And the rain will fall, it falls for you. And the clouds will break into tears, You should be here standing so near to me. I know you should be sad, but give me time alone to get it out of my mind. Though say I know it's only the weather. 'Cause every time it rains you are gone and I'm blue. Then I wake up, then I wake up and the sun will shine if just for you. And the trees will talk to the skies, whispering lies, heaven will pass to me. Trains walk by and the birds disappear. Oh! Why am I still here without you by my side. So I cry your name and love, the thought to me is back and how near. Then I wake up, then I grow up.
« Nous deux, nous trois. Contre tout le reste. » les frissons qui caressent ma colonne vertébrale, ses doigts qui enlacent les miens, ses iris qui s’accrochent, qui implorent, qui remercient. La nuit est déjà bien entamée, le taxi vrombit maintenant plus loin, m’ayant laissée moi, mon maigre à sac à dos, mes yeux rougis, bouffis, et ce petit être qui n’a rien demandé, qui a tout à offrir, qui prend doucement ses aises dans mon ventre. La main gauche qui y est même posée, comme si cela pouvait signifier quelque chose, comme si je pouvais y sentir quoi que ce soit, comme si c’était un peu plus concret, plus vrai, plus doux. À nous. Il ne dit rien, mais je comprends tout, il s’avance, il reste fort, stoïque, alors que je ne suis que feuille, tremblante, frigorifiée. Mais ça ira. J’ai toujours su que ça irait, même lorsque Matt me criait quelle erreur j’avais pu faire, lorsque mon père menaçait, lorsque ma mère pleurait, dans son coin, meurtrie, détruite. Je n’avais pas cru, je n’avais pas voulu croire, j’avais traîné cette carcasse que je ne comprenais plus hors de chez moi, pour le confronter avec les forces qui restent, pour l’entendre, pour le confronter, le voir de mes propres yeux. Et je n’avais pas été déçue, j’avais tout de suite su. À peine la poignée tournée que déjà j’y retrouvais exactement ce dont j’avais besoin. Son souffle court, ses questions sans réponses, les miennes qui s'entre bousculent, ses doutes, mes craintes, ses peurs, mes erreurs. Pourtant, maintenant, je savais que rien d’autre ne comptait. Que ce serait la fin de beaucoup, mais le début d’encore plus. Il ferme la porte, il me garde proche, il n’ajoute rien, il comprend que le reste viendra lorsqu’il le faudra. Et c’est le plus doux des baisers qui scelle la conversation, qui l’accuse, qui l’approuve. Je n’ai besoin de rien d’autre, je n’ai jamais eu besoin de rien d’autre, et j’en ai la confirmation, alors que la nuit tombe sur Brisbane, et qu’il ne reste définitivement rien de plus que nous. Trois.
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La lumière qui réchauffe mes épaules, mon dos, ma tête. J’adorais les dimanches d’aussi loin que je me souvienne, j’adorais leur goût, leur tranquillité, leur couleur, jaune, éclatante, presque poétique. C’était la journée où la galerie était fermée, où je prenais place dans l’atelier à l'arrière et où je laissais mes pinceaux faire le reste. Pas de clients, pas d’interruptions, pas de demandes d’expositions, d’affichage ou de toile sur mesure, ce n’était que moi, et rien d’autre. Le tourne-disque qui crépite des saxophones, du piano, des voix chaudes, rassurantes, le silence qui englobe le reste, comme du coton, confortable, dans lequel je serais exactement à ma place, là où il fallait absolument que je sois. Et ce n’était pas force de ne pas avoir vu, de ne pas avoir voyagé, visité. Autour du chevalet s’affichent fièrement des dizaines de photographies, des paysages à couper le souffle, des bâtiments à l’architecture impressionnante d’histoires, de vécu, de coutumes. Des souvenirs plein les murs, des bannières, des clichés, des esquisses d’une vie à sillonner l’Australie et sa nature luxuriante, à flirter avec l’Amérique, la côte ouest, les vagues, les routes à perte de vue. Et des sourires, surtout. Beaucoup. Autant sur mon visage que sur le sien, les leurs. Une bribe de vie de nomades, une camionnette retapée qui a cumulé les kilomètres non sans garder quelques surprises, quelques arrêts obligés, quelques réparations de dernière minute pour voyager du point A au point B sans heurts. Une histoire qui se bâtit un peu n’importe comment, qui s’est adaptée à cette envie de voir du monde, de panser les plaies qui nous attendaient au retour, une fuite toute calculée pour reprendre des forces, pour en faire notre centre, pour revenir unis et solides, prêts à affronter tout le reste, prêts à repartir lorsque le besoin s’en ferait sentir surtout. Les yeux qui déviaient entre San Francisco et Melbourne reviennent se poser sur la toile devant moi, toile armée de bleu, de vert, de blanc, de gris. Couleurs familières, forme que je reconnais pour l’avoir tracée encore et encore dans mes cahiers cette semaine, l’idée qui germe et qui se peaufine avant de se voir reproduire sur canevas. Aucun effort, si ce n’est celui de jouer avec les ombres, les alignements, les proportions, autrement le trait se fait le plus naturellement du monde, comme s’il n’attendait que ça. La sonnette retentit à l’avant et un grand sourire vient se dessiner sur mes lèvres alors que je sais exactement qui vient d’entrer en trombe dans la galerie, qui vient de passer à quelques centimètres de faire tomber la colonne exposant bijoux et autres accessoires faits mains, qui est à deux doigts de mettre le pied sur l’étalage d’albums qui n’attendent que de trouver place sur les différents étagères. Il fait plus de bruit encore que je ne l’aurais imaginé, il déplace plus d’air qu’il en croise et l’éclat de rire qui précède son arrivée dans l’atelier est contagieux alors que je l’attends, rigolant déjà comme la gamine qu’il fait ressortir en moi. « J’ai eu droit à la glace au chocolat, la double, avec des biscuits dedans! » qu’il éclate, petite tête blonde qui sautille à travers la pièce avant de me retrouver, le visage barbouillé de sucre chocolaté, les yeux qui scintillent. « Et avant on est allés à l’aquarium aussi. Y’avait le poisson bleu que j’aime, celui qui gonfle! » évidemment il l’imite, Noah fasciné par ce phénomène qu’il comprend encore à peine de passer d’une forme physique à une autre. Il l’avait vu à la télévision une fois, dans un cartoon dont je ne me souviens plus du tout, et depuis il en était obsédé. Selon mes calculs, c’était la 4e fois qu’il demandait à passer par la salle des poissons tropicaux question de le revoir en action, et à constater l’entrain qu’il arborait en me faisant la démonstration, ce ne serait pas la dernière. « Et tu te souviens du nom que tu lui avais donné aussi? » il s’immobilise, incertain, déçu de lui-même presque. Puis l’éclair de génie traverses ses pupilles et il s’exclame « FOOTBALL! », satisfait, enthousiaste, la mémoire qui lui revient. Noah dans toute sa splendeur, sa candeur surtout. Puis le voilà qui en a fini des imitations alors qu’il décide qu’il est grand temps pour lui de venir s’installer sur mes genoux, portant maintenant toute son attention sur la toile en processus de création. Sa chevelure ébouriffée que je tente de recoiffer d’une main en sachant totalement qu’elle reprendra ce look dans les prochaines minutes sent bon le sel, l’air frais, le sable, et je me doute qu’ils sont passés par le port ensuite, petit arrête supplémentaire pour voir les bateaux, s’assurer que le voilier tenait bon malgré les grands vents qui ont alarmé tout le monde au fil des derniers jours. « C’est un oiseau? » que sa petite voix curieuse me demande, pointant les plumes que je tentais de retravailler depuis tout à l’heure. « Oui, un imaginaire, un oiseau inventé. » il contemple en silence quelques minutes, en douceur, ne touchant pas à la peinture encore fraîche mais passant l’index tout prêt juste pour voir. « Il est beau… mais il manque un peu de rouge. » j’éclate de rire, la nouvelle couleur préférée du bambin qui revient encore sur le tapis, alors que, conciliante, je lui tends la palette pour qu’il y ajoute sa propre touche personnelle. Il l’aurait fait de toute façon, autant mieux l’encourager à procéder. « À toi alors! » que je concède, le sourire qui ne fait que grandir un peu plus, voyant ses petits doigts potelés entourer mon pinceau et l’y plonger dans un beau rouge puissant, costaud. La sonnette retentit de nouveau et je tends l’oreille alors que Noah s’improvise artiste du jour. Une silhouette finit par passer dans l’embrasure de la porte, les lunettes de soleil au bout du nez, les pommettes bien bronzées, l’expression maligne qui complète. « Quelque chose me dit que t’avais encore tout bon pour le planning de l’après-midi. » le sourcil haussé de satisfaction, il finit par venir nous rejoindre, déposant ses mains sur mes épaules, constatant ce que notre petit peintre du jour avait en tête pour compléter le dessin. « Tu crois qu’elle serait plus jolie à l’entrée de la galerie, ou je devrais la garder pour la mettre au salon, face à la fenêtre vers la baie? » Ezra avait toujours eu l’oeil pour ce genre de choix.
Made by Neon Demon
Ezra Beauregard
les adieux volés
ÂGE : trente-neuf étés colorés, né une certaine fête nationale australienne de quatre-vingt cinq. STATUT : le second mariage en grandes pompes est tombé à l'eau, et certains s'amuseront surement à lui dire 'on t'avait prévenu' en apprenant le comportement qu'a eu sa future-ex-femme dans son dos. MÉTIER : il n'est plus question de travailler aux côtés et/ou pour lily, donc machine arrière: il faut de nouveau qu'il se pose pour savoir que faire de toutes ces entreprises qui portent son nom sur le bail. LOGEMENT : #159 third street (logan city), où il a mis les affaires de lily sur le pas de la porte et a fait changer les serrures de la maison. tous les enfants vivent avec lui, dans un capharnaüm sans temps-mort. POSTS : 52573 POINTS : 120
TW IN RP : deuil, fausse-couche, maladie infantile (rémission), tromperie. ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : la famille avant tout › n'était pas donneur compatible de rein, don qui avait pour but de sauver son fils › cora coverdale est la plus belle, et bee scott beauregard › a rencontré son fils (2017); coup de foudre au premier regard, comme on dit › après une longue lutte pour le petit, pour Ginny, et finalement pour lui, Noah est enfin tiré d'affaire de cette maladie qui a failli lui coûter la vie grâce à une greffe de rein (octobre 2017).CODE COULEUR : cornflowerblue. RPs EN COURS :
EZRAUDEN › My loneliness is killing me, and I must confess I still believe. When I'm not with you I lose my mind. Give me a sign. Hit me, baby, one more time.
surprise:
RPs EN ATTENTE : charlie #2 › ginny #26 RPs TERMINÉS :
AVATAR : sam claflin. CRÉDITS : fassylover (avatar) › nobodys (profil gif) › RENEGADE (signature icons) › stairsjumper (le petit géranium+userbars) › harley (crackships ezrauden). DC : damon williams, la lueur de l'ombre (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › millie butcher, les enfants du silence (ft. zendaya coleman) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 07/04/2015
And the rain will fall, it falls for you. And the clouds will break into tears, You should be here standing so near to me. I know you should be sad, but give me time alone to get it out of my mind. Though say I know it's only the weather. 'Cause every time it rains you are gone and I'm blue. Then I wake up, then I wake up and the sun will shine if just for you. And the trees will talk to the skies, whispering lies, heaven will pass to me. Trains walk by and the birds disappear. Oh! Why am I still here without you by my side. So I cry your name and love, the thought to me is back and how near. Then I wake up, then I grow up.
La sonnerie de la porte avait retenti comme une douce surcharge électrique ce jour là, comme ces petites choses qui finissent par faire du bien en faisant du mal. Elle avait éveillé une partie qu’Ezra ne connaissait pas encore, qu’il ne savait pas qu’il allait connaître de si tôt. Comme si son corps avait compris la situation bien avant qu’elle n’arrive, bien qu’il ne puisse la comprendre lucidement et qu’il ne puisse l’analyser. Le corps humain était un outil magique, bien difficile à comprendre dans certaines situations. Il faisait encore une douce impression ce soir là. La poignée qui se fait lourde à tourner, comme si elle avait pris en charge toute la peine et l’angoisse, l’anxiété à venir. Ce visage creusé qui se présente derrière le pan de bois, ce petit corps fragile, cette âme en détresse qu’Ezra vint recueillir d’un mouvement délicat, doux. Rapidement, ses bras sont autour de Ginny, l’entrainant à l’intérieur de l’appartement. Il savait ce qu’elle dirait concernant les quelques heures où elle est allée annoncer la nouvelle à sa famille. Il pouvait le sentir rien qu’à la tenir dans ses bras. Il savait que certains de ses questions allaient rester sans réponses ce soir à la façon dont la jeune femme tremblait dans ses bras. Rapidement, à la suite, il vint pendre le visage de la jeune femme en croupe, déposant un baiser délicat, réconfortant. Un baiser plein de promesses, autant comme autant, et surtout de promesses dont il ne connaissait pas encore l’existence. Mais il savait qu’il saurait les tenir. « Nous deux, nous trois. Contre tout le reste. » Un fin sourire se déposa sur les lèvres d’Ezra, avant qu’il ne vienne prendre les mains de Ginny dans les siennes. « A jamais. » Un baiser sur le front avant qu’il ne l’entraine délicatement jusqu’au canapé, la laissant s’asseoir, se mettre à son aise avec son corps qui lui devenait presque étranger maintenant qu’un petit être venait y prendre place. Mais Ezra savait qu’elle s’y habituerait rapidement et qu’elle surmonterait cette nouvelle plutôt précoce. Qu’elle saurait que faire, mais pour ce soir, il fallait que ce soit à lui d’endosser le rôle de responsable et de prendre les devants. Il fallait qu’elle puisse se reposer sur lui et qu’elle ne se laisse pas envahir par tous les soucis qui allaient arriver au galop. Pas ce soir, non. Sa vie venait assez d’être chamboulée de la sorte pour qu’elle continue d’aller dans le négatif. La famille McGrath mettrait longtemps avant de comprendre que c’était pour le mieux et que cette décision était celle qu’il fallait prendre. Tout comme la décision qu’Ezra allait prendre, il savait que c’était la bonne aussi. Elle venait se glisser naturellement, dans l’ordre des choses. Il s’accroupit devant la jeune femme, devant ce canapé alors que le soleil était déjà couché depuis longtemps et que la lune régnait en maître. Alors que cette journée avait déjà été bien chargée en émotions. « Ginny… » Et pourtant, il commençait à se sentir toute chose, comme s’il était sur le point de dire les mots les plus compliqués à exprimer - peut-être était-ce le cas, après tout ? - alors qu’il avait vécu, plus tôt dans la journée, un bouleversement certain en apprenant la future naissance de cet enfant et qui aurait du le laisser sans voix à ce moment là. Et pourtant, le mutisme ne semblait apparaître que maintenant. Il finit par avaler difficilement sa salive, ses mains moites attrapant celles de la jeune femme, son regard accrochant le sien qui semblait divaguer plus qu’il n’aurait dû. « J’avais déjà pensé à ce moment là, et il est vrai que je n’avais pas pensé qu’il arriverait de si tôt mais… Quand tu es partie chez tes parents, j’ai su. » Il vint délicatement porter sa main droite au ventre de Ginny. L’endroit où allait siéger pendent les prochains mois un petit être, une union d’eux deux. Une tiers personne dans leur vie. « Tu vas être une mère formidable pour ce petit bout là, Ginny. Malgré ce que ta famille a pu te dire. Et on va être heureux. Je ferai tout pour que tu le sois. » Ne prenant même pas la peine de retenir un sourire peu trop heureux, il finit par porter à la vue de Ginny sa deuxième main, qui jusque maintenant était restée cachée et suspecte dans son dos. Un écrin bleuté, simple, se présenta alors. La seule peur qui restait en Ezra, celle qui lui rongeait pour le moment les entrailles, c’était que Ginny parte en courant aux mots qui allaient suivre. Il ne voulait pas la submerger, l’effrayer ou quoi que ce soit, mais il ne voyait pas la situation évoluer autrement. « Je sais que tu as peur, mais je veux pouvoir être toujours à tes côtés pour effacer ces peurs. Et je sais que le futur semble tellement flou mais… Je m’en fous. Je sais que j’ai la possibilité de le passer avec toi à mes côtés. Ca me suffit, et je voudrais que ça te suffisse aussi. J’ai envie d’être celui dont tu rêves d’avoir en prince charmant, de t’emmener à l’autre bout du monde, et d’élever ce gamin avec toi. » Il eut un petit rire, la nervosité s’y cachant s’entendant à des kilomètres à la ronde, avant de récupérer sa second main pour venir ouvrir le petit écrin. « Ce n’est pas beaucoup, c’est du pas prévu mais… Virginia Mary Elisabeth McGrath, accepterais-tu de devenir ma femme, afin que je puisse t’aimer et te chérir pour le restant de nos existences ? » Alors, un des genoux du jeune homme finit par toucher le sol, attitude et situation des plus clichées pour ce genre de demandes.
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Un sourire à la fois heureux et malicieux se dessinait sur le visage d’Ezra alors qu’il tentait d’effacer cette tâche de glace au chocolat sur le tee-shirt de Noah. Le petit bonhomme faisait d’ailleurs une petite moue, ne sachant trop comment se comporter face à cet incident. « Tu penses que maman va me gronder quand on va rentrer ? » Agenouillé devant la petite tête blonde, il relève la tête avant de venir ébouriffer les cheveux du gamin d’une main et de partir dans un petit rire hilare. « On aura qu’à lui dire que c’est moi qui t’ait poussé, comme ça ce sera ma faute et c’est moi qui me ferait gronder. » Il lui fit un petit clin d’oeil qui eut tout de suite l’effet escompté: le gamin partit dans un rire hilare. Ezra se releva, attrapant la petite main encore potelée et pourtant se dessinant fermement au fil des années. « Aller, faut qu’on se dépêche, on va louper le bus. » Les deux Beauregard finirent par accélérer le pas et par monter, lorsqu’il arriva au niveau de l’arrêt, dans le bus qui les remmèneraient à l’atelier de Ginny. L’après-midi avait été improvisé, mais il avait été bon. Ressourçant. Donnant des sourires heureux à tout va. Même si Ezra avait regretté devoir rester sur Brisbane lorsqu’ils étaient rentrés, avide de découvrir encore davantage le monde, il avait fini par reprendre ses aises dans cette ville qui avait été sienne pendant des années. Et il était heureux que son fils puisse grandir au moins quelques temps par ici, dans ces endroits chargés de souvenir, plus ou moins heureux selon les périodes, mais des souvenirs auquel Ezra tenait énormément. L’atelier fut d’ailleurs rapidement en vue et Noah descendit du bus comme une furie pour y rejoindre sa mère, qui devait déjà l’avoir entendu arriver. Ezra savait qu’il ne craignait rien en ces lieux, il prit quant à lui donc son temps pour le suivre. Ca laisserait aux deux autres personnes de la famille un petit temps de retrouvailles, de discussion, auquel il n’était pas forcé d’assister. Ce fut d’ailleurs sans grand étonnement qu’il vit Noah avec les pinceaux de sa mère dans les mains à peine eut-il à son tour passé la porte de l’atelier. Souriant, il vint poser ses mains sur ses hanches, secouant la tête. Depuis petit, depuis qu’il avait été apte à pouvoir s’exprimer de façon assez claire avec des gestes ou des paroles, la petite tête blonde avait toujours bien réussi à leur faire comprendre son penchant très prononcé pour l’art et surtout la peinture. Ce qui avait toujours fait bien rire Ezra puisque, alors qu’il était encore dans son ventre, Ginny avait passé des heures et des heures à peindre en l’attendant. Alors il ne s’étonnait pas de le voir maitriser des pinceaux si tôt dans sa jeunesse et avec une habilité qui en étonnerait plus d’un. « Quelque chose me dit que t’avais encore tout bon pour le planning de l’après-midi. » Un sourire malicieux qui fait son apparition alors qu’il retire ses lunettes de soleil de sur son nez. « Quelque-chose dans ce genre là oui. » Rapidement, comme si cette distance ne devrait pas exister, Ezra vint rejoindre les deux êtres les plus chers dans sa vie, posant délicatement ses mains sur les épaules de Ginny, observant l’habilité et la concentration de Noah. « Tu crois qu’elle serait plus jolie à l’entrée de la galerie, ou je devrais la garder pour la mettre au salon, face à la fenêtre vers la baie? » Il porta quelques secondes son regard sur la jeune femme, avant de venir le poser de nouveau sur le petit bonhomme et l’oeuvre qui prenait forme devant ses yeux. Il resta quelques secondes silencieux, des secondes pendant lesquelles il ne put s’empêcher de se sentir fier en voyant son fils. Ce fut un petit sourire qui sortit vainqueur de la lutte entre ses expressions faciales. Il vint murmurer ses prochains mots à l’oreille de Ginny. « Avec toute la concentration qu’il met pour ajouter sa touche personnelle ? Dans le salon, et sans le prévenir. » Il finit par déposer un doux baiser dans la courbe du cou de la jeune femme avant de venir ébouriffer de nouveau les cheveux du gamin - il savait que sa mère mettant la moitié de son énergie quotidienne à remettre ses cheveux en ordre, alors qu’Ezra ne pouvait s’empêcher d’apprécier le fait de les voir partir dans tous les sens. « Tu as pu prendre du temps pour mettre tes idées en oeuvre aujourd’hui ? » Même si son approche et sa vocation pour l’art s’étaient arrêtées très tôt, Ezra faisait parti de ces personnes qui comprenaient les besoins des artistes de rester des heures et des heures durant à confectionner ce qui composerait le plaisir des yeux du grand public. Et il avait compris dès qu’il avait rencontré Ginny que la jeune femme aurait toujours besoin de cet échappatoire dans sa vie - et il l’avait toujours respecté. C’était dans ces moments là qu’il prenait Noah par la main et que les deux hommes partaient pour de grandes aventures. Ca permettait à Ginny d’avoir son temps à elle et à Noah de lui raconter ce qu’il avait pu faire d’extraordinaire dans sa journée. Et puis, Ezra ne pouvait plus se passer de ces petits moments privilégiés qu’il pouvait avoir avec son fils. Où le monde leur appartenait, où ils pouvaient se laisser aller que tous les deux. Des moments où ils créaient des liens qui seraient indestructibles par la suite. « Vous voulez rester là avec Noah pendant que je vais chercher la voiture que j’ai promis de ramener au garage, ou vous voulez venir avec moi et on rentre à la maison directement derrière ? » Même si l’opportunité de devenir propriétaire de ce garage lui était passée sous le nez lorsque Ginny et lui avait décidé de partir faire un tour du monde - ou ce qui s’y apparentait tout du moins -, Ezra n’avait jamais rompu ce lien solide qu’il avait avec la mécanique et c’était tout naturellement qu’il avait postulé de nouveau pour ce même garage lorsqu’ils étaient rentrés, mais cette fois ci en tant que simple employé. Et il ne nierait pas être content d’être rentré aussi pour ce côté là, pour pouvoir aider les gens avec ce savoir et cette technique qu’il avait acquis aussi au fil de leurs voyages et de leurs galères. Consultant sa montre, il fit rapidement une petite moue, signe qu’il réfléchissait - parfois, ça lui arrivait d’avoir des moments où sa réflexion prenait le dessus, il fallait en profiter, les blagues sur les blondes fonctionnaient aussi sur les blonds dans son cas à lui. « Eeet on pourrait même attraper une pizza avant de rentrer à la maison, si ça vous chante. » Il savait par avance que Noah allait sauter de joie et que Ginny allait vouloir l’assassiner. Mais il tentait quand même, sur un malentendu, ça pouvait passer.
