Enfin ! Franchement, je n’y croyais plus ! Je pensais vraiment que Thalia allait rester indéfiniment en Grèce. Pourtant j’étais resté à Brisbane aussi dans l’espoir qu’elle reviendrait, je devais avoir comme une intuition. Mais je ne pouvais pas non plus décemment abandonner ma sœur. Voilà qu’en plus de ça, elle fréquentait de nouveau son ex. J’ai bien failli vomir quand je les ai vu tous les deux. Ca risquait de faire un choc aussi à Thalia. Je me demande comment elle va réagir … Je ne sais même pas comment je vais le lui annoncer. Peu importe, je verrais bien en temps voulu. Surtout qu’elle arrivait dans quelques heures, et ces heures parurent vraiment interminables à la boutique. D’ailleurs, elle allait découvrir ma nouvelle boutique ! Et non, elle ne pourra malheureusement plus m’aider comme elle le faisait, mais je suis persuadée qu’elle trouvera de quoi s’occuper ici. Très certainement qu’elle pourrait avoir un poste d’infirmière ici aussi. Mais rien ne me dit qu’elle compte rester ici indéfiniment, non, je sais juste qu’elle avait besoin de prendre l’air un peu plus longtemps cette fois-ci. Alors forcément, je vais profiter de chaque instant passé avec elle, en espérant que cela ne se termine jamais. Le temps de fermer la boutique arriva bien plus vite que je ne l’aurais pensé, et je partais bien trop en avance, mais je ne tenais plus en place, il fallait que j’aille l’accueillir. Je n’oubliais pas ma pancarte blanche où j’avais inscrit le nom de sa déesse grecque en grec et filais à l’aéroport. Le terminal de son arrivé n’était pas encore indiqué. Je prenais le temps de faire un tour dans les boutiques et aperçus une rose blanche, toute seule au milieu d’une tonne de rose rouge. C’était fait pour elle. Je n’hésitais pas, et je la lui achetais. Je me rendais à l’arrivée de son avion une fois annoncé, et affichais fièrement ma pancarte, cachant derrière la rose que j’allais lui offrir en guise de bienvenue. J’étais vraiment impatient de retrouver sa si jolie tignasse blonde.
Le cou tendu, sur la pointe des pieds je tente tant bien que mal de voir au de-là des passagers devant moi, quelle merde, je maudis mon petit mètre cinquante-neuf et demi, le demi est important c’est ce qui me rapproche du mètre soixante –on ne déconne pas avec ça- et je fulmine encore plus quand une grande blonde qui doit, grâce à ses talons mesurer au moins quinze centimètres de plus que moi, se place dans mon champs de vision. Non mais qui porte des talons pour prendre l’avion ? Même quand je voyage en voiture je porte des baskets ! En plus de ça elle porte une robe absolument magnifique et son teint est aussi frais que si elle revenait d'une journée au spa… tandis que moi je semble revenir d’un long périple avec mon leggings de sport et ma veste de jogging rose flashy. Si j’avais la tête à ça je lui lancerais un sourire charmeur mais non, je lui lance plutôt mon regard de la mort en la dépassant et je me remet sur le bout de mes pieds pour tenter de l’apercevoir. Et le voilà. Je le vois de loin et immédiatement un sourire se dessine sur mon visage. J’ai presque envie de pleurer tant je suis contente de le retrouver mais je ravale mes larmes, je ne veux pas lui donné le bâton pour me battre, je sais que tout prétexte est bon pour me mettre dans l’embarra et me charrier. Je cours presque, oui presque parce que ma valise m’empêche de déambuler comme je le souhaite et je me stoppe à hauteur de Valentin pour m’exclamer. « T’es cheveux ! » oui ce sont les premiers mots qui sortent de ma bouche, on est loin de la déclaration d’amour, mais c’est la première chose que je remarque, il a coupé sa tignasse brune. C’est plutôt étrange, je crois ne l’avoir jamais connu avec les cheveux coupés si court mais il est toujours aussi beau, ça lui va bien, ça change. Ça me rappelle l’époque ou pour l’embêter –comme toujours- je l’appelais « mon bichon » en référence à ses boucles brunes, je fais toujours dans l’originalité évidemment… j’avais vite cessé ce petit manège car il m’appelait « Sourire d’enfer » en échange, référence à ce magnifique appareil dentaire que j’ai porté bien trop longtemps… Je passe mes doigts dans ses cheveux en me hissant sur la pointe des pieds et je le gratifie d’un sourire éclatant. « T’avais trop chaud ou quoi ?! Bordel Valentin tu m’as manqué… je suis contente de te voir. Tellement même ! » Je passe mes bras autour de son cou, lâchant mes bagages pour me blottir contre lui. J’ai de nouveau envie de chialer, merde alors ces retrouvailles me rendent trop sensible. Cette fois ci une larme s’échappe et roule sur ma joue s’écrasant sur le t-shirt de Valentin. « Te moques pas d’accord, c’est juste que… tu m’as vraiment manqué » j’avais vraiment besoin de le voir, besoin de lui, j’avais presque oublié à quel point il m'était indispensable. Je me ressaisis –un peu- et j’esquisse de nouveau un sourire éblouissant et peut-être un peu niais ou stupide à mon meilleur ami. Je n’avais pas souris si franchement depuis pas mal de semaine… « Ta sœur n’est pas là ? Je suis venue pour la consoler tu me connais » je fais danser mes sourcils de manière exagérée pour appuyer mes propos. « Tiens prend ma valise, tu seras gentil. » je lui tire la langue, la séquence émotion est fini je redeviens la chieuse que j’étais et que je suis toujours, pas question de changer avec lui.
