L'avion avait atterri il y a quelques heures mais Connor était resté à l'aéroport pour retrouver sa valise et il a fait connaissance avec un habitant. Connor avait aussi commencé à prendre peur. Et si Gauthier le renvoyait en Angleterre? Et si ils avaient été oublié par ses frères et sa sœur? Il prenait et donnait régulièrement des nouvelles à Theo mais il faisait aussi bien comprendre à ses deux frères qu'il était toujours en colère après eux en les ignorants. Il était aussi certain que Theo faisait office de messagère officieuse entre eux, il n'avait jamais demandé cependant de faire passer un message bien que son dernier message il a bien précisé de ne rien dire à Gauthier et à Charlie. "J'arrive, je pars de Londres. Ne leur dis pas.", le message était simple et concis, écris sur son Iphone pendant qu'il attendait l'avion.
Connor sortit des billets de son portefeuille, plus qu'assez pour payer le taxi et laisser un bon pourboire. "Gardez la monnaie." il dit au conducteur après que l'homme lui ai donné sa valise. Il attendit que le taxi part, il inspira profondément. Il fit un pas avant de s'arrêter. Il n'était même pas sept heure du matin, il espérait qu'ils étaient en train de dormir pour faire une encore plus belle surprise. Et les énerver. Il reprit une profonde inspiration avant de reprendre ses pas vers la porte. Son cœur battait de plus en plus vite à mesure qu'il s'approchait de la porte. Il posa sa valise entre lui et la porte avant d'appuyer sur le bouton de la sonnette. "Merde!" il voulait réveiller Theo, Charlie et Gauthier mais pas réveiller son neveu, le petit méritait de dormir autant que d'habitude mais il était trop tard. Il ne savait même pas si le petit avait le sommeil lourd, Connor espérait qu'il tenait de son oncle le plus cool sur ça.
"Salut!" fut le premier mot sortit de sa bouche, assez fortement d'ailleurs, et il espérait sur un ton gaie et joyeux, et non nerveux comme il se sentait à ce moment là.
Gauthier était doté d’une horloge interne extrêmement bien réglée. Tout les matin à 5h30 ses yeux s’ouvraient pour ne généralement pas se refermer de la journée. Dormir était une perte de temps pour lui et si son corps ne réclamait pas ces quelques heures de sommeil il s’en passerait volontiers. Le rituel du matin en semaine était toujours le même - jus de fruit, footing, quelques exercices de musculation et de grimpe si possible, une bonne douche et finalement un café bien mérité et un déjeuner avant de partir au travail. Parfois il avait aussi la tâche de s’occuper de son neveu mais pas ce matin - il n’était plus sûr de savoir si Theodora avait dit qu’elle le déposerait à l’école avant ses cours ou si Charlie s’en chargerait plus tard mais quand il était revenu de son footing les chaussures de Théodora n’étaient plus là. Il faut dire qu’en ce moment elle travaillait d’arrache pied, ses partiels arrivant à grands pas. Gauthier venait de sortir de la douche et avait à peine enfilé son pantalon quand il avait entendu la sonnette retenir dans la maison. Fronçant légèrement les sourcils. il s’était demandé qui pouvait bien venir les déranger à cette heure si matinale. Imaginant finalement que Theodora avait dû oublier son sac et ses clés avec, il avait enfilé vite fait sa chemise pour aller ouvrir la porte. « Tu n’as vraiment pas de têêê… » Ses yeux s’étaient arrondis alors qu’il posait le regard sur la personne devant lui qui n’était de toute évidence pas Theodora. « Conor ? » Quatre années séparaient l'aîné de la famille Hazard Perry et son cadet de leur dernière rencontre. Quatre années qui avait vu grandir Conor pour devenir l’homme qui se tenait maintenant devant lui. « Salut! » Dans une autre famille les frères se seraient sans doute sauté dans les bras mais chez les Hazard-Perry avait toujours régné une certaine pudeur dans les relations entre frères et plus particulièrement celle que Gauthier avait avec ses cadets. « Qu’est ce que tu fais là ? » Sans doute pas la question la plus aimable dans cette situation mais les circonstances le prenaient un peu de court - sa chemise débraillée et son café pas encore bu. « Enfin…Pourquoi t’as pas prévenu ? » Les surprises n’étaient clairement pas la tasse de thé de Gauthier et tout le monde le savait dans la famille. « Tu comptes t’installer ? » Avait-il demandé en désignant la valise presque aussi grosse que lui, le ton un peu amusé il ne pouvait pourtant s’empêcher de se dire que la moindre des choses aurait été de prévenir – il refusait presque tout contact avec lui depuis 4ans et le voilà maintenant sur le pas de sa porte. Se rendant pourtant compte de sa froideur il avait ajouté plus amicalement, un sourire se dessinant finalement sur ses lèvres. « Allez viens… Rentre. » Attrapant la valise de son frère il avait laissé le plus jeune de la famille rentrer dans la maison alors qu’il posait une main amicalement dans sa nuque - sans doute le seul moyen qu’il avait de lui dire qu’il était malgré tout heureux de le voir. « Charlie ! Sors de ton lit, tu ne vas pas en croire tes yeux. » Avait-il ajouté plus fortement à l'attention de son frère sans doute encore emmitouflé douillettement dans son duvet.
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« Charlie ! Sors de ton lit, tu ne vas pas en croire tes yeux. » C’était le cri de guerre de Gauthier qui me tirait de mon lourd sommeil. Pour toute réponse, je grognais et me retournais dans mon lit, enfouissant ma tête sous l’oreiller dans l’espoir de me rendormir aussi sec. Evidemment, c’était sans compter sur la détermination de Gauthier qui s’évertuait à s’égosiller à l’autre bout de la maison. « Y a vraiment pas moyen d’être tranquille dans cette baraque ! » grommelais-je, abandonnant tout espoir de glaner quelques précieuses minutes de sommeil avant le début des cours. Je songeais en mon for intérieur que ce cher Sartre avait visé juste : l’Enfer, c’était définitivement les autres. Non sans traîner la patte, je me hissais hors de mon lit, songeant qu’une fois de plus, la nuit avait été bien trop courte, ce qui n’était pas étonnant lorsque, comme moi, vous décidiez de rentrer au petit matin après une soirée passée en compagnie de quelques potes (et de très charmantes jeunes femmes). Ce comportement qui, autrefois avait été mon quotidien, était redevenu une sorte d’habitude pour moi ces derniers mois, au grand dam de Gauthier et Théodora qui se plaignaient régulièrement de ma régression. Grand bien leur en fasse, je n’étais cependant pas décidé à changer d’attitude et tant qu’ils ne me lâcheraient pas les baskets, j’étais bien décidé à continuer d’inonder la maison de ma mauvaise humeur. La raison d’un comportement aussi bougon ? D’aucuns évoqueraient le fait qu’une certaine blonde avait disparu de la circulation. Pour ma part, je niais tout en bloc. Depuis quand mon comportement était-il régulé par les agissements d’une blonde écervelée ? Non, Janis Cavendish n’aurait pas ce plaisir, je me l’étais juré. Et pourtant… Je me précipitais sous la douche, qui me faisait alors un bien fou, me permettant de me remettre les idées en place et de me réveiller un peu mieux. Après un petit quart d’heure, je finissais par descendre les escaliers, propre et habillé, pour savoir ce que Gauthier pouvait bien me vouloir à une heure pareille. « Non mais t’as vu l’heure qu’il est ? » lui lançais-je aussitôt, depuis les escaliers alors que je terminais de boucler ma ceinture sur mon jean noir. « Au fait, tu sais si c’est Théo qui emmène Ollie aujourd’hui ? J’ai oubl… » Je me figeais aussitôt, à deux marches du rez-de-chaussée, n’arrivant pas à en croire mes yeux. Ça pour une surprise ! C’était même une apparition divine. Je sentais quelque chose dans mon estomac qui remuait, une part d’espoir et de joie à l’idée de retrouver Connor. Et si n’importe qui d’autre que moi aurait choisi d’exprimer cette joie, je me contentais d’afficher un air totalement neutre et de ravaler cet élan d’enthousiasme qui s’était emparé de moi. « Tiens, t’es toujours vivant toi ? » claquais-je, glacial à l’attention du benjamin de la fratrie, sans même un regard pour Gauthier. Etait-il au courant lui ? J’espérais que non et le regard noir que je lançais aussitôt à Gauthier en était témoin. Je savais pertinemment que lancer cette phrase ne ferait que déclencher les hostilités entre Connor et moi, mais je l’avais bien trop mauvaise pour me retenir. Je savais que j’avais sûrement mes torts dans cette histoire, qu’il avait peut-être des raisons valables de m’en vouloir, mais moi je ne digérais toujours pas le fait qu’il n’ait retourné aucun de mes appels, pas répondu à mes nombreux texto en quatre ans. Et quatre ans, c’était très long. Oh, il pouvait m’en vouloir s’il le désirait, mais j’étais loin d’avoir dit mon dernier mot. Nous verrions bien lequel de nous deux parviendrait à tenir le plus longtemps.
Connor ne savait pas s'il devait rester ou partir. Il avait encore le temps de partir avant que quelqu'un ouvre la porte. Si Gauthier n'avait pas changé – s'il se levait encore ridiculement tôt comme à Londres – et qu'il n'était pas déjà parti travaillé alors il y avait de grande chance que ce soit lui qui ouvre. Avec de la chance, Theo lui ouvrirait la porte et peut être même avec son neveu mais Connor ne comptait pas sur une telle chance. Il espérait simplement que ce n'était pas Charlie. Theo était toute pardonnée, il en voulait encore à Gauthier mais c'était après Charlie qu'il était le plus en colère et en quatre ans cela n'avait pas changé.
Gauthier ouvrit la porte et clairement il ne s'attendait pas à son petit frère qui ne l'avait pas prévenu de son arrivé. “Yep, c'est bien moi.” répondit-il le plus naturellement du monde. Il avait un début de sourire sur son visage qui disparut aussi rapidement qu'il aurait pu apparaître. Mauvaise idée de venir ici, Connor en était sûr. Peut être qu'il aurait simplement dû choisir une autre ville dans un autre pays pour refaire sa vie loin de ses parents comme les trois Hazard-Perry avait fait avant lui. Il était prêt à rebrousser chemin, il pouvait se payer un autre billet d'avion et le décalage horaire ne pourrait pas plus le déboussoler que ce qui était déjà le cas. “Theo le sait.” il dit défensivement, il ne parlait qu'à elle après tout. “Non, j'ai une chambre d'hôtel.” un mensonge éhonté mais devant la réaction de Gauthier il ne voulait pas que son aîné pense qu'il comptait sur lui. “Je viens juste de l'aéroport et je voulais faire une surprise. À Ollie.” c'était la vérité, une vérité partielle mais toujours la vérité. Il voulait rencontrer Ollie depuis des années, mais il voulait surtout retrouver sa famille. Bien qu'il ne l'avouerait jamais, et encore moins à Gauthier ou encore Charlie.
“Dégage ta main, Gauthier.” il dit tout en rentrant dans la villa, poussant lui même la main que l'aîné avait posé sur sa nuque. Et bien sûr il devait appeler Charlie. Si un regard pouvait tuer, Gauthier serait déjà à la morgue. Connor avait un plan en venant à Brisbane. Un bout de plan plutôt et éviter Charlie en faisait parti. Il suivit Gauthier tout en regardant la villa, au moins il avait du goût et cette grande habitation semblait déjà bien occupée. Voir son autre frère fut encore plus glacial et Connor sentait la colère montait. Il était celui qu'ils avaient abandonnés, celui qu'ils n'avaient jamais pensé à venir voir à Londres une seule fois en quatre ans, celui qui avait dû vivre avec leurs parents tout seul sans aucun soutien pendant qu'eux étaient à l'autre bout du monde ensemble en train d'avoir une merveilleuse vie. Après avoir regardé Charlie pendant une dizaine de seconde droit dans les yeux, il décida simplement de regarder Gauthier et de demander “Ollie dort encore? J'aimerais bien le rencontrer. Je crois que c'est le seul homme dans cette maison qui mérite mon attention.”
Incapable de cacher sa surprise Gauthier s’était fait prendre à ressentir une émotion sans la contrôler. Ce qui était plutôt rare chez un maniaque du contrôle comme lui, et si ses mots ne le laissaient pas vraiment entendre, revoir son frère devant lui en chair et en os lui procurait une sensation étrange de joie. Évidemment les surprises n’étant pas sa tasse de tête il s’était montré d’abord un peu froid - encore plus en regardant le bagage de son cadet. « Non, j'ai une chambre d’hôtel. » Secouant la tête alors qu’il le faisait rentrer Gauthier, s’était empressé de revenir sur ses propos. « Ne dis pas de bêtises, la maison est grande - tu seras bien mieux ici. » Ce qui ne l'empêchait pas de penser qu’un message pour l’avertir n’aurait pas été du luxe. Tentant alors de montrer un signe plus claire de fraternité Gauthier avait eu l’audace de poser sa main amicalement dans la nuque de son frère ce qui avait provoqué chez Connor une vive réaction de rejet. « Dégage ta main, Gauthier. » Laissant Gauthier un peu pantois. Si les frères n’avaient jamais été très tactiles - si ce n’est peut-être a l’époque ou Gauthier venait encore lui lire des histoires dans son lit - qui remontait maintenant à bien longtemps en arrière - Connor n’avait jamais jusque là démontré une telle agressivité face aux gestes de son aîné. « Et bien je vois que tu n’as pas gagné en politesse et en bonnes manières. » Mais il ne s’en étonnait pas plus que ça. Même d’ici il avait réussi à suivre les frasques de son cadet, qui n’avait pas manqué de faire n’importe quoi un fois que Gauthier avait quitté la ville et n’était plus là pour lui tirer les oreilles au moindre faux pas.
Appelant plusieurs fois Charlie pour tenter de le sortir de sous sa couette, Gauthier avait finalement entendu la douche se mettre en route lui arrachant un soupire d'exaspération. Cette famille finirait par le tuer. Et quand il s'était retourné pour voir le regard noir que Connor posait sur lui il n’avait pu s'empêcher de se dire que le plus jeune de la famille serait le premier à s’occuper d’attraper un pelle pour l’achever, de toute évidence. Le silence s’était installé entre les deux frères alors que Connor observait la maison de son oeil critique sans avoir pourtant rien à y redire et il ne fut brisé qu’une fois que Charlie eut fait son arrivée. Sa tête se transformant quand il déposa le regard sur Connor alors que pour contraster son étonnement il avait sorti du ton le plus monocorde possible un simple. « Tiens, t’es toujours vivant toi ? » Imbécile avait pensé Gauthier en son fort intérieur - si lui avait été capable de louper ses retrouvailles avec Connor il avait espéré un peu mieux de son frère. C’était loupé de toute évidence. « Tu veux boire quelque chose Conor ? » Tournant son regard vers son cadet il n’avait pu manquer le regard de haine qu’il posait sur Charlie et cette moue caractéristique qu’il reconnaissait même quatre années après. « Ollie dort encore? J'aimerais bien le rencontrer. Je crois que c'est le seul homme dans cette maison qui mérite mon attention. » C’était de l’entrée en matière, une de celle qui ne passait clairement pas sous ce toit. « Oui il dort encore, et si tu souhaites vraiment le rencontrer je te conseille de repenser un peu tes propos. Ce n’est pas parce que je ne t’ai pas vu pendant quatre ans que je ne suis plus capable de te botter le derrière. Tu es sous mon toit ici et je n'apprécie pas ce genre d’attitude. » Tournant son regard vers Charlie il lui avait fait signe de se rapprocher de lui. « Si tu as quelques chose à nous dire dit le tout de suite Connor, mais ta conduite de petit con arrogant tu peux la remballer directement. » Autant mettre les choses au claire toute de suite plutôt que de le laisser bouillonner et faire - une fois de plus - n’importe quoi.
