Sa voiture était garée sur le trottoir depuis un long moment. Juste devant chez Priam, elle passe un long moment à hésiter à sortir pour aller frapper à sa porte. C’est qu’elle avait l’air si déterminée en conduisant jusque là, maintenant qu’elle y est, elle ressent comme un genre de pression. Elle se dit que peut être a t-elle agit trop vite, sans réfléchir. Elle appréhende beaucoup de choses de sa part, déjà son accueil, son comportement et sa réaction à la nouvelle qu’elle est venue lui apporter. Certes, ce n’est rien qui le concerne vraiment, mais c’est à lui qu’elle a eu envie d’en parler en premier et l’idée que ça ne puisse pas justifier qu’elle s’introduise chez lui sans prévenir l’effraie beaucoup, surtout quand elle prend en compte le fait qu’ils ne sont pas adressés la parole depuis leur “dispute” au Nouvel An et qu’il puisse être encore en colère contre elle. Quoique, sur ce coup, elle a aussi des raisons de l’être avec lui, mais tout s’était effacé plus tôt dans la journée quand elle avait appris et que l’envie de venir s’était faite sentir et en y pensant, elle se dit qu’elle ne peut pas faire marche arrière pour un truc aussi bête que quelques mots échangés sur le mauvais ton. Des disputes, ils en auront encore, et des pires certainement. Elle se décide enfin à sortir de sa voiture. A force d’attendre, qui sait qu’un voisin aurait très bien pu appeler la police pour signaler un comportement suspect. L’idée lui traverse la tête et l’amuse, mais aussitôt le pied au sol, elle se précipite pour pouvoir rejoindre la grande porte d’entrée du loft de son ex et balaye tout pour se concentrer sur le principal. Elle sonne, à plusieurs reprises et d’une façon qui l’irriterait très sûrement si les situations avait été inversées mais elle s’en fiche parce qu’elle est pressée de lui parler et qu’elle fait souvent ça. Elle est pressée de lui raconter les événements des dernières semaines, toute cette histoire avec ce type qui la suivait et comment elle a abouti à trouver un contact à l’autre bout du monde, prêt à l’aider à retrouver son petit garçon. Plus tôt dans la journée, sa patience avait payée et plutôt que de garder ça pour elle, elle devait en parler. Après plusieurs secondes de sonnerie - et un silence pendant lequel l’idée qu’il ne puisse pas être chez lui l’effleure, ou pire qu’il soit occupé à quelque chose de crapuleux avec sa copine, god, elle veut pas le savoir - la porte finit par s’ouvrir sur un Priam plutôt mécontent du cirque qu’elle vient de mettre, mais fidèle à elle même, Cora ne se laisse pas impressionner et lui laisse même pas le temps de prendre la parole. Visiblement, il est habillé et pas décoiffé. C’est son feu vert personnel pour s’inviter chez lui avec la certitude qu’elle ne dérange rien. “Enfin tu réponds ! J’ai quelque chose à te dire, ça ne pouvait pas attendre.” explique t-elle, tout excitée alors qu’elle entre dans le loft sans même avoir eu l’accord verbal pour le faire. Elle se débarrasse vite fait d’une veste et poursuit son discours tout en fouillant dans son énorme sac à main. “Excuse moi de passer à l’improviste, si je te dérange, promis je ne reste pas longtemps. Je voulais juste te montrer ça” lui assure t-elle sincèrement en mettant enfin la main sur ce qu’elle cherchait, une photo prise au cachette d’un petit garçon, une dizaine d’année, des cheveux roux, qu’elle lui tend pour qu’il regarde. Elle a beaucoup de difficulté à contenir le flot d’émotion qui s’empare d’elle à la pensée que l’enfant qu’on lui a pris soit soudainement devenu accessible. “C’est lui. Arthur.” dit-elle, des fois qu’il n’ait pas compris pourquoi subitement elle lui vient le déranger pour lui partager la photo d’un môme qu’ils n’ont jamais vu. Un noeud se forme à son estomac alors qu’elle attend sa réaction. Elle le sait bien, cet enfant n’est rien pour lui et il aurait toutes les raisons de lui rire au nez. Ce serait mentir de dire qu’elle n’appréhende pas. Mais, c’est tellement important pour elle. Est ce que ce n’est pas une super nouvelle ?
Après une matinée interminable, Priam poussa finalement la porte de son appartement, avec un certain soulagement, même si la journée avait été particulièrement enrichissante et intéressante il se sentait épuisé. Il laissa tomber les clés dans le petit bol de l’entrée avant de retirer ses baskets et de se diriger vers la salle de bain. Il était debout depuis six heures ce matin et la seule chose qui lui faisait envie à cet instant était la sensation d’eau chaude tombant sur ses épaules. Il retira donc ses vêtements et se glissa derrière l’immense paroi floutée ou il relâcha la pression en sentant l’eau lui tomber dessus. Pendant plusieurs secondes, le jeune sportif ferma les yeux, détendant l’intégralité de ses muscles en se vidant la tête, il ne connaissait rien de mieux au monde. Les minutes défilèrent et après une bonne quinzaine de minutes, il sorti enroulant une serviette autour de sa taille. De retour dans le salon, il attrapa son téléphone et composa le numéro de son agent ; il vit avec elle plusieurs détails concernant le rendez-vous qu’il avait eu au midi, comme à son habitude, elle lui reprocha de ne pas avoir posé tel ou telle question mais Priam se fichait des modalités, du salaire, il avait besoin de se sentir en confiance et d’avoir un projet intéressant pour se lancer et pour la première fois depuis longtemps c’était le cas. Elle céda finalement, acceptant de contacter les représentants de chez Adidas qu’il avait vu plutôt dans la journée « Merci, ça compte beaucoup » en plus d’avoir un projet intéressant, il avait l’impression que pour une fois elle faisait passer ses besoins avant l’image ou l’argent. Il raccrocha avec un sourire sur le visage avant d’enfiler un bas de survêtement aux couleurs de son équipe. Le sportif, alluma la télévision et sa console de jeux avant de se sortir un soda frais, il fut sur le point de s’installer dans son canapé quand la sonnette de la porte d’entrée le fit sursauter, il soupira, typiquement le genre de comportement qu’il détestait, le bruit se fit de plus en plus long et intense, il jeta un coup d’œil à l’horloge, il n’attendait personne à cette heure-là « Minute, j’arrive » il courut jusqu’à sa chambre et enfila un t-shirt blanc avant de se diriger vers la porte. Il regarda à travers le judas de la porte et arqua un sourcil, il recula puis regarda à nouveau à travers, il ne rêvait pas, elle était belle et bien devant sa porte et elle était clairement la dernière personne qu’il pensait voir aujourd’hui. Malgré sa surprise, il ouvrit la porte « Enfin tu réponds ! J’ai quelque chose à te dire, ça ne pouvait pas attendre » il n’eut le temps de rien dire, elle était déjà dans son appartement. Il ferma la porte derrière elle, un peu perdu et perplexe, elle avait l’air nerveuse, presque paniquée ou excitée et ce n’était pas du tout son genre « Excuse-moi de passer à l’improviste, si je te dérange, promis je ne reste pas longtemps. Je voulais juste te montrer ça » ça aussi ce n’était pas son genre, elle fouilla dans son sac à main, il ne dit rien gardant ses mais dans ses poches. Finalement, elle sort de son immense sac à main une photo, on dirait presque une photographie prise par un paparazzi ou quelques choses du genre, son regard se pose sur ce qui se trouve au centre du cliché, un gamin, d’une dizaine d’année, des cheveux roux et épais, un petit sourire sur le visage et un des yeux qu’il reconnaîtrait parmi un millions, il a les yeux de sa mère « C’est lui. Arthur » lui avoua-t-elle alors que son regard n’a pas quitté la photo « J’avais deviné, il a tes yeux » ça semble fou, quelques souvenirs lui reviennent mais ils semblent tellement lointain. Après un dernier regard, il lui rend le cliché, il devine alors avec aisance l’état dans lequel elle se trouve actuellement, il inspire essayant de clamer le flot d’émotion qui le gagne lui aussi « Elle date de quand ? C’est toi qui la prise ? » depuis leur rupture, ils n’avaient jamais reparlé de son fils, il se doutait qu’elle n’aurait jamais abandonné, ce n’était pas dans sa nature. Il oublia immédiatement, leur dispute et la soirée du nouvel an pour sa concentrer sur la situation, il afficha un petit sourire pour la rassurer et glissa sa main sur son bras avec une profonde tendresse « Viens… » il descendit sa main le long de son bras pour finalement glisser sa main dans celle de la jeune femme et l’emmener avec lui sur le canapé. Il avait l’impression qu’elle allait s’effondrer dans quelques secondes à peine « Il est encore plus beau que ce que j’avais imaginé » avoua-t-il très sincèrement, il avait imaginé pendant de longues années être comme un second père pour ce gosse si elle arrivait à le récupérer et d’une certaine façon, il ressentait encore ça aujourd’hui. Il lâcha sa main restant malgré tout proche d’elle « Tu me racontes tout ? » il était prêt à l’écouter, à l’aider et à l’épauler sans même hésiter une seconde mais il avait besoin de toute l’histoire et si elle était là, dans son appartement, c’est qu’elle en avait besoin elle aussi.