L’avion avait atterri et je mis du temps à repérer la jolie blonde parmi la foule. C’est évident, elle est loin d’être une girafe, mais c’est ce que j’aime aussi chez elle, elle en est davantage plus craquante, même quand elle est chiante à souhait. Faut dire que c’est bien quelque chose qui ne m’a jamais révulsé, du moins, pas avec elle. Avec les filles que j’ai fréquenté comme amantes, ouais, ça m’a vite blasé, mais jamais avec elle. Tout comme ma sœur. Oui, elle a toujours fait partie de mon cœur, de ma famille, sans qui je ne peux pas vraiment vivre, sans qui je ne me sens pas totalement entier. Alors, la retrouver, fait un bien fou. Je ne voyais alors qu’une grande asperge blonde qui aurait pu attirer mon regard en d’autres circonstances, mais finalement c’est le visage angélique de ma meilleure amie qui me fit avoir des étoiles dans les yeux. Elle se dégageait de la foule pour venir rapidement vers moi alors que j’avais la banane comme rarement je l’ai. Et forcément, la première chose qu’elle remarquait, c’est ma nouvelle coupe de cheveux. Oui, c’est vrai que parfois mes bouclettes, je ne les supporte plus. Il y a des moments où il est temps de couper le tout pour respirer de nouveau. Je me suis alors mis à rire face à la remarque de Thalia. Juste avant de venir m’enlacer, elle me faisait remarquer que je lui avais manqué, et toujours avec le sourire je lui répondais Tu m’as manqué aussi Thalia … Je profitais de ce câlin qui réconfortait comme pas possible, jusqu’à ce qu’elle se mette à laisser s’échapper une larme. Je ne me moquerais jamais, c’est évident, je suis tout aussi ému qu’elle de toute façon. Je venais lui déposer un énorme bisou sur son petit front. Elle me demandait par la suite si ma sœur n’était pas là, et j’éclatais de rire. Oui, elle allait être déçue, pour sûr. Ou pas. Je prenais alors sa valise au moment où elle me le demandait. Je roulais des yeux et déjà était-elle arrivé, déjà elle trouvait le moyen d’être chiante. Tu sais bien que c’est seulement parce que je t’aime. Lui répondais-je en lui tirant la langue. Alors, t’as fait bon voyage ? Lui demandais-je alors qu’on se rendait jusqu’au parking.
