Le Deal du moment :
Code promo Nike : -25% dès 50€ ...
Voir le deal

 Orizur » You can't fix what's broken

Anonymous
Invité
Invité
  

Orizur » You can't fix what's broken Empty
Message(#)Orizur » You can't fix what's broken EmptyDim 9 Avr 2017 - 21:45

You can't fix what you broke
Orion & Azur

« Je déteste ma vie, c'est long ma vie sans toi
Je sais trop que ma place est dans tes bras
Et j'ai brûlé au loin, au bien trop loin de toi » ▬ ambiance

Vendredi soir. C'est une soirée typique entre amis et collègues, une petite troupe de gens attablés à une table au fond du bar, un verre ou une bouteille à la main. Il y a l’homme qui se pense irrésistible, qui sait qu’il ne rentrera pas seul ce soir. Lui, c'est John. Une bière à la main, les bras dénudés, jetant des petits coups d’œil aux belles filles qui passent près de lui. Une vient même lui susurrer à l’oreille et il en rit, sans pour autant de lever ou lui laisser croire qu’elle a une chance. Il connaît la game, il sait jouer et marque à chaque fois. À sa gauche, il y a la plus belle fille de la table, celle qui s’est vêtue un peu plus légèrement qu’à l’habitude, juste pour plaire à son voisin. Elle, celle dont beauté qui détone parmi la masse insipide de gens, c'est Zola. John sait qu’elle le veut, mais c’est une proie facile, alors aucun intérêt pour lui. C’est la chasse qui lui plait, la nuit en sa compagnie n’étais que la cerise sur le gâteau. À leur droite, il y a la fille qui ne pense qu’à s’amuser, celle que l’on doit surveiller quand elle s’approche du bar et celle à qui tu ne confies pas ton verre, sinon c’est comme si t’en avais jamais eu. Cette grande folle qui sourit tout le temps répond au nom de Sophie. Avec eux se trouve aussi le mec silencieux, celui qui a été un peu forcé de les accompagner, qui prend deux bières tout au plus. Lui, c'est Mark, le grand brun aux yeux verts, l'air trop sérieux pour son sourire si éclatant. C'est le plus responsable, celui qui empêche son ami lourdeau de s'acharner sur une fille, celui qui rassure celle qui n'attire pas l'attention de celui qu'elle désire et celui qui empêche l'autre de tomber dans un coma éthylique ou qui lui tiens les cheveux quand elle est malade. Mark est l'homme à tout faire, si on peut dire ça comme ça.

Jointe à ces quatre individus, il y a moi, Azur. Autrefois, je me serais décrite comme celle qui enflamme la piste de danse, qui fait tourner les têtes, mais qui ne le remarque jamais, trop occupée à rire et danser. J'étais celle qui n'avait d'yeux que pour le même, celui à qui je piquais ses mojitos sans que ça ne lui dérange, enfin, je crois. Je riais trop fort et malgré ma petite taille, on me remarquait facilement tellement je déplaçais d'air. Aujourd'hui, je suis plus tranquille, les fesses vissées sur le tabouret, une bière en main. Finit les alcools sucrés, ils me rappellent le goût que je pensais qu'auraient ses lèvres s'il m'embrassait un jour. Finit la danse aussi, sauf quelques chansons, sinon j'ai vite fait de ressentir des élancements dans ma jambe qui perdurent plusieurs heures durant. Je trouvais ça difficile au début, mais aujourd'hui, tout va pour le mieux. Entourée de ces quatre collègues, je sens que j'ai enfin ma place à Dewsbury même si je n'y est posé mes valises que depuis quelques semaines. Nous travaillons tous à l'hôpital comme infirmiers, pas tous dans les mêmes départements, mais nous avons sympathisé quand même. Ils me font rire, ils me font sentir à l'aise et surtout, ils ne me jugent pas. Prenant mon arrivée en ville pour un nouveau départ, j'ai choisi de devenir qui je veux. Je suis Soie, proclamant mon deuxième prénom comme mon principal. J'ai fait une chute, tout bêtement étant enfant ce qui en résulte dans une faiblesse dans ma jambe. Si je reste debout trop longtemps, j'ai des douleurs intraitables, alors je ménage dès que je peux. Personne ne sait pour le patin, personne ne sait pour l'accident, mes nouveaux amis ne connaissant que la nouvelle moi, une femme indépendante chérissant son nouveau départ. Je leur ai dit que ma mère déménageait dans une plus petite maison et que j'ai pris cette occasion pour partir de mes propres ailes. Ils n'ont pas cherché à savoir plus, parce que celle que je suis leur suffit.

« Celle-là, elle est vraiment pas mal » commence John, en désignant une jolie rousse plus loin dans la salle. Toujours en chasse, rien ne l'arrête, que ce soit dans un bar ou même dans la salle d'attente de l'hôpital, il ne s'arrête jamais. Une gorgée de bière, il se lève pour aller aborder sa proie, laissant Zola en plan. Il ne m'a pas fallu longtemps pour trouver ma place au sein de ce petit groupe, comprenant rapidement les personnalités de chacun. John, le lourdeau de service qui cache un homme au grand coeur derrière les apparences, Zola, celle qui se la joue allumeuse, mais n'a d'yeux que pour John. Il y a Mark, le trop sérieux pour son âge et Sophie, celle vraiment pas sérieuse qui compense pour la morale parfois rigide de son meilleur ami. Une fois John auprès de la flamboyante rousse, Zola laisse échapper un soupir suffisant presque à la faire s'envoler. « T'en fais pas Zola » lui glisse doucement Sophie en posant sa main sur le bras de son amie. « Ça sert à rien, je devais pas être assez bien. Je veux dire, regarde la!» D'un coup de tête elle nous désigne la proie de notre ami, et même si elle est bien foutue, Zola reste mille fois plus belle. « Tu es tellement mieux » avance Sophie, nous intimant d'un regard insistant de faire pareil. « Au moins, tu as encore tes vrais seins » ajoute Mark, nous arrachant un sourire. « Moi, je ne vais pas me plaindre d'avoir les trois plus belles filles du bar à ma table. » Cette fois, il mange le parapluie ornant le drink de Sophie dans la tronche. « Tu sais, peut-être que tu pourrais trouver quelqu'un d'autre,  non? Depuis que t'es rentrée, il y a au moins trois hommes qui te dévorent du regard » je lui dis, tentant de la réveiller un peu. À voir le regard de mes amis, je ne viens pas vraiment de lui prodiguer un conseil utile. « À quoi bon! » commence Zola. « Il n'y a vraiment que lui qui m'attire... » Nouveau soupir et j'échappe une remarque que je regrette tout de suite après. « Je comprends ça. » Bon, je viens d'éveiller l'attention de tous mes compagnons, la boulette. « Toi aussi, t'as vécu un truc du genre ? » me demande Sophie. Réflexe: mentir. « Non, du tout. Je me dis juste que... Tu es une femme merveilleuse Zola, n'importe qui serait heureux de t'avoir à son bras. Tu es drôle, magnifique, attachante et intelligente, si John est trop stupide et facilement distrait par une poitrine en sillicone pour le réaliser, c'est que c'est un con. Il viendra s'en mordre les doigts plus tard.» Je pense que mon monologue a fait son effet, puisque Sophie  lève son verre, hurlant un cri de guerre qui nous fait sortir de cette ambiance dramatique. Nos verres sont terminés peu de temps après et je vois mes deux amies se diriger vers la piste de danse peu bondée. Ça ne les arrête pas pour autant, elles se déchainent et je les regarde de loin, un peu jalouse de leur agilité. Je joue un peu avec la paille dans mon verre, en silence, assise seule avec Mark. « Tu sais Soie, c'était un connard. » Surprise, je me recule légèrement et scrute son regard. « Celui qui n'a pas su voir la perle que tu es, c'était vraiment un connard. » Je reste muette. Comment peut-il savoir que j'ai vécu un truc similaire? Est-ce si évident? J'ouvre la bouche pour répliquer, mais rien ne sort. De toute façon, je lui dirais quoi? Que c'était un monstre, qu'en plus d'avoir brisé mon coeur, mes rêves et ma carrière, il avait pris des années pour s'assurer de bien gâcher ma vie? Non, je ne renchéris pas. « Je... Je vais aller me prendre une bière, je t'en prends une? » Hochement négatif de sa part, Mark continue de pianoter sur son téléphone, jetant de temps à autre un coup d'oeil à ses protégées sur la piste de danse. Une fois au bar, je sors mon portefeuille et souffle, heureuse de réaliser qu'enfin j'ai la chance. Enfin, je peux mettre le passé derrière moi.



© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Orizur » You can't fix what's broken Empty
Message(#)Orizur » You can't fix what's broken EmptyDim 9 Avr 2017 - 23:37

You can't fix what you broke
Orion & Azur

« Je déteste ma vie, c'est long ma vie sans toi
Je sais trop que ma place est dans tes bras
Et j'ai brûlé au loin, au bien trop loin de toi » ▬ ambiance

Vendredi soir. Ca fait tant d’années. Les jours meurent les uns après les autres et n’effacent en rien ce trou béant dans mon coeur. Y’a du vide. Trop de vide. Ça fait cinq ans. Cinq ans et y’a toujours ce même vide. Ça se résorbe pas. Ça reste tel quel. Ma vie en suspens… Y’a des courants d’air dans mon coeur, je suis malade. Et je guéri pas. Je suis enrhumé des sentiments. Engourdi. Des fois je me demande si je ressens encore quelque chose ? Si je suis pas devenu comme tous les types pas très recommandables que je côtoie à longueur de soirées, à longueur de connerie, à longueur de mauvaises décisions. Et puis reviennent les vendredi soir. Inlassablement. Immanquablement. C’est pas que j’oublie pendant la semaine. Non. Je me voile juste la face. J’endors tous mes sens, je berne mes émotions. Je joue au connard. Je deviens un connard. Je suis un connard. Mais les vendredi soirs. Putain. Cinq années, Y’avaient cinquante-deux semaines par an. Si tu faisais le calcul. Cinq ans. Cinquante-deux semaines. Pas moins de deux cent soixante vendredi soir de merde. Et pas l’ombre d’une guérison à l’horizon. La perspective d’aller mieux ne m’attire même pas. Je me complais dans ma solitude. Pas vraiment masochiste. Je l’accepte juste. Cette douleur. Elle fait partie de moi. Je peux pas la nier. Je peux pas même la réfuter. Je sais trop qu’elle est méritée. Que je vais vivre avec pour un bon bout de temps. Qu’un bon bout de temps dans ma bouche ça ne correspond qu’à un doux euphémisme.

« Un autre. » Et j’agite mon verre, à destination de la serveuse. Elle n’a même pas besoin de demander ce que je veux. Je suis à peu près sûr que mes lèvres ont le gout de ce cognac douze ans d’âge qu’elle ne sort que pour moi. Que pour les vendredi soir. Que pour mes vendredi soir. Le liquide ambré rempli à nouveau mon verre. Je le porte à mes lèvres. Déjà la brulure dans ma gorge me rappelle que j’en suis à mon troisième verre. Un signe dans sa direction. Remerciement tacite. Elle, c’est Sasha. Elle a quoi… Une petite vingtaine d’années ? Sans guère ne s’échanger plus de dix phrases par vendredi soir, elle représente ma plus solide compagnie pour ce genre de rendez-vous. Je l’aime bien. Elle a un joli sourire. Ses tâches de rousseurs, on dirait une constellation tatouée à même ses joues. Et puis elle pose jamais de questions. Ça aussi, j’aime bien ça. Elle demande même plus ce que je prends. Elle réserve des bouteilles justes pour moi. Je la vois les mettre de côté, quand je passe parfois, pendant la semaine. La semaine c’est pas pareil. La semaine je suis pas vraiment le même. La semaine je ne suis pas du tout le même. La semaine je ne suis que l’ombre de moi même. A moins que ce ne soit ces soirs-là, ces vendredi soirs, ou je ne suis plus vraiment moi. Je sais pas. Je sais plus. J’y réfléchis pas trop. J’ai peur de me perdre. D’oublier. D’oublier c’est lequel, ce vrai moi? Sasha elle connait que le Orion du vendredi soir. Elle met une étiquette autour de mes bouteilles. Une étiquette avec une étoile. Ouais ça aussi j’aime bien. J’aime bien Sasha. Je crois qu’elle m’aime bien aussi. Pas juste parce que je lui tiens compagnie toutes les semaines, même jour, même heure. Ni parce que je lui laisse toujours un pourboire. Je la reluque pas comme tous ces pervers, je décourage souvent la plupart d’entre eux de l’aborder. Et puis j’étais là, la semaine où elle à commencé ce travail. Lui indiquant où les autres serveuses cachaient cette liqueur de café pour préparer ce fameux cocktail, le russe blanc, réservé aux habitués. Je lui avais sauvé la mise. Ça avait commencé comme ça. Et puis je serais surement là, quand elle quitterait ce job, pour un mieux, à la fin de ses études, pour fonder une famille ? J’en savais pas plus que ça au sujet de sa vie. Elle non plus au sujet de la mienne. J’aimais ça. On aimait ça.

Une nouvelle gorgée. Une nouvelle brulure. L’alcool propulsé dans mes veines à vive allure. Le trou dans mon coeur l’empêche pas de fonctionner normalement. Pour ce qui concerne le côté physiologique de la force. Il est encore tôt, la soirée ne fait que commencer pour ma bouteille de cognac et moi. Je ne quitterai les lieux qu’à la fermeture. Comme d’habitude. Je suis toujours assis à la même place. Sur mon tabouret de bar. accoudé à comptoir, dans le renfoncement. Je suis un peu dans l’ombre. On ne me voit pas, mais j’ai vue sur tout le monde. Mais pourtant je ne m’amuserai pas à dévisager les usagers du bar avant une bonne heure. Je préfère, pour le moment, plonger mon regard dans les vagues d’ambre que je forme en remuant lentement mon verre, d’avant en arrière.  Pourtant. Pourtant y’a quelque chose qui m’arrache à ma contemplation. C’est pas un bruit. C’est pas un mot. C’est une présence. Je suis pas du genre à prêter attention aux autres, à m’intéresser vraiment à ce qui se passe autour de moi. Mais là. Là c’est magnétique. Mes yeux doivent s’arracher à la contemplation silencieuse de mon verre. Mes yeux doivent se poser sur cette silhouette qui me semble inconnue. Et pourtant si familière. J’effleure du regard la cambrure de son dos. Je vois ses cheveux blonds caresser timidement ses épaules. Ses épaules, ses frêles épaules qui semblent porter le poids de toutes les galères du monde sur elles. On dirait les miennes. Je me redresse, comme après avoir constaté que moi aussi je me courbe sous le poids de tous mes maux. Et puis ça me frappe. Ça m’en coupe le souffle. Je me prends un coup de poings invisible dans l’abdomen. Un frisson me parcoure l’échine alors qu’elle replace une mèche blonde comme les blés derrière son oreille. Le gout du cognac tapisse mes papilles tandis que ma gorge s’assèche à la vitesse de l’éclair. Et puis ? Et puis je réfléchis pas. Je réfléchis pas à ce qui se produit dans ma tête. Je réfléchis pas à mon trou béant qui menace de s’agrandir. Je réfléchis pas aux mots qui se bousculent dans ma bouche. Je réfléchis plus à ce flots d’émotions qui envahit ma tête. Je pose mon verre. Je me lève. Je vais à sa rencontre. N’importe quel autre soir, j’aurai dit autre chose. Mais pas ce soir. Pas un vendredi soir. Nos vendredi soir. Ya qu’un mot que j’ai à la bouche. Un mot que j’ai pas prononcé depuis des années. Un mot que je me suis vu, vu et revu prononcer, en vain. Je laisse pas passer l’occasion de le laisser sortir de ma bouche. « Azur… »




© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Orizur » You can't fix what's broken Empty
Message(#)Orizur » You can't fix what's broken EmptyLun 10 Avr 2017 - 21:39

You can't fix what you broke
Orion & Azur

« Je déteste ma vie, c'est long ma vie sans toi
Je sais trop que ma place est dans tes bras
Et j'ai brûlé au loin, au bien trop loin de toi » ▬ ambiance

Le temps passe, le bar se rempli de plus en plus. La barmaid qui s'en tirait plutôt bien est maintenant légèrement débordée quand je m'appuie sur le grand comptoir de bois, prête à placer ma commande. Pas grave, je ne suis pas pressée, alors j'attends, tout simplement. Je la vois décapsuler des bières, les tendre à un groupe d'homme pour ensuite verser un mélange dans un shaker tout de suite après. Un liquide ambré est rangé sous le comptoir, en retrait des autres bouteilles. Particulier. Deux filles assez saoule arrivent près de moi, m'écartant au passage lorsqu'elles posent leur sac à main sur le comptoir déjà tout collant. Elles parlent et rient encore plus fort, tout tact et subtilité les ayant abandonnés plus tôt dans la soirée. Je me décale, leur laissant ma place, peu importunée par leur comportement. Autrefois je les aurais envoyées balader, proclamant ma priorité dans l’ordre de service, mais pas aujourd’hui. Pas ce vendredi soir, parce qu’il ne me provoque plus cette euphorie de début de weekend depuis cette soirée. Non, ils me laissent un goût amer en bouche que je tente de masquer avec des breuvages alcoolisés, reléguant ce jour de la semaine au même niveau que les autres. Vendredi, ce n’est qu’un mot quand on y pense, un mot qui ne veut rien dire si on ne lui accorde aucune signification. Comme moi, je me fiche du nom de la journée et de sa position dans la semaine, tentant tant bien que mal de me convaincre que je réussis. Ici, les vendredis n’ont pas de sens, sauf celui de ‘vin-dredi’ apporté par Sophie chaque fois qu’elle nous propose de sortir. Pour Soie, ce n’est qu’un soir comme un autre, un où on est pas de garde. Et Soie, elle s’en fiche que des greluches la dépassent pour obtenir un drink trop sucré et écœurant pour retourner danser devant l’œil avide de pervers. Azur, elle aurait été une de ces demoiselles, Soie elle les regarde de loin, totalement exclue de cet univers, comme si elle n’en avait jamais fait partie. C'est quand je vois des demoiselles repartir avec leur drink que ça me frappe. L'air devient glacial contrastant avec la chaleur et la panique qui s'empare de mon corps. Je sens, non je sais que quelque chose a changé, je ne saurais expliquer quoi, mais je le ressens. Chaque parcelle de mon être se dresse. Leurs mains grossièrement manucurées s'emparent de leur breuvage, un rouge et un avec des feuilles de menthes, comme un signe du destin. Je ne l'entends pas arriver, convaincue d'être en train d'halluciner. Si j’ai raison, je devrais me mettre à courir, vite, quitter cet endroit et ne plus jamais y revenir, sans regarder en arrière. Je ne sais pas si c'est mon plus grand rêve ou mon pire cauchemar, mais juste pour cette hésitation je serre les dents. Les demoiselles quittent pour rejoindre leurs copines, peu consciente de ce qui trame juste à côté d'elle. Mes yeux se ferment, je serre le poing et les dents : il faut que je me calme. Je m'emballe, c'est impossible, depuis cette soirée, il est mort et enterré pour moi. Non, depuis que je l’ai vu quitter cette salle d’audience sans m’accorder ne serait-ce qu’une seconde d’attention. Il n'existe plus, il n'est pas dans cette vie qui vient juste de commencer pour moi. Je sens un frisson me parcourir le corps alors que mon coeur commence à débattre. De l'air, vite, j'ai besoin d'air où je vais me mettre à paniquer, réellement. Je prendrais bien mes jambes à mon coup, si seulement il n'avait pas... Il n'est pas réel, ce n'est pas réel. Je m’imagine tout ça, ce sont les drinks caractéristiques des greluches qui me replongent en arrière. Un mojito et un cosmopolitan. Ce n'est pas lui, ce n'est pas sa voix qui vient de susurrer mon prénom tout près de mon oreille, une simple hallucination causée par mon gin tonic bien corsé d'il y a quelques heures. Lorsque j'ouvrirai les yeux, il ne sera pas là, c'est simplement mon corps qui me joue des tours. J’ai la rage au ventre, je n’ose pas ouvrir les yeux, je ne veux pas l’affronter. Pas ce soir, pas demain, pas jamais. Je veux qu’il crève, qu’il se retrouve dans cette tombe où il a failli m’envoyer tant d’années auparavant. Je veux qu’il ressente tout le mal qu’il m’a causé, alors que je pleurais jusqu’à ne plus avoir envie de rien, à me torturer pour essayer de comprendre. C’est tout ce que je voulais, comprendre. Je l’aurais supplié à genoux des jours durant pour qu’il daigne me regarder, une dernière fois, qu’il m’explique. Puis je me suis résignée : je n’aurai jamais d’explications. Alors j’ai fait une croix sur cet événement, sur lui. Il ne mérite pas mon attention, c’est trop tard pour lui laisser la chance ne serait-ce que de placer un mot. Quand j’étais à l’article de la mort, il était tout ce qui aurait pu me sauver, parce que qui a dit qu’un cœur brisé n’était pas fatal ?

Inspiration, expiration. J’ouvre les yeux. L’horreur qui se concrétise. Il est là, bordel, il est bien là. Toute la peur et la panique qui m’envahissait doucement se décuplent à un rythme inimaginable et je n’ai qu’un seul réflexe : fuir. Brusquement, je me recule, accrochant un tabouret au passage. Le bruit tire la barmaid de son travail, mais mes yeux sont trop occupés à déverser toute cette rage pour la remarquer. Je ne veux pas qu’il place un mot de plus. Je ne veux plus entendre sa voix prononcer mon nom sur ce ton piteux qu’il pourrait qualifier de regrets. Je dois partir d’ici. Pourtant, mes pieds sont lourds, on dirait que mon corps me refuse tout mouvement brusque, toujours sous le choc de voir son démon réapparaitre.



© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Orizur » You can't fix what's broken Empty
Message(#)Orizur » You can't fix what's broken EmptyLun 10 Avr 2017 - 22:32

You can't fix what you broke
Orion & Azur

« Je déteste ma vie, c'est long ma vie sans toi
Je sais trop que ma place est dans tes bras
Et j'ai brûlé au loin, au bien trop loin de toi » ▬ ambiance

Je me frapperai. Je me bafferai si je pouvais. M’assommerai même. Si fort, que j’aurais oublié en me réveillant. Oublié mon imprudence. Oublié ma maladresse. Oublié mon absence d’éloquence. Un prénom qui avait peiné à franchir le seuil de mes lèvres, après toutes ces années, il était presque tatoué à même ma langue. Chacune des lèvres gravé à l’intérieur de ma bouche car jamais il n’aurait du en sortir. Mille phrases m’étaient pourtant si souvent venues à l’esprit, si d’aventure nos chemins devaient se croiser à nouveau. Pourtant seul son prénom n’avait daigné s’imposer à moi. Le reste de mes pensées semble trop embrumé par ce fantôme de mon passé, accoudé au bar. J’aurais du me gifler. Mais j’aurai beau frapper fort, frapper encore et encore. J’aurai beau me malmener, tenter de me réfugier dans l’oubli, dans l’amnésie. Aucun heurt ni choc n’aurait eu raison de ma mémoire. Azur n’aurait pu être relégué au rang de souvenir, telle la brume qui flottait dans l’air chaque matin, au réveil, emportant avec elle les vestiges de nos rêves, de nos cauchemars. Azur elle était à jamais ancrée dans ma pupille. Et si la cécité s’emparait de moi, un jour malheureux, jamais ô jamais je n’oublierai… Ses cheveux d’or, on aurait dit qu’ils emprisonnaient les rayons du soleil, ils scintillaient même dans la nuit, ouais on aurait dis un champ de blés un beau matin d’été. Sa peau. Sa peau pareille à de la porcelaine de limoge, d’une pureté sans égale, blanche sans être exsangue, si veloutée que beaucoup luttait pour s’empêcher de l’effleurer. Et ses yeux. De l’ambre en fusion entouré d’émeraude. Un regard perçant, qui malgré les drames n’avaient en rien perdu d’intensité. Elle était envoutante. Inoubliable. Et cela même après un passage à tabac. Je peux plus reculer. Je peux peux plus ravaler mes paroles. Alors je dois assumer je suis bien là, en face d’elle. Elle, mon Azur. Mon Azur, mon océan de regrets. « En face » serait peut-être légèrement optimiste si l’on considère que je me tiens sur son flanc, cette dernière veillant à ne pas bouger d’un iota. C’est à peine si elle ouvre les yeux, tentant de garder paupières closes plus longtemps qu’un simple clignement d’oeil. Espère-t-elle que j’aurais disparu lorsqu’elle les rouvrirait ? Est-ce que c’est comme ça qu’elle imaginait nos retrouvailles. Est-ce qu’elle imaginait des retrouvailles ? Bordel. Elle peut pas m’ignorer ostensiblement, pas alors que je suis à dix centimètres d’elle. Si ma voix s’était étouffée dans mon murmure, elle avait été parfaitement audible pour l’intéressée. Je l’avais vu, tressaillir, lorsque j’avais prononcé ces quatre lettres. Alors quoi ? Elle me jouait le coup du « je te vois pas dégage » ? Ca marchait ptet avec les pauvres gars qu’elle côtoyait désormais, mais ça marchait pas sur moi. A dire vrai, rien n’aurait pu marcher sur moi. Je voulais la voir. La voir vraiment, je veux dire. Plonger mon regard dans la sien. Je veux savoir que ça va. Je veux le lire dans ses yeux. Il n’y avait que moi, à l’évidence, qui pensait à l’autre, me réveillant parfois au milieu de la nuit avec ce mauvais pressentiment la concernant. Putain. Elle était en face de moi…

Et puis… Tout se passe très vite. Elle ouvre les yeux. Je vois sa poitrine se soulever douloureusement. Je l’oppresse. Je vois pas ses yeux mais je sais de quoi ça à l’air. Elle est coincée, sans issue. Ca devrait pourtant la convaincre a tourner la tête vers moi. Me dire quelque chose ? Juste un mot. Un tout petit mot. Je la supplie mentalement, ne pouvant pas l’encourager tout haut. C’est au dessus de mes forces. Elle n’en fais rien. Sans prévenir, Azur s’écarte, de moi, du comptoir. Elle se prend le tabouret au passage. Je crains pour sa jambe, mon regard se dirigeant directement sur cette dernière. Au passage j’ai le temps d’intercepter l’ire qui fait rage dans ses yeux. Ca me glace. Ca me cloue sur place. C’est comme si cette rage venait de couler chacun de mes pieds dans une dalle de béton. Je me retrouve paralysé. Impuissant, je la vois s’échapper alors que j’encaisse cette colère imprévue. Tu t’attendais à quoi, Orion ! Tu voulais qu’elle t’étreigne chaleureusement ou quoi ? Je voulais juste un mot de sa part. Entendre sa voix. Mais au lieu de cela, je la vois s’éloigner. Je puise au fond de moi pour me reprendre alors que Sasha m’interroge du regard. Personne n’a loupé la scène de la fuite en heurtant le tabouret. Ca ne fais qu’une seconde, j’ai l’impression que dix minutes se sont écoulées. Je songe a toute vitesse. Je mets trop de temps. Elle me file entre les doigts. Je peux pas la laisser s’en aller. Pas comme ça. Jamais en fait. Je me décide à lui courir après, enfin. Je ne sais même pas comment j’arrive à mettre un pied devant l’autre. J’en sais rien. Je me pose pas ce genre de questions inutiles. Tant que ça fonctionne, ça me va. Elle a pas dans cinq mètres, je la rattrape aisément. « Azur, merde ! » Cette fois-ci ma voix est assurée, agacée devant sa fuite. On est au milieu de la piste, mais je m’en fou. Je lui attrape le bras, je veux arrêter sa course une bonne fois pour toute, même si elle va au ralenti. Je saisis son avant bras sans pour autant exercer une forte pression sur elle. Je veux pas lui faire mal. Pas plus que ce que j’ai déjà fais dans le passé. C’est quand je sens sa peau sous mes doigts que je me rappelle avec effrois que cela n’est pas possible. De lui faire plus mal. J’en ai déjà bien trop fais…





© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Orizur » You can't fix what's broken Empty
Message(#)Orizur » You can't fix what's broken EmptyMar 11 Avr 2017 - 16:00

You can't fix what you broke
Orion & Azur

« Je déteste ma vie, c'est long ma vie sans toi
Je sais trop que ma place est dans tes bras
Et j'ai brûlé au loin, au bien trop loin de toi » ▬ ambiance

Moi qui a normalement l’impression d’être complètement invisible, je me sens projetée à la vue de tous. Pression, oppression, ils me regardent, ils me jugent, ils se demandent pourquoi j’ai l’air si paniquée. Ils attendent de moi une réaction ou une explication pour mes agissements. Je m’enfuis d’un homme qui ne semble pas me vouloir de mal alors qu’au contraire, c’est sa spécialité. Oh oui, son domaine d’excellence, il a obtenu les honneurs trois fois plutôt qu’une. On rencontre parfois quelqu’un qui nous blessera physiquement, un autre mentalement ; l’un brisant votre cœur brisé, l’autre trahissant votre confiance. Pour moi, il n’y a qu’une seule personne qui m’a réellement détruite sur tous les plans possibles, et elle se tient à ma droite. Non, rien de ceci vient de se produire. Ma vue se brouille, et malgré la musique de plus en forte, je n’entends rien. Je deviens sourde, comme enfermée dans une pièce de confinement. Rien ne me touche, rien ne m’atteint, je me vois avancer sur la piste de danse d’un pas rapide sans avoir l’impression que je suis réellement en train d’agir. Raisonne-toi Azur, merde ! Ce n’était que la vue des breuvages, rien de plus, un petit fashback, une hallucination. Rien de grave, rien d’important. J’aime mieux déserter par précaution, me sentant de moins en moins présente. Mes sens me quittent, lentement. Isolée, seule, tout le monde semble à des milliers de kilomètres de moi. Je ne ressens rien, je ne suis rien. Malgré l’élancement dans ma jambe après m’être pris le tabouret, l’adrénaline est trop forte, je n’y fais pas attention et j’avance de plus en plus vite. Je veux partir d’ici. Je veux qu’il ne soit pas là. Je veux revenir en arrière et décider de rester chez moi ce soir. Je veux revenir en arrière et ne jamais l’avoir connu. Sa vue m’est intolérable, mon regard fait tout pour ne pas se poser sur lui, cherchant de l’aide auprès de mes amis.

Seulement, une fois au centre de la piste de danse, tout bascule. Son bras sur le mien, il prononce à nouveau mon prénom de son ton… Sa main, elle me brûle. C’est intolérable. Un fer chauffé à blanc, la sensation de mille aiguilles qui s’acharnent sur ma peau. L’ouïe me revient, tout est trop fort. La musique, les rires, les conversations, sa voix. Ça m’éclate les tympans, comme un coup de canon qui te casse à l’intérieur. Aveuglée par les lumières, j’ouvre les yeux grands, trop grands. On dirait que le soleil est juste en face de moi et me brûle les rétines. Par mauvais réflexe, ma tête se tourne vers lui et j’en ai la confirmation, je ne suis pas en train de faire un cauchemar. Ma réalité est mon cauchemar. Brusquement, tous mes sens me reviennent en une fraction de seconde. C’est comme une chute libre, je viens de m’écraser. Un train qui me happe et me démembre. Une balle en plein cœur. Une course à toute vitesse dans un mur. Lui qui me frappe avec sa voiture. Lui qui m'ignore alors qu'il est prononcé coupable. Lui qui n'a jamais montré le seul once de regret ou de compassion. Tout me fait mal. Tout. Subitement. Alors je ferme les yeux et… j’hurle. J’hurle fort, sans gêne, sans honte. Privée de la parole, je ne trouve que cette réaction mise en place par mon organisme qui doit s’occuper de lui-même de manière autonome. La surprise a tôt fait de me rendre mon bras de sa prise douloureuse, que je serre contre moi dans une vaine tentative de me protéger. J’en laisse tomber mes affaires, mais je m’en fous complètement. Malgré la musique forte, je sens une main délicate se poser sur mon épaule et me tirer plus loin. Sophie me parle, elle me demande si ça va, passant même une main sur ma joue alors que Zola me tire vers la table. Je crois entendre la voix de John, mais je ne suis pas certaine. Je ne suis plus en mesure d’analyser mon environnement, je suis en état de choc. Il y a des mots dans l’air, mais rien ne me parvient, comme si tous mes sens m’avaient quitté à nouveau. « Mais, Soie, ta jambe … ? » Ma respiration s’accélère, je vois le spasme actif dans mon genou qui la rend raide me complique la marche. Merde. Un coup d’œil vers me mains me confirme que je tremble. Toute rage m’a quitté, je ne suis que panique… et peur. J’ai peur qu’il me fasse mal à nouveau. Il m’a tout pris, mais à chaque fois je me disais ça et lui, il trouvait le moyen de prendre encore plus. Leurs voix s’entrechoquent, j’entends une qui demande qui c’était, pourquoi il m’a appelé Azur, si j’ai mal, s’il m’a fait du mal. Oui, beaucoup trop. Leur présence qui se veut rassurante m’oppresse encore plus alors d’un coup d’épaule je me défais de leur emprise pour me diriger vers la sortie. Je ne veux pas m’expliquer, je veux juste rentrer, courir jusqu’à en tomber. Rentrer et oublier. Tout oublier.



© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Orizur » You can't fix what's broken Empty
Message(#)Orizur » You can't fix what's broken EmptyVen 14 Avr 2017 - 15:03

You can't fix what you broke
Orion & Azur

« Je déteste ma vie, c'est long ma vie sans toi
Je sais trop que ma place est dans tes bras
Et j'ai brûlé au loin, au bien trop loin de toi » ▬ ambiance

Ma main sur son bras, des décharges électriques parcourent mes doigts pour remonter jusqu’à mon coude. J’en avais presque oublié cette sensation de sa peau contre la mienne. Instantanément, j’envie tous les hommes qui ont posé la main sur elle. La main, le bras, les lèvres. Je me raidis a cette simple pensée qui me met hors de moi. J’envie tous ses hommes qui gravitent autour d’elle et qui s’emparent de ce que je n’ai jamais pu qu’effleurer du bout du doigt. Ce « nous » qui n’a jamais existé, peut-être juste dans mes rêves. Ce « nous » que j’ai détruis volontairement, prononçant sa mort prématurée dans l’espoir de la sauver elle. En vain… Ca me brule presque, ce contact interdit. Je peux pas enlever ma main, pas si elle ne l’exige pas. Elle ne le fait pas d’ailleurs, elle me dévisage avec toute la rage qu’elle peut puiser en elle. Ca me blesse plus que je ne laisse paraitre. Je me suis blindée face à son regard si expressif. Mais sa voix… C’est pas une phrase qui sort de ses lèvres, ni même un mot, un tout petit mot. Non. c’est un cri. Fort. Perçant. J’ôte ma main instantanément. Sa voix qui se brise me projette quelques années en arrière, ce soir là. Ce fameux soir qui a fait basculer sa vie, et la mienne par la même occasion. Son cri, cette nuit là, hante mes nuits. J’en fais encore des cauchemars, me réveillant en nage au beau milieux de la nuit. Seule Camber était parvenue à les apaiser, ces terreurs nocturnes, et puis j’étais à nouveau tout seul, alors elles étaient revenues. Je revois son corps, je revois le sang, je revois les sillons d’eau salée qui creusaient ses joues. Mes souvenirs sont troubles. C’est pas que j’ai oublié. C’est les larmes qui m’empêchaient de tout voir…

La surprise lui donne l’avantage, elle s’échappe rapidement, laissant tomber son sac à main à mes pieds, l’oubliant dans la précipitation de sa fuite. Tous mes dévisage, mais j’en ai rien a foutre. Je ramasse le sac en fusillant du regard quiconque aurait voulu m’empêcher de m’en emparer. « T’as un problème tocard ? Tu veux qu’on en parle ?! » Je lance, agressif, vers un type qui se fou clairement de ma gueule. Ca le refroidit direct, il s’écarte de mon chemin bafouillant une excuse dans sa barbe. Mon pour s’accélère alors que je balaye la salle du regard dans l’espoir que mes yeux se posent sur sa chevelure blonde. Ou es-tu…? Avant de parvenir à la trouver, une main vient se poser sur mon épaule. A en juger par la poigne dont elle fait preuve, il ne s’agit clairement par d’Azur. Je me retourne et me trouve face à un type un poil plus grand que moi, certainement plus épais à en juger par ses bras gonflés à la muscu. « Qu’est-ce que tu me veux ? Un autographe peut être ? » Je me dégage de son emprise en reculant, lui lançant un regard noir, espérant le décourager de me chercher des noises.  « On peut savoir ce que tu lui veux à Soie ? Laisse la tranquille ! » Soie ? Il est sérieux celui-là ? J’éclate d’un rire franc, balayant ses mots d’une main dans le vide.  « Elle t’as vraiment dis qu’elle s’appelait Soie ? » Je vois ses poings se serrer, ça me fait rire de plus belle. J’en avais connu des type comme lui, un paquet. Et s’il croit m’impressionner avec son corps épaissit à la gonflette, il se trompe lourdement. Qu’il ne s’avise pas de poser sa main à nouveau sur moi. Qu’il ne la pose pas non plus sur Azur. « T’as cru que t’allais venir la défendre avec ton corps de bodybuilder et l’espoir de la chopper juste après ? Si elle t’as pas dis son vrai prénom c’est qu’elle n’en a rien à foutre de ta gueule ! » Je contracte tous les muscles de mes ados prêt à recevoir un coup de sa part, ce genre de type est si prévisible. « Maintenant dégage de là! »




© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Orizur » You can't fix what's broken Empty
Message(#)Orizur » You can't fix what's broken EmptyVen 14 Avr 2017 - 16:39

You can't fix what you broke
Orion & Azur

« Je déteste ma vie, c'est long ma vie sans toi
Je sais trop que ma place est dans tes bras
Et j'ai brûlé au loin, au bien trop loin de toi » ▬ ambiance

J’ai mal, partout. On dirait qu’on vient de m’assommer d’un coup de masse, ça m’élance d’en avant à en arrière du crâne. J’ai la tête qui tourne, j’ai l’estomac qui se tord. Je manque d’air. J’ai l’impression que sa présence m’oppresse à un point tel que je ne suis plus capable de respirer, comme s’il avait collé son corps contre le mien dans le but de me réduire à néant. Je me sens comme le soir de l’accident, où j’ai poussé ce cri de peur, et qu’ensuite plus rien ne réussissait à passer le cap de mes lèvres. Je voulais demander de l’aide, je voulais que quelqu’un vienne me tenir la main, qu’un me souffle des mots doux à l’oreille alors que le temps semblait s’être arrêté. Sur le coup je l’avoue, je voulais que lui soit là pour moi, parce que si je devais y rester, je voulais que mes dernières secondes dans ce monde soient à ses côtés. Je lui aurais pardonné tout ce qu’il avait pu me faire, ce cœur brisé qui n’avait jamais guérit, ce rejet injustifié, parce qu’il n’y avait pas plus important que lui dans ma vie malgré tout. Je n’avais jamais cessé d’espérer qu’un jour il me revienne, même s’il n’avait jamais été à moi. Mais ce ne fut pas le cas. J’étais témoin de mon accident sans être participative. Tout le monde s’activait autour de moi sans que je ne puisse réagir. Comme ce soir. Sophie est en train de saisir nos manteaux tandis que Zola passe sa main dans mon dos et me parle doucement comme elle seule est capable. Ses paroles ne sont que des bourdonnements, je n’entends rien, je ne vois rien. Jusqu’à ce que je revienne à la réalité après qu’elle ait prononcé mon prénom, enfin, second prénom, à plusieurs reprises. « Soie… Ton sac, tu sais où il est ? » Je me tourne vers elle, l’air de ne rien comprendre. Mon sac ? Mais j’en ai rien à foutre. Je viendrai le chercher demain. C’est pas grave. Mes yeux qui alors fixaient mes mains regarde ma belle amie qui me couve d’un regard doux, quand je lève les yeux et voit ce qui trame à quelques mètres de nous. C’est Orion qui gueule après John, qui semble être venu le voir pour prendre ma défense. Pourquoi je pense à son prénom ?! C’est lui qui gueule après mon ami, la musique a beau être forte et il a beau être à être une certaine distance, je perçois tout de même ses mots. Tout ce qui sort de sa bouche m’égratigne, ça me lacère le cœur de plus en plus profond. Cette voix qui pour un moment était la seule que je voulais entendre tous les jours me ma vie, elle me rend malade aujourd’hui. Je le regarde, encore une fois passive. J’ai l’impression qu’il ne peut pas m’atteindre, qu’il ne peut plus me faire de mal, avec John entre nous, mais quand je vois ce dernier lui envoyer le premier coup, je sais que mon ami vient de se foutre dans un merdier pas possible. Il n’y a pas pire bagarreur que lui, que j’ai déjà retrouvé dans une ruelle, en sang, juste à cause d’une crise de jalousie injustifiée. Avec son séjour en prison, je me redresse tout de suite parce que je sais que John va prendre cher. Il se la joue dur à cuir avec ses gros bras et ses conquêtes, mais il est vraiment trop doux pour un être cruel comme l’autre. Quelques secondes, je le vois qui lui envoie un coup qui a pour effet de faire flancher John en deux. Zola se retourne et elle m’abandonne pour aller le rejoindre. Si quelqu’un ose lui faire du mal, elle sera la première à accourir. Un peu comme moi pour lui, autrefois. Mais là, les coups pleuvent et je sais qu’il n’en faudra pas long pour que mon ami se retrouve à terre. L’autre, il est habitué, il a déjà eu des côtes fêlées et tout ce qu’il avait trouvé à me dire c’était une remarque sur ma tenue. Pitoyable. Pourquoi ai-je mis tant de temps à m’en apercevoir ? Je me dis que lorsque Zola sera là, il cessera ses coups, mais non, rien n’y fait. Puis, ça me revient, toutes mes sensations qui me heurtent tel un train à toute vitesse. Quelques secondes plus tard je suis près d’eux, la rage dans la voix, la peur dans les yeux. Ma jambe me fait terriblement souffrir, tellement que mon état fantôme ne suffit plus à calmer la douleur. À ma droite, Zola pleure à voir son ami tenter de rester debout, clairement moins endurant que lui. Je dois faire quelque chose, alors même si je me dis que je devrais simplement profiter de cette distraction pour prendre mes jambes à mon coup et attendre que la sécurité les sépare, je ne peux me résoudre à rester spectatrice plus longtemps. « ORION !!! ARRÊTE ! Je t’en supplie, arrête …! » Je lui hurle, hoquetant en même temps, les larmes trop près d’arriver, alors qu’il a le poing levé. J’espère qu’il s’arrêtera, ne serait-ce que quelques secondes, le temps que John puisse aller rejoindre Mark en arrière pour quitter, avec Sophie qui doit être paniquée. Elle a toujours détesté la violence, je ne donne pas cher de son état en ce moment, elle sera probablement la pire d’entre nous. Tout ce que je veux, c’est qu’il m’entende. Je suis près de lui, et même si j’ai peur, je lui offre mon regard qu’il a tant cherché au cours des dernières minutes. Qu’il s’en prenne à moi, je saurai vivre avec, je vis déjà avec, mais qu’il touche mes amis c’est inacceptable.



© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Orizur » You can't fix what's broken Empty
Message(#)Orizur » You can't fix what's broken EmptySam 15 Avr 2017 - 15:56

You can't fix what you broke
Orion & Azur

« Je déteste ma vie, c'est long ma vie sans toi
Je sais trop que ma place est dans tes bras
Et j'ai brûlé au loin, au bien trop loin de toi » ▬ ambiance

Je sais même pas pourquoi je réagis comme ça… Je veux dire, ce mec ne m’a rien fais de mal. Pire que tout, ce mec poursuit les mêmes objectifs que moi. Tous les deux, nous ne souhaitons que sa sécurité. Sauf que je suis un putain d’égoïste, et je tolère pas qu’il y en ait un autre qui s’en charge à ma place. Je suis vraiment le dernier des connards. C’est plus fort que moi. Juste l’idée que ce type aux gros bras puisse s’occuper d’elle ça me… Je sais pas. C’est un mélange étrange de frustration, de colère mais aussi de soulagement. Je veux détenir le monopole de son bien être. Je veux rayer du tableau tous les autres types qui lui tournent autour, de près ou de loin. Je peux pas supporter que d’autres gravitent autour d’elle, alors que moi… Moi quoi ? Je fais même plus partie de sa galaxie. Je vis a des années lumières de son monde. Pourtant j’ai besoin de sa lumière, de son aura, de son attraction pour avancer. C’est surement toutes ses émotions qui se bousculent dans ma tête qui ont raison de mon poing. A peine m’a-t-il bousculé, que je ne me retiens plus. Je n’ai pas attaqué le premier. Certes, je n’ai guère été patient. Tolérance zéro. Je me prends son poing dans le ventre, moi je vise ses poumons, il en a la respiration coupée. Et ouais… Non seulement t’attaquer à un ex taulard c’était pas l’idée du siècle, mais en plus il a des notions de médecine. Il réplique en me frappant au menton. Ca me fait rien, cette partie de mon visage a perdue toute sensibilité au cours d’une soirée mouvementée. Une soirée où elle, ma soie, était encore au centre de mes préoccupations. De mes obsessions serait plus juste. Un coup sur l’oreille gauche, il est déboussolé, perd l’équilibre. Et ouais, l’oreille interne mon gars. Ca sert a rien de taper comme un sourd dans tout ce qui bouge, faut viser! On se retrouve déjà à terre. Un attroupement c’est formé autour de nous, on fait l’animation de la soirée. Faudra que je pense à demander ma commission au patron du bar, s’il me fiche pas dehors avant, à renfort de grand coups de pieds au cul. J’entends plus la musique, j’entends plus les basses, j’entends plus les hurlements autour de nous. Je me contente d’encaisser ses coups la mâchoire serrées, lui assenant le double. Une vois se détache de tout ce brouhaha. « ORION !!! ARRÊTE ! Je t’en supplie, arrête …! »  Je me fige. Mon bras retombe instantanément le long de mon flanc. Je m’en reprends une, puis deux. Je réplique plus. Ce qu’elle dit, je l’exécute. Elle m’a enfin adressé la parole. L’autre s’en donne à coeur joie. Je la fixe, elle. A genoux à quelques centimètres d’elle. Je bouge plus. L’autre nigaud il a pas compris que le round est terminé. Je me prends un méchant coup dans le nez qui me fait basculer à la renverse. Déjà je sens un liquide chaud dévaler le long de mon menton. Je reconnais ce gout métallique qui semble caractéristique de toutes mes altercations à son sujet. La fille a côté d’Azur hurle auprès de l’autre type. Les larmes perlent au coin de ses yeux. « John ça suffit ! » Ca semble le calmer. Il se laisse tomber sur le sol, sa respiration saccadée atteste de la raclée qu’il vient de se prendre. Je la quitte toujours pas du regard. En meme temps je tate le sol comme pour chercher un truc. Ah oui. Son sac à main que j’ai récupéré. Je lui temps sans sciller, mon bras la touchant presque. Je m’attends à ce qu’elle dise quelque chose. Je vois sa lèvre inférieure trembler. Mais avant qu’elle ait eu le temps de piper mot, je sens que l’on me saisit par les épaules. Un coup d’oeil au fameux John qui subit le même sort que moi. Je lâche le sac à main d’Azur de surprise. Je me fais sortir avec l’autre comme un malpropre par le videur non sans hurler un dernier : « Azur ! Bordel ! » D’une éloquence poignante.




© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Orizur » You can't fix what's broken Empty
Message(#)Orizur » You can't fix what's broken EmptySam 15 Avr 2017 - 16:31

You can't fix what you broke
Orion & Azur

« Je déteste ma vie, c'est long ma vie sans toi
Je sais trop que ma place est dans tes bras
Et j'ai brûlé au loin, au bien trop loin de toi » ▬ ambiance

Mes mots ont l'effet voulu et ce tellement facilement, que ça me surprend. Je pensais qu'il se reculerait, mais non, il se laisse taper dessus jusqu'à se retrouver par terre. Il me regarde et je ne peux retenir cette pointe au coeur, comme si c'était ma faute que les coups viennent sur lui à sens unique désormais. J'en ai le souffle coupé, je voudrais lui dire de se lever, de partir, mais rien ne passe le cap de ma bouche. À côté de moi, Zola hurle à John d'arrêter, mais je le connais, il doit vouloir prouver son honneur ou une autre connerie masculine du genre. Heureusement, la voix de mon amie semble le calmer puisqu'il cesse ces assauts et se laisse tomber au sol, la respiration difficile. Tout de suite, mon amie se dirige vers lui et je n'ai pas besoin de la regarder pour savoir qu'elle pleure et est en train d'inspecter ses blessures sous tous les angles. Je devrais regarder ailleurs, mais je suis immobile, le regard perdu dans ces yeux verts que j'ai l'impression de découvrir pour la première fois. Nous ne disons rien, mais je sais qu'il peut lire en moi tout comme moi je peux déceler ce regret débordant chez lui. Je ne sais juste plus si je peux le croire. Non, je sais que je ne peux pas lui faire confiance, pas après toutes ces années, pas après nos dernières rencontres où il a renversé toutes mes certitudes d'un revers de main. Vingt ans d'amitié balayées sans un once de regret, pourquoi regretterait-il de s'être battu contre homme qui a envoyé le premier coup ? Je suis toujours en train de le fixer lorsqu'il me tend mon sac, mais impossible pour moi de bouger. Je me sens plus forte, je scrute toujours son visage pour tenter de le comprendre, tenter d'obtenir des réponses aux questions dont je ne sais pas sais pas si je veux une réponse. Il est si près, il pourrait me toucher, m'effleurer, mais je ne sais pas ce que contact provoquerait chez moi. Probablement une seconde crise et maintenant que je suis calmée, je n'ai pas envie de retourner dans cet état déplorable et incontrôlable. La suite se passe si vite. La sécurité arrive et empoigne les deux bagareurs pour les diriger vers la sortie. Mon sac tombe sur le sol. Il prononce encore une fois mon prénom ce qui a pour effet de me briser le coeur à nouveau. Incroyable à quel point cet organe peut sombrer de plus en plus: c'est à croire qu'il ne guérit jamais. « Azur ! Bordel ! » Je le laisse se faire tirer dehors par la sécurité alors que je ramasse mon sac sur le sol d'une lenteur incroyable. Je sais que tout le monde me regarde, mais cette fois, je m'en fous. Près de la porte, Sophie m'attend avec ma veste qu'elle me tend alors que je passe lentement le pas de la porte. Le spasme de ma jambe s'est calmé, mais ma démarche reste lente. J'avance tel un zombie pour rejoindre mes amis au bout de la rue, mais je sens la présence d'Orion derrière moi. Il ne lâchera pas l'affaire, je le sais, pas tant que je ne lui donnerai ce qu'il désir. Quelle ironie du sort, même cinq ans après, il finit par obtenir ce qu'il veut de moi, alors que moi en vingt ans d'amitié et de multiples années d'errance à espérer quelconque signe de sa part, je n'ai rien. Je n'ai jamais rien, parce qu'il prend sans rendre en retour. « Je vais vous rejoindre. » Je dis à Sophie qui m'aide à marcher, lui faisant un signe de la tête pour désigner Orion qui semble m'attendre quelques mètres plus loin. « T'es sure ? » me demande-t-elle avant de jeter un regard effrayé vers lui. Pour toute réponse j'hoche la tête. « Il ne partira pas tant qu'il ne m'aura pas parlé. Attendez-moi au bout de la rue. » Son regard reste inquiet et pour la rassurer, je lui sors une excuse que je sais complètement mensongère. « Je ne crains rien, t'en fais pas. » Muette, elle hoche la tête et me laisse seule dans cette ruelle, oh, l'ironie, en compagnie de mon pire cauchemar. Lentement, je me retourne vers lui, les bras croisés. Mon regard fuit le sien, mais après avoir replacé une mèche folle derrière mon oreille, je lève enfin les yeux. Je ne dis rien, pas besoin, il sait que je l'écoute, mais que je ne lui accorderai que peu de temps.



© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Orizur » You can't fix what's broken Empty
Message(#)Orizur » You can't fix what's broken EmptySam 15 Avr 2017 - 17:11

You can't fix what you broke
Orion & Azur

« Je déteste ma vie, c'est long ma vie sans toi
Je sais trop que ma place est dans tes bras
Et j'ai brûlé au loin, au bien trop loin de toi » ▬ ambiance

On se fait jeter comme des malpropres du bar. J’atterris, telle une démonstration de la loi de la gravité, sur le bitume, m’écorchant un peu plus les genoux au passage. Ca me fait ni chaud ni froid, c’est pas les coups que j’ai pris ce soir qui me font le plus mal… Ses yeux, cette mer de ressentiments à mon égard, c’est comme du sel sur mon coeur lacéré de part en part. Et cette manie qu’elle a de toujours me repousser, de ne pas daigner m’adresser la parole, ça rouvre toutes ces cicatrices que j’essaie de panser, en vain… L’autre mec se redresse rapidement, question d’égo j’imagine, et il se barre de cette ruelle dans laquelle on a été dégagés. Je prends mon temps pour me relever, je suis pas aux pièces, et j’ai rien a prouver à qui que ce soit. Il doit fanfaronner, avec un peu de mon sang sur les mains, sauf qu’il n’a aucun mérite. Si Azur n’était pas intervenue, j’aurais pas donné cher de lui. Vingt ans après, elle a toujours la même emprise sur moi. Ca me surprend pas. Je serais capable de tout pour elle. Tout comme je serais capable de tout pour ma famille. Le problème c’est quand satisfaire mes engagements auprès des deux parties n’est pas conciliables. Je n’avais pas choisis ma famille au détriment de ma soie. Non. J’avais choisis ce qui assurerait la sécurité de tous. Sauf la mienne peut-être ? Adieu rêve de carrière, bonjour oeil au beurre noir et incarcération…

Elle sort enfin… Je la connais encore assez pour savoir qu’elle rejoindrait son ami à peine quelques minutes plus tard ! Ca me brise d’autant plus, parce que cette bande me renvoie en pleine gueule que je fais plus partie de sa vie. Je connais pas un seul de ces individus qui lui tiennent la porte, l’aident à marcher, lui frottent affectueusement l’épaule. Ca me tue, ça me tue de plus appartenir à son cercle. Ca me tue d’autant plus que j’en suis la seule et unique raison. Je crois que ça fait encore plus chier, ce détail pris en compte. Ouais ça me fait doublement chier. Je l’entends parler mais je parviens pas a comprendre ce qu’elle raconte. Tout ce que je peux dire c’est qu’elle ne les suit pas. Elle ne se joint pas à eux, préférant les ténèbres de la ruelle à la lumière des lampadaires qui éclairent la rue principale. Elle préfère ma compagnie à la leur. Je me tiens non loin d’elle, le bras contre le mur, j’attends qu’elle se retourne. Je sens le sang qui commence a sécher dans mon nez… Pourquoi faut-il toujours que ma gueule se soit faite fracassée lorsqu’on avait rendez-vous dans une ruelle ? Ca me projette des années en arrières, le coeur gros, je balaye vite ce souvenir dans le fin donc de ma mémoire, trop douloureux à se remémorer. Enfin, elle fait volte face, sans pour autant affronter mon regard. C’est pas vraiment grave. Moi je la dévisage pas non plus. Enfin, pas vraiment. Mes yeux sont fixés sur sa jambe meurtrie. Elle tremble plus, mais j’ai bien remarqué ses spasmes sur la piste de danse. Après toutes ses années je culpabilise toujours autant. Je me flagelle presque davantage que si ça avait été vraiment ma faute. Je me suis convaincu que c’était de ma faute. Que j’étais responsable…

Les bras croisés sur sa poitrine, Azur consent silencieusement à m’écouter. Ca me désarme, qu’elle accepte, sans broncher, sans un mot, sans une pique. Résignée, elle attend. Ma soie elle me connait malgré les années, elle sait pertinemment que je lâcherai pas l’affaire avant qu’elle ne m’écoute. Elle a raison, pourtant je ne pensais pas qu’elle le ferait. Et je me sens démuni. Les mots s’envolent dans les airs, à mesure que j’essaie d’en aligner plus de trois à la suite. Je ne sais plus quoi lui dire. Mon coeur me cri des déclarations, des révélation, du pardon. Ma tête, quant à elle, ne bride qu’une fois de plus ce que je peux ressentir à son égard. « Je… Je suis désolé pour ton ami. » C’est tout ce qui sort après une si longue attente. C’est pitoyable, et j’en ai conscience. « Ma mère m’a dis que t’avais décroché un job à l’hôpital… » J’en dis pas plus. Ca serait presque lui avouer que je demande à ma mère de jouer à l’espionne, d’écouter les ragots qui se disent à son sujet, pour changer de ceux qui circulent sur moi, bien moins élogieux… « Je… Je suis content pour toi. C’est un bon hôpital. » Un bon hôpital que je n’intégrerai jamais. Tout comme elle qui ne participera jamais aux JO de patinage artistique. Je m’essuie maladroitement le coin de la bouche du revers de la manche, immédiatement maculée de mon sang. Je sais plus quoi dire, elle m’aide pas vraiment, prostrée dans ce mutisme qui ne lui ressemble pas. Sauf que la jeune femme devant mes yeