre sur Bob. Elle pensait qu’il aurait profité de sa soirée avec Vitto pour sortir, elle l’observe de bas en haut, puis il prend la parole. « Joyeux Noël ! » Elle ne réagit pas. Elle reste sur sa surprise. « J’me suis dis que tu ne serais pas contre un petit verre avec un vieil ami pour ton noël… » Il semble tomber à point nommé, Cora l’observe et en devient très touché qu’il soit là. « Mais si tu as de la compagnie je boirais tout seul dans mon coin. » Derrière elle, il n’y a que le bruit de la télé. Elle ne répond rien. Emue de sa visite, son geste est d’aller se réfugier dans le creux de ses bras et de laisser enfin aller à sangloter. « Mon dieu, c’était épouvantable si tu savais. » dit-elle en parlant de son dîner chez sa mère, ce qu’il doit bien deviner. Elle resserre son étreinte. « Elle a dit toutes ces choses. Je suis vraiment contente que tu viennes me voir, j’avais vraiment besoin de ta présence je crois. » dit-elle en s’éloignant et en envoyant valser quelques larmes avec sa manche. « Je t'en prie, entre. »

’apparition de Bob à sa porte est presque bénie. Les yeux rivés sur lui, elle le regarde en réalisant combien elle avait vraiment besoin de le voir ce soir et combien ça lui réchauffe le cœur sur le moment de se dire qu’elle n’est pas si seule que ce qu’elle pensait quelques minutes auparavant. Elle était à bout, et là, tout ce qu’elle se dit, c’est qu’elle a vraiment besoin du réconfort qu’il a à lui offrir sans ajouter grand-chose et sans même expliquer quoi que ce soit de sa soirée, elle part immédiatement se réfugier dans les bras qu’il tient grands ouverts même s’il l’a fait à l’origine par enthousiasme. « Oh Cora… je suis désolé d’apprendre ça. » dit-il en resserrant ses bras autour d’elle tandis qu’elle se laisse aller à verser des larmes contre sa poitrine. Visiblement troublée, elle ne fait qu’évoquer ce qu’il s’est passé lors du repas chez sa mère. Evidemment, il pourrait lui répondre que c’était à prévoir. D’ailleurs, elle le sait, mais bêtement, elle avait vraiment cru être assez forte aujourd’hui pour affronter sa mère. Il n’en est rien. Sur le moment, elle se sent si fragile et sans défense que même les bras de Bob lui semblent être une carapace. « Merde Cora, ça me fait vraiment chier pour toi… J'pensais vraiment que ça se passerai bien cette fois.. Je ne comprends vraiment pas cette femme… » dit-il en tentant de la réconforter, à vrai dire, elle n’est pas si dure à saisir, c’est juste qu’elle n’a jamais pris le temps de vraiment parler d’elle. Bob avait des informations que Cora avait lâché à quelques occasions durant toutes ces années, de quoi lui donner une image de madame Coverdale, et pourtant, c’était bien peu à côté de la réalité. « T’en fais pas Cora, c'est tout naturel que je sois là, ça me fait plaisir de venir si je peux t’être utile. » ajoute t-il tandis qu’elle continue à sangloter contre lui, c’est très agréable, ce sentiment de savoir qu’il est là sans même qu’elle ait à l’appeler. Ce serait niais de dire qu’il l’aurait senti, mais tout de même, le résultat est là. Elle finit par lâcher son étreinte, conscient qu’ils ne vont tout d’même pas passer la nuit sur son palier. Une tâche de larme fait son apparition sur les vêtements de Bob, à l’endroit où elle a posé son visage. Elle l’effleure du bout des doigts. « Je t’ai sali. » lui dit-elle, sans ajouter qu’elle s’en excuse pour autant, au lieu de ça, elle l’invite à entrer chez elle. « Merci. » Elle le suit jusqu’à la cuisine. Bob connait la maison et elle n’a jamais eu aucun souci à le laisser faire comme chez lui, surtout dans la cuisine, la pièce qui lui sert le plus à rien. Elle le regarde faire, tout en essayant de se ressaisir un peu. Ce n’est pas non plus son genre à fondre en larme de cette manière. Ce soir, elle est comme inapte à intérioriser. « Une petite coupe de champagne pour embellir cette soirée ? » propose t-il, provoquant chez elle une légère moue souriante, elle s’empare du verre qu’il lui tend en avouant parce qu’il sera bien forcé de la voir « Merci, mais tu ne m’en veux pas, j’ai déjà commencé sans toi. » Elle montre du nez la bouteille de vin qui trône sur la table du salon, il propose d’ailleurs d’aller s’y asseoir, pour