| | | (#)Mer 5 Avr 2017 - 8:55 | |
| Le jour J est enfin arrivé. C’est aujourd’hui que tout va se jouer, bien qu’il m’ait donné une réponse favorable –après je ne sais plus combien de courriers, de coups de fil et bien sûr de visites-, je sais que tout n’est pas encore sûr. Je n’ai pas encore la signature sur mes conventions de stage et de fait, la première impression que je lui donnerai sera déterminante. Il faut que je change l’image qu’il a de moi, à savoir celui d’un casse-pied avec des tendances pour le harcèlement…quoique ça peut aussi être vu comme positif, ça montre que je suis une personne qui va au bout de ses ambitions, une personne qui sait ce qu’elle veut et n’a pas peur d’aller le chercher. Ou simplement un gamin chiant avec énormément de temps libre et un forfait téléphonique envié de tous. Et puis, bon, pour ma défense, si monsieur Lancaster n’avait pas été si difficilement joignable, en plus d’être d’élitiste dans ses choix de stagiaires et de connaissances, ça aurait pu être évité. Mais il a fallu qu’il soit…fidèle à sa réputation, à savoir un homme pénible d’approche qui a tendance à prendre les gens de haut –je vais avoir le loisir de vérifier ce dernier point moi-même-, néanmoins très talentueux. On ne présente plus ses accomplissements et c’est sur ce point que je me concentre. Ce stage n’est pas pour devenir son meilleur pote mais bel et bien pour apprendre des choses, mais regardez-moi cette bouille qui pourrait y résister ? Aussi adorable qu’un chat et attachant qu’un chien, à imaginer que Wyatt Lancaster soit branché animaux de compagnie.
Je regarde ma dégaine dans le miroir et je me trouve ridicule dans ce costume –le seul de ma collection au passage. Le costard a l’air de hurler à la mort, qu’il préférait traîner par terre plutôt que sur moi, en gros, lui aussi trouve ce résultat bizarre. Maman m’a pourtant assuré que ça m’allait bien, mais bon pour elle, j’étais également beau au collège avec tous mes boutons sur la gueule, les filles doivent être amoureuses de toi, t’es tellement mignon qu’elle disait, et au final, seule ma main droite était partante pour en savoir un peu plus sur moi. Ceci dit, à l’époque, j’étais surtout occupé à essayer de vouloir devenir un superhéros –assez compliqué quand le compte en banque de Bruce Wayne manque à l’appel, que tu as quatorze ans et sort rarement de ta piaule. Bref, j’envoie un message à ma mère pour lui signaler que je me rends à mon rendez-vous, à l’heure –craignant que je sois comme à mon habitude en retard, elle m’avait téléphoné pour me réveiller- et laisse un petit message sur Twitter pour mes followers. Un tweet bientôt suivi d’une dizaine d’autres envoyés depuis le taxi qui m’y conduit. Pour le premier jour, je me suis dit qu’il valait mieux éviter de me faire remarquer avec mon vieux tas de ferraille et les limousines étant hors budget, le taxi semblait être un bon compromis.
