Angelina Gilmore coupa le contact et jeta un coup d’oeil à son fils dans le rétroviseur. Il dormait paisiblement dans le siège arrière et il risquait de ne pas apprécier d’être réveillé au beau milieu de sa sieste. La jeune maman prit une grande inspiration et baissa le pare-soleil pour s’inspecter rapidement. Elle étala au doigt son baume à lèvre hydratant. Elle était très peu maquillée en journée contrairement au soir lorsqu’elle travaillait au bar. Sa beauté naturelle et froide faisaient tout de même le job sans qu’elle n’ait à s'embarrasser automatiquement d’artifice.
La belle brune fit claquer la portière du côté conducteur et passa à l’arrière pour récupéré son fils Abel, âgé de trois ans. “Allez mon doudou réveille toi…” Le petit garçon émit un grognement bref et se mit à chouiner lorsque sa mère insista pour le retirer de son siège. S’ensuivit une crise de larme phénoménale qui dura une bonne dizaine de minutes. Abel avait déjà son petit caractère et Angie se demandait souvent si c’était dû à l’absence d’un paternel.
En parlant de paternel, la jeune femme s’était déplacé jusqu’à ce lycée de Brisbane pour annoncer une nouvelle fracassante à celui qui avait été son ex. Les années avaient passées et Angie avait cru naïvement qu’elle pourrait se voiler la face toute sa vie. Mais son passé l’avait rattrapé et il était maintenant temps de réparer les pots cassés.
Lorsqu’Abel fut enfin enclin à sortir de son siège auto, Angelina le prit dans ses bras et elle prit le chemin du lycée. Elle avait eu peur que son fils se débatte à cause de mauvaise humeur mais le flux d’adolescents bruyant retint immédiatement son attention et se chargea de le distraire. Elle passa devant la loge et le gardien l’interpella. “Je peux vous aider ma petite dame ?” Ma petite dame. Angelina détestait ce genre de petit nom ridicule mais si elle voulait intercepter Arthur sans qu’on lui annonce sa venue, il valait mieux se mettre le gardien dans la poche. La jeune femme se fraya un chemin parmi les adolescents et arriva devant la loge. “Bonjour Monsieur, je suis la compagne d’Arthur Iver, un des professeurs.” Visiblement ravi de s’adresser à une si charmante créature, le gardien ne chercha pas à comprendre et l’encouragea à pénétrer dans l’enceinte de l’établissement. “Vous le trouverez sûrement au troisième étage, dans la salle 32A, il va rarement en salle des professeurs.” Voilà qui ne l’étonnait guère.

La belle australienne prit donc le chemin de la classe indiquée. Ca lui faisait bizarre de se retrouver au milieux de lycéens, elle qui n’était jamais allé à la fac et s’était arrêté après avoir été diplômée du secondaire. Abel ne semblait pas intimidé pour un sous et adresser des coucous et des sourires à toutes les personnes qui croisaient leurs chemins. La plupart du temps des filles, le fils d’Angelina semblait déjà avoir un faible pour les jolies blondes.

Arthur Iver était là. En train de corriger des copies, sûrement. Abel toujours bien calé sur sa hanche, la jeune femme choqua doucement ses phalanges sur sa porte. Arthur leva la tête vers elle. “Salut.” Elle lui adressa un faible sourire. “Je crois que j’ai quelque chose à te dire.”

Une journée comme une autre au lycée de Brisbane. Une journée remplie de cours, de bruits de couloir et de préparation pour le premier bal de l’année. Franchement, tu te passerais bien de ces festivités mais étant un des professeurs célibataires, tu étais d’office désigné comme chaperon à ce genre d’évènements. N’étant pas trop regardant sur ce que tes élèves tramaient durant cette soirée, tu étais devenu leur chaperon préféré. Et à ce titre, ils semblaient tous penser que tu étais là aussi pour les aider à décrocher le rendez-vous de leurs rêves. Certes, tu draguais tout ce qui bougeait dans les bars de Brisbane depuis plusieurs années mais cela ne faisait pas de toi un expert pour charmer le rendez-vous en question. Tu avais été là pour anticiper des catastrophes cependant, évitant à certains de tes élèves une humiliation certaine. Au fond, c’était un peu pour ces petits moments là que tu aimais tout particulièrement enseigner. Te retrouver plongé au milieu de toutes ces histoires si innocentes finalement, c’était quelque chose qui te faisait du bien. C’était en tout cas beaucoup plus agréable que le paquet de copies qui t’attendait sur ton bureau pour ton heure de libre. Tu avais une heure à tuer au milieu de la journée et tu laissais toujours ta porte ouverte au cas où certains élèves auraient des questions. Tu en profitais aussi pour manger par la même occasion, chose devenue bien difficile depuis que ton bras était dans un plâtre. Mais bon, il faut savoir s’adapter dans la vie non ? Ce n’était pas la fin du monde …

Après un repas qui prit le double du temps habituel, tu rangeais ce dernier avant d’attraper un stylo. La prochaine fois tu mangeras des frites, c’est facile à picorer dans la boîte, plus en tout cas que les sandwichs que tu amenais. Tu décidais de ne pas perdre de temps car si tu pouvais éviter d’avoir à t’amener les copies chez toi ce soir, cela te laisserait le temps d’aller prendre l’air un peu. Brisbane commençait à sentir l’automne et tu ne voulais pas te priver des derniers beaux jours. Tu étais tellement concentré que tu sursautais quand des coups furent frappés à la porte. Cependant, ce ne fut rien par rapport au choc qui t’attendait quand tu reconnus la personne qui se trouvait devant toi. Angelina … Tu ne l’avais pas revue depuis la nuit où tu l’avais trouvée dans un lit avec un autre et franchement, tu ne t’en étais pas plus mal porté. La seule fois où tu avais remis ton cœur sur le marché, il avait été piétiné de manière encore plus violente que la première fois. « Salut. Je crois que j’ai quelque chose à te dire. » Ton regard se posa sur cet enfant qui se trouvait dans ses bras et franchement, tu te demandais bien de quoi elle voulait te parler. Tu te pinçais discrètement pour vérifier que tu ne t’étais pas endormi mais non, tout cela était bien réel. Décidément, en ce moment dans ta vie c’était le retour des ex. Oui, comme cette émission ridicule mais malheureusement, tu ne savais pas comment qualifier la situation d’autre chose. « Ah bon ? Tu crois ? » Tu n’en avais strictement rien à faire de ce qu’elle avait à te dire. « Excuse-moi de te le faire remarquer mais ça va faire quatre ans qu’on s’est pas vu, quatre ans et tu ne trouves rien de mieux à faire que de passer me voir au boulot comme si de rien n’était ? » Tu devenais peut-être quelqu’un d’exécrable mais tu en avais simplement marre. « Qu’est-ce que tu veux Angelina ? » Parce que oui, si elle était là c’était qu’elle voulait quelque chose.

Lorsque leur relation s'était terminée, Angelina avait bien cru qu'elle ne s'en remettrait jamais. La douleur infligée par son absence avait été insoutenable au point qu'elle s'était consolée avec bon nombre de mecs jusqu'à ce qu'elle apprenne qu'elle était enceinte un soir de septembre. Ca avait été le plus gros choc de sa vie. Elle avait fait un test sans trop y croire, juste sur les conseils de sa copine après qu'elle lui ait confié avoir vomis après être monté dans une voiture à l'intérieur cuir. Un truc tellement con. Et soudainement elle était là assise par terre dans sa salle de bain, son test entre les mains. Elle se souvenait encore parfaitement du bruit que faisait la pluie sur la vitre. Elle qui ne s'était jamais imaginé mère, l'existence d'un enfant était inconcevable. Et pourtant. Elle avait tenté d'ignorer la chose, totalement dans le déni pendant plusieurs semaines jusqu'à la première échographie. Elle avait eu le coup de foudre pour son fils au premier regard et le reste s'était fait naturellement.

Angelina ne s'attendait pas à ce qu'Arthur lui saute dans les bras et la réaction qu'il eut ne l'étonna pas. Abel lui-même arrêta de gazouiller pour regarder l'homme au bras dans le plâtre assis à son bureau. Angelina sentit la pression monter en elle, elle était le genre de personne qui pouvait soudainement exploser. La naissance d'Abel l'avait adoucie sur bien des points mais ses vieux démons n'étaient jamais très loin. Elle le défia du regard un instant puis répondit sur le même ton que lui. "Tu préférais quoi ? Un ajout Facebook ? Un pigeon voyageur ?" Peut-être que c'était pour ça que ça n'avait jamais marché entre eux, cette mauvaise habitude de s'envoyer bouler de manière agressive sans jamais faire de l'empathie pour l'autre.

Angelina avait vraiment aimé Arthur, elle avait aimé son côté sombre, son ton un peu bourru lorsqu'il répondait au téléphone et ses fossettes lorsqu'il souriait. Elle n'était pas certaine que l'enfant était de lui et elle ne l'espérait vraiment pas. Arthur la détestait, il n'y avait qu'à voir son visage changer lorsqu'il l'avait reconnu dans l'encadrement de la porte. Angie ne voulait pas d'un homme qui la détestait comme Papa pour Abel. C'était pourquoi elle avait longtemps hésité à revenir vers lui pour ce test de paternité. Mais elle devait savoir, elle ne pourrait pas vivre avec le poids du doute toute sa vie. Elle avait honte de cette situation et voulait la résoudre. "Je veux juste que tu frottes ce coton-tige à l'intérieur de ta bouche." dit-elle en sortant un kit de son sac qu'elle balança sur son bureau. "Tu peux me donner un cheveux aussi, ça suffira." Elle soutint son regard, alors qu'Abel commença à se débattre et à chouiner. La jeune femme le posa à terre et Abel marcha jusqu'au bureau où il prit une page au hasard et la froissa avant de l'agiter en riant. Angelina se précipita derrière lui : "Non bébé, pas ça, ça c'est pas pour toi !" lui dit-elle doucement en remettant la feuille hors de sa portée. "Désolé il adore le papier."

Elle sortit un jeu de clef de son sac et lui donna pour le distraire. "Arrête de faire cette tête Arthur, ça prend trente secondes." Elle savait que cette annonce lui faisait l'effet d'une bombe mais elle angoissait tellement de sa réaction qu'elle préférait dédramatiser la situation.

Angelina était arrivée dans ta vie complètement par hasard. Tu écumais les bars à l’époque dès que tu en avais l’occasion et que tes élèves ne te tuaient pas trop au travail. C’était dans un bar que tu avais rencontré Angelina alors qu’elle travaillait. Cela avait été le coup de foudre en quelque sorte même si tu n’y croyais pas vraiment. Elle t’avait intrigué de suite, chose assez rare à cette époque là. Elle t’avait surtout attiré dans un premier temps mais en apprenant à la connaître tu t’étais dit qu’il était peut-être temps que tu retentes de te mettre en couple. Tous tes amis te poussaient dans cette direction alors tu t’es lancé avec Angelina. Votre couple n’avait rien à voir avec la relation que tu avais eue avec Lily. Les disputes étaient nombreuses, les crises de jalousie aussi. Et ce sont ces dernières qui commençaient à t’user. Mais jamais au grand jamais tu n’aurais pensé la tromper. Faveur qu’elle ne t’avait nullement rendue vue que tu l’avais trouvée au lit avec un autre en revenant pour essayer de sauver votre couple. Ironie du sort n’est-ce pas ? Voilà pourquoi tu étais retombé dans tes travers, refusant d’ouvrir ce cœur blessé de nouveau. Et voilà pourquoi tu t’assurais bien que les jeunes femmes que tu ramenais chez toi étaient célibataires, tu refusais de briser des couples.