que ça soit plus confortable pour lui, pour elle aussi d’ailleurs parce que même si les béquilles sont au placard, elle doit faire attention. Elle le suit jusque dans le canapé et s’assied à ses côtés en posant les pieds sur le meuble, elle ne se soucie pas vraiment du niveau d’élégance de sa position. « A nos réveillons foireux ! » Il lève sa coupe, elle fait de même sans rien dire, bien qu’elle se demande ce qu’il s’est passé pour que le réveillon de Bob soit aussi foireux, ou peut-être ne parle-t-il que du sien ? Elle boit sa coupe d’une traite. « Hrm, tu veux qu’on parle un peu de ta soirée ou tu préfère que je te raconte la mienne pour te changer les idées ? » Elle rit un peu et hausse les épaules. « Tu sais ? Si je te parle de ma soirée, ça ne serait qu’un long récit sur la façon dont j’ai encore cru que j’allais être de taille à lutter contre ma mère et combien c’était un véritable échec. » commente t-elle en regardant ailleurs, elle n’ose pas croiser son regard. « Tu sais, il n’y a que elle pour me faire sentir aussi vulnérable. J’ai vraiment été stupide de croire que je pourrais avoir une conversation d’adulte avec cette femme, tout ce qu’elle a à la bouche, c’est combien ma carrière serait cent fois plus florissante si elle était encore mon agent. » souffle t-elle dans un élan de colère envers sa génitrice. Elle se ravise, pas très habituée à se montrer sous ce jour. « Mais toi ? ça s’est pas bien passé avec Vitto ? Pourquoi vous n’êtes pas ensemble ce soir ? »

ob tombe à pic, un peu comme si la providence était derrière tout ça. Elle se sent malgré tout coupable en se détachant de lui et en observant la tâche qu’elle a fait sur son tee-shirt de s’être peut-être un peu trop laissée aller. En s’excusant, elle tente également de se reprendre, elle ne veut pas non plus lui plomber sa soirée. « Mhh, c’est pas la fin du monde j’ai une machine à laver. Et ça donne un petit style. » dit-il, amenant Cora à rire de sa nonchalance. Evidemment, elle savait qu’il n’allait pas lui en tenir rigueur (heureusement) mais, elle s’excuse également de manière détournée pour son attitude. Elle n’aime pas sentir qu’elle ne se montre pas sous son meilleur jour, même si elle le fait devant une personne aussi proche que Bob. On y retrouve là, l’éducation stricte et potée sur les apparences qui a été la sienne. Elle tente de reprendre ses pensées et d’y voir plus clair tout en l’accompagnant jusqu’à la cuisine où il lui propose de servir le champagne. L’envie de faire la fête n’est pas là, mais elle ne va pas pour autant le montrer, déjà parce qu’elle a commencé à la faire toute seule la fête, et enfin parce que Bob n’est sans doute pas venu dans l’intention de la voir geindre et qu’il est hors de question que sa soirée s’en retrouve impactée. « Dans ce cas, je garde la bouteille de côté et je vais te piquer un peu de vin. » dit-il en apercevant que l’apéro a déjà eu lieu de son côté. Elle aurait fini son vin plus tard sinon, mais au lieu d’objecter, elle se contente d’hausser les épaules. Ce n’est pas important au final. Elle reste silencieuse à observer Bob et ses manières bien à lui, elle se prend à sourire d’amusement en le voyant faire. Particulièrement au moment où il sert le vin, plus comme un garçon de ferme qui boit sa piquette que comme un adulte avec du vin de qualité. Il est trop tard pour s’en offenser, et à vrai dire, il l’amuse. Jusqu’au moment où il chercher à savoir s’il devrait lui poser une question sur sa soirée ou faire comme si de rien en parlant de la sienne. Elle décide de prendre la parole, à son rythme. C’est compliqué de parler de ça alors qu’elle ne l’a jamais vraiment fait de sorte à être compréhensible. « On devrait bâillonner cette femme, elle est dangereuse pour ceux qui l’entoure. » On devrait faire plus que ça, mais Bob est peut-être trop innocent pour entendre les souhaits de Cora concernant sa mère, surtout qu’avec l’alcool, elle fait vite d’être plus méchante et violente, et bon, elle est convaincue que le fond de sa pensée le choquerait. Personne ne souhaite sérieusement la mort de sa mère, peu importe à quel point elle a été mauvaise. Pourtant, Cora si. « Je vais ignorer, c’était bête d’y aller. Je voulais juste faire un geste pour mon beau-frère, mais au final, je devrais faire comme Finn : ignorer qu’elle respire encore. » souffle t-elle en posant le regard son téléphone, en pensant au sms qu’elle n’a finalement pas eu le courage de lui envoyer. Elle soupire en passant sa main dans ses cheveux, elle sent la fatigue qui vient à elle et pendant quelques secondes, elle reste là, pensive tandis que Bob parle. « Oh c’était pas catastrophique mais tu sais… J’ai mes petites habitudes depuis le temps. Noël c’est avec mon oncle normalement. Et là avec l’accident mes plans sont tombés à l’eau et ça a tout chamboulé. » Effectivement, elle le comprend, son oncle étant sa dernière famille, elle voit combien ça peut être décourageant de ne pas avoir droit à sa tradition. « Mais sinon c’était globalement une bonne soirée, Vitto m’a appris à faire du Vittelo tonato et on a bu des bières devant des jeux vidéos. » « Oh » Elle éclate de rire en imaginant la scène qui déroge des noëls habituels et pourtant qui vend tellement plus de rêve que bien des images. « Et bien, je crois que tu as trouvé le  frère que tu n’as jamais eu. » « Oh et j’ai offert un casque audio à Vitto parce qu’il écoute toujours cette musique de barbare à fond et que ça me casse les oreilles. Et lui m’a offert un livre sur un auteur Italien dont j’ai déjà oublié le nom. » Elle l’écoute attentivement en train de raconter sa soirée, les yeux figés sur lui avec tantôt un sourire qui se trace. « Et bien, vous avez un peu triché, les cadeaux, c’est après minuit. » fait-elle remarquer en pensant d’ailleurs qu’elle n’a rien pensé à offrir à Vitto  (lui avoir donné du taff devrait suffire nan ?) « Mais tu aurais du le suivre, ça t’aurait changé les idées un peu. » Sans doute qu’il aurait été mieux avec lui qu’ici alors qu’elle broie  du noir. « Je suppose que tu as mangé chez ta mère mais est-ce que tu es resté jusqu’au dessert ? Peut être que je peux trouver de quoi nous faire une petite mousse au chocolat ou à la fraise dans ton frigo, ça te dis ? » euh, elle reste interdite avant de hausser les épaules. Sa femme de ménage fait les courses, mais Cora ne cuisine jamais. « Euh oui. Enfin tu sais, je saurais absolument pas te dire ce qu’il y’a dans mon frigo, tu as devant toi l’étalage de tout ce qui me maintient en vie. » dit-elle en pointant du doigt les boites vides venant de chez son traiteur. Oui, Cora ne cuisine pas. .

gnorer qu’elle respire encore. Ou bien, allumer un cierge en espérant qu’un éclair la foudroie. C’est le genre de sort que Cora aimerait bien voir arriver à sa mère. Ça parait cruel. Inimaginable aux yeux de toutes personnes ayant été élevé par une femme plus scrupuleuse, mais Cora elle le souhaite vraiment. En en parlant à Bob, elle se prend vraiment à penser que la mort de sa génitrice la libèrerait de bien des problèmes et qu’elle n’y verrait aucune objection. Mais Cora, qui est si douce, si gentille, elle n’ose pas partager cette pensée à voix haute. Elle a bien trop peur que Bob la voit différemment après ce genre d’aveux. « Je ne trouve pas ça bête personnellement, au contraire même. » lui répond t-il, alors qu’elle qualifie de bête, l’idée qu’elle a eu d’accepter de se rendre là-bas, dans ce temple de la méchanceté. Elle s’interrompt, l’écoute donner son avis. « Parce que même si ça n’a pas tourné comme tu le voulais, tu as prouvé à ta mère que tu pouvais l’affronter, et qu’elle n’a plus d’emprise sur toi. » Elle n’en est pas aussi sûre que lui, elle a tout de même fini par quitter le repas alors qu’il venait à peine de commencer. Cora, elle voit juste qu’elle a fui. « Maintenant, si c’est ce que tu veux. Tu as tout à fait le droit de l’ignorer, comme ton frère, après tout c’est ce qu’elle mérite. » Elle prend ses paroles, elle lui donne raison. Bob ne sait pas tout, mais cette façon de la défendre et de lui donner cet avis dans l’unique de lui remonter le moral la touche énormément. Il l’a fait même sourire. Visiblement touchée par cet élan, elle passe son bras autour de son cou pour l’attirer à elle et lui déposer un baiser sur la joue pour le remercier. « Merci. Merci de m’écouter. » ajoute-t-elle avant de dégager son bras pour le laisser reprendre sa position initiale.