And the rain will fall, it falls for you. And the clouds will break into tears, You should be here standing so near to me. I know you should be sad, but give me time alone to get it out of my mind. Though say I know it's only the weather. 'Cause every time it rains you are gone and I'm blue. Then I wake up, then I wake up and the sun will shine if just for you. And the trees will talk to the skies, whispering lies, heaven will pass to me. Trains walk by and the birds disappear. Oh! Why am I still here without you by my side. So I cry your name and love, the thought to me is back and how near. Then I wake up, then I grow up.
L’impression était tellement étrange. À l’intérieur, je bouillais, le feu qui consumait le reste, la chaleur qui englobait, qui étouffait presque. Et à l’extérieur, j’étais frigorifiée. Tremblante, faible petite poupée de chiffon pour qui tout est un effort, pour qui chaque geste, infime, prend toute l’énergie du monde. Les cris qui résonnent, les vociférations qui n’en finissent plus de briser mon petit coeur, coeur qui manque un battement puis un autre, c’est bien vite dans les bras d’Ezra que je me retrouve. Là d’où je n’aurais jamais dû partir, bien évidemment. Il me fait une place à l’intérieur de cet appartement qui a connu des jours plus heureux, de ces murs qui étaient habitués à nos rires, à nos moments à deux, à nos plans en couleur, à nos secrets si bien ficelés. La vie avait décidé de nous exposer plus vite encore que nous ne l’aurions cru, elle avait choisi de nous mettre sur la route de nos propres responsabilités, punition pour nous avoir caché trop longtemps, pour avoir joué avec notre chance, avec les autres, avec nous-même. La vérité était que je ne me plaisais plus dans cet interdit depuis bien longtemps déjà, incapable de faire la part des choses entre l’amour de ma vie et mon frère, mon sang, me refusant à choisir entre l’un ou l’autre. Espérant que la décision se prenne pour nous, espérant qu’on nous mette devant le fait accompli pour qu’ensuite la vérité fasse enfin éclat au grand jour. Mes prières entendues au pied de la lettre, je m’en voudrai toujours d’avoir dû déballer notre idylle ainsi à Matt, plutôt que de la bonne façon, la façon dont j’aurais dû user bien plus tôt. Mais Ezra comprend, Ezra est doux, Ezra est calme et le simple fait de quitter l’extérieur pour entrer dans ce cocon de confort, de sécurité, ce nid où nous nous sommes dits je t’aime pour la première fois suffit à laisser aller mes remords, à penser beaucoup plus vers l’avant que vers l’arrière. Depuis que je suis entrée, le jeune homme n’a pas lâché ma main, ma taille, mon regard une seule fois. Il a agi pas à pas, il a cerné mon besoin de faire les choses bien, de ne rien brusquer, à commencer par cette nouvelle qui se voulait heureuse, mais qui terrassait tout le reste. Le canapé nous accueille comme de raison, petits corps encore sous le choc des dernières heures, jambes fuyantes qui se retrouvent sur un meuble comme un autre. Sa voix glisse mon prénom et je le sens en proie à me calmer de nouveau, je le vois tenter de trouver les bons mots pour me rassurer et étrangement, sa simple présence a déjà un effet thérapeutique sur ma petite personne. Je sourie devant l’effort, devant la nouvelle qu’on lui a lancée à la figure et qu’il semble avoir mieux prise que quiconque, mieux prise que tous ceux qui l’ont su depuis le début. Comment arrivait-il à être aussi stoïque, aussi sûr de lui? Il me fascinait, Ezra me fascinait depuis la première fois où je l’avais rencontré, et il continuerait probablement encore longtemps à m’intriguer, bonhomme de courage et de force et de simplicité pour qui tout était surmontable, tout était faisable avec un peu d’amour et de courage. Je profite du silence qui nous englobe, je profite de ce temps de pause pour reprendre mes esprits, mais c’était sans me douter qu’il prendrait à nouveau la parole, cette fois avec un ton plus grave, plus sérieux encore. Je me doute qu’il gardera les détails pour le lendemain, je me doute qu’il ne s’agit simplement que d’un discours apaisant de plus, question de me guider vers un sommeil réparateur qui justement réparerait la suite, mais chaque mot se succédant me laisse attentive, muette, interdite. Mon souffle ralenti, ma gorge s’assèche, et une décharge traverse mon corps alors que je reconnais tout de cette demande, pour en avoir secrètement rêvé, petite fille à l’eau de rose imaginant qu’une première histoire d’amour aussi grandiose ne mènerait que là et uniquement là. Être sienne, et personne d’autre. Parce que personne d’autre n’était lui, au fond. Pourtant, je multipliais les années avant de l’entendre me dire toutes ces choses, j’additionnais les mois avant de voir le geste supporter les mots, genou qui touche terre, petit écrin de tissu qui croise mes prunelles. Promesse de bonheur que je sais qu’il tiendra, simplement parce qu’il l’a toujours si bien fait pour moi, et qu’y croire aussi fort que lui fera tout le travail à mon sens, de toute façon. « Ezra Scott Beauregard... » ma voix est tremblante, brisée par un sanglot puis un autre, consécration de ce que les deux idiots follement amoureux que nous étions étaient sur le point de décider. « Je… je l’ai su tu sais. Ce truc idiot, ce premier regard, quand tu étais dans le jardin avec Matt ce jour-là. J’ai toujours voulu me dire que ce n’était que l’adolescente bien trop émerveillée que j’étais mais... » je rigole de ma propre sottise, à travers les larmes. « Mais la vérité, c’est que quand je t’ai vu, c’était comme si je t'aimais déjà. C’est con et c’est stupide et c’est cliché, mais quand je t’ai vu pour la toute première fois… c'était clair. » j’inspire, parce que mine de rien la suite sera toute aussi difficile à articuler, pourtant, il me tarde qu’il l’entende. « Ça me suffit Ez, si tu savais comme ça me suffit. Il n’y a qu'avec toi que je peux être un peu plus grande, un peu plus solide. Il n’y a que toi qui me donne cette force là, cette confiance là. Et il n’y a que toi avec qui je veux vivre ce qui va nous arriver. » évidemment, je le laisse glisser l’anneau à mon doigt, évidemment je ne laisse pas mes pupilles se dégager des siennes de tout l’acte, soulagée, conquise, convaincue, amoureuse. « Oui Ezra, oui, j’accepte. » rire et larmes, et sa main rejoignant mon ventre, petit ventre où une parcelle de nous deux absorbe tout le bonheur qui vient caresser mes sens, contact qui fait de cette petite merveille une part un peu plus prenante de la vie qui se dessine pour ses parents. Ce n'est que plus tard, enlacés sous les couvertures, sa tête au creux de mon cou, que je laisse la pression redescendre un peu, prête à voir comment nous pourrons orchestrer la suite comme l’équipe que nous formons déjà. « J’espère au moins que toutes tes belles paroles vont se traduire avec un ou deux changements de couche en pleine nuit, Casanova. »
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Si j’avais eu à apprendre quelque chose de la relation qu’entretenaient Ezra et Noah, c’était ceci : ensemble, ils pouvaient avoir les pires idées et réussir à me les passer en douce sans que je ne puisse ni rien dire, ni rien faire. Je n’ai qu’à penser à cette fameuse journée au Texas où le Beauregard avait cru bon d’initier son fils au taureau mécanique entre deux festivals à saveur western et quatre supplications du minuscule bonhomme qui y voyait une porte d’entrée vers le monde des cowboys qu’il chérissait tant. Noah s’était retrouvé avec le bras foulé à deux endroits, mais leur duo avait tricoté autour de l’incident en disant que de l’une valait mieux une foulure qu’une cassure, et que de l’autre, je n’avais rien dit en soit lorsqu’ils s’étaient tous les deux levés pour se diriger vers le fameux mastodonte de métal et de cuir. La vraie raison étant que, au final, j’avais entière et complète confiance en Ezra pour prendre soin de Noah. Il avait prouvé un nombre incalculable de fois à quel point il était un père exemplaire, juste et sérieux lorsqu’il le faut, coloré et permissif lorsqu’il le sent. Les voyages qui nous avaient forgé avaient aussi été l’une des meilleures écoles pour la famille que nous avions solidifiée au fil des années, et même si de base je m’étais un brin effrayée à être un peu plus couveuse que je ne l’aurais dû, il avait été doux et patient, me libérant de mes doutes et de mes remords en dédramatisant chaque situation d’une blague qui faisait éclater de rire notre garçon, et d’une douce caresse à la naissance de ma nuque qui réglait tout, chaque fois. C’est d’ailleurs la pression de ses doigts sur mes épaules qui marque la fin de cette journée haute en réflexion, où j’ai enfin terminé par mettre un point sur cette exposition que je redoute depuis les deniers jours, non pas par syndrome de l’imposteur, mais plutôt par overdose d’inspiration. Il me tardait d’offrir aux clients de la galerie cette nouvelle fournée de toiles, mises en commun avec un ami de longue date qui était de passage à Sydney entre deux vols vers Londres, et j’avais dû à de nombreuses reprises m’arrêter pour bien réflchir au résultat final puisque l’idée d’afficher avec lui m’emballait un peu trop pour pouvoir censurer le reste. Ezra savait qu’en ces moments, il valait mieux se retirer et me laisser débattre avec moi-même, et ces quelques heures de silence avaient fini par porter fruit, offrant à la clé la consécration de ce canevas qui tardait trop à se terminer à mon goût. Noah y alla même de son propre coup de pinceau, et je ne pu me retenir de sourire devant le résultat qu’il gribouillait, plus fière encore que les fois précédentes. Il s’améliorerait toujours un peu plus, ce gamin prodige. La voix basse d’Ezra me fait légèrement sursauter alors qu’il se penche à la hauteur de mon oreille, me confiant son idée particulièrement adorable qui plaira à coup sûr au gamin. Hochant vigoureusement de la tête, je laisse mes prunelles s’accrocher aux siennes, énième signe de notre complicité, alors que j’imagine déjà la carrure de Noah sautiller devant le grand dévoilement. La conversation reprend en douceur alors que je soupire de soulagement devant la question du Beauregard. « Oh oui, tellement, si tu savais! Finalement, je vais libérer la partie ouest, tu sais, celle qui était fermée à la dernière expo? Je croyais que la lumière y était complètement nulle, mais en regardant les photos d’octobre dernier ça va le faire. » je me souviens de cette fameuse soirée où Ezra avait fini plus tôt, et était passé nous aider à déplacer tables et chaises pour ouvrir la pièce en entier et pas juste par section. Le pauvre avait fini complètement épuisé à manquer le vernissage au complet, assoupi dans mon bureau sous une pile de livres poussiéreux. Je l’y avais même laissé passer une grosse partie de la nuit, finalisant les derniers papiers pendant qu’il se reposait en grand batailleur, couverture de laine sur les épaules. Noah finit par s’élancer en bas de mes genoux, alarmé par la musique qui touche à sa fin, les dernières notes de trompette qui adoucissent la mélodie. « Non, j'aime mieux qu'on te suive. J’en ai assez pour aujourd’hui, j’ai la tête qui bouillonne en fait. » je laisse un petit rire s’échapper de mes lèvres, enlaçant ses doigts autour des miens avant de laisser un baiser furtif passer sur ses phalanges. « Tu me laisses 5 minutes pour ranger ce bordel? On devrait être ok pour ne pas manquer le prochain bus. » évidemment, Ezra attrape à son tour quelques pinceaux, conscient que 5 minutes se transformeraient en 3 heures s’il me laissait seule ici sous l’enfer de matériel que j’étalais jour après jour. Ranger est en fait une maigre tentative de me donner bonne conscience, puisqu’une fois mes tubes de couleur fermés, mon sac s’installe de lui-même sur les épaules et j’attrape Noah pour le lover contre mon corps, sa tête trouvant mon épaule comme d’habitude. « Cette histoire de pizza… on peut y ajouter un extra de légumes au moins? Il me semble que ça ferait un bon compromis... » le gamin qui s’oppose d’un gros grognement retentissant, alors que je songe simplement à glisser une double part de purée de fruits dans ses cookies matinaux, question de me donner bonne conscience. Voilà, pari pris, et notre petit groupe finit par passer la porte de l’atelier, Ezra verrouillant derrière lui, pour trottiner jusqu’à l’arrêt. Le bus était devenu notre petit rituel à tous, s’y logeant à chaque matinée, profitant des minutes qu’on avait à y passer pour se réveiller en douceur, pour regarder les suites de buildings et de parcs s’agencer les uns aux autres, un livre à la main pour certains, des écouteurs au fond des oreilles pour d’autres. Le trajet du soir lui, était plus locace, on y résumait nos journées, on y discutait des conversations, des idées, des trucs qu’on avait vus ou essayés. Ezra passait à l’école chercher Noah, avant de venir me cueillir au coin de la rue, et presque à chaque fois, les deux farceurs se masquaient derrière leurs sacs respectifs pour me laisser les chercher du regard longuement. Ce soir, c’est en trio que nous prenons d’assaut le bus, laissant Noah s’étaler complètement sur le siège du fond, le véhicule étant plutôt vide. Ce genre de petit luxe dont il raffole. Ez me laisse passer devant lui et ferme la marche en s’installant côté allée, le fils rigolant d’être installé derrière les parents. Le bras du jeune homme vient tout naturellement se poser autour de mes épaules, et je dépose ma tête sur son torse, le regard qui dérive sur la rue qui nous contourne. Cette ville, et ses lumières, et ses gens, et son horizon. Curieuse, je complète ma pensée. « De toutes les villes qu'on a pu visiter, croyais-tu que c'était ici où on finirait? » Je sais qu'en quittant, Ezra a dû renoncer à beaucoup, à énormément. Il ne m'en a jamais tenu rigueur, et je ne crois pas qu'il en ait même la pensée, mais il ne se passe pas une journée sans que je me demande ce à quoi ressemblerait sa vie s'il s'était choisi à notre place.
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Dernière édition par Ginny McGrath le Ven 10 Aoû 2018 - 1:20, édité 1 fois
Ezra Beauregard
les adieux volés
ÂGE : trente-neuf étés colorés, né une certaine fête nationale australienne de quatre-vingt cinq. STATUT : le second mariage en grandes pompes est tombé à l'eau, et certains s'amuseront surement à lui dire 'on t'avait prévenu' en apprenant le comportement qu'a eu sa future-ex-femme dans son dos. MÉTIER : il n'est plus question de travailler aux côtés et/ou pour lily, donc machine arrière: il faut de nouveau qu'il se pose pour savoir que faire de toutes ces entreprises qui portent son nom sur le bail. LOGEMENT : #159 third street (logan city), où il a mis les affaires de lily sur le pas de la porte et a fait changer les serrures de la maison. tous les enfants vivent avec lui, dans un capharnaüm sans temps-mort. POSTS : 52573 POINTS : 120
TW IN RP : deuil, fausse-couche, maladie infantile (rémission), tromperie. ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : la famille avant tout › n'était pas donneur compatible de rein, don qui avait pour but de sauver son fils › cora coverdale est la plus belle, et bee scott beauregard › a rencontré son fils (2017); coup de foudre au premier regard, comme on dit › après une longue lutte pour le petit, pour Ginny, et finalement pour lui, Noah est enfin tiré d'affaire de cette maladie qui a failli lui coûter la vie grâce à une greffe de rein (octobre 2017).CODE COULEUR : cornflowerblue. RPs EN COURS :
EZRAUDEN › My loneliness is killing me, and I must confess I still believe. When I'm not with you I lose my mind. Give me a sign. Hit me, baby, one more time.
surprise:
RPs EN ATTENTE : charlie #2 › ginny #26 RPs TERMINÉS :
AVATAR : sam claflin. CRÉDITS : fassylover (avatar) › nobodys (profil gif) › RENEGADE (signature icons) › stairsjumper (le petit géranium+userbars) › harley (crackships ezrauden). DC : damon williams, la lueur de l'ombre (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › millie butcher, les enfants du silence (ft. zendaya coleman) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 07/04/2015
And the rain will fall, it falls for you. And the clouds will break into tears, You should be here standing so near to me. I know you should be sad, but give me time alone to get it out of my mind. Though say I know it's only the weather. 'Cause every time it rains you are gone and I'm blue. Then I wake up, then I wake up and the sun will shine if just for you. And the trees will talk to the skies, whispering lies, heaven will pass to me. Trains walk by and the birds disappear. Oh! Why am I still here without you by my side. So I cry your name and love, the thought to me is back and how near. Then I wake up, then I grow up.