Je m’immobilise quelques secondes devant le bâtiment pour prendre une profonde inspiration, avant de plaquer un sourire charmeur aux lèvres et d’entrer. Tout va bien se passer. Je me présente à l’accueil tout d’abord. « Bonjour, je suis le nouveau stagiaire, Félix Gonzalès et j’ai rendez-vous avec monsieur Lancaster » je reste poli, bien que charmeur, je sais que ça fait toujours son effet avec les femmes. Bingo, la secrétaire semble beaucoup moins antipathique soudain. Le côté chien-chat je vous le dis. Elle vérifie quelque chose sur son ordinateur avant de donner un coup de téléphone interne. « Monsieur Lancaster va vous recevoir dans quelques instants, veuillez patienter par ici » dit-elle en m’indiquant ce qui s’apparente à une salle d’attente, me proposant au passage du café que je refuse poliment, et m’intéresse un peu plus à elle. Si je dois passer trois mois ici, autant tisser des liens dès à présent. Au bout d’une dizaine de minutes, -une vingtaine ? Une trentaine ? Le temps passe vite quand on est en bonne compagnie- elle me fait savoir que Wyatt Lancaster est enfin décidé à voir ma tronche, alléluia ! « Prends l’ascenseur jusqu’au huitième et c’est sur la gauche » Le tutoiement est donc de mise, je ne vais pas m’en plaindre « merci et à bientôt » un grand sourire et je m’exécute. Pour finir nez à nez avec une autre secrétaire, me dites pas que chaque bureau en a une ? « Je viens voir monsieur Lancaster » Elle acquiesce et quitte son poste pour aller frapper deux coups à la porte avant d’annoncer ma venue. « Il va vous recevoir » je hoche la tête, tout sourire. C’est donc ce ça fait de rencontrer le président. Je fais ma grande entrée, tentant de conserver mon assurance qui se liquéfie doucement mais sûrement quand je me retrouve face à lui. Putain, c’est un géant ! J’aimerais bien savoir à quoi sa mère l’a nourri parce que la mienne a eu des problèmes à me donner mon mètre soixante-dix-huit. « Bonjour monsieur Lancaster, je me présente, je suis Félix Gonzalès » comme s’il ne le sait pas déjà. « Je vous remercie infiniment pour cette opportunité que vous m’offrez » il parait que c’est toujours bien de lécher les bottes, et pour le coup je suis prêt à finir à quatre pattes pour bien les lécher (il faut toujours faire attention aux voeux qu'on fait).
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| | | | (#)Mar 11 Avr 2017 - 15:46 | |
| Debout dans ton bureau, en arpentant chaque parcelle, tu tiens quelques dossiers entre les mains. Dossiers du jour, nouvelles news, nouvelles directives, nouvelles marches à suivre. Carnet de bord d’une journée qui s’annonce déjà bien remplie. Mais les journées trop longues ne te font pas peur. À vrai dire, elles sont même devenues une habitude chez toi. Simplement parce que tu es un bourreau de travail, un passionné, un perfectionniste qui a besoin de tout contrôler, d’avoir le dernier mot et plus largement, de tout valider. Alors tu ne comptes plus tes heures, tes réunions, tes coups de téléphone. Au point d’en délaisser un mariage déjà bancal. Te perdre simplement dans les adultères divers, juste lorsque tu as besoin de changé d’air. Ton mariage n’est que la part immergée de l’iceberg de secret qu’est ta vie.
Tu donnes quelques directives, quelques ordres, tu réclames un café à ton assistante qui t’empresser d’aller le chercher et te le ramène avec un large sourire beaucoup trop blanc. Tu Balançant nonchalamment les papiers que tu tiens sur ton bureau, tu l’observes de haut en bas, alors qu’elle sourit de plus belle. Cliché véritable, mais cette assistante, bien plus jeune que toi, plantureuse et élancée, fait partie de ta liste de conquête et ne cesse de vouloir te donner des envies de recommencer. Remettre le couvert. Bien que tu sois particulièrement brillant et appliqué dans ton travail, côté étique professionnelle et relations de bureau, tu es beaucoup moins regardant. Et beaucoup moins politiquement correct. Tu sais que de nombreuses rumeurs circulent sur ton compte, sur tes passe-temps, sur tes conquêtes. Tu sais que tu as une réputation de coureur. Pourtant, malgré quelques regards de travers, perplexes et suspicieux, beaucoup n’hésitent pas à venir jouer de leurs charmes juste pour te convaincre. Juste pour, probablement, obtenir des avantages quelconque en jouant sur tes penchants à l’adultère. Sauf que tu n’es en rien le manipulateur manipulé. Non, c’est toi qui a le dernier mot, c’est toi qui gagne, parce que tu es mauvais joueur et que la défaite ne fait pas partie de ton vocabulaire. Alors, tu feintes parfois la vulnérabilité, l’addiction à un corps ou à un être. Tu feintes l’intérêt, prononcé ou non, pour, derrière, profiter allègrement sans rien leur offrir. Egoïste monomaniaque.
