« The words we never said »
Arthur & Amelia

Tout l’après-midi elle n’avait pas arrêté de scruter son téléphone. Et à chaque fois, la même chose. Pas de nouveau message. Elle espérait que tout se passait bien. Sinon il l’aurait probablement appelé. Mais oui. Arthur n’était pas aussi bête et inconscient que ça. Il était adulte à présent. Il était responsable et ne serait pas permis de commettre l’irréparable. Non. Chassant ses idées noirs de ses pensées, Amelia continua de classer la tonne de papiers qui trônait sur son bureau. Elle avait du retard. Beaucoup de retard. Et finalement ce n’était pas plus mal que son frère passe prendre la petite. Au moins elle pouvait se permettre de rattraper son accumulation de dossiers. Pourtant au départ, ce n’était pas gagné. Amy était toujours fâché contre Arthur. Alors pourquoi lui confier son enfant ? Une idée d’Anna. Dès qu’elle avait prononcé l’idée, l’aînée des filles Iver avait refusé. Pas à lui. Mais bon, Lily-Rose ayant entendu la conversation, ne faisait que supplier sa mère de bien vouloir. Elle voulait apprendre à connaître son oncle et ne comprenait toujours pas pourquoi sa mère le détestait autant. Et après que les deux se soient acharnées sur elle, Amelia finit par céder. Et se fut après avoir eu son frère au téléphone qu’elle se résonna. Ce n’était peut-être pas une si mauvaise idée après tout. Après tous les efforts qu’il avait fait pour renouer le dialogue, Amy pouvait bien faire ce petit effort. Et ainsi finirait-il par avancer..

Rentrée chez elle, Amelia attendait leur retour avec impatience. Pianotant sur son téléphone portable, elle tentait de s’occuper afin que le temps passe plus rapidement. Et enfin, la sonnerie de l’interphone retentit. Amelia ne tarda pas à les ouvrir pour finalement retrouver une Lily-Rose complètement HS. Cela ne l’étonnait pas vraiment. Après des journées bien chargées, la petite avait tendance à s’endormir encore facilement en voiture. « Hey. Je ramène une princesse endormie. Elle s’est bien dépensée. » Elle sourit en entendant ses mots. Il n’avait pas besoin de le préciser, ça, elle l’avait bien remarqué. Amy s’attendait déjà à ce que sa petite blonde lui raconte tout son programme de l’après-midi. Lily avait don de raconter ses péripéties tel une histoire sortie d’un des livres qu’Amelia lui lisait le soir pour s’endormir. Elle tenait probablement ça de son père, Amy étant trop nulle pour conter des récits. Mais bref, elle s’égarait. Leo n’était pas tellement au goût du jour. Non, c’était plutôt Arthur. Qui d’ailleurs, la ramena à la réalité. « Tu veux la réveiller ou tu préfères que je l’amène dans sa chambre ? » Elle regardait son frère, ne sachant pas réellement quoi dire. « Je.. Euh.. Tu peux la déposer dans son lit, oui bien sûr. » Elle s’écarta du passage pour qu’il puisse entrer avec sa fille. Amelia le guida jusqu’à la chambre de la petite princesse, réalisant qu’il n’avait jamais mis un pied ici auparavant. C’était bizarre, parce que c’était son frère. Et normalement, les choses n’auraient pas dû se passer ainsi. Mais que voulez-vous.. Il n’y qu’avec des Si que l’on pourrait refaire le monde. Et c’était déjà bel et bien trop tard. Arthur posa Lily sur son lit, la recouvrant au passage de sa couette. Ils sortirent alors silencieusement et Amy ferma la porte de la chambre pour pouvoir ainsi reprendre la parole. « Tu.. Tu veux boire quelque chose ? » Elle ne voulait pas paraître grossière et le congédier aussi rapidement. Une part d’elle voulait que ça s’arrange. Ou du moins qu’ils prennent le temps de s’expliquer. Surtout après tout ce temps. « Ça c’est bien passé avec Lily ? Elle ne t’en a pas trop fait baver ? »