Ezra devait apporter un effort certain pour ne pas que ses mains se mettent à trembler, et à venir tout cacher. Le stress était à son paroxysme, pour sur, et il avait beau sourire comme un idiot, il n’était pas du tout en confiance dans cette situation. Il savait qu’il se devait de faire ça, de demander, de proposer. Mais ce qu’il ne savait pas, c’était comment la jeune femme allait bien répondre. Il ne voulait pas qu’elle prenne peur, loin de là - elle devait déjà avoir les émotions sans dessus-dessous avec cette journée sans fin, parsemée de nouvelles aussi bouleversantes les unes que les autres -; il voulait qu’elle comprenne à quel point elle était aimée et chérie, de lui, de cette famille en devenir. Il ne voulait pas qu’elle se focalise uniquement sur ce que ses parents, son frère - et qui sait d’autre - avaient pu lui dire. Le jeune homme voulait également que ses paroles aient de la valeur, bien plus de valeur. Et les gestes qui se joignaient alors aux paroles, l’écrin devant les yeux de la jeune femme, le genoux à terre. Ce coeur battant à la chamade pour cette belle brune aux yeux enfantins. « Ezra Scott Beauregard... » Des larmes qui vinrent gâcher quelque peu le tableau, Ezra ne sachant pas encore s’il s’agissait là de larmes de joie ou de chagrin. Après tout, quelques instants plutôt, c’était la deuxième option qui était mise en place - elle pourrait ressentir l’impression que cette journée allait de mal en pis. Le sourire d’Ezra était à deux doigts de s’effondrer lorsqu’elle reprit la parole, pour lui expliquer à son tour ce qu’elle avait sur le coeur. « Je… je l’ai su tu sais. Ce truc idiot, ce premier regard, quand tu étais dans le jardin avec Matt ce jour-là. J’ai toujours voulu me dire que ce n’était que l’adolescente bien trop émerveillée que j’étais mais... » Le sourire d’Ezra qui s’étirait de plus en plus à la suite des paroles de la jeune femme, son regard qui devait, si c’était possible, davantage amoureux de la jeune femme. il joignit même son rire au sien, l’espace d’un instant, célébrant la blague. « Mais la vérité, c’est que quand je t’ai vu, c’était comme si je t'aimais déjà. C’est con et c’est stupide et c’est cliché, mais quand je t’ai vu pour la toute première fois… c'était clair.» Il ne s’en rendit pas comptes à l’instant, mais des larmes avaient commencé à couler sur ses joues à lui aussi. Des larmes de bonheur, de promesse d’un futur meilleur. Elle n’avait même pas fini de parler qu’Ezra avait déjà attrapé l’une des mains de la jeune femme, la prenant dans la sienne, se préparant à unir leurs fiançailles officiellement avec un anneau passé au doigt. Il se retenait de ne pas le faire de suite, de ne pas l’embrasser entre deux mots, deux larmes. « Ça me suffit Ez, si tu savais comme ça me suffit. Il n’y a qu'avec toi que je peux être un peu plus grande, un peu plus solide. Il n’y a que toi qui me donne cette force là, cette confiance là. Et il n’y a que toi avec qui je veux vivre ce qui va nous arriver. Oui Ezra, oui, j’accepte. » Et l’anneau acheté quelques heures plus tôt qui vint se glisser naturellement à l’annuaire de Ginny. C’était scellé, c’était fait. Désormais, quoi qu’il puisse se passer, Ezra savait qu’ils ne reviendraient pas en arrière. Peut-être qu’une partie de leurs vies était finie, comme devait si bien le dire les parents McGrath. C’était tout fait envisageable, compréhensible. Cependant, une autre partie tellement grande et tellement enviable était en train de commencer, juste sous leur nez, qu’Ezra ne voulait plus attendre avant de se jeter à pieds joints dedans. Son coeur était empli d’une joie qu’il n’avait jamais connu jusque maintenant, comme s’il avait été autorisé à ressentir toute la joie du monde entier en un seul instant. Alors, ses lèvres vinrent se joindre à celle de la jeune femme, sa main le ventre de cette dernière, et ce fut surement l’image qui resterait gravée à jamais dans l’esprit d’Ezra concernant cette soirée. De l’amour, et rien d’autre. « J’espère au moins que toutes tes belles paroles vont se traduire avec un ou deux changements de couche en pleine nuit, Casanova. » Un sourire rieur vint se placer sur le visage d’Ezra alors qu’il resserrait délicatement son étreinte autour de la jeune femme. La nuit avait continué d’avancer, les promesses s’étaient scellées doucement mais surement. Allongés sous les couvertures, Ezra ne put s’empêcher de venir déposer un baiser dans le cou de Ginny, où il avait niché son visage depuis quelques instants désormais. « Je lui donnerai même le sein si c’est ce qui te rend heureuse. » Il eut un petit rire, et un nouveau baiser fut déposé. Le futur s’annonçait si doux, si beau, si prometteur. Pour une fois, Ezra n’avait plus peur de quoi le lendemain serait fait, car désormais il savait que Ginny serait pour toujours à ses côtés.
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L’idée que proposait Ezra à Ginny d’accrocher cette toile dans le salon sans prévenir leur fils, pour qu’il puisse admirer son oeuvre conjointe à celle de sa mère plut beaucoup à Ginny, qui l’approuva d’un hochement de tête vigoureux. Et même si elle n’avait pas fait de geste d’approbation bien distinct, rien qu’avec le regard qu’elle lui donna par la suite, Ezra savait qu’elle se rangeait de son côté dans tous les cas. Il s’inquiéta par la suite de savoir si elle avait eu le temps de prendre du temps pour elle, de réfléchir, de concrétiser des choses. « Oh oui, tellement, si tu savais! Finalement, je vais libérer la partie ouest, tu sais, celle qui était fermée à la dernière expo? Je croyais que la lumière y était complètement nulle, mais en regardant les photos d’octobre dernier ça va le faire. » Il eut un petit sourire fier qui s’imposait sur son visage. Il adorait la voir comme ça, heureuse et épanouie dans son travail, sa passion. « Il était temps que cette partie ait le droit à de l’attention aussi. » L’heure tournait cependant, et Ezra n’avait pas réellement fini sa journée de son côté. Il devait ramener une voiture au garage, qu’il devait aller chercher chez un client - c’était aussi ça l’avantage de prendre le bus, de pouvoir se déplacer et aller chercher des voitures où bon lui semblait aux quatre coins de la ville sans se soucier du trajet retour avec deux voitures à conduire. « Non, j'aime mieux qu'on te suive. J’en ai assez pour aujourd’hui, j’ai la tête qui bouillonne en fait. Tu me laisses 5 minutes pour ranger ce bordel? On devrait être ok pour ne pas manquer le prochain bus. » « Mais je suis sur que nous l’aurons. » Alors, par réflexe, par expérience, Ezra attrapa à son tour deux, trois pinceaux qui trainaient pour venir aider la jeune femme à ranger. Sinon, elle repartirait dans son monde à elle dans moins d’une douzaine de secondes et il serait impossible de l’en sortir avant quelques heures encore. Ce fut en peu de temps que le tout reprit presque forme et que la petite famille se dirigeait vers la sortie de l’atelier. « Cette histoire de pizza… on peut y ajouter un extra de légumes au moins? Il me semble que ça ferait un bon compromis... » Un rire puissant prit d’assaut le jeune homme alors qu’il fermait tranquillement la porte, glissant la clef dans le sac de sa femme. « Tu sais bien que je dirai oui à n’importe quoi pour de la pizza. » Parce-qu’il avait beau avoir grandi, ses goûts étaient toujours restés les mêmes. Et si Ginny ne faisait pas attention à lui, il aurait surement déjà pris quarante kilos, fait trois arrêts cardiaques et serait à l’article de la mort. Le bus arriva presque à l’instant où ils s’arrêtèrent au niveau de l’arrêt, Noah prenant d’assaut directement la banquette arrière, fier de pouvoir s’auto-proclamer roi du bus. C’était le genre de petit détail qui faisait toujours énormément sourire Ezra. C’était bête, c’était simple, mais ça le rendait heureux de voir son fils l’être à son tour, et de pouvoir quotidiennement partager ça avec la femme qu’il aimait. Comme le simple fait qu’elle vienne délicatement aller sa tête sur son épaule une fois qu’ils furent installés à leur tour dans le bus, c’était les petits détails qui illuminaient sa journée, qui rendait sa vie belle à vivre. « De toutes les villes qu'on a pu visiter, croyais-tu que c'était ici où on finirait? » Le regard d’Ezra divagua de la jeune femme, au petit bonhomme qui vivait sa vie juste derrière eux - comme s’il était déjà assez grand pour le faire; même si ça poussait vite ces petites bêtes là, il n’était pas prêt de considérer Noah comme grand pour le moment -, pour finir par se laisser aller quelques instants à la contemplation du paysage. Des immeubles qu’il connaissait par coeur, des ruelles qui lui rappelaient des souvenirs depuis longtemps enregistrés, des parcs verdoyants où les soirées à regarder les étoiles étaient douces. « Franchement ? » Il eut un petit soupire à la fois étonné et d’aise, comme s’il ne savait trop comment gérer ses émotions, comme si la question de Ginny était à la fois normale mais gênante; car il ne savait trop que répondre, comment répondre, que ressentir. « Brisbane, c’est chez moi. C’est pas là que je suis né, mais ça a toujours été chez moi. » Là où il avait commencé sa vraie vie d’adulte, là où ses premières expériences en tant qu’homme indépendant avaient fait leurs preuves. « Je ne pensais pas qu’on reviendrait, à l’époque, quand on est parti. Je m’étais dit qu’on aurait tellement l’envie d’en voir toujours plus qu’on resterait dans notre van avec nos sacs à dos pour toujours. » Un petit rire le prit, gentiment, relaxant. « Pourquoi cette question, mon amour ? » C’était idiot, question simple, mais pourquoi déposée quelque peu comme un cheveux sur la soupe. Le genre de question que Ginny ne lui avait jamais posé jusque maintenant. « Des pensées qui te tracassent ? » Il vint relever délicatement son visage du bout du doigt, pour pouvoir avoir accès à ses yeux, ses pensées et émotions. Il en profita au passage pour déposer un baiser, léger, ce à quoi il put entendre en Beeeeurk de la part de Noah dans leurs dos - ce qui le fit rire; les enfants et l’amour entre leurs parents, toute une histoire.
And the rain will fall, it falls for you. And the clouds will break into tears, You should be here standing so near to me. I know you should be sad, but give me time alone to get it out of my mind. Though say I know it's only the weather. 'Cause every time it rains you are gone and I'm blue. Then I wake up, then I wake up and the sun will shine if just for you. And the trees will talk to the skies, whispering lies, heaven will pass to me. Trains walk by and the birds disappear. Oh! Why am I still here without you by my side. So I cry your name and love, the thought to me is back and how near. Then I wake up, then I grow up.
Sans grand étonnement, dès que ma tête touche l’oreiller ce soir-là, c’est un aller-simple pour le sommeil le plus réparateur que j’ai pu vivre depuis longtemps qui s'enclenche. La dernière semaine ayant été particulièrement stressante, les heures de repos avaient fini par s’étioler. Et après toutes les émotions de la journée, après mes doutes, mes regrets, ma panique, mes larmes, les bras d’Ezra encerclant ma taille me donnent le confort nécessaire pour me sentir en sécurité, un peu plus du moins. On était une équipe, on était un duo, on était tous les deux, et on serait bientôt prêts à vivre à trois. Ce ne serait pas facile, ce ne serait pas évident, ce ne serait pas toujours parfait, mais j’avais confiance en notre capacité à veiller l’un sur l’autre, à avoir le bonheur et l’aise de l’autre à coeur. Et surtout, j’avais confiance en notre amour. Matt disait que ça allait trop vite, mes parents hurlaient que j’avais pris la plus périlleuse décision de toute ma vie, que le reste de mon existence en serait bousillé - mais j’avais rarement été aussi calme, lorsque je finis par expirer longuement, mes paupières se fermant avec douceur. Demain serait un autre jour. « C’était pas un rêve, toute cette histoire, hen? » ma voix somnole. Pour la première fois depuis le début de notre relation, je suis encore au lit bien après qu’Ezra se soit réveillé, et levé. Appuyé sur le cadre de la porte de sa chambre, il détaille ma silhouette encore endormie, la bave bien classy au coin des lèvres, les plis de l’oreiller qui forment un tracé inégal le long de ma joue. Il n’a pas besoin de dire grand chose que je sais déjà, que rien de ce qui a pu se passer hier n’est inventé, stipulé. Mon frère a bel et bien crié toutes les horreurs qu’il a pu penser au sujet d’Ezra, au sujet de notre famille à venir, de notre relation en somme. Ma mère m’a bien sûr menacée, reniée, excommuniée si elle avait pu, me pointant la porte du doigt en m’intimant de la prendre si je décidais d’aller jusqu’au bout de cette histoire, et de ne plus jamais la franchir en sens inverse. Et mon père n’avait rien fait, strictement rien. Pas un mot, pas un son, pas un geste. Son regard avait suffi, et resterait probablement ancré bien profondément en moi pour toujours et même après. La déception, le rejet, le déni. Je n’étais plus des leurs. « Je devrais les appeler, je devrais m’excuser, je devrais... » j’ignore par quel regain d’énergie je me redresse d’un geste dans le lit, brièvement étourdie par le mouvement trop brusque. J’ai le flot de pensées qui ne s’arrête pas, le coeur qui bat la chamade, la panique de me retrouver sans eux une seconde de plus. Mais ça ne changera rien. Ça ne changera par leur opinion, leur décision. Ça ne sera que pire, après leur avoir parlé. Que plus douloureux. Attendre donc, laisser la poussière retomber? L’anneau qui enserre mon annuaire, la sensation étrange qui chauffe mon bas ventre, ils me confirment que peu importe ce que ma tête, mon coeur, mes sens peuvent me dire, je ne suis pas seule. Plus jamais. « … rester au lit. » que je finis par souffler, accrochant mes rétines à celles d’Ezra qui n’a toujours pas bougé. Je n’avais pas besoin de courir, de m’épuiser, de paniquer. J’étais là où je voulais être, avec qui je voulais l’être. Le reste n’avait plus d’importance. « Et battre des cils pour avoir un café, extra crème fouettée? » me calant dans les oreillers, tirant la couverture un peu plus près, je m'emmitoufle en lui renvoyant un air un peu plus moqueur, un peu plus amusé. Il veut être à mes côtés forever and ever? Il n’en a pas fini. « Oh, je vais adooooorer être enceinte. »
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La tête derrière l’établi, j'échappe un pinceau et une pile de carnets après avoir reculé un peu trop vite. Et j'éclate de rire devant ma propre maladresse. Parce que cet endroit est un joyeux petit bordel, parce que je m’y étale depuis presque 4 ans, parce que rien ici n’a de place officielle, tout se mélange, tout se perd, tout se retrouve. Et c’est ce que j’adore le plus, ce qui me comble d’un bonheur infini, l’inspiration qui s’infuse. Je finis par rejoindre Ezra et Noah au pas de course, passant furtivement entre la porte et le mur, juste avant que le blond ne verrouille le tout sur son passage. Dehors, la journée s’est un peu rafraîchie, mais la température reste toujours douce, chaude. Le soleil pique du nez, les dernières adresses des commerces du quartier ferment, pour laisser place à ceux qui ouvriront pour la soirée. Et j’emboîte le pas, l’air rêveur. « Même de débuter toutes tes journées avec un green juice? » je l’entends presque déjà râler devant la potentielle substitution de son duo oeuf et bacon matinal pour une concoction aux herbes et au gingembre, sachant qu’au moins il peut se rapatrier sur une pointe de pizza plus tard. « Et de t’inscrire au yoga, et de manger végé plus souvent? » j’ai la bouche en coeur, la voix un peu plus chantante. Mes doigts trouvent naturellement leur place entre ceux du Beauregard, et je n’ai même pas besoin de connaître sa réponse pour savoir que mes propres délires healthy ne lui faisaient pas un pli, tant que je ne l’y obligeait pas de son côté. Accord tacite comme un autre : je lui fais une salade de 2 tonnes pour accompagner sa razzia de burgers, il ne rouspète pas lorsque je pique sa voiture pour le week-end, question d’aller participer à une retraite de yoga et méditation en forêt. Quelques minutes d’attente à peine et nous voilà bien installés dans le bus, tout au fond. Noah jacasse tout seul derrière, une fois la tête plongée dans sa BD préférée du moment, l’autre fois les doigts qui font danser ses figurines de super-héros achetées à la brocante du coin la semaine dernière. Et la nostalgie s’empare du trajet, comme beaucoup d’autres fois ces jours-ci. J’avais réussi à faire la paix avec ma famille brisée, à qui je n’avais pas dit un traître mot depuis cette fameuse nuit où j’avais fui le domicile familial pour me réfugier chez Ezra. Pas la moindre nouvelle, pas le moindre signe de vie. J’ignorais si tout le monde était encore à Brisbane, si Jill était en santé, si Matt était amoureux. Si papa, si maman étaient encore vivants. Et au-delà de toutes ces questions sans réponse auxquelles j’avais tout simplement décidé de ne plus accorder la plus petite attention, restait une pointe de questionnement. Et si j’étais retournée, ce soir-là, pour tenter de les raisonner? Et si on leur avait prouvé qu’on s’aimait assez pour que tout fonctionne, pour que tout survive? Et si on avait fait autrement? « Ce van… je me demande si le couple à qui on l’a vendu a vraiment fait le tour des États-Unis, comme ils nous l’avaient promis. » j’ai les yeux qui brillent de souvenirs, la caravane qui nous avait transportés non sans heurts partout, à tous les coins du monde dont on rêvait, qu’on s’était promis de voir. Noah en portage, les espadrilles qui se salissent, un nouveau pays à découvrir. Ezra dénote tout de suite à mon ton que je me laisse dériver par le flot de pensées, que quelque chose me tracasse, ou du moins, que j’ai envie de porter un élément à son attention. Un baiser tout en douceur, et ses doigts qui viennent se perdre dans mes cheveux. Noah râle et j’éclate de rire, lui tirant la langue pour toute réponse. Ce n’était pas pour rien qu’on se connaissait si bien l’un l’autre, par coeur. C’était venu avec la franchise dont on faisait preuve, avec la patience, la curiosité, l’intérêt l’un envers l’autre. Il est attentif, je le suis toute autant. « C’est stupide, mais j’y pense un peu, parfois. » et je sous-entends, j’apprivoise, je mentionne, la tête qui se redépose sur l'épaule d’Ez alors que mon index joue avec sa doigts, se promène entre les phalanges, caresse sa paume. « Je suis pas la seule qui a laissé derrière beaucoup, ce jour-là. » Et qu’il ne se méprenne pas, ce n’est pas du regret qu’on peut entendre, à travers mes mots. J’assumais entièrement ma décision et ses répercussions. « Tout ça pour l’autre terreur. » Noah n’entend pas, et c’est tout parfait. La blague l’aurait fait rire de toute façon, il avait bien vu que ce choix ne m’avait jamais accablé au point de vivre dans les remords. « Et je me dis que parfois, peut-être… tu y penses toi aussi. » sa famille avait eu du mal à s’en remettre au début, son père surtout. Quelle erreur de jeunesse venait-il de faire, quelle horrible façon de détruire son avenir. Il avait perdu le garage de ses rêves aussi, lorsqu’on avait décidé de s’envoler pour un temps. Sa liberté, la possibilité de tout faire, de tout vivre, les responsabilités qui s’imposent, et une famille à gérer à travers. Ses sacrifices avaient été tous aussi importants que les miens. L’avaient-ils autant marqué?
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Ezra Beauregard
les adieux volés
ÂGE : trente-neuf étés colorés, né une certaine fête nationale australienne de quatre-vingt cinq. STATUT : le second mariage en grandes pompes est tombé à l'eau, et certains s'amuseront surement à lui dire 'on t'avait prévenu' en apprenant le comportement qu'a eu sa future-ex-femme dans son dos. MÉTIER : il n'est plus question de travailler aux côtés et/ou pour lily, donc machine arrière: il faut de nouveau qu'il se pose pour savoir que faire de toutes ces entreprises qui portent son nom sur le bail. LOGEMENT : #159 third street (logan city), où il a mis les affaires de lily sur le pas de la porte et a fait changer les serrures de la maison. tous les enfants vivent avec lui, dans un capharnaüm sans temps-mort. POSTS : 52573 POINTS : 120
TW IN RP : deuil, fausse-couche, maladie infantile (rémission), tromperie. ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : la famille avant tout › n'était pas donneur compatible de rein, don qui avait pour but de sauver son fils › cora coverdale est la plus belle, et bee scott beauregard › a rencontré son fils (2017); coup de foudre au premier regard, comme on dit › après une longue lutte pour le petit, pour Ginny, et finalement pour lui, Noah est enfin tiré d'affaire de cette maladie qui a failli lui coûter la vie grâce à une greffe de rein (octobre 2017).CODE COULEUR : cornflowerblue. RPs EN COURS :
EZRAUDEN › My loneliness is killing me, and I must confess I still believe. When I'm not with you I lose my mind. Give me a sign. Hit me, baby, one more time.
surprise:
RPs EN ATTENTE : charlie #2 › ginny #26 RPs TERMINÉS :
AVATAR : sam claflin. CRÉDITS : fassylover (avatar) › nobodys (profil gif) › RENEGADE (signature icons) › stairsjumper (le petit géranium+userbars) › harley (crackships ezrauden). DC : damon williams, la lueur de l'ombre (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › millie butcher, les enfants du silence (ft. zendaya coleman) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 07/04/2015
And the rain will fall, it falls for you. And the clouds will break into tears, You should be here standing so near to me. I know you should be sad, but give me time alone to get it out of my mind. Though say I know it's only the weather. 'Cause every time it rains you are gone and I'm blue. Then I wake up, then I wake up and the sun will shine if just for you. And the trees will talk to the skies, whispering lies, heaven will pass to me. Trains walk by and the birds disappear. Oh! Why am I still here without you by my side. So I cry your name and love, the thought to me is back and how near. Then I wake up, then I grow up.
