La maison était si vide et silencieuse aujourd’hui. Assise sur le canapé, Liviana venait de terminer pour la centième fois la lecture d’Orgueils et Préjugés ; après s’être étiré elle rangea le livre dans la bibliothèque qu’elle avait plus ou moins installé chez son meilleur ami. Elle jeta un coup d’œil à son téléphone, fouillant dans son répertoire, sans s’en rendre compte, elle était arrivée sur Samuel, elle hésita avant d’appuyer sur la touche appel, après plusieurs sonneries elle tomba sur le répondeur de son ex-mari, le simple son de sa voix lui pinça le cœur, elle se reprit cependant en entendant le bip, après une courte inspiration, elle lui laissa un message ou elle expliquait vouloir simplement des nouvelles de son fils qui avait passé pour la première fois une nuit chez son père, et elle raccrocha se demandant si tout ceci était une bonne idée. Le reste de la matinée passa plus vite que ce qu’elle avait imaginé, elle profita du calme et de la non-présence de Luca pour prendre un bain aux huiles essentielles, c’était de très loin l’un des plaisirs favori de la jeune femme mais depuis qu’elle était devenue maman ce genre de moment se faisait très rare. Elle passa près d’une heure dans l’eau chaude à dévorer les derniers épisodes de how to get away with murder, cette série la tenait en haleine, elle élaboré toutes sortes de théorie sur le coupable sans jamais avoir raison. Comme à chaque fois elle fut surprise d’avoir terminé la saison, excitée et impatiente à l’idée de découvrir la saison quatre dans quelques mois. Elle jeta un œil à l’heure, il était temps qu’elle commence à s’activer. Elle quitta son bain et s’enroula dans une serviette chaude avant de se regarder dans le miroir, elle sécha sa tignasse rapidement avant de laisser ses boucles naturelles tomber sur ses épaules ; comme à son habitude, elle se contenta d’une cc-crème à la teinte légère, d’un peu de mascaras sur les cils et d’une touche de rouge à lèvre rosé sur les lèvres. L’automne commençait à pointer le bout de son nez, bien décidée à profiter des derniers jours de soleil, la jeune femme enfila une de ses robes favorites de couleur pastel plutôt fluide qu’elle rehaussa d’une ceinture en similicuir dans laquelle elle se sentait sublime. Quasiment prête à partir, la jeune femme enfila une veste et glissa ses pieds dans sa paire de talons favorite. En sortant de chez elle, elle ne fut pas surprise de tomber sur l’Uber qu’elle avait commandé, elle ne pouvait désormais plus vivre sans cette application « Queensland Show s’il vous plait » dit-elle avec son plus beau sourire avant de s’asseoir au fond de son siège. Durant le trajet, elle ne put s’empêcher de balader son regard sur les hauteurs de Brisbane, cette ville avait clairement quelques choses de magique aux yeux de la jeune femme ; pour rien au monde elle ne souhaiterait vivre ailleurs. Rapidement, les couleurs du festival apparurent au loin, elle adorait cette événement qu’elle avait découvert il y a désormais trois ans, cet endroit était un peu comme le paradis pour Liviana, elle adorait les produits biologiques, les produits régionaux et les produits sains. Elle remercia son chauffeur et paya sa course avant de pénétrer dans le festival. Son regard se balada un peu partout autour d’elle, elle fit quelques pas avant de remarquer la présence de son amie, immédiatement un sourire étira ses lèvres « Je suis tellement heureuse de te voir » dit-elle en serrant Camber dans ses bras. Elles étaient de vieilles amies, le genre d’amie que le temps éloigne mais pas le cœur ; elle ne l’avait pas vu depuis une éternité et l’idée de passer la journée avec elle l’avait ravie « Tu es toujours aussi belle » elle la regarda dans les yeux, Camber était encore plus belle que dans ses souvenirs en réalité, elle avait toujours eu cette classe naturelle que beaucoup de femmes lui avaient enviée à l’époque de l’université « Comment tu vas depuis tout ce temps ? » elle regrettait de ne pas avoir toujours pris le temps de garder contact, elles avaient chacune suivit un chemin différent mais pour Liviana il n’était jamais trop tard pour renouer une amitié sincère.
Encore dans sa robe de chambre, Camber ne cessait de faire les cents pas. Fallait-il y aller. Était-ce réellement une bonne idée. L’hésitation ne l’avait jamais quittée depuis que Liviana était venue vers elle pour prendre de ses nouvelles et finalement convenir d’un après-midi pour se retrouver. Elle n’avait pas vu son amie depuis des années, de très longues années. Bien que l’envie de la revoir fût forte, la brune redoutait cette confrontation. Qu’allait-elle lui dire ? Sa vie était aussi plate que les planches de surf qu’elle avait l’habitude de manier dans sa jeunesse; dépourvue intérêt. Son problème était là, Camber avait honte. Honte de retrouver son ancienne amie et colocataire d’université et de voir la déception sur son visage lorsqu’elle apprendrait que rien chez elle n’avait changé. Elles avaient toutes les deux atteint la trentaine et pourtant, elle n’avait rien achevé de son existence, ce qui allait être le contraire pour son amie, elle en était certaine. Face au miroir de son salon, la notaire fixa son reflet, dubitative. Elle s’était déjà coiffée, d’une tresse en épi un peu brouillon, et maquillée légèrement, reculer maintenant était ridicule. Dans une grande inspiration, elle retourna dans sa chambre où sa tenue l’attendait étalée sur son lit, prête à être enfilée. Motivée par les rayons du soleil qui vinrent illuminer la pièce, Camber accéléra le rythme, finalisant sa préparation par l’ajout d’une couche rouge à lèvre vermillon. A défaut d’avoir des informations palpitantes à lui raconter, elle allait au moins avoir bonne mine.
Assise dans le taxi, la notaire se félicita d’avoir affronté ses peurs et de ne pas avoir écouté sa voix faible intérieure qui lui avait crié de rester lorsqu’elle avait passé le pas de sa porte. Dans le fond Liviana voulait la revoir parce qu’elle l'appréciait, se focaliser sur des détails n’importait peu. Et dans le cas où elle se moquerait bel et bien d’elle, Camber était déjà préparée à fuir dans la foule du festival. Un soupir de stress plus tard, elle s’accorda quelques instants de répit, la tête posée contre la fenêtre à observer les rues qui défilaient sous ses yeux. Plus ils s’approchaient de Queensland Show, plus les rues étaient fréquentées. Des amis, des familles, des couples. Tout pour la rassurer. « Ça va madame ? » Surprise, la brune écarquilla les yeux, regardant le chauffeur de taxi qui s’était adressé à elle. Son état de panique devait être probablement lisible sur son visage, il allait vite falloir masquer ça avant que Liviana ne le remarque. « Oui tout va bien, je vous remercie. Déposez-moi ici, ça sera parfait » Le cœur bondissant, elle régla la course et salua l’homme dans un sourire, avant de s’avancer vers l’entrée du marché. Le côté positif de la présence de tout ce monde était qu’au moins Liviana n’avait aucune chance de la retrouver si elle décidait de s’enfuir. Et quand on parlait du loup, sa voix lui vint aux oreilles bien rapidement. « Je suis tellement heureuse de te voir » Son visage pivota aussitôt vers elle, se laissant surprendre par l’étreinte amicale qu’elle lui donna. Se retrouver dans ses bras, comme au bon vieux temps, lui réchauffa le cœur. « Tu es toujours aussi belle » Il ne faisait aucun doute que le rouge avait dû lui monter aux joues. « Merci, je te retourne le compliment. Je dirais même que la trentaine te va encore mieux que la vingtaine » répondit-elle dans un petit rire mi-amusé, mi-gêné. « Comment tu vas depuis tout ce temps ? » La respiration lourde, Camber cessa de respirer quelques secondes. Le moment redouté arrivait à grands pas et la panique avec. « Ça va, ça va » fut la seule chose qu’elle parvint à répondre, pas certaine de savoir ce qu’elle pouvait ajouter sans se trahir. « Et toi alors ? Tu n’imagines pas comme j’étais contente quand j’ai reçu ton message » commença-t-elle en enroulant son bras autour du siens, maintenant bien décidée à la garder auprès d’elle. « Quand j’y pense c’est quand même dingue qu’on ait attendu toutes ces années pour se revoir… Tu as vraiment eu une bonne idée. Et puis je t’avoue que je n’aurais jamais eu le courage de venir ici si ça n’avait pas été pour te voir » ajouta-t-elle en rigolant doucement. Visiblement aussi invisible que l’air, Camber se fit bousculer par un petit garçon qui la percuta violemment avant de continuer sa route en criant après une bête imaginaire. « Ah, les gosses » fit-elle en levant les yeux au ciel.