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Arthur & Amelia

Elle ne savait pas quoi faire, ni exactement quoi dire. Ils ne s’étaient pas retrouvés seuls depuis un bon moment. Depuis l’adolescence en réalité. A l’époque où elle traînait avec Arthur et sa bande. L’époque où il n’aimait pas trop que ses potes portent un regard trop entreprenant sur sa sœur. Avant que tout ne commence.. Que le cauchemar ne commence. Mais le passé ne pouvait pas être changé malheureusement. Seul l’avenir pouvait à présent changer la donne entre eux. Ça serait probablement le plus beau cadeau qu’ils pouvaient faire à leur mère et à leur sœur. Surtout à cette dernière qui en avait clairement marre de se retrouver entre les deux. Amy pouvait la comprendre. Elle n’aurait probablement pas aimé se trouver à sa place. Mais bon, aurait-elle voulut également de la sienne ? Sûrement pas. Alors la cadette Iver avait eu la bonne idée de faire passer Lily-Rose en tant qu’entremetteuse. Au repas de Noël, la petite blonde avait rencontré pour la première fois son oncle. Et il fallait avouer que le courant était plutôt bien passé entre les deux. Lily l’adorait. Si bien qu’elle n’avait pas arrêté d’en parler à sa mère. Elle voulait absolument savoir quand est-ce qu’elle reverrait Arthur. La blondie voulait en connaître davantage sur son oncle. Et Amelia ne pouvait pas le lui reprocher ni même le lui interdire. Arthur avait l’air d’avoir sérieusement pris les choses en compte et surtout de ses erreurs. Anna n’arrêtait pas de le lui dire, mais Amy voulait le voir de ses propres yeux. Ils n’avaient pas vraiment pu en parler lors du repas de famille. Ce n’était pas trop le bon moment, il fallait l’avouer. Alors peut-être qu’aujourd’hui ça le serait ? Amelia n’aimait pas raviver les vieilles blessures, mais s’il fallait le faire pour avancer.. Elle le ferait.

Arthur déposa Lily-Rose dans son lit et le frère et la sœur sortirent sans faire de bruit de la chambre de la petite. « Je veux bien un peu d’eau si ça ne te dérange pas. » Amelia ne voulait pas le faire partir aussitôt sa fille ramenait. Et apparemment Arthur n’était pas contre le fait de rester encore un peu. Amy se dirigea alors dans la cuisine pour servir deux verres. « Tu as un super appartement, c’est très joli. » La brun revint avec les boissons en mains et en tendit un à son frère avant de s’asseoir sur le canapé. « Oh merci. Il faut remercier le talent de notre chère petite sœur. C’est elle qui s’est occupée de toute la déco. Elle s’ennuyait alors.. J’ai pas pu refuser en sachant que mes goûts ne sont pas terrible.. » Elle rit légèrement. La glace se brisait petit à petit. Amelia enchaîna alors avec Lily-Rose, si elle ne lui en avait pas fait voir de toutes les couleurs. En effet, elle pouvait être un vrai petit ange, tout comme un vrai démon. « Non, elle m’a épuisé mais elle est adorable, tu as fait du bon travail. » Elle sourit. « Merci. » Elle ne pouvait pas être plus d’accord avec lui. La petite lui donnait du fil à retordre, mais pour rien au monde elle ne pouvait le regretter. Lily-Rose était à présent toute sa vie. Plus rien d’autre ne comptait désormais. Elle but une nouvelle gorgée, cherchant quoi dire alors qu’un léger silence s’installait et commençait à s’imposer. « Et toi.. Tu envisages d’en avoir un jour ? » Question qui lui était apparu pour rompre ce blanc. « Le courant à l’air de plutôt bien passer avec Lily, ça fait plaisir à voir. »