On ne voudrait pas dire qu’elle s’invite chez lui mais ça y ressemble vraiment. Elle récite son laïus bien avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit. Cora est tendue et elle sait que si elle ne le dit pas maintenant, il y’a des chances qu’elle ne le fasse jamais et surtout si l’idée vient à Priam de continuer leur discussion du Nouvel An et les voix finissent par finalement s’élever. Alors elle parle en lui remettant en main une photo reçue plus tôt dans la journée d’un petit garçon, son petit garçon. Pendant un moment, elle espère vraiment qu’il se réjouira si ce n’est autant qu’elle au moins pour elle parce qu’à l’intérieur, c’est une vrai boule d’émotion. « J’avais deviné, il a tes yeux » Effectivement, cet enfant lui ressemble beaucoup. Elle est tentée de préciser sur le moment qu’en réalité, il ressemble bien plus à Finn qu’à elle mais l’heure n’est pas à ce sujet, et Priam a sûrement que faire de cette information mais elle pourrait parler des heures de tous les points que cet enfant partage avec elle. Elle n’ajoute rien, son cœur cesse de battre d’attendre de voir une réaction de sa part. « Elle date de quand ? C’est toi qui la prise ? » demande t-il en lui rendant la photo qu’elle range à nouveau dans son sac de peur de la perdre, elle cherche déjà les mots dans sa tête pour lui expliquer la folle aventure qui l’a amené à avoir cette photo entre les mains mais les mots ne sortent pas, il y’en a tellement qui doivent venir en même temps qu’elle a l’impression que si elle en prononce un, tous les autres vont sortir et pas forcément dans le bon ordre. « Viens… » Elle ne le quitte pas des yeux alors qu’il s’empare de son bras pour doucement l’amener jusque dans son salon. Elle est encore en train de tenter de formuler une phrase. Priam semble s’apercevoir de son désarroi. « Il est encore plus beau que ce que j’avais imaginé » Elle souffle, comme si elle respirait à nouveau et lâche « Merci, c’est tellement drôle de le voir tu sais. » dit-elle en s’installant, c’est bête, elle avait vraiment pris le temps de réfléchir à ce qu’elle allait dire et comment elle comptait le faire. « Tu me racontes tout ? » demande t-il, question à laquelle elle acquiesce avant de prendre une longue respiration et de reprendre son calme après un silence. « Tout a commencé avec ce type qui est venu me voir l’an dernier pour me faire chanter. » Bon, maintenant que c’est dit, peut être devrait-elle commencer dans l’autre sens. « Enfin, c’est pas ce que tu crois. Enfin si, mais attend que je termine. » lui dit-elle en observant sa réaction. « Ce type, c’est un détective à qui on a demandé de me trouver, je suppose que ce sont les parents d’Arthur mais il ne me l’a pas dit, mais du coup à la base pour moi, c’était juste un maitre chanteur qui savait et j’ai demandé à Enzo de mener l’enquête sur lui parce que évidemment, j’avais peur de lui, moins quand j’ai appris qui il était mais j’ai voulu savoir comment il avait su » Elle marque un moment d’hésitation avant de poursuivre, pas franchement fière de ce qu’elle a fait. « Je suis allée le voir alors que j’avais bu pas mal de vin et je l’ai menacé, sans m’en dire beaucoup il a fini par me tendre un dossier, du moins quelques papiers sur mon cas, rien d’exploitable mais j’ai tout confié à un détective en Floride qui s’amuse encore à extraire quelque chose d’intéressant de la paperasse. Oui parce que le détective venait de Floride donc je me suis dit que c’était là qu’il fallait cherché et, j’ai embauché un autre gars là bas qui m’a envoyé cette photo. Il essaie d’en savoir plus sur les parents. » Ses explications sont allées très vite, au point qu’elle parait légèrement essoufflée à la fin de son discours. Elle n’arrête pas de repenser à ce qu’il se passe en ce moment même, ce moment qu’elle a tant attendu. Quelques larmes viennent faire leur apparition au coin de ses yeux, elle essaie de se contenir. « Je suis tellement émue si tu savais. »
Sa journée prend une tournure différente de ce qu’il avait en tête. Priam n’avait pas rien de précis à faire mais il n’aurait pas imaginé tomber sur Cora en ouvrant sa porte, surtout depuis leur dernière conversation. Pendant une seconde, il se demande s’il n’est pas en train de rêver, avoir une photo d’Arthur entre ses mains lui semblait tellement irréel. Entendre parler de cette petite tête rousse était un souvenir à la fois difficile et précieux, à l’époque il n’était qu’un gamin lui aussi et savoir que sa copine avait donné la vie avait été compliqué à avalé, pourtant il était resté et s’était surpris à ressentir de l’affection pour un enfant qu’il n’avait jamais vu. Aujourd’hui, il y pensait parfois se demandant ce qu’il devenait mais jamais les choses n’avaient semblé si concrète « Merci, c’est tellement drôle de le voir tu sais » il s’en doutait, elle était si nerveuse qu’il en eut le cœur serré. Sa seule envie à cet instant était de la prendre dans ses bras, de la rassurer du mieux qu’il pouvait mais il n’en fit rien, n’étant pas sûr que ce soit le bon moment pour un tel contact « Ça me fait un drôle d’effet aussi et ce n’est pas mon fils alors j’imagine » dit-il en esquissant un sourire, il aurait aimé que ce soit son fils, pendant des années il l’avait secrètement souhaité sans jamais l’avouer à la jeune femme. Il lui demanda de lui raconter ce qu’elle savait, ce qu’elle avait fait pour retrouver son fils « Tout a commencé avec ce type qui est venu me voir l’an dernier pour me faire chanter » il arque un sourcil et serra du poing sans même s’en rendre compte « Quoi ? » dit-il froidement, l’idée que quelqu’un puisse lui vouloir du mal le mettait hors de lui « Enfin, ce n’est pas ce que tu crois. Enfin si, mais attend que je termine » il inspira calmement et hocha la tête pour l’inciter à continuer son histoire alors qu’à l’intérieur, il était furieux « Ce type, c’est un détective à qui on a demandé de me trouver, je suppose que ce sont les parents d’Arthur mais il ne me l’a pas dit, mais du coup à la base pour moi, c’était juste un maitre chanteur qui savait et j’ai demandé à Enzo de mener l’enquête sur lui parce que évidemment, j’avais peur de lui, moins quand j’ai appris qui il était mais j’ai voulu savoir comment il avait su » il tenta de ne rater aucun mots, elle parlait vite avec une certaine nervosité, il avait du mal à croire que tout ceci soit arrivé sans qu’il s’en rendre compte, elle était douée pour ne pas inquiétait les gens autour elle et comme Priam elle gardait les choses pour elle. Il ne bougea pas, écoutant avec attention son histoire « Je suis allée le voir alors que j’avais bu pas mal de vin et je l’ai menacé, sans m’en dire beaucoup il a fini par me tendre un dossier, du moins quelques papiers sur mon cas, rien d’exploitable mais j’ai tout confié à un détective en Floride qui s’amuse encore à extraire quelque chose d’intéressant de la paperasse. Oui parce que le détective venait de Floride donc je me suis dit que c’était là qu’il fallait chercher et, j’ai embauché un autre gars-là bas qui m’a envoyé cette photo. Il essaie d’en savoir plus sur les parents. » il ne dit rien pendant quelques secondes, cette histoire lui semblait folle, elle avait tout ça, toute seule. Il ne put s’empêcher de penser que quelque chose de grave aurait pu lui arriver ce soir, elle ne tenait pas à l’alcool et ce type n’avait pas l’air d’être un homme honnête « Donc tu ignores toujours si c’est eux qui t’ont cherché ? » demanda-t-il en se repassant son histoire dans la tête, il se demandait ce que les parents adoptifs d’Arthur pouvaient lui vouloir mais surtout pourquoi ils n’étaient pas venus directement vers elle au lieu de passer par ce détective venu de Floride « Tu as eu des nouvelles depuis ? » depuis le cliché pensa-t-il, c’était fou, totalement fou « Je suis tellement émue si tu savais » elle interrompit ses pensées, il leva son regard vers la jeune femme, il le voyait, il l’avait vu à la seconde ou elle avait passé la porte de son appartement « Viens-là, calme toi… » il s’approcha et la prit finalement dans ses bras, il déposa son bras dans son dos et son autre main dans ses cheveux roux « Tu n’es plus seule maintenant, tu peux compter sur moi, je t’aiderai » en relevant son visage pour qu’il puisse la regarder dans les yeux. Le sportif était furieux qu’elle n’est rien dit auparavant, qu’elle n’est pas demandée de l’aide et qu’elle se soit mise en danger mais lui reprochait ceci ne l’aiderait pas, cela ne ferait que provoquer une nouvelle dispute dont il n’avait pas envie. Il se détacha lentement et passa ses cheveux et afficha un sourire qui se voulait rassurant et tendre « On va tout essayer d’accord ? Je ferais tout ce qu’il faut pour que tu le rencontres » quitte à aller jusqu’à l’autre bout du pays avec elle, à présent c’était aussi son combat.