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Dernière édition par Camber Huntington le Jeu 20 Avr 2017 - 16:11, édité 2 fois
Liviana avait toujours pensé que les amitiés nouées à l’université étaient celles qui duraient pour toujours. Son amitié avec James avait été la première à confirmer la règle, elle était persuadé que ça serait également le cas pour ce qu’elle partagé avec Camber. Le regard perdue dans la vide, Liviana repensa à leur rencontre, elles avaient toutes les deux une vingtaine d’années, des espoirs pleins la tête ; elles étaient encore des bébés rêvant d’une vie à couper le souffle. La revoir aujourd’hui était un vrai bonheur, tout comme la serrer dans ses bras, c’était bon de la retrouver, elle eut pendant quelques secondes la sensation d’avoir fait un bon dans le passé « Merci, je te retourne le compliment. Je dirais même que la trentaine te va encore mieux que la vingtaine » quelques notes de roses teintèrent les joues de la jeune femme qui ne put s’empêcher de sourire à son amie. Liviana avait toujours eu du mal à se faire des amies, elle avait du mal à aller vers les autres, sans cesse persuadée qu’elle n’était pas assez bien mais les choses avaient semblé évidentes lorsqu’elle avait rencontré la jeune femme avec qui elle partagerait une chambre pendant un an. Elles ne s’étaient pas vu depuis une éternité, Liviana imaginait aisément tout ce qu’elle avait à se dire, tout ce qui avait pu changer depuis la dernière fois qu’elles avaient partagés un moment « Ça va, ça va » elle avait l’air d’aller bien, elle semblait heureuse, du moins c’est ce que pensait la jeune femme en regardant son amie, elle était loin de se douter qu’elle était toujours aussi douée pour ne pas inquiéter les autres « Et toi alors ? Tu n’imagines pas comme j’étais contente quand j’ai reçu ton message » elle regrettait d’avoir mis autant de temps à appuyer sur le bouton envoyer mais maintenant que c’était fait et qu’elle l’avait en face d’elle, tout allait bien, elle en oubliait presque tous ses problèmes « Je vais bien » avoua-t-elle, elle mentait la plupart du temps quand les gens lui posait cette questions mais aujourd’hui c’était sincère, elle se sentait bien, légère comme une plume « Ça me fait plaisir que tu es accepté de venir, j’avais peur que tu ais changé de numéro ou que tu n’en ai juste plus envie » c’était peut-être aussi pour ça qu’elle avait mis si longtemps à la contacter. Bras-dessus, bras-dessous, elle entra avec la jeune femme dans le marché, c’était vivant, pleins de jolies couleurs et tout le monde semblait nager dans le bonheur. « Quand j’y pense c’est quand même dingue qu’on ait attendu toutes ces années pour se revoir… Tu as vraiment eu une bonne idée. Et puis je t’avoue que je n’aurais jamais eu le courage de venir ici si ça n’avait pas été pour te voir » elle se mordit la lèvre un peu honteuse avant de relever son regard vers Camber, elle avait beau réfléchir, elle n’arrivait pas à se souvenir de l’instant ou leurs chemins s’était séparés « Je suis désolée. Je l’ai tellement regretté tu sais ? De ne plus avoir le temps ou de ne pas l’avoir trouvé simplement. Je ne pensais qu’on mettrait autant de temps pour se retrouver » ce qui était fait, était fait, mais elle refusait de laisser ce genre de chose se reproduire. Camber avait été comme une sœur, pendant de nombreuses années ; certains sur le campus pensaient même qu’un réel lien familial les unissait « Mais je veux tout savoir, qu'est ce que j'ai manqué pendant toutes ses années ? » après tout, elles avaient du temps à rattraper désormais. Toujours souriante, Liviana regarda autour d’elle, elle adorait ce genre d’endroit, elle espérait trouvait l’inspiration et dégoter de nouvelles idées pour l’épicerie quand un gamin fonça tête la première sur son amie sans prendre le temps de s’excuser « Ah, les gosses » elle jeta un coup d’œil derrière elle, il était déjà bien loin, ce choc ne semblait pas l’avoir perturbé « Certaines éducations laisse à désirer » dit-elle en se mordant l’intérieur de la joue, se demandant comment lui parler de son fils « Hm, puisqu’on parle d’enfants, je te présente Luca… » elle fouilla rapidement dans son sac et lui tendit une photo de son petit garçon qu’elle avait pris quelques-jours auparavant, il était allongé dans son berceau, un large sourire sur le visage « … c’est mon fils, il a cinq mois, j’aurais dû t’en parler avant mais je ne voulais pas t’annoncer ça par téléphone... » elle avait remarqué avec le garçon toute à l’heure, que Camber n’était pas une fan des enfants mais elle espérait que le lien fasse exception à la règle.
Voir Liviana, son sourire et ses yeux si expressifs raviva de précieux souvenirs dans son esprit. Même si une dizaine d’années les séparait de l’université, son amie avait conservé le même éclat et le même charme qu’elle lui avait toujours connu. A l’observer lui sourire de la sorte, Camber pouvait presque la revoir avec ses vêtements d’époque et ses bouquins en main. Même si la notaire possédait une diplomatie sans faille, elle avait cette fois-ci complimenté la jeune femme avec une grande sincérité. A cet instant précis de sa vie, Camber aurait probablement tout donné pour retourner en arrière et revivre ses années d’études à ses côtés. Pour profiter plus d’elle, et de sa vie de façon plus générale. Mais il était maintenant trop tard et revenir sur le passé n’allait certainement pas l’aider à avancer. Avoir de nouveau Liviana auprès d’elle, si. « Je vais bien. Ça me fait plaisir que tu es accepté de venir, j’avais peur que tu ais changé de numéro ou que tu n’en ai juste plus envie » Ses lèvres s’ouvrirent dans un rond parfait, exprimant instantanément son état de surprise. « Tu plaisantes, pourquoi je n’aurais pas voulu ! » L’hypothèse aurait pu s’avérer vraie si leurs chemins s’étaient séparés sur une dispute, mais il n’en était rien. La vie seule avait eu raison d’elles, ce que son interlocutrice ne tarda pas à lui confirmer. « Je suis désolée. Je l’ai tellement regretté tu sais ? De ne plus avoir le temps ou de ne pas l’avoir trouvé simplement. Je ne pensais qu’on mettrait autant de temps pour se retrouver » Dans un pincement au cœur, Camber jeta son regard dans le vide. Si quelqu’un devait s’excuser, c’était bien elle. La brune n’avait gardé aucun contact avec ses amis d’université, ou bien même d’avant. Le seul qui lui restait était Tony, une chance inouïe elle en était consciente. Au-delà de responsabilités nouvelles, d’un travail prenant, Camber devait avouer qu’elle n’avait jamais fait le moindre effort pour conserver un semblant de vie sociale. Il lui arrivait encore maintenant de s’interroger sur ce passage de son existence, cette erreur qui faisait d’elle ce qu’elle était aujourd’hui; une femme seule.
« Mais je veux tout savoir, qu'est-ce que j'ai manqué pendant toutes ses années ? » La question et l’engouement de son amie la sortirent de ses pensées, réveillant toute l’anxiété liée à ces retrouvailles. Tu n’as absolument rien manqué. La gorge nouée, Camber chercha ses mots quand un enfant inattentif et brusque lui rentra dedans à son plus grand soulagement, lui donnant une bonne excuse de ne pas donner une réponse immédiate à Liviana. Spontanément, elle râla après lui, ce qui parût déclencher une certaine gêne chez son interlocutrice. Le sourcil droit arqué, la brune l’observa, persuadée qu’elle allait lui dire quelque chose. « Certaines éducations laisse à désirer » Un petit rire jaune s’échappa de sa bouche. « Je ne te le fais pas dire » Bien que Camber n’ai aucun enfant, elle était toujours la première lorsqu’il s’agissait de faire une réflexion sur la façon qu’avaient les gens d’éduquer leurs enfants. « Hm, puisqu’on parle d’enfants, je te présente Luca … c’est mon fils, il a cinq mois, j’aurais dû t’en parler avant mais je ne voulais pas t’annoncer ça par téléphone... » Intriguée par son annonce, Camber l’observa fouiller dans son sac tandis qu’elle finit par lui tendre la photo d’un enfant, son fils. « Mon Dieu » répondit-elle aussitôt, si étonnée par la nouvelle. Sans perdre une seconde, elle s’empara de la photo et détailla le bébé du regard. « Il est adorable ! Il te ressemble tellement… » Son ton avait pris une tournure émue. La notaire ne s’était donc pas trompée lorsqu’elle avait envisagé que Liviana ait accompli plus de choses dans sa vie. « Félicitations, je suis vraiment heureuse pour toi » ajouta-t-elle en la prenant dans ses bras. « Attends » Elle marqua une pause, se détachant d’elle, son regard balayant son corps de la tête aux pieds. « Tu as accouché il y a cinq mois et tu as cette forme ? Quel est ton secret ? » lui demanda-t-elle sur le ton de la plaisanterie. « Qu’est-ce que tu as fait de lui ? Il est avec le papa ? » Maintenant qu’elle connaissait son existence, Camber était presque déçue de ne pas avoir la chance de le rencontrer. « D’ailleurs... parle-moi du papa » finit-elle par ajouter avec un air gourmand de potins.