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Clairement, je n’étais pas le Hazard-Perry le plus facile à vivre. Outre mon snobisme particulièrement poussé, un certain égocentrisme et un caractère plutôt revêche lorsque les choses n’allaient pas dans mon sens, j’étais plus du genre à me réfugier derrière la froideur et le mépris lorsque j’étais touché dans mes sentiments. Heureusement pour mon entourage, il n’était pas aisé de m’atteindre réellement, les remarques négatives et critiques ayant plutôt tendance à glisser sur mon indifférence suffisante. Rares étaient ceux qui pouvaient réellement se targuer d’avoir une réelle emprise sur moi, ils se comptaient même sur les doigts d’une main, ceux ayant le plus grand impact étant évidemment Gauthier et Théodora, ainsi que Connor. J’avais d’ailleurs toujours été très proche de mon petit frère, malgré ces quelques années qui nous séparaient. Une relation qui n’avait pourtant pas supporté mon choix de partir suivre Théodora, un choix cornélien que j’assumais pourtant totalement aujourd’hui. D’ailleurs, si les choses étaient à refaire, j’étais persuadé que je referais les choses de la même façon, parfaitement épanoui aujourd’hui dans cette vie que je m’étais construit de toutes pièces ici. Pourtant, j’avais souffert de laisser Connor derrière nous, de l’abandonner ainsi à son sort sans pouvoir l’emmener avec nous puisque mes parents possédaient encore tous les droits sur cet enfant dont ils ne connaissaient pourtant rien. Une culpabilité et une souffrance que j’avais pourtant tenté d’atténuer en envoyant de nombreux messages à Connor, en tentant à maintes reprises de le joindre, autant de tentatives qui n’avaient abouties à rien d’autre qu’à un silence de plomb. Un silence que j’avais aussi mal vécu que mal pris. Si Connor voulait faire le mort, je lui avais facilité la tâche en le considérant comme tel, évitant toute conversation dans laquelle il était sujet de mon petit frère. Pourtant, Théodora avait bien essayé à mainte reprise de nous réconcilier, de conserver une connexion entre nous en évoquant les aventures du benjamin de notre fratrie avec qui elle était encore en contact. Et si Gauthier prêtait attention aux histoires du jeune homme, moi, j’avais fait volontairement la sourde oreille.
Croiser Connor dans le hall de la maison, débarquant de nulle part sans même un mot pour nous prévenir, c’était beaucoup trop pour moi. Si encore, il avait eu la décence de prévenir, j’aurai peut-être pu tenter une approche un peu plus en douceur, pour essayer d’enterrer la hache de guerre. Mais à sept heures le matin, mis devant le fait accompli, il ne fallait pas me demander d’être diplomatique, ce n’était pas dans ma nature. Ma réplique, glaciale, avait fusé dans l’air, m’attirant les foudres de Gauthier. Regard noir que je lui renvoyais, s’il voulait faire comme si tout allait bien entre nous, c’était son problème mais qu’il ne s’attende pas à ce que j’en fasse de même. « Tu veux boire quelque chose, Connor ? » demandait-il, je levais les yeux au ciel. Comme si une tasse de thé suffirait à arranger les choses. Visiblement, Connor était sur la même longueur d’onde que moi, me fixant d’un air mauvais avant de reporter son attention sur Gauthier, m’ignorant au passage totalement : « Ollie dort encore ? J'aimerais bien le rencontrer. Je crois que c'est le seul homme dans cette maison qui mérite mon attention. » Je reniflais, incarnant à cet instant précis le mépris. Pas question que cet avorton approche Oliver. Une petite voix ne pouvait s’empêcher de me souffler qu’Ollie n’était pourtant pas mon fils et que cette décision reviendrait entièrement à Théodora… Qui accepterait sans l’ombre d’une hésitation puisque sa relation avec Connor était restée intacte elle. « Oui il dort encore, et si tu souhaites vraiment le rencontrer je te conseille de repenser un peu tes propos. Ce n’est pas parce que je ne t’ai pas vu pendant quatre ans que je ne suis plus capable de te botter le derrière. Tu es sous mon toit ici et je n'apprécie pas ce genre d’attitude. » Si le côté paternel de Gauthier était parfois agaçant, à cet instant, j’éprouvais une sorte de reconnaissance nouvelle pour mon aîné. C’était la toute première fois depuis l’annonce de la grossesse de Théo que nous faisions bloc, côte à côte, face à l’adversité. Je me rapprochais de lui, les bras croisés, alors qu’il me faisait signe d’approcher. Une part de moi, ne pouvait s’empêcher d’espérer que Gauthier mette ses menaces à exécution et botte les fesses de Connor. « Si tu as quelque chose à nous dire dit le tout de suite Connor, mais ta conduite de petit con arrogant tu peux la remballer directement. » Un petit sourire en coin étirait mes lèvres, bien que je tentais de le réprimer. « Tu ne peux pas débarquer ici en exigeant faire partie de la vie d’Oliver si tu n’es même pas capable d’avoir une discussion. » ajoutais-je tout en me demandant intérieurement si j’étais moi-même capable d’avoir une conversation avec lui. « Tu ne vas pas pouvoir vivre sous ce toit en faisant comme si nous n’étions pas là. » concluais-je finalement, tout en songeant que pourtant si, nous étions parfaitement capables lui et moi de faire comme si l’autre n’existait pas.
Connor n'était pas sûr de comment il allait réagir en voyant ses deux frères, mais vu la réaction de Gauthier puis celle de Charlie, la colère - qui n'avait fait que de fermenter pendant quatre longues années - prenait le dessus. Ils n'avaient même pas l'air un tant soit peu heureux de le voir. Il se sentait encore une fois rejeté, comme quand ils l'avaient abandonné avec leurs deux parents. Peut être que finalement Gauthier avait choisi l'autre bout du monde pour s'éloigner de lui aussi, Charlie le suivant par choix tandis que Theo le faisait pour son futur enfant. Connor savait bien que d'ignorer leurs appels et autres messages pendant quatre ans n'aidait pas la situation. Mais c'était soit ignoré qu'il avait eu des frères ou bien ressentir jour après jour leur abandons - même si au final ça n'avait pas fonctionné. Ce qui n'avait fait que d'exacerbé sa colère envers sa famille. Il avait besoin d'attention à son égard, chose que sa fratrie lui donné avant leur départ, alors il avait légèrement déraillé pour attirer l'attention. Ses parents ne comprenaient pas et ne lui parlaient presque seulement après chaque bêtise alors il continuait. Bien que Theo soit au courant de ses frasques, et elle avait sûrement du faire la messagère avec Gauthier et Charlie, aucun n'essaya de venir à Londres pour l'arrêter donc il continuait et empirait la situation.
"Je voudrais pas gêner." la villa était bien grande et il voulait vivre ici mais une petite voix lui disait qu'il n'était pas le bienvenu, qu'ils l'avaient abandonné pour une raison. "J'ai pas vraiment eu d'exemple faut dire." Connor pouvait être très poli et avoir d'excellentes manières, il savait prétendre être le fils parfait lors de réception et autres situations qu'il préférait éviter.
Gauthier essayait clairement de limiter la casse, de détendre l'atmosphère, mais Connor n'avait pas envie de faire un effort avec Charlie. Il avait été proche avec son grand frère, se joignant à lui pour faire tourner en bourrique Gauthier notamment, mais ce fut son départ qui lui fit le plus de mal. Il avait essayé de comprendre mais il ne comprenait pas et ne voyait que son côté de l'histoire. Connor n'avait pas fini de lancer quelques pics, ce qui semblait une mauvaise idée vue la réaction de Gauthier.
"D'accord, on va faire ça maintenant alors." Connor sentait son cœur battre fort, très fort. Il n'avait pas envie de s'engueuler dès son arrivé même si son attitude montrait le contraire. "Toi-" commença-t-il en pointant du doigt Gauthier "Tu es parti à l'autre bout du monde, l'autre bout du monde! T'aurais pu trouvé plus près et cherches pas à me dire que c'est faux! Et j'ai jamais dis que j'allais vivre sous ton toit, t'es pas mon père et j'aurais l'attitude que j'ai envie! Tu m'as abandonné et t'as pas cherché à me voir une seule fois! T'aurais pu venir me chercher! T'aurais dû!" il ne s'en rendait pas compte mais sa voix ne faisait qu'augmenter et ses yeux devenait de plus en plus humide. Il pointa ensuite Charlie du doigt "Et toi! T'es le pire! Gauthier et Theo je peux encore comprendre, mais toi! Tu m'as laissé seul avec eux! J'avais personne d'autres! Tu pouvais rester mais t'as choisi de me laisser seul! Alors ferme là! T'es mal placé pour parler de faire partie de la vie de quelqu'un quand tu choisis de ne plus faire parti de ma vie!" cela ne se passait pas comme il avait envie, comme il avait espéré et rêvé. "Je pars, dîtes à Theo de m'appeler quand elle est dispo." il ne pensa pas à sa valise et marcha vers la porte, il avait besoin d'air.