Voir Angelina dans ta salle de cours, c’était faire un bon dans le temps de quatre ans. Tout comme Lily, tu avais pensé ne jamais la revoir particulièrement quand tu avais appris qu’elle avait quitté la ville. Et franchement, même si tu n’avais pas eu une vie exemplaire, tu ne pensais pas mériter le retour de tes deux ex à quelques semaines d’intervalle. Oui tu avais merdé avec l’histoire d’Amelia mais pas autant que cela. Pourtant, tu n’avais pas le choix, maintenant qu’elle était là il fallait bien que tu lui adresses la parole. Surtout qu’elle était apparemment là pour te dire quelque chose. Tu ne savais pas quoi mais le fait qu’elle revienne te voir après quatre ans sans un mot ne te disait vraiment rien qui vaille. Tu avais ce genre de malchance qui une fois que tu as commencé à creuser le trou dans lequel tu vas t’enterrer, tu n’as qu’une solution c’est de creuser toujours plus profond. « Tu préférais quoi ? Un ajout Facebook ? Un pigeon voyageur ? » Cela ne te surprit pas qu’elle soit sur la défensive mais en même temps, elle ne pouvait pas s’attendre à ce que tu l’accueilles avec un grand sourire et les bras ouverts. Angelina connaissait ton passé quand vous aviez commencé votre relation, elle savait donc exactement à quel point sa trahison devait t’avoir marquée. « S’il fallait choisir je penses que j’aurais préféré que tu n’aies pas à venir m’annoncer quoi que ce soit. » Oui, tu n’avais aucune envie de la voir et tu ne lui devais strictement rien. Tu lui avais tout donné à une époque, désormais c’était une autre histoire.

Mais il était clair qu’elle était là pour quelque chose donc tu préférais aller droit au but et lui demander ce qu’elle faisait là parce qu’Angelina ne rendait jamais des visites de courtoisie. Tu étais cependant loin de te douter de ce qui allait te tomber dessus. « Je veux juste que tu frottes ce coton-tige à l'intérieur de ta bouche. Tu peux me donner un cheveux aussi, ça suffira. » Tu regardes le kit qui vient de tomber devant toi, tu regardes Angelina et la seule chose que ton cerveau t’envoie c’est … quoi ? C’est une blague n’est-ce pas ? Elle ne pouvait pas être sérieusement en train de te dire ce que tu pensais qu’elle était en train de te dire. Ton attention se porta alors sur cet enfant que tu avais ignoré jusque là. Tu n’étais pas un professionnel mais à ton plus grand désarroi, il devait avoir trois/quatre ans tout au plus. « Arrête de faire cette tête Arthur, ça prend trente secondes. » Tu laissais échapper un rire jaune. Il fallait donner un prix à Angelina, il fallait lui donner le prix du culot. Parce qu’après t’avoir trompé et avoir disparu pendant quatre ans, elle revenait pour te demander un test de paternité d’un enfant dont elle était incapable de connaître le père tellement elle avait adoré te tromper. « Je ne sais même pas ce qui m’étonne le plus. Que tu ne saches pas qui est le père ou que tu aies le culot de disparaître pendant quatre ans et de revenir me demander un test de paternité. » Dis-tu en riant jaune une nouvelle fois en secouant la tête. « On est combien sur la liste potentielle des pères de cet enfant ? » Cela ne changeait rien mais tu avais besoin de savoir. Pour l’instant, tu n’étais pas le père de cet enfant et tant que tu ne serais pas certain à 100% de la chose, tu refusais de te considérer comme tel. « J’espère que tu n’attends rien de plus de moi que ma salive parce que je ne compte pas te donner autre chose. Tu peux pas revenir comme si de rien n’était et me demander d’être père d’un enfant qui n’est peut-être pas le mien parce que tu as préféré me tromper au lieu d’arranger notre relation. » Méchant peut-être mais tu étais au fond hors de toi. « Et dire que les crises de jalousie maladive venaient de toi, la vie a une drôle de façon de faire les choses … »

L'épopée pour trouver le père de son fils ne faisait que commencer et déjà les difficultés s'enchaînaient. Angelina savait qu'elle n'obtiendrait pas facilement un échantillon d'ADN d'Arthur, elle avait voulu la jouer en douceur mais son ex petit-ami avait ouvert les hostilités dès qu'elle avait passé le pas de la porte. Arthur était un homme gouverné par son coeur brisé, il semblait en vouloir à la terre entière et Angelina savait qu'elle avait sa part de responsabilité. Bien sûr, elle regrettait ce qu'elle avait fait. Arthur était un des rares qui lui avait laissé sa chance, à elle la nana hystérique et instable que tous les mecs finissaient par fuir au bout de quelques semaines. Arthur avait réussi à la dompter mais hélas pour eux deux ça n'avait pas duré, elle avait fini par tout foutre en l'air. Lorsqu'il aborda sa fuite, Angelina poussa un soupir et leva les yeux aux ciels excédée. Ses parents tenaient le même discours que lui, ils ne comprenaient pas pourquoi la belle brune s'était évaporé dans la nature pour finalement mettre les voiles pour Hawaï. Angelina avait eu besoin de s'en aller le plus loin possible pour gérer ça.

Et c'est sans doute grâce à cette fuite vers le sable blanc et les palmiers qu'Abel était un petit garçon aussi aventureux et éveillé. Angelina avait réussi à l'emmener loin de la folie de Brisbane et le bordel qu'était sa vie là-bas. Hélas on n'échappe jamais à son passé bien longtemps et il semblait que le beau bordel qu'elle avait laissé ici n'avait fait qu'attendre son retour. "J'ai une idée de qui est le père, je veux juste une preuve formelle pour le juge." Connerie. Elle n'avait aucune idée de qui était le père puisque les rapports avaient été espacé de quelques jours ou au pire deux semaines. Benjamin, Matt ou Arthur... Un plan cul, un coup d'un soir ou un ex... Ce n'était vraiment pas glorieux comme situation et Angelina savait tout à fait de quoi ça avait l'air aux yeux d'Arthur et elle le comprenait. Arthur demanda alors combien de père potentiel y avait-il, Angelina poussa à nouveau un soupir. "Je n'ai pas envie de répondre à cette question." Elle marqua un temps d'arrêt. Elle n'avait pas non plus envie qu'il pense qu'il y en avait trente. "Il y en a trois Arthur, mais ce n'est qu'une formalité. Et arrête de remettre ça sur le tapis, c'était il y a quatre ans Arthur tu pourrais être un minimum mature. Il y a prescription non ?"

Evidemment Angie s'était excusée cent mille fois, elle l'avait supplié mille fois de la pardonner, elle l'avait suivi partout pour essayer de le raisonner mais il n'avait jamais voulu entendre raison. "Je t'ai supplié de me pardonner pour ça et tu m'as ignoré comme une merde, et maintenant tu me reproches d'être parti sans rien dire ? C'est pas comme si t'avais voulu de mes nouvelles." répliqua Angelina d'un ton amer. Il remit alors sur le tas ses crises de jalousie maladive et cette fois-ci la belle australienne haussa le ton. "Mes crises de jalousie étaient fondées ! Toutes les filles se retournaient sur ton passage, dès que j'avais le dos tourné elle venait écrire leur numéro sur ton bras et t'offraient des verres en boite ! J'avais jamais vu ça !" Angelina manquait cruellement de confiance en elle et sortir avec un homme aussi beau qu'Arthur avait été un challenge incroyable. Leur relation avait été régie par la peur d'Angelina de le perdre. Et finalement elle l'avait perdu. "Moi aussi j'ai souffert Arthur, ça m'a brisé le coeur et tu devrais t'estimer heureux que j'ai eu Abel sinon je t'aurais pourchassé toute ta vie pour que tu me pardonnes. Et tu sais que je suis capable." renchérit Angelina. "Prend le kit s'il te plait qu'on en finisse. Et non je ne veux pas de ton argent, je veux juste qu'Abel ait un deuxième parent reconnu au cas où il lui arrive quoique ce soit et parce qu'il aura besoin de savoir pour son équilibre. J'ai jamais été une bonne personne, mais je m'efforce d'être une bonne mère."

Tu allais vraiment considérer le conseil d’un de tes amis d’aller consulter un psychologue. Franchement, il fallait que quelqu’un t’aide à gérer tout ce qui était en train de te tomber soudainement dessus dans ta vie en ce moment. Le retour de Lily, tu commençais à te faire à l’idée. Celui d’Angelina par dessus ? C’était une toute autre histoire. Et dans un sens, tu en voulais plus à Angelina qu’à Lily finalement. Parce que Lily était partie pour son travail, elle avait privilégie sa carrière à votre relation c’est vrai mais elle t’avait toujours dit à quel point son métier comptait pour elle alors même si c’était dur pour toi de la comprendre, accepter son choix l’était moins. Pour ce qui était d’Angelina, la trahison avait été totale quand tu l’avais retrouvée au lit avec un autre. Cela avait été la douche froide dont tu n’avais clairement pas besoin. Ce n’était peut-être pas le genre de relation que tu recherchais, dont tu avais besoin finalement mais tu ne pensais pas avoir mérité pareil traitement. « J'ai une idée de qui est le père, je veux juste une preuve formelle pour le juge. » Tu lèves un sourcil. Elle veut une preuve pour un juge ? Mais pour quoi faire ? C’est la mère de cet enfant et comme aucun des pères ne doit se douter de son existence, elle en est la seule responsable. Pourquoi veut-elle aller devant un juge ? « Tu es bien consciente que si le père décide de vouloir assumer son rôle, tu n’auras pas d’autres choix que de lui accorder au grand minima des droits de visite ? » Tu ne portais pas Angelina dans ton cœur mais si cet enfant s’avérait être le tien, tu refusais de ne pas assumer ton rôle de père. Et puis avec un test de paternité en main et l’assurance d’avoir méconnu la situation jusqu’ici, tu étais presque certain de gagner au moins des droits de visite. Mais tu étais bien loin de tout cela pour l’instant parce que tu étais certain qu’Angelina n’avait pas la moindre idée du père de son enfant et elle ne pouvait pas en avoir car elle avait au moins couché avec toi et la personne avec qui elle t’avait trompée en l’espace de quelques jours. Elle refusa d’abord de répondre à ta question du nombre de candidat avant de se reprendre apparemment sans que tu ne saches trop pourquoi. « Il y en a trois Arthur, mais ce n'est qu'une formalité. Et arrête de remettre ça sur le tapis, c'était il y a quatre ans Arthur tu pourrais être un minimum mature. Il y a prescription non ? » Cette fois tu laisses échapper un éclat de rire. Sérieusement ? Elle te demande d’être mature ? Toi ? Ouais, c’est l’hôpital qui se fout de la charité là pour le coup. Ce n’est pas parce que tu n’es pas agréable avec elle et que as trahison te touche toujours que tu n’es pas mature, cela n’a rien à voir. « Ah la prescription … J’aimerais moi aussi mais il y a certains actes dont les conséquences s’inscrivent dans la durée j’en ai bien peur. » Tu le savais pour en faire l’expérience avec ta sœur. Tu préférais laisser de côté l’histoire de la maturité, envenimer un peu plus l’échange ne servirait à rien.

« Je t'ai supplié de me pardonner pour ça et tu m'as ignoré comme une merde, et maintenant tu me reproches d'être parti sans rien dire ? C'est pas comme si t'avais voulu de mes nouvelles. » C’était ça en fait le problème d’Angelina. Elle pensait qu’une faute avouée était à moitié pardonnée. Qu’il suffit de s’excuser pour arranger les choses. Mais la vie ne fonctionne pas ainsi. Tu retins un nouveau rire jaune à ses paroles parce que vraiment, il fallait être d’une naïveté terrible pour penser qu’une infidélité de ce genre pouvait être pardonnée après les multiples crises de jalousie qu’elle te faisait quotidiennement. « Je ne te reproche pas d’être partie. Je te reproche de venir faire ce test de paternité plus de trois ans après la naissance de cet enfant quand cela t’arrange comme toujours. » Oui parce qu’il faut toujours faire comme Angelina en a envi. Si elle veut le test aujourd’hui alors il faut le faire aujourd’hui. Tu sais que tu vas la lui donner ta salive parce que tu ne pourras pas vivre avec toi-même si tu restes dans le doute car cet enfant pourrait être le tien après tout. « Mes crises de jalousie étaient fondées ! Toutes les filles se retournaient sur ton passage, dès que j'avais le dos tourné elle venait écrire leur numéro sur ton bras et t'offraient des verres en boite ! J'avais jamais vu ça ! » Tu laisses échapper un rire. Oui les filles te regardaient, oui elles se jetaient à tes pieds, particulièrement à l’époque mais tu étais quelqu’un de fidèle, tu avais demandé à Angelina de te faire confiance sans succès et passer son temps à se prendre la tête avec quelqu’un cela devient réellement fatiguant. « Et moi je voyais les yeux des mecs se poser sur toi, essayer de t’approcher et pourtant, je te faisais confiance moi. Et regarde où cela nous a mené. » Dis-tu en montrant vaguement cette salle. Oui parce que cela allait dans les deux sens. Tu n’étais pas le seul à être courtisé, loin de là. Alors c’était trop facile de te remettre la faute dessus. « Moi aussi j'ai souffert Arthur, ça m'a brisé le coeur et tu devrais t'estimer heureux que j'ai eu Abel sinon je t'aurais pourchassé toute ta vie pour que tu me pardonnes. Et tu sais que je suis capable. » Tu lèves les yeux à ses paroles sur la souffrance. Non, tu ne la crois pas. Mais tu ne fais pas de commentaire, cela ne sert à rien de s’attarder sur ce sujet. « Prend le kit s'il te plait qu'on en finisse. Et non je ne veux pas de ton argent, je veux juste qu'Abel ait un deuxième parent reconnu au cas où il lui arrive quoique ce soit et parce qu'il aura besoin de savoir pour son équilibre. J'ai jamais été une bonne personne, mais je m'efforce d'être une bonne mère. » Tu regardes cet enfant innocent, qui s’amuse à se faufiler entre les bureaux de tes élèves ne semblant pas se préoccuper une seule seconde de la discussion que les adultes étaient en train d’avoir. Tu attrapes le kit, tu sors le coton-tige mais tu décides de poser une question avant de faire quoi que ce soit. « Pourquoi maintenant ? Parce qu’il aurait pu t’arriver quelque chose depuis la naissance de cet enfant. » C’était une question comme une autre mais une bonne question à tes yeux.

Toute sa vie Angelina s’était vu répétée qu’elle était décevante, instable et irresponsable. Ses parents adoptifs avaient essayé de la dompter, de lui montrer que sa vie pouvait être parfaite. Ils avaient de l’argent, de l’amour à lui donner mais Angelina avait ses démons et jamais elle n’avait réussi à se plaire dans l’immense villa dans laquelle elle avait grandi. Les domestiques, le marbre sur le sol et un compte en banque illimité n’étaient pas parvenus à lui faire oublier qu’elle n’était originellement pas de ce monde. Alors à 18 ans, elle était partie retrouver sa mère et avait découvert une junkie doublée d’une prostituée. Ce fut le plus grand traumatisme de sa vie et rien ne fut jamais pareil après cette rencontre avec sa mère biologique. Angelina avait été profondément blessée d’avoir affaire à une femme qui ne se souvenait même pas lui avoir donné la vie et qui n’avait aucune envie d’apprendre à la connaître. Voilà pourquoi aujourd’hui elle tenait à être une bonne mère, elle avait réussi à oublier tout ça le temps où elle était à Hawaï mais maintenant qu’elle était de retour à Brisbane son passé venait lui mordre les chevilles.

Et elle ne voulait pas qu’un jour Abel ressente la même chose qu’elle : l’impression de pas avoir sa place, d’être seul et mal-aimé. Alors elle voulait retrouver son père et lui donner l’opportunité de le connaître. Angelina ne voulait pas que son fils en grandissant qu’il y avait quelque chose d’honteux dans son existence. Bien sûr, elle ne lui dirait jamais les circonstances de sa conception, et pourquoi tout avait été si compliqué mais elle voulait au moins lui donner un semblant de cadre stable. “Oui je sais qu’il y a un risque que je me retrouve en garde partagée, mais je compte un peu sur le fait que le papa ait pas envie de s’embarrasser de ça. Mais c’est égoïste de ma part, Abel est un bébé génial et je supporterais pas qu’on le rejette. Il y est pour rien.” En entendant son nom, Abel se retourna et tourna la tête soudainement vers Arthur comme si il venait de remarquer sa présence. Le petit enfant courut alors jusqu’au beau brun et tira sur son pantalon cherchant à attirer son attention. Cette vision fit bizarre à Angelina qui ne s’attendait pas une seconde à ce qu’Abel s’intéresse à Arthur, lui qui était d’habitude un bébé un peu sauvage et grognon il se montrait sous son meilleur jour. “T’as de la chance, généralement il en a rien à foutre de tout le monde.”

Depuis qu’ils étaient rentrés d’Hawaï Abel ne se montrait affectueux ou agréable avec personne sauf sa mère ce qui inquiétait Angelina. Elle commençait à penser que leur relation était trop fusionnelle et qu’Abel avait définitivement besoin d’autres personnages dans sa vie pour l’équilibrer. Mais elle ne voulait pas parler de tout ça avec Arthur tant qu’elle n’était pas sûre qu’il était le père. La parentalité avait changé Angelina et elle essayait de relativiser par rapport à son passé, ce que n’était pas prêt à faire Arthur visiblement. Il lui demanda alors pourquoi elle s’y prenait maintenant. Angelina passa nerveusement une main dans ses cheveux. Il avait sorti le kit, sa réponse risquait de tout foutre en l’air alors autant êter sincère. “Écoutes, si ça ne tenait qu’à moi je ne serais jamais revenue te voir il n’y a pas d’histoire de juge ou quoique ce soit, je sais que j’ai fais de la merde et beaucoup de dégât. Crois moi j’aurais préféré te laisser tranquille mais je fais ça pour mon fils. Je ne veux pas d’argent, je ne veux pas de problème, je veux juste que quelqu’un reconnaisse mon fils pour pas qu’il souffre comme moi de ne pas savoir qui est son père.”

Arthur était une des rares personnes qui connaissait la génése d’Angelina. L’histoire de ses parents richissimes qui avait acheté via une fausse association ce bébé à une femme toxico-prostituée, la difficulté qu’elle avait eu à s’épanouir dans le monde du luxe et des privilèges. Angelina était normalement vouée à étudier dans la meilleure université, à devenir médecin ou avocate : au lieu de ça elle vivait modestement et était barmaid. Un échec à elle toute seule. Elle espérait que son fils ferait de meilleurs choix. “Après je comprends que t’ai pas envie de me voir, t’as refais ta vie apparemment le mec de la loge m’a pris pour ta nana. Et je suis contente pour toi, mais j’essaie juste de faire ce qui est bien pour Abel.”