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Dernière édition par Camber Huntington le Jeu 20 Avr 2017 - 16:12, édité 2 fois
La revoir, replongea Liviana à l’époque de l’université ; elle était une jeune femme un peu naïve avec de grands rêves. Dans sa tête, tout était prévu, elle rencontrerait un garçon brillant, gentil et courageux dont elle tomberait folle amoureuse, elle serait diplômée avec les honneurs et avec un peu de chance elle se trouverait une amie sur qui elle pourrait toujours compter. Lorsqu’elle avait rencontré sa colocataire pour la première fois, elle n’avait pas vu en elle cette personne, Liviana avait pensé que cette fille était bien trop belle et classe pour s’intéresser à une petite italienne venu s’installer en Australie. Avec le recul, elle se trouvait stupide d’avoir pensé une chose pareille, elle l’avait jugé alors qu’elle détestait cette attitude. Finalement, elle était cette personne, sa personne. Une dizaine d’années avait passé depuis l’époque de l’université et Liviana ressentait toujours la même chose pour Camber, toujours la même tendresse. « Tu plaisantes, pourquoi je n’aurais pas voulu ? » elle haussa les épaules en la regardant « Je ne sais pas. Tu aurais pu avoir tourné la page tu vois ? » mais c’était tout le contraire. La revoir lui fit chaud au cœur, elle avait la sensation de ne jamais l’avoir quitté et immédiatement elle regretta d’avoir mis si longtemps à composer son numéro de téléphone. Liviana refusait de vivre avec des regrets ou des remords, remuer le passé ne servirait probablement à rien, elle voulait désormais ce concentré sur le présent et sur l’avenir qu’elle aurait avec son amie. Elle avait tellement de chose à lui dire, tellement de questions à poser, mais Camber n’eut pas le temps de lui répondre puisqu’un gamin lui fonça droit dessus ; elle regarda tout autour d’elle, il était seul, personne ne semblait s’inquiéter, elle se demanda à qui pouvait être ce gamin, bien trop jeune pour courir seul dans un endroit pareil « Je ne te le fais pas dire » elle se mordit la lèvre. Le temps avait passé et la vie de la jeune femme avait changé dernièrement, elle avait donné la vie, un petit garçon avait totalement bouleversé sa vie et il était temps d’en parler à Camber – bien que sa réaction la rendait nerveuse – malgré tout, elle sorti une photo de son sac. Elle était désormais comme toutes les mères à avoir des clichés de son fils partout « Mon Dieu » elle croisa le regard de son amie et fut intensément rassurée « Il est adorable ! Il te ressemble tellement… » c’était le genre de phrase qui la comblait, elle adorait entendre que son fils lui ressemblait, elle en était même très fière « Merci, tu ne pouvais pas me faire plus plaisir » elle espérait qu’un jour son amie puisse ressentir tout le bonheur qu’apporter un enfant. En si peu de temps, Luca avait pris une telle place dans sa vie, qu’elle se demandait comment elle avait pu vivre sans lui pendant plus de trente ans. « Félicitations, je suis vraiment heureuse pour toi » elle lui sourit, la serrant dans ses bras de toutes ses forces, parler de son fils et voir les gens heureux pour elle, la comblée. Elle était sur le point de lui répondre quand Camber reprit « Attends » elle arqua un sourcil se demandant pourquoi elle le regardait ainsi « Tu as accouché il y a cinq mois et tu as cette forme ? Quel est ton secret ? » elle ne put s’empêcher de rire en l’entendant. Par chance Liv, avait grandi avec une morphologie fine, elle pouvait manger ce qu’elle voulait sans prendre un gramme et la durant sa grossesse elle n’avait pris qu’une dizaine de kilos « Une robe un peu ample peut facilement cacher un petit ventre. Mais j’ai eu de la chance, je n’ai pris que douze kilos pendant la grossesse » mais être enceinte restait malgré tout la plus belle expérience de toute sa vie – en dehors de son accouchement qui restait le pire souvenir de sa vie -. Rapidement, Camber posa des questions concernant le père du bébé, elle se doutait que ce genre d’interrogation finirait tôt ou tard par arriver « Qu’est-ce que tu as fait de lui ? Il est avec le papa ? » elle n’avait pas l’intention de mentir ou de prétendre que tout irait bien mais elle ne voulait pas se mettre à pleurer devant son amie « D’ailleurs... parle-moi du papa » elle prit une profonde inspiration tout va bien de passer pensa-t-elle avant de se lancer « Oui. Il le garde pour la journée » elle afficha un petit sourire, c’était en réalité bien plus compliquée que ça « Hm, je ne sais pas par où commencer. Enfin, si, c’est Samuel le père, comme tu te doutes » ça n’aurait pu être personne d’autre pour Liviana, à la seconde ou elle l’avait rencontré, elle avait su qu’il serait l’homme de sa vie et le père de ses enfants. Elle remit une de ses mèches de cheveux en place en relevant son regard vers la jeune femme « On… on va divorcer, j’ai lancé la procédure il y a un an. Il s’est tapé une pétasse à une soirée pour le boulot » elle n’était jamais vulgaire mais elle ne voyait pas d’autre mot pour qualifier cette femme qu’elle avait vu plus d’une fois « J’ai appris que j’étais enceinte quelques jours après la révélation... » ajouta-t-elle, parler de Samuel et de ses problèmes la rendait toujours triste, elle avait beau tout faire pour le cacher, ses yeux ne mentait pas.
Tout comme cet enfant sorti de nulle part, son destin de vieille femme solitaire l’avait rattrapée, lui arrivant en pleine figure. Alors oui elle s’était doutée que son ancienne colocataire avait fondé une famille depuis le temps qu’elle la connaissait, elle déjà mariée depuis de longues années. Elle la revoyait dans sa robe de mariée sept plus tôt, si élégante, si brillante. Samuel et elle étaient parfaits et déjà à l’époque, elle les imaginait comblés, avec des enfants et même des animaux. Le genre de portrait idéal dont pouvait rêver n’importe quelle femme traditionnelle en soit. Pourtant malgré cette préparation psychologique, apprendre réellement que son amie avait passé le cap de devenir une mère lui fit un choc. La photo de son petit Luca entre les mains, Camber avala difficilement et douloureusement sa salive. Puis ses pensées se dirigèrent vers Cleo qui elle aussi était une mère comblée maintenant, et son meilleur ami Tony qui allait bientôt être père à son tour. Tout son entourage semblait à l’heure dans l’évolution de la vie, tous sauf elle. Plutôt que de se laisser submerger par des émotions négatives et risquer de fondre en larmes, la notaire se focalisa sur le bonheur de Liviana et sur la photo qu’elle tenait entre ses mains. « Merci, tu ne pouvais pas me faire plus plaisir » Un léger sourire étira ses lèvres, tandis qu’elle rendit le portrait du bébé à son amie. Elle ne pouvait qu’imaginer la fierté que son interlocutrice devait ressentir. Avoir donné la vie. Avoir un petit être si semblable à elle, un bout de soi. Sincèrement et profondément heureuse pour elle, Camber ne se retint pas pour la féliciter, profitant de l’occasion pour la serrer dans ses bras. Et puisqu’on ne changeait pas les priorités et la vision d’une femme, un détail attira son attention. Liviana resplendissait de beauté et de forme physique alors qu’elle avait accouché il n’y a pas si longtemps, de quoi faire jalouser n’importe quelle trentenaire. « Une robe un peu ample peut facilement cacher un petit ventre. Mais j’ai eu de la chance, je n’ai pris que douze kilos pendant la grossesse » En effet, c’était une chance. Même si dans l’absolu Camber ne se voyait pas enceinte, elle restait persuadée au fond d’elle-même que si cela lui arrivait un jour, elle deviendrait une baleine. C’était sûrement son pessimisme naturel qui parlait. « Chanceuse » lui répliqua-t-elle pour seule réponse, tapotant gentiment son épaule en signe de jalousie.
