| like a rash on the back of a manky cat (#21, scarlett) |
| | (#)Mer 15 Fév 2017 - 3:22 | |
| scarlett & tommy like a rash on the back of a manky catI dress myself like a charcoal sketch, my eyes are brown and my hair's a mess. They annoy me those who employ me, they could destroy me, they should enjoy me. We eat Chinese off our knees and look for each other in the TV screen ☆☆☆ C'était probablement la première fois depuis longtemps – depuis toujours – que Tommy réussissait à entrer et sortir de la maison de ses parents sans s'être pris la moindre réflexion grinçante, dubitative ou simplement vaguement agacée. Sa bonne foi aurait été tentée de penser que ses géniteurs aient commencé un travail sur eux-même pour accepter l'idée que leur fils, dans son imperfection, n'était pas une cause perdue pour autant, mais sa mauvaise foi elle lui susurrait à l'oreille que l'un et l'autre étaient simplement trop occupés à s'inquiéter pour une autre Warren. Une Warren qui méritait bien plus leur intérêt et leur présence que lui, assurément. Margaret avait son air de chien battu, celui qu'elle arborait chaque fois que son cœur d’artichaut avait été piétiné par le premier venu, et si pour une fois Tommy était celui qui en connaissait la raison leurs parents eux tentaient désespérément de lui tirer les vers du nez tandis qu'elle était venue passer la Saint-Valentin chez eux … Si cela n'avait pas été elle, le brun aurait presque pu compatir et avoir pitié, il ne faisait pas bon avoir les parents Warren sur le dos lorsque l'on avait envie d'aller mieux, mais puisqu'il s'agissait de Margaret autant dire que Tommy avait un taux de pitié très faible. Après tout elle n'avait que ce qu'elle méritait, un jour peut-être apprendrait-elle de ses erreurs … Un homme marié, vraiment ? C'était d'un cliché. « Je crois que ta tante Meg a besoin qu'on lui change les idées. » avait-il même murmuré l'air de rien à l'oreille de Moïra en la laissant là pour aller travailler, sachant pertinemment que les babillages d'une enfant de sept ans n'était probablement pas ce que son aînée avait envie d'endurer ce soir … Qu'à cela ne tienne, elle qui réclamait toujours Moïra, elle ferait avec, ce soir. Plus épuisé par sa soirée de boulot qu'il ne voulait bien l'admettre, se ruant presque sur les antalgiques de son armoire à pharmacie à peine passé le seuil de son appartement, le brun avait ignoré son estomac qui lui signifiait sa faim et s'était laissé tomber dans son canapé avec nonchalance. L'appartement lui semblait toujours affreusement vide quand Moïra n'était pas là. Attrapant son ordinateur portable sur la table basse il s'était résolu à laisser le sommeil le gagner devant un épisode d'il ne savait même pas quoi. Dubitatif, laissant parfois échapper un soupir d'ennui, il avait finalement opté pour un vieil épisode d'Homeland qu'il avait déjà vu et qui aurait au moins l'avantage de ne pas lui demander trop de concentration. Non, le plus gros de sa concentration lui servait déjà à garder un tant soit peu de maîtrise de lui-même tandis qu'un milliard – au moins – de pop-up publicitaires l'empêchaient de commencer son épisode. Des promotions sur les planches de surf, comment devenir millionnaire en cinq étapes ''très faciles'', et bien sûr comment rencontrer les filles chaudes de sa région « C'est une … » Blague ? La fille sur la photo, oui, c'était forcément une blague, ou plutôt une sale coïncidence. Disons cela. « Tommy, mon vieux, t'as vraiment besoin de sommeil. » Tentant de se raisonner, il n'avait pourtant pas été capable de cliquer sur la petite croix rouge, bloqué entre curiosité et profond malaise tandis qu'il tentait de détailler les traits du visage de la brune à moitié – plus qu'à moitié – nue illustrant l'encart publicitaire. Ne clique pas, ne fais pas ça, tu vas le regretter. Foutaises, sans rien écouter à sa conscience Tommy avait cliqué, laissé sa souris le guider une page après l'autre … Et finalement refermé l'écran avec précipitation, essayant sans succès de retirer de son esprit l'image qu'il avait sous les yeux quelques micro-secondes plus tôt. Je t'avais bien dit, que tu le regretterais. Le milieu de la nuit ? Rien à foutre, attrapant ses clefs, la démarche fluidifiée par les effets des antalgiques sur son organisme, Tommy avait parcouru au radar les quelques pâtés de maison qui séparaient son immeuble de celui de ''Serena''. Et grimpé deux par deux les marches jusqu'à l'étage de sa destination, cognant contre la porte sans la moindre attention pour les éventuels voisins que cela pourrait déranger, et aboyant presque « Non mais tu te fous de moi ?! » à peine sa sœur avait-elle ouvert la porte, visiblement prise au dépourvu et ne s'attendant pas à recevoir de la visite à une heure pareille. « Serena, pourvoyeuse de vos fantasmes inavoués ? Mais tu as rien dans le crâne ou quoi ! » L'espace d'un instant Tommy avait tout oublié, tout, à commencer par le fait que jamais encore il n'avait élevé la voix de cette façon envers Scarlett, ainsi que le fait qu'il était probablement le moins bien placé de tous les Warren pour se lancer dans une quelconque leçon de morale. Non, à cet instant précis rien n'importait d'autre que l'idée écœurante que des types de tout le pays s'astiquaient probablement devant des images de sa sœur, nue, sur le grand océan d'internet.