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Lily étant dans les bras de Morphée, il n’y avait plus tellement de distraction possible pour éloigner le frère et la sœur d’un sujet fâcheux. Un sujet qu’il fallait évoquer pour briser la glace. Briser les murs qu’elle avait bâtis au fil du temps pour ne plus avoir affaire au jeune homme. Il était son sang et pour Amy, ça aurait dû suffire pour qu’Arthur la croit. Mais ce ne fut pas le cas. A la place, il s’était rangé du côté de sa mère. Celle qui ne voyait à l’époque que par son petit-ami. Celui qui les avait sauvé de la galère dans laquelle leur père les avait mis. C’était son héros. Elle était aveuglée par l’amour et la peur de se retrouver seule. A défaut de prendre un minimum de considération pour l’adolescente rebelle qu’elle était à l’époque. Ça faisait mal rien que d’y repenser. Voilà pourquoi elle préférait ne pas en parler. Et pourtant, elle le devait bien aujourd’hui. Ils parlaient de choses banales et Amelia savait parfaitement que le passé serait remis sur le tapis. Arthur et elle ne pouvaient pas faire comme si de rien était et reprendre leurs vies normalement. Ils devaient crever l’abcès. « Elle a eu décoré plusieurs de mes appartements aussi. » Oui, il fallait bien parler d’Anna pour combler le vide. C’était leur intermédiaire et à croire que même lorsqu’ils se retrouvaient sans elle, il fallait bien l’évoquer. « C’est vrai ? Elle aurait pu se reconvertir en décoratrice d’intérieur. Elle aurait pu en faire son business. » Elle sourit, pensant à sa petite sœur à l’œuvre. La cadette Iver prenait toujours plaisir à cette activité et Amy ne l’empêchait pour le moins du monde de se mettre à la tâche. Si elle avait envie de lui refaire tout l’appartement, que grand bien lui fasse.

La conversation dériva ensuite sur sa journée passée avec Lily-Rose. C’était la première fois qu’elle lui confiait la prunelle de ses yeux avec les encouragements d’Anna. Elle avait pris conscience depuis le repas de Noël qu’elle devait bien lui accorder une chance de se rattraper. Et comme Lily ne faisait que lui réclamer l’oncle qu’elle venait de rencontrer.. Difficile de ne pas céder à sa blondie. Et apparemment, tout c’était bien passé. Elle s’était inquiétée à plusieurs reprises, il fallait l’avouer. Elle ne savait pas trop comment son frère se comportait avec les enfants. Mais vu le repas de Noël, l’incitation d’Anna et savoir par cette dernière qu’il était professeur, elle avait fini par se laisser convaincre. A la grande surprise d’Arthur. « Oui, j’ai toujours voulu des enfants. Je n’ai juste trouvé personne avec qui les avoir. » Amelia hocha la tête, se rendant compte qu’elle ne connaissait vraiment rien de sa vie. C’était bien triste. Gamine, elle n’aurait jamais pensé que les choses se seraient passées ainsi avec son grand frère. « En effet, Lily-Rose et moi on s’entend pas trop mal. » Elle sourit à ses mots. « Vous avez fait quoi ? » Il était vrai qu’elle n’avait même pas demandé. Bon, elle savait d’avance qu’elle aurait un compte rendu assez bien détaillé de leur après-midi par la petite. Mais c’était toujours bon à prendre. « Mais est-ce que cela te fait réellement plaisir ? Ça ne sert à rien de faire semblant tu sais. J’ai fini par me faire une raison. » Outch. Elle ne l’avait pas volé celle-là. En même temps, c’était compréhensible. Qu’elle lui propose de garder sa fille du jour au lendemain pouvait sembler étrange. « Si ça me fait plaisir Arthur. Vraiment. » Elle soupira, posant son verre sur la table basse. « C’est Anna et Lily qui en ont eu l’idée, je te l’accorde. Mais c’était ce que je voulais, sans vraiment réussir à l’admettre. Que ma fille connaisse son oncle en espérant pouvoir lui faire confiance.. Laissant le passé derrière, là où il est. » Elle baissa les yeux. « J’en ai marre de cette guerre stupide Arthur.. J’ai mis du temps à l’accepter.. Mais je veux juste avancer. » Elle soupira. « Pouvoir retrouver une vie normale.. Auprès des miens. »

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Aujourd’hui n’était pas un jour comme les autres. Ça elle le savait. Voir son frère dans son appartement, ce n’était pas chose habituelle. Et forcément, Amelia avait peur des répercussions que cela pourrait engendrer. Ils ne ressortiraient pas d’ici sans avoir eu LA discussion. Ça, la brune le savait parfaitement. Elle avait peur que cela ne fasse qu’aggraver la situation. Et s’il était vraiment impossible d’un retour en arrière ? Pouvaient-ils avancer malgré tout, s’offrir une nouvelle chance ? Amelia détestait en reparler. La communication, exprimer ses sentiments, ce n’était pas son fort. Probablement un trait hérité de la personnalité de son père.. Et pourtant il le fallait bien. Cette situation n’était plus possible. Amy ne voulait pas que ses vieux démons, son démon, la hante toute sa vie. Il avait fait assez de dégâts, il ne pouvait pas lui gâcher toute sa vie. Il fallait avancer. Et qu’Arthur refasse parti de sa vie était déjà un bel avancement. « Il semble qu’elle ait préféré se tourner vers les enfants. » Amy sourit en pensant à sa petite sœur. La jeune femme était fière de sa cadette. Ce n’était plus un bébé à présent, bien qu’elle continuait à la protéger. Agathe était une fille –enfin femme, forte et indépendante. Elle avait su gérer seule son entreprise et ça marchait plutôt bien. Amy était la première à se servir de ses services. « Qui l’aurait cru.. Une vraie petite femme d’affaire. » Dit-elle simplement, le sourire aux lèvres. C’était plus facile de parler de la benjamine pour noyer le poisson. Mais ça ne dura qu’un court moment..

Il était temps de passer aux choses sérieuses. La vraie raison du problème. Et avec la question qu’elle redoutait tant, Amelia finit par lui avouer la vérité. La réelle raison pour laquelle il avait passé un après-midi avec Lily-Rose. Certes c’était sous l’influence de cette dernière et d’Agathe, mais ça ne valait pas tout. Amelia voulait que tout ça cesse. Le silence, l’absence.. Douze ans c’est long mine de rien.. Et ce fut le temps qu’il lui fallut pour se rendre compte qu’Arthur n’était pas le seul fautif dans l’histoire. Elle ne pouvait pas le blâmer toute sa vie. Et puis si elle avait pu bien pardonner à sa mère.. Elle pouvait bien le faire avec son frère. « Cela fait longtemps que j’essaye de faire cesser cette situation. Je suis ravi que tu aies envie de faire un effort mais ce n’est malheureusement pas la question. » Elle qui faisait un pas en avant, elle avait l’impression que lui reculait de deux pas. Mais Amelia le laissait parler, préférant entendre la suite avant de s’emporter. « La question c’est de savoir si un jour tu pourras me pardonner. Je ne te demande pas de le faire de suite, ça a pris des années avec Anna. Mais je refuse de m’investir dans quoi que ce soit si c’est pour au final voir toujours au fond de tes yeux que tu m’en veux encore. » Arthur marquait un point. Est-ce qu’une part d’elle ne lui en voudrait pas toujours ? « Si c’est le cas, je préfère qu’on fasse un trait sur toute relation. Cela fait douze ans que je n’ai plus réellement de famille, je tiendrai le temps qu’il me reste. » Elle hocha la tête, détournant son regard de son frère. Dieu qu’elle détestait ça.. « Et à qui la faute.. » C’était sorti tout seul, n’imaginant pas qu’elle l’avait dit assez fort pour qu’il l’entende. « Bien sûr que je t’en veux encore et que ça ne cessera pas du jour au lendemain. Après tout ce qu’il s’est passé.. Je sais pas, t’étais là, j’arrive toujours pas à croire que tu n’aies jamais rien remarqué.. Que tu ne m’aies tout simplement pas cru quand j’avais le plus besoin de toi en fait ! » C’était parti. Le ton montait légèrement, la rancœur sortant enfin. « Comment t’as pu.. Le croire lui, la croire elle.. » Elle se leva n’arrivant plus à rester sur place. Elle ne voulait pas montrer que ça l’affectait toujours autant. Et pourtant.. « De tous, je pensais que c’était sur toi que j’aurais pu compter. Comme quoi.. »