Elle pensait avoir suffisamment réfléchit à la manière dont elle allait expliquer toute son aventure à Priam. Elle avait mesuré chaque parole afin que cela soit concis, informatif et qu’elle ne se perde pas dans des informations qu’il ferait mieux d’ignorer, comme le chantage par exemple. Mais aussitôt face à lui, elle a tout oublié de son beau speech et reste muette. Elle n’arrive déjà pas elle-même à croire ce qui lui arrive que quelque part, elle a le doute que tout disparaisse au moment où elle en parlera à voix haute. Mais Priam est très avenant, très rassurant. C’est sûrement pourquoi il fallait absolument que ce soit à lui qu’elle en parle en premier, parce qu’il n’y a que lui pour comprendre la manière dont Cora fonctionne et l’importance de la nouvelle qu’elle apporte. « Ça me fait un drôle d’effet aussi et ce n’est pas mon fils alors j’imagine » lui dit-il pour la conforter, ramenant malgré lui à elle le fait qu’il aurait pu l’être, elle chasse alors le souvenir d’une famille qui n’a jamais existé pour se recentrer sur le plus important : l’histoire. Après une inspiration, elle lâche tout. Elle raconte le chantage, comment elle a réussi à glaner des informations, la Floride, ce détective pour aboutir sur la photo, unique relique de cette enfant qu’elle tient en sa possession. Elle peut observer le visage de Priam passer par toutes les expressions au fur et à mesure qu’elle parle, elle n’en dit rien, elle sait que si elle s’interrompt, elle ne finira pas son histoire. Lorsqu’elle reprend sa respiration, elle ne peut pas s’empêcher de tout répéter dans sa tête. Elle a du mal à croire en ce qu’il lui arrive, à quel point tout ceci s’est enchainé vite alors que douze ans ont passé depuis que le petit lui a été retiré. « Donc tu ignores toujours si c’est eux qui t’ont cherché ? » demande t-il en conclusion du long discours de Cora, elle expire avant de répondre, il reste encore ce point, très important à éclaircie. « Oui, je ne sais rien d’eux. » admet t-elle, elle aurait aimé ne pas trop se concentrer sur ce point, elle n’arrive pas encore à comprendre la démarche qui les aurait amené à chercher Valentin, pour elle, des voleurs d’enfants, ça ne finit pas par avoir une bonne âme et chercher à admettre leur torts. « C’est la partie que je ne comprends pas, pourquoi m’auraient-ils cherché ? A leur place, ça me paraitrait évident que la mère d’un enfant que j’ai volé ne me voudrait pas de bien. Mais Enzo pense que c’est lui – Arthur – qui a du demander, ce qui, si tu veux mon avis n’est pas cohérent non plus. » explique t-elle en passant une main dans ses cheveux, geste qu’elle répète beaucoup trop ces derniers temps, à force de trop penser à cette affaire. « Tu as eu des nouvelles depuis ? » Elle hoche la tête. « Non, c’est de ce matin. Du coup, j’attends, je veux savoir ce qu’ils me veulent avant de tenter quoi que ce soit. » Elle sait, si elle veut mener cette affaire à bien, elle aura besoin d’un plan très bien ficelé, d’un bon avocat et d’un dossier béton. En douze ans, bien des traces s’effacent et elle n’est sûre de rien. Elle ne put s’empêcher de laisser aller à elle les larmes qui ne demandaient qu’à sortir, elle se laisse totalement gagnée par l’émotion. « Viens-là, calme toi… » Il lui présente ses bras, dans lesquels elle se niche à la recherche d’un peu de réconfort. Elle ne parle jamais de tout ça, et la journée a été riche pour ce qui est de remuer d’anciennes douleurs. L’espace d’un instant, serrée contre lui, elle tente de faire le vide. « Tu n’es plus seule maintenant, tu peux compter sur moi, je t’aiderai » Elle l’a toujours su. Son cœur bat la chamade à l’entendre, d’une manière qui n’est peut-être plus appropriée. Il s’éloigne naturellement d’elle avant qu’elle le fasse brusquement, il était aux petits soins pour elle. « On va tout essayer d’accord ? Je ferais tout ce qu’il faut pour que tu le rencontres » Elle lève les yeux vers lui, un léger sourire sur le visage, elle le savait déjà ça. « Oui. Mais je pense que pour l’instant, je ne peux qu’attendre d’en savoir plus. » souffle t-elle, elle ne se voit rien faire d’autre, même si l’envie fait qu’elle ne pensait qu’à prendre l’avion pour reprendre son gosse et peut-être les conséquences, sa raison l’emporte et lui dicte qu’il faut un temps pour chaque chose. « Mais, je crois qu’en attendant, il serait temps que j’en parle. » dit-elle à voix basse, absolument pas sûre d’elle et sérieusement effrayée à l’idée de devoir faire face aux regards de ses proches qui ignorent tout de cet enfant.
Se connaitre depuis d’un peu plus de onze ans avait beaucoup d’avantages. Le premier c’était de se connaitre par cœur, il l’avait laissé voir toutes les parties de son âme sans honte ou sans peur d’un jugement. Elle était la première à qui il s’était confié sur ses sentiments, ses doutes, ses angoisses et à ce jour elle restait la seule à tout savoir de lui. Il n’était pas surpris qu’elle se confie à lui aujourd’hui, mais touché qu’elle ait toujours suffisamment confiance pour le faire. Cette histoire semblait folle, tiré d’un épisode d’une série populaire mais pour Priam, elle faisait remonté des souvenirs qu’il pensait avoir enfouie dans un coin de sa tête. Bien sûr il pensait à ce garçon souvent, très souvent même mais d’une certaine façon il s’était fait à l’idée qu’ils ne formeraient jamais une famille, la famille parfaite dont il avait rêvé plus d’une fois. Il chassa cette idée de ses pensées, ce n’était pas le moment de penser à lui et à ses regrets, il voulait ne penser qu’à elle et c’est ce qu’il fit en se renseignant, en essayant de comprendre l’intégralité de l’histoire « Oui, je ne sais rien d’eux » ça remontait à si loin, des années désormais « C’est la partie que je ne comprends pas, pourquoi m’auraient-ils cherché ? A leur place, ça me paraitrait évident que la mère d’un enfant que j’ai volé ne me voudrait pas de bien. Mais Enzo pense que c’est lui – Arthur – qui a dû demander, ce qui, si tu veux mon avis n’est pas cohérent non plus. » cette idée lui semblait totalement stupide, ça n’avait même aucun sens. Cet Enzo ne devait pas être la personne la plus censé au monde pensa-t-il, il haussa les épaules « Je ne comprends pas non plus. Je veux dire ça n’a aucun sens, rien de logique. Ce qu’ils ont fait, ce qu’ils t’ont fait c’est illégal, je ne les imagine pas en train d’en parler comme si de rien n’était et encore moins le dire à Arthur… » dit-il très sérieusement, il était persuadé que le gamin ne savait rien sur ses véritables origines et sur l’existence de Cora et même avec tes doutes, il était trop jeune pour se poser ce genre de questions. Malgré tout le respect qu’il avait pour sa mère, il ne l’avait jamais comprise, il ne pouvait pas comprendre qu’elle ait pu volontaire faire autant de mal à son enfant sans jamais avoir une once de remords « Non, c’est de ce matin. Du coup, j’attends, je veux savoir ce qu’ils me veulent avant de tenter quoi que ce soit. » elle est forte, plus que n’importe qui, il sait qu’elle aura ses réponses à n’importe quel prix et qu’elle n’abandonnera jamais, il ne le ferait pas lui non plus « Qu’est-ce-que tu sais sur eux exactement ? » elle devait avoir des infos ou du moins avoir tenter de rassembler le plus de choses sur eux, il se rappela ce que son père lui disait toujours, c’est bien de connaitre ses amis, mais il faut surtout connaitre ses ennemis, cette phrase n’avait jamais eu autant de sens. La voir si triste, lui brisa intensément le cœur, lentement il la serre contre son torse essayant de calmer les battements de son cœur par des gestes doux et tendre. Elle se détache, très lentement, les yeux encore humide, naturellement il glisse son pouce sur sa joue et essuie les larmes qui y coulent, dans la seconde un frisson parcourt son corps, être si proche d’elle est plus difficile que ce qu’il avait imaginé « Oui. Mais je pense que pour l’instant, je ne peux qu’attendre d’en savoir plus. » elle n’a pas tords, il aimerait pouvoir faire plus pour l’aider mais attendre est la seule chose à faire « Tu as raison. C’est la meilleure chose à faire » c’est aussi la seule chose à faire. Il finit par sa détacher totalement en gardant malgré tout sa main dans la sienne « Mais, je crois qu’en attendant, il serait temps que j’en parle. » ils se ressemblent tellement, il imagine avec une grande facilité toutes les questions qu’elle se pose actuellement, il ferait sans aucun doute les cents pas si la situation était inversé « Tout se passera bien. Ils comprendront et je t’accompagnerais si tu le souhaites » malheureusement tout le monde ne voyait pas Cora à travers les yeux de Priam, détail qu’il avait tendance à oublier un peu trop facilement parfois « Ta mère sait que tu le cherches toujours ? » il ne savait pas si c’était le bon moment pour ce genre de question mais peut-être qu’elle devait savoir tout ce que sa fille avait sur le cœur.