La jeune femme s’éloigne et tu t’approches de la fenêtre pour observer la vue plongeante sur Sydney depuis ton bureau, tout en savourant ton café. Tu te perds un instant dans la contemplation du paysage qui s’offre à toi, sursautant presque lorsque ta secrétaire frappe à ta porte pour t’annoncer que ton stagiaire est là. Celui-là, tu l’avais presque oublié. Du moins, oublier que c’était aujourd’hui son premier jour car en vérité, impossible d’oublier ce type. Celui-là même qui t’a limite harcelé pour absolument obtenir un stage alors que tu envois balader la plupart des demandes de ce genre, simplement par nonchalance. Parce que tu n’aimes guère t’encombrer de stagiaire à materner. Ou alors tu les mets sous la tutelle d’une personne diverse pour ne pas avoir à t’en occuper. Alors que, tu es bel et bien celui qui doit approuver ce genre de demandes. « Fais le entrer » Familiarité face à la femme d’une trentaine d’année qui elle, te vouvoie par respect.
Tu ne bouges pas jusqu’à ce que finalement, tu entendes la porte s’ouvrir de nouveau et quelqu’un pénétrer dans ton imposant bureau. C’est là que tu décides de te tourner, allant rapidement poser ta tasse sur ton bureau, laissant le jeune homme approcher et arriver à ton niveau. Tu le domines de deux bonnes têtes, il faut dire que tu domines la plupart des gens grâce à ta haute stature. Tu poses sur lui un regard intrigué, l’analysant sans aucune gêne, en lui tendant une main polie pour formaliser vos présentations. « C’est donc vous, le jeune homme si persistant » Lâches-tu, intrigué et amusé. Oh tu comptes bien jouer, le mettre un brin mal à l’aise, l’intimider. À vrai dire, tu adores ça. Surtout face aux petits stagiaires trop mignons pour leurs propre bien. Stagiaire dont tu n’as aucun mal à abuser, dans le sens professionnel du terme. Bien que, parfois, la relation a évolué, tu as quelques souvenirs agréables. « Ne me remerciez pas, vous ne m’avez pas trop laissé le choix » Renchéris-tu, avec un sourire en coin. « Enfin, vous avez au moins su me prouver que vous êtes quelqu’un de tenace et de déterminé, nous en manquons par ici » Oui et non en réalité, car certains essayent tant bien que mal de faire leurs preuves auprès de toi, mais tu es particulièrement sélectif et tu aimes leurs en faire baver avant de ne leur accorder ne serait-ce qu’une brève félicitation. Mais tu es connu pour ton CV en béton et tes résultats impressionnants, alors ils encaissent et redoublent d’efforts, pour les plus motivés.
Tu recules légèrement jusqu’à ton bureau pour t’asseoir au bord de celui-ci, y appuyant tes mains dans une position plus à l’aise, après avoir déboutonné l’unique bouton de ton blazer dans un geste machinal, dévoilant ta chemise claire rehaussé d’une cravate accrochée par une élégante pince ouvragée. « Bon mais mettons-nous à l’aise dès le départ, je ne m’embarrasse pas vraiment de formalités, donc déjà je vais te tutoyer, Félix. J’espère que tu n’as pas d’obligations particulières le soir, une famille, des gosses, une grand-mère malade ou je ne sais quoi, car ici il ne faut pas compter ses heures » Tu parles avec une franchise presque déroutante. Mais tu aimes être déroutant et tu es connu pour être direct, quitte à en être tranchant.
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| | | | (#)Mer 19 Avr 2017 - 16:06 | |
| Je peux sentir son regard sur moi, regard que je n’ai pas pu tenir trop longtemps, persuadé qu’il pouvait lire toutes les pensées qui défilent en ce moment dans mon esprit. Tous les compliments qui défilent, en exemple son charisme qui me fascine et m’effraie à la fois. Ouais, effectivement, les rumeurs viennent bien de quelque part. J’en appelle à toute ma concentration pour ne pas défaillir, après tout la première impression décidera de mon avenir dans cette boîte, et de ma place de stagiaire, car, je le rappelle, le Lancaster peut toujours changer d’avis. Et j’ai cru comprendre qu’il fait rarement dans la dentelle, peu désireux de perdre son temps et ce serait dommage de se faire envoyer bouler par quelqu’un dont on admire le travail. « C’est donc vous, le jeune homme si persistant » son commentaire ne me semble pas péjoratif, alors j’affiche un sourire, plutôt fier de moi. Dans ce domaine, il faut savoir se vendre et se faire remarquer, pour le second point, c’est réussi surtout avec une personne aussi compliquée et élitiste que Wyatt Lancaster. Il n’est pas le genre à vouloir former un stagiaire –à nouveau son temps est très précieux-, aussi il faut montrer qu’on en veut. « Ne me remerciez pas, vous ne m’avez pas trop laissé le choix. Enfin, vous avez au moins su me prouver que vous êtes quelqu’un de tenace et de déterminé, nous en manquons par ici » mon sourire s’agrandit et je récupère peu à peu confiance en la raison de ma présence dans ce bureau et en la suite « merci beaucoup » bien sûr, je le prends comme un compliment, le premier et peut-être le dernier que j’aurais de sa part. Il a une gueule à être avare de mots positifs, mais généreux en critiques… constructives.