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| | | | (#)Ven 24 Fév 2017 - 0:36 | |
| Un. Deux. Trois. Trois, c’était le nombre de shot de tequila que Scarlett venait de faire, la brune émargeant enfin de sa salle de bain après des heures de préparation. C’était une soirée particulière, après tout, vu sa ligne de travail la Saint Valentin était l’opportunité parfaite pour se faire un peu d’argent et de payer son loyer pendant les trois prochains mois à venir si Scarlett et si surtout Serena jouait bien ses cartes ce soir. Scarlett avait concentré toute son énergie les dernières semaines sur son autre affaire, à savoir écouler le stock que son très cher fournisseur lui avait confié. La brune se moquait bien de dormir avec de la cocaïne et autres charmants produits tout aussi létaux sous son lit, non, elle s’en contre-balançait, mais elle avait été déterminée à bien faire son boulot et à polluer autant que possible les rues de Brisbane. L’esprit de Noël, tout ça, les vacances avaient, et ça Scarlett n’allait jamais l’admettre, réveillé chez elle un profond sentiment de solitude qu’elle avait rapidement noyé dans l’alcool et dans la revente de son stock.
Mais il ne restait plus rien sous le lit de la jeune femme, enfin pratiquement plus rien et il était temps de reprendre sa première affaire. Surtout que Serena était demandée. L’autre brune, plus inaccessible et définitivement avec moins de problèmes que Scarlett avait reçu de nombreux cadeaux et de messages à l’occasion de ce mois de Février. Les célibataires de ce monde devenait de plus en plus pervers et ce 14 février, ils voulaient un show de qualité pour se rincer l’oeil et surtout pour oublier qu’ils étaient seuls. C’était parfait, c’était précisément ce que Scarlett recherchait. La trentenaire avait donc passé une grande partie de sa journée dans sa salle de bain, après tout si Serena devait faire une grande apparence, rien ne serait laissé au hasard. Si Beth savait comment avait été utilisé tous les produits de beauté de leur dernière virée shopping, elle aurait probablement fait une crise cardique, mais en même temps l’ainée des Warren devait bien savoir que ce genre de sortie n’était pas du tout Scarlett, il y avait forcément un motif. Et le motif avait été de laver, d’exfolier, de polir et de rendre parfait le moindre centimètre carré de sa peau, Scarlett avait même été jusqu’à acheter une perruque pour se donner l’air d’avoir les cheveux plus long.
La pièce de résistance était évidemment l’ensemble de chez Victoria Secret’s qu’elle portait, les fans de Serena connaissait très bien cette dernière et le rouge était définitivement sa couleur. « … C’est parti. » Scarlett reposa la bouteille de tequila dans l’évier de la salle de bain, là où elle appartenait visiblement et s'empara de son ordinateur portable, se dirigeant vers sa chambre. La caméra fut rapidement allumée et Serena passa les premières minutes à montrer son ensemble rouge et à remercier le fan en question. Il y avait un cadeau en particulier qu’elle tenait à ouvrir devant son précieux public, après s'être approchée à une distance plus que convenable de son écran, elle rapprocha l’objet en question de son visage, se léchant déjà les lèvres. « Alors je sais déjà qui remercier pour le cadeau mais soyons honnête… vous allez tous en profiter n’est-ce pas ? » Serena et là Scarlett en l’occurence, recevait ce genre de jouets tout le temps, elle les utilisait très rarement, mais ce soir était une occasion spéciale et puis elle était certaine que son tout nouveau cadeau pouvait rentrer tout entier dans sa bouche. Scarlett ne s’attendait pas à ce que quelqu'un tape à sa porte, et surtout pas avec une telle intensité. « Qu’est-ce… » Il ne lui fallut pas plus pour redescendre et regagner la réalité et Scarlett cligna des yeux pendant plusieurs secondes avant d’agir. Pas de Serena ce soir. « Show’s over fuckers.» lança la brune à la caméra, elle ferma son ordinateur d'un coup sec et s’empressa de rabattre les couvertures pour cacher ses activités précédentes.
L’esprit de la brune fonctionnait déjà à plein régime et elle imaginait les pires scénarios, peut-être que c’était son dealer qui avait décidé d’envoyer quelqu’un pour la dissuader de continuer ses affaires, ou alors un autre client l'avait retrouvée, ou il s'agissait d'un fan qui avait réussi à remonter jusqu'à sa vraie adresse. Quoi qu'il en soit, Scarlett récupéra les derniers grammes de cocaïne et les pilules qui lui restait pour les planquer dans sa salle de bain. Elle avait remarqué des mois en arrière ce trou dans ce mur qu'on ne pouvait voir qu’à un certain angle et qui était en partie caché par sa baignoire, il suffisait de pousser et toutes les preuves disapraissait. Maintenant, son mystérieux invité. Scarlett aurait dû songer à se rhabiller, probablement, mais elle ne le fit pas et se figea littéralement sur place quand Tommy, énervé, la voix beaucoup trop forte, mit les pieds dans son appartement. « Serena, pourvoyeuse de vos fantasmes inavoués ? Mais tu as rien dans le crâne ou quoi ! » …. Et soudainement tout cliqua, l'heure, le ton de sa voix, ses mots. Il savait. « Tommy je suis d… » Non, non, Scarlett n’était plus une petite fille, ce n'était pas comme la fois où elle avait fugué et qu’il l'avait ramenée, non... S'il savait parfait, que grand bien lui fasse. La brune avait évidement redouté ce moment, mais il n'était pas question de ça, elle avait réalisé des semaines en arrière qu'elle se moquait de l'opinion de son cher grand frère. Quand ? Probablement quand elle était en train d’avoir le pire bad trip de toute sa vie dans les bras de James.