Puisqu’il n’était pas réellement possible de discuter enfant sans aborder le sujet du père, Camber posa aussitôt des questions sur lui, bien curieuse de savoir ce qu’il devenait. « Oui. Il le garde pour la journée » Bien que son interlocutrice lui ait répondu immédiatement, la notaire eut soudain un mauvais pressentiment face à son sourire qui ne paraissait pas si épanoui qu’elle ne le voulait le montrer. « Hm, je ne sais pas par où commencer. Enfin, si, c’est Samuel le père, comme tu te doutes » La voix de l’italienne était devenue plus hésitante, légèrement tremblante. Le simple fait que Liviana se sente obligée de préciser un détail qui lui semblait pourtant bien évident confirmait son ressenti. « On… on va divorcer, j’ai lancé la procédure il y a un an. Il s’est tapé une pétasse à une soirée pour le boulot » Le souffle lui fut coupé. Et voilà. Il n’y avait qu’elle pour mettre les pieds dans le plat et gâcher aussitôt leurs retrouvailles, qui avaient pourtant si bien commencées. « J’ai appris que j’étais enceinte quelques jours après la révélation... » Un silence s’installa entre elles, Camber complètement interdite face à cette révélation. Les mots ne lui venaient pas et plus que jamais, elle aurait souhaité se cacher, honteuse de lui avoir fait penser à tout ça. « Je… je suis désolée Liv » Dans une grande respiration, la brune tenta de lui faire un sourire mais la gêne était encore trop présente pour cela. « J’imagine que tu dois déjà avoir quelqu’un si tu me dis que tu as lancé la procédure il y a un an mais, tu sais que je suis notaire hein. Les divorces sont ma spécialité. Je me ferai une joie de le massacrer et de lui prendre tout ce qu'il possède si c’est que tu veux » Camber avait utilisé sa voix forte de femme d’affaire et d’amie révoltée. Pire qu’une femme bafouée, il fallait se méfier de la colère de ses amies. Rien n’était plus redoutable que la vengeance d’un groupe de femmes. Samuel n’avait qu’à se méfier.
Bien consciente de la tournure qu’avait pris leur après-midi, Camber reporta son attention sur un des nombreuses stands qui les entouraient, où tout un tas de friandises et pâtisseries étaient proposées. « Tu sais ce qui te ferait du bien ? Un goûter bien calorique » Dans un signe de tête, elle lui montra le stand qui lui avait fait de l’œil et lui prit la main pour l’y traîner, sans vraiment lui laisser le temps de lui répondre. Avec le choix impressionnant qui s’offrait à elle, Camber fut presque perdue. On pouvait apercevoir du bio, du végétalien, du totalement calorique, c’était presque affolant. « Le cupcake au chocolat avec le drapeau australien en topping me tente bien… et toi ? Bien évidemment, je t’invite ! Et ne dis pas non, tu n'as pas le choix » Camber lui fit les gros yeux, anticipant sa réaction. « Je vais tester leur smoothie pomme-kiwi-banane avec tiens » termina-t-elle en parcourant la liste des boissons proposées du regard.
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Dernière édition par Camber Huntington le Jeu 20 Avr 2017 - 16:16, édité 1 fois
Liviana a toujours été mince, comme tous les membres de la famille Rossi elle a une morphologie fine et une capacité à pouvoir manger ce qu’elle souhaite sans prendre un gramme. Elle fait partie de ses femmes n’ont jamais eu besoin de faire un régime ou de faire simplement attention, adolescente elle pouvait manger une tonne de sucrerie tout en gardant un ventre plat. Sa grossesse n’avait pas fait exception à la règle. Jusqu’au cinquième mois elle avait abordé un petit ventre bombé comme si elle avait mangé un peu trop de chocolat, elle était à l’époque terrifié à l’idée que son enfant ne grandisse et ne grossisse pas assez. Mais au fils des semaines, son ventre s’était bien arrondi alors que le reste de son corps restait intacte. Après neuf fois, elle avait pris une douzaine de kilos qu’elle avait perdu naturellement au bout de trois mois ; il ne lui restait aujourd’hui qu’un deux ou trois kilos caché derrière des robes plus ou moins ample comme elle le fit remarquer à son amie qui ne semblait pas surprise « Chanceuse » elle avait entendu ça plus d’une fois et elle avait raison, beaucoup de femmes auraient aimé être à sa place alors que Liv elle aurait voulu être une baleine incapable de voir ses pieds. Elle fouilla dans son téléphone à la recherche d’une photographie, au bout de quelques minutes elle la retrouva et la montra à Camber « J’ai pris cette photo mi-octobre et j’ai accouché le 31 » dit-elle avec un petit sourire en regardant à son tour le cliché, elle était en sous-vêtements, de profil, une de ses mains sur son ventre légèrement arrondis par un peu plus de dix kilos « Je rêvais d’un ventre énorme, genre baleine tu vois ? » c’était sorti tout naturellement et c’était aussi la première fois qu’elle le disait à voix haute « Je suis bizarre je sais » dit-elle en voyant le regard que lui lançait son amie. Rapidement, le sujet passa de sa grossesse, au père de l’enfant. Elle savait que ce sujet de conversation finirait par arriver, pourtant elle était toujours mal à l’aise quand elle évoquait son divorce, elle le vivait comme le plus gros échec de sa vie. Elle lui raconta les grandes lignes, sa demande de divorce, la tromperie de Samuel, le moment où elle avait appris sa grossesse ; repenser à tout ça fit remonter un flot de tristesse chez la jeune femme « Je… je suis désolée Liv » elle avait entendu ça tellement de fois qu’elle ne supportait plus ses mots mais dans la bouche de son amie ils semblaient si sincère qu’ils la réconfortèrent « Merci » dit-elle d’une petite voix qui tremblait d’émotion « J’imagine que tu dois déjà avoir quelqu’un si tu me dis que tu as lancé la procédure il y a un an mais, tu sais que je suis notaire hein. Les divorces sont ma spécialité. Je me ferai une joie de le massacrer et de lui prendre tout ce qu'il possède si c’est que tu veux » elle y avait pensé, embauché Camber avait été sa première idée au départ mais elle ne l’avait pas vu depuis si longtemps, elle avait refusé de la revoir pour une chose aussi triste alors son choix s’était porté sur une autre avocate spécialisée elle aussi dans ce domaine « Oui, j’ai engagé Milena Grimes, tu la connais ? » demanda-t-elle, elle imaginait que tout le monde se connaissait dans ce domaine, Liv était persuadée que les jeunes femmes s’entendraient à merveilles, elles étaient toutes les deux brillantes, gentilles et parfaites. Elle lui sourit se chassant par la même occasion toutes les idées noires qu’elle avait en tête « Merci en tout cas, ça me touche beaucoup. Je suis juste un peu perdue en ce moment, entre Luca, le travail, le divorce, je ne sais plus ce que je veux ou ce dont j’ai besoin » elle était incapable de savoir si elle était prête ou non à pardonner Samuel. Au début, les choses étaient claires dans sa tête, elle ne lui pardonnerait jamais son adultère, elle ne lui referait plus jamais confiance mais à l’heure actuelle toutes ses convictions avaient volé en éclats. La jeune femme rangea son téléphone dans son sac et continua de marcher dans le marché. Les couleurs des fruits autour d’elles étaient magnifique et leurs odeurs simplement divines « Tu sais ce qui te ferait du bien ? Un goûter bien calorique » elle se tourna vers son amie en l’entendant et haussa les épaules en entendant sa première question avant d’afficher un large sourire sur la fin de sa phrase, elle suivit le regard de la jeune femme et son sourire ne fit que s’élargir en voyant le stand qu’elle désignait. Elle se laissa entrainer serrant la main de Camber dans la sienne « Tu me prends par les sentiments là » dit-elle une fois devant le stand. Elle regarda tout ce qui se trouvait devant elle, tout avait l’air si délicieux qu’elle se senti immédiatement perdue « Le cupcake au chocolat avec le drapeau australien en topping me tente bien… et toi ? Bien évidemment, je t’invite ! Et ne dis pas non, tu n'as pas le choix » elle se mordit la lèvre et chercha celui qui lui plaisait le plus avant d’arrêter son regard sur un cupcake recouvert d’un glaçage rose pastel « Hm, je vais choisir celui-là, framboise-chocolat blanc » elle avait déjà l’eau à la bouche en imaginant le gout qu’il avait et le fait qu’il était fait avec des produits biologiques le rendait encore plus parfait « Je vais tester leur smoothie pomme-kiwi-banane avec tiens » la jeune femme leva son regard sur la liste impressionnante de smoothie et de jus qu’ils proposaient « Je te suis sur ce choix et merci, la prochaine fois c’est pour moi » elle lui sourit, c’était aussi sa façon de dire qu’elle voulait remettre ce genre de journée. Au bout de quelques minutes, ils quittèrent le stand avec leur smoothie et leur cupcake dans la main « Et toi alors ? Dis-moi que ta vie amoureuse est meilleure que la mienne ? » elle l’implora presque et regarda autour d’elle à la recherche d’un endroit ou se poser « On s’installe ? » elle désigna une petite table en bois au milieu de l’herbe avec un banc de chaque côté. Elle s’installa avec elle sur ce dernier, la journée était parfaite, le soleil, les oiseaux et cet endroit avait quelque chose de magique par sa beauté. Elle prit une gorgée de son smoothie et afficha un large sourire « Okay, ce truc c’est une tuerie » elle n’avait jamais rien goûté d’aussi bon, en tout cas pas depuis longtemps. Elle goûta également son cupcake, une fois de plus elle ne regretta pas son choix, le mélange des saveurs étaient parfaits, elle retira la miette au coin de sa bouche et sourit en la regardant « Tout ça, ça me fait réaliser à quel point tu m’as manqué pendant tout ce temps » elle tendit la main vers son amie et la serre dans la sienne « Promets-moi, promettons-nous de ne plus mettre autant de temps entre nous » dit-elle très sincèrement, peu importe ce qui se passerait, elle ne la ferait plus passer en second plan.
Déjà à l’époque de l’université, son amie affichait une ligne parfaite, une allure à rendre jalouse n’importe qui, Camber comprise. Suite à son accident à ses dix neufs ans et l’arrêt total de son activité sportive, la brune avait elle commencé à perdre en dynamisme, à prendre quelques légers kilos. Fort heureusement, si on pouvait ainsi dire, son rythme de travail effréné lui avait perdre tout superflu, souvent bien trop occupée ou fatiguée pour penser à manger. La seule chose qu’elle pouvait aujourd’hui se reprocher était l’absence de muscle dans son corps, mais sinon, elle n’avait pas trop à se plaindre. Et pourtant, voir son amie toujours si svelte après son accouchement ne manquait pas de la rendre envieuse. « J’ai pris cette photo mi-octobre et j’ai accouché le 31 » Tandis qu’elle lui tendait de nouveau son téléphone, la notaire s’en empara et admira la photographie où Liviana posait, le ventre rond et le sourire aux lèvres. « Tu es magnifique » souffla-t-elle, le cœur lourd face à ce ventre qu’elle n’espérait plus avoir. « Je rêvais d’un ventre énorme, genre baleine tu vois ? Je suis bizarre je sais » Avec un petit rire, Camber se moqua d’elle et lui rendit son téléphone. Si aujourd’hui elle jugeait gentiment l’envie improbable de Liviana de vouloir ressembler à une baleine, elle savait au fond d’elle-même que c’était probablement le souhait de n’importe quelle mère en devenir. Et une chose était sûre, Camber était parfaitement prête à sacrifier sa taille de guêpe en échange de donner la vie et de connaître enfin le bonheur d’être mère.
Ne pouvant pas parler du petit Luca sans évoquer son père que la brune avait déjà eu l’occasion de rencontrer maintes fois et même d’assister à son mariage, Camber prit des nouvelles de Samuel. Une erreur qu’elle redouta amèrement quelques minutes plus tard. Avec son amie mère depuis peu, elle n’aurait pas cru une seconde que leur relation puisse être si terrible, au point de vouloir divorcer. A la fois attristée pour elle et énervée contre l’homme qui l’avait fait souffrir, le naturel travailleur de la notaire revint au galop puisqu’elle lui proposa aussitôt de le faire couler dans son divorce. Si parfois mélanger professionnel et amitié n’était pas bien vu, Camber était toujours prête à mettre ses services à la disposition des êtres qui lui étaient chers. « Oui, j’ai engagé Milena Grimes, tu la connais ? » Le sourcil droit arqué, elle tenta de réfléchir au nom qu’elle venait de lui donner, mais rien ne vint. « Non, ça ne me dit rien. C’est une notaire ou une avocate ? » répondit-il en hochant négativement la tête, l’air toujours en pleine réflexion. « Merci en tout cas, ça me touche beaucoup. Je suis juste un peu perdue en ce moment, entre Luca, le travail, le divorce, je ne sais plus ce que je veux ou ce dont j’ai besoin » La bouche de travers et les yeux affaissés, la brune observa silencieusement son amie, bien incapable de trouver les mots justes pour la consoler. Elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle pouvait actuellement vivre. Voir ainsi sa vie s’écrouler après tant de choses accomplies lui semblait si loin. Sa seule comparaison possible pouvait être sa dernière relation qui remontait maintenant à six ans, relation qui s’était effondrée par sa faute alors qu’elle s’imaginait déjà mariée. Cependant même cela ne pouvait pas l’aider à comprendre l’état de Liviana aujourd’hui. « Si jamais je peux t’être utile d’une quelconque façon, n’hésites pas » lui avait-elle finalement répondu, une réponse peut-être bien vague mais qui pourtant signifiait beaucoup pour elle. Alors que les mots étaient sortis de sa bouche, la notaire avait serré la main de son amie dans la sienne, soulignant son désir d’être à ses côtés à tout moment.
A défaut de pouvoir lui rendre son mari et régler tous les problèmes qui occupaient aujourd’hui sa vie, Camber prit l’initiative de lui changer les idées lorsque, déambulant dans les allées du marché, elle aperçut un stand de sucreries qui attira son attention de gourmande. Entrainant son amie vers l’étalage, Camber lui proposa un goûter improvisé, persuadée qu’il n’y avait pas mieux quand il était question de réconfort. Malgré un choix plus qu’important, la brune ne tarda pas à faire son choix, toujours aussi faible lorsqu’il s’agissait de chocolat. « Hm, je vais choisir celui-là, framboise-chocolat blanc » Les yeux remplis d’étoiles, elle posa son regard sur le cupcake en question et approuva la sélection de son amie d’un signe de tête, avant de lui annoncer qu’elle l’invitait avec grand plaisir. « Je te suis sur ce choix et merci, la prochaine fois c’est pour moi » Ravie par tous les sous-entendus qu’impliquaient la phrase de Liviana, Camber afficha un sourire radieux. « Oui, avec plaisir » répliqua-t-elle joyeusement avant de régler leurs deux jus et gâteaux à la charmante dame qui leur faisait face. Se retenant de dévorer son cupcake tout de suite, la brune suivit son amie dans l’herbe à la recherche d’un endroit où s’installer. « Et toi alors ? Dis-moi que ta vie amoureuse est meilleure que la mienne ? » Il fallait bien que la question arrive après tout. Prise de cours, Camber fit les grands yeux et réfléchit quelques secondes à la façon de tourner les choses. « On s’installe ? » Voyant la table de pique-nique en bois non loin d’elles, elle acquiesça et s’installa, buvant une longue gorgée de son smoothie pour se donner du courage. « Comment te dire. » commença-t-elle en posant son regard dans celui de Liviana, l’air soudain gêné. « Depuis que Yoann m’a quittée il y a… six ans, mon Dieu déjà six ans je n’avais pas réalisé. Et bien depuis rien. Je n’ai pas vraiment le temps de rencontrer qui que ce soit, je passe la plupart de mes journées et de mes soirées au boulot, alors ça n’aide pas » Un peu honteuse d’admettre qu’elle n’avait fréquenté personne depuis tant d’années, Camber croqua son cupcake, mâchant avec un certain dépit. « Jusqu’à maintenant je m’en moquais mais… pour être tout à fait honnête la solitude commence un peu à me peser. Je commence à croire que je vais finir vieille fille » termina-t-elle avant de se réconforter en mangeant goulument son gâteau au chocolat.
« Okay, ce truc c’est une tuerie » Amusée, Camber sourit à son amie et lui fit un signe qu’une miette s’était logée au coin de sa lèvre, avant de boire de nouveau dans son smoothie encore bien frais. « C’est vrai, rien ne vaut de la nourriture faite avec amour » Venant de Camber, c’était un peu l’hopital qui se foutait de la charité, étant probablement la plus grande consommatrice de plats à emporter de la ville. « Tout ça, ça me fait réaliser à quel point tu m’as manqué pendant tout ce temps. Promets-moi, promettons-nous de ne plus mettre autant de temps entre nous » La chaleur de la main de Liviana lui donna du baume au cœur, provoquant une esquisse de sourire sur son visage doux. « Promis. Je crois qu’on ne pouvait pas se retrouver à un meilleur moment de notre vie. » répondit-elle d’une voix timide. « Te retrouver au moment de ma vie où je me sens si seule, j’ai l’impression que c’est un miracle. Et j’espère aussi que je pourrais t’apporter quelque chose dans ce que tu vis. C’est ce que font les amies, non ? » demanda-t-elle de façon rhétorique.
« Tu es magnifique » c’est trois petits mots accompagné de la voix douce de Camber mirent du baume au cœur de la jeune italienne ; avoir porté Luca était un souvenir précieux qui pourtant lui rappelait sans cesse qu’elle s’était senti affreusement seule sans Samuel pendant cette période. Elle afficha un sourire en guise de remerciement et rangea son téléphone au bord de son sac à main afin de l’avoir a porté de main si elle recevait un coup de fil concernant son petit garçon. En quelques secondes les pensées de Liv se dirigèrent vers son mari, depuis quelques semaines elle faisait son possible pour le sortir de sa tête mais malgré toute la colère qu’elle pouvait ressentir à son égard, elle éprouvait quotidiennement un sentiment de vide et de manque. Plus rien ne semblait avoir de sens sans lui pourtant la brunette semblait toujours décidé à divorcer. La procédure était lancé depuis plus d’un an par l’avocate que l’italienne avait choisi, une amie qu’elle connaissait depuis moins longtemps que Camber mais en qui elle avait une totale confiance « Non, ça ne me dit rien. C’est une notaire ou une avocate ? » elle était presque surprise, elle était persuadé que dans ce milieu tout le monde se connaissait mais la vie n’était pas comme New York police judiciaire « Avocate en droit de la famille » dit-elle en repensant à une conversation qu’elle avait eu avec son amie quelques mois auparavant « Si je ne me trompe pas, elle a ouvert son cabinet il y a quelques mois, Grimes & Hartman » elle avait été très fière de son amie, elle avait réussi brillamment dans un milieu qui n’était pas toujours le plus facile pour les femmes. Parler de son divorce rendait toujours les choses plus réelles pour la jeune femme, elle espérait parfois pouvoir se réveiller un matin en réalisant que toute cette histoire n’était qu’un cauchemar. Liviana était épuisée par toute cette tristesse et cette mélancolie qui la suivait depuis qu’elle avait quitté Samuel, être pleinement heureuse lui manquait plus que ce qu’elle avait imaginé. Malgré tout, elle essayait d’être la plus forte possible devant les autres ; comme aujourd’hui devant Camber même si cacher ses sentiments n’étaient pas son point fort « Si jamais je peux t’être utile d’une quelconque façon, n’hésites pas » elle releva son visage vers la jeune femme replaçant une de ses mèches de cheveux derrière son oreille « Merci. Et c’est réciproque d’accord ? » elle glissa son regard vers leurs mains qui s’unissent, un geste simple qui voulait pourtant dire beaucoup. Décidé à ne plus évoquer son mari et ses problèmes de la journée, Liv se dirigea avec Camber vers le stand de cupcakes, toutes ses couleurs mirent l’eau à la bouche de la jeune femme. Les pâtisseries et le chocolat étaient de loin le meilleur remède contre la tristesse ; après une seconde d’hésitation elle porta son choix sur un cupcake au chocolat blanc et sur un smoothie fruité qui avait attiré l’attention de Camber. Elles passèrent commande et l’italienne en profita pour sous-entendre que ce moment de partage ne serait pas le dernier « Oui avec plaisir » un sourire étira le regard de la brunette qui balada son regard autour d’elles afin de trouver un endroit calme ou se poser. A son tour, elle s’intéressa à la vie amoureuse de son amie, elle avait manqué plusieurs années de sa vie et elle était bien décidée à rattraper le temps perdue ; une poignée de seconde plus tard, elle désigna une petite table en bois où elle s’installa avec la jeune femme prête à écouter le récit de ses aventures « Comment te dire… » l’italienne se mordit la lèvre regrettant d’avoir posé la question en entendant le son mélancolique de sa voix « Depuis que Yoann m’a quittée il y a… six ans, mon Dieu déjà six ans je n’avais pas réalisé. Et bien depuis rien. Je n’ai pas vraiment le temps de rencontrer qui que ce soit, je passe la plupart de mes journées et de mes soirées au boulot, alors ça n’aide pas » elle n’avait pas pensé à lui depuis une éternité, elle se rappela vaguement de son visage, il était mignon, le genre d’homme qui plait a beaucoup de femmes mais elle éprouva une profonde tristesse en réalisant qu’il avait lui aussi fait de la peine à son amie « Jusqu’à maintenant je m’en moquais mais… pour être tout à fait honnête la solitude commence un peu à me peser. Je commence à croire que je vais finir vieille fille » la solitude était une sensation horrible, elle pouvait détruire la plus forte des personnes. Elle déposa son cupcake sur la table en bois et à son tour elle posa sa main sur celle de son amie en signe de réconfort « Je t’adore Camber mais tu dis n’importe quoi. Regarde toi, tu es sublime, intelligente, généreuse et très sexy, sérieusement, je suis sure que tous les mecs du monde rêve d’une fille comme toi » elle en était persuadée, mais passer son temps à travailler dans un bureau ne l’aidait peut-être pas à trouver l’homme idéal, celui qui changerait sa vie « Je suis sure que si tu lâches un peu ton bureau, tu déclencherais une émeute dans un bar » elle imaginait déjà tous les hommes du bar au pieds de son amie, il était clair qu’elle sous-estimée son pouvoir de séduction. A son tour, Liviana croqua dans son cupcake et prit une gorgée de son smoothie, c’était divinement bon « C’est vrai, rien ne vaut de la nourriture faite avec amour » elle avait raison, elle pouvait également sentir l’amour qui avait était mis dans ses petites douceurs sucrées. En l’espace de quelques secondes, Liviana se senti nostalgique, presque triste en réalisant qu’elle avait mis autant de temps à recontacter son amie, elle se promit à cet instant ne plus jamais laissé les choses trainer entre elles « Promis. Je crois qu’on ne pouvait pas se retrouver à un meilleur moment de notre vie. » un sourire étira les lèvres de la jeune maman « Te retrouver au moment de ma vie où je me sens si seule, j’ai l’impression que c’est un miracle. Et j’espère aussi que je pourrais t’apporter quelque chose dans ce que tu vis. C’est ce que font les amies, non ? » elle aurait pu pleurer s’il n’y avait pas autant de monde autour d’elles, elle hocha la tête en serrant sa main un peu plus fort « On est de retour » pendant longtemps elles avaient était indissociable, elle était à l’université l’ombre de l’autre, toujours ensemble à se compléter comme si elles arrivaient à lire dans l’âme de l’autre « Ne pensant plus au passé sinon je jure que je vais me mettre à pleurer » un rire s’échappa de ses lèvres, évoquer leur séparation et les années passées ne faisait que la rendre triste et elle refusait que leur retrouvailles soit sous le signe des larmes « Et si on sortait ce soir ? Je n’ai pas fait ça depuis une éternité mais je suis sure que ça nous ferait du bien » elle ne se souvenait plus de la dernière fois ou elle avait mis les pieds dans un bar ou dans un club mais elle avait envie de s’amuser un peu.
Si Camber avait pu recevoir un dollar à chaque moment de sa vie personnelle où elle était parvenue à placer son travail et ses capacités dans le domaine du droit, la jeune femme serait probablement riche. Et ce n’était pas une chose à glorifier, bien au contraire. Par chance pour elle, Liviana ne l’avait plus côtoyée depuis assez longtemps pour trouver sa manie à ramener le sujet sur la table trop lourde et ennuyante. Au lieu de cela, elles discutèrent simplement, débattant d’une connaissance qu’elles n’étaient pas sûres de savoir commune ou non. « Avocate en droit de la famille. Si je ne me trompe pas, elle a ouvert son cabinet il y a quelques mois, Grimes & Hartman » Le regard perdu dans le vide, les yeux plissés, la brune tenta de chercher dans sa mémoire une avocate de la famille du nom de Milena Grimes mais rien ne lui vint. Elle avait en tout cas bien noté le nom de son cabinet dans un coin de sa tête pour s’y intéresser plus tard. Dans ce monde-là, il était toujours important d’avoir des connaissances. Si cette Milena était une amie et une personne de confiance aux yeux de Liviana, alors elle valait le coup de s’intéresser à elle. « Là tout de suite ça ne me dit rien, mais j’irai jeter un coup d’œil et je te dirais si jamais ça me revient » finit-elle par répondre en reposant son regard sur elle dans un petit sourire amical.
Sans qu’elle ne s’y attente vraiment, leur conversation avait pris une direction de nostalgie et pleine de sentiments. Camber qui n’avait pas pour habitude se laisser facilement submerger par les émotions se sentit émue par les promesses qu’elles s’échangèrent. « Merci. Et c’est réciproque d’accord ? » Il était vrai que la notaire n’était pas une personne du genre à appeler à l’aide lorsqu’elle en avait besoin, mais pour une fois, elle ravala sa fierté et accepta d’un signe de tête. Il en fut de même pour le sujet de conversation qui arriva alors. Si n’importe qui lui avait posé une question sur sa vie sentimentale, elle aurait probablement trouvé un moyen détourné de répondre qu’il ne se passait rien sans pour autant donner plus d’informations que nécessaire. Or même si elle était terrorisée à l’idée d’avouer qu’elle était désespérément seule, Camber ressentit cet étrange besoin de se confier à elle. Maintenant qu’elle connaissait ses propres problèmes, son divorce avec Samuel, lui avouer son échec paraissait plus simple, moins terrible. Vider son sac sur la monotonie de sa vie amoureuse lui fit un bien considérable, ce qui l’étonna fortement. L’expression compatissante de Liviana la conforta dans son idée que s’il y avait bien une personne pour l’écouter sans jugement, c’était sa vieille amie. Histoire de noyer sa détresse, elle croqua une énorme bouchée dans son cupcake au chocolat. « Je t’adore Camber mais tu dis n’importe quoi. Regarde toi, tu es sublime, intelligente, généreuse et très sexy, sérieusement, je suis sure que tous les mecs du monde rêve d’une fille comme toi » La bouche encore pleine, Camber parut s’indigner face à ses propos qui sonnaient si ridicules à ses oreilles. « Je suis sure que si tu lâches un peu ton bureau, tu déclencherais une émeute dans un bar » Touchée par son allusion à son travail qui lui prenait un peu trop de temps, la brune termina d’avaler sa bouchée avant de répondre avec un air ahuri. « Non, arrêtes ! » commença-t-elle en bougeant les bras dans tous les sens, ne sachant plus trop où se mettre face à tant de compliments. « Le seul gars à qui j’ai plu la dernière fois que j’ai été dans un bar c’était un pervers bourré qui voulait simplement me mettre dans son lit, je préfère être seule qu’avoir ça » finit-elle en prenant un air de dégoût. Il y avait eu cet homme certes, mais ce soir là il y avait également eut Tommy.