La situation était complètement surréaliste. Tu n’arrivais toujours pas à croire qu’Angelina était bien là, dans ta salle de cours avec un enfant qui avait une chance sur trois d’être le tient. A vrai dire, ta vie était tellement Bagdad en ce moment que tu ne pouvais nier espérer ne pas avoir à gérer cela en plus de tout le reste. Tu avais presque envie d’arrêter de faire des histoires, de mettre ce coton-tige dans la bouche et de prier pour qu’Angelina ne te rappelle jamais. Tu doutais qu’elle te rappelle pour te dire que le test était négatif, c’était contre productif. Mais bon, ce n’était pas ton genre de laisser tomber, cela ne l’avait jamais été au plus grand désespoir de tes élèves en difficulté. Ils aimeraient tellement que tu les laisses tranquille et pourtant … Tu ne vas pas avoir le choix, tu le sais, cette histoire ne se terminera pas aussi facilement que cela. Ce serait trop en demander. « Oui je sais qu’il y a un risque que je me retrouve en garde partagée, mais je compte un peu sur le fait que le papa ait pas envie de s’embarrasser de ça. Mais c’est égoïste de ma part, Abel est un bébé génial et je supporterais pas qu’on le rejette. Il y est pour rien. » Tu la regardes éberluée. Tu ne sais pas quels sont les deux autres potentiels candidats mais tu doutes rencontrer des hommes ne voulant absolument pas connaître leur enfant. Cela te semble tellement contre nature. Surtout qu’Angelina dans son égoïsme habituel avait à tout jamais volé les trois premières années de son fils au père de son enfant sans lui demander son avis. Il était donc évident pour toi qu’il fallait mettre les points sur les i. « Si c’est le mien tu peux être certaine qu’on se recroisera devant un juge. Je refuse de ne pas connaître mon enfant particulièrement si l’on m’a forcé à louper les trois premières années de sa vie. » Dis-tu de manière appuyée. Tout ce raisonnement fonctionnait sur des « si » mais tu étais à peu près sûr de gagner une belle garde partagée avec tous les arguments que tu avançais là si les choses devaient se terminer ainsi. Tu espérais que ce n’était pas le cas mais contrairement à ce qu’Angelina pensait, tu savais prendre tes responsabilités et être mature. Avant que la conversation ne puisse aller plus loin, cet enfant que tu avais presque oublié vient tirer sur ton pantalon. Ton regard se pose sur le sien, rempli d’innocence et tu soupires avant de te baisser à sa hauteur et de regarder ce qu’il a dans les mains. Tu aimes les enfants, tu les as toujours aimés et ils te le rendent en général plutôt bien. Quand Abel repart courir entre les bureaux tu te relèves : « T’as de la chance, généralement il en a rien à foutre de tout le monde. » Tu secoues la tête en laissant échapper un petit rire : « C’est mon charme, même les enfants n’y résistent pas. » Dis-tu pour rigoler. Tu ne te prenais pas assez au sérieux pour penser ce genre de choses.

Décidant de ne pas attendre non plus trois cent ans, tu sortis le kit sans réellement pouvoir t’empêcher de demander à Angelina pourquoi maintenant alors qu’elle aurait pu le faire avant comme à la naissance de son enfant. « Écoutes, si ça ne tenait qu’à moi je ne serais jamais revenue te voir il n’y a pas d’histoire de juge ou quoique ce soit, je sais que j’ai fais de la merde et beaucoup de dégât. Crois moi j’aurais préféré te laisser tranquille mais je fais ça pour mon fils. Je ne veux pas d’argent, je ne veux pas de problème, je veux juste que quelqu’un reconnaisse mon fils pour pas qu’il souffre comme moi de ne pas savoir qui est son père. » Ah tu avais donc mis le doigt au bon endroit alors. Tu connaissais l’histoire des parents d’Angelina que ce soit les adoptifs ou les biologiques et tu pouvais comprendre qu’elle ne voulait pas cela pour son fils. Tu mis le coton-tige dans ta bouche avant de le mettre dans la boîte prévue à cet effet. « Je n’ai de toute manière pas d’argent à te donner. » Tu n’avais jamais été riche, avec le métier que tu faisais tu ne le seras jamais. Tu n’étais pas pauvre non plus mais si elle voulait te soutirer de l’argent, autant qu’elle mette un autre nom sur le certificat de paternité de son fils. « Après je comprends que t’ai pas envie de me voir, t’as refais ta vie apparemment le mec de la loge m’a pris pour ta nana. Et je suis contente pour toi, mais j’essaie juste de faire ce qui est bien pour Abel. » Tu la regardes étonnée. Tu as refait ta vie en quelque sorte si on compte le fait de n’avoir pas tenté d’avoir d’autres relations sérieuses depuis quatre ans. Tu te demandais d’où le concierge tenait cette information mais tu devais avouer ne pas souvent le croiser et donc ne pas lui raconter ta vie privée non plus. « Je n’ai pas refait ma vie Angelina. Je ne sais pas où le concierge a été chercher ses informations mais je n’ai pas refait ma vie, je n’ai pas réellement très envie de me faire piétiner le cœur à vraie dire. » Dis-tu en haussant les épaules.