Mais c'était fini, elle n’allait pas changer, pour personne, si Tommy avait préféré être aveugle et croire à tous ses mensonges, c'était son problème à lui. Aussi, Scarlett prit une profonde inspiration et croisa les bras sur sa poitrine. « Non tu sais quoi, je ne vais pas m’excuser. Tu sais ce que je fais de mes soirées et tu sais comment je fais pour vivre et pour payer mon loyer. Parfois. Je ne pense pas que tu sois le mieux placé pour me juger et je t’aviserai de ne pas le faire. » Scarlett conclut sa phrase par un sourire mauvais, de ceux qu'il n'avait jamais vu. La jeune femme n’avait plus besoin de faire semblant, c'était stupide de croire que juste parce que Tommy était revenu à Brisbane, tout allait aller pour le mieux, c'était stupide. « Soit dit en passant je ne te demande pas comment tu as fait pour tomber sur Serena, tu as dû fouiller mon grand, elle est définitivement pas facile à trouver. » Elle lui lança un clin d’oeil et lui montra la porte qui était toujours grande ouverte. « Maintenant dégage de chez moi. »
- Spoiler:
Juste pour ajouter au malaise, Scarlett porte ---> ça
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| | | | (#)Mar 21 Mar 2017 - 3:43 | |
| S’il était totalement honnête avec lui-même, Tommy savait d’ores et déjà qu’il regretterai avec un peu de recul d’avoir eu une réaction aussi excessive, et de ne pas avoir pris le temps de la réflexion avant de débarquer chez sa cadette à une heure aussi tardive, et d’aussi méchante humeur. Mais pour l'heure il ne parvenait pas à réfléchir posément et se contentait de se laisser guider par l'impression révoltante qui s'était emparée de lui lorsqu'il avait découvert sa sœur en petite tenue sur le genre de page internet où l'on ne souhaiterait jamais voir un membre de sa famille quel qu'il soit. Jusqu'à récemment, et peut-être parce qu'il se voilait totalement la face, le brun s'était persuadé que les histoires de fesses de Margaret serait la seule chose dans laquelle il se sentirait l'obligation de faire le ménage, par principe plus que parce qu'il se sentait véritablement concerné par le sort réservé au cœur de sa sorcière de sœur d'ailleurs … Pour ce qui était de Scarlett en revanche les choses étaient différentes, que ce soit à tort ou à raison Tommy se sentait concerné. Et comme souvent ses dix années d'absence lui faisaient oublier que sa petite sœur n'était plus une adolescente paumée sur tous les plans, mais une adulte … Un peu paumée, sans doute, mais une adulte malgré tout. Un oubli d'autant plus facile à cultiver tandis que, ouvrant la porte à la volée, la jeune femme s'était décalée pour le laisser rentrer en déclamant sa colère « Tommy je suis d … » L'espace d'un instant il avait vu son menton trembler de la même façon qu'il le faisait lorsqu'elle était toute petite, lorsque leurs parents ou l'un de leurs aînés lui reprochait ou lui interdisait quelque chose qu'elle estimait injuste, et qu'elle venait témoigner de cette injustice auprès du seul membre de la famille qu'elle savait toujours se ranger de son côté. Aujourd'hui Tommy se trouvait dans la position de celui supposé passer un savon, et il n'était pas certain d'apprécier la façon dont Scarlett venait subitement de changer d'air en croisant les bras pour se jauger des pieds à la tête « Non tu sais quoi, je ne vais pas m'excuser. Tu sais ce que je fais de mes soirées et tu sais comment je fais pour vivre et pour payer mon loyer. Parfois. Je ne pense pas que tu sois le mieux placé pour me juger et je t'aviserais de ne pas le faire. » Elle lui aviserait de ne pas le faire. Elle lui aviserait de ne pas le faire. La formulation venait momentanément de lui clouer le bec, à moins que ce ne soit le fait de subitement prendre conscience de la tenue dans laquelle sa sœur lui avait ouvert et qui semblait maintenant lui sauter aux yeux tandis qu'elle ajoutait d'un ton narquois « Soit dit en passant je ne te demande pas comment tu as fait pour tomber sur Serena, tu as dû fouiller mon grand, elle est définitivement pas facile à trouver. Maintenant dégage de chez moi. » Le contraste entre le clin d’œil presque moqueur et le ton glacial avec lequel elle le mettait à la porte avaient fait perdre un instant ses moyens à Tommy, qui avait ouvert la bouche sans qu'aucun son n'en sorte. « Non. » Il lui avait fallu encore un instant pour réaliser que son refus avait bel et bien été signifié à haute-voix et non pas simplement dans sa tête, après quoi il avait peu à peu retrouvé un certain aplomb. « Tu penses vraiment que je vais rentrer chez moi et trouver le sommeil en sachant que n'importe quel pervers caché je-ne-sais-où rêve de … okay, non, j'ai même pas envie de penser à ça. » C'était au-dessus de ses forces, il en fallait pourtant beaucoup pour impressionner Tommy, pas du genre à avoir froid aux yeux en temps normal mais là … Non. Se faisant pourtant violence il avait tenté de retrouver un ton un peu plus mesuré, un peu plus au fait de son inquiétude que de sa colère bien qu'au fond les deux notions soient dans le cas présent étroitement liées. « Mais sérieux Scar, les dangers d'internet, tout ça, ça te parle ? Pourquoi tu m'as pas dit que t'étais en galère de loyer ? On aurait trouvé une solution, ou je sais pas … On aurait trouvé un truc. » Un truc qui ne consistait pas à se vendre sur la toile comme un vulgaire bout de viande, c'était ce qu'il essayait de dire sans vouloir le nommer. Au fond il tentait de se rassurer quant au fait que sa petite sœur était toujours le bébé pour lequel il avait envie de la prendre, que cette froideur et cette décision de le mettre à la porte n'étaient que de la poudre aux yeux et qu'elle saurait très bien deviner toute seule qu'il ne voulait que son bien et rien d'autre … Il tentait tellement de s'en persuader qu'il n'avait aucunement conscience du fait que cela ne soit pas aussi flagrant qu'il l'imaginait. « Va te mettre un truc sur le dos et on va trouver une solution, d'accord ? On va arranger ça … » Parce qu'elle se sentait contrainte, forcée, pas vrai ? Elle pensait ne pas avoir le choix, et allait forcément accepter l'aide que Tommy essayait de lui imposer, persuadé d'agir pour le mieux et pour son bien à elle … Il pensait tenir la solution ultime, lui, avec sa fausse douceur supposée l'amadouer et ce ton suppliant lui donnant l'air plus paumé encore que la brebis égarée qu'il imaginait être sa cadette.
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| | | | (#)Jeu 23 Mar 2017 - 20:34 | |
| « Tommy… arrête tout de suite. » Plus Scarlett l’écoutait parler et plus cette espèce de rancune et de colère qu’elle avait accumulée à l’égard de Tommy pendant toutes ces années grandissait. Elle se sentit serrer les poings, une partie d’elle ayant vraiment envie de lui en coller une. Là en plein milieu de la figure. Ou juste de l’agripper par les épaules et de le secouer. De lui demander pourquoi. Pourquoi voulait-il jouer les grands frères attentionnés et aimants maintenant ? Des années en retard ? Pourquoi tenter de la sauver maintenant ? Pourquoi est-ce qu’il prétendait en avoir quelque chose à faire ? Non, il était parti sans un regard en arrière, se contentant de quelques coups de fils et autres misérables lettres comme si entendre sa voix à peine étouffée à l’autre bout du monde allait réussir à la réconforter. Il avait été sa maison et la seule personne à qui elle pouvait faire confiance pendant des années et tout ça pour rien… Tout ça pour se rendre compte qu’elle avait été complètement stupide, qu’elle s’était bercée en illusions elle aussi et que Tom-Tom n’était pas un héro mais juste un gars paumé comme elle. Tout comme elle. Alors non, il n’avait rien à lui dicter, rien à lui apprendre et pas de conseils à lui donner.
Scarlett avala difficilement sa salive, ravalant probablement l’insulte qui menaçait de s’échapper de ses lèvres et elle attrapa une de ses robes de chambre qui trainait sur une chaise et se couvrir un peu plus. Elle s'empara ensuite de son paquet de cigarettes sur sa commode et en alluma une rapidement. En temps normal, elle lui en aurait proposé, mais pas ce soir, il semblait bien que tout changeait ce soir et le peu de compassion qu’elle avait eu pour son frère était en train de partir là, juste en fumée, dans ce nuage de nicotine là qui semblait l’entourer. Tommy parlait d’arranger ça, de s'occuper de tout ça, de trouver une solution… Comme si elle était encore cette adolescente perdue au bord de la route, en train de faire de l’autostop pour partir loin de chez elle et ne jamais revenir. Non, Scarlett n’avait plus quinze ans, elle avait pris ses décisions depuis longtemps, et chacun des pas qu’elle faisait, chacun des shots qu’elle buvait, chacun des sourires qu’elle exécutait, était toujours voulu. C’était sa vie, complètement bordélique, chaotique et probablement terrifiante sous certains aspects mais c’était sa vie à elle, telle qu’elle l'avait toujours voulu. Elle n’avait pas besoin de se justifier ici, auprès de ses amis ou de ses clients, elle était qui elle voulait, sans concession. Peut-être qu’au final, Serena n’était pas juste un fantasme sur internet, peut-être qu'elle existait réellement et si Scarlett essayait de faire la distinction entre les deux c’était pour ne pas effrayer les gens de sa famille au final. Mais plus besoin de faire semblant.