Les gens autour de nous sont presque attendris par nos retrouvailles, comme s’ils regardaient un téléfilm de l’après-midi, vous savez les films un peu culculs, gnangnans et pas forcément bien joués ? bon j’avoue je regarde parfois mais pas tout le temps. Et je regarde les replay que quand je ne sais pas quoi faire… bref... Valentin me rend mon étreinte, pose un baiser sur mon front et en une fraction de seconde je commence à oublier Athènes et Sara, c’est parfait. Il éclate de rire lorsque je lui demande si sa soeur est là, mais il ne me répond pas, je vois presque même une ombre passée sur son visage le temps d'une seconde... hmm, bizarre. Mais il prend ma valise s’en protester -ou presque- et la petite dame à quelques mètres nous fixe avec autant d’émotion que si Valentin m’avait demandé en mariage. Je me sens comme une princesse soudainement, une princesse en survêtement mais quand même alors je continue de l’embêter un peu en lui disant : « J’espère que t’as loué un carrosse pour mon arrivé, je vois qu’il n’y a même pas de tapis rouge, je t’avoue que je suis un peu déçue. » Je soupire tragiquement en levant les yeux au ciel. Puis Valentin me demande comment s’est passé mon voyage et tout en sortant de l’aéroport je lui fais le récit de mon vol. Comme d’habitude je suis un vrai moulin à parole, je déblatère sur tout, le repas, l’appui-tête, le sourire de l’hôtesse de l’air et les turbulences, puis j’en viens à mon voisin d’accoudoir et je pousse un nouveau soupire tragique, un vrai cette fois. « J’étais assise à côté d’un homme hyper angoissé, il a passé son temps à réciter des prières ce n’était pas rassurant du tout, il m’a demandé si j’accepterais d’écouter ses confessions en cas de crash, je me suis sentie obligée d’accepter. Tu sais que je ne dis jamais non. » Je ne suis pas trop du genre angoissée en avion, enfin j’évite d’y penser c’est tout, le décollage est toujours impressionnant et je stresse toujours un peu avant, y a toujours quelqu’un pour me dire « Tu sais qu’il y a plus d’accident de voiture que d’avion » comme si c’était rassurant, mais une fois que l’avion plane tout va mieux. Sauf quand mon voisin s’agrippe à ses accoudoirs comme à une bouée de sauvetage en récitant des prières dans trois langues différentes, pendant plus de 15heures de vols, il a fini par s'endormir heureusement. « Il était si soulagé à l’atterrissage qu’il m’a serré dans ses bras avec une force surhumaine, j’ai surement une côte froissée d’ailleurs ! » Je continue de parler alors que nous nous dirigeons jusqu’à la voiture de Valentin et une fois ma valise dans le coffre et nous installés à l’intérieur du véhicule je lui demande. « Et toi alors, ça va ? T’as cassé la gueule à Niklas ou pas ? » J’adorerais. Je le plaindrais presque le pauvre, s’il y a bien une chose que je ne suis pas c’est violente mais pour ce type je pourrais le devenir et pourtant je ne le connais même pas mais j’en sais suffisamment pour que ma main me démange.
Peut-être y avait-il des regards posés sur nous, sur nos retrouvailles, mais c'est bien quelque chose dont je ne faisais jamais attention. Je vis ma vie sans faire attention si quelqu'un en était témoin. Parfois, bien sûr, je n'ai pas le choix, mais dans un aéroport, je m'en fichais bien. Tout ce qui m'importait là à cet instant, c'est ma meilleure amie et son visage et son sourire qui m'avait tant manqué et qui me mettait vraiment du baume au cœur, comme si je n'avais pas été heureux avant mais qu'à présent tout allait pour le mieux. J'avais toujours été un parfait gentleman avec toutes les femmes, mais avec elle, j'ai toujours été le chevalier servant qu'elles rêvent toutes d'avoir. Mais il n'y a vraiment qu'elle avec qui j'arrive autant à en faire. Mais ce n'était jamais suffisant pour elle, évidemment et je m'en amusais, parce qu'elle voulait toujours repousser mes limites. Peut-être que oui, pour le délire, un jour je viendrais la chercher en calèche, qui sait. Je comprend, j'aurais même du sortir le costard et le bouquet de fleur rien que pour toi et demander à ce qu'on vide totalement l'aéroport pour que tu sois plus libre de tes mouvements. Je soupirais moi aussi de désespoir et lui envoyais un clin d’œil complice, avant de lui demander comment s'était passé son voyage. Autant d'heure d'avions n'avait pas du être facile, je me rappelle encore quand on était arrivé tous les trois il y a des mois de cela. Ce voyage, je ne le ferais vraiment que si c'est vital. Je me retenais de rire quand elle me parlait de son voisin apparemment assez spécial et pas très agréable. Encore plus quand il lui fit ce câlin un peu trop étouffant Et s'il s'était mis à te draguer, t'aurais pas su dire non non plus ? Bien sûr que je la taquinais, tout comme elle aime le faire avec moi aussi. En tout cas, j'aurais aimé voir ça, la voir réagir dans de pareilles situations m'a toujours fait rire. Mais en même temps, c'est vraiment quand c'est totalement innocent, parce que sinon, je réagirais comme je l'ai fait avec l'ex de ma sœur. D'ailleurs, elle s'intéressait de savoir comment cette histoire avancée. Est-ce que j'avais cassé la gueule à Niklas ? J'eus cette fois-ci un vrai soupir de désespoir Non. J'ai bien failli, mais ça aurait été lui donner trop d'importance, j'avais pas envie de me retrouver derrière les barreaux à cause de ce pauvre type. On était installé dans la voiture, après que je lui ai ouvert la porte et que j'ai rangé sa valise dans le coffre de la voiture. Direction l'appartement que je partageais avec ma sœur, et certainement maintenant avec ma meilleure amie.