Repenser au serveur et à cette soirée passée avec lui la déstabilisa et l’obligea à passer à autre sujet. Comme sa joie d’avoir retrouvé Liviana par exemple, voilà un sujet avec lequel elle se sentait plus à l’aise. « On est de retour. Ne pensons plus au passé sinon je jure que je vais me mettre à pleurer » Soudain très gênée par cette remarque, la notaire se mit à rougir. « Oh non ne me fais pas ça, je veux que tu gardes ton beau sourire » Si elle se mettait à pleurer, pas sûr que Camber ne la suive pas avec tout ça. « Et si on sortait ce soir ? Je n’ai pas fait ça depuis une éternité mais je suis sure que ça nous ferait du bien » Prise au dépourvu, la notaire eut un long moment d’hésitation. Son regard se posa tour à tour entre son amie et son gobelet de smoothie déjà bien entamé. « Là maintenant ? » Sa voix avait un ton en dessous, démontrant son manque d’assurance certain vis-à-vis de sa proposition de sortie. Instinctivement, sa main vint se poser sur le gobelet qu’elle amena jusqu’à ses lèvres. Boire allait lui donner quelques secondes de plus pour réfléchir. « Je ne suis pas trop habillée pour sortir, regarde-moi » Ses yeux noisettes descendirent vers sa tenue estivale et plutôt simple, qui pouvait néanmoins passer pour une soirée dans un bar tant qu’il ne s’agissait pas d’un endroit hyper select. Mais quelque chose lui disait que son amie n’était pas le type à fréquenter ce genre d’endroits. « En plus je ne me souviens pas si j’ai donné à manger à Ron avant de partir… » Ron, aka son chat d’appartement qui avait bien assez de nourriture et de graisse dans le ventre pour survivre une semaine. Les muscles tendus, elle soupira. « Bon okay, tu as raison. Je n’ai pas d’excuse… Tu connais un endroit sympa dans le coin ? » Le seul bar que Camber connaissait à Bay Side était le McTavish et qui disait le McTavish, disait risquer de croiser Tommy. La poitrine serrée, elle sourit à son amie espérant qu’elle lui propose un autre endroit. « Mais juste un verre, d’accord ? » C’était toujours mieux que rien, il ne fallait pas trop lui en demander après tout.
Son divorce imminent était l’une des choses dont Liviana avait le plus honte, c’était un principe qu’elle avait eu du mal à comprendre pendant longtemps, à ses yeux l’amour n’était pas une chose destructible et pourtant elle n’avait pas hésité une seule seconde lorsque Samuel lui avait avoué son adultère. Pourtant, lorsqu’elle évoquait son divorce, elle se sentait profondément triste, elle avait perdu l’amour de sa vie, elle n’avait pas été capable de le rendre heureux et cette simple pensée avait le don de rendre sa journée morose. Cependant lorsqu’elle l’évoque devant Camber, elle ne senti pas aussi triste, elle refusait de passer la journée à pleurer et elle était trop heureuse de revoir son amie pour être malheureuse aujourd’hui. Evidemment discuter de ce divorce amena Liviana à parler de son avocate, elle évoqua rapidement l’existence de son amie Milena en citant son cabinet afin de savoir si oui ou non elle la connaissait « Là tout de suite ça ne me dit rien, mais j’irai jeter un coup d’œil et je te dirais si jamais ça me revient » elle ne fut qu’à moitié surprise, ce milieu était si grand qu’il était presque impossible de connaitre tout le monde, même si elle restait persuadé que les deux jeunes femmes étaient faites pour se connaitre. Les secondes passèrent et une certaine nostalgie s’installa entre les jeunes femmes, Liv regrettait de ne pas avoir pris des nouvelles de Camber plutôt, mais les choses étaient faites et malheureusement l’italienne n’avait pas le pouvoir de remonter le temps. D’une certaine façon, elle était convaincue que le destin venait de les réunir pour le meilleur. Après avoir discuté de la vie amoureuse de Liviana, elle s’intéressa à celle de son amie, persuadée que depuis tout ce temps elle avait trouvé chaussure à son pied ; elle fut surprise d’apprendre que ce n’était pas le cas mais encore plus de constater que comme l’italienne, Camber manquait cruellement de confiance en elle. Liv fut incapable de tenir sa langue lorsqu’elle entendit son amie, elle était persuadé qu’elle était l’idéale de beaucoup d’homme à Brisbane et qu’il y en avait forcément un qui n’attendait qu’elle « Non arrêtes ! Le seul gars à qui j’ai plu la dernière fois que j’ai été dans un bar c’était un pervers bourré qui voulait simplement me mettre dans son lit, je préfère être seule qu’avoir ça » elle afficha une petite moue en imaginant la scène, c’était simplement dégoutant, elle savait que les trois quarts des hommes trainant dans les bars ne méritait même pas un regard mais il y avait le dernier quart qui parfois valait le détour. Elle n’ajouta rien pour le moment ne voulant pas raviver de mauvais souvenir chez son amie qui ne devait pas garder cette soirée dans son cœur. Bien décidé à penser à autre chose et à profiter du temps qui lui était offert avec son amie, Liviana proposa une sortie ce soir, elle n’avait pas mis les pieds dans un bar depuis un moment et elle avait également envie de s’amuser – comme avant – « La maintenant ? » elle hocha la tête en voyant l’air étonné que Camber affichait « Je ne suis pas trop habillée pour sortir, regarde-moi » elle posa son regard sur Camber pendant un instant, ni l’une ni l’autre n’avait de tenue pour sortir mais Liv s’en fichait totalement, elle voulait simplement rattraper le temps perdue et se vider totalement la tête « En plus je ne me souviens pas si j’ai donné à manger à Ron avant de partir… » elle arqua un sourcil en l’entendant et leva les yeux au ciel en signe de mécontentement, ce pauvre chat va survivre une soirée sans toi pensa-t-elle en plantant son regard dans celui de son amie « Bon okay, tu as raison. Je n’ai pas d’excuse… Tu connais un endroit sympa dans le coin ? … mais juste un verre d’accord ? » immédiatement, un sourire étira les lèvres de Liv qui était soudainement excitée par la situation « Juste un, promis » elle eut presque envie de serrer la jeune femme dans ses bras mais elle n’en fit rien ne souhaitant pas attirer l’attention des personnes qui se trouvait autour d’elle « Le McTavish est sympa mais c’est un peu loin alors pourquoi pas le Canvas ? J’ai entendu dire qu’il est très sympa » demanda-t-elle toujours aussi souriante. Elle termina son smoothie qu’elle jeta dans la poubelle qui se trouvait juste à côtés d’elle et rapporta son attention sur Camber « Mais j’approuve pour les fringues… on peut repasser chez-moi se changer si tu veux, je dois avoir un ou deux trucs pas trop mal » rien de bien extravagant bien entendu mais elle avait quelques petites robes noires qui seraient parfaites pour ce genre de soirée. Une fois leur cupcake termina, Liviana quitta le petite table en bois avec son amie, cette journée était décidément parfaite « Allez, souris, je suis sure qu’on va passer une bonne soirée et si vraiment c’est rempli de mec relou, on rentre et on se mange une pizza ? » c’était à ses yeux l’alternative parfaite.
Liviana et elle ne s’étaient retrouvées que depuis un peu plus d’une heure après de longues années de silence et pourtant, tout semblait couler de source entre elles. Se complimenter, se sourire, se confier. Tout était naturel, comme si jamais elles n’avaient cessé de se voir, tout simplement parce qu’elles avaient ce lien fort qui les unissait. Tout aussi heureuse qu’elle était de retrouver cette personne formidable qu’elle était dans sa vie, la notaire ne pouvait contenir une nuée de reproches à son propre égard. Elle s’en voulait de l’avoir perdue de vue, elle s’en voulait de ne pas avoir été présente lorsqu’elle avait appris que Samuel avait été infidèle, elle s’en voulait d’avoir manqué la naissance de son petit garçon. Pire encore, elle s’en voulait d’être toujours bornée et incapable de retenir ses propres leçons. Si quelques minutes plus tôt elles s’étaient juré de ne plus se quitter et de renouer, voilà qu’elle se montrait déjà réticente à l’idée d’aller plus loin. Pour un verre, un simple verre, Camber continuait d’être elle, coincée. Elle était tout simplement ridicule et le pire dans tout cela, c’est qu’elle en était bien consciente. Alors pour une fois, elle se fit violence. Au fond d’elle, la brune savait pertinemment que sortir ce soir avec Liviana était tout ce qu’elle désirait, tout ce dont elle avait réellement besoin. Être aux côtés d’une personne en qui elle avait confiance et se vider l’esprit était à portée de mains, pourquoi refuser.