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Le sujet était lancé, il était temps d’y faire face. Ils ne pouvaient plus faire comme si de rien n’était, ils ne pouvaient plus reculer. Noël n’avait rien donné à part des retrouvailles assez froides. Cela ne paraissait ne pas être grand-chose, mais vu les circonstances et les années de silence, c’était un grand pas. Amelia voulait la paix. Juste la paix. Que tout s’arrête. Retrouver son frère en espérant que ça passerait. Cette colère, cette rancœur.. Elle n’en voulait plus. Il était temps d’avancer. Tout ne serait pas aussi simple et aussi rose, mais la brune voulait faire cet effort. Pour elle, pour Lily-Rose, pour le reste de la famille. Leur précédent repas l’avait rendu assez nostalgique du bon temps, quand tout allait encore bien entre eux. Aujourd’hui le beau-père ne faisait plus parti du tableau. Il était loin et Amy ne voulait plus en entendre parler. Il avait tout gâché, il l’avait écarté du clan Iver. Amelia l’avait fait volontairement certes, mais il fallait que cela cesse. Il ne pouvait pas faire de sa vie un enfer pour l’éternité. Il fallait qu’elle se reprenne en main et mette un terme à tout ça définitivement. Arrêter de reporter la faute sur son frère bien qu’elle lui en voulait toujours de ne pas l’avoir cru. « Je n’ai jamais dit que ce n’était pas de ma faute. Je l’ai assumée, je l’assume toujours aujourd’hui parce qu’il n’y a rien que je puisse faire pour changer le passé à part essayer de me faire pardonner. » Entendre ses mots sortant de sa bouche lui faisait mal. Au moins il le reconnaissait, mais en reparler ne faisait que la mettre mal à l’aise. Amelia était encore blessée de tout ce qu’il s’était passé à l’époque. Mais si elle voulait tirer un trait sur tout ça, il fallait écouter Arthur. La jeune femme ne l’avait jamais fait jusqu’à présent. Et elle s’en voulait d’avoir mis autant de temps.

« J’aurais aimé avoir fait les choses différemment. J’aurais aimé avoir fait d’autres choix mais j’avais la tête ailleurs à cette époque, je faisais confiance démesurément à maman et je sais que ce ne sont pas des excuses mais ce sont des faits. » Et elle pouvait le comprendre. A l’époque, Arthur ne voyait que par leur mère. Du moins, il avait une confiance aveugle en elle. Tout comme cette dernière qui était complètement aveuglé par le beau-père. Après tout il les avait recueilli, il représentait l’autorité, ce père dont ils avaient désespérément besoin dans leurs vies. Ils ne comprirent que plus tard qu’il fallait se méfier des apparences. La preuve était qu’Amelia en avait fait les frais. « Je comprends que tu ne puisses pas me pardonner, c’est pas grave. Mais il faut que tu comprennes que je ne peux pas continuer comme ça. J’ai essayé Amelia, vraiment. Je t’ai tendu toutes les mains que j’ai pu imaginer au fil des années. Chaque main c’était un petit morceau d’espoir qui est mort. Aujourd’hui j’ai moi aussi besoin de me protéger pour avancer. La culpabilité m’accompagnera toujours mais au moins, on aura mis ça derrière nous. » Elle soupira. « Je sais Arthur.. Mais je t’en voulais tellement que ce que tu pouvais dire ou faire ne changerait en rien la situation. J’ai été bête de t’avoir repoussé autant, je le reconnais. Mais mets-toi à ma place aussi deux secondes.. » Elle en avait souffert pendant des années, surtout de devoir s’éloigner de cette famille qui à un moment représentait tout pour elle. « Je veux.. Je veux juste retrouver mon frère. » Elle s’était calmée, ayant l’impression d’être à nouveau cette gamine complètement paumée. « Je ne veux plus qu’on repasse des années sans se parler, je ne veux plus que tu sois absent dans ma vie comme moi dans la tienne.. » Elle baissa les yeux. « Certes les choses ne redeviendront jamais ce qu’elles étaient, mais on peut au moins essayer.. » Elle releva les yeux vers Arthur. « Enfin, si tu le veux. »