Avec un faux air de désespoir Valentin me répond qu’il aurait en effet dû mettre un costard, prendre un bouquet et vider l’aéroport pour moi, ce qui n’est vraiment pas une mauvaise idée, avant d’arriver à hauteur de Valentin j’ai galérer et ils ont été nombreux à me bousculer par inadvertance… « Ça aurait été adorable de ta part en effet mais en fait j’aurais trouvé ça bizarre, pas du tout ton genre et un peu niais finalement, je préfère ta jolie pancarte. » Je rattrape mes heures de silences pendant le vol en racontant avec plus de détails que nécessaire mon vol à Valentin, sans bien sur oublier mon charmant voisin. Avec un sourire amusé Valentin me demande ce que j’aurais fait si l’angoissé c’était mis à me draguer. A cette simple idée je grimace et intérieurement je pense que j’aurais dit non, j’en suis même quasiment sur mais ne tentons pas le diable, tant que ceci reste une hypothèse alors tout va bien. Ça m’a toujours été difficile de dire non aux gens, je ne veux pas que tout le monde m’apprécie mais je n’aime pas vraiment le conflit, sauf avec ma mère. Je me souviens encore du mantra que me répétait Sara avant que je parte au boulot parfois, elle se plantait devant moi, ses mains sur mes épaules et elle disait « Aller Lia, si Karen vient encore te demander d’échanger vos heures ce week-end du dis non, NON, ok ? Tu lui dis qu’on fête notre anniversaire ou que t’as un mariage, bref du dis non. Il faut que tu refuses au moins une fois pour qu’elle arrête de toujours se tourner vers toi. ». Je vire Sara de mes pensées en montant en voiture et en orientant la conversation sur Niklas, je suis un peu déçue d’apprendre qu’il n’a même pas une égratignure mais en même temps plutôt fière de la maîtrise de Valentin et de son bon sens, il est moins impulsif que moi par moment c’est plutôt une bonne chose. « Du coup t’as parlé avec lui ? Qu’en pense ta sœur ? » je demande alors que nous sortons du parking de l’aéroport, c'est un sujet un peu épineux mais aussi l'une de ses raisons d'être ici alors c'est normal que je me tienne au courant de l'évolution de la chose depuis mon dépars. Je constate à la direction qu’il prend que nous nous dirigeons jusqu’à chez lui et j’en profite pour lui demander, ou lui annoncer ce qu’il sait certainement déjà mais de manière non-officielle. « Je t’avoue qu’avec mon dépars un peu précipité je n’ai pas pris le temps de chercher un hôtel dans le coin ou un logement temporaire, je ne suis pas très douée pour l’organisation… du coup… je suis un peu une sans abris, je sais bien que Stella encombre déjà une partie de ton espace mais je suis toute petite et ça ne durera pas longtemps, promis. » En réalité je n’ai aucune idée de ce que « pas longtemps » veut dire, je n’envisage pas de retourner à Athènes pour l’instant mais je ne suis pas encore certaine d’emménager totalement à Brisbane non plus.
Heureusement pour moi, ma meilleure amie me préférait avec ma simplicité et ma pancarte. Enfin, avec ce dont elle a l’habitude surtout. C’est vrai que si j’avais fait tout ce patacaisse, elle aurait vite virée au rouge pivoine de honte, et tout le monde aurait cru que je l’aurais demandé en mariage. Il n’était donc pas nécessaire d’en arriver jusque-là. Mais alors qu’on était en voiture et que le sujet du voyage et du cassos de passager qu’elle avait, le sujet délicat de ma sœur et de son ex rentrait en scène. Du moins, dans la conversation. C’est vrai que j’étais calme face à cette situation. Mais faut dire aussi que je ne suis pas le père de Stella, et pendant des années, on n’a jamais vraiment été proche. Tout cela remonte à peine au décès de notre petite sœur. Alors par moment, je me dis que mes avis et jugements, je peux les garder pour moi, parce que oui c’est elle ma grande sœur, c’est pas moi le plus vieux. Je l’ai totalement snobé lui, ça m’a hérissé le poil de le retrouver, sortant de la chambre de ma sœur … Et j’ai pu parler avec elle, mais après tout, elle est majeure et vacciné, qu’est-ce tu veux que je dise. Lui répondais-je en haussant les épaules. Si elle veut se faire souffrir, grand bien lui fasse. Evidemment, je serais toujours là pour la consoler. Je connaissais déjà la réponse de Thalia, elle aussi serait bien là pour la consoler, et davantage s’il le fallait. C’est alors qu’elle fait part de sa venue ici totalement improvisée, du moins au niveau du logement. Je grimaçais, comme si c’était évident ce que j’allais lui dire Thalia, déconne pas, tu sais bien que tu es et seras toujours la bienvenue chez nous. Y’a assez de places pour trois. Lui disais-je alors en finissant par lui faire un petit clin d’œil. J’étais à deux doigts de lui proposer de dormir avec moi, comme on le faisait quand on était gamin, mais depuis que les corps féminin me font des effets de grandes personnes, je préfère garder mes distances, même avec ma meilleure amie.
Je toussote, je m’étrangle et je vire rouge écarlate en m’étouffant puis je tente de m’exprimer tant bien que mal. « Attends… quoi ?! Non, mais non, non vraiment ? Je… ok. » Mes paroles sont incohérentes et c’est plus fort que moi, je me mets à rire comme si tout n’était qu’une bonne blague. Je prends mon visage entre mes mains toujours tournée vers Valentin et la surprise, le choque et l’incompréhension s’entremêlent sur mon visage alors que mon rire se calme. Je n’ai jamais été très douée pour les surprises, certes je suis plutôt impulsive mais je ne suis pas douée pour réagir face à certaines nouvelles. Et ma réaction sans aucun sens va de pair avec la bombe que Valentin vient de lâcher dans une toute petite phrase anodine. Niklas dans l’appartement de Valentin, dans la chambre de Stella. Toutefois je parviens à respirer de nouveau calmement et à former une phrase cohérente. « Comment ça il est sorti de la chambre de Stella ? Tu veux dire celle de votre appartement ? Sous le même toit que toi ? » C’est une question rhétorique, je connais déjà la réponse, tout prend juste plus de réalité dit à voix haute alors je m’indigne d’autant plus sans laisser le temps à mon meilleur ami dans placer une. « Il ne manque pas de culot celui-là ! T’aurais dû me laisser draguer ta sœur quand on était jeune, j’aurais peut-être pu la faire changer de bord et on en serait pas là aujourd’hui » Je lève les yeux au ciel, un demi-sourire amusé peint sur les lèvres. La dernière fois que j’ai vu Stella, Niklas portait le doux sobriquet de « Connard » et il lui avait brisé le cœur, dorénavant je ne suis plus à jour. Si c’était ma sœur je crois que je péterais un plomb, j’ignore où Valentin trouve la sagesse et la volonté de se retenir de lui mettre son poing dans le nez. Je me réinstalle sur mon siège en assimilant la nouvelle et pour changer de sujet j’aborde ma venue à l’improviste, bah oui c’est moi la princesse du jour, on ne parle donc que de moi et puis c’est tout. Lorsque je lui demande ou lui explique que je vais squatter chez lui quelques temps Valentin lève les yeux au ciel et je vois à la forme que prend sa mâchoire de profil que ce que je dis n’a aucun sens pour lui, d’ailleurs il me le dit et confirme qu’il y a toujours une place pour moi chez lui, alors comme une gamine je m’exclame « Cool ! ». Puis en saisissant un des nombreux paquets de bonbon dans mon bagage à main je reprends le cours de la conversation. « Bon du coup je ne suis plus d’aucune utilité dans l’affaire Niklas, à quoi je vais bien pouvoir te servir ? A part illuminer tes journées par ma présence. » Je ponctue ma phrase d’un sourire innocent et j’ouvre mon paquet d’Haribo avec une difficulté inouïe. J’y passe bien trois minutes, je crois que c’est un message pour me dire de rester loin des sucreries mais je fini par y arriver –alléluia- et je tends le paquet vers Valentin pour qu’il en prenne un sans cesser de se concentrer sur la route. « Du coup tu t’es décidé à rester ici définitivement finalement ? » On en déjà un peu parlé par le passé, s’il s’est installé à Brisbane c’est avant tout pour retrouver Niklas, pour sa sœur, maintenant que cette histoire est bouclée –du moins partiellement- j’ignore ce qu’il compte faire.