« Même de débuter toutes tes journées avec un green juice? Et de t’inscrire au yoga, et de manger végé plus souvent? » Ezra en vint à puiser légèrement les yeux, froncer un poil les sourcils. Il aimait beaucoup la pizza, réellement. Mais est-ce que ce plat valait-il tous ces sacrifices pour pouvoir être mangé ? Même lui n’en était pas totalement convaincu. Il préféra tirer discrètement la langue à Ginny, ne choisissant pas pour ou contre la pizza et les plats végé ajoutés au diner. Le trajet en bus prit finalement place et les paysages se succédèrent. Ezra connaissait le moindre recoin, le moindre panneau de ce trajet là. Il le faisait à outrance. « Ce van… je me demande si le couple à qui on l’a vendu a vraiment fait le tour des États-Unis, comme ils nous l’avaient promis. » Le jeune homme eut un petit rire. « Tu rigoles j’espère ? J’en suis sûr moi ! Ils ont fait l’affaire de leur vie, ils ont forcément du en profiter ! » Parce-que même s’il avait roulé, s’il était usé, c’était les souvenirs et les rires cachés des enfants qui faisaient vivre ce genre de moteurs. Il s’y connaissait, et pas qu’un peu. Mais Ginny ne semblait pas partir vers ce chemin là, avec ses pensées. Ses yeux semblaient avoir légèrement décrochés, tentant de voir d’autres images, d’autres scènes ailleurs - dans un autre temps. « C’est stupide, mais j’y pense un peu, parfois. » Alors que Ginny vint poser la tête sur son épaule, Ezra vint, lui, froncer davantage les sourcils. Il n’aimait pas réellement les phrases de la jeune femme qui commençaient de la sorte. Ca finissait souvent par la nostalgie envahissant le foyer tard le soir autour d’un thé. « Tu penses à quoi, dis moi… » S’il y avait bien quelque-chose qu’ils étaient, l’un envers l’autre, c’était ouverts. ils l’avaient toujours été, et c’était ce qui les avait maintenu en vie, ensemble au moment où tout aurait pu craquer. « Je suis pas la seule qui a laissé derrière beaucoup, ce jour-là. Tout ça pour l’autre terreur. Et je me dis que parfois, peut-être… tu y penses toi aussi. » Les paroles de Ginny laissèrent, en premier lieu, Ezra quelque peu sans voix. Sa première réaction fut émotionnelle, et ce petit pincement au coeur de voir sa chère et tendre toujours autant préoccupée par lui n’était que bienvenu. Ce fut finalement un petit soupire qui se fit entendre, avant de venir prendre délicatement le menton de la jeune femme d’une main pour planter son regard dans le sien « Ginny Beauregard, écoutez moi ma chère. » Il avait pris ce ton à la fois sérieux et blagueur, mi-émerveillé et mi-étonné, tout à la fois toujours plein d’amour envers ce bout de femme qui avait remué son monde comme personne ne l’avait jamais fait avant. « Jamais, au grand jamais, je n’ai fait de choix que je regrette aujourd’hui. Ok ? » Il soutenait son regard, voulant qu’elle comprenne à quel point ses mots étaient d’une vérité claire et limpide. « S’il fallait le faire, je jetterai de nouveau à la poubelle cette opportunité de boulot et les noël en famille pour de nouveau faire le tour du monde avec toi… et l’autre terreur. » Il eut un petit rire avant de venir déposer un baiser délicat sur les lèvres de la jeune femme. « Ne t’en fais pas pour moi, ok ? Bien sur que parfois j’y pense, et je me dis que si ceci, si cela. Et après je te vois dormir à mes côtés, je repense à la dernière connerie en date de Noah et je me dis qu’il n’y a pas de si à avoir. » Ce fut à ce moment là, que dans sa vision périphérique, une petite bouille se fit de plus en plus proche. Un sourire s’étira de plus en plus sur les lèvres d’Ezra. « Qu’est-ce qu’il se passe, vilain ? » Il finit par tourner complètement la tête au moment où Noah faisait une grimace dans sa direction, laissant tomber sa main de nouveau dans le creux de celle de Ginny. « C’est moche ça. » « Ce qui est moche, c’est que vous parlez trop et qu’on a loupé notre arrêt ! » Haussant un sourcil, Ezra finit par jeter un coup d’oeil au delà des vitres du bus. Merde, le gamin avait raison. Ce fut par la suite un fou-rire qui s’empara d’Ezra. En revanche, louper un arrêt de bus, ça ne lui arrivait quasiment plus. « Regarde ce que ta beauté aveuglante me fait faire, vilaine. » Il venait de murmurer ces derniers mots au creux de l’oreille de Ginny avant de faire signe à Noah d’aller appuyer sur le bouton pour demander l’arrêt d’après. « On a plus qu’à marcher ! »
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Dernière édition par Ezra Beauregard le Mar 6 Mar 2018 - 18:41, édité 1 fois
And the rain will fall, it falls for you. And the clouds will break into tears, You should be here standing so near to me. I know you should be sad, but give me time alone to get it out of my mind. Though say I know it's only the weather. 'Cause every time it rains you are gone and I'm blue. Then I wake up, then I wake up and the sun will shine if just for you. And the trees will talk to the skies, whispering lies, heaven will pass to me. Trains walk by and the birds disappear. Oh! Why am I still here without you by my side. So I cry your name and love, the thought to me is back and how near. Then I wake up, then I grow up.
Et je reste muette, durant toutes ses explications, ses justifications qui ne m’en font pas l’effet d’être, qui suffisent à ce que mon petit coeur soit soulagé, au moins jusqu’à la prochaine attaque de culpabilité. Parce que je n’y croyais toujours pas entièrement, qu’il soit là, qu’il soit resté, qu’il ait insisté. Parce que je remerciais Dieu ou quiconque voulait bien m’entendre quotidiennement qu’Ezra m’ait gardée près de lui cette nuit-là, qu’il n’ait pas cédé aux menaces de mon frère, qu’il nous ait fait confiance. Qu’il ait cru au potentiel de ça, de cet amour infini que je lui portais, que je portais à Noah. J’ignorais ce que je serais devenue s’il nous avait tournés le dos, et honnêtement, le moins je pouvais m’y attarder, le mieux je me portais. Mes doigts s’enlacent aux siens, mon sourire est doux, calme, et ses lèvres sur les miennes viennent sceller ce que je sais déjà. Il est l’amour de ma vie. « Je ferais pareil aussi, tu sais. Pour ce que ça vaut. » si c’était à choisir à nouveau, si c’était à prévoir, à planifier, à rejouer, scène par scène, mes pas m’éloigneraient toujours de la demeure McGrath ce soir-là, me mèneraient à la porte d’Ezra, me guideraient à lui comme le nord de ma compas. « Ma famille, ça a toujours été vous. Je n’ai besoin de rien d’autre, tant que vous êtes dans les parages ; et c’est bien pour ça que je m’assure au passage que tu es aussi heureux que je puisse l’être. » que j’explique doucement, la tête nichée au creux de sa nuque, l’index qui joue avec le sien comme lorsque mes pensées prennent le pouls sur tout le reste, comme maintenant. C’est l’évidence, et c’est doux, c’est simple, c’est beau. La voix de Noah annonce tout de même une échappée, et c’est hilares que nous suivons le gamin une fois la sonnette enclenchée. La ville est encore en pleine effervescence, l’après-midi coulant doucement vers la soirée, le soleil qui finit sa course au loin, et les passants qui nous confirment que nous sommes bien dans le bon quartier, passants pressés de le quitter pour filer à la maison, ou pour profiter de la vie nocturne que Brisbane leur promet. Quelques pas à peine aux côtés de deux têtes blondes et mon portable se met à vibrer dans mon sac, à attirer mon attention. D’un geste distrait j’attrape le combiné, avant de ralentir le pas, avant de finir par m'immobiliser sur le trottoir, l’air perplexe. Ezra le remarque, bien sûr, Ezra à qui je fais un signe de la main, forçant un air le moindrement détaché face à la coïncidence particulièrement étrange qui se joue, là, entre mes mains, la sonnerie qui continue de chanter. « Allez, passez devant, je vous rejoins. » le Beauregard n’insiste pas et c’est tant mieux, il sait exactement qu’il s’agit là du meilleur moyen pour tout connaître en temps et lieu. L’appel que je redoutais, l’appel qui avait lieu à tous les deux ans ou presque, l’appel qui provenait de la ligne familiale à Londres. Parfois, c’était papa qui téléphonait, pour s’assurer que le chèque qu’il avait envoyé pour payer l’entrée de Noah dans une école privée à Sydney était bien arrivé ; chèque que je refusais dans les 5 premières minutes. Parfois, c’était maman, et elle passait de longues minutes à s’écouter parler, à raconter tous les détails croustillants de sa vie de stepford wife et des engagements reliés. Parfois, c’était Jill, et elle me racontait ses voyages, ses amours, ses problèmes, ses folies. Jill de qui je m’étais énormément rapprochée au fil des années, Jill qui était la seule membre de la famille à avoir vu Noah, à être passée à l’appartement, à avoir pris Ezra dans ses bras en lui chuchotant à l’oreille qu’il était mieux de prendre soin de moi, s’il voulait pouvoir avoir un second gamin un jour. Et parfois, c’était Matt. Matt qui s’était excusé une fois, une seule, il y a cinq ans. Et qui avait attendu aujourd’hui pour renouveler la prise de nouvelles, pour rompre le silence. « Salut. » à sa voix, je frissonne. À son ton, je sais que quelque chose cloche, qu’il n’est que porteur de mauvaise nouvelle.
« Je dois aller à Londres. » si le reste de la journée s’était déroulé sans heurts, si j’avais suivi le troupeau entre le garage et la maison le plus stoïquement possible, c’est lorsque je retrouve Ezra seul à seule, c’est lorsque Noah est bel et bien bordé et que mon mari passe la porte de la chambre que je trouve son regard, que j’annonce la suite, la gorge enrouée. « C’était Matt. » pas besoin de préciser de qui, de quand, de quoi. Il sait exactement que je parle de mon frère, et que je remets en contexte l’appel reçu quelques heures auparavant. « Il… Jill est revenue de voyage, et elle s’est posée à la maison quelques jours et… et ils pensent qu’il y a eu quelque chose avec ses médicaments, elle a arrêté de les prendre et… et… et elle s’est suicidée, Ezra. » et les mots se précipitent, et mon timbre de voix se casse à quelques reprises, et je tente de garder mon calme, et je tente de lutter contre mes doigts qui se triturent les uns les autres, multipliant les mots, m’assurant que le jeune homme ne m’interrompe pas une seule fois ; parce que je sais que si j’entends sa voix, que si je sens la tristesse dans son regard, que s’il dit quoi que ce soit, je ne serai plus capable de retenir le flot d’émotions, je ne serai plus en mesure de rester droite, de tenter de l’être. « Je vais appeler à la galerie demain, annuler les ateliers, et Matt m’a dit que le week-end prochain tout serait terminé et je... » et les détails se succèdent, et le superflu prend le rythme sur tout le reste maintenant que je fais la liste de ce qui doit être réglé avant que je parte, du temps où j’y serai, du moindre petit élément qui pourrait se nicher sur mon plan de match pour me distraire bien sûr, pour me ramener à l’ordre. « Jill est… partie. » et je craque presque, articulant à nouveau, résumant le tout et un battement de coeur qui s’arrête. « Je vais aller prendre une douche. » sans plus attendre, sans rien demander de mieux, et je file, et je m’isole, et je m'échappe, et je cache toute ma peine, toutes mes larmes, tout le reste sous le jet d’eau bouillante qui, l’espace d’un instant et un seul, arrive à calmer le flot de tristesse qui m’accapare. La culpabilité de ne pas avoir été plus proche d’elle, les regrets de ne pas avoir vu les signes, et la pensée, si difficile, que notre histoire à Ezra et moi avait peut-être été un poids de plus dans la balance pour ma soeur. « Tu dors? » de longues minutes plus tard et j’émerge de la salle de bain à tâtons, chuchotant à l’autre bout de la pièce plongée dans la pénombre, détaillant le corps d’Ezra maintenant allongé. J’ignore combien de temps j’ai pu mettre loin de lui, j’ignore s’il m’a attendue patiemment dans la nuit en espérant pouvoir aider d’une quelconque façon ou s'il a abandonné sachant comment je peux me refermer comme une huître en état de crise. Un mouvement de sa part et je viens m’installer sur le lit, me glisser sous les couvertures, retrouver la chaleur de son corps, le réconfort qui vient avec. « Est-ce que tu penses que… que tu pourrais venir? Je m’en voudrais de t’y obliger et je me déteste de te demander mais… s’il-te-plaît. » et le simple fait de ne pas lui avoir demandé plus tôt résulte de la réflexion qu’il déteste ma famille, qu’il ne lui fait plus confiance depuis les quelques bribes de leurs manigances, et que jamais je n’oserais lui imposer quoi que ce soit, sauf maintenant. Que j'étais toujours en mesure de tout régler toute seule, que cette indépendance, cette liberté que j'avais cultivée depuis la naissance de mon fils ne m'avait rendue que plus fière, plus forte. Sauf lorsque je sens mon souffle se couper, mon coeur s’alourdir, et la seule impression que de l’avoir à mes côtés sauverait le reste, ou du moins, aurait le potentiel de. « Je ne peux pas les voir toute seule. Je ne peux pas y aller toute seule. »
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Ezra Beauregard
les adieux volés
ÂGE : trente-neuf étés colorés, né une certaine fête nationale australienne de quatre-vingt cinq. STATUT : le second mariage en grandes pompes est tombé à l'eau, et certains s'amuseront surement à lui dire 'on t'avait prévenu' en apprenant le comportement qu'a eu sa future-ex-femme dans son dos. MÉTIER : il n'est plus question de travailler aux côtés et/ou pour lily, donc machine arrière: il faut de nouveau qu'il se pose pour savoir que faire de toutes ces entreprises qui portent son nom sur le bail. LOGEMENT : #159 third street (logan city), où il a mis les affaires de lily sur le pas de la porte et a fait changer les serrures de la maison. tous les enfants vivent avec lui, dans un capharnaüm sans temps-mort. POSTS : 52573 POINTS : 120
TW IN RP : deuil, fausse-couche, maladie infantile (rémission), tromperie. ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : la famille avant tout › n'était pas donneur compatible de rein, don qui avait pour but de sauver son fils › cora coverdale est la plus belle, et bee scott beauregard › a rencontré son fils (2017); coup de foudre au premier regard, comme on dit › après une longue lutte pour le petit, pour Ginny, et finalement pour lui, Noah est enfin tiré d'affaire de cette maladie qui a failli lui coûter la vie grâce à une greffe de rein (octobre 2017).CODE COULEUR : cornflowerblue. RPs EN COURS :
EZRAUDEN › My loneliness is killing me, and I must confess I still believe. When I'm not with you I lose my mind. Give me a sign. Hit me, baby, one more time.
surprise:
RPs EN ATTENTE : charlie #2 › ginny #26 RPs TERMINÉS :
AVATAR : sam claflin. CRÉDITS : fassylover (avatar) › nobodys (profil gif) › RENEGADE (signature icons) › stairsjumper (le petit géranium+userbars) › harley (crackships ezrauden). DC : damon williams, la lueur de l'ombre (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › millie butcher, les enfants du silence (ft. zendaya coleman) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 07/04/2015
And the rain will fall, it falls for you. And the clouds will break into tears, You should be here standing so near to me. I know you should be sad, but give me time alone to get it out of my mind. Though say I know it's only the weather. 'Cause every time it rains you are gone and I'm blue. Then I wake up, then I wake up and the sun will shine if just for you. And the trees will talk to the skies, whispering lies, heaven will pass to me. Trains walk by and the birds disappear. Oh! Why am I still here without you by my side. So I cry your name and love, the thought to me is back and how near. Then I wake up, then I grow up.
« Je ferais pareil aussi, tu sais. Pour ce que ça vaut. » Ce fut forcément un sourire satisfait qui vint se dessiner sur les lèvres du jeune homme. Oh, bien sur qu’ils s’étaient déjà répétés des discours similaires dans les dernières années, mais c’était toujours un plaisir d’entendre Ginny dire que son choix était aussi satisfaisant que celui qu’il avait lui-même fait des années plus tôt. « Ma famille, ça a toujours été vous. Je n’ai besoin de rien d’autre, tant que vous êtes dans les parages ; et c’est bien pour ça que je m’assure au passage que tu es aussi heureux que je puisse l’être. » Un baiser et une remarque de Noah plus tard, ce fut le rire aux lèvres que la petite troupe descendit du bus. A force de parler, ils en avaient oublié de descendre de l’engin. La marche les attendaient, mais ce n’était jamais quelque-chose de déplaisant ici. Il faisait toujours beau, il faisait toujours doux de marcher quelques mètres parmi la foule. La seule chose qui vint interrompre Ezra dans sa marche, tenant la main de Noah pour ne pas que ce dernier décide d’aller faire des acrobaties sur le moindre rebord de trottoir qui existait, fut lorsque Ginny se mit à ralentir, sortant son téléphone de son sac. Le nom affiché devait être assez important car la jeune femme finit carrément par stopper ses pas, ce qu’Ezra fit rapidement en miroir, les sourcils froncés. « Allez, passez devant, je vous rejoins. » Après un instant d’hésitation, de retenu, Ezra finit par soupirer et par entrainer Noah sur le chemin de leur maison, gardant ses inquiétudes pour lui, pour l’instant. Si c’était si grave que ça, si important, Ginny lui en parlerait quand elle sentirait le moment bienvenu.
« Qu’est-ce qu’elle a, maman ? » Alors qu’Ezra venait de finir de déposer la couverture sur le petit corps de Noah, il soupira légèrement, refaisant rapidement son masque comme si de rien n’était. « Rien, tout va bien bonhomme. » Embrassant rapidement son fils sur le front, il étira un dernier sourire avant de sortir de sa chambre - et de perdre ce dit sourire. Qu’est-ce qu’elle a, maman ? Il n’en savait rien. La soirée amusement prometteuse s’était tournée en calme et non-dits jusque maintenant, et Ezra se faisait un sang-d’encre de savoir ce qui pouvait cheminer dans les pensées de sa belle. Eteignant les lumières de l’appartement, il fit au plus vite pour rejoindre leur chambre, pour retrouver Ginny. Si elle avait réellement quelque-chose à lui dire, il la connaissait assez, ce serait maintenant que les oreilles de Noah ne trainaient plus - qu’ils étaient entre adultes. « Je dois aller à Londres. » Ezra eut à peine le temps de pousser correctement la porte de la chambre, d cela fermer, que Ginny lâchait déjà ses mots. Il lâcha, de son côté, un soupire. Londres, ce n’était jamais bon signe - et jamais dans les dernières années, Ginny n’avait du aller à Londres. S’il y avait bien un jeu auquel ils avaient excellé, c’était d’éviter la famille McGrath au mieux. « C’était Matt. » Ce fut avec les mâchoires légèrement serrées qu’Ezra s’approcha lentement du lit, de Ginny. Tout devait délicat à l’approche de son nom à lui, tout devenait tendu. Ce n’était jamais plus bon signe lorsqu’il était mentionné. Et que ce soit lui qui soit auteur de l’appel reçu précédemment - ça ne sonnait rien de bon. Le jeune homme finit par s’approcher du lit, par se baisser, tentant de capter le regard de Ginny. Il s’attendait à tout de possible - et même à des mensonges de la part de ce gars qui était pourtant si bien parti. Mais il ne disait rien, il savait qu’il fallait qu’elle laisse aller tranquillement, qu’elle y aille à sa vitesse. « Il… Jill est revenue de voyage, et elle s’est posée à la maison quelques jours et… et ils pensent qu’il y a eu quelque chose avec ses médicaments, elle a arrêté de les prendre et… et… et elle s’est suicidée, Ezra. » Il n’avait même pas eu besoin d’entendre les mots prononcés pour comprendre de quoi il s’agissait. Rien que d’entendre le ton pris par Ginny, la façon dont sa voix se comportait - il avait tout compris. Et son coeur à lui résonna brisé en écho à celui de sa femme. Bordel… Pourquoi. S’il y avait bien une personne autre que Ginny dans toute cette famille qui ne méritait pas si mal, c’était bien Jill. La battante, l’aventurière et cette épaule nécessaire à la jeune femme durant ces dernières années. Délicatement, Ezra vint attraper les mains fragiles de Ginny, que cette dernière était en train de réduire en sang à force de laisser aller sa tristesse dans ces gestes là. « Je vais appeler à la galerie demain, annuler les ateliers, et Matt m’a dit que le week-end prochain tout serait terminé et je... » Il soupira, délicatement, tendrement. Reprendre le contrôle sur les choses, organiser la situation - il reconnaissait Ginny à ces détails là. Il savait à quel point c’était sa façon à elle de ne pas craquer, mais il connaissait aussi les limites de cette technique. « Jill est… partie. » Relevant de nouveau le regard vers ce visage terrifié, défait, il ouvrit délicatement les lèvres pour prononcer ses premières paroles. Cependant, Ginny avait du anticiper l’action et ne lui laissa pas le temps de s’exprimer. « Je vais aller prendre une douche. » La voilà qui lui échappait, qui se laissait glisser entre ses doigts alors que le regard d’Ezra suivait, abattu, sa silhouette se glisser à l’intérieur de la salle de bain - et la porte qui se fermait derrière son ombre. « Putain… » Un mot soupiré, expiré, à la portée de ses oreilles à lui uniquement alors qu’il venait s’asseoir sur le lit. Prenant sa tête dans ses mains, secouant cette masse blonde en repassant la situation en boucle devant ses yeux. Jill est partie. Indéniablement, une partie de Ginny venait de partir avec elle juste là, sous ses yeux. Et il n’avait rien pu faire pour tenter de sauver le peu qui restait à disposition. Elle l’avait fui, et il ne pouvait pas lui en vouloir. C’était comme ça qu’elle gérait, au mieux, les situations qui posaient problème. Ezra resta un bon moment comme ça, à simplement laisser ses pensées aller, jusqu’au moment où il comprit que Ginny prendrait son temps pour revenir vers lui. Enfilant rapidement un jogging à la place de ses affaires de la journée, il vint se glisser sous les draps, laissant son regard divaguer à travers la fenêtre. C’était la seule chose qui lui restait à faire, attendre. Mais l’idée de laisser Ginny s’en aller à Londres de la sorte, c’était acté, ça ne lui plaisait vraiment que moyennement. « Tu dors? » Plongé dans un demi-sommeil, un demi-songe, à l’affut du moindre bruit du côté de la salle de bain, Ezra ne mit pas longtemps avant de se tourner dans le lit, cherchant dans la pénombre la silhouette de Ginny. « Non, non… » Comment aurait-il pu sombrer dans les limbes du sommeil alors qu’il savait sa belle en détresse de l’autre côté de la porte ? Ginny ne mit qu’un instant avant de venir se glisser à son tour dans le lit, son petit corps devenu frêle de chagrin venant s’ajuster parfaitement aux côtés du sien. Naturellement, les réflexes qui revenaient à la charge, Ezra vint passer ses bras autour des épaules de la jeune femme, déposant un baiser sur son front, glissant son visage dans les courbes de son cou. C’était elle d’eux deux qui était en détresse, mais il avait besoin de se réconfort autant qu’elle devait l’avoir espéré en se glissant tout contre lui. « Est-ce que tu penses que… que tu pourrais venir? Je m’en voudrais de t’y obliger et je me déteste de te demander mais… s’il-te-plaît. » Soupirant tendrement de soulagement, Ezra vint plonger dans celles de Ginny ses iris, cherchant même à travers la pénombre le moindre signe de sa part qu’elle était prête à l’accueillir dans ce chemin qui s’annonçait sinueux. « Je ne peux pas les voir toute seule. Je ne peux pas y aller toute seule. » Replaçant une mèche de cheveux rendue rebelle par l’eau chaude, il vint caresser son visage du bout des doigts. La situation était horrible, et pourtant son coeur à lui ne pouvait cesser de s’emplir d’amour face à ce bout de femme en cet instant. « Parce-que tu crois que je t’aurais laissé y aller seule ? » Des années plus tôt, alors qu’ils apprenaient attendre leur premier enfant, il avait fait une promesse. Il la tenait, et comptait la tenir même s’il fallait partir à l’autre bout du monde pour ça. « T’as même pas à te sentir mal de me demander, bébé. Je te lâcherai pas. » Déposant délicatement ses lèvres sur celle de sa belle, il vint ensuite l’entourer de ses deux bras. Il voulait qu’elle voit qu’il était là, qu’il serait son roc dans cette épreuve qui, malheureusement, ne faisait que commencer. L’appel, c’était la première étape. Et même s’il détestait Matt pour tout ce qu’il représentait désormais, il ne pouvait s’empêcher de se sentir mal pour cette famille qui venait de subir un sort qu’il ne connaissait que trop bien. « T’étais là pour moi, pour Ian. » Parce-que perdre un membre de sa famille, un frère ou une soeur, ça faisait partie des douleurs les plus difficiles à encaisser. Une partie de nous envolée en fumée, à jamais. « Tu veux en parler ? » Mots murmurés, pour lui montrer qu’elle n’était en rien obligée. Mais elle l’avait aidé à formuler, à mettre les mots sur les maux à l’époque. C’était peut-être ce qui était le plus compliqué, expliquer ce qu’on ressentait dans ce genre de moment. Mais il n’y avait rien de mieux que les paroles pour évacuer ce que notre coeur ne pouvait plus supporter.