Accepter sa proposition de sortir dans un bar sans s’être psychologiquement préparée pour relevait du défi pour Camber qui souffla pour tenter de se donner du courage. Bien rapidement, le sourire de contentement de son amie face à son accord lui donna toute la motivation qui lui manquait pour cette soirée qui s’annonçait. « Juste un, promis » Sans qu’elle soit capable de dire quoi, la notaire décela une aura particulière en cet instant. Les yeux l’un dans l’autre, Liviana et elle s’observèrent en souriant, probablement aussi heureuses l’une que l’autre. « Le McTavish est sympa mais c’est un peu loin alors pourquoi pas le Canvas ? J’ai entendu dire qu’il est très sympa » A l’entente du nom McTavish, l’intégralité des muscles de son corps se crispèrent, tandis que son cœur manqua un battement. Alors elle aussi connaissait l’endroit, peut-être même avait-elle déjà croisé Tommy. Voilà qu’elle se remettait à penser à lui. « Je te fais confiance, tout me va » répondit-elle, ignorant l’afflux de pensées qui concernaient le barbu grincheux et le pub dans lequel il travaillait. « Mais j’approuve pour les fringues… on peut repasser chez-moi se changer si tu veux, je dois avoir un ou deux trucs pas trop mal » Un petit rire s’échappa de ses lèvres rosées. Il n’y avait que des filles pour se soucier à tel point de leur apparence lorsqu’il s’agissait pourtant d’improviser. Il arrivait parfois à la trentenaire de vouloir se mettre au défi de sortir sans s’apprêter plus que cela, néanmoins jamais elle n’y était arrivé. C’était plus fort qu’elle, ce besoin constant de faire bonne figure. Leur goûter terminé, les deux femmes se levèrent à l’unisson, prêtes à affronter ce que le destin leur réservait. « Allez, souris, je suis sure qu’on va passer une bonne soirée et si vraiment c’est rempli de mec relou, on rentre et on se mange une pizza ? » Définitivement trop satisfaite d’avoir retrouvé Liviana et son caractère si facile, Camber hocha vivement la tête. « Je n’en doute pas, tout simplement parce que je serais avec toi » Prise d’un élan d’affection, la brune s’approcha de l’italienne et la serra un court moment dans ses bras, histoire d’être certaine qu’elle n’allait plus lui échapper, ou bien de vérifier qu’elle ne rêvait pas.
Alors qu’elles avaient commencé à marcher vers la sortie du festival pour regagner les rues où il serait bien plus facile de trouver un taxi pour passer chez Liviana, Camber s’arrêta de façon soudaine. « Tu sais quoi ? » Son regard se posa sur son amie, vif et brillant. « Pas besoin de passer chez toi, de se changer tout ça. On s’en fiche, non ? » continua-t-elle avec une intonation pleine de motivation. « Pas de prise de tête aujourd’hui, on y va comme ça et on profites » finit-elle, presque surprise de sa propre initiative. Quitte à se dépasser, autant y aller jusqu’au bout. Au même instant, un taxi s’arrêta à leur niveau. Dans un coup d’œil rapide vers son amie, Camber chercha une confirmation sur son visage puis lui attrapa la main pour l’inviter à la suivre dans la voiture. « Au Canvas s’il vous plait » Mieux valait ne pas trop réfléchir si elle voulait éviter de changer d’avis. Sa main n’avait pas lâché celle de Liviana durant l’intégralité du trajet, cependant lorsqu’elles arrivèrent à destination, le besoin de sortir du véhicule l’y obligea. Sans laisser le choix à son amie, elle régla la course et ferma la portière derrière elles, face au bar déjà bien agité. « Et bien » souffla-t-elle avec timidité. « On se lance ? » Comme si le contraire était possible. A la vue de tous ces gens, Camber sentit la panique la gagner. « Tu acceptes d'être ma petite amie si un homme trop lourd refuse de nous lâcher ? » plaisanta-t-elle pour tenter de se rassurer.
Liviana était bien décidé à faire en sorte que Camber sorte avec elle ce soir. Elle avait tout de suite remarqué que l’idée de passer la soirée dans un bar ne plaisait pas vraiment à son amie mais elle savait aussi que ça lui ferait beaucoup de bien ; être enfermée entre quatre murs sous une pile de dossier ne devait pas être bon pour le moral. Pour la convaincre, Liviana lui promis que cette virée dans un bar s’arrêterait après un verre, juste le temps de passer un peu de bon temps, ne sachant pas trop ou aller, elle lui proposa le Canvas qui d’après ce qu’elle avait lu sur internet était un endroit sympa qui n’accueillait pas de gros lourd épuisant. Elle plongea son regard dans celui de son amie, affichant un large sourire comme pour la soudoyer « Je te fais confiance, tout me va » intérieurement elle était en train d’effectuer une danse de la joie, elle prenait sa réponse positive comme une victoire. Cependant elle était d’abord avec Camber, leurs tenues respectives n’avaient rien de festives ou d’attirant, Liviana avait mis la première robe qu’elle avait trouvé ce matin et même si elle se sentait bien dedans ce n’était pas une robe de soirée. Elle afficha un large sourire lui promettant qu’elle n’allait pas regretter son choix « Je n’en doute pas, tout simplement parce que je serais avec toi » elle la regarda tendrement, elle venait de la toucher en plein cœur, s’il n’y avait pas tout ce monde autour d’elles, Liviana aurait facilement pu verser une larme. A sa grande surprise, Camber s’approcha de l’italienne et la prit dans ses bras, elle la serra à son tour contre elle, ce simple geste lui fit un bien fou, la retrouver la rendait heureuse. Doucement mais surement, les deux jeunes femmes quittèrent le festival pour rejoindre les rues de Brisbane qui était encore calme à cette heure de la journée ; le regard de Liviana se balada un peu partout, elle était à la recherche d’un taxi quand la voix de Camber attira son attention « Tu sais quoi ? Pas besoin de passer chez toi, de se changer tout ça. On s’en fiche, non ? » elle avait l’air si enthousiaste que Liviana n’eut pas le cœur à lui dire non « Pas de prise de tête aujourd’hui, on y va comme ça et on profites » elle approuva d’un signe de tête, après tous elles n’avaient pas besoin d’une robe de soirée pour être les plus belles filles du coin « Tu as raison, allons-y » elle lui sourit avant d’entendre une voiture s’arrêter juste derrière elle. Elle tourna son visage et remarqua qu’un taxi venait de s’arrêter juste devant elles, sans attendre une seconde de plus, Liviana grimpa dans la voiture s’installant à l’arrière avec son amie « Au Canvas s’il vous plait » le chauffeur approuva d’un signe de tête avant de démarrer en direction de Fortitude Valley. Liviana posa son regard sur sa main qui était nouée dans celle de Camber, c’était ce genre de moment qui lui manquait, a une époque elles étaient capables de se comprendre sans que l’autre ai besoin de parler, Liv espérait retrouver rapidement cette sensation. Finalement, au bout d’une vingtaine de minutes, le taxi s’arrêta déposant les deux amies devant le Canvas qui était déjà bien remplie pour un début de soirée « Et bien. On se lance ? » elle jeta un coup d’œil à travers la vitrine avant de rapporter son attention sur Camber « Tu acceptes d'être ma petite amie si un homme trop lourd refuse de nous lâcher ? » elle ne put s’empêcher de lâcher un petit rire, le simple fait d’imaginer la scène était amusant « Evidemment bébé » elle garda sa main dans la sienne et poussa la porte du Canvas. Une fois à l’intérieur, Liviana s’arrêta dans l’entrée afin d’observer les gens qui se trouvait dans le bar, il y avait un groupe d’étudiantes âgée à peine de dix-huit ans, un groupe de sportif aux bras bien trop gros et d’autres duos qui ne semblait même pas avoir remarqué les jeunes femmes « Tu bois quoi ? » demanda-t-elle en se tournant vers son amie ; après avoir obtenu sa réponse, Liviana lâcha la main de son amie et se dirigea vers le bar, elle la retrouva quelques minutes plus tard avec leur commande « A cette soirée » elle trinqua avec elle, cette soirée s’annonçait parfaite et elle était sans aucun doute la suite logique de leurs aventures.