Elle finit par lui poser des questions sur lui, sur sa soirée. Elle se sent assez coupable de monopoliser sa conversation surtout que ça n’a jamais été trop son genre de s’étaler sur les choses négatives qui lui arrive. Elle n’a jamais trop aimé se confier, même si elle s’en rend compte en le faisant avec Bob, c’est certainement quelque chose qui manque à leur relation. Elle se prend à penser qu’elle devrait songer à corriger ce trait de caractère qui avec les années, se révèle être un gros défaut. Elle finit par se sortir de ses pensées, alors qu’il parle. Elle se pince légèrement les lèvres, coupable de ne l’avoir écoutée qu’à moitié. Mais elle lui répond, amusée d’entendre ses anecdotes de vie avec Vitto. Visiblement, l’italien semble être moins pénible à vivre qu’à travailler. Elle est contente pour Bob, après son divorce, il avait bien besoin de quelqu’un de vivant dans son quotidien. « Oh tu sais, c’est pas le top de rester debout pendant un trop longtemps en ce moment et, j’avais vraiment envie de passer ici. » dit-il en montrant sa jambe. « Ah oui ? » lui demande-t-elle, le cœur battant, curieuse de savoir pourquoi il aurait sacrifié une chouette soirée de noël pour elle, alors que ça n’aurait même pas été sûre qu’elle était là. Et en même temps, elle est très heureuse qu’il l’ait fait. « Je savais pas trop si tu étais déjà rentré mais au pire je serai resté comme un clodo devant la maison. » Elle souffle pour se moquer. « Tu parles, tu m’aurais appelé, je serais rentrée directement pour venir te voir. Tu es plus important pour moi que ma mère, et encore plus après le fiasco de ce soir. » Elle essaie d’en rire, ça ne sonne pas très juste mais bon, elle se remue le couteau dans la plaie là.

Probablement désireux de lui changer les idées, ou de lui éviter de continuer à se morfondre dans son canapé, Bob lui propose de lui préparer un dessert. Elle n’a rien contre, s’il trouve de quoi l’inspirer car si Cora a quelqu’un pour faire les courses pour elle, et bien elle se demande bien pourquoi parce qu’elle ne sait rien de ce qui traîne chez elle. C’est Eireen celle qui se prépare des trucs parfois. Elle, c’est le traiteur d’office. « Mhh… Je vois, mais tu sais je commence à te connaître et même si tu cuisines pas je peux surement trouver deux trois truc dans le frigo. Et tu sais je me suis nettement amélioré en cuisine depuis mon retour à Brisbane. » Et bien, s’il le dit, elle n’objecte pas. Elle lève le bras en direction de sa cuisine – toujours ouverte sur le salon – « et bien mon petit, je t’en prie, vole et nourris moi. » lâche t-elle en riant avant de le suivre pour continuer cette conversation dans la cuisine. Elle ne manque pas de prendre avec elle sa bouteille de vin et son verre, c’est beaucoup plus chill à son goût. « Alors let's go !» dit-il alors qu’elle le regarde faire comme chez lui sans sourciller, c’est à peine si elle apprend en même temps que lui ce qu’il y’a à sa disposition. « Et du coup, ça va avec Finn ? Ou il te considère toujours comme inexistante à ses yeux ? » demande t-il tout en fouillant, elle se saisit une gorgée de vin avant de répondre de façon nonchalante. « Je dois être encore inexistante à ses yeux. » dit-elle, blasée, en colère par cette situation et en même temps presque résignée. « Elle nous a fait du mal, à tous les deux, mais comme elle n’est pas dans sa vie, je prends tout à sa place les rares fois où l’on se voit. Et puis, Bryn suit le même chemin que lui. » explique t-elle, sans trop savoir comment le faire pour que Bob apprenne réellement quelque chose. Elle essaie de ne pas tourner autour du pot. « Parfois, j’ai tendance à croire que je devrais juste baisser les bras avec eux et me contenter de ce que j’ai. » admet-elle, honteuse. « Mais, j’y arrive pas. Ils ne le savent pas mais, je me suis beaucoup trop rattachée à eux pour les laisser partir. »