« Ce n’est pas un problème, tu ne vas pas t’en occuper et tu sais pourquoi ? Parce que ça ne te concerne pas. » La voix de Scarlett était étrangement calme et mesurée, elle ne voulait pas rassurer Tommy, non, ça il allait le faire tout seul comme un grand, elle allait être honnête, plus honnête qu’elle ne l’avait été depuis son retour à Brisbane. « Je ne vais pas devenir ta cause du moment okay ? Ce n’est pas juste un truc en passant, non, je le fais parce que je suis douée et parce que dans le fond, ça ne me dérange pas tant que ça. Et j’irai même jusqu'à dire que j’aime vraiment mon métier. » Scarlett ponctua sa phrase par un clin d’oeil, il n’était pas juste provocateur, il était sincère. Peut-être que c’était pathétique de passer des heures à se préparer dans sa salle de bain pour aller ensuite répondre aux ordres des hommes les plus pervers de la planète devant sa caméra, mais Scarlett s’en moquait. Ils voulaient Serena, ils étaient prêts à payer pour elle alors Scarlett acceptait de donner un peu de sa personne, ça n’était que du vent, c’était purement physique, à aucun moment on allait lui demander quel était son film préféré, ou ce qu’elle voulait faire dans la vie, ou pourquoi est-ce qu’elle tenait un journal intime depuis ses seize ans. Tout le monde s’en moquait sur la toile, et c’était parfait. « Ça fait plus d’un an que je fais ça et crois-moi, si tu savais ce que je fais en plus de ça pour gagner ma vie, tu serais encore plus choqué.»
Son ami Mark était toujours le premier à l’appeler quand il y avait un métier louche en ville, il savait que Scar serait la seule pour relever le défi, tout comme il savait qu'il devait la prévenir dès qu'une soirée étudiante avait lieu pour qu’elle aille revendre sa marchandise aux âmes innocentes de Brisbane. Non Tommy ne savait pas, il valait mieux qu'il reste sur la touche et qu’il la laisse tout gérer. « Mais c’est ma vie, parce que je l’ai choisie et crois-moi si un de ses connards essayent de m’approcher… qu’est-ce que je raconte c’est déjà arrivé par le passé… disons que mes amis lui ont fait passer l’envie de recontacter Serena ou encore de la retrouver. » Scarlett tira sur sa cigarette avec un autre sourire aux bords des lèvres, elle pensait notamment à Vance, un admirateur un peu trop collant qu'elle avait fini par déposer devant chez lui après trois jours de fêtes et avec un de ses genoux pété et la gueule sérieusement amochée, preuve que Scarlett pouvait se débrouiller toute seule. « Tu as d’autres questions stupides ou je peux continuer ce que je faisais ? » |
| | | | (#)Ven 14 Avr 2017 - 20:45 | |
| Au fond Tommy n’avait pas toujours conscience des changements qui s’étaient opérés durant ses dix ans d’absence, ou du moins pas de ceux survenus sur d’autres personnes que lui-même. Le brun avait changé en dix ans, c’était indéniable, certains diraient en mieux, d’autres en pire, mais toujours est-il qu’il en avait au moins un peu conscience … Et malgré cela il avait toujours un petit moment de latence ou d’hésitation lorsque quelque chose qu’il avait laissé à Brisbane s’avérait avoir également changé en son absence. Ce n’était d’abord que des futilités matérielles, des commerces qui n’existaient plus en passant par des immeubles qui semblaient avoir jailli du sol … Mais plus le temps passait plus il prenait la mesure des personnes qui avaient changé elles aussi. Et parmi elles il y avait Scarlett, Scarlett que Tommy regardait toujours du même œil que si elle avait dix ou quinze ans de moins, Scarlett dont il oubliait parfois qu’elle était une adulte, plus adulte encore que celui qu’il était lorsqu’il avait pris la décision de s’expatrier à l’autre bout du monde. C’était flagrant pourtant, à commencer par ce ton tranchant avec lequel elle avait demandé « Tommy … arrête tout de suite. » et l’air détaché qu’elle se donnait en allumant une cigarette comme si la conversation revêtait pour elle un caractère divertissant. Aux yeux de Tommy sa cadette oscillait entre naïveté et inconscience, sans qu’il ne soit vraiment à même de décider ce qui lui semblait être la pire des deux options ; Mais ce n’était pas le plus urgent, à l’heure actuelle. Non, ce qui lui semblait urgent à cet instant c’était de sortir Scarlett de la galère dans laquelle elle semblait s’être fourrée plutôt que de lui demander un coup de pouce. « Ce n’est pas un problème, tu ne vas pas t’en occuper et tu sais pourquoi ? Parce que ça ne te concerne pas. » L’air interdit, il la fixait comme si elle venait de dire une énormité, et s’attendait presque à ce qu’elle opère un changement de ton radicale à la seconde suivante. Mais non, au lieu de cela elle avait continué de la même manière « Je ne vais pas devenir ta cause du moment okay ? Ce n’est pas juste un truc en passant, non, je le fais parce que je suis douée et parce que dans le fond, ça ne me dérange pas tant que ça. Et j’irai même jusqu’à dire que j’aime vraiment mon