“ Si c’est le mien tu peux être certaine qu’on se recroisera devant un juge. Je refuse de ne pas connaître mon enfant particulièrement si l’on m’a forcé à louper les trois premières années de sa vie. “ Ses mots glacèrent le sang d’Angelina. Elle n’avait jamais perçu les choses comme ça, elle n’avait jamais eu l’impression de voler les trois ans de la vie d’Abel à son père. Elle en eut le souffle coupé et sentit sa tête tourner comme à chaque fois qu’elle angoissait pour quelque chose qui la dépassait. Elle était un peu mal à l’aise à présent, effectivement ce ne lui était pas passé par la tête. Déjà parce qu’elle ne savait pas vraiment qui était le père du bébé même si elle avait des soupçons mais surtout parce qu’elle avait pensé que la meilleure solution pour amorcer du bonheur dans sa propre vie et celle de son fils était de s’enfuir loin de ce contexte compliqué. Angie réalisa alors que la révélation de la paternité de son fils allait être catastrophique et vierge de tout repos. Arthur était agressif, vindicatif et il ne la laisserait pas s’en tirer comme ça. Pour la première fois depuis qu’elle était arrivé, elle songea qu’elle aurait peut-être mieux fait de s’abstenir plutôt que de déclencher les démarches.

Parce que mine de rien, elle s’était construit un quotidien avec Abel qu’elle n’avait pas envie de sacrifier. Elle avait déjà cédé un droit de garde à ses parents adoptifs en leur laissant le chérubin un week-end sur deux. Au début Angie n’était pas trop chaude mais elle s’était finalement rendue compte qu’Abel était beaucoup plus équilibré comme ça. Mais si la relation avec celui qui s’avérait être le père se déroulait sous de mauvais auspices cela risquait de menacer l'équilibre de son enfant et ça Angelina ne le permettrait pas. “On fera ce qui a de mieux pour Abel, ce que le père veut ou ce que moi je veux ne compte pas. Je veux qu’il soit le moins perturbé possible. Mais je te l’accorde j’aurais peut-être pu en parler sur le moment mais je n’avais pas trouvé de moment opportun. C’était assez dur comme ça. J’aurais pu tout aussi bien avorter et tu ne l’aurais jamais su.” Angelina n’était pas d’humeur à ce qu’on lui reproche quoique ce soit alors qu’elle pensait sincèrement faire de son mieux avec Abel. Elle avait conscience que c’était une situation compliquée pour tout le monde mais le premier à en pâtir si ça se passait mal serait Abel. Elle ne voulait pas perdre ça de vue.

“Tu peux garder ton argent, je n’ai pas besoin de toi de toute façon je peux me débrouiller toute seule. Si ca se trouve c’est même pas le tiens.” dit-elle piquée au vif. Elle n’aimait pas le ton que prenait Arthur comme si elle était là pour s’emparer de son fric alors que ses propres parents étaient blindés et ne demandaient qu’à participer financièrement à la vie de son fils. “Abel, viens là mon ange.” Elle était en colère et elle n’avait plus envie qu’Abel soit gentil avec Arthur. Sauf que cette fois-ci c’était Abel qui se rebelait. “Non. Je veux des bonbons. Et un coloriage !” Angelina fit les gros yeux à son fils qui ne plia pas pour autant. “Non mais y en a pas ici, on va y aller de toute façon.” Abel se mit à secouer vivement la tête et regarda Arthur “T’as bobo à ton bras ?”

Elle essayait de ne pas montrer à Arthur qu’il l’avait déstabilisé. Maintenant il mettait sur le tapis ses histoires de coeur et lui servait encore le rôle de l’homme au coeur brisé. “Comme si t’avais été irréprochable toute ta vie Arthur, allez arrête on va pleurer. Tu aimes ce statut, tu aimes te victimiser. Si t’avais sû me tenir tout ça ne serait jamais arrivé.” Néanmoins quelque part au fond de son coeur elle était bien contente qu’il n’ait pas refait sa vie. Cela la faisait déculpabiliser, elle se disait ainsi que peut-être qu’elle n’était pas 100% du problème après tout. “Quel dommage, l’horloge tourne pourtant. T’as pas envie de te poser comme tout le monde ?”

Tu n’étais pas persuadé qu’Angelina avait mesuré l’impact de ses actions. Que ce soit sur ce qui l’attendait dans le futur comme ce qui s’était passé dans le passé. Angelina c’était une tornade, elle avait chamboulé ta vie de haut en bas une première fois et elle semblait vouloir le refaire à nouveau. Tu ne savais pas si cet enfant était le tient ou pas, tu ne pourras pas le savoir maintenant mais tu veux qu’Angelina soit bien consciente que si la paternité de cet enfant est avérée pour toi, tu prendras tes responsabilités. Tu étais peut-être un coureur de jupons mais tu étais quelqu’un de responsable et fidèle quand tu le voulais. Tu n’avais jamais fait croire à personne que tu n’étais pas ce que tu étais, tu ne te faisais pas passer pour quelqu’un d’autre, seulement pour toi. « On fera ce qui a de mieux pour Abel, ce que le père veut ou ce que moi je veux ne compte pas. Je veux qu’il soit le moins perturbé possible. Mais je te l’accorde j’aurais peut-être pu en parler sur le moment mais je n’avais pas trouvé de moment opportun. C’était assez dur comme ça. J’aurais pu tout aussi bien avorter et tu ne l’aurais jamais su. » C’est évident que si elle avait avorté vous ne seriez pas là aujourd’hui. Tu ne comprenais pas pourquoi elle semblait énervée contre toi. Elle ne pouvait pas s’attendre à ce que tu restes les bras ballants à attendre que ça passe après t’avoir demandé un test de paternité non ? Mais tu commençais sérieusement à te demander si Angelina avait pensé à ce qui l’attendait dans cette histoire. Et Abel sera perturbé dans tous les cas, un père absent pendant trois ans qui réapparaît, cela ne passe pas inaperçu particulièrement pour un enfant. « Avec des « si » on refait le monde. Mais tu l’as gardé et nous sommes bien là aujourd’hui. Nous verrons bien comment les choses se passent une fois que les résultats seront tombés n’est-ce pas ? » Tu remplis le petit papier venant avec le kit tenant absolument à recevoir les résultats officiels de ce test. Tu ne voulais pas te faire entraîner dans une aventure qui n’était peut-être pas la tienne. « Tu peux garder ton argent, je n’ai pas besoin de toi de toute façon je peux me débrouiller toute seule. Si ca se trouve c’est même pas le tiens. » Tu savais qu’Angelina était plus riche que toi mais on ne sait jamais, il aurait pu arriver quelque chose à ses parents ou à son compte en banque. L’argent tu n’avais jamais vraiment su ce que c’était, tu avais ce qu’il fallait mais les fins de mois ne se faisaient pas avec des bénéfices importants. « Une chance sur trois n’est-ce pas ? » Dis-tu simplement pour répondre à cette pique qu’elle essayait de te lancer pour t’énerver. Tu ne l’étais nullement, tu savais très bien quelles étaient les chances. Une sur trois, qui vivra verra comme on dit non ?