And the rain will fall, it falls for you. And the clouds will break into tears, You should be here standing so near to me. I know you should be sad, but give me time alone to get it out of my mind. Though say I know it's only the weather. 'Cause every time it rains you are gone and I'm blue. Then I wake up, then I wake up and the sun will shine if just for you. And the trees will talk to the skies, whispering lies, heaven will pass to me. Trains walk by and the birds disappear. Oh! Why am I still here without you by my side. So I cry your name and love, the thought to me is back and how near. Then I wake up, then I grow up.
Les gestes sont automatiques, bien qu’aucunement calculés. Son bras autour de mes épaules, ses lèvres sur mon front, et son étreinte qui se resserre alors qu’un frisson glisse le long de la chair de poule sur ma peau dévoilée. Bien sûr qu’il ne dort pas, bien sûr qu’il attendait que j’émerge de la salle de bain, que je lui revienne avec l’état des choses, que j’arrête de m’isoler de lui comme je sais si bien le faire, lorsque quelque chose cloche. Et je sourie dans la pénombre, bien tristement, mais l’effort est tout de même là. « Je t’ai pas vraiment donné le choix tout à l’heure, mhm? » me refermer comme une huître, et mes silences qui s’additionnent aux regards fuyants dont je l’ai bordé depuis l’appel de Matt. Évidemment, que j’ai besoin de lui à mes côtés. Évidemment que je n’arriverai pas à affronter cette épreuve toute seule dans son ensemble. Mais le simple fait de le forcer à me suivre en terrain hostile, là où je sais qu’il ne sera pas le bienvenu, qu’il sera regardé comme l’intrus qu’il n’a jamais été à mes yeux, me fait plus de peine que de soulagement. C’est à contre-coeur que je demande pourtant, les sanglots dans la voix, et ma tête qui se dépose lourdement contre son torse, les battements de son coeur arrivant pour la plupart du temps à me calmer. Sauf aujourd’hui. « Je sais, c’est juste… avec mes parents, et Matt, et je sais que tu as eu du mal après Ian et je… j’aime pas devoir dépendre de toi, tu sais, pour tenir debout. » et j’explique, bien mollement. Parce que c’est une supplication, parce qu’il n'est pas habitué à devoir jouer les rôles de pilier, parce qu’Ezra n’a pas à subir ma faiblesse légendaire face à ma famille, lui qui était devenu ce que j’avais de plus précieux au fil des années. Je voulais nous protéger, protéger notre cocon, notre bulle, ce nous si simple, si évident qui avait pris vie le jour où j’avais appris pour Noah, et qui doucement coulait de source. Mais rien n’était simple dans cette histoire, et le seul fait d’avoir perdu l’une des uniques personnes de notre côté de toute la lignée McGrath était bien loin derrière la peine qui coulait le long de mes joues d’avoir perdu ma soeur, tout simplement. « Oui, et non. » son seul nom génère un soubresaut, son simple souvenir me donne envie de plus. La dualité des sentiments qui engourdissent mon coeur, et j’inspire doucement, mes doigts jouant distraitement avec les draps à disposition, le bras d’Ezra qui calme, qui rassure, qui invite à me confier parce qu’il sera toujours là, parce qu’il est patient, parce qu’il m’aime, peu importe mes tourments. « Je voudrais parler de ses voyages. De comment elle n’amenait jamais la même personne aux dîners de Noël. De ses 40 boulots. Des fois où elle nous faisait rager quand elle apprenait des insultes en latin à Noah. » et un sourire, un léger rire qui s’échappe d’entre mes lèvres gercées d’avoir été trop mordues. Ces bribes d’elle qui remontent au fil de la soirée, de la nuit, le soleil qui finalement se lève à travers les rideaux tirés, et aucun de nous deux qui n’a fermé l’oeil d’avoir eu tant d’histoires la mettant en vedette à se raconter.
Un dernier baiser sur la joue de Noah avant de le laisser à Tad qui gèrera le babysitting jusqu’à notre retour, et les frères Beauregard qui sont tout autant au taquet. Le taxi nous mène à l’aéroport, les billets achetés à la va vite au guichet qui dictent l’allée vers la porte 214, qu’on prend dans la minute. Un vol qui ne me donne pas du tout envie de dormir, quand bien même mes paupières sont lourdes, mon esprit fatigué. Les heures passent, le moteur vrombit, et ce n’est qu’en début d’après-midi après avoir bravé quelques turbulences, un lunch particulièrement copieux auquel je n’ai même pas accordé la moindre attention et une sécurité débordant de familles aux enfants qui pleurent l'atterrissage qui résonne encore dans leurs oreilles que je suis les signaux vers la sortie. Un nouveau taxi nous conduit à la demeure familiale, et maman qui a insisté pour y organiser la réception, demain. Fût un temps où le manoir McGrath à Londres faisait briller mes prunelles. Des dizaines de pièces, des couloirs sinueux, des toiles aux murs. Y courir sans écouter les avertissements des parents avec Matt et Jill, m’y cacher, gamine, dans les placards plus profonds que les chambres, à la maison. Il m’apparaît lugubre lorsqu’on se gare, lorsque j’aide Ezra à sortir les sacs, le mien sur mon épaule, et nos pas nous guidant à l’entrée. Un dernier coup d’oeil, l’inspiration de la dernière chance, et je sonne. « Virginia. Ezra. » c’est papa qui ouvre sèchement la porte, non sans la moindre surprise. Probablement à guetter notre arrivée, et j’excuse tout de suite la donne en précisant les raisons du délai qui font encore tiquer les horloges au mur. « Je suis désolée, je n’avais pas prévu les embouteillages, et on a dû passer à la douane avant et on a fait ce qu’on a pu et... » Matt sort du salon au moment où mes mots s’égarent, et il n’hésite pas la moindre seconde avant de diminuer la distance qui nous sépare pour me prendre dans ses bras. Aucune autre explication, aucune autre mention à quiconque. À mon oreille, il souffle. « Gin, ça va, y’a pas de mal. » et le soulagement de son étreinte, de lui, de mon frère, celui que j’ai perdu il y a 8 ans, celui qui me semble être revenu d'outre tombe aujourd’hui. « Comment va tout le monde? » et je chuchote à mon tour. « On fait comme on peut. Comment tu vas, toi? » il renchérit du tac au tac, me laissant le loisir de me détacher un peu, d’accrocher mon regard au sien, de souffler. « Je fais comme je peux. »
Le brouhaha au salon fait monter une migraine tout sauf nécessaire contre mes tempes. Mais je tiens bon. Entre les oncles et les tantes qui s’inquiètent du silence de mes parents à mon sujet, entre les enfants qui courent tout autour des pattes de meubles, entre les regards emplis de tristesse que j’attrape venus de Matt, de maman. Entre les absences maintenant légendaires de papa, qui visiblement n’arrive toujours pas à réagir à une situation de crise autrement qu’en allant s’isoler. Tiens, tiens, il me fait penser à quelqu’un. « Si à un moment tu as besoin de sortir prendre l’air, juste… tu n’hésites pas, hen? » que je confie à Ezra, une fois que Caden, ma cousine, nous a quitté pour rejoindre son mari. Edward qu’elle a dit, qui porte sa main à la taille de la brunette, tente de la supporter comme il le peut, comme nous tous d'ailleurs. « La famille a demandé un moment, pour remercier les invités. » et la sourdine des conversations est momentanément arrêtée le temps que tous les regards se tournent vers moi, vers Matt, vers maman, et papa qui sort finalement de sa tour d’ivoire. C’est mon frère qui prend d’abord la parole, qui s’installe à l’avant, et après un dernier regard dans ma direction, qui tente un potentiel discours sans laisser les larmes casser sa voix. « Jill était une vraie tornade. On aimait, on détestait, on pouvait plus s’en passer. Impossible de l’éviter, quand on la connaissait, quand on la croisait. Je l’ai aimé de tout mon coeur, et j’espère qu’elle l’a su. J’espère sincèrement qu’elle le sait, de là où elle se trouve. » mes doigts n’en peuvent plus de serrer ceux d’Ezra, ma respiration presque absente, mes iris qui ne lâchent pas Matt une seule seconde, soutien pitoyable mais les seules forces qu’il me reste. Quelques sanglots au fond de la pièce, d’autres applaudissent comme par réflexe. La photo de Jill encadrée, entourée d’immenses bouquets de fleurs de toutes les couleurs, et la seconde suivante, je me détache de mon mari pour rejoindre mon frère, pour lever la tête dans la direction des gens présents, famille, amis, acteurs de la vie de ce qui était jadis mon aînée. « Jill, c’était une amazone. C’était la personne la plus forte que j’ai jamais pu connaître, une reine. Elle survivait à toutes les épreuves, elle était solide, impossible à terrasser. Et pourtant… et pourtant, on est là, aujourd’hui. » l’ironie du sort, Jill qui n’a pas pu être assez forte pour se survivre, à elle-même. « It’s both a curse and a blessing to feel everything so very deeply. » Matt passe son bras autour de moi alors que je termine mon allocution dans un soupir, les larmes qui brouillent ma vue, et mes pas qui se précipitent hors d’ici, sur la terrasse, n’importe où. Ezra viendra me rejoindre, une minute, une heure après, je l’ignore. Et contre lui, je cherche le réconfort du monde entier. « J’aurais dû être là, Ezra. J’aurais dû être là pour elle, comme elle l’a été pour nous. »
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Ezra Beauregard
les adieux volés
ÂGE : trente-neuf étés colorés, né une certaine fête nationale australienne de quatre-vingt cinq. STATUT : le second mariage en grandes pompes est tombé à l'eau, et certains s'amuseront surement à lui dire 'on t'avait prévenu' en apprenant le comportement qu'a eu sa future-ex-femme dans son dos. MÉTIER : il n'est plus question de travailler aux côtés et/ou pour lily, donc machine arrière: il faut de nouveau qu'il se pose pour savoir que faire de toutes ces entreprises qui portent son nom sur le bail. LOGEMENT : #159 third street (logan city), où il a mis les affaires de lily sur le pas de la porte et a fait changer les serrures de la maison. tous les enfants vivent avec lui, dans un capharnaüm sans temps-mort. POSTS : 52573 POINTS : 120
TW IN RP : deuil, fausse-couche, maladie infantile (rémission), tromperie. ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : la famille avant tout › n'était pas donneur compatible de rein, don qui avait pour but de sauver son fils › cora coverdale est la plus belle, et bee scott beauregard › a rencontré son fils (2017); coup de foudre au premier regard, comme on dit › après une longue lutte pour le petit, pour Ginny, et finalement pour lui, Noah est enfin tiré d'affaire de cette maladie qui a failli lui coûter la vie grâce à une greffe de rein (octobre 2017).CODE COULEUR : cornflowerblue. RPs EN COURS :
EZRAUDEN › My loneliness is killing me, and I must confess I still believe. When I'm not with you I lose my mind. Give me a sign. Hit me, baby, one more time.
surprise:
RPs EN ATTENTE : charlie #2 › ginny #26 RPs TERMINÉS :
AVATAR : sam claflin. CRÉDITS : fassylover (avatar) › nobodys (profil gif) › RENEGADE (signature icons) › stairsjumper (le petit géranium+userbars) › harley (crackships ezrauden). DC : damon williams, la lueur de l'ombre (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › millie butcher, les enfants du silence (ft. zendaya coleman) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 07/04/2015
And the rain will fall, it falls for you. And the clouds will break into tears, You should be here standing so near to me. I know you should be sad, but give me time alone to get it out of my mind. Though say I know it's only the weather. 'Cause every time it rains you are gone and I'm blue. Then I wake up, then I wake up and the sun will shine if just for you. And the trees will talk to the skies, whispering lies, heaven will pass to me. Trains walk by and the birds disappear. Oh! Why am I still here without you by my side. So I cry your name and love, the thought to me is back and how near. Then I wake up, then I grow up.
« Je t’ai pas vraiment donné le choix tout à l’heure, mhm? » Ezra ne se permit même pas de répondre, parce-que ce n’était pas utile, nécessaire ni demander. C’était ce genre de question, de remarque qui était faite parce-qu’il fallait formuler à haute voix mais qui n’attendait pas automatiquement de réponse. Et puis surtout, il s’en fichait que ce fusse vrai ou non. Le principal, c’était que Ginny puisse trouver une façon de gérer les choses, de les intégrer, de les comprendre. Si pour ça il devait être mis de côté, il accepterait. Ça le déchirerait de l’intérieur, mais il se laisserait faire. En revanche, Ezra connaissait la limite à cette situation, et laisser aller Ginny seule à Londres était au delà de cette dernière. Qu’importe ce qu’elle dirait sur la situation, il serait dans l’avion avec elle et il lui tiendrait la main lorsqu’ils arriveraient chez ses parents quoi qu’il arrive. « Je sais, c’est juste… avec mes parents, et Matt, et je sais que tu as eu du mal après Ian et je… j’aime pas devoir dépendre de toi, tu sais, pour tenir debout. » Même dans les instants les plus compliqués, elle cherchait à rester forte, à porter toute la situation sur ses épaules. Ezra savait qu’elle en était capable, qu’elle savait y faire dans ce domaine. « Tu n’as pas à t’en faire pour moi, pas aujourd’hui. » Même si ça lui rappelait de mouvais souvenirs et que rien que d’avoir évoqué le prénom de son frère, ses poils s’étaient hérissés d’une façon bien singulière. Il n’y avait pas de bonne façon d’apprendre ce genre de nouvelle, et encore moins une meilleure de vivre par la suite avec. Ian lui manquait, tous les jours - et il regrettait souvent la façon dont les choses s’étaient déroulées sur la fin. Mais Ezra savait qu’il n’y avait pas d’autre choix que de continuer de vivre avec, de vivre sans. D’être là pour ceux qui restaient en arrière et pour qui la vie continuait, inlassablement. Être là pour Ginny, ici et maintenant. « Oui, et non. » Le jeune homme finit par décaler légèrement son visage, tentant de capter le moindre reflet dans les yeux de Ginny, voulant soutenir tout ce qu’il pouvait jusque son regard. Il lui offrait la possibilité, si elle s’y sentait, de se libérer un peu. De laisser aller les mots dans lesquelles pourraient résonner ses pensées, ses émotions. « Je voudrais parler de ses voyages. De comment elle n’amenait jamais la même personne aux dîners de Noël. De ses 40 boulots. Des fois où elle nous faisait rager quand elle apprenait des insultes en latin à Noah. » Il était fin, il était discret, mais il était sorti. Un petit rire, quelque-chose de presque anecdotique, mais qui serait la force principale de tout le reste par la suite. Car si le rire finissait par revenir, c’était que les choses se mettaient doucement en place chez elle. Même si c’était long et laborieux, le rire serait la meilleure thérapie pour transformer ces souvenirs qui pourraient paraître effrayants, douloureux, en de petites étoiles à jamais étincelantes dans le bal des souvenirs. Alors Ezra resta là, il l’écouta parler des choses qui semblaient lui faire du bien. Une larme essuyée délicatement de temps à autres, un rire qui s’échappait un peu trop rapidement à d’autres reprises. Un baiser de réassurance quand le coeur en désirait. Un Noah qui, reposé, vint frapper discrètement à la porte alors que le soleil était levé depuis bien longtemps désormais. Des explications complexes mais comprises trop rapidement pour un enfant si peu grand. Des préparatifs qui se passèrent presque dans un silence religieux, comme si la moindre parole pourrait rendre tout ça d’autant plus vrai. Ezra savait que de toutes façons, dans cette situation, il fallait mieux laisser Ginny gérer tout ça. Ça l’occupait, ça la rassurait - et surtout, par expérience, il savait que ça évitait de trop penser. Tad fut préposé à la garde de Noah le temps de leur absence, et Ezra lui avait glissé les numéros de ses frères si jamais il avait besoin de quelque-chose. Il s’en voulait de laisser Noah en arrière, mais Ginny comme lui savait que c’était la meilleure chose pour lui que de rester ici. Rapidement, les valises furent emportées dans le taxi et peu après, le ciel chaleureux de l’Australie se dérobait sous les pieds alors que l'avion en direction de Londres prenait de l’altitude.
La grisaille de Londres était quelque-chose à laquelle Ezra n’était pas tant habitué. Il avait grandi et vécu une bonne partie de sa vie en Australie, sous une chaleur qui ne meurt jamais et avec un soleil qui réussissait rapidement à vous manquer lorsque vous partiez. Mais à regarder à travers la vitre d’un taxi, ça avait quelque-chose de presque charmant et rassurant. La main de Ginny dans la sienne alors que la demeure approchait à grand pas, Ezra vint tourner son regard en direction de sa femme. Il savait qu’il n’avait pas besoin de prononcer la moindre parole et qu’elle comprendrait. Il serait là, quoi qu’il pouvait se passer par la suite. Il ne lâcherait rien et si elle le désirait, à la moindre remarque, le moindre signe, les billets retour étaient achetés. La suite des éléments s’annonçait lourde, mais il avait eu tout le chemin pour s’y préparer. Revoir ces visages familiers qui étaient devenus étrangers après ce jour là. Les parents de Ginny, qui avant de le renier l’avaient considéré comme un deuxième fils. Et puis Matt, à qui Ezra avait pris soin d’envoyer un message avant de monter dans l’avion. Rien de bien complexe, simplement un petit je suis désolé. Il l’était, et il voulait être sûr que le jeune homme comprenait qu’il ne venait pas mettre les pieds sur le territoire ennemi en étant en guerre - ce n’était pas l’instant, pas le moment pour ce genre de choses là. « Virginia. Ezra. » Le père McGrath avait pris des rides et des cheveux blancs. Ce fut les deux éléments qui sautèrent aux yeux d’Ezra alors qu’il croisait le regard de son beau-père pour la première fois en tant d’années. Il finit par venir tendre la main à son beau-père après avoir pris une grande inspiration - de courage, ou de calmement pour ne pas avoir envie de lui envoyer directement ses quatre vérités en plein jour. « Isaïah. » Tout en restant cordial et poli, Ezra avait pourtant toujours gardé l’habitude d’appeler les parents de Ginny par leurs prénoms, comme lorsqu’il venait chez eu le weekend pour jouer avec Matt à la console ou pour les barbecues de famille du dimanche. Il se doutait que ça devait les énerver sans qu’ils ne disent vraiment rien, et ce côté là lui plaisait aussi, malgré tout. « Je suis désolée, je n’avais pas prévu les embouteillages, et on a dû passer à la douane avant et on a fait ce qu’on a pu et... » Ginny qui lui échappait à petit feu face à ce père qui ne présentait plus aucun signe chaleureux en lui. Ce fut Matt qui vint sauver cette fois ci la mise - première fois qu’il venait d’ailleurs sauver quoi que ce soit concernant sa soeur. Ezra laissa aller la main de la jeune femme lors qu’elle se dérobait aux bras de son frère. Les échanges se firent à voix basse, trop pour qu’il puisse entendre de quoi ils parlaient. Il finit par se raviser, par ne pas tenter ni d’entendre, ni de comprendre. Si leur relation avait été toute autre jusqu’à cet instant, des changements seraient forcément à prévoir. Finalement, Matt se dégagea de l’étreinte de sa soeur et, un peu par dépit, fit face à Ezra. Le silence les enroba quelques instants avant qu’il ne vienne à son tour lui tendre la main pour serrer la sienne. Geste obligé, peut-être, mais surtout geste de trêve au moins pour ce séjour là. Les pensées avaient bien cheminé dans l’esprit d’Ezra depuis le soir où ils avaient appris la nouvelle, si bien que c’était avec un léger plaisir qu’il vint serrer la main de celui qui fut son bro à une époque. Pas un mot échangé - il n’y avait pas besoin. Tout ce petit monde - entendez par là Ginny, Matt et Ezra - vint ensuite prendre les bagages pour les monter dans la chambre que Ginny connaissait par coeur, même des années après. « On se rejoint en bas pour le déjeuner. « Matt qui s’éclipsa pour les laisser souffler un instant, avant que la bataille ne reprenne de plus belle.
« Si à un moment tu as besoin de sortir prendre l’air, juste… tu n’hésites pas, hen? » Il lui lança un petit regard en coin, à la fois attendri et à se demander si elle nielle faisait pas exprès. Il savait que ça partait d’un bon sentiment et que c’était aussi sa façon à elle de se contenir au sein de cette foule qui, malgré elle, malmenait ses émotions. « Je vais bien, mon amour. » Ses mains qui traçaient des cercles de réconfort sur sa peau, son sourire qui vint appuyer ses mots. Il y avait pire comme situation, et disons que les circonstance faisait que la famille McGrath le laissait un peu tranquille dans son coin pour cette fois. « Et puis si je deviens trop oppressé, je pense avoir trouvé un compagnon de soirée. » Il pointa du menton Edward, le cousin par alliance. « Au moins lui, ça se voit qu’il est apprécié. » Une demi-blague, même si le moment n’était pas choisi au mieux. Mais d’ordinaire, c’était Ginny qui était la reine de ce genre d’interventions un peu douteuses - elle n’était juste pas en état de servir ce rôle aujourd’hui. Par la suite, rapidement, voire même vraiment trop rapidement, ce fut au tour de la famille de venir parler. Ezra pouvait sentir tous les muscles de Ginny, un à un, à ses côtés, se tendre. Il tentait les gestes rassurant, mais la seule chose qui semblait la tenir en un morceau, c’était la pression exercée par ses doigts sur ceux d’Ezra. Petit corps fragile qui tentait de résister à l’émotion du mieux qu’il savait faire. « Jill était une vraie tornade. » Les mots de Matt commençaient à résonner à travers l’assemblée et Ezra fut impressionné du courage et de la retenue qu’il réussissait à avoir. « On aimait, on détestait, on pouvait plus s’en passer. Impossible de l’éviter, quand on la connaissait, quand on la croisait. Je l’ai aimé de tout mon coeur, et j’espère qu’elle l’a su. J’espère sincèrement qu’elle le sait, de là où elle se trouve. » Le tour de Ginny approchait et ce fut avec un déchirement au coeur qu’Ezra la laissa lui échapper, s’en aller pour à son tour parler. Plus que le contenu de ses mots, touchants et attristants, c’était l’étant dans lequel elle allait en ressortir qui l’inquiétait. Elle était forte, mais elle n’était pas Matt. « Jill, c’était une amazone. C’était la personne la plus forte que j’ai jamais pu connaître, une reine. Elle survivait à toutes les épreuves, elle était solide, impossible à terrasser. Et pourtant… et pourtant, on est là, aujourd’hui. It’s both a curse and a blessing to feel everything so very deeply. » Les mots à peine finis d’être prononcés que déjà elle se dérobe à la scène, elle fuit la foule par une sortie de secours. Il avait bien entendu l’émotion dans sa voix, vu les larmes s’agripper petit à petit à ses yeux. Le réflex d’Ezra de se lever de sa place pour partir à sa suite fut stoppé net par une main agrippant son poignet. Pensant directement à Matt, il fut cependant surpris de tomber sur la mère de Ginny. « Laisse aller, Ezra. » Le combat de regard ne dura pas longtemps avant qu’Ezra finisse par lever les yeux au ciel. Il s’y attendait, à ce moment. Ce petit tête-à-tête avec sa belle maman. Pas qu’il en avait hâte, lion de là; mais la rancoeur de cette femme débordait à travers son regard, ce n’était donc pas compliqué à comprendre. « Pas maintenant, Marianne. » « C’est jamais le moment avec toi, c’est ça ? » Le venin qui s’immisçait dans la moindre parole. « C’est surtout le moment où je dois être là pour elle. » Ezra se faisait violence pour rester aussi calme que possible, attendant qu’elle vienne défaire sa pince autour de son bras. Les pas du jeune homme se firent par la suite précipité, à chercher comme un fou Ginny dans la moindre pièce qui se trouvait sur son passage. La terrasse fut là où elle s’était isolée, finalement. Il mit une bonne dizaine de minutes avant de la trouver, abritée par seulement un haut-vent qui avait mal vieilli avec le temps. Doucement, ses bras vinrent entourer le corps frêle et presque tremblant de Ginny. « J’aurais dû être là, Ezra. J’aurais dû être là pour elle, comme elle l’a été pour nous. » La culpabilité, et le deuil qui commençait à faire tranquillement son bout de chemin en son sein. La partie aussi la plus dure à affronter. Ne pas s’en vouloir d’avoir laissé un proche s’en aller, ça prenait du temps. « Tu étais là, mon amour, tu étais là… » Il fit une petite pose, pesant les prochains mots qu’il avait en tête. Ezra savait qu’ils pouvaient ne pas passer, mais il se devait de les dire - et même si elle ne s’en rendait pas encore comptes, Ginny avait besoin de les entendre. « Et tu n’aurais rien pu faire d’autre, tu sais. Ce n’est pas quelque-chose que tu aurais pu contrôler cette fois ci. » Il finit par relever le visage de la jeune femme vers lui, par croiser son regard, sonder ses pensées. Il avait été à sa place, il savait combien c’était dur de ne pas vouloir exposer, imploser. Ce que c’était que d’avoir les pensées qui se perdent, le coeur qui se retrouve meurtri. « Et tu n’aurais pas pu le voir venir. » Tout comme la balle qui avait mis fin à la moindre connexion neuronale dans la caboche de son frère, ils n’auraient rien pu voir venir pour Jill. Qu’importe la motivation qui l’avait poussé à en arriver là, elle y serait parvenue si la à l’intérieur, ça poussait assez fort. Ne lâchant pas Ginny du regard, Ezra finit par venir appuyer doucement son front contre celui de Ginny. « Dis moi ce qu’il te faut, et je me débrouillerai pour te l’obtenir. Appelle Noah si ça te fait du bien, Tad le réveillera s’il le faut. » Parce-qu’au fond, dans toute cette histoire, c’était surtout ça qui l’importait. Ginny était mal, mais tous les maux avaient des mots, des actions pour être réparés, effacés. « J’irai même jusqu’à manger à table à côté de ton père, s’il le fallait. » Le petit sourire timide qu’Ezra tente, la vanne qui va avec, dans un dernier espoir. Mal placée, décalée; tout ce que Jill avait su être en réalité.
And the rain will fall, it falls for you. And the clouds will break into tears, You should be here standing so near to me. I know you should be sad, but give me time alone to get it out of my mind. Though say I know it's only the weather. 'Cause every time it rains you are gone and I'm blue. Then I wake up, then I wake up and the sun will shine if just for you. And the trees will talk to the skies, whispering lies, heaven will pass to me. Trains walk by and the birds disappear. Oh! Why am I still here without you by my side. So I cry your name and love, the thought to me is back and how near. Then I wake up, then I grow up.
« J’ai pas l’énergie de dire qu’ils font des efforts, qu’il y a de l’espoir, que Matt n’a rien provoqué et que déjà, c’est bon signe. » que je finis par capituler, alors qu’Ezra lorgne vers Caden et son mari, lui qui tente une blague, lui qui borde les quelques mintues avant qu’on ne m’apelle à l’avant, que j’aie à y articuler mollement mon discours funèbre. Les mots se bousculent dans ma gorge, meurent sur mes lèvres. Les yeux qui s’humidifient et l’envie d’être ailleurs, n’importe où, tout sauf ici. Mes pas se précipitent, et si je vois bien Ezra dans mon périphérique, c’est empressée que je quitte le salon familial pour passer sur le balcon, me réfugier sur la terrasse. Ce n’est que là où j’ai toujours su respirer un peu mieux, un peu plus profondément. Ce n’est que là où je me suis toujours sentie à l’aise ici, loin de mes parents, loin de la rigueur de leur éducation au profit de mes idées qui se mélangent, ma tête dans les nuages. Ma soeur n’était plus parmi nous. Ma soeur qui se faisait une joie de m’embêter, du plus loin que je me souvienne. Qui me poussait dans mes retranchements, qui n’en avait que faire des limites, les miennes, celles du monde entier. Jill avait toujours été la plus forte de nous deux, la plus fière. Jill et ses plans complètement fous, Jill et son impulsivité, Jill et ses envies de grandeur. Tout le monde qu’elle avait traversé, tous les voyages qu’elle avait accumulés et qui l’avait rendue si belle, si brillante, si allumée, si vraie. Noah ne tarissait pas d’éloges au sujet de ma soeur, toujours incapable de se contenir et la bombardant de questions lorsqu’elle posait le pied à la maison entre deux aventures. Bien sûr qu’il avait pleuré en la sachant partie, bien sûr qu’il ne comprenait pas comment son sourire avait fini par disparaître de notre quotidien, qu’il n’en resterait pas moins qu’un souvenir que l’on chérirait au mieux pour le restant de nos vies. Ne pas le savoir ici, près de moi, me fait autant de mal que de bien. Mal qu’il ne puisse pas être dans mes bras, blotti, à accorder sa respiration à la mienne, à m’insufler le courage nécessaire de continuer. Bien, qu’il ne me voit pas dans cet état, qu’il n'ait pas accès à la mère fragile, à la mère cassée, à la mère qui s’étiole devant une famille qu’elle ne reconnait plus, et sa seule parcelle d’authentique, de beau, qui vient de s’envoler vers d’autres cieux. Les pas d’Ezra dans mon dos, et le frisson que son approche me provoque même encore après toutes ces années. Il est doux, il est avenant, il tente d’être présent sans m’étouffer, il s’approche à tâtons, m’offre toute la liberté et le récponfort dont j’ai besoin d’un seul soupir. « Pas pour l’empêcher de faire ça... » défaitiste, et j’essuie du revers une larme supplémentaire qui n'en finit plus de couler sur ma joue. Je sais bien qu’il fait de son mieux pour me rassurer, je sais bien qu’au creux de ses pensées se loge tout ce qu’il a eu besoin d’entendre au décès de Ian, tout ce qui l’ait fait se sentir mieux, tout ce qu’il souhaite me partager pour m’aider à m’en sortir, à être plus qu’une loque persuadée d’avoir fait une erreur à un moment ou un autre, persuadée d’être une erreur en soit, en somme. « Et si j’ai simplement pas vu les signaux? Et si j’étais trop prise avec ma vie pour être disponible, pour l’aider à passer à travers la sienne? » le contact des doigts d’Ezra sur ma peau, mon corps qui trouve la chaleur du sien, et malgré ses bonnes intentions, malgré tout l’amour du monde que je lis dans ses prunelles, dans ses gestes, son ton, je tente de me garder, me fais violence pour retenir à l’intérieur ce qui jurerait avec le calme olympien de l’endroit, avec les personnes qui nous côtoient, avec tout ce qui ponctue ce genre de rassemblement que j’ai en horreur, que Jill aurait tout autant détesté. « Non, je… je lui téléphonerai plus tard. Je ne veux pas les déranger. » le temps que je me remette, le temps que je me change les idées, le temps que je ne craigne pas que ma voix se casse à l’autre bout du combiné, une fois que j’aurai entendu Noah jacasser à propos de sa journée. « Est-ce que tu peux, juste… me serrer? Fort? » et j’implore, comme rarement entre nous, et je prends le relai de l’intiative alors que je laisse mes bras s’enrouler doucement autour du jeune homme, presser ce qui me reste de corps contre le sien, enfouir mon front dans sa nuque, y étouffer un sanglot et un autre. Son parfum naturel qui a cet effet de calme instantané, le rythme de son coeur qui s’allie au mien, et doucement, je puise dans cette étreinte toutes les forces du monde. Une toux intrusive se fait entendre une poignée de minutes plus tard, suffisante pour que j’ouvre un oeil, accroche mon attention à une silhouette revêche, bras croisés, qui observe, n’apprécie pas le spectacle comme 8 ans auparavant. « Maman. » et lentement, à contre-coeur, j’esquisse un pas puis un autre pour me détacher d’Ezra, pour éviter d’ajouter une couche supplémentaire à mon mal-être devant la désapprobation toujours aussi virulente de ma mère envers l’homme de ma vie. « On vous attend à l’intérieur, pour la messe. »
« Je suis content que tu sois là. » la voix de Matt perce le silence de coton dans lequel était plongé la cuisine familiale, alors que j’aide mollement à disposer les craquelins et autres bouts de pain dans l’assiette. Le reste de la famille disposée autour de la grande table à manger dans la pièce d’à-côté, et un moment en solo avec mon grand frère comme il ne s’en fait plus, où on tente de s’apprivoiser, de mettre toutes ces années de hargne derrière nous au profit d’une soeur qui ne verra jamais si elle avait raison, si elle savait qu’overall, on se retrouverait un jour ou l’autre, Matt et moi. « Comme si j’avais pu ne pas venir. » que je laisse glisser, un sourire presque assumé sur le bout des lèvres. Aussi douloureux avait été l’aller pour venir les rejoindre, je ne me serais jamais vue nulle part ailleurs qu’ici en des temps pareils. Qu’il ait pu en douter même pendant une bribe de seconde me brise le coeur, et je préfère le nier platement plutôt que de réaliser une nouvelle fois le fossé immense que l’on a nous-même creusé entre nous depuis l’annonce de ma grossesse. « Écoute Gin, je... » et il se rapproche, il tente quelque chose, il pose sa main sur mon bras, et je ravale un énième soupir avant de l’attirer à moi dans un sanglot totalement assumé cette fois. « Je sais. » ce n’est rien, ce n’est pas grand chose, ce n’est qu’un premier pas supplémentaire, qu’une tentative. Mais je jure que l’air est un peu plus léger entre Matt et moi, lorsque nous passons la porte vers la salle à manger, que nous nous installons l’un face à l’autre, sur nos sièges. Je retrouve d’une main distraite les doigts d’Ezra sous la table, soulagée un peu plus de sentir à nouveau sa présence à mes côtés, de pouvoir compter sur lui comme toujours, de le laisser assister au début d’une trêve entre mon grand frère et moi. « Tu ne manges pas? » c’est papa qui brise le silence en levant une mine dubitative vers moi, de longues minutes plus tard, et mon assiette encore relativement pleine. Mon manque d’appétit n’avait jamais été un secret pour personne, et nombreuses avaient été les discussions jadis où on s’inquiétait de ma santé. Ce soir ne devrait pas faire exception à la règle, sachant toute l’émotion de la journée, mais je tente tout de mête de trouver un terrain d’entente, de faire amende honorable. « Je n’ai pas très faim. » que je justifie, sans la moindre agressivité dans le ton, doucement, l’air de vouloir simplement passer à autre chose, dormir, oublier la suite. « Et tu la laisses faire? » il tourne la tête vers Ezra, probablement très heureux de rejeter la faute sur les épaules du Beauregard par habitude. « Papa! » Matt prend la parole, sachant que dès l’instant où notre père s’attaque à mon mari, les minutes sont comptées avant que le drapeau blanc ne soit plus bien haut au-dessus de nos têtes. « Elle n’a que la peau sur les os. » maman souffle, toute aussi accusatrice, dans les détails, les iris qui grattent chaque parcelle de peau possible de voir se dégager pudiquement de ma tenue. « Je vais très bien, merci. » et je les rassure mollement j’en conviens, espérant que le seul timbre de ma voix calme les ardeurs, qu’on n’aborde pas les sujets qui fâchent alors que le deuil de Jill n’est même pas encore commencé. « Bien. » j’en étais à une fraction de seconde d’en venir aux menaces, la joute de regards noirs suffisamment maladroite pour que je leur dise de but en blanc que notre séjour pouvait très bien se terminer ce soir s’ils n'arrivaient pas à mettre un peu d’eau dans leur vin. Comme s’il avait compris d’un seul coup d’oeil, papa hoche de la tête, plonge ses lèvres dans son bourbon, finit par relever la tête vers nous peu de temps après. Et c’est là où je regrette de ne pas avoir assumé le pire, de ne pas avoir vu qu’il n’avait pris qu'une pause que pour revenir en force, aussi impoli et cruel puisse-t-il être lorsqu’il s’agissait du père de mon fils et de sa vendetta contre lui. « Alors Ezra. Toujours capable de subvenir aux besoins de ta famille? Le chéquier est disponible si besoin. »
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Ezra Beauregard
les adieux volés
ÂGE : trente-neuf étés colorés, né une certaine fête nationale australienne de quatre-vingt cinq. STATUT : le second mariage en grandes pompes est tombé à l'eau, et certains s'amuseront surement à lui dire 'on t'avait prévenu' en apprenant le comportement qu'a eu sa future-ex-femme dans son dos. MÉTIER : il n'est plus question de travailler aux côtés et/ou pour lily, donc machine arrière: il faut de nouveau qu'il se pose pour savoir que faire de toutes ces entreprises qui portent son nom sur le bail. LOGEMENT : #159 third street (logan city), où il a mis les affaires de lily sur le pas de la porte et a fait changer les serrures de la maison. tous les enfants vivent avec lui, dans un capharnaüm sans temps-mort. POSTS : 52573 POINTS : 120
TW IN RP : deuil, fausse-couche, maladie infantile (rémission), tromperie. ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : la famille avant tout › n'était pas donneur compatible de rein, don qui avait pour but de sauver son fils › cora coverdale est la plus belle, et bee scott beauregard › a rencontré son fils (2017); coup de foudre au premier regard, comme on dit › après une longue lutte pour le petit, pour Ginny, et finalement pour lui, Noah est enfin tiré d'affaire de cette maladie qui a failli lui coûter la vie grâce à une greffe de rein (octobre 2017).CODE COULEUR : cornflowerblue. RPs EN COURS :
EZRAUDEN › My loneliness is killing me, and I must confess I still believe. When I'm not with you I lose my mind. Give me a sign. Hit me, baby, one more time.
surprise:
RPs EN ATTENTE : charlie #2 › ginny #26 RPs TERMINÉS :
AVATAR : sam claflin. CRÉDITS : fassylover (avatar) › nobodys (profil gif) › RENEGADE (signature icons) › stairsjumper (le petit géranium+userbars) › harley (crackships ezrauden). DC : damon williams, la lueur de l'ombre (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › millie butcher, les enfants du silence (ft. zendaya coleman) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 07/04/2015
And the rain will fall, it falls for you. And the clouds will break into tears, You should be here standing so near to me. I know you should be sad, but give me time alone to get it out of my mind. Though say I know it's only the weather. 'Cause every time it rains you are gone and I'm blue. Then I wake up, then I wake up and the sun will shine if just for you. And the trees will talk to the skies, whispering lies, heaven will pass to me. Trains walk by and the birds disappear. Oh! Why am I still here without you by my side. So I cry your name and love, the thought to me is back and how near. Then I wake up, then I grow up.
« Pas pour l’empêcher de faire ça... Et si j’ai simplement pas vu les signaux? Et si j’étais trop prise avec ma vie pour être disponible, pour l’aider à passer à travers la sienne? » Les regrets ne pouvaient pas être si facilement que ça effacés - et c’était surement la partie la plus dure du deuil, lorsque vous perdez quelqu’un de si proche de vous. Ne pas s’en vouloir, accepter qu’il n’y avait rien eu à faire et que ce qui s’était passé n’aurait pas pu être évité. C’était compliqué à comprendre, encore plus compliqué à gérer. Parce-qu’on ne pouvait s’empêcher de toujours vouloir mieux faire pour les gens à qui on tenait. Ezra ne répondit cependant rien aux paroles de Ginny, parce-que même s’il savait quels mots pouvaient être prononcés pour lui faire du bien, remettre les morceaux de son coeur en place petit à petit, il savait aussi qu’elle avait besoin de s’exprimer sur le sujet. De laisser ses mots aller, de laisser ses pensées en arriver là pour mieux comprendre par la suite. Et aujourd’hui n’était pas le meilleur jour pour empêcher ça. Les réparations et l’effacement des doutes viendraient que plus tard, quand le coeur serait un peu plus apaisé. « Non, je… je lui téléphonerai plus tard. Je ne veux pas les déranger. » Il acquiesça d’un léger signe de tête. Il savait que Noah n’aurait jamais été dérangé réellement, même au milieu de la nuit, pour pouvoir parler avec sa mère - mais elle n’était pas encore prête à affronter son fils dans ces conditions. Et il fallait peut-être mieux épargner le gamin de tout ce décor qui les entourait, même à travers un téléphone. « Est-ce que tu peux, juste… me serrer? Fort? » Les prunelles d’Ezra qui vinrent croiser un instant celles de Ginny, lui offrant au passage un petit sourire presque soulagée, surtout amoureux, plein de douceur. « Bien sur mon amour, bien sur… » Quelques mots murmurés tendrement avant que les bras de la jeune femme ne vinrent d’eux mêmes s’enrouler autour du corps du jeune homme. Les bras protecteurs d’Ezra ne se firent pas prier pour venir prendre à son tour le corps fragilisé de Ginny contre le sien, s’en suivant de quelques baisers rapidement déposés contre son front, le sommet de son crâne. Puis, ce fut au tour du silence de venir les envahir. Pas celui qui faisait mal, celui qui était dur à porter - celui réparateur qui permettait d’apaiser les maux et les êtres. Et même si Ezra aurait voulu qu’ils puissent rester ainsi pour l’éternité, attendant que la douceur de la vie vienne de nouveau leur donner le sourire éclatant, ce fut la mère de Ginny qui les rappela à l’ordre, presque fatalement. « Maman. » Ezra ne se tourna pas de suite vers sa belle-mère, attendant un instant que l’effleurement de colère lui passe. Elle avait le don pour toujours être dans les scènes qui ruinaient tout. « On vous attend à l’intérieur, pour la messe. » Léger soupire presque inaudible de la part du Beauregard, et ce fut sans lâcher la main de sa femme qu’ils passèrent devant Marianne, la tête haute pour le jeune homme. Il ne voulait plus, ô grand jamais, avoir à baisser le regard devant les McGrath. Pas après ce qu’ils auraient pu déclencher, pas après les idées qu’ils avaient eu à leur encontre.
« Vous allez rester combien de temps, ici ? » Ezra, qui regardait jusqu’à présent à travers la fenêtre de la salle à manger, se permit de lever les yeux au ciel avant de se tourner vers Marianne, glissant ses mains dans ses poches. « Le temps nécessaire à Ginny, quelques jours je pense. On devrait rentrer avant de passer une semaine compète ici. » La question aurait pu être bienveillante, elle aurait du l’être. Mais venant de cette femme, venant de cette partie de la famille McGrath, Ezra savait que c’était plus par intérêt qu’elle était posée plus que par amour. Ils voulaient savoir jusque quand ils allaient l’avoir dans les pattes, et surtout jusque quand ils avaient pour tenter de convaincre Ginny de faire machine arrière, lui promettant surement de passer l’éponge sur les années qu’elle venait de passer aux côtés d’Ezra si elle restait avec eux pour la suite. Le jeune homme finit par hausser légèrement les épaules, avant de se glisser à sa place à table. Même s’il plaisantait quelques heures plutôt auprès de Ginny sur le fait qu’il passerait un repas aux côtés de son père si ça lui faisait plaisir, rien que de le voir sur sa gauche en bout de table lui hérissait le poils. Et il eut l’extrême privilège d’être assis en face de madame McGrath - comme s’il ne l’avait pas déjà assez vu aujourd’hui. Ginny et Matt finirent par regagner à leur tour la table alors que le silence devenait beaucoup trop pesant pour être sain autour de cette dernière. Il n’eut pas besoin de les observer longtemps pour savoir qu’une discussion avait eu lieu entre eux - et une plutôt bonne, il pouvait sentir cet air plus léger flotter autour de Ginny, ce semblait d’apaisement dans ces temps durs qui ne faisaient que commencer. Ce fut avec amour qu’il vint accueillir sa main dans la sienne, sous la table, comme ils avaient l’habitude de le faire à l’époque à Brisbane alors que la famille n’était pas encore au courant pour leur affaire - Ezra se demandait d’ailleurs comment ils avaient réussi à tenir si longtemps sans que Matt ne remarque rien. « Tu ne manges pas? » La voix du patriarche ne mit pas bien longtemps avant de venir résonner au coeur de ce diner. Les yeux d’Ezra voguait entre le père McGrath et Ginny, à ses côtés. Il se retenait de s’interposer, de sortir quelque-chose comme aller voir ailleurs et occupez vous de vos oignons - dans l’autre sens, peut-être - mais il savait que valait mieux pour lui qu’il se fasse petit. Dès qu’il commençait à discuter avec, ou plutôt argumenter contre, le père de Ginny, ça ne finissait jamais très bien. « Je n’ai pas très faim. » « Et tu la laisses faire? » « Papa! » Alors que les mâchoires d’Ezra commençaient à se serrer un peu plus que de raison, ce fut la voix de Matt qui vint interrompre tout ça. Il trouva ça étonnant de sa part, à la vue de sa proximité avec ses parents sur le sujet Beauregard - mais il fut positivement étonné au moins cette fois. Cela faisait des années que Matt n’avait pas prononcé une parole dans le sens d’Ezra - la discussion que Ginny et lui avait eu dans la cuisine avait du porter ses fruits plus qu’il ne l’imaginait. « Elle n’a que la peau sur les os. » Il soupira d’agacement. « Et c’est une grande fille. » Il n’avait pu s’empêcher, même si les mots qu’il venait de prononcer n’étaient pas forcément les mieux adaptés - Jill aussi était une grande fille et elle était la tristesse raison du pourquoi ils étaient tous assis à la même table aujourd’hui. « Je vais très bien, merci. » Le regard bienveillant d’Ezra qui se posait sur Ginny, en total connaissance de la situation chez eux. Ginny allait très bien, elle ne disait que vrai. Les dernières journées n’avaient juste pas été les plus faciles; elle avait le droit à un moment de répit. Et il ne la laisserait jamais se dégrader, se mettre en danger - mais il aurait fallu que les parents McGrath aient confiance en lui pour comprendre ça. « Bien. » Pendant un instant, Ezra y crut, à cette trêve, ce moment de réellement apaisement au milieu de ce diner. Il était juste encore trop naïf, comme à croire au miracle de noël. Sir McGrath ne prenait en réalité qu’une légère pause pour mieux attaquer, rassemblant ses troupes et stratégies, pour trouver le point sur le front qui ferait peut-être encore plus mal. « Alors Ezra. Toujours capable de subvenir aux besoin de ta famille? Le chéquier est disponible si besoin. » Ezra échappa tout d’abord à la fausse route en entendant les paroles de patriarche, hallucinant presque qu’il ait l’audace de venir aborder un tel sujet aux yeux du monde. D’habitude, il tentait de lui faire des remarques un peu plus subtiles que ça, de façon plus discrète. Il fallait croire que la disparition de l’une de ses filles lui donnait désormais tous les droits. Buvant une bonne gorgée d’eau pour éloignée la tousse tenace qui se mettait en place, Ezra se permit un petit rire moqueur par la suite. Il fallait croire que face aux McGrath, il ne savait pas souvent se tenir très à carreaux. Ou plus se tenir à carreaux - il était loin le temps où Ezra buvait une bière dans le jardin de leur villa à Brisbane, accueilli comme le quatrième enfant de la famille. « C’est que vous perdez plus de temps aux sous-entendus au moins maintenant, Isaïah. » Venant prendre sa serviette pour la glisser sur ses lèvres, Ezra finit par le déposer avec un peu trop d’ardeur sur la table, joignant ses mains, tournant définitivement son regard vers son beau-père. « Je n’ai jamais eu besoin et je n’aurai jamais besoin de ton chéquier. » « Surveille ton langage, jeune homme. » A quoi bon continuer le vouvoiement, alors que les hostilités étaient définitivement de mise ? Et puis, c’était quelque-chose qu’Ezra avait mis en place à partir de l’instant où ils avaient tous su pour sa liaison avec Ginny; avant cela, il avait toujours abusé du tu pour parler à celui qu'il avait longtemps considéré comme un deuxième père. Les tempes d’Ezra se contractaient au rythme de sa mâchoire, de ses inspirations et surtout de ses expirations plus qu’excédées. « Ce n’est pas parce-que tu penses que je suis un bon à rien que j’ai besoin d’argent. » Ce fut au tour du McGrath d’avoir un petit rire. « Tout le monde à besoin d’argent à un moment donné, et je ne croirais pas un seul de tes mots lorsque tu me dis que tu joins les deux bouts sans aucun problème. » Ezra secouait la tête, presque choqué par les propos qu’il tenait. Attrapant son verre de vin pour en finir le contenu, il finit par se lever de sa chaise sous les regard de Ginny et Matt, qui ne le lâchaient pas depuis le début. « Ca ne m’étonne pas, tu ne sais pas faire confiance à tes propres enfant, alors à moi n’en parlons pas. » Tournant finalement son regard vers Ginny, plein d’excuses, il finit par quitter la salle à manger en direction de la cour, attrapant directement une cigarette une fois le pied dehors mis.
And the rain will fall, it falls for you. And the clouds will break into tears, You should be here standing so near to me. I know you should be sad, but give me time alone to get it out of my mind. Though say I know it's only the weather. 'Cause every time it rains you are gone and I'm blue. Then I wake up, then I wake up and the sun will shine if just for you. And the trees will talk to the skies, whispering lies, heaven will pass to me. Trains walk by and the birds disappear. Oh! Why am I still here without you by my side. So I cry your name and love, the thought to me is back and how near. Then I wake up, then I grow up.
À la seconde où je quitte la cuisine avec Matt, je sais de suite que quelque chose cloche. Que l’air n’est pas lourd juste par impression, que les regards ne se font pas assassins simplement dans ma tête. Mon frère qui prend place en face de moi, comme tant d’autres fois avant, et elles sont loin les guerres de nourriture, les morceaux de pain que je lui lançais gamine, avant qu’il renchérisse avec des feuilles de laitue pour simple moyen de défense. C’est un silence empli de malaise, de mauvais sang, de rancoeur qui plane, et même si la main d’Ezra comble le vide au creux de mon coeur, et même si le simple contact de sa peau contre la mienne aide à soulager un brin la tension dans mes épaules, ce n’est pas suffisant. Pas devant les attaques d’abord sournoises de maman, accentuées des regards insistants de papa. Pas devant les questions à la forme passive, et les attentes si agressives que l’ambiance pourrait facilement être coupée au couteau. Ce n’est que lorsqu’on lâche du leste sur mon appétit d’oiseau qui avait été bien trop souvent pointé du doigt, pour porter la malice sur Ezra et des doutes sur son potentiel de soutenir comme personne sa famille que je me raidis sur mon siège, incapable de laisser le tout passer. « De où est-ce que ça vous regarde? » si Ezra s’attarde à tenir tête à mon père, c’est à maman que j’envoie ma question, foncièrement déçue, blasée, et horriblement blessée que l’accalmie ait à peine duré le temps qu’on dispose les carafes d’eau sur sa nappe de tissu brodé. « Virginia, pas maintenant. » si ce n'est pas maintenant, quand dans ce cas? Jamais en 19 ans de vie je n’avais eu le droit, le privilège, l’honneur de dire un mot plus haut que l’autre devant eux. Et ce soir, après presque 10 ans à ne plus avoir le moindre contact avec ma famille si ce n’est pour des banalités, voilà que rien ni personne ne respecte ma demande, l’entend surtout. À mes côtés, c’est mon mari que j’entraperçois piqué, et mon coeur se brise de savoir qu'on n'y croit pas, qu'on en rigole, alors que je n’avais jamais manqué de rien dès l’instant où je l’avais choisi envers et contre tous. Ezra m’avait tout donné, Ezra avait été mon monde, mon univers, il l’était encore, et j’étais prête à nous défendre bec et ongles pour qu’on finisse de s’en prendre à notre bonheur si difficile à comprendre de leur point de vue. « Vous n’avez pas à vous mettre le nez là. » que je renchéris, sachant très bien qu’il est trop tard, que papa a depuis un bon moment déjà craché son venin, et qu’il n’en est qu’au premier round avant de vraiment bousculer le peu de calme que nous réussissions à entretenir depuis que le Beauregard et moi avions posé le pied à Londres quelques jours auparavant. « Virginia. » sa voix claque, résonne, mais pas autant que les pas d’Ezra qui quitte la pièce, retenant une furie et une autre de dire trop fort, trop mal sa pensée. Son absence me pèse, de le savoir si loin, incapable de changer quoi que ce soit, de sauver la donne, d’alléger son mal-être et les doutes qui, je suis persuadée, trouveront le chemin jusqu’à sa tête et son coeur même si jamais je n’aurais voulu qu’il vive pire calvaire, suffit à ce que je me lève à mon tour, accusatrice. « Est-ce que c’est si difficile de voir que je n’ai plus besoin de vous? » « Virginia, ça suffit. » « Non, ça ne suffit pas. »
Personne autour de cette table n’était habitué à la suite. Personne n’avait vu ne serait-ce qu’une bribe de caractère de ma part, d’aussi loin que je me souvienne. Pas que j’avais développé autre chose que de l’endurance avec eux, pas que j’avais le mépris au coeur non plus. Mais c’en était assez. C’était trop, de croire que j’accuserais, que je ravalerais la tête haute pour leur faire plaisir, pour éviter les vagues, pour ne pas défendre ce qui était si cher, plus important que tout le reste à mes yeux et à jamais. En s’attaquant à Ezra, ils s’étaient attaqué à moi. « Ça n’a jamais suffit, que vous vous chargiez de tout, que vous vouliez tout endosser, que vous vouliez tirer les ficelles. » papa soupire, attire son verre contre ses lèvres, laisse une longue lampée noyer ses sens. Maman retient un hoquet, fuit mon regard. Matt pour sa part, ne m’a pas lâché des yeux une seule seconde depuis tout à l’heure. « Ça n’a pas suffit il y a 8 ans, et ça ne suffira pas aujourd’hui non plus. » évidemment qu’ils m’avaient étouffée jadis. Évidemment qu’ils avaient eux-mêmes couru à leur perte en tentant si longtemps de contrôler ma vie, de m’imposer leurs choix, leurs décisions, leur vision pour tout et en tout. Le jour où j’étais tombée enceinte, le jour où ils avaient su pour Ez et moi, le jour où tout avait basculé et que je les avais quitté sans remord aucun, c’était bien ce qui avait prouvé que j’avais besoin d’air, que j’avais besoin de souffler, de vivre, de faire mes propres choix. De me prouver que j’étais forte, sans eux. Que j’y arriverais, pour moi et moi seule. « Je croyais, j’espérais qu’en venant ici, avec tout ce qui s’est passé, avec Jill, avec les années derrière nous, qu’on arriverait enfin à s’entendre. À se respecter. » et hélas, c’était bien risible maintenant, voyant comment la même rengaine, les mêmes tentatives de me faire taire, de m’intimer à me réinstaller sur ma chaise, à manger une bouchée et une autre, à acquiescer à tout ce qu’on me dira sous prétexte que les parents ont toujours raison suffira. Non. « Mais c’est peine perdue. » et je n’en ai plus, d’énergie pour eux. Et j’ai vu mon dernier espoir filer alors que papa ne me retient même pas lorsque je quitte la table. Que maman nie le reste, se servant une énième coupe de vin qu’elle engloutira quand j’aurai quitté la pièce. Dans mon dos, la paume appuyée sur la porte, à une fraction de seconde de les quitter pour toujours une seconde fois, c’est Matt qui casse le reste, casse la dramatique. « Gin... » et il supplie, sa voix bien plus faible que je ne l’avais jamais entendue. « Gin, pars pas, pas encore. » je n’ose pas le regarder. Je n’ose pas le voir, alors que je finis par répondre, les yeux perdus au sol, le souffle qui s’arrête. « Je suis jamais revenue, Matt. »
Ezra m’attend dans le jardin. C’est la lueur d’une énième clope au bout de ses doigts que je repère dans la pénombre, et qui me guide jusqu’à lui. La lune qui caresse sa joue, et sa silhouette que je rejoins à tâtons. Il ne me verra à sa gauche qu’au tout dernier moment, alors que je finis par poser avec toute la douceur qui me reste mes lèvres sur les siennes, mon front qui prend appui, et son parfum qui se mélange à l’odeur âcre du tabac trahissait son malaise. « Je t’aime. J’ai besoin de rien, de personne, j’ai juste besoin de toi. » un soupir dans la nuit, et mon corps que je colle au sien, lui qui était devenu au fil des ans ma bouée, mon pilier, mon point de raccord, mon seul, mon tout. « On retourne à la maison. J’ai essayé pour elle, mais… mais il… et elle… et je... » mes mots se perdent mais il n’en fera pas fi. Il sait. Que j’aurais tant voulu que tout ceci ne soit qu’un mauvais rêve, que le salut vienne, qu’on me pardonne, qu’on nous fasse une place ici comme il se doit, comme on l’avait mérité. Que le départ de ma soeur soit une façon horrible mais nécessaire de repartir sur de bonnes bases, de construire du beau, du solide, et d'oublier, d’accepter le passé. Mais comme depuis toujours dans cette histoire, ce serait Ezra et moi contre tout le reste. « Ginny! » comme avant, comme à l’époque où tout ceci était interdit, prohibé, j’ai un mouvement de recul qui m’éloigne d’Ezra, de ses bras entre lesquels je me blottissais depuis ma fuite. Matt nous rejoint bien vite, les mains dans les poches, la mine pas du tout reposée, tout sauf en confiance. Il a de vilaines rides d'inquiétude qui tailladent son front, qui froncent son visage. Il est loin, le grand frère souriant, joueur, moqueur que j’avais connu. « Pas toi aussi. S’il-te-plaît. » parce qu’il y avait eu de l’avancée entre nous, parce que j’y croyais, à ses bons mots. Et que s’il tentait de me convaincre de rester, de leur faire confiance, de leur donner une énième chance, c’en serait trop. Il se ravise, s’explique. « J’ai été con sur toute la ligne. Ils ne le verront jamais, mais moi je… moi je le vois. » d’un geste, d’un mouvement, il se tourne vers Ezra, puis revient vers moi. Nous détaille, nous couve, nous voit probablement pour la première fois. « Pour ce que ça vaut, vous avez ma bénédiction. »
Made by Neon Demon
Ezra Beauregard
les adieux volés
ÂGE : trente-neuf étés colorés, né une certaine fête nationale australienne de quatre-vingt cinq. STATUT : le second mariage en grandes pompes est tombé à l'eau, et certains s'amuseront surement à lui dire 'on t'avait prévenu' en apprenant le comportement qu'a eu sa future-ex-femme dans son dos. MÉTIER : il n'est plus question de travailler aux côtés et/ou pour lily, donc machine arrière: il faut de nouveau qu'il se pose pour savoir que faire de toutes ces entreprises qui portent son nom sur le bail. LOGEMENT : #159 third street (logan city), où il a mis les affaires de lily sur le pas de la porte et a fait changer les serrures de la maison. tous les enfants vivent avec lui, dans un capharnaüm sans temps-mort. POSTS : 52573 POINTS : 120
TW IN RP : deuil, fausse-couche, maladie infantile (rémission), tromperie. ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : la famille avant tout › n'était pas donneur compatible de rein, don qui avait pour but de sauver son fils › cora coverdale est la plus belle, et bee scott beauregard › a rencontré son fils (2017); coup de foudre au premier regard, comme on dit › après une longue lutte pour le petit, pour Ginny, et finalement pour lui, Noah est enfin tiré d'affaire de cette maladie qui a failli lui coûter la vie grâce à une greffe de rein (octobre 2017).CODE COULEUR : cornflowerblue. RPs EN COURS :
EZRAUDEN › My loneliness is killing me, and I must confess I still believe. When I'm not with you I lose my mind. Give me a sign. Hit me, baby, one more time.
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RPs EN ATTENTE : charlie #2 › ginny #26 RPs TERMINÉS :
AVATAR : sam claflin. CRÉDITS : fassylover (avatar) › nobodys (profil gif) › RENEGADE (signature icons) › stairsjumper (le petit géranium+userbars) › harley (crackships ezrauden). DC : damon williams, la lueur de l'ombre (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › millie butcher, les enfants du silence (ft. zendaya coleman) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 07/04/2015
And the rain will fall, it falls for you. And the clouds will break into tears, You should be here standing so near to me. I know you should be sad, but give me time alone to get it out of my mind. Though say I know it's only the weather. 'Cause every time it rains you are gone and I'm blue. Then I wake up, then I wake up and the sun will shine if just for you. And the trees will talk to the skies, whispering lies, heaven will pass to me. Trains walk by and the birds disappear. Oh! Why am I still here without you by my side. So I cry your name and love, the thought to me is back and how near. Then I wake up, then I grow up.
Les pas qui se précipitaient en dehors de ce carnage, ce chaos qui avait pris place il y a bien des années. Le coeur lourd et meurtri alors que les doigts d’Ezra étaient tremblant pour attraper sa cigarette. Les quelques premières bouffées suffirent à calmer son esprit, ralentir son coeur. Il savait que c’était autant risqué pour Ginny que pour lui de venir ici aujourd’hui. Il savait qu’il s’était lancé dans la gueule du loup, directement et sans filet, parce-qu’il n’aurait jamais pensé la laisser seule face à eux. Mais à chaque fois, et malgré tous les efforts qu’ils pourraient toujours faire, ils trouvaient quelque-chose pour les rabaisser. C’était peut-être infime, si ridicule que beaucoup de gens n’y auraient pas prêté attention. Mais Ezra connaissait les McGrath d’avant, il connaissait les personnes qu’ils savaient aussi être lorsqu’il faisait partie de leurs favoris, du cercle intime. Et ça lui faisait mal de voir comment ils étaient toujours autant capables de retourner leurs vestes, à l’infini. Le bruit du briquet qui annonçait l’arrivée d’une nouvelle cigarette, et les nerfs qui se détendaient tant bien que mal. Une pensée pour Ginny qui était restée à table et Ezra se sentit mal pour le coup. Il lui avait promis de rester à ses côtés, envers et contre tout - et le vouloir à déguerpir à la moindre attaque du patriarche. S’il y avait cependant bien une personne sur cette planète qui lui donnait du fil à retordre et de l’urticaire à la fois, c’était son beau-père. Il saurait cependant se rattraper, lui faire comprendre - et il savait qu’elle ne lui en voudrait pas tant, car même elle n’était pas dans une position idéale face à son père. Ezra l’avait compris depuis des années, mais avait toujours du mal à comprendre comment un père pouvait autant renier un enfant. Son propre père n’avait jamais été un exemple parfait, mais au moins jusqu’à maintenant il avait réussi à tordre un minimum ses principes qui lui étaient propres pour continuer d’aimer et d’accompagner ses enfants du mieux qu’il le pouvait. Et il était vrai que la perte de l’un de ses frères y avait été pour beaucoup dans l’histoire, il était vrai que ça n’avait fait que resserrer les liens déjà bien présents au sein des Beauregard. Il avait peut-être trop naïvement pensé que ça pourrait jouer ici aussi pour les McGrath. Ses pensées étaient tellement prenant qui ne vit pas de suite Ginny arriver sur le côté, venant se glisser auprès de lui avant même qu’il n’ait le temps de reprendre un sourire de façade - même s’il n’avait aucune honte, aucune gêne à lui montrer à quel point les paroles d’Isaïah l’avaient touché, il ne voulait pas lui ajouter cette couche supplémentaire à supporter, pas aujourd’hui. Et de toutes façons, toutes ces hésitations, ces pensées déchirées et ce coeur toujours affaibli furent en un instant réparés dès qu’elle vint poser ses lèvres sur les siennes. C’était ça, sa force de tous les jours. Ces petits riens, mais qui venaient le rendre le plus heureux et amoureux des hommes. Sa main libre vint attraper la taille de la jeune femme pour prolonger ce baiser un instant, rien qu’un instant - c’était peut-être tout ce dont il avait besoin en ce moment, un instant de sérénité. « Je t’aime. J’ai besoin de rien, de personne, j’ai juste besoin de toi. » Le soupir d’Ezra qui vint se confondre à celui de Ginny, son bras qui vint entourer complètement la taille de la jeune femme alors qu’il se dit qu’elle avait simplement raison. Ils se tordaient encore surement l’esprit pour rien après toutes ces années. Car tout ce dont ils avaient besoin se tenait juste sous leurs yeux, même après tout ce temps. Les lèvres d’Ezra vinrent s’appuyer de nouveau contre le front de la jeune femme, déposant quelques baisers tendres. « On retourne à la maison. J’ai essayé pour elle, mais… mais il… et elle… et je... » Il vint lâcher sa cigarette pour venir prendre à la place délaitement le visage de Ginny au creux et de ses mains, laissant son regard un instant plonger dans le sien. « Je t’aime aussi. Et je sais, mon amour, je sais… » Une demi-voix prise pour ne pas impacter davantage le moment, ses lèvres qui vinrent se poser de nouveau presque furtivement sur celles de sa femme, et les bras qui trouvèrent naturellement leur place autour de la jeune femme. La protéger, l’aimer - tout ça, il l’avait juré le jour où ils avaient uni leurs destinées et il n’était pas prêt d’y renoncer. Si ça devait se traduire en la protéger de sa propre famille, malheureusement, il le ferait. « Ginny! » Fermant les yeux, Ezra se fit violence pour retenir le soupire las qui tentait de se frayer un chemin jusque ses lèvres. Existait-il un monde quelque-part où ils pourraient passer plus d’un instant sans être interrompus par un McGrath ? Instinctivement, Ginny vint se décaler d’un pas, mettre un espace entre eux deux - et même s’il savait ce geste simplement réflexe, Ezra en avait le coeur tordu de voir qu’après tout ce temps, certaines mauvaises habitudes avaient toujours la peau dure. « Pas toi aussi. S’il-te-plaît. » Il ne dit rien, mais n’en pensait pas moins. Il savait Matt dans le camp de ses parents, mais il y avait fort à parier qu’aucun d’eux n’avait besoin d’ajouter ne serait-ce qu’une parole à ce sujet. « J’ai été con sur toute la ligne. Ils ne le verront jamais, mais moi je… moi je le vois. » Alors, Ezra daigna se tourner à son tour face à Matt. Parce-que pour la première fois depuis longtemps, surement trop longtemps, il avait l’impression d’être de nouveau en phase avec cet homme qu’il avait tant apprécié et admiré un temps. Les regards se croisèrent, celui d’Ezra chargé d’interrogations. Car un Matt qui se met à nue de la sorte, c’était un Matt en malêtre. Et pour une fois, ne serait-ce que pendant un instant, Ezra le voyait aussi. « Pour ce que ça vaut, vous avez ma bénédiction. » Il fallait un instant ou deux à Ezra pour comprendre ce qui était réellement en train de se passer sous leurs yeux. Ce même Matt qui lui avait promis de lui faire la peau s’il le voyait de nouveau aux côtés de sa soeur était en train d’approuver leur mariage. Toutes ces années à s’éconduire, à se regarder de travers et à nourrir des tords presque inexistants l’un envers l’autre pour qu’il finisse par revenir vers lui, vers eux, et leur présenter ce qui était le plus proche d’une excuse. Alors, et Dieu savait que ça faisait longtemps que ce n’était pas arrivé dans ce genre de situation, et surtout à l’endroit où ils se tenaient, Ezra se sentit quelque peu soulagé - plus léger, plus en paix. « Tu sais… » Prenant une nouvelle inspiration, il tourna d’abord son regard quelques secondes vers Ginny avant de le reporter sur Matt. Il savait qu’il s’avançait peut-être un peu trop déjà dans cette affaire, prenant un risque un peu trop probable d’arriver. Mais il se devait de le dire - pour elle, pour lui, pour soi-même. Le temps des non-dits et des rancoeurs pouvait toucher à sa fin. Il y avait longtemps cru, et avait surement perdu l’espoir entre le premier et le deuxième verre de vin de la soirée - mais il se devait de dire à haute voix ce qu’il avait sur le coeur en ce moment même. « Ginny n’est pas la seule qui aurait eu besoin de prendre l’air, ce soir là. » Partir de la sorte, lancer le sujet comme ça était le meilleur moyen de glisser sur la pente raide. Mais en présence de ces deux McGrath, ça aurait du être l’honnêteté qui aurait du primer. Tenter le tout pour le tout avant de plier bagages était surement le mot d’ordre. « En tous cas tu pourrais surement avoir besoin de prendre l’air un peu toi aussi, même si t’en as pas encore forcément l’impression. Et… » Il haussa légèrement ses épaules. « On a une chambre d’amis. »
And the rain will fall, it falls for you. And the clouds will break into tears, You should be here standing so near to me. I know you should be sad, but give me time alone to get it out of my mind. Though say I know it's only the weather. 'Cause every time it rains you are gone and I'm blue. Then I wake up, then I wake up and the sun will shine if just for you. And the trees will talk to the skies, whispering lies, heaven will pass to me. Trains walk by and the birds disappear. Oh! Why am I still here without you by my side. So I cry your name and love, the thought to me is back and how near. Then I wake up, then I grow up.
La ressemblance du jardin ici à celui où tant d’autres fois Ezra et moi nous nous étions cachés du temps de Brisbane n’est pas à négliger, et c’est un drôle de pincement au coeur qui me le rappelle, maintenant que je le retrouve dans la pénombre, et que les divers mégots siégeant à ses pieds me confirment que tout comme moi, il en a assez. « On n’a plus rien à faire ici. » qui répond à ses baisers, ses caresses. À ce cocon qu’il me tarde de retrouver, et à ce que son contact me rappelle. Pourquoi est-ce que j’avais mis tant d’espoirs en sachant très bien comment tout ceci se terminerait? Qu’est-ce que j’avais bien pu croire, envisager, en mettant seulement le pied ici, en prévoyant rester quelques jours, bêtement naïve que la vie reprendrait un cours normal, sain? C’était là la blague, la douce ironie : dans un instant où tout avait basculé, dans un monde où ma soeur n’était plus et où Matt avait fait un bref premier pas vers moi, j’y voyais tout un univers de possibles, du tangible, trop de facilité peut-être. Retrouver mes racines, renouer avec ma famille, l'instinct de leur prouver qu’envers et contre tous, Ezra et moi allions survivre à tout. Qu’ils avaient eu tort, mais que c’était de l’histoire ancienne. Que l’amour était toujours là, que mes liens étaient toujours à vif mais bien présents. Et puis quoi encore. Les paumes d’Ezra qui se referment sur moi, et le soupir de soulagement qui suit, se loge au creux de sa nuque comme un énième secret, comme si tout ceci ne nous atteignait pas, ce qui est un peu le cas. Et c’est l’évidence que notre place est à Sydney avec Noah, avec cette autre famille qu’on s’est tissée, et qui a su nous combler durant toutes ces années. C’est la logique, c’est la suite, c’est la conclusion, et ç’aurait pu se terminer ici, au beau milieu de la nuit, si Matt n’était pas apparu sous l’éclat de la lune, s’il n’avait pas déboulé comme tant d’autres fois avant. Enregistrés comme les réglages d’une horloge, ce sont mes pieds qui font le mouvement de recul, qui initient le soubresaut au grand dam de mon coeur qui manque un battement, qui m’en veut de m’arracher si vite et si mal au Beauregard, lui qui en profite pour faire craquer son briquet à nouveau. Un silence s’installe, mes supplications envers mon frère de nous laisser libres, de ne plus rien tenter, de ne pas nous faire ça en plus du reste. Et alors qu’il s’ouvre, qu’il confie son mal-être, y’a ces mots sur ses lèvres que je ne conçois pas, y’a ce commentaire, cette phrase, toute la douceur du monde dans sa voix et dans son regard. « Pour ce que ça vaut, vous avez ma bénédiction. » il me faut une bonne fraction de seconde avant de retrouver le souffle, avant de comprendre, de capter ce que tout ceci signifie, ce qui rattache la pression lâchée de mes épaules, ma cage thoracique qui est restée oppressée pendant des années, avec la plus salvatrice des lenteurs, qui commence doucement à s’ouvrir. Alors que je cherche mes mots, que je ne trouve rien, c’est Ezra qui s’offre pour la suite, qui assume chacune de ses paroles, et mon regard se vrille dans sa direction. Lui qui sait quand prendre le relai, qui connaît chacune de mes tares, et cette incapacité à ajouter une seule syllabe qu’il couve avec son propre discours. « Qu’est-ce que tu veux dire? » mon mari qui esquisse un pas vers Matt, mon coeur qui se serre. Et voilà qu’il lui offre un toit, qu’il lui offre une seconde chance, une nouvelle vie. Asile chez nous comme j’en ai bêtement rêvée, comme si la nuit où j’avais décidé de quitter ma famille aurait été le déclencheur pour que Matt fasse de même, et qu’il tienne sa promesse de toujours veiller sur moi, sur nous, sur Noah. Devant tout ce qu’Ezra verbalise, c’est un silence de glace qui subsiste, et rien ni personne n’ose faire le moindre bruit, laisser s’échapper la moindre esquisse de son, tellement le moment a été anticipé, espéré, difficile à brimer. Et je n’en peux plus, un bout d’un instant. Ce sont mes doigts qui se triturent les uns les autres, c’est mon regard qui chavire entre l’homme de ma vie et celui qui représente mon sang, mon modèle. C’est ce besoin, cette nécessité d’avoir l’heure juste, et surtout cette crainte viscérale que nous n’ayons pas tout fait, tout dit, tout donné pour que Matt comprenne à quel point ceci changerait tout, à quel point le retrouver durant ce séjour a eu l’effet du plus calmant des baumes sur mon âme. « Je sais que c’est 8 ans qu’on doit apprendre à effacer, là, de suite. » contre toutes attentes, je sors de mon mutisme pour hausser le menton, faire face, front. « Je sais que c’est une décennie à accumuler de la rancoeur et de la rage et de la peine et des doutes et tout un mélange de sentiments horribles que personne ne devrait vivre aussi intensément et aussi longtemps, mais... » et je lutte, je me fais violence pour garder ma voix de trembler, mes mains de s’agiter à la vue de tous, les larmes de casser la porcelaine de mon visage, mon expression prudente, calme, posée mais tellement tremblante de l’intérieur. « … mais Matt, s’il-te-plaît, ne reste pas derrière. » la supplication qu’il aurait dû entendre à la seconde où j’ai pris la poudre d’escampette, où j’ai fui une maison qui n’était plus la mienne pour rejoindre celui que j’aime de tout mon coeur depuis. « Je ne reviendrai plus. Je n’en ai plus du tout l’intention, et encore moins la force. Ce sont des adieux, là. » et elle tente le tout pour le tout Ginny, elle est impassible, et tellement brisée aux yeux des autres. Elle se promet que demain, si la promesse d’un jour nouveau ne prend pas la fuite avec nous, ce sera fini. Terminé. Dossier clos, rangé, nié au possible, pour cette vie et les suivantes. « J’espère que tu y réfléchiras. » Matt hoche de la tête en silence, bafoue un mot ou deux, m’embrasse des prunelles comme si c'était suffisant ; mais je sais que rien n’est moins sûr. Que tout porte à changer, qu’il ne sait rien de la finalité qu’il désire, et qu’il est incapable de nous répondre sur l’entrefaite. Ma main trouve celle d’Ezra à la seconde où la silhouette de mon frère nous quitte. D’un coup d’oeil, d’un sourire, je sais que malgré tout le reste, j’y survivrai. « Et après, je croyais qu’il était impossible de t’aimer plus encore. »
« Sydney, vol 934, veuillez procéder à l’embarquement à la porte 6-B. » l’aéroport comme un labyrinthe, comme les dédales de mes pensées qui se mélangent depuis hier, et mes pas qui suivent ceux d’Ezra maintenant qu’il anticipe à merveille mon esprit qui vogue, mes sens qui sont tout sauf ici, maintenant. C’est lui qui guide le pas, c’est lui qui s’occupe d’enregistrer nos bagages, de faire le trajet vers l’emplacement où récupérer les billets. C’est lui qui s’assure que nos bagages sont en soute, que nous sommes à l’heure, que chaque détail est réglé avec justesse et précision, que je n’ai pas du tout besoin de me prêter à réfléchir à quoi que ce soit. La nuit avait été difficile, et évidemment, le sommeil impossible à trouver. Ce n’était qu’à l’aube où j’avais retrouvé un semblant de constance, quand Ez avait fini par ouvrir un oeil et m’entr’apercevoir, installée sur le rebord de la fenêtre à regarder doucement le jour se lever. Il savait, que la suite ne serait pas de tout repos. Mais il n’avait jamais été aussi solide, aussi fort, aussi présent et aimant que dans tous ses gestes depuis. Chaque caresse qui soulageait un peu plus, chaque baiser qui apaisait l’espace d’une seconde supplémentaire. « J’aurais voulu qu’il vienne. J’aurais voulu que ce soit plus que des mots, qu’il fasse à nouveau partie de la famille. » la file s’allonge doucement vers les portes, et toujours aucun signe de Matt, toujours aucune réponse de sa part. Il sait pourtant, à quelle heure nous quittons. Il nous a vus du haut de l’escalier, quitter le manoir quatre heures plus tôt. Et pourtant, rien ni personne qui puisse me donner l’heure juste. Au final, c’est peut-être ce qu’il me faut, non? Un nouveau départ, une coupure, une réponse qui s’impose d’elle-même, et aucun au revoir poignant qui finisse par nous briser le coeur en plus de morceaux qui ne l’était actuellement. Ezra toujours là, Ezra qui ne bouge pas, une bouée dans ce monde-là, et j’espère qu’un jour je serai aussi solide que lui. Ce n’est que lorsque mes iris trouvent les siens que j’y vois autre chose, différent, un air ébahi, une infinité de questions. Et s’il ne me répond pas tout de suite, le jeune homme finit par m’intriguer à regarder tant par-dessus mon épaule, à voir dans l’angle, tout derrière moi ce qui suffit à faire volte-face, à ce que je détourne les yeux sans volonté aucune. « Hey. » la voix de Matt qui raille, et cette brèche dans sa gorge, cette cassure que je connais pour l’avoir entendue, tout juste avant qu’il m’annonce pour Jill. À chaque fois où il ne pouvait pas venir à un vernissage à l’Académie. À chaque soirée où il avait fini en mauvais état pour s’être battu comme l’idiot qu’il était, et où il toquait à ma porte pour que je me charge de ses pansements discrètement. « C’est bête, j’avais lu 16-B. » et je les retiens à peine, les larmes qui naissent au creux de mes paupières, le voyant lui même qui essuie du revers de sa paume ce qui bousille l’air si fort, si stoïque, si imbu qu’il entretient au centimètre près d’aussi loin que je me souvienne. « Ça passe, si je tente de vous négocier le hublot? » l’instant d’après, je suis dans ses bras, et lui dans les miens, non sans remarquer son attention qui dérive vers Ezra, qui s’assure qu’il pense toujours ce qu’il a pu dire la veille, que tout n’ira mieux qu’à partir de maintenant.
« Noah, on a une surprise. » il est assoupi le petit coeur, lorsque j’entre dans la chambre d’amis que Tad lui a dédiée pour les fois où il passe se prendre pour le coloc du musicien. Un grognement, il se frotte les yeux de ses petites paumes, les mèches hirsutes typiques du Beauregard en lui. Et j’en profite pour l’embrasser sur le front, sur les joues, à la naissance de sa mâchoire, là où je sais qu’il soupirera, un rire et un autre, le chatouiller pour entrecouper doucement son réveil nocturne et le décalage que je lui impose en m'immisçant dans la pièce au beau milieu de sa nuit. « Tu te souviens de Matt? » la question est rhétorique, bien sûr qu’il sait de qui je parle, le grand frère toujours ambiant, sur quelques photos, à travers quelques histoires. Comme un fantôme d’une autre vie que Noah a appris à connaître à travers les souvenirs de son père, les miens, ceux qui ne font pas mal, ceux qui nous rappellent l’époque où tout allait bien. « Celui qui boit de la bière et qui vendrait son âme pour de la pizza? » j’entends un rire qui provient du couloir, et j’ignore de qui il vient, si c’est Ezra, si c’est son coeur qui s’est allégé, de voir qu’enfin on a réussi, qu’enfin on a en mains les morceaux à recoller, que le chemin sera long, mais qu’il sera bon, parce que maintenant on le traversera à trois. Et j’ignore si c’est Matt, cette partie de moi que j’avais cru perdue à jamais qui vient tenter mieux, retrouver sa place à nos côtés, reconstruire ce qui a été si difficile à détruire. De l’un et de l’autre de ces scénarios, j’ignore aussi et surtout ce qui me fait le plus plaisir, mais je sais que ce grand sourire qui orne mes lèvres est le résultat de les sentir tous les deux derrière moi, qui entrent à petits pas, qui me rejoignent aux côtés de mon fils, maintenant qu'il se redresse dans la foulée. « Dans le mile, bonhomme. »