Ils s’accordent à dire que rien n’a de sens dans cette affaire. Malgré certains élans d’optimistes qu’elle peut avoir, Cora reste tout d’même assez lucide sur le monde qui l’entoure et ceux qui le peuple, plus particulièrement ceux qui ont quelque à se reprocher. Si elle sait une chose, c’est que l’humanité est mauvaise foi et rien dans ce qu’elle raconte ne semble avoir de sens, pourtant les faits sont là, ce petit garçon sur la photo, il lui ressemble bien pour ne pas être le siens ? La question demeure entière, que veulent ces gens ? « Je ne comprends pas non plus. Je veux dire ça n’a aucun sens, rien de logique. Ce qu’ils ont fait, ce qu’ils t’ont fait c’est illégal, je ne les imagine pas en train d’en parler comme si de rien n’était et encore moins le dire à Arthur… » Elle non plus. Seulement, elle ne sait rien d’autre, juste que le détective essaie de rassembler plusieurs informations aux sujets des parents. Elle vient seulement de demander une enquête, même si toutes ses questions ne font que la préoccuper plus que d’ordinaire, Cora garde en tête qu’elle doit être patiente. Cela va déjà faire douze ans qu’elle attend, elle peut encore tenir le coup. « J’ai essayé de le mettre sur le coup. Je pense que de toute manière, nous allons devoir reconstituer cette partie tous seuls parce que je n’ai pas l’intention de retourner voir ce type, je pense m’en tenir avec la chance qu’il n’ait pas dû leur donner les informations à mon sujet. J’ai juste une crainte, c’est qu’ils en profitent pour s’enfuir. » Même si c’est toujours pas plus logique dans ce sens, car ça n’explique pas l’enquête sur elle. Mais Cora essaie de raisonner logiquement, cette question, elle la garde de côté comme la pièce d’un puzzle que l’on arrive à placer nulle part tant que l’on y voit pas clair. « Qu’est-ce-que tu sais sur eux exactement ? » Elle hausse les épaules, elle se sent incroyablement stupide de venir en parler alors qu’elle n’a pu rassembler que très peu d’information sur le sujet. Les questions de Priam ont du sens, elle ne peut juste pas y répondre. « Rien du tout. J’ignore leur nom, prénom, âge, où ils habitent. Il a trouvé Arthur grâce à un dossier d’immigration mais eux, ils n’existent pas. » Oui, ce qui devait être une puce à l’oreille comme quoi il y’a bien anguille sous roche. L’émotion l’avait secoué. Ou peut-être même que le fait de remuer toute cette affaire que Cora garde secrète depuis des années est en train de rouvrir de vieille blessure. Priam avait ouvert ses bras pour la réconforter, un geste qu’elle avait accueil tant elle en avait besoin, même si en soi, il n’arrangeait pas leurs affaires. Être contre lui, ça a un goût d’avant et même si c’est appréciable, elle ne peut s’empêcher de penser que c’est mal. Ils se détachent alors l’un de l’autre, sans que leur conscience respective ne leur indique de le faire. Cora prend une inspiration et tente de contrôler ses larmes que Priam efface du bout des doigts, elle tente de rester stoïque et de ne pas montrer un frisson avec ce contact. Elle lui dit, l’attente est son alliée. « Tu as raison. C’est la meilleure chose à faire » Oui, mais en attendant, elle se demande si elle ne devrait pas commencer à préparer le terrain, ici. C’est facile d’en parler aujourd’hui à Priam, mais il reste le seul à savoir et elle sait que d’autres de ses proches réagiront comme lui l’a fait il y’a plusieurs années, elle a peur de ça. « Tout se passera bien. Ils comprendront et je t’accompagnerais si tu le souhaites » Sa main vient replacer une mèche de ses cheveux derrière ses oreilles, elle apprécie sa présence mais qu’il soit là ou pas, elle ne peut s’empêcher de penser qu’elle ment depuis des années et elle n'est pas aussi sûre de ce qu'il avance. Présentement, elle a cruellement peur de la réaction de Finn. « Finn devrait être le premier, Bryn avec lui. Tout va tellement mal avec eux, je pense que pour eux, mes mensonges ne feront que s’ajouter à la longue liste des griefs qu’ils ont contre moi. » dit-elle en riant nerveusement à l’idée qu’une telle liste puisse exister. « Pourtant, c’est à eux que je dois le dire en premier. » ça, c’était sûr pour. Brisés ou pas, réciproque ou non, ils restaient les deux personnes les plus importantes dans la vie de Cora. « Ta mère sait que tu le cherches toujours ? » Elle hoche la tête, d’ordinaire, elle ne parle jamais de sa mère mais cette dernière n’aurait pas pu trouver meilleure place dans une conversation. « Non, j’ai passé noël chez elle, pour voir si je pouvais en parler avec elle et rassembler des informations, mais ça s’est terminé en dispute au bout d’une demi-heure et je suis partie. Je ne veux plus rien avoir à faire avec cette femme. Je ne lui dirais pas. »
A l’époque l’idée d’avoir des enfants n’étaient pas dans ses priorités, l’idée même d’être père de famille le terrifiait sans doute parce qu’il doutait profondément de ses capacités, il avait tendance à ne pas se croire assez fort pour les grandes responsabilités. Pourtant quand le petit Arthur avait pointé le bout de son nez dans sa petite vie tranquille, il avait envisagé l’idée d’être autre chose qu’un second rôle pour cette petite tête rousse qu’il n’avait jamais rencontré. Et un matin, sa peur et ses craintes s’étaient envolés, il voulait fonder une famille et il n’envisageait personne d’autre que Cora comme partenaire. Repenser à Arthur lui rappela qu’aujourd’hui, il était toujours au même stade, il était heureux mais il n’avait pas la famille qu’il souhaitait parce qu’après Cora, aucune femme ne lui avait donné envie d’avoir des enfants ; pourtant jamais il n’avait envisagé de voler un enfant, de détruire une personne comme l’avait fait cette femme. Il y pensait, souvent, il se demandait comment elle arriver à se regarder dans le miroir en sachant qu’elle avait volé l’enfant d’une autre ; un enfant qui ignorait la vérité et qui s’épanouissait dans le pire des mensonges. Il s’interrogea sur les faits. Le gamin ne devait rien savoir, il en était persuadé, et le couple, c’était impossible que la démarche vienne d’eux, ça n’avait aucun sens « J’ai essayé de le mettre sur le coup. Je pense que de toute manière, nous allons devoir reconstituer cette partie tous seuls parce que je n’ai pas l’intention de retourner voir ce type, je pense m’en tenir avec la chance qu’il n’ait pas dû leur donner les informations à mon sujet. J’ai juste une crainte, c’est qu’ils en profitent pour s’enfuir. » il releva son regard vers elle en l’entendant et saisi immédiatement sa main, leurs doigts se nouèrent, ce touché, cette sensation lui faisait toujours de l’effet, comme s’il prenait une décharge en pleine face « Ne pense pas comme ça. Je te l’interdis. S’il faut les traquer jusqu’au bout du monde, je le ferais » dit-il avec conviction, il venait d’en faire une affaire personnelle et comme pour chacune d’entre elles, il n’abandonnerait jamais. Priam n’avait jamais détesté une personne, il était ouvert d’esprit, curieux et tolérant avec tout le monde, sa capacité à se montrer trop gentil lui jouait souvent des tours mais il éprouvait à l’égard de ces personnes une haine profonde alors qu’il ignorait tout d’eux. Il se demanda d’ailleurs ce qu’elle savait sur eux « Rien du tout. J’ignore leur nom, prénom, âge, où ils habitent. Il a trouvé Arthur grâce à un dossier d’immigration mais eux, ils n’existent pas. » ce n’était pas ce qu’il souhaitait entendre, un nom lui aurait donné un début de piste mais ce manque d’information ne le découragea pas, bien au contraire « Je connais quelqu’un, ce n’est pas un détective mais il est doué pour fouiller et pour déterrer des choses, il m’a aidé plus d’une fois et si tu es d’accord, je lui parlerais d’Arthur » il n’était pas sûr à cent pour cent qu’il puisse trouver des informations mais il était doué, il avait sauvé Priam plus d’une fois grâce à ses talents et même si ce n’était pas toujours légal, il était le meilleur – aux yeux du sportif du moins –. Au fur et à mesure des secondes, il tenta de se montrer le plus présent possible en gardant une certaine distance, mais quand il la vit si triste, il fut incapable d’être loin d’elle. Elle était à cet instant comme son centre de gravité, il était attiré par elle, rester à sa place fut impossible Il passa ses bras autour d’elle, sentir son souffle contre sa peau le fit chavirer mais il ne montra rien, ce n’était pas le moment. Elle était inquiète de la réaction de ses proches et particulièrement de sa famille, il pouvait le comprendre mais comme l’aurait dit Mia, il n’était jamais objectif quand il s’agissait d’elle « Finn devrait être le premier, Bryn avec lui. Tout va tellement mal avec eux, je pense que pour eux, mes mensonges ne feront que s’ajouter à la longue liste des griefs qu’ils ont contre moi. » il afficha malgré tout un léger sourire, comme pour lui faire comprendre que tout ira bien et qu’elle n’avait pas à s’inquiéter concernant ses frères et sœurs « Pourtant, c’est à eux que je dois le dire en premier. » il était d’accord sur ce point, il était temps qu’il connaisse la vérité sur le plus gros secret de leur sœur « Tu peux dire ce que tu veux, ça reste ta famille, ils comprendront, ça prendra peut-être du temps mais ils finiront par te pardonner » aux yeux du sportif tout était pardonnable, même les plus gros mensonges surtout s’ils étaient fait pour de bonnes raisons. Elle avait menti, parce qu’en parlait était trop douloureux et qu’au fond elle voulait sans doute les empêchait de détester eux aussi leur mère. D’ailleurs, il évoqua au bout de quelques minutes sa mère, il se demandait si elle était au courant de la situation de sa fille « Non, j’ai passé noël chez elle, pour voir si je pouvais en parler avec elle et rassembler des informations, mais ça s’est terminé en dispute au bout d’une demi-heure et je suis partie. Je ne veux plus rien avoir à faire avec cette femme. Je ne lui dirais pas. » il savait qu’elle avait passé Noel chez elle puisqu’elle lui avait dit lorsqu’ils s’étaient croisé à nouvel an mais même s’il n’était pas étonné, il ignorait que les choses s’était terminé en dispute « Je suis vraiment désolé » dit-il très sincèrement en plaçant sa main sur la sienne pendant une fraction de seconde « Je sais que c’est facile de dire ça mais ne perds pas espoir, un jour, il sera à tes cotés » le son de sa voix se rapprocha de celui que l’on prenait lorsqu’on faisait une promesse, c’était le cas, sa promesse, a elle, la seule pour qui il retournerait le monde. Il jeta un coup d’œil à la grande horloge numérique qui se trouvait dans son salon juste au-dessus du canapé sur lequel ils étaient assis « Ce n’est pas l’heure idéale mais je suis sûr que mes célèbres pâtes arrabiata te réconforteront » il les lui avait cuisiné plus d’une fois, c’était un peu sa grande spécialité, il en était fier et il savait qu’elle les adorait à l’époque. Sans attendre sans réponse il quitta le canapé et se dirigea vers la cuisine ouverte et ouvrit ses placards, il avait tout ce qu’il fallait pour ça « Tu me donnes un coup de main ? » dit-il en se penchant dans la grande ouverte un sourire sur le visage.
L’idée de faire un seul faux pas et de mettre en péril ce qu’elle a mis des années à la terrifier. Il y’a tellement de point inconnu dans cette affaire, qu’elle ne garde en tête que le fait qu’il lui faut garder ses pieds en dehors du plat. Elle ne comprend pas non plus pourquoi ces gens seraient aller jusqu’à la chercher, mais au lieu de se prendre la tête sur cette question, elle préfère continuer de prier qu’ils n’apprennent pas qu’elle sait et attendre le moment où Arthur sera à côté, entre ses bras pour leur poser la question. Tout n’est que patience dans cette histoire et heureusement pour elle, après avoir attendu douze ans, elle est très bien rodée dans ce domaine. « Ne pense pas comme ça. Je te l’interdis. S’il faut les traquer jusqu’au bout du monde, je le ferais » Elle ne doute pas qu’il le ferait. Un sourire se dessine lentement sur son visage, alors que leur doigt s’entremêle dans un geste qu’elle observe sans se rendre compte de ce qu’il pourrait signifier. Elle ne pense qu’aux paroles de Priam, à sa façon de prendre position pour elle envers et contre tout, qui fait qu’il lui est réellement impossible de ne pas l’avoir dans sa vie. Jamais elle ne pourrait s’en passer. Alors que leur conversation sur le couple actuellement parents d’Arthur s’installe, Cora se rend bien à l’évidence qu’elle ne sait rien. Elle relativise l’importance de la nouvelle qu’elle vient d’apprendre, mais ne manque pas de lui faire part que bientôt, elle en saura plus. Il le faut. « Je connais quelqu’un, ce n’est pas un détective mais il est doué pour fouiller et pour déterrer des choses, il m’a aidé plus d’une fois et si tu es d’accord, je lui parlerais d’Arthur » Elle reste dubitative. Elle sait qu’il veut aider, mais la situation est tellement compliqué entre les parents qui menacent de s’enfuir, sa mère à elle et sa carrière qu’elle doit tout d’même protéger de cette histoire. Elle ne sait pas si elle veut tout de suite que cette affaire soit lâché, ou en prendre le risque. « Ne lui donne pas mon identité alors. Je ne peux pas prendre le risque que cette affaire s’apprenne avant que je ne sois prête à la dévoiler, et j’aimerais d’abord retrouver mon fils. » explique t-elle, un peu consciente que ses paroles pourraient être mal interprété, comme si elle ne pensait qu’à son image. Non. Sa mère l’a sacrifié sur l’autel de sa carrière, ainsi que ses relations avec son père, son frère et sa sœur, et rien de tout ça n’étant réparable. Elle se refuse à perdre la maigre consolation qu’elle en a retiré. Le moment les amène à se rapprocher. Forcément, son instinct lui crie de chercher du réconfort, et c’est sans arrière-pensée qu’elle se réfugie dans ses bras même si sa raison lui dit qu’elle ne devrait pas faire ça. Evidemment, chaque conséquence pouvant dépasser ce geste ne l’atteint pas. Elle ne pense pas à mal, juste à se confier un peu plus à la seule personne avec laquelle elle arrive à le faire. Elle se ronge les sangs à propos de tout, et encore plus que d’habitude. Elle aurait pu parler de tout ça avec Heidi, ou Ginny. Mais ça n’est pas pareil, elles ne savent pas tout sur tout, et Cora a déjà bien assez à gérer avec son coffre à secret pour se permettre d’en déterrer d’autres pour les deux jeunes femmes. Priam essaie de se faire tout aussi rassurant quand elle parle de l’inévitable, ce moment où elle parlera à son frère et sa sœur. Il est bien plus optimiste qu’elle, mais ça, elle le sait, c’est parce qu’il a vécu dans une famille heureuse. « Tu peux dire ce que tu veux, ça reste ta famille, ils comprendront, ça prendra peut-être du temps mais ils finiront par te pardonner » Elle hoche la tête. Non, justement. « Ce sont mon frère et ma sœur. On est pareil sur ce point, on ne pardonne pas. » Insiste-t-elle, pensant bien malgré elle à leur histoire, la fin surtout. La rancune est le défaut des Coverdale. Voilà déjà dix ans qu’elle tente de se faire pardonner de son absence. Bien sûr, elle n’a jamais expliqué les raisons, mais c’est inutile. Ils ont souffert, toutes les raisons du monde ne changera pas ça, et elle sait que de tenir une liste de motif à lui reprocher est leur consolation. Arthur n’en sera qu’une de plus. « Quoique je fasse, ça se retournera contre moi. Mais, c’est pas grave. J’y suis habituée maintenant, je pense. » dit-elle, résignée et pourtant, elle saura qu’après ça, elle n’aura plus rien à se reprocher. Sa mère entre sur le tapis de leur conversation. Après tout, si Cora cherche Arthur, elle sera la personne la plus à même de régler cette affaire rapidement. « Je suis vraiment désolé » dit-il en apprenant la dispute qu’elles avaient eu, pour ne pas changer. Certes, ça l’avait blessé mais plus parce qu’elle se sentait faible de ne pas être encore capable de tenir tête à cette femme plutôt que par ses paroles en elle-même. Cette femme n’est pas une mère et Cora n’éprouve envers elle qu’une obligation naturelle d’être là, plus qu’un amour maternel comme les publicités essaient de nous le vendre. « Je sais que c’est facile de dire ça mais ne perds pas espoir, un jour, il sera à tes cotés » Il en parle comme une certitude. Elle se prend à imaginer la scène, eux, Arthur. Elle aurait voulu que ce moment arrive avant que le petit garçon n’ait plus besoin d’elle. « Ce n’est pas l’heure idéale mais je suis sûr que mes célèbres pâtes arrabiata te réconforteront » dit-il en se relevant, interrompant ainsi le flot de ses pensées, elle le suis du regard avant de regarder l’heure. Elle admet en soufflant. « C’est vrai que, je n’ai encore rien avalé aujourd’hui. » Non, trop tendue. Même là, elle ne sait pas si elle en a vraiment envie, mais elle veut saisir cette main tendue de Priam pour lui changer les idées. « Tu me donnes un coup de main ? » demande t-il, provoquant un rire chez la jeune femme. « Je veux bien mais tu sais, j’ai toujours pas appris à cuisiner. J’ai toujours un traiteur pour livrer chez moi. » Elle se moque un peu de lui, un peu d’elle-même. Quand ils étaient encore ensemble, ce talent de pyromane culinaire qu’avait Cora était le centre de beaucoup de blague. « Mais, j’ai fait des progrès. J’arrive à remplir une casserole d’eau. Je peux faire ça, et t’observer faire le reste. » dit-elle en se relevant du canapé, l’estomac encore noué de leur conversation et la paume qui efface les larmes à moitié séchés de ses joues.
Cette histoire laissait un gout amer dans la bouche de Priam, même s’il savait que personne ne pouvait rien faire pour le moment il se sentait totalement impuissant face à cette situation. Pourtant, un nom lui vint en tête, Marcus, il l’avait rencontré totalement par hasard à une soirée, c’était le genre de type sur qui personne ne se retournait, il était passionné d’informatique, de bandes dessinées et des avions mais surtout c’était un spécial dans l’art de fouiller. Priam avait eu besoin de son aide une fois et depuis il était devenu un ami. Il pourrait aider Cora, pensa-t-il, il en était même persuadé mais ces actions n’étaient pas toujours légales et il ne voulait pas mettre sa rousse dans une situation délicate « Ne lui donne pas mon identité alors. Je ne peux pas prendre le risque que cette affaire s’apprenne avant que je ne sois prête à la dévoiler, et j’aimerais d’abord retrouver mon fils. » le sportif hocha la tête, il respecterait toujours ses volontés et il s’en voudrait beaucoup trop si Arthur devait disparaitre ou pire « Tu as ma parole, je serais discret » dit-il en la regardant dans les yeux, Marcus avait suffisamment confiance en Priam pour ne pas poser de question. Il ne savait pas quoi faire de plus pour elle, à part se montrer présent comme il essayait de l’être à chaque fois qu’elle avait besoin de lui. Avec elle, il se montrait toujours totalement désintéressé, il n’agissait pas dans le but d’obtenir quelques choses d’elle, la savoir heureuse était en réalité la seule chose qui comptait pour lui. Alors il se montrait optimiste, comme toujours d’ailleurs, en se détachant d’elle et en évoquant sa famille il ne souhaitait pas passer pour un je sais tout ou se montrer trop intrusif, il voulait juste la rassurer, lui enlever un peu de peine mais malheureusement elle ne semblait pas être de cet avis. « Ce sont mon frère et ma sœur. On est pareil sur ce point, on ne pardonne pas. » tu m’as pardonné pensa-t-il sans vraiment osé lui dire, puis il pensa aux autres Coverdale ; il n’était pas proche de son frère jumeau, il n’avait jamais eu de réel discussion avec lui d’ailleurs, Bryn s’était toujours montré plus ouverte avec le sportif mais elle avait peut-être changé depuis tout ce temps. Cette famille était compliqué, il y avait bien trop de non-dit pour que les choses fonctionne bien mais malgré tout Priam restait persuadé qu’il finirait par la pardonner un jour ou l’autre. Il afficha un petit sourire, pour se montrer rassurant et arqua un sourcil en l’entendant ajouter « Quoique je fasse, ça se retournera contre moi. Mais, ce n’est pas grave. J’y suis habituée maintenant, je pense » le son si triste de sa voix lui pinça le cœur, elle souffrait parce qu’elle avait donné la vie face à une mère trop stricte. Il ne sut quoi lu dire, il était conscient qu’aucune de ses paroles ne l’apaiserait pourtant il le souhaitait plus que tout au monde. Il décida cependant de lui changer les idées, lui faire penser à autre chose lui sembla être la meilleure chose à faire. Le sportif se leva du canapé lui proposant de cuisiner et de manger ensemble comme au bon vieux temps. Il afficha un tel sourire qu’il fut presque impossible pour la jeune femme de décliner son offre « C’est vrai que, je n’ai encore rien avalé aujourd’hui. » – « Je m’en doutais un peu » ajouta-t-il presque immédiatement, il la connaissait assez pour savoir qu’elle ne pensait jamais à son estomac lorsqu’elle était nerveuse ou anxieuse. Une fois dans la cuisine, Priam sorti ce dont il avait besoin, un peu d’ail frais, de l’échalote, des tomates, des poivrons et de quoi pimenter tout sa recette ; il rapporta son regard vers la jeune rousse lui demandant son aide par la même occasion « Je veux bien mais tu sais, j’ai toujours pas appris à cuisiner. J’ai toujours un traiteur pour livrer chez moi. » il leva les yeux au ciel en l’entendant, elle n’était pas mauvaise cuisinière mais elle n’était pas non plus la douée du monde « Mais, j’ai fait des progrès. J’arrive à remplir une casserole d’eau. Je peux faire ça, et t’observer faire le reste. » elle arriva finalement près de lui, elle avait l’air encore si triste mais il allait tout faire pour la faire sourire « Des progrès ? J’ai hâte de voir ça » il attrapa deux casseroles, une pour les pâtes et une pour la sauce « Je te laisse choisir les pâtes » dit-il en désignant le placard dans lesquels il les rangeait. Il adorait la cuisine italienne, il aurait pu manger ce genre de plat matin, midi et soir alors il avait une énorme quantité de choix niveau pasta. Il coupa un oignon, de l’ail, et l’échalote avant de sortir une bouteille de vin rouge de sa réserve personnel « Je sais que tu l’adores celui-là. Un verre ? » il avait acheté cette bouteille il y a des années en pensant à elle, il y avait toujours dans loft des choses qui lui faisait penser à Cora, comme des photos d’eux à l’époque de leur grande histoire d’amour caché dans le fond des tiroirs de la cuisine « Allez, viens, montre-moi tes talents » il avait essayé à l’époque mais ça n’avait pas été une immense réussite ; il lava les tomates parfaitement mures et les déposa sur une planche avec un couteau face à la jeune femme.
Les gestes qu’ils ont l’un envers l’autre ne sont pas les plus adaptés dans une situation comme celle-ci, si leurs têtes ne sont pas à se rendre compte de ce que leurs mains et accolades transparaissent, tout spectateur extérieur peut observer et être vite gêné par la trop grande tendresse qui se dégage d’eux. C’est trop naturel. Comme une seconde nature qui s’empare d’eux alors que leur conversation est on ne peut plus sérieuse. Ce que Cora raconte à Priam est de l’ordre du très privé, elle est réjouie autant qu’elle est effrayée par la suite de cette histoire. L’impression de n’avoir qu’un seul faux pas à faire pour tout perdre lui prend l’estomac et les paroles de Priam parviennent à peine à effacer cette désagréable sensation. Il tente quelque chose, de s’impliquer, de lui proposer de l’aide. Cela ne fait qu’accroitre ses peurs, autant que ça la touche qu’il veuille autant s’investir même après ces années, elle a juste l’impression qu’il ne lui reste qu’à donner un gros coup de pieds dans la fourmilière. Il lui parle vaguement d’un type qui pourrait l’aider en faisant des recherches, elle ne veut pas que son nom soit prononcé, mais si Priam a confiance, peut-être devrait-elle aussi. « Tu as ma parole, je serais discret » « Bien » se contente-t-elle de lui répondre à voix basse. Elle a de plus en plus l’impression que si elle continue de parler de tous ses dilemmes intérieurs, cette sensation désagréable dans l’estomac ne fera que s’accroître et en parlant avec Priam, une question problématique se présente à elle. Jusque-là, elle n’avait abordé sa grossesse, l’information avait été donnée à Priam, à Ginny et personne d’autre. Cora avait caché ce secret à triple tour dans son coffre à souvenirs et ne l’avait jamais ressorti. Aujourd’hui, elle sait que pour avancer, elle doit à nouveau délivrer ce secret à quelqu’un, à Finn, puis à Bryn. Elle sait que c’est important, mais comme si cette affaire n’était pas assez, elle peut déjà sentir que Finn ne manquera pas de lui faire regretter ses secrets et ça, elle appréhende. Sa relation avec son frère va juste en pâtir encore plus. Le choix est cornélien, et pourtant elle sait ce qu’il lui reste à faire. Avant ça, elle aura sûrement besoin de tout le réconfort que Priam peut lui apporter, même si sur cette question, il n’a jamais été capable de comprendre l’intensité du mépris que Finn peut avoir à son égard. Ce n’est pas sa faute. Sa relation à Mia est parfaite. Cora lui a toujours jalousé cette famille à l’entente parfaite. C’est même difficile parfois de se dire qu’elle n’en fait plus partie. Elle lui explique la situation, bien que cela ne change pas grand-chose. Elle doit le faire, et elle le fera. Finalement, il semble se décider à lui changer les idées. Priam se lève comme l’éclair hors du canapé pour lui proposer de cuisiner quelque chose, il faut dire que, n’ayant encore rien mangé, n’étant certainement pas en mesure de manger quelque chose qui n’a pas trainé trois jours au frigo chez elle et puis bien sûr, ajoutons à cela le sourire de Priam, Cora n’a nul autre choix que d’accepter son offre et arrêter de s’apitoyer un peu. Les yeux humides, l’estomac noué, elle accepte. De toute manière, ce n’est qu’une question de temps avant que son organisme ne fasse savoir sa position. « Je m’en doutais un peu » Elle lui fait un sourire gênée, comme si elle avait été prise sur le fait. Evidemment qu’elle n’avait rien mangé, malgré son très bon appétit de tous les jours, les situations stressantes avaient pour don de lui couper tout et la situation actuelle est bien loin de déroger à cette règle. Elle le suit gentiment jusqu’à sa cuisine où il dispose face à lui tous les ingrédients dont ils auraient besoin. Elle le regarde faire, et n’hésite pas à pratique l’autodérision quand il lui demande si elle veut l’aider. Cora ne cuisine pas. Elle ne sait pas faire et ne saura probablement jamais. Si elle essayait, sa tentative demanderait forcément l’assistance d’un pompiers, juste au cas où. « Des progrès ? J’ai hâte de voir ça » dit-il, l’amenant elle à se demander s’il la prend vraiment au sérieux. « Je te laisse choisir les pâtes » Choix cornélien. Elle a tout de même la pensée de bénir le ciel que Vitto et Priam ne se connaissent pas, autrement l’italien lui aurait sûrement appris à faire des pâtes et ils en auraient pour des heures. Elle hésite beaucoup, puis opte finalement pour des tagliatelles, même si elle a la manie d’en mettre partout quand elle en mange, elle se dit que toute manière, Priam a déjà eu l’habitude de voir ça. « Tiens ! » Elle le pose juste à côté de lui, tout en le regardant faire. Elle pourrait presque en profiter pour apprendre, mais la tête n’est pas à ça et la résignation la dissuade même d’essayer. « Je sais que tu l’adores celui-là. Un verre ? » dit-il en lui présentant une bouteille de vin. « Aaah, là, tu parles mon langage. Oui, s’il te plait. » répond t-elle en essayant d’être d’une humeur plus joyeuse. Son premier réflexe reste d’observe l’origine et l’année du vin proposé. Elle ne peut s’empêcher de s’étonner quand elle voit que Priam, il ne lui a pas proposé n’importe quoi. « Oh mon dieu, mais elle a de l’âge cette bouteille. Tu aurais dû la garder pour occasion spéciale ! » lui fait-elle remarquer, presque trop gênée de boire son verre. « Et ne répond pas que de m’avoir chez toi pour pleurnicher en est une. » lui rétorque t-elle en devinant presque sa réponse. Tout de même, elle ne se prive pas longtemps de goûter. « Excellent ! » dit-elle avant que Priam ne pose devant elle planche & légume. Merde, il était vraiment sérieux pour ce qui est de la voir cuisiner. « Allez, viens, montre-moi tes talents » Elle ne sait pas si elle devrait être à la recherche d’une caméra, mais elle prend le défi au sérieux et pose son verre pour s’emparer du couteau. Elle coupe les tomates comme s’il s’agissait d’une mission très minutieuse et qu’elles étaient prêtes à explosé à tout moment. Ses morceaux sont grossiers, énormes, moches mais ses doigts intactes, ce qui est une compensation. « Tu me dis dès que tu commences à avoir peur de manger de la purée de tomate. »
Il ferait tout pour elle sans hésiter une seule seconde, malgré les années qui avaient passé, elle avait toujours ce pouvoir sur lui, cette accroche indestructible. Toute cette histoire le remuait, plus que ce qu’il avait imaginé, penser à Arthur le laissait toujours dans un état de tristesse et de nostalgie mais face à elle, il tentait d’agir le plus normalement possible. Il allait l’aider du mieux qu’il le pouvait, il lui proposa de parler de son affaire a un de ses amis qui pourrait apporter son aide et elle ne refusa pas cette idée même si elle lui demande de se montrer discret. Evidemment il lui en fit la promesse, il ne pouvait rien lui refuser « Bien » elle semblait avoir confiance à lui et cette simple pensée lui mit du baume au cœur. En voyant la tristesse dans son regard il décida de lui changer les idées, il ne trouva rien de mieux qu’un cours de cuisine improvisé, elle n’avait probablement rien mangé pensa-t-il en lui proposant de cuisiner quelques choses de rapide. La cuisine italienne était de très loin la favorite du sportif, il rêvait parfois de possédait son propre restaurant et de pouvoir manger cette divine cuisine pour le reste de sa vie. En se plaçant derrière les fourneaux il ne résista pas à l’idée de lui demander son aide, en souvenir du bon vieux temps et pour occuper ses pensées. Apparemment elle avait fait des progrès depuis la dernière fois qu’elle avait cuisiné pour lui, cet aveux piqua immédiatement sa curiosité. En installant tout le nécessaire culinaire il lui proposa de choisir les pâtes, il n’avait pas le matériel pour pouvoir les faire lui-même mais il se fournissait dans la meilleure épicerie italienne de la ville « Tiens » il attrapa le paquet qu’elle venait de déposer sur le plan de travail et afficha un petit sourire, elle avait choisis celle qu’il préféré et il ne put s’empêcher de penser qu’elle s’en rappelait « Excellent choix » dit-il avec un sourire sur le visage avant d’attraper une bouteille de vin qu’il gardait pour un moment spécial comme celui-ci. Il lui présenta la bouteille sachant parfaitement qu’elle ne pourrait y résister, il l’avait depuis très longtemps et il savait à quel point elle l’aimait « Aaah, là, tu parles mon langage. Oui, s’il te plait. » il attrapa deux verres dans son armoire et les remplis de moitié avant de lui tendre le sien, l’odeur qui s’échappait de la bouteille était aussi divine que son gout « Oh mon dieu, mais elle a de l’âge cette bouteille. Tu aurais dû la garder pour occasion spéciale ! » il l’avait vu venir, il fut sur le point de lui répondre mais elle prit la parole la première « Et ne répond pas que de m’avoir chez toi pour pleurnicher en est une. » un sourire se dessina sur son visage « Je ne dirais rien dans ce cas » mais son regard en disait assez long. A son tour il porta son verre à ses lèvres et prit une gorgée de ce vin, le gout lui rappela une soirée qu’ils avaient passé au lit à déguster une bouteille similaire tout en parlant de leurs rêves et de leur avenir en commun, ce souvenir lui pinça le cœur, ces moments de bonheur lui manquait plus que ce qu’il imaginait. « Excellent ! » il fut tiré de ses pensées et releva son regard vers la jeune femme qui semblait avoir retrouvé le sourire. Il lui rendit son sourire en sortant une planche, un couteau et les tomates puis lui céda sa place ; il se plaça à sa droite et observa avec attention la façon dont elle coupé ce fruit rouge. Elle massacré littéralement les tomates avec une aisance incroyable « Tu me dis dès que tu commences à avoir peur de manger de la purée de tomate. » il ne dit rien pendant quelques secondes mais en voyant un jet de jus de tomate atterrir sur le mur il comprit que c’était le moment pour lui d’intervenir « Heureusement que tu as dit avoir fait des progrès » évidemment il se moquait gentiment d’elle. Il attrapa une éponge et essuya le jus sur son mur blanc avant de regarder les tomates qu’elle venait de couper « Tu dois être plus douce, ce sont des fruits fragiles » dit-il en épongeant le jus qui se trouvait partout autour de sa planche. Il passa ensuite derrière elle « Regarde… » lentement il glissa ses mains au-dessus des siennes afin de la guider. Il déposa une nouvelle tomate au centre de la table qu’il coupa avec elle délicatement comme s’il s’agissait de quelque chose de précieux ; il répéta le geste à plusieurs reprises jusqu’à avoir coupé trois tomates « Tu vois, la douceur ça fait tout » murmura-t-il en détachant ses mains des siennes, ce contact provoquait chez le sportif de nombreux frissons.
Elle ne sait pas si cette conversation n’a pas soulevé plus de questionnement que soulagé ses appréhensions. Elle a annoncé sa nouvelle à la seule personne capable de l’entendre, et maintenant elle doit poursuivre vers ceux qui se feront moins attentifs. Ça la prend à l’estomac, ça la dévore de l’intérieur, la peur que ses révélations creusent encore plus le fossé qui sépare la fratrie Coverdale, et pourtant, elle le doit, elle s’arme de courage en disant à Priam qu’elle le fera, et si jamais ça tourne mal, elle est certaine que d’avoir retrouvé son fils l’aidera un peu plus à avancer. Evidemment, ses questionnements sur son frère et sa sœur, elle les garde pour elle. Nul besoin d’embêter Priam avec cela, et elle doit déjà réfléchir à la façon dont elle compte annoncer la nouvelle. Un air grave a du s’afficher sur son visage, puisqu’il la coupe dans ses réflexions et l’invite à rester dîner et à l’aider à préparer le repas. Elle accepte, sans mal. Bien consciente qu’une soirée avec lui vaut mieux que de se triturer les méninges. Il ne faut pas attendre longtemps pour que le vin soit servi, une bonne bouteille entre ses mains, elle lui répète qu’il devrait éviter ce gaspillage pour elle. « Je ne dirais rien dans ce cas » Elle le regarde en hochant la tête, l’air de lui dire qu’il est irrattrapable. Elle le connait trop bien, beau parleur et toujours avec la réponse charmante qui vient. Elle n’insiste donc pas, après tout, elle préfère qu’il sorte une bonne bouteille qu’une piquette. En revanche, elle a eu tôt fait d’assumer qu’il la laisserait picoler tandis qu’il cuisine, elle n’aurait pas pensé qu’en plaisantant sur un semblant de progrès culinaire (qui quand on connait Cora se résume à avoir appris à réchauffer une pizza au micro-onde –rip vitto-) puisqu’il en vient à lui demander son concours. A en juger par son regard, non, il ne plaisante pas. « Heureusement que tu as dit avoir fait des progrès » dit-il alors qu’elle vient de passer les dernières minutes à hacher d’une façon totalement barbare une pauvre tomate déposée là. « C’était une boutade. » admet-elle en lui adressant un petit sourire coupable avant de lui tendre le couteau pour se débarrasser de tout ce truc de cuisine. Bien sûr, qu’il le saisisse aurait été trop facile. « Tu dois être plus douce, ce sont des fruits fragiles » dit-il en essuyant ses dégâts, elle l’observe ne sachant pas si elle doit rire de ses propos empreint d’une sensibilité qu’elle ne lui connaissait pas, ou si elle doit rester sérieuse. Elle choisit la deuxième option, non sans manquer de se retenir de se moquer. « Regarde… » dit-il en se plaçant derrière, vraisemsablement décidé à lui apprendre à couper une tomate. Elle qui avait espéré que quatre années de vie de couple l’avait amené à abandonner toute idée de lui apprendre quoi que ce soit de culinaire. Ne voulant pas être trop mauvaise, elle se décide tout de même à suivre ses gestes. « Tu vois, la douceur ça fait tout » murmurre t-il dans un frisson qui en vient à la traverser aussi, action qui la perd quelques secondes avant qu’elle ne reprenne ses esprits, ses distances, n’ayant absolument pas l’envie d’aller traîner sur ce terrain là. Au lieu de ça, elle reprend l’air moqueur. « Et sinon, à part faire en sorte que les tomates soit découpé en rondelle tout en préservant leur sensibilité. On doit faire quoi après ? Parce que, si tu comptes me faire hacher des oignons ou autre chose, je file d’acheter un des trucs électronique là, qui coupe les légumes en faisant du bruit. » explique t-elle vaguement, en étant sûre de savoir de quoi il parle. Elle finit par aller s’asseoir sur le plan de travail, là où c’est propre, son verre à la main, elle l’observe poursuivre son œuvre. « Tu sais si Mia est là ? Tu ne devrais pas faire que pour moi. » dit-elle, en se sentant soudainement quelque peu mal à l’aise d’être là, à presque partager un moment qui pourrait figurer dans la bibliothèque d’antan alors que ça ne devrait pas être le cas.