ob semble avoir le don de voir le vide à moitié plein, il présente une réponse plutôt encourageante aux regrets de Cora d’être allée chercher la confrontation avec sa mère alors que visiblement, elle n’était pas prête à le faire. A ce moment, elle apprécie sa façon de se tenir à ses côtés, de la défendre. Elle est très touchée. Réaction qui l’amène à rapidement le tirer vers pour embrasser sa joue. Le geste est brusque, un peu maladroit mais, elle en avait envie. « Je te l’ai déjà dit, pas de problème. Je suis là si tu as besoin de moi, toujours. » Elle le sait. El l’observant, un sourire au coin des lèvres, elle ne peut s’empêcher de penser que malgré sa situation familiale, elle peut s’avouer chanceuse d’avoir un entourage d’amis aussi proche d’elle et aussi près à la défendre et la soutenir. Elle est très fière à ce moment de se dire que Bob est présentement une des personnes capitales dans sa vie d’aujourd’hui et l’une des plus proches. Vraiment, elle a eu beaucoup de chance le jour où il est venu s’asseoir à côté d’elle dans un de ses cours d’animations. Le cours de la conversation change petit à petit. Elle ne tient pas à ne parler que d’elle et passer l’heure à se plaindre de ce dîner raté. Après tout, c’est Noël ce soir. Elle ne peut pas faire comme si tout était toujours rapporté à elle. Elle ne peut s’empêcher de s’étonner lorsqu’il lui dit qu’il avait envie de passer par ici. Elle se sent bête sur le moment, dès le départ, elle aurait dû voir avec lui pour partager leur plan de fête. « Bien sûr, et après tout. Tout le monde le dit que noël c’est une période que l’on passe avec les gens que l’on aime non? Alors m'a place est ici. » Effectivement, il a raison. Elle ne peut s’empêcher de donner raison à ses propos. D’ailleurs, depuis quand Bob tient-il des propos un peu adulte ? A-t-elle raté quelque chose ? « Moi aussi je t’aime. Et je suis contente que tu sois venu. Ça aurait être dû notre plan depuis le départ. » lui dit-elle en tapant sur sa cuisse (celle où il n’est pas blessé) tandis qu’il lui explique que même si elle n’avait pas été là plus tôt, il l’aurait attendu. Encore une chance qu’ils habitent dans un pays où Noël a lieu l’été, elle n’aurait pas donné cher de lui sur un autre hémisphère. Mais elle le rassure rapidement. Elle aurait tout lâché pour le retrouver et ne manque pas de lui souligner l’importance qu’il peut avoir pour elle. « Pareil pour moi Co’. J’abandonnerai n’importe quelle soirée pour ta frimousse. » lui dit-elle, attirant sur son visage un grand sourire qui contraste avec l’air désolé de Bob. « Encore désolé que ta soirée ait mal tournée. » Elle la tête avant de lui prendre le bras et de se serrer contre un peu comme si elle le consolait. « T’en fais pas, j’en suis à bien meilleure là. » Elle finit tout de même pas se détacher de lui, sûrement un peu heurtée par le côté non-conventionnel de son geste et également par la mouvement de Bob, qui est de se relever avant de lui proposer de lui faire à manger, ce à quoi bien sûr, elle ne répond pas non bien que les