Il prend finalement place sur son siège, se mettant physiquement à l’aise, signe que les choses sérieuses vont commencer, aussi je prends un air très sérieux tandis que je me demande si je dois et peux m’asseoir ou bien rester debout. Je décide alors de prendre place, de toute façon, je suis déjà arrivé jusqu’ici et j’ai une réputation d’homme persistant à respecter. « Bon mais mettons-nous à l’aise dès le départ, je ne m’embarrasse pas vraiment de formalités, donc déjà je vais te tutoyer, Félix. » je suis tenté de lui demander si je peux moi aussi le tutoyer, mais je me retiens, peu sûr que ce soit son type d’humour. Il semble trop distingué pour ça. « J’espère que tu n’as pas d’obligations particulières le soir, une famille, des gosses, une grand-mère malade ou je ne sais quoi, car ici il ne faut pas compter ses heures » Le point positif c’est qu’il t’annonce directement la couleur, à nouveau il sait ce qu’il vaut et il sait que je veux ce stage. « je n’ai plus qu’à trouver un dogsitter pour mon chien alors » je me rends compte trop tard que cette phrase supposée rester une blague silencieuse m’a échappé et je me racle la gorge pour reprendre contenance. « J'ai conscience de la dose de travail en faisant cette demande de stage, aussi je me suis préparé en conséquence » Il y a certes les projets annexes sur lesquels je travaille pour ma chaîne YouTube, mais ceux-ci pourraient toujours attendre la fin de mon stage. « Je n’ai pas froid aux yeux comme vous avez pu vous en rendre compte, et je ne vous aurai certainement harcelé de la sorte pour me défiler par la suite » sans compter l’argent dépensé en forfait téléphonique, heureusement pour les courriers, la technologie faisait désormais des merveilles. « Du coup, pouvez-vous m’en dire plus sur la façon dont le stage va s’articuler ? » j’espère qu’il ne me refilera pas à une de ses nombreuses assistantes « je sais déjà faire le café et les photocopies » en gros, je n’ai pas besoin de passer de longues journées à accomplir ces tâches secondaires. Je lui offre mon plus beau sourire. Je veux ce poste pour une raison après tout.
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| | | | (#)Sam 6 Mai 2017 - 20:10 | |
| Tu lui annonces la couleur peut être un peu brutalement, mais tu n’es pas réputé pour mâcher tes mots. Ou encore pour être agréable à outrance. Tu es dur, tu met à rude épreuves, tu pousses à bout, mais toujours dans un désir d’excellence. Evidemment, tu es loin d’être très apprécié de tes pairs, qui n’apprécient pas toujours tes techniques, pourtant tous reconnaissent la pertinence de ton travail et les résultats obtenus de tes méthodes. Tu as juste envoyés quelques employés en congés maladie mais là encore, tu estimes que s’ils n’étaient pas assez fort pour te supporter, toi et tes critiques, toi et tes piques, ils n’étaient pas fait pour un job dans l’audiovisuel, avec une pression constante. Alors tu ne regrettes pas. Il faut dire que tu ne regrettes jamais, ou presque. Oh tu sais te remettre en question, mais ton égo est bien trop souvent mal placé pour que tu le fasses réellement. T’excuser, offrir une étreinte réconfortante ou un sourire trop franc, ça ne colle juste pas avec le personnage qui a pris possession de tout ton être. Oui car tu n’es pas toujours comme ça. Tu n’as toujours cette assurance arrogante et détestable. Mais tu gardes les moments plus doux, plus léger, pour le privé. Un privé secret, que tu te gardes bien de divulguer. Mais il est certain que ceux qui ont pu gouter à la face plus humaine de ta personnalité, ne te reconnaitraient pas dans ce contexte professionnel exigeant et élitiste.