La cuisine était un des passe-temps favori de Priam, c’était un des rares moments qu’il partageait plus jeune avec sa mère et c’était devenu au fur et à mesure des années une passion. Il possédait de nombreux ouvrages sur la cuisine du monde et la cuisine australienne et adorait tester de nouvelles choses en mélangeant des saveurs qu’il n’aurait pas associé au premier abord ; mais son premier amour était et resterait la cuisine italienne. Cuisiner était agréable mais cuisiner pour une femme était encore mieux ; il ne fallait pas être devin pour remarquer que Cora n’avait pas mangé, elle était bien trop anxieuse et préoccuper pour penser à son estomac alors ce fut naturellement qu’il proposa de lui cuisiner quelques choses et pour occuper ses pensées il l’invita à passer derrière les fourneaux avec lui. Ensemble ils s’occupèrent de la préparation de la sauce, il savait qu’elle n’avait jamais était une grande cuisinière mais elle lui avoua malgré tout avoir fait des progrès ce qu’il crut sans hésitation ; ce fut simplement en voyant sa manière si délicate de couper les tomates qu’il réalisa qu’elle avait peut-être enjolivé la vérité. Ce n’est que lorsqu’il vit l’état de cette pauvre tomate qu’il fit une petite réflexion, rien de bien méchant, en réalité il trouvait ça assez drôle de la voir aussi maladroite « C’était une boutade » il afficha un petit sourire en croisant son regard et fit mine de la croire bien qu’en réalité il n’était pas convaincue par son explication. Sans attendre une seconde de plus, Priam remonta ses manches et essuya les dégâts rapportant ensuite son attention sur la jeune femme ; décidé à rattraper les choses il se transforma en professeur lui expliquant ce qu’elle devait faire, les gestes qu’il fallait ainsi que la manière dont elle devait se positionner. Il la guida en accompagnant le moindre de ces gestes, un moment de complicité qui lui rappelèrent de bons et lointains souvenirs. En sentant cette sensation devenir un peu trop intense, il se détacha assez lentement posant un regard plus amical sur celle qu’il aimait qualifier de « sa rousse » « Et sinon, à part faire en sorte que les tomates soit découpé en rondelle tout en préservant leur sensibilité. On doit faire quoi après ? Parce que, si tu comptes me faire hacher des oignons ou autre chose, je file d’acheter un des trucs électronique là, qui coupe les légumes en faisant du bruit. » il leva le ciel en l’entendant dire ceci, c’était presque une offense pour lui qui était contre tous les appareils un peu trop perfectionné dans le domaine de la cuisine, pour le sportif, la cuisine rimait avec amour et passion et non avec machine « Je vais m’occuper des oignons ne t’en fais pas, tu peux mettre de l’eau dans la casserole juste derrière toi » il désigna le récipient haut et noir qui se trouvait sur le plan de travail juste derrière elle et s’attaqua aux oignons qu’il hacha assez finement sans même y poser un regard. Une fois la casserole remplie d’eau et mise sur le feu, il déposa les tomates et les oignons dans une casserole plus petite avant de voir la jeune femme prendre ses aises sur le plan de travail « Tu sais si Mia est là ? Tu ne devrais pas faire que pour moi. » il haussa les épaules, il n’avait pas vu sa cadette de la semaine il se demandait même parfois si elle vivait bien dans l’appartement d’en face « J’suis passé voir toute à l’heure, elle est sortie avec des copines même si je crois que copines veut dire copains » et dans la bouche du sportif cela ne sonnait pas comme une chose positif bien au contraire « Elle t’as dit si elle voyait quelqu’un ? » elle savait que sa sœur aimait Cora comme si elle était la sienne alors Priam imaginait qu’elle ait pu se confier à elle. Il rajouta un peu de pulpe de tomates dans la sauce qu’il alluma afin de la faire chauffer lentement puis remarqua le regard qu’elle lui lançait « Je connais ce regard, ça veut dire tu es trop curieux laisse là un peu respirer ? » demanda-t-il avec son plus beau sourire.
Et les choses ont presque l’air de reprendre leur chemin naturel. Tous les deux dans la cuisine, Priam aux fourneaux et Cora qui l’observe silencieusement, un verre de vin à la main. On dirait que rien n’a changé hormis les traits de leurs visages respectifs indiquant qu’ils ont pris de l’âge, qu’ils sont censés être plus mûrs, plus sage. Seulement, quand on penche l’oreille, on se rend compte que ça n’est pas tellement le cas. Les conversations en sont encore à qui a raison ou tort, comme quand Cora explique avoir voulu plaisanter sur son niveau en cuisine, ce que Priam n’aurait pas dû prendre au sérieux. « Je vais m’occuper des oignons ne t’en fais pas, tu peux mettre de l’eau dans la casserole juste derrière toi » « J’y cours, j’y vole. » dit-elle en prenant une gorgée de vin avant de sauter du plan de travail pour accomplir sa mission qui entre assez correctement dans ses cordes, même si le connaissant, il risque de lui répondre que le niveau d’eau pour cuire des pâtes doit millimétré avec précision et qu’elle en aura soit trop mis, soit pas assez. D’ailleurs, rien qu’en y pensant, l’envie de l’embêter en en mettant pas assez fait son apparition et c’est avec une casserole à moitié pleine qu’elle revient vers lui, masquant son sourire satisfait de réussir encore à le faire tourner en bourrique. La casserole sur le feu, elle reprend place sur le feu, demandant si Mia peut se joindre à eux. « J’suis passé voir toute à l’heure, elle est sortie avec des copines même si je crois que copines veut dire copains » Elle se moque ouvertement de sa façon de s’inquiéter, comme si cela était dangereux pour elle de sortir d’amuser avec d’autres du sexe opposé. « Elle t’as dit si elle voyait quelqu’un ? » « Nope ! » répond t-elle du tac au tac, sans pour autant faire disparaitre ce sourire qui se moque de lui, ou plutôt de cette attitude de grand frère poule. « Mais si jamais elle m’en parle, je ne te dirais rien. » « Je connais ce regard, ça veut dire tu es trop curieux laisse là un peu respirer ? » « Exactement. » dit-elle en acquiesçant avant de reprendre de façon plus neutre. « C’est une jeune femme Priam, c’est normal qu’elle sorte, qu’elle cherche à voir des hommes, parce que oui, ta sœur voit des hommes – ou des femmes, à vrai dire, c’est elle qui décide – mais pas des garçons et qu’il faudra que tu t’y fasses parce que si elle sent que ça te dérange, son unique réaction sera de te tenir à l’écart de ses histoires de cœur, ce qui serait vraiment dommage pour vous deux. » Pour leur relation surtout. Le genre de modèle de fraternité qu’elle aurait tant aimé si malheureusement les choses n’avaient pas tourné dans ce sens. Elle n’aimerait pas que le silence règne entre Priam et sa sœur. « Mais en tout cas, c’est dommage. Je ne l’ai pas vu depuis un sacré moment. » soupire t-elle avant d’en revenir à la cuisine. « Ah, je vois que ça avance avec tes tomates. Est-ce que tes caresses les ont rendu plus rouge avant de finir en morceaux ? » On en revient à la moquerie, toujours. Ça a tellement été toujours plus facile de rire avec lui.