mises en gardes sur l’état de remplissage de son frigo sont abordés. Ils en arrivent à rejoindre la cuisine, Cora ne manque pas d’apporter avec elle son vin, on peut prendre compte que pour la soirée la bouteille ne sera qu’une extension de sa main. Alors qu’il fouille et qu’elle le regarde, un nouveau sujet est amené sur la table : la fratrie Coverdale. L’alcool aidant la tristesse de sa nouvelle, elle ne cherche pas à prétendre que tout va bien contrairement à d’habitude, et lui répond que ça va toujours mal avec son frère et elle lui explique une partie des raisons. « C’est bête d’en arriver là. Pourtant, je suis sûr qu’au fond il sait très bien que ça n’avance à rien de tout te remettre sur le dos. » Elle hausse les épaules. Elle n’est pas convaincue du tout, elle pense plutôt que la blâmer est une sorte d’exutoire pour Finn. Après tout, tout le monde a besoin d’un coupable. Elle ne fait que partager sa peine encore plus, son envie de résignation et en même temps, son envie de réconciliation. « Ouais, je peux imaginer. Je suis dans la même situation avec Félix alors que ce n’est même pas mon frère… J’imagine avec les liens du sang. » Effectivement. Mais elle apprécie l’effort pour compatir. . « Je pense que tu as raison de ne pas abandonner, ils finiront bien par ouvrir les yeux. Si tu as besoin d’aide pour un plan ou quelque chose comme ça, je suis ton homme. » Elle s’esclaffe de rire. « Tu penses à un plan façon club des cinq ? » Elle se moque un peu, mais maintenant, c’est de ça qu’elle a besoin. « Je trouverais comment me sortir de ça. » Elle préfère le rassurer, elle sait qu’un jour, ça ira mieux. Pendant qu’ils discutent, la chasse de Bob dans les placards de Cora semble pourtant se révéler infructueuse. Elle s’amuse de le voir espérer. La cuisine sert tellement à rien chez elle – sauf quand Eireen fait un petit plat – qu’elle pourrait presque encore servir de cuisine de démonstration pour le magasin de meuble. « Bon je suis désolé de t’apprendre que ton frigo est dépourvu de toute nourriture, je ne pourrais donc pas te faire un dessert maison… Mais comme je suis tombé sur un énorme pot de glace dans ton congèle, je me dis que tout n’est pas perdu. Ça te dit qu’on lui fasse sa fête sur le canapé ? » Et bien, elle ne semble pas contre. « ça marche ! Tu me feras un dessert la prochaine fois alors ! » dit-elle en sautant de l’élément où elle s’était perchée pour discuter, sa main étant happée au passage par celle de Bob, ils retournent tous les deux s’asseoir à leur place initiale. Evidemment, le vin aussi. « Tu me tiens au courant si ça avance avec un des deux ? Je suis sûr que les choses vont finir par rentrer dans l’ordre tôt ou tard, personne ne te résiste. » Elle attrape la cuillère au passage, impatiente qu’il ouvre le pot pour commencer à discuter. Sa réaction est tout de même de rire à nouveau. «  Haha, tu fais sonner ça comme si c’était facile. » Elle révise son ton. «  Mais, oui, je t’en parlerais. Je pense qu’avec les fêtes, je ne devrais tout de même pas tarder à les revoir. C’est difficile, mais dans ces moments-là, on arrive à peu près à obtenir quelque chose. » Ouais, deux grognements pour le prix d’un de la part de Finn. Quoique, vu que Bryn est en échange, peut-être sera-t-il moins bougon. « Mais du coup, tu me parlais de Félix. Vous avez parlé ? C’est toujours tendu ? » A cause de Bianca, manque t-elle de demander, mais elle a bien trop peur de ne pas manquer d’honnêteté.