Il y a de quoi vraiment être choqué avec cette histoire. Moi-même je crois bien que toutes ces émotions ne m’atteignent plus. Je suis loin de comprendre l’état d’esprit de ma sœur. La seule chose que je peux comprendre, c’est qu’elle est amoureuse, et quand on est amoureux, c’est bien connu que nos actions ne sont pas forcément logiques et qu’elle ne convienne pas parfaitement à nos idéaux. Est-ce que je savais de quoi je parle ? Je ne saurais dire. Le seul vrai amour que j’ai eu, c’est moi qui l’ai fait souffrir, je ne suis donc pas le mieux placé pour juger ma sœur. Mais Thalia déjà plus. Surtout ce qu’il se passe en ce moment avec sa copine. Cela fait tellement longtemps qu’elles sont ensemble que cela ne doit pas être évident quand on se rend compte que ce n’est peut-être pas la bonne personne, celle pour qui on est vraiment fait. Mon attention se perdait un tant soit peu alors se mettait à rire et à se cacher de sa réaction totalement incohérente, la trouvant toujours aussi craquante et sentant mon cœur s’accélérer tellement je la trouvais mignonne ainsi. En attendant, malgré le côté tragique de la nouvelle avec Niklas, elle réussissait à me faire rire. C’était la seule à y parvenir aussi facilement et de façon aussi impromptue. On n’en serait pas là, pour sûr. Lui répondais-je amusé également. Et franchement, je dois bien dire que ça me ferait bien bizarre aussi si ma sœur et ma meilleure amie étaient ensemble. Une fois la question de l’hébergement résolu, qui ne fut pas du tout une réponse très difficile à trouver, au contraire, Thalia me demandait bien ce à quoi elle allait pouvoir servir à présent. Je levais les yeux au ciel, pouffant de désespoir et lui répondais Illuminer mes journées est bien suffisante, c’est tout ce qu’il me manquait ! Je détournais une micro-seconde mon attention de la route pour lui envoyer un clin d’œil, et me rendre compte par la même occasion qu’elle mettait un temps fou à ouvrir son paquet de bonbon Tu veux de l’aide peut-être ? Lui demandais-je en arquant un sourcil. Mais elle finissait par l’ouvrir et j’ai bien cru que tous les bonbons allaient se retrouver tout partout. Mais non. Je lui en piquais deux alors qu’elle me les tendait, moi qui n’en mangeait pas souvent, et voilà qu’elle me demandait où j’en étais concrètement avec cette ville Je ne sais pas trop. J’aime beaucoup passer du temps avec ma frangine et je suppose que j’espérais que tu reviennes ici, donc pour l’instant je n’ai pas prévu de repartir. Parce que non, je ne veux plus être éloigné des femmes de ma vie.
Tel un parfait chevalier servant Valentin me demande si j’ai besoin d’aide pour ouvrir mon paquet de bonbon et moi en tant que féministe je lui jette un regard en coin septique. « Je suis une femme forte, je peux le faire, j’ai même déjà réussi à ouvrir un pot de mayonnaise toute seule et pourtant il était bien fermé » Je rétorque avec fierté un sourire au coin des lèvres, je galère encore une petite minute avant de parvenir à ouvrir l’objet de mon désir. Libération et satisfaction, je ressors gagnante de ce combat, Thalia 1 / Haribo 0. Sans rancune je passe mon paquet de bonbon à Valentin avant d’en prendre un en évitant soigneusement les rouges, quelle plaie d’être allergiques aux fraises. J’entame le sujet de l’emménagement définitif de mon meilleur ami à Brisbane et il m’explique qu’en effet pour l’instant il n’a pas prévu de repartir, en tout cas qu’il ne veut plus être éloigné de sa sœur et moi. Ça me touche, moi aussi je ne veux plus m’éloigner de lui, j’aimerais revenir à l’époque où enfant nous pensions vivre ensemble pour toujours. Venir vivre à Brisbane serait tout de même une lourde décision pour moi qui n’ai jamais vécu en dehors d’Athènes toutefois ça reste une possibilité, ma sœur serait ravie de venir passer des vacances sous le soleil de l’Australie. Mais pour l’instant ce n’est pas à l’ordre du jour, j’ignore encore où en est vraiment ma relation avec Sara, je suis partie mais je n’ai pas officiellement rompu avec elle, c’est difficile de mettre un point final à une histoire de douze ans, c’est difficile aussi de n’avoir en tête que les mauvais moments, de fermer les yeux et de seulement penser au fait qu’elle m’ait trompé, qu’elle soit enceinte et ne plus parvenir à me souvenir des moments de complicités, de nos rires et de nos jours heureux. A cette pensée ma mâchoire se serre et je détourne mon regard un instant sur la route pour reprendre mes esprits, hors de question de gâcher cette journée. Je me racle un peu la gorge pour me redonner contenance et j’esquisse un sourire au début difficile, les pensées lié à Sara encore trop présente dans mon esprit, mais qui prend de l’aplomb au fur à mesure que ses images s’éloignent. « Et du coup tu vas faire quoi ? Tu vas ouvrir un bureau ici ? » Je demande à Valentin en reprenant un bonbon et en ouvrant ma vitre. Il est déjà son propre patron mais j’ignore comment il souhaite faire évoluer son avenir professionnel ici, j’ignore encore qu’il a sauté le pas et ouvert sa propre boutique. « Alors qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui ? On sort jusqu’à pas d’heure, on boit et on pleure de douleur demain matin ? Je ne sais pas si je suis encore assez jeune pour faire ça. » Je ponctue ma phrase en riant, les nuits banches sont devenues difficiles passé mes vingt-cinq ans, j’y parviens au boulot mais j’ai déjà du mal à tenir la journée qui suit sans avoir bu alors la avec une gueule de bois je doute de ma fraicheur demain, si seulement j’avais encore vingt ans.