métier. » Interprétant son clin d’œil comme une basse provocation il n’avait pu que répéter, interloqué « Ma cause du … Ma cause du moment, non mais tu t’entends parler ? Sérieux Scar, à quoi tu joues au juste ? » Est-ce qu’elle n’avait pas un peu passé l’âge pour la crise d’adolescence ? Et face à lui qui plus est, est-ce qu’elle avait oublié que dans cette famille c’était lui, celui qui était de son côté ? Au lieu de donner l’impression de se raisonner un peu, la jeune femme avait soufflé la fumée de sa cigarette avec nonchalance, laissant à Tommy le soin de garnir son esprit d’images dont il se serait bien passé concernant ce métier qu’elle aimait vraiment et pour lequel elle était si douée. « Ça fait plus d’un an que je fais ça et crois-moi, si tu savais ce que je fais en plus de ça pour gagner ma vie, tu serais encore plus choqué. » Elle ne faisait que le provoquer, il voulait croire qu’il ne s’agissait que de pure provocation de sa part et qu’elle n’était en rien sérieuse … Parce qu’il cherchait, il cherchait, et de fil en aiguille la suite logique – du moins à cet instant – ne lui semblait pouvoir prendre qu’un seul chemin « Tu veux dire que tu … vraiment ? La prostitution ? » En lieu et place de la colère qui l’animait quelques instants plus tôt (et malgré tout toujours nichée dans un coin de sa tête), le ton balbutiant de Tommy s’était mué en une inquiétude mêlée à une profonde incompréhension. Il s’imaginait sa petite sœur, ballottée et traitée comme une vulgaire poupée de chiffon, et l’image lui était tout bonnement insupportable. « Mais c’est ma vie, parce que je l’ai choisie et crois-moi si un de ces connards essayent de m’approcher … Qu’est-ce que je raconte c’est déjà arrivé par le passé … Disons que mes amis lui ont fait passer l’envie de recontacter Serena ou encore de la retrouver. » Les émotions se succédant à la vitesse de l’éclair dans sa boite crânienne Tommy avait à nouveau senti ses poings se serrer « Tu as d’autres questions stupides ou je peux continuer ce que je faisais ? » Un éclair de sévérité était passé dans ses yeux tandis qu’il semblait la défier du regard, sans pour autant faire le moindre geste de nature à laisser penser qu’il prévoyait de s’en aller. « Et tes amis prennent aussi une commission sur tes performances, je suppose ? Ou bien alors tu les payes en nature ? C’est aussi eux qui t’ont mis dans le crâne que tu étais une putain de marchandise ? » Il s’était mordu la langue, incapable de trouver un compromis entre le fait qu’il se sente profondément révolté par la situation et l’impression que donner ainsi du grain à moudre à Scarlett était tout sauf la bonne méthode. Il le savait bien au fond, ils étaient faits dans le même moule tous les deux. Le moule ébréché que l’on avait épargné à leurs trois aînés. « Écoute je … excuse-moi. J’aurai pas du crier sur toi, j’ai pas réfléchi, je … Mais tu peux pas me faire croire que tu … » Est-ce qu’elle ne pensait pas valoir mieux que ça ? Il se questionnait sans pourtant oser formuler la question à voix haute. Scarlett valait mieux que ça, Scarlett n’était pas un bout de viande. Scarlett était sa petite sœur, elle ne valait pas mieux que ça, elle méritait mieux que ça. « Mais tu t’imagines quand même pas que je vais juste … rentrer chez moi, et prier pour qu’un taré ne vienne pas un jour sonner chez toi avec des idées de tordu plein la tête ? T’as pensé à ça ? T’as pensé à ce qui se passera si tes soi-disant copains ne sont pas dans le coin pour voler à ton secours ? Tu penses que je vais attendre sagement qu’il t’arrive quelque chose ? » Ou pire.
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| | | | (#)Dim 23 Avr 2017 - 22:31 | |
| Il ne comprenait rien, absolument rien, plus Tommy ouvrait la bouche, plus il lui posait des questions et plus elle se rendait compte que cet homme dans son appartement, ce n'était pas son grand frère. C'était un parfait inconnu, Tom-Tom avait dû mourir dans le grand froid du Canada ou quelque chose comme ça. Mais ça ne pouvait pas être lui là, non, pas celui qui posait des questions qui n'avaient pas leur place ici et qui la questionnait encore et encore. Face à ses excuses, Scarlett se sentit serrer les poings. Elle avait envie de lui en coller une, essayer de lui briser le nez au moins. Mark lui avait appris il y a des années en arrière comment donner une droite décente... si ça devait servir, c'était bien maintenant, non ? Alors comme ça il ne pouvait pas retourner chez lui ? Non il ne pouvait pas maintenant qu'il savait.... Et il parlait de malheurs... Comme si quelque chose n'était pas déjà arrivé, comme si Scarlett ne s'était jamais retrouvée dans un lit qui n'était pas le sien, comme si personne ne l'avait jamais suivi chez elle et comme si elle jouait avec le feu sans savoir qu'elle pouvait se brûler. Oh mais elle voulait, de toutes ses forces et repartir avec des cicatrices qu'elle avait voulu. Mais non, non, il allait la sauver.