Bien qu’il ne soit pas si évident de le dire à haute voix il était évident pour Gauthier que la place de Connor était parmi eux. Auprès de sa famille. Forcément les événements qui les avaient mené à partir loin de l’Angleterre pouvaient porter à confusion mais jamais il n’avait pensé autrement et il s’était donc laissé surprendre par le ton et l’attitude de son cadet. « Je voudrais pas gêner. » Fronçant les sourcils, Gauthier l’avait laissé entre dans la maison en le reprenant rapidement. « Tu ne serais pas le premier à squatter Connor. Et il y a une chambre pour toi. » Bien plus éloigné de ce qu’il voulait vraiment dire, c’était le seul argument que Gauthier avait pourtant trouvé. Effectivement en plus de Charlie qui ne payait pas grande chose et s’était clairement invité dans la partie quatre ans auparavant - il avait aussi trouvé le moyen de lui ramener par la suite une femme enceinte et pas de plus motivé à mettre la main à la pâte dans le foyer. Gauthier cherchait d’ailleurs encore à savoir comment son frère avait fait pour l’embobiner à ce point et le convaincre. « J'ai pas vraiment eu d'exemple faut dire. » Sans doute peu conscient de la porté de ses mots Connor les avait sortis avec un facilité déconcertante alors que son aîné était resté statique face à ce commentaire clairement dirige, son coeur se serrant dans sa poitrine. Pendant 17ans il avait tout donné pour Connor, peut-être n’avait il pas été parfait mais comme il avait fait au mieux, il avait tenté de tenir ce rôle de modèle et lui lancer ce genre de propos à la figure lui semblait aussi faux que blessant.
L’apparition de Charlie n’avait évidemment rien arrangé à la situation bien au contraire, allumant l’étincelle de la colère chez Connor. Charlie allait empirer la situation, il l’avait senti venir de loin. Ca résonnait en lui comme une évidence, sans doute parce qu’il connaissait bien son cadet et son incapacité à reconnaître les moments où il était plus judicieux de se taire. De toute évidence c’était pourtant un de ses moments - Gauthier avait dit ce qui devait être dit mettant son plus jeune frère devant un ultimatum : parler ou partir et c’était bien suffisant à son avis sans qu’on en rajoute. « Tu ne peux pas débarquer ici en exigeant faire partie de la vie d’Oliver si tu n’es même pas capable d’avoir une discussion. » Levant légèrement les yeux au ciel, Gauthier s’était retenu de reprendre Charlie en lui rappelant que cette décision ne lui appartenait pas. Pour le moment ils tentaient de faire front ensemble - ce qui était assez rare pour être souligné. « Tu ne vas pas pouvoir vivre sous ce toit en faisant comme si nous n’étions pas là. » Encore une fois cette décision n’était pas de son ressort, du moins pas exclusivement et leurs parents avaient bien eu cette attitude avec eux pendant des années - alors ils avaient un magnifique modèle à recopier si besoin.
Et alors que Gauthier s’attendait à voir son plus jeune frère tourner les talons, il l’avait une nouvelle fois surpris en reprenant la parole pour aborder de front les raisons de sa colère, à commencer par Gauthier. « Toi - Tu es parti à l'autre bout du monde, l'autre bout du monde! T'aurais pu trouvé plus près et cherches pas à me dire que c'est faux! Et j'ai jamais dis que j'allais vivre sous ton toit, t'es pas mon père et j'aurais l'attitude que j'ai envie! Tu m'as abandonné et t'as pas cherché à me voir une seule fois! T'aurais pu venir me chercher! T'aurais dû! » Silence pendant tout le discours, Gauthier était incapable de dire si les mots le peinait ou le choquait le plus. La version de Connor étant ce qu’elle était il l’avait pourtant laissé continuer pour s’en prendre cette fois à Charlie avec encore plus de virulence avant de conclure par un : « Je pars, dîtes à Theo de m'appeler quand elle est dispo. » Pendant quelques seconde Gauthier avait regardé la silhouette de son frère s’éloigner sans rien dire - peut-être parce qu’il avait senti son trouble et sa réelle blessure et que chez les Hazard-Perry monter ses faiblesse n’était pas monnaie courante.
Quand la main de son jeune frère s’était finalement posé sur la poignée de la porte il avait enfin réagit. « Non, tu restes ! » Les ton autoritaire de Gauthier avait semblé troubler assez Connor pour qu’il ne finisse pas son geste - il semblait pourtant encore en hésitation. Une partie de lui sans doute restant le gamin qu’il avait connu et celui qu’il avait presque éduqué à lui seul. S’approchant de son jeune frère, il s’était posté face à lui - posant une main sur la porte pour bien lui signifier qu’il n’allait pas sortir de suite. « Tu as dit ce que tu avais à dire et Charlie et moi t’avons laissé faire - sans te couper. Aies au moins la courtoisie d’écouter ce que nous avons à dire. » La conversation ne pouvait pas être que dans un sens. « C’est ta version des faits Connor, et c’est extrêmement réducteur. J’allais partir en Australie de toute façon, je l’avais décidé avant Theo, avant sa grossesse. Cette promotion c’était la chance de ma vie et tu n’étais plus un enfant, j'avais fini de changer tes langes et de venir te lire une histoire pour t’endormir depuis longtemps. » Évidemment il comprenait la sensation d’abandon mais avait aussi besoin de vivre sa vie, pour lui. « C’est toi qui a décidé de ne plus nous donner la moindre nouvelles - il y a toujours eu une chambre pour toi ici et tu l’aurais su si tu avais daigné décrocher une fois ton téléphone ses 4 dernières années. » Mais il ne l’avait pas fait et n’avait sans doute même pas idée de la répercussion que ce geste avait eu sur son frère. Sans doute même ne le serait-il jamais la pudeur empêchant Gauthier de se livrer réellement. « Cette chambre si tu la veux, elle est à toi. Personne ne l’a jamais occupée et personne d’autre que toi ne l'occupera jamais. » Elle lui était destinée depuis le début. « Et je ne te demande pas d’effacer tes rancoeur en un claquement de doigts, mais le respect est une règle essentielle sous ce toit et si tu n’es pas capable de la respecter alors peut-être que tu as meilleur temps de partir effectivement. » Ca lui écorchait la langue de le dire - mais Gauthier ne s’en était jamais caché, certains principes lui tenaient bien trop à coeur pour qu’il passe dessus… Même pour Connor.