Parfois je me dis que je n’aurais jamais du quitter mon pays natal. Parce que ces moments-là, passés avec Thalia, qui ouvre simplement son paquet de bonbon difficilement, me comble de bonheur. C’est stupide je sais, mais ça me manque terriblement. Je lui fais alors la moue, telle une personne impressionnée par sa force, l’air bien sérieux. Le sujet de Brisbane arrive alors sur le tapis. Le problème majeur était de savoir ce que je comptais faire. Est-ce que vraiment, ma vie à Brisbane pourrait me convenir ? C’est ma grande question depuis que j’ai posé mes valises ici et que la vie ici s’éternise. J’ai comme la grande impression que Stella se plaît ici, et j’ai énormément de mal à me dire que je peux partir, rentrer à Miami, sachant qu’en plus de cela, je ne me sens pas du tout à l’aise à l’idée de la confier aux mains de cet escroc du cœur dont elle semble toujours amoureuse. Non, définitivement, je ne me sens pas prêt à partir. Encore plus si Thalia vient nous rendre visite aussi souvent. J’ai mon propre bureau, assez miteux d’ailleurs, mais je compte bien refaire une reconversion. Oui, encore, je sais. Lui disais-je en faisant un monologue avec mes propres réponses, parce que oui, je savais très bien ce que ma meilleure amie allait me répondre. Elle allait très certainement d’abord rouler des yeux, mais je ne pouvais que la comprendre. D’abord j’avais voulu être sportif professionnel, ensuite astronaute, pour finalement me rabattre sur les enquêtes privées. Y’a de quoi s’arracher les cheveux avec mes différentes carrières professionnelles. Thalia me demandait alors ce qu’on pouvait bien faire pour aujourd’hui. Je ne pus m’empêcher de glousser face à ses propositions On se dégonfle c’est ça ? Tu bosses pas demain en plus à ce que je sache. Lui répondais-je en arquant un sourcil de défi, sourire taquin en coin.