« PERSONNE NE T'A RIEN DEMANDÉ ! PERSONNE ! » Hurla enfin Scarlett, sa cigarette tombant enfin par terre. La brune était plus énervée que jamais, tout ce qu'elle ne lui avait jamais dit allait enfin sortir. Voilà, elle était à bout, elle en avait assez de devoir se justifier, assez qu'on veuille l'excuser, éloigner la cigarette de ses lèvres et la consoler. Elle ne voulait plus qu'on la console, il était trop tard pour ça, Tommy ne savait même pas combien de larmes elle avait versé pour lui, combien de fois elle aurait voulu décrocher son téléphone pour entendre sa voix et croire qu'il était toujours à Brisbane. Il l'avait abandonnée, comme si elle ne valait pas mieux que les autres, sa première déception amoureuse ? C'était lui assurément. Il était trop tard pour recoller les morceaux, Scarlett était trop loin pour ça.« Arrête de croire que je suis une victime, arrête de croire que je suis innocente et que je n'ai pas voulu tout ce qui m'arrive putain... » Sa voix était toujours aussi forte et elle se rapprocha de plus en plus de lui pour finir par l'attraper par les épaules et lui lâcher des mots blessants. « Tu sais très bien que je ne suis pas comme Beth, Marius et dieu merci pas comme Meg... Je ne suis pas comme toi non plus. Il n'y aucune raison pour que je sois quelqu'un de bien et je n'ai pas envie de l'être. Je n'ai jamais eu envie de l'être... » Scarlett finit par reculer d'un pas, sentant les larmes arriver. La brune les essuya rageusement, elle le maudissait lui et sa soudaine bienveillance. Comme si sa soeur était trop bien pour se toucher devant une caméra, ou vendre de la drogue ou pour se prostituer. Scarlett Warren n'était rien, elle avait été enterrée depuis longtemps, qu'il n'essaye pas de chercher le coupable, c'était lui.
« Et tu le savais Tommy... arrête de jouer les imbéciles, tu savais comment les choses allaient se finir, tu pensais que quoi... J'allais enchainer des petits boulots, me contenter d'un ou deux verre le vendredi soir... Ça c'était quand tu étais encore là et que tu en avais quelque chose à foutre. » Scarlett lui en avait tellement voulu et personne n'avait compris, personne n'avait vraiment compris, peut-être Mark à une époque, il avait tenté de la distraire et de la faire survivre. Alors oui, sa solution avait été des boulots plus que merdiques et de l'alcool à flot, mais il s'était occupé d'elle à sa manière, sans jamais lui tourner le dos. Jimmy aussi d'une certaine façon... C'était ça que Scarlett avait voulu au final, de la loyauté et quelqu'un pour pardonner les erreurs qu'elle allait forcément commettre pendant qu'elle cherchait qui elle était. « Mais tu es parti et tu es revenu comme si de rien était. Tu pensais que quoi ? Que cette idiote de Beth avait enfin réussi à me convaincre et que j'allais tranquillement à la fac... Please just fucking open your eyes.» Le poing de la brune termina contre le mur le plus proche, il fallait que sa colère sorte complètement, qu'elle l'extériorise, s'en débarrasse pour passer à autre chose. Elle eut mal à la main la seconde d'après mais elle ne regretta rien du tout et se tourna une nouvelle fois vers Tommy, le coeur battant. « Je me débrouille sans bien sans toi, sans cette famille de saints et... » Autant lui dire jusqu'au bout n'est-ce pas ? « Ça fait depuis des années que je n'ai pas de grand frère. Qu'est-ce que tu penses que tu peux faire ? ... Je n'ai pas besoin de toi, donc tu peux rentrer chez toi avec la conscience tranquille. » |
| | | | (#)Jeu 15 Juin 2017 - 1:23 | |
| Quelque part au milieu des incessants reproches de leurs parents et de leurs frères et sœurs, Tommy avait fini par y croire, et presque par se faire une raison. Il n’était pas une bonne influence pour Scarlett, il était la raison pour laquelle elle ne parvenait pas à rentrer dans le moule savamment mis en place par leurs parents, et au lieu de suivre le bon exemple de leurs aînés elle s’était obstinée à suivre son exemple à lui : le mauvais exemple, celui du raté qui n’avait pas terminé ses études, et qui enchaînait les boulots mal payés et peu gratifiants. Ils avaient peut-être raison, et en quittant Brisbane une infime partie du brun s’était répété que peut-être maintenant qu’il n’était plus là Scarlett aurait un avenir, contrairement à lui. Et après son départ qu’avaient-ils fait pour elle ? Rien. A l’évidence ils n’avaient rien fait, et dix ans plus tard Tommy peinait à reconnaître la Scarlett un peu rebelle mais avec un bon fond qu’il avait laissé à son départ. Elle avait ce cynisme et cet air désabusé que Tommy lui-même ne possédait pas dans de telles proportions, et incapable de s’en contenter le brun espérait toujours après un moyen d’inverser la tendance et de rendre à sa petite sœur un peu de l’espièglerie qu’il était certain d’avoir connu chez elle, un jour. « PERSONNE NE T’A RIEN DEMANDÉ ! PERSONNE ! » La phrase l’avait comme scotché au mur, le visage de Tommy se muant en une expression mortifiée tandis que, de rage, elle avait laissé sa