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Le moins que l’on pouvait dire, c’était qu’il y avait de l’ambiance à la villa. Je doutais cependant que ce soit le genre d’ambiance que l’on appréciait avoir chez soi de bon matin. Sans trop savoir comment c’était possible, il me semblait que j’étais d’humeur encore plus massacrante que ces derniers jours. Nous étions là, tous les trois à nous regarder en chien de faïence. Tous aussi peu disposés les uns que les autres à faire le premier pas pour réellement apaiser les tensions. Gauthier essayait bien de calmer un peu le jeu, de contenir nos attitudes avec Connor, sachant très bien à quel point nous étions tous les deux têtus, sans grand succès puisque je me liguais avec lui contre Connor, prenant une position que je n’étais au fond même pas sûr de vouloir assumer mais uniquement dans le but de faire comprendre à Connor que je n’étais pas prêt à passer l’éponge sur ses quatre ans de silence. Contre toute attente, cependant le benjamin acceptait de s’exprimer quant à ses rancœurs. « Toi - Tu es parti à l'autre bout du monde, l'autre bout du monde ! T'aurais pu trouvé plus près et cherches pas à me dire que c'est faux ! Et j'ai jamais dis que j'allais vivre sous ton toit, t'es pas mon père et j'aurais l'attitude que j'ai envie ! Tu m'as abandonné et t'as pas cherché à me voir une seule fois ! T'aurais pu venir me chercher ! T'aurais dû ! » avait-il aussitôt balancé, à l’attention de Gauthier. J’étais un peu étonné que Connor montre autant de ressentiments envers Gauthier. J’arrivais à comprendre ce qu’il me reprochait et pourquoi il était si énervé contre moi, pourtant je n’aurais jamais soupçonné qu’il puisse tenir rigueur à l’aîné de la fratrie notre venue ici. Je n’avais cependant pas le temps de pousser plus loin mes réflexions puisque c’était désormais contre moi que l’index accusateur de Connor se pointait : « Et toi ! T'es le pire ! Gauthier et Theo je peux encore comprendre, mais toi ! Tu m'as laissé seul avec eux ! J'avais personne d'autres ! Tu pouvais rester mais t'as choisi de me laisser seul ! Alors ferme là ! T'es mal placé pour parler de faire partie de la vie de quelqu'un quand tu choisis de ne plus faire parti de ma vie ! » m’accusait-il, les larmes aux yeux. Et je ne pouvais nier que la vision du regard troublé de Connor me secouait un peu, au fond. Je tentais tout de même d’en faire abstraction, parce que je n’avais pas envie de me laisser amadouer. J’allais ouvrir la bouche, pour répondre à ses accusations quand il me coupait dans mon élan pour annoncer son départ : « Je pars, dîtes à Theo de m'appeler quand elle est dispo. » Je soupirais alors, clairement agacé par son attitude. Je voulais bien concevoir qu’il était blessé et énervé contre nous, mais ce n’était pas la peine de se la jouer tragique de la sorte. « Non, tu restes ! » avait alors fini par ordonner Gauthier et je l’avais regardé, un peu surpris arrêter le mouvement de son cadet. « Tu as dit ce que tu avais à dire et Charlie et moi t’avons laissé faire - sans te couper. Aies au moins la courtoisie d’écouter ce que nous avons à dire. » ajoutait-il. Et en soit il n’avait pas tort. Cependant, je n’étais pas sûr d’être prêt, de sitôt, de si bon matin, après une telle altercation, de discuter avec Connor. Gauthier se lançait alors dans un discours plein de bons sentiments, qui était, je devais l’avouer, assez touchant. Je le connaissais suffisamment pour savoir que ce n’était que la partie visible de l’iceberg et qu’il pensait bien plus qu’il n’en disait à voix haute. Je savais également que tout ce qu’il avouait à Connor était sincère, notamment le fait qu’il avait sa place, sous ce toit lui aussi s’il le désirait. Et même en étant remonté contre lui, je n’imaginais pas Connor aller loger ailleurs qu’ici, avec le reste de sa famille. Et lorsque Gauthier en eut fini, les regards se tournaient vers moi. Je restais un instant à observer alternativement mon aîné et mon cadet avant de comprendre ce qu’ils attendaient. Je me mettais à rire un peu en secouant vivement la tête. « Ah non non hein. Si vous attendez que de moi que je vous ponde un petit discours larmoyant, vous vous fourrez le doigt dans l’œil jusqu’au coude. » commençais-je et voilà que le propriétaire de la maison me lançait un regard noir. « Non mais ça n’a aucun sens ! Enfin, on ne va pas faire comme si on ne savait pas tous que si les rôles avaient été inversés, tu aurais très certainement fait le même choix que moi ! » grognais-je alors. C’était ça au fond, qui m’énervait le plus, qu’on me reproche un choix que n’importe qui d’autre à ma place aurait fait. « Connor, tu sais très bien pourquoi je suis parti. Je ne pouvais pas laisser partir Théo. » C’était là la véritable raison de mon départ, l’envie de ne pas laisser ma petite sœur, celle dont j’étais si proche partir à l’autre bout du monde mettre au monde son enfant sans moi. La vérité, c’était simplement que j’avais eu ce jour-là un choix cornélien à faire, Connor ou Théodora et à cet instant précis, c’était la condition de Théo qui l’avait emporté. Pourtant, je ne disais rien de tout ceci, gardant cette explication pour moi, au moins pour le moment. « Et si tu n’en avais pas fait qu’à ta tête, tout ça n’aurait duré qu’un an, jusqu’à ce que tu sois enfin majeur et apte à nous rejoindre. » concluais-je finalement, sur une note amère, je ne parvenais pas à digérer que par frustration Connor ait pu mettre autant de temps avant de nous rejoindre et de nous donner des nouvelles. « Alors si tu veux m’en vouloir, libre à toi. Mais ne fait pas comme si tu n’avais pas aggravé la situation de ton côté. » concluais-je finalement, en lui lançant un regard lourd de sens. C’était alors qu’un bruit avait attiré mon attention, me poussant à me taire un instant pour écouter. Surgissant de nulle part, Oliver venait de descendre les escaliers, les yeux encore endormis. « Pourquoi vous criez ? » demandait-il en arrivant derrière moi, dos aux escaliers. Je me tournais alors pour lui faire face et l’attraper dans mes bras, déposant un baiser sur son front. « C’est rien mon grand, juste une discussion de grandes personnes. » lui expliquais-je alors, avec un petit sourire. « Mais je suis grand. » avait-il protesté et j’avais secoué négativement la tête. « Il faudra que tu sois encore plus grand pour comprendre. Mais regarde… » avais-je dis, pivotant sur moi-même pour qu’Oliver fasse face à Connor. « Je te présente ton oncle, Connor. Celui que tu as vu en photos et en vidéos déjà » Même si j’avais fait des efforts pour tenter de rayer mon petit frère de ma vie, je savais tout de même que Théodora lui avait déjà présenté son fils via des photos et des conférences vidéos sur internet, histoire de le faire participer à la vie familiale malgré tout.
Avant de partir, je suis allée embrasser discrètement Ollie endormi dans la chambre, les couvertures par terre. Mon petit homme bouge dans tous les sens, je le sais pour avoir dormi à plusieurs reprises avec lui quand il vient, les yeux larmoyants après un cauchemar. On dirait qu’il se bat, mais je suppose que c’est courant à tous les enfants. Je me souviens d’une remarque en particulier, celle d’une jeune fille au pair italienne que nous avons eu à la maison – j’ai oublié son nom – et qui m’avait dit que la nuit, elle pensait que je me battais. Référence certainement à mes nuits agitées. Heureusement qu’aujourd’hui, je ne remue plus comme une puce. J’ai dû partir tôt de la maison ce matin, non seulement pour revoir mes notes du dernier cours de génétique médicale – cours de ce matin –, mais aussi pour rejoindre un groupe d’amis. On a l’habitude de se prendre un café avant d’aller à l’université, histoire de parler un peu avant de se faire bourrer le crâne pendant quatre heures. Mon café au lait en main, nous nous dirigeons vers Queensland tout en conversant de sujets badins. Ils parlent même d’une soirée après la fin des partiels que je ne compte pas rater, sauf si personne n’est disponible pour Oliver. Je les abandonne pour passer au secrétariat, afin de justifier une prochaine absence qui tombe durant une sortie scolaire pour mon fils. J’aimerai y être. C’est peut-être idiot, mais je n’ai pas fait partie des chanceux qui voyaient leurs parents venir pendant les sorties, alors comme je ne souhaite pas prendre exemple sur ce que j’ai eu, je fais ce que j’ai envie. J’étire un sourire auprès de la secrétaire, lui donnant mon papier d’absence qu’elle parcourt rapidement avant de remuer de la tête. Je retourne rapidement jusqu’à mon amphithéâtre, retrouvant mes amis. « Le cours est annulé Théo, le professeur n’est pas là ! » Je peste en roulant des yeux. « Bon sang. » Si j’avais su, je serais restée dans mon lit pour dormir et profiter de ce rêve merveilleux. « On va à la bibliothèque, tu viens avec nous ? » « Non, je pense que je vais rentrer et en profiter pour m’occuper d’Oliver avant l’école. » J’étire un sourire. Je salue tout le monde avant de rebrousser chemin pour rentrer chez moi, à Pine Rivers. Si je n’avais pas eu cours cette après-midi, je n’aurais pas mis mon fils à l’école et nous aurions passé la journée tous les deux. Je jette un coup d’œil à ma montre, Charlie doit certainement lui donner son petit-déjeuner à cette heure-là. Une fois devant la villa, je sors mes clés pour ouvrir la porte, mais celle-ci est déverrouiller. Gauthier a dû partir tôt lui aussi. Je rentre, retirant mes chaussures en criant un : « c’est moi ! » qui fait arriver en trottinant Ollie. « Maman ! » Je me baisse pour le récupérer en fronçant des sourcils. Pas de moustache de chocolat, la bouille encore endormie. Il vient de se lever. « Charlie ? » Je sors du couloir, prête à sermonner mon frère qui prend trop de temps, il va être l’heure de l’école et Oliver est loin d’être prêt.
« Y’a tonton maman ! » J’étire un sourire. Oui tonton est forcément là et il va m’entendre. Je passe une main dans ses cheveux sombres emmêlés, remarquant les silhouettes de mes frères plus loin. Gauthier est toujours là et… « Connor ? Oh putain ! » Je cours vers mon frère pour l’attraper, le serrant dans mes bras sans aucune pudeur. Quatre ans que je me vois mon petit frère adoré que via des vidéos ou par téléphone. L’avoir en chair et en os devant moi, c’est indéfinissable. « Mais quelle surprise ! » Je souris, prenant son visage en coupe avant de tourner les yeux vers Gauthier et Charlie, certainement plus avare que moi. Pas besoin d’être électricien pour sentir toute la tension électrique qui règne dans la pièce. « Quand tu m’as dit que tu arrivais, je ne pensais pas que ça serait aussi vite. Bon sang, je suis tellement contente de te voir ici. » Je l’étreins à nouveau, au diable s’il le souhaite ou non. Je m’écarte, daignant m’intéresser à mes deux autres frères avec un petit sourire. « Il me l’a dit hier, mais, j’ignorais que ça se ferait si vite. » Je grimace légèrement. J’imagine la surprise du matin pour ces deux-là, dont les liens avec Connor ont été légèrement entachés avec notre départ. Je comprends mieux pourquoi Oliver n’est pas prêt, ils n’ont pas eu le temps de s’occuper de lui avec l’arrivée inopinée de mon petit frère. « Bien… et si on s’installait tous à table devant un café ou autre hein ? » proposais-je sans vraiment leur donner le choix, allant vers la cafetière pour préparer. Je sors du frigidaire le lait pour mon petit homme, afin de lui faire un chocolat. J’aurais souhaité que les présentations avec Oliver se passe dans d’autres conditions, mais la spontanéité, y’a rien de mieux. « Allez donc vous asseoir », demandais-je, un regard vers mes frères avant de me pencher vers Oliver « viens chaton, je vais te donner tes gâteaux ! » Je l’installe à table, sa tasse de chocolat et ses gâteaux devant lui. Finalement, l’absence de mon professeur tombe à point nommé.
Connor avait dit tout ce qu'il pensait, tout ce qu'il ressentait et à quel point ils l'avaient blessé en partant sans lui. Connor savait qu'il avait des torts, du moins intellectuellement il le savait mais il était trop émotif à ce moment pour le reconnaître. Il aurait pu les rejoindre une fois majeure, mais ses parents avaient été malins et offert des opportunités pour son futur. Il avait fait un choix, tout comme eux, et il avait des sentiments mitigés sur ses choix. Pour son futur professionnel, c'était sûrement le meilleur choix possible mais émotionnellement et avec sa famille c'était probablement le mauvais. Il n'avait pas fini ses études mais il n'en pouvait plus à Londres, il avait besoin du soutien familial avec lequel il avait grandi. Il avait besoin de Gauthier, Theo et Charlie - bien qu'il ne l'admettrait pas et même une grande quantité d'alcool ne lui ferait rien dire de la sorte.
Alors que Connor allait partir sans leur laisser le temps de lui répondre, chose injuste mais il n'était pas en état de penser de la sorte, Gauthier le stoppa. Ce ton, cette voix, cette façon de parler. Il stoppa net dans sa démarche et regarda Gauthier qui était rapidement devant lui avec une main sur la porte pour montrer clairement que le plus jeune n'avait pas le choix. Il n'avait pas envie de l'écouter mais il était aussi sûr que Gauthier ne le laisserait pas partir comme ça et grand frère avait assez de muscle pour l'empêcher de partir s'il le voulait vraiment. Il n'en croyait pas ses oreilles quand Gauthier lui dit qu'il avait une chambre ici, une chambre prévue pour lui depuis le départ. Non, il l'avait abandonné, il l'avait laissé à Londres et avait continué sa vie sans penser à Connor, c'était ça la vérité pas ce qu'il était en train de dire. Du moins, c'était ce que Connor s'était répété durant quatre ans.
Charlie n'était pas comme Gauthier et se moqua même d'eux pour déballer leur cœur comme ça. Il n'avait pas changé en quatre ans. Mais Connor le connaissait et il savait que son aîné n'en pensait pas moins. Charlie avait choisi Theo, il préférait Theo à Connor, c'était pour cela qu'il était parti. Cela le blessa de l'entendre ce qui ne faisait qu'attiser sa colère envers lui. Theo avait Gauthier, une vraie aide et bonne influence avec elle, contrairement à Connor qui se retrouvait seul avec leur parents. Connor allait répondre mais son regard fut accaparé par un petit bonhomme. Son neveu. Il passa ses mains sur ses yeux pour effacer toute trace de larme et regarda Ollie. La colère était parti en un instant, toute son attention focalisé sur son jeune neveu. Il sourit quand Ollie protesta et dit qu'il était grand, curieux de tout savoir de la situation. "Salut Ollie." Connor avait un grand sourire sur les lèvres et il allait vers Ollie pour le serrer dans ses bras. Il était assez mature pour savoir qu'Ollie n'avait rien à faire dans leur histoire et surtout il était capable de faire semblant que tout allait bien dans le meilleur des mondes entre lui et ses frères quand Ollie était là. "Qu'est-ce-que t'es grand!" il passa sa main dans les cheveux du petit. "T'as faim? Soif?" il ne connaissait pas ses habitudes du matin, s'il prenait encore un biberon ou s'il prenait des céréales ou même des tartines avec de la confiture ou même une omelette. Il avait manqué beaucoup de temps avec son neveu.
Il était parti loin de la porte pour aller voir son neveu et donc il entendit d'abord Theo avant de la voir. Ollie était rapidement parti rejoindre sa mère et Theo était rapide à venir à lui, le prenant dans ses bras. "Pas de gros mot devant mon neveu." il la taquinait, la serrant dans ses bras et posant son menton sur l'épaule de sa soeur. C'était bien plus chaleureux que l'accueil donnait par les deux autres Hazard-Perry. "On a déjà parlé, pas besoin prendre un café. Et pourquoi t'es pas à la fac? Et j'suis sûr qu'ils ont un travail." ou comment dire qu'il n'avait pas envie de continuer à parler. "Et pis Ollie a besoin d'aller à l'école. Je peux l'emmener avec toi, peut être?" ou comment trouver une excuse pour ne pas avoir à parler.
Ouvrir un instant pour se parler vraiment - ce n’était pas monnaie courante sous ce toit - Gauthier avait eu beau faire au mieux pour éduquer ses frère et soeurs, son côté froid et réservé n’avait sans doute permis à personne de laisser la communication être le centre de tout. Si avec Théodora il avait réussi l’exploit d’avoir une relation plus tendre et plus ouverte c’était évidemment une autre histoire quand on parlait de ses frères. Et pourtant ce n’était pas faute de réellement les aimer. Alors il ne s’était même pas vraiment étonné de voir Charlie rebrousser chemin aussi vite que possible. « Ah non non hein. Si vous attendez que de moi que je vous ponde un petit discours larmoyant, vous vous fourrez le doigt dans l’œil jusqu’au coude. » Haussant un sourcil Gauthier avait tout de même corrigé. « Je n’attends rien de toi - mais si tu souhaites parler c’est le moment de le faire. » Et d’arrêter de jouer les petits cons prétentieux, mais ça… Ça n’était pas gagné. D’ailleurs Charlie n’avait pas manqué de se lancer dans une explication assez peu emphatique à propos de son choix de partir. Concluant avec un magnifique « Alors si tu veux m’en vouloir, libre à toi. Mais ne fait pas comme si tu n’avais pas aggravé la situation de ton côté. » Qui n’était pas tout à fait faux et avait tout de même arraché un léger hochement de tête à Gauthier avant que la petite voix d’Ollie ne les interpelle tous. « Pourquoi vous criez ? » La tension avait semblé d’un seul coup descendre, les trois frères regardant le petit bonhomme qui venait trouver sa place dans les bras de Charlie. « C’est rien mon grand, juste une discussion de grandes personnes. » Et pourtant tout laissait à penser que les trois frères se comportaient comme des enfants dans cette situation. « Je te présente ton oncle, Connor. Celui que tu as vu en photos et en vidéos déjà » Le regard curieux d’Ollie se relevant pour observer Connor un sourire enfantin s’était dessiné sur ses lèvres. « Salut Ollie. » Quittant les bras de son premier oncle pour ceux de Connor le petit garçon avait semblé trouver la situation bien plus normal qu’eux. « Salut tonton, pourquoi t’es pas grand ? » Un sourire amusé s’était dessiné sur les lèvres de Gauthier pas plus choqué que ça par la question de son neveux, Charlie et Gauthier mesurant plus ou moins la même taille le petit garçon avait sans doute toujours imaginé son oncle avec le même gabarit quand il le voyait en vidéo, alors que ce dernier mesurait quelques 10 bons centimètres de moins. « Il a pas mangé assez d'épinard. » Avait répondu Gauthier d’un air presque taquin alors qu’il venait à son tour déposer un baiser sur les cheveux de son neveu.
« C’est moi ! » la voix de Theo raisonnant dans la maison avait été un soulagement - et les retrouvailles entre Connor et elle bien plus douces et agréables que ce qu’il avait pu connaître avec ses frères. Observant la scène d’un oeil presque ému, Gauthier n’était évidemment pas passé à côté du : « Quand tu m’as dit que tu arrivais, je ne pensais pas que ça serait aussi vite. » Phrase qui avait amené une pointe d’agacement chez lui. « Et nous en avertir c’était en option ? » Theo était aussi bien placée que Connor pour connaître son aversion pour ce genre de surprise. « Il me l’a dit hier, mais, j’ignorais que ça se ferait si vite. » Il n’était pas sûr que l’excuse soit bonne mais n’avait pas relevé - peu désireux de couper ce moment de tendresse entre ses cadets avant que sa soeur ne leur propose à tous d’aller s'asseoir, ce qui avait semblé faire revenir la tension au grand galop dans la pièce. « On a déjà parlé, pas besoin prendre un café. Et pourquoi t'es pas à la fac? Et j'suis sûr qu'ils ont un travail. » « On a du temps. » A vrai dire ce n’était pas l’exact vérité mais la situation valait bien ça. Alors que Théo s’occupait de son fils, l’installant déjà à table Gauthier l’avait suivi laissant Conor continuer à protester. « Et pis Ollie a besoin d'aller à l'école. Je peux l'emmener avec toi, peut être? » Ce qui lui avait fait lever un nouvelle fois légèrement les yeux au ciel. « C’est l’heure du déjeuner, viens donc t'asseoir avec nous. » Son regard avait dévié de Connor jusqu’à Charlie pour bien lui faire comprendre que lui aussi n’avait pas intérêt de se défiler. Ils allaient avoir un petit déjeuner en famille plus qu’agréable et montrer à Ollie que même après quatre années loin les uns des autres il pouvaient se comporter comme des adultes - des grands comme dirait Charlie.
All are not taken! There are left behind living beloveds, tender looks to bring, and make the daylight still a happy thing, and tender voices, to make soft the wind. △
hazard-perry family
Je n’étais pas quelqu’un d’expansif et c’était là mon moindre défaut. D’aucuns diraient que c’était le lot de tout enfant né dans un milieu comme celui dans lequel nos parents nous avaient tous élevés, sans le moindre amour et la moindre communication entre nous. Pour ma part, je ne tâchais pas d’analyser ma personnalité et partais d’un postulat bien plus factuel : je n’avais pas de temps à perdre en m’épanchant sur mes états d’âmes qui étaient ma propriété, quelque chose que je préférais garder pour moi. Je partais du principe que les sentiments ne se discutaient pas, c’était un fait, quelque chose que l’on ressentait dans ses rapports avec les autres, qu’on découvrait à travers quelques actions, quelques gestes. Je ne disais jamais aux gens que je les aimais, je me contentais de le montrer de façon subtile (peut-être un peu trop parfois). C’était par amour pour Théodora que j’avais quitté Londres, Oxford et ma place toute trouvée dans la jeunesse dorée de la capitale anglaise. Et c’était par amour pour Connor que j’avais tâché à maintes reprises de le contacter, me confrontant durement à son refus catégorique de me répondre. S’il prenait mon départ comme un abandon et qu’il ne voulait pas comprendre que j’avais eu, à cette époque, à faire l’un des choix les plus difficiles de ma vie : choisir entre ma petite sœur et mon petit frère ; et que c’était Oliver, ou tout du moins ce qu’il était alors, qui avait fait pencher la balance du côté de Théo, ce n’était pas mon problème. Ça m’agaçait particulièrement qu’il ose penser que j’avais fait ce choix sans difficultés et sans remise en question de ma personne et que c’était un choix uniquement motivé par le confort d’une vie loin de nos parents. Néanmoins, je n’étais pas disposé à lui exposer mes raisons, ne ressentant à cet instant pas le moindre besoin de justifier mes choix. De toute façon, l’arrivée d’Oliver me permettait d’échapper à ce règlement de comptes. L’atmosphère jusqu’ici tendue semblait s’adoucir un peu devant les réactions naturelles et attendrissantes de notre neveu : « Salut tonton, pourquoi t’es pas grand ? » demandait-il à Connor, qui découvrait Oliver pour la première fois en chair et en os. « Il a pas mangé assez d'épinard. » avait répondu Gauthier, me tirant un petit sourire en coin alors que le petit quittait mon étreinte pour rejoindre celle de Connor qui s’intéressait de près à ce petit être qui venait compléter la famille Hazard-Perry.
Puis surgissant de nulle part, comme poussée par le destin ou une quelconque force supérieure, la voix de Théodora retentissait dans la villa : « C’est moi ! » Si Oliver avait déjà calmé nos échanges virulents, Théodora, elle, incarnait le parfait tampon entre nous tous, comme elle l’avait toujours fait. Si c’était Gauthier qui nous avait tous élevés, qui nous avait tous bordés, consolés, engueulés quand nous étions plus jeunes et que nous étions aujourd’hui réunis grâce à lui sous un même toit, c’était l’amour que nous portions tous les trois à Théodora qui nous poussait à accepter de nous réunir, de vivre ensemble, même quand les choses n’allaient pas bien entre nous. Ma petite sœur incarnait d’une certaine façon l’unité et l’âme de notre famille un peu bancale. « Charlie ? » s’écriait-elle depuis l’entrée, s’inquiétant sûrement de voir son fils accourir vers elle à une heure aussi tardive. « Y’a tonton maman ! » entendais-je Oliver lui dire et aussitôt, elle accourrait pour sauter au cou de son petit frère. « Connor ? Oh putain ! » disait-elle en serrant le benjamin de la fratrie de toutes ses forces. « Pas de gros mot devant mon neveu. » la reprenait alors Connor, me tirant les mots de la bouche. « Mais quelle surprise ! Quand tu m’as dit que tu arrivais, je ne pensais pas que ça serait aussi vite. Bon sang, je suis tellement contente de te voir ici. » lâchait-elle alors et je la regardais en arquant un sourcil : « Parce que t’étais au courant ? » Evidemment qu’elle l’était, songeais-je aussitôt. J’étais même certain que c’était elle qui l’avait poussé à venir nous rejoindre, il n’y avait qu’elle capable de faire ainsi pression sur Connor pour le faire changer d’avis. « Et nous en avertir c’était en option ? » ajoutait Gauthier, visiblement sur la même longueur d’onde que moi. « Il me l’a dit hier, mais, j’ignorais que ça se ferait si vite. » confessait-elle avec une petite moue. S’il y avait bien une chose que Théodora savait faire c’était d’user de ses charmes pour nous amadouer un à un, parvenant avec un simple sourire coupable à nous faire oublier tout désaccord. « A d’autres ! » ne pouvais-je m’empêcher de lui lancer, persuadé qu’elle ne disait ça que pour éviter un nouveau conflit. Mais de toute façon, il était bien trop tôt pour que je m’en formalise réellement.
« Bien… et si on s’installait tous à table devant un café ou autre hein ? » proposait-elle, pleine d’entrain et avant même que je n’ai pu réagir, j’entendais Connor : « On a déjà parlé, pas besoin prendre un café. Et pourquoi t'es pas à la fac ? Et j'suis sûr qu'ils ont un travail. » Je me retenais, sans trop savoir comment, de lever les yeux au ciel et alors que j’allais lancer une réplique cinglante à Connor, Gauthier me coupait l’herbe sous le pied en intervenant avec son calme olympien : « On a du temps. » Je songeais en mon for intérieur que c’était faux et que ce devait être un réel cas de force majeure pour que Gauthier se permette d’arriver en retard au travail, lui qui ne vivait que pour le cours de la bourse. « Allez donc vous asseoir » insistait-elle. Connor, lui, ne semblait pas réellement convaincu : « Et pis Ollie a besoin d'aller à l'école. Je peux l'emmener avec toi, peut-être ? » demandait-il. « C’est l’heure du déjeuner, viens donc t'asseoir avec nous. » Gauthier intervenait, usant de son autorité naturelle pour pousser son petit frère à lui obéir, me lançant par la même occasion, un regard lourd de sens : je n’avais pas intérêt à me défiler. Message reçu. Sans un mot, je me dirigeais vers la table de la salle à manger, prenant place sur une des chaises. Connor et Gauthier en faisaient de même alors Théodora s’occupait d’Oliver, l’installant à table avec nous. Sur la table trônait déjà tout le nécessaire à un petit déjeuner en bonne et due forme. Sans plus tarder, j’attrapais la bouilloire pour me servir une tasse d’eau chaude, dans laquelle j’ajoutais un sachet de thé. J’attrapais également une brioche qui se trouvait sur la table, croquant dedans avant de reporter mon attention sur mon petit frère. « Donc, qu’est-ce qui t’amène par ici Connor ? Il est clair qu’au vu de ton enthousiasme ce n’est pas le plaisir de nous retrouver avec Gauthier. » Sentant le regard lourd de reproches de mes frères et sœurs, j’enchaînais : « On est là pour parler non ? » dis-je, arquant un sourcil de défi avant de reporter mon attention sur Connor. « Je serai curieux de savoir quels arguments a pu avancer Théo pour te convaincre de nous rejoindre. » ajoutais-je, lançant un bref regard à ma benjamine. Le fait de tourner autour du pot depuis tout à l’heure commençait à m’agacer et plus vite les choses seraient dites, plus vite je pourrais aller en cours, pour mettre de côté toutes ces histoires qui me fatiguaient déjà.