AVENGEDINCHAINS
Dernière édition par Valentin Mordakhs le Dim 2 Avr 2017 - 16:05, édité 1 fois
Valentin m’informe qu’il souhaite rester vivre à Brisbane, du moins pour l’instant, je le connais il change souvent d’avis et d’avenir. Naturellement, vu que parfois je suis la bonne conscience de notre duo –ça m’arrive de poser des questions intelligentes-- je lui demande ce qu’il envisage donc du côté de sa vie professionnelle, bien que je sache qu’il n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers, à ne rien glander et se laisser aller. Au contraire. C’est pourquoi lorsqu’il m’apprend qu’il souhaite totalement se réorienter dans autre chose, je ne suis qu’a moitié surprise, je lève les yeux au ciel, c’est pas la première fois. « Je ne suis pas si étonnée, je commence même à avoir l'habitude, mais tant mieux au moins tu essayes plein de chose. Tu te lances dans quoi cette fois ? Tu vas me construire un château ? Parce que ça c’est un super plan. » Déjà enfant l’avenir de Valentin changeait toutes les semaines, il voyait souvent les choses en grands et aspirait à autre chose qu’une vie bien rangée et tant mieux, parce qu’il y était toujours parvenu. J’ai toujours été admirative face à sa capacité de prendre les choses comme elles venaient, ne pas craindre l’échec et suivre ses envies, passé à autre chose une fois lassé… Suivre son exemple ne serait peut-être pas une si mauvaise idée. « D'ailleurs ça va peut-être t'étonner mais j'envisage la possibilité de faire autre chose, nouveau pays, nouveau continent, nouveau boulot? Si je reste par ici ça pourrait être sympa de tenter autre chose. » Bien sûr je n’allais pas devenir avocate ou me lancer dans une carrière de footballeuse mais vivre uniquement d’une de mes passions pourrait être une bonne chose, ma vie sans folie et sans grandeurs à Athènes m’a permis de mettre un peu d’argent de côté, rien ne me retiens vraiment du coup. Nous continuons de discuter comme si nous ne nous étions jamais quitté, j’aborde l’inauguration de ma première soirée à Brisbane, craignant déjà de ne jamais m’en remettre. Et là, à cet instant Valentin prononce les mots maudis. Il tourne à demi son visage vers moi, un sourire en coin arrogant peint sur les lèvres, un sourcil arqué feintant la surprise et il me demande sur le ton du défi si je me dégonfle. Pardon ?! Moi me dégonflée ? Alors là… Certainement pas. Le mini démon en moi entame une danse de la joie tandis que mon côté raisonnable soupire de désespoir, déjà vaincu. Il est malin, il me connait trop bien, je pourrais être mature, ne pas répondre à sa provocation mais mes réactions débordent rarement de maturité, surtout quand je suis avec Valentin. Alors je laisse échapper d’entre mes lèvres un rire presque démoniaque en croissant les bras sous ma poitrine. « Ok, ok, moi je m'inquiétais surtout pour toi, mais si tu insistes... mais ne râle pas demain matin quand t'as tête sera aussi lourde qu'une boule de bowling. » Je lui adresse un clin d’œil et un sourire éblouissant et j’éloigne encore plus ma bonne conscience qui me hurle que c’est une mauvaise idée, gueule de bois et jet lag ? Bordel demain matin c’est moi qui aurait la tête aussi lourde qu’un jeu de quilles piétiné par une boule de 10 kilos. « On arrive bientôt ? » Je m’impatiente comme une enfant, trépignant presque sur mon siège, en fait j’ai hyper envie de faire pipi.
C'est vrai qu'avec mes changements de carrières assez fréquents, la surprise ne fait plus partie de ces réactions que mes proches pourraient avoir. Stella est désespérée oui, je le sais bien, elle se dit que c'est forcément la même chose avec les femmes, et d'un côté, elle n'a pas tord. Si déjà j'arrivais à me stabiliser dans mon travail, peut-être qu'enfin, j'arriverais à faire des projets avec une femme. La trentaine arrive bien trop rapidement, et je ne suis pas fichu d'être stable. Pour l'instant, ça me va très bien au final, mon seul manque c'est quand je suis loin de ma meilleure amie, les autres femmes m'importent peu. Alors oui, je pourrais aisément lui construire un château, mais pas sûr que j'en ai tout de suite le budget. Je me mets forcément à rire Ma prochaine vocation, promis, je t'en construit un ! Lui répondais-je en lui envoyant un clin d'oeil taquin. Mais pour l'instant, je compte ouvrir une boutique de sport. Avec matos et compléments alimentaires. Lui annonçais-je alors avant qu'elle aussi me fasse part de ses envies de changements. J'eus le regard tout de suite émerveillé et ravi par les dires de la blonde. Alors là, je t'encourage à mille pour cent ! Parce que oui, c'est tout ce que je souhaite depuis mes 18 ans, depuis que j'ai quitté la Grèce, me retrouvais de nouveau dans la même ville que ma meilleure amie. Et on allait bien en profiter, au cas où ce projet ne se ferait pas. Même si je dois bien avouer que je ne vais pas arrêter d'y penser, et que je ferais tout pour qu'elle reste ici. Avec ou sans sa meuf, ça m'est bien égal. Je me suis mis de nouveau à rire quand elle feint s'inquiéter pour moi et ma future gueule de bois Peut-être, mais avec ton décalage horaire, je parie que toi, cela va être un beau boulet de canon à la place ! Je riais de plus belle, de façon bien plus machiavélique, sans songer un seul instant à ne pas prévoir cette soirée avec mon amie. Non, on ne prend pas vraiment soin l'un de l'autre dans ces moments-là. On y est. Lui répondais-je alors que je tournais sur la droite à la recherche d'une place de parking.
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