cigarette s’écraser sur le plancher de l’appartement et fondu vers lui tel un vautour. « Arrête de croire que je suis une victime, arrête de croire que je suis innocente et que je n’ai pas voulu tout ce qui m’arrive putain … Tu sais très bien que je ne suis pas comme Beth, Marius et dieu merci pas comme Meg … Je ne suis pas comme toi non plus. Il n’y a aucune raison pour que je sois quelqu’un de bien et je n’ai pas envie de l’être. Je n’ai jamais eu envie de l’être … » La gorge soudainement prise dans un étau, Tommy était resté silencieux, sonné pendant de longues secondes tandis que Scarlett faisait quelques pas en arrière. Les doigts de sa cadette lui donnaient toujours l’impression d’être enfoncés sur ses épaules, et les mots lui manquaient. Enfin, après des secondes qui lui parurent une éternité, il n’avait pu qu’articuler « J’ai jamais … J’ai jamais espéré que tu le sois. » d’une voix blanche. Qu’elle devienne un raté, comme lui ? Bien sûr qu’il ne l’avait jamais souhaité. Tommy n’avait toujours eu qu’un désir pour Scarlett, qu’elle réussisse là où elle avait échoué, qu’elle devienne quelqu’un de bien, quelqu’un de mieux que lui, mais en gardant cette indépendance qui les avait toujours différenciés des autres Warren. « Et tu le savais Tommy … Arrête de jouer les imbéciles, tu savais comment les choses allaient se finir, tu pensais que quoi … J’allais enchaîner des petits boulots, me contenter d’un ou deux verres le vendredi soir … Ça c’était quand tu étais encore là et que tu en avais quelque chose à foutre. » D’un côté il y avait ce mépris qu’elle semblait avoir pour lui, cette vie de galère qu’elle décrivait c’était la sienne et c’était le semblant de normalité qu’il se saignait aux quatre veines pour tenter de donner un semblant de cadre à Moïra, et de l’autre il y avait cette accusation sournoise. Comme s’il était coupable, comme s’il était celui qui n’en avait rien à foutre. Il était là, pourtant, il était là et elle le méprisait autant que le chat de gouttière qui était rentré par la fenêtre sans autorisation et dont on craignait les puces et les tiques. « Mais tu es parti et tu es revenu comme si de rien n’était. Tu pensais que quoi ? Que cette idiote de Beth avait enfin réussi à me convaincre et que j’allais tranquillement à la fac … Please just fuking open your eyes. » Le poing écrasé contre le mur avait provoqué un sursaut chez Tommy, subitement devenu le destinataire de tout ce que Scarlett avait à reprocher aux Warren. Comme s’il en était le plus digne représentant. « Je me débrouille bien sans toi, sans cette famille de saints et … Ca fait depuis des années que je n’ai pas de grand frère. Qu’est-ce que tu penses que tu peux faire ? … J’ai pas besoin de toi, donc tu peux rentrer chez toi avec la conscience tranquille. » La contrariété lui faisait bourdonner les oreilles, et plus encore le désespoir avait amené une nausée que le brun avait toutes les peines du monde à canaliser. Il y aurait eu tellement de choses à dire, tellement de vérités à remettre à leur place et de fausses idées auxquelles couper court … Mais rendu définitivement muet par le double-uppercut mental provoqué par les mots de Scarlett, Tommy n’avait pas été capable de produire le moindre son pour tenter de se défendre. Pour tenter d’expliquer comme il avait espéré que loin de lui elle serait débarrassée de cette mauvaise influence qu’on leur prêtait l’un à l’autre, de comment même à l’autre bout du monde elle restait la première qu’il avait envie d’appeler, la seule dont il attendait les emails et y répondait dans la foulée, la seule à qui il aurait aimé présenter ce quotidien sans prétention qu’Alice et lui avaient réussi à construire, avec l’espoir un peu fou et totalement invraisemblable qu’elle tombe amoureuse de Kenora à son tour et de reparte jamais. C’était les choses de son point de vue à lui. C’était l’abandon, de son point de vue à elle. Et c’était un déchirement que de se prendre ce revers de médaille dans la gueule. « Je … J’ai jamais … » Jamais quoi ? C’était vain. Toute cette discussion était vaine, et Tommy n’avait simplement pas la force de se battre. « Tu te trompes, Scar. » Le nœud dans sa gorge rendait chaque mot douloureux et faisait briller ses yeux avec tristesse. « Mais je pense pas que tu sois en état pour en discuter. » Ravalant sa colère, sa tristesse et la frustration qui lui donnait envie de hurler, mais moins capable de ravaler son ego meurtri, il avait secoué la tête et fait tomber une mèche rebelle devant ses yeux. « Tu sais où tu me trouver. » Ils règleraient ça plus tard, croyait-il. Elle ne pensait probablement pas ce qu’elle venait de dire, croyait-il. Ce n'était qu'une dispute futile, oubliable, comme les autres. Il avait quitté l’appartement persuadé d’avoir de ses nouvelles dans la semaine qui suivrait. Croyait-il.
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| | | | | | | | like a rash on the back of a manky cat (#21, scarlett) |
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