Oui, on ferra ça la prochaine fois. Content que ça aille un peu mieux » lui dit-il, provoquant un sourire de la rousse, qui alors qu’elle conjugue le verbe aimer sent un léger malaise s’installer en elle, comme si c’était déplacé entre eux alors qu’elle ne fait que lui témoigner la vérité. Il fait partie de ces personnes qu’on aime et que l’on veut voir chaque année à Noël. Fort heureusement, Bob ne réagit pas, et plutôt que de rester les pensées bloqué sur ce thème, elle passe à autre chose et l’accompagne jusqu’à sa cuisine, ou il sera très rapidement déçu d’apprendre qu’il n’y a rien. Assise sur l’un des éléments, elle poursuit sa conversation avec lui, qu’il tourne autour d’un autre membre de sa chère famille : son frère. Elle n’ose pas le lui dire tandis qu’il semble parfaitement confiant dans le fait que Cora arrivera un jour à se réconcilier avec son jumeau. Bob est peut-être trop naïf, ou bien, il la surestime beaucoup trop parce que même si elle essaie encore, Cora a bien conscience que c’est en vain. Ne voulant pas gâcher la soirée plus qu’elle ne l’a déjà été, elle se contente d’en plaisanter quand Bob suggère l’idée de mettre en place des plans pour réparer leurs liens brisés. « Je pensais à un truc un peu plus fourbe que le club des cinq mais si on a pas besoin d’en arrivé là ça m’arrange. » Elle échange un sourire de complicité avec lui avant d’ajouter qu’elle trouvera une solution seule. Loin d’elle l’idée de mêler Bob à ses histoires de famille. Et puis, elle n’est pas sûre que tendre des pièges soit la meilleure manière d’arriver à quoi que ce soit. « Je n’en doute pas. » ajoute t-il, toujours trop confiant en elle et avant de rendre les armes face au vide qui compose le frigo de Cora. Le seul truc qui sert dans la cuisine, c’est le téléphone pour appeler le traiteur. Tout le monde n’a pas un coloc qui cuisine. Elle finit par redescendre de son perchoir et le suivre jusque dans le salon. « Tu passerai à la maison alors, comme ça je serai certain d’avoir tout le matos à porter de main. » « Ah oui ? Je ne savais pas que tu étais soudainement branché cuisine. Vitto a fait de toi une vraie ménagère. » dit-elle en se moquant gentiment de lui, avant de retomber dans son canapé, la fatigue et la flemme rendant ce geste très peu gracieux. « Je le fait parce que ce sera le cas. Tu vas les faire craquer j’en suis sur, c’est qu’une question de temps je sens déjà les fissures d’ici. Alors ils n’ont plus aucune chance de s’en sortir. » assure t-il alors que la conversation sur la famille de Cora reprend. Elle a du mal à cacher son air sceptique. « J’ai confiance en toi, tu trouveras une solution. » Elle réprime un rire, même si elle apprécie le soutien qu’il lui apporte, elle préfère rester honnête sur la situation. « C’est gentil, mais je pense que tu me place sur un piédestal. Si tu m’idéalise trop, je vais finir par te décevoir aussi. » avoue t-elle, gênée et en même temps, abbatue par le rappel de la situation. Sujet qu’elle décide de changer à son tour, sans lui laisser la chance de répondre. Compte tenu de la forte dose de vin qu’elle a consommé et du fait qu’elle soit toujours trop émotive dans ces moments là, elle préfère ne pas aborder ses propres soucis. « Ouais, enfin je l’ai pas trop revu depuis l’accident… Mais il n’a pas l’air de s’être vraiment inquiété pour moi. » répond t-il en parlant de Félix. Peut-être n’a-t-il pas voulu le montrer ? Il est vrai que même pour elle, après qu’elle eut vérifié l’état de Bob a l’hôpital, sa seule inquiétude a été qu’il arrive à tenir en place en attendant de pouvoir reprendre le travail. Inquiétude que Félix aurait pu garder pour lui pour protéger son égo. « Mais je vais faire comme toi ! Je ne baisserai pas les bras. J’pense qu’un de ces jours je vais probablement débarquer chez lui avec des pizzas ou des sushis. Il aura pas d’autre choix que de me laisser entrer. » « Ah oui ? T’y vas comme ça toi ? » lui demande en riant, en s’imaginant Bob mendier avec de la bière trois minutes du temps de Félix. Et pourtant, elle est convaincue intèrieurement que la porte finira par se rouvrir, alors que pour elle, elle sait qu’elle restera fermée. « J’vais pas lâcher, il finira bien par me reparler. C’est juste plus compliqué que je le pensais. » admet-il tandis que tout doucement, elle pose sa tête sur son épaule pour s’assoupir. Elle ne pense à fermer les yeux que quelques secondes pour les reposer, et puis elle est sûre d’être en train d’écouter Bob très attentivement dans ce qu’il raconte, sauf qu’à un moment, la situation est bien là. Cora s’est endormie sur lui.