Cependant, même tu n’es pas à t’embarrasser de compliments et autre positivité, tu es forcé de reconnaître que ce petit jeune, en face de toi, a su susciter ton intérêt. Réveiller en toi une certaine curiosité de le rencontrer et de le mettre à l’épreuve. Qui plus est, en le voyant enfin devant toi, élégant et plutôt attirant, tu te félicites intérieurement de ton choix. Discrètement, puisqu’en vérité, tu n’affiches jamais, ou presque, tes émotions. Tu es cette paroi de glace, trop froide et trop dure. Tu souris, tu ris aussi, parfois, mais derrière ton regard clair, transparait toujours une certaine ironie, relents de sarcasmes et de cynisme. Assis à ton bureau, tu le laisses s’asseoir à son tour sans pour autant prendre la peine de marquer une réelle pause. Tu lui balance de but en blanc les conditions du stage, le fait que cela sera éprouvant, autant physiquement que moralement car tu es comme ça. Tu pousses les gens toujours plus loin, toujours plus haut. Mais ceux que tu as pris sous ton aile, de qui tu as pu être un mentor, bien loin d’être un père ou un frère aimant, ont perçés. Ont réussi. Ont triomphé. Et c’est de loin, une des plus belles victoires qu’il t’a été donné d’obtenir. Tu es fier de tes poulains, qui sont bien sur très rares. Mais dans un sens, tu prouves ainsi au monde que tu as beau être un connard, tu n’en es pas moins efficace. Mais tous ceux qui jugent cette réussite ont un gout amer dans la bouche. Ils te détestent, ils te jalousent eux qui essayent d’être agréable et juste alors que toi, on a plus souvent envie de t’envoyer chier, de te répondre avec agressivité qu’autre chose. Mais ce n’est pas le cas de Félix.
Lui qui lance une boutade, alors que tu arques un sourcil perplexe, sans toute fois rien répondre. Tu baisses simplement le nez vers ton bureau et tes dossiers, jusqu’à chercher les papiers concernant son emploi du temps, l’organisation du service, le règlement intérieur et d’autres babioles qui sont pour le moins obligatoire. Mais il se rattrape et une fois de plus, tu juges de sa détermination. Tu juges de sa ténacité. Il a cette lueur au fond du regard, Felix. Cette lueur qui brille d’ambition et d’admiration. Cette lueur qui te donne des envies malsaines, des envies de t’en servir, pour ton propre plaisir. Tu as cette perversité, à côté du reste. À côté de ton professionnalisme, à côté de ton mariage, à côté de tes vœux. Tu t’entiches des corps et des incartades. Tu t’entiches des adultères et des conneries. Tu t’entiches des flammes jeunes et brulantes. « Pas froid aux yeux hein… » Lâches-tu avec un sourire en coin un instant. Divaguant légèrement. Mais tu te rattrapes sans laisser le temps à Félix de songer que peut être, tu t’es perdu dans tes pensées. « Mais c’est très bien, gardes cette détermination, elle te servira » Lâches-tu en lui tendant un dossier, tandis qu’il te demande comment va s’organiser le stage. « Tu as tout ce qu’il te faut là dedans. Emploi du temps, organisation du service etc. Angie, ma secrétaire, pourra répondre à tes questions et te guider. Si tu as besoin de me voir, passe par elle, je ne suis pas tout le temps dans mon bureau et encore moins disponible » Lâches-tu, avec une évidence même et un ton un peu ferme. Tu n’aimes pas être déranger pour rien. Tu as un emploi du temps chargé, à courir parmi les services. À répondre à trop de problématiques, à bourlinguer entre les étages du bâtiment. C’est là qu’il parle du café et des photocopies et tu ne peux t’empêcher de sourire largement alors que tu te laisses aller dans ton fauteuil, te penchant légèrement en arrière. « C’est un bon début. Sache que pour moi, c’est long, noir et sans sucre » Déclares-tu, comme si c’était la chose à retenir. Mais à vrai dire, c’est un petit test de ta part. Tu veux voir s’il est capable de s’en souvenir et surtout, s’il est capable de te surprendre.