« On a déjà parlé, pas besoin prendre un café. Et pourquoi t'es pas à la fac? Et j'suis sûr qu'ils ont un travail. » Mon dieu. Est-il si pressé que ça de sortir de cette maison ? J’ignore bien ce qui a pu se passer avant, je doute qu’il y ait eu des effusions fraternelles et de belles paroles. « On a du temps. » J’étire un sourire, ravie que Gauthier prenne mon parti et souhaite également ce petit-déjeuner. Après tout, nous n’avons pas été tous ensemble depuis des lustres et normalement, des retrouvailles se passent dans la joie autour d’une boisson ou des gâteaux. Du moins, c’est ce que je veux pour Oliver. « Et pis Ollie a besoin d'aller à l'école. Je peux l'emmener avec toi, peut-être ? » Oui, aucun doute là-dessus, Connor aimerait être n'importe où, mais surtout pas ici, autour de cette table. « C’est l’heure du déjeuner, viens donc t'asseoir avec nous. » Rapidement, la table se remplit du nécessaire pour déjeuner. « Tu viendras avec moi pour emmener Ollie, sans problème », dis-je tout en regardant Connor s’installer. « Maman, le cacao ! » Je souris, allant chercher ce qu’il manque pour en ajouter dans son bol de lait. Je m’installe, me servant une tasse de lait froid tout en attrapant une brioche en même temps que Charlie, m’arrachant un sourire. « Donc, qu’est-ce qui t’amène par ici Connor ? Il est clair qu’au vu de ton enthousiasme ce n’est pas le plaisir de nous retrouver avec Gauthier. » Sérieusement ? Je lui lance un regard sombre. « On est là pour parler non ? » Parler oui, mais évitons donc les agressions qui vont certainement faire réagir Connor et pas forcément en positif. Bon sang, les hommes n’ont vraiment aucun sens de la conversation pour éviter les tensions. « Je serai curieux de savoir quels arguments a pu avancer Théo pour te convaincre de nous rejoindre. » Je soupire, donnant une brioche à Ollie qui nous regarde en silence, sans parler. Il doit ressentir que la conversation n’est pas pour lui et c’est bien dommage. « Je ne suis pas responsable de son arrivée ici. Comme je l’ai dit, j’ai reçu un message hier pour me dire qu’il débarquait ici, mais sans date. » Je croise le regard de Charlie, histoire qu’il comprenne bien que je n’ai pas caché cette information volontairement.
« Je suppose qu’on lui manquait et qu’il a saisi une occasion de venir nous voir. Ça devrait être le plus important. C’est le plus important. Le reste, on s’en moque. Connor est avec nous maintenant. » J’étire un sourire en me tournant vers mon petit frère, je suis certainement celle qui affiche le plus son bonheur de l’avoir ici, mais les autres se montreront plus… coopératif d’ici quelque temps. Je connais la colère de Charlie à cause du silence de Connor, j’ai essayé d’arranger les choses sans avoir le moindre contrôle. « Tu veux de la confiture chaton ? » « Non. » Il se tourne vers Gauthier et lui pointe le pot de chocolat. « Je préfère du chocolat ! » Je souris. Sa gourmandise, similaire à la mienne, ne fait que déclencher une vague immense d’amour pour mon fils. « Alors, demande à tonton. » « Tonton ? Je peux avoir le chocolat s’il te plait ? » Je me penche pour embrasser sa joue, passant ma main dans sa tignasse brune et bouclée. « C’est bien mon chat. Alors sinon Connor, ton voyage a été bon ? Qu’est-ce que tu comptes faire ici ? Reprendre les études ou travailler ? » Je tente, tant bien que mal, d’éviter LE sujet qui emmènera systématiquement vers des échanges tendus et lourds de sous-entendus. Une bonne explication est nécessaire, mais pas devant Oliver. Il ne comprendra pas pourquoi sa famille se dispute.
Il y avait de la fuite dans l’air, tous le sentaient. Si Connor avait pu disparaître en un claquement de doigts il l’aurait sans doute fait. Et pourtant tout comme le reste de la famille il avait pris place à table dans le silence uniquement coupé par la conversation entre Théodora et son fils. Jusqu’à ce que Charlie ne tenant plus, sente le besoin - à nouveau - d’ouvrir son clapet. « Donc, qu’est-ce qui t’amène par ici Connor ? Il est clair qu’au vu de ton enthousiasme ce n’est pas le plaisir de nous retrouver avec Gauthier. » Le regard que Gauthier avait alors jeté à Charlie en disait long sur ce qu’il pensait. Attaquer Connor n’était selon lui pas le meilleur moyen d’éviter les conflits et il n’était pas prêt à avoir ce genre de conversation devant son neveu qui était encore bien trop jeune et innocent. « Charlie. » Avait il tout de même ajouté un peu strict et comme pour le réprimander. « On est là pour parler non ? Je serai curieux de savoir quels arguments a pu avancer Théo pour te convaincre de nous rejoindre. » Pas décidé de tout évidence à arrêter de le chercher, Connor était pourtant resté silencieux face aux paroles de son aîné, se contentant d’un regard noir plein de sous-entendu qu’Oliver n’avait, fort heureusement, pas capté - bien trop occupé par la nourriture sur la table et l’idée de prendre son déjeuner. « Je ne suis pas responsable de son arrivée ici. Comme je l’ai dit, j’ai reçu un message hier pour me dire qu’il débarquait ici, mais sans date. » Avait rétorqué Théo, sans se rendre compte sans doute qu’elle n’aidait pas la cause de son cadet en avouant ça. « Ca t’a pris comme ça ? » Plutôt étonné que d’un coup après quatre années de silence Connor débarque ici presque sans prévenir personne. C’était sans doute la manière de Gauthier de lui demander si il y avait une vraie raison, si il devait s'inquiéter. Mais il aurait été bien trop simple de poser simplement la question. Tout devait être sous entendu et mal exprimé aujourd’hui et entre eux plus particulièrement. « Ouais. » Avait été la seule réponse de son cadet de toute évidence pas enclin à parler avec eux.
« Je suppose qu’on lui manquait et qu’il a saisi une occasion de venir nous voir. Ça devrait être le plus important. C’est le plus important. Le reste, on s’en moque. Connor est avec nous maintenant. » C’était probablement de cette façon qu’ils devraient tous réfléchir mais la réalité était toute autre. Leurs problèmes de communication prenant des proportions assez astronomiques dans cette situation. Heureusement Théodora et Oliver étaient maintenant là pour calmer les rancoeurs et surtout occuper la conversation. « Alors sinon Connor, ton voyage a été bon ? Qu’est-ce que tu comptes faire ici ? Reprendre les études ou travailler ? » Croquant dans sa tartine Connor était resté aussi silencieux que ses frères avant de finalement prononcer un vague. « On en parlera plus tard d’accord ?! » Qui n’était au final pas vraiment une question. Il n’avait de toute évidence pas envie de parler et le reste du déjeuner s’était fait dans le silence le plus total ou presque. Oliver racontant à son « nouveau tonton » quelques unes de ses aventures ainsi que le programme de sa journée. Quand finalement tous avaient quitté la table, Connor avait décidé de partir avec Théodora pour amener Oliver, attrapant sa valise d’une main. Gauthier s’était alors approché de lui. « Laisse là ici. » Attrapant la valise à sa place il lui avait annoncé un catégorique. « Je vais la monter dans ta chambre. » Qui ne lui laissait pas vraiment le choix. D’ailleurs Connor n’avait pas protesté. Il viendrait vivre avec sa famille il était impensable pour lui qu’il se rende à l'hôtel. Cette chambre lui avait toujours été destinée.