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« Certes, rien ne pourra jamais changer ce qui s’est passé. Mais quand je vois que tu as pardonné maman, tu peux aussi comprendre que de ne même pas avoir le droit de m’expliquer en douze ans, cela puisse me blesser aussi. » Elle avait réussi à pardonner à sa mère, mais allez savoir pourquoi, avec son frère elle avait fait un blocage. Oui c’était lui qui l’avait le plus déçu au final et ceci expliquerait donc cela. Mais ça ne justifiait pas tout. Ce n’était pas juste pour Arthur, pour leur relation. Sauf que des années auparavant, Amelia le voyait ainsi et pas autrement. Elle avait cette rancœur, cette colère et elle avait vraiment mal pris que son frère ne se range pas de son côté. Surtout lorsqu’elle avait raison. Son beau-père lui avait fait du mal, le pire qu’une adolescente pouvait s’imaginer. Amy était restée des années sous le silence, préférant ne rien dire de peur qu’il s’en prenne à Agathe par la suite. C’était son chantage favori. Et forcément, ça marchait à chaque fois. La brune ne pouvait le laisser faire les pires horreurs à sa sœur. Une, c’était déjà assez. Pas besoin que deux subissent le pire et soient marquées à vie. « Oui je peux comprendre.. Mais je sais pas pourquoi ça a été plus facile de lui pardonner à elle qu’à toi. » Elle soupira, une fois de plus. « Sans doute parce qu’il est plus difficile de pardonner à quelqu’un qui t’as vraiment déçu parce que tu l’as considéré au-dessus du reste. » Pendant des années elle avait aimé, admiré son frère. C’était son modèle. A l’inverse de sa mère avec qui ses relations avaient toujours été conflictuelles.

Alors Amelia voulait que tout change. Lui en vouloir toute sa vie n’était pas la solution. Loin de là. Il fallait avancer, ne plus reculer, ne plus ressasser le passé. Et peut-être que tout irait mieux à nouveau. Du moins entre eux. Amelia voulait essayer. Montrer à son frère qu’elle était passée à autre chose, qu’elle voulait qu’il soit à nouveau dans sa vie. « Je suis prêt à essayer depuis longtemps. » Des mots qui firent sourire malgré tout la jeune femme sans qu’elle ne s’en rende compte. Ils en étaient rendus à là alors. C’était déjà un pas en avant comparé au rejet et à l’ignorance d’autrefois. « J’ai été faire réparer ma voiture au garage où tu travailles il n’y a pas longtemps. » Là, elle parut étonnée car aucun de ses collègues ne lui en avait fait part. « Ah bon quand ça ? » S’il était tombé sur Ezra, il était sûr que son meilleur ami le lui aurait dit. Enfin elle espérait, mais tête en l’air qu’il était ça ne l’aurait pas tant non plus étonné que ça qu’il oublie de le lui dire. « Tu es tombé sur qui ? » Et étant en congé dernièrement, elle ne s’était pas occupée de la paperasse qui s’était entassée sur son bureau. « Et toi, tu travailles toujours au lycée ? » De ce que sa mère lui avait raconté. Il était devenu professeur de mathématique, chose qui ne l’étonna pas tant que ça lorsqu’on lui apprit la nouvelle.  

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Oui elle avait réussi à pardonner à sa mère plus facilement. Enfin ce n’était pas comme si elles se voyaient tous les jours, que tout était redevenu comme avant.. Non. Bien sûr que non. Plus rien ne pouvait redevenir comme avant. Mais elle avait fait cet effort. Et allez savoir pourquoi, avec Arthur ce fut plus dur. Enfin si elle le savait. C’était son grand frère, son modèle, celui pour qui elle avait toujours eu le plus d’estime dans la famille. Alors savoir qu’il ne la croyait pas, ça lui avait arraché le cœur. Sa mère était aveuglée par l’amour, par l’espoir de cette nouvelle vie. Lui qui les avait récupéré de la misère crée par un père qui les avait lâchement abandonné. Il était son espoir. Leur espoir. Mais tout déchanta rapidement et la famille qui pensait être de nouveau forte, se brisa en mille morceaux. « Je ne peux pas revenir en arrière et changer les choses. Je suis désolé mais cela ne change rien. » Elle acquiesça, baissant la tête. Amy ne pouvait pas lui en demander plus après tout. Ils ne pouvaient rien changer au passé. Elle préférait le laisser là où il était et plutôt réparer ses erreurs en arrangeant sa relation avec son frère. « Je le sais bien Arthur, je le sais.. » Elle ne savait pas quoi dire d’autre, quoi dire de plus pour arranger les choses. Seul le temps leur serait bénéfique. A voir si elle arriverait à vraiment lui pardonner ses erreurs. Tout comme lui avec les siennes. Ce n’était pas facile, mais Amelia le voulait vraiment. Passer du temps avec son frère, revoir sa famille et ne plus tenter de faire de faux clichés comme pour Noël passé. Qu’ils soient eux et que tout aille pour le mieux. Elle ne demandait rien de plus. C’était déjà probablement assez suffisant.

Alors ils passèrent à une conversation plus légère. A savoir qu’Arthur était passé au garage d’Ezra, là où Amy travaillait. « Il y a deux semaines. Je suis tombé sur une Pénélope. C’est moi qui lui aie demandé de rien dire, je savais même pas que tu travaillais là. » Elle comprenait mieux pourquoi elle n’avait pas été prévenu. Penelope savait apparemment bien garder des secrets. Amy ne lui en voulait pas du tout. Après tout, si Arthur avait fait part à la jeune femme que leur relation était compliquée, elle n’avait probablement pas pensé à mal en ne disant rien. Elle ne voulait sûrement pas faire d’histoire et Amelia ne pouvait pas le lui reprocher. « Oui ça va faire un bon moment que j’y suis. Depuis l’ouverture en fait.. Je viens de réaliser que ça fait une éternité. » Et si à l’époque elle ne lui parlait déjà plus, ça fait une éternité également qu’elle n’avait pas vu Arthur. Elle prit une belle claque en y pensant. Comment avaient-ils pu s’éviter autant de temps ? A une certaine époque cela aurait été impensable. « Oui, toujours. J’y ai trouvé ma place, je n’ai pas très envie de changer. » Tout comme elle avec Mecanor. Elle était contente pour lui. Il avait trouvé sa place en tant que prof au lycée de la ville et avait l’air de bien s’y plaire. Que demander de plus. « Tu enseignes les maths c’est ça ? » Elle sourit et termina son verre avant de reprendre « Si ça se trouve tu auras Lily comme élève. » Elle sourit à cette pensée, s’imaginant Lily en parfaite petite lycéenne studieuse, écoutant son oncle au premier rang. Enfin c’était ce qu’elle espérait, mais pas sûr que sa fille en pense de même.