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| | | | (#)Mar 16 Mai 2017 - 15:44 | |
| « Pas froid aux yeux hein… » Le chevalier Félix Gonzalès sans peur et sans armure pour vous servir, heureusement cette fois j’ai eu la bonne idée de garder cette remarque éclatante de pertinence pour moi et je me suis contenté d’un petit sourire entendu. « Mais c’est très bien, gardes cette détermination, elle te servira » je hoche simplement la tête, de l’assurance dans le regard. Ce n’est pas prêt de disparaître, c’est certainement mon meilleur trait de caractère selon certains. Quand je veux quelque chose, je mets tout en œuvre pour l’obtenir, plus encore lorsqu’il s’agit d’un domaine qui me passionne autant que celui dans lequel j’ai l’intention d’évoluer. Je compte aller loin, très loin et même si cela risque d’être compliqué, compte tenu du milieu dans lequel j’ai évolué, vous savez, dans ce milieu, tout fonctionne par connexions. La majeure partie des gens gradés le sont parce qu’ils connaissent des personnes bien placées, les autres, aussi talentueux soient-ils, n’ont qu’à galéré. Qu’il en soit ainsi, tant que je me hisse au sommet et puis j’ai assez confiance en mon capitale sympathie pour remplir mon carnet d’adresse de noms intéressants, en plus, voilà le but de ce type de stage, côtoyer les professionnels et cirer leurs chaussures au passage. Qu’on aime ou pas, les courbettes sont monnaies courantes, voire même essentielles pour arriver à ses fins et on peut dire que je deviens plutôt doué à ce jeu.
Finalement, j’aborde la question qui me tient le plus à cœur, à savoir ce qu’il a prévu pour moi pour la durée du stage, et j’espère faire partie de la team, non être un simple outsider venu aider à faire le café et apporter les donuts. « Tu as tout ce qu’il te faut là-dedans. Emploi du temps, organisation du service etc. Angie, ma secrétaire, pourra répondre à tes questions et te guider. Si tu as besoin de me voir, passe par elle, je ne suis pas tout le temps dans mon bureau et encore moins disponible » j’acquiesce, récupérant le dit dossier que je parcours brièvement, mon emploi du temps semble en effet très fourni, je ne risque visiblement pas de m’ennuyer, pour mon plus grand bonheur. « C’est noté » de tout façon, ce n’est pas comme s’il attendait une autre réponse que positive, les règles sont siennes et je n’ai qu’à les respecter, me montrer déterminé et efficace comme je l’ai montré jusqu’ici. Il me donne l’impression que je me dois de lui prouver que je mérite qu’il m’accorde un peu de son précieux temps, soit. Je ne m’attendais pas à moins de la part du grand Wyatt Lancaster de toute façon. « C’est un bon début. Sache que pour moi, c’est long, noir et sans sucre » répond-t-il tout de même à ma plaisanterie, avec un sourire s’il-vous plait, j’ai fait sourire mister Lancaster deux fois de suite, si ce n’est pas la preuve que je suis drôle, je ne sais pas ce que c’est ! C’est un grand jour, il faudra que j’aille jouer au loto, on ne sait jamais ce qui peut se passer. « Long, noir, sans sucre, je m’en souviendrai » On dirait que je vais tout de même apporter quelques cafés, qu’importe, c’est ma manière à moi d’entrer dans les bonnes grâces. « J’imagine que vous êtes très occupé, je m’en vais donc lire ceci et discuter des détails avec votre secrétaire » il me semble qu’on s’est tout dit, enfin je connais les règles de la maison, je vais aller voir dans ce dossier ce que ça implique exactement. « Je vous remercie à nouveau de votre temps et surtout pour cette opportunité, je suis impatient de commencer » armé de mon plus beau sourire, je me lève pour serrer sa main et quitter le bureau, prêt à faire la fête ce soir pour célébrer tout ça.
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