Il était clair qu’Angelina t’en voulait. Tu ne savais pas de quoi, tu aurais pu refuser de faire son test de paternité et puis tu étais aimable avec son fils, tu ne comprenais pas vraiment pour le coup. Oui tu avais été énervé au début et tu n’avais pu t’empêcher de lui balancer à la figure sa trahison mais c’était passé, rien ne pouvait être changé du passé aujourd’hui. Son fils ne semblait pas vouloir la suivre ni l’écouter pour le coup. Tu souris quand il demanda des bonbons, ah les enfants … Tu ouvris le tiroir de ton bureau pour en sortir un paquet entamé. Ce n’était pas rare que tu en distribues à tes élèves quand la classe était particulièrement investie. « Vas-y, prends en un. » Dis-tu alors que le petit te demandait : « T’as bobo à ton bras ? » Ah oui ton plâtre … Tu n’avais nullement envi de raconter l’histoire, particulièrement à Angelina mais tu dis au petit garçon : « Oui, mes os se sont cassés mais ils sont en train de guérir maintenant. » Dis-tu en montrant le plâtre désormais couvert d’écritures, tes élèves avaient insistés. La conversation avec Angelina continua sur un terrain glissant que tu ne pensais pas glissant pourtant mais qui sembla de nouveau énerver Angelina et qui était ta vie amoureuse. « Comme si t’avais été irréprochable toute ta vie Arthur, allez arrête on va pleurer. Tu aimes ce statut, tu aimes te victimiser. Si t’avais sû me tenir tout ça ne serait jamais arrivé. Quel dommage, l’horloge tourne pourtant. T’as pas envie de te poser comme tout le monde ? » Tu éclatais de rire, tu ne pouvais t’en empêcher. Tu te victimisais ? Tu étais parfait ? Mais où elle allait chercher ça ? Oui l’horloge tournait, tu avais envie de construire quelque chose mais ce n’était pas facile pour toi de te relancer dans une relation, de refaire confiance, de te projeter aussi tout simplement. « Je n’ai jamais prétendu être irréprochable et si je suis célibataire aujourd’hui c’est un choix, je ne m’en plains pas. J’ai fais ce choix et je l’assume parce que j’ai du mal à faire confiance c’est tout. » Dis-tu en haussant les épaules. « Et je considérais que la fidélité faisait parti de notre accord et que tu pouvais te tenir seule. J’ai essayé, je suis revenu pour arranger les choses à chaque fois après nos disputes mais il faut croire que ça ne suffisait pas. » Ce n’était pas un reproche, juste une constatation.

C’était plus fort qu’elle et les mots fusaient de sa bouche sans même qu’elle n’y réfléchisse. Angelina et Arthur avaient toujours eu cette relation volcanique et l’issue leur avait été fatale. Arthur avait le don d’agacer Angelina et c’était 100% réciproque ainsi il suffisait de peu pour qu’un conflit éclate et que les deux protagonistes montent en pression avant d’exploser en vol. Une veine était apparue sur son front, signe de son agacement prodigieux et ses yeux bleu iceberg lançaient des éclairs inquiétants. Des éclairs qu’Arthur connaissait bien. Se contenir commençait à être compliqué et le pire était qu’elle ne comprenait pas d’où tout cette rage lui venait. Peut-être le fait que la vision d’Arthur lui rappelait tout ce qu’ils auraient pu être et tout ce qu’ils avaient perdu.

Quelque part c’était dommage car Angelina aurait aimé des retrouvailles sous le signe de l’émotion et de la nostalgie. Elle aurait aimé qu’en la voyant Arthur se rende compte à quel point elle lui avait manqué et qu’elle méritait peut-être finalement cette seconde chance qu’elle avait réclamé, supplié. Mais non le naturel était revenu au galop et finalement rien de tout ça ne s’était passé. Seuls les reproches et les promesses brisées volaient dans la pièce au grand dam d’Angie.
Ils étaient encore partis sur leur ancienne relation, ce qu’ils auraient du faire, ce qu’ils auraient du dire, ce qui aurait du se passer si il ou elle n’avait pas fait ça. C’était une conversation stérile qui ne menait à rien et que leur faisait perdre du temps sur leurs occupations respectives. Angelina n’avait pas envie de rester une seconde de plus ici et maintenant qu’elle y pensait elle n’avait même pas envie qu’il parle à son fils. Elle commençait à espérer qu’il ne serait pas de lui car elle n’était pas sûre de pouvoir supporter des affronts constants de sa part et ses exigences en matière de garde. C’était hors de question. “Abel, viens, on s’en va.” Elle s’avança pour récupérer le kit de prélèvement d’ADN et le mit dans son sac à la volée. Elle voulait sortir d’ici le plus vite possible avant de perdre ses moyens devant son fils. Abel ne l’avait jamais vu perdre le contrôle et ça n’allait pas arriver aujourd’hui. “Je te remercie d’avoir coopérer en tout cas. Je te tiens au courant des résultats. A moins que tu t’en fiches et que tu ne veuilles pas savoir ce que je peux comprendre.”
C’était faux, elle ne pourrait pas comprendre quelqu’un qui refuserait de faire partie de la vie d’un enfant aussi mignon qu’Abel. Maintenant qu’il l’avait vu, elle savait qu’il ne pourrait pas l’oublier. Elle lui avait semé quelque chose dans la tête et Arthur allait compter les jours jusqu’aux résultats.

Angelina se demanda alors si ce ne serait pas pire si il s’avérait qu’il n’était pas le père. Elle l’aurait alors trahie en beauté, non seulement cela voulait dire qu’elle l’avait trompé mais qu’en plus elle lui avait fait un gosse dans le dos. Décidément la situation d’Angelina était mauvaise dans tous les angles, il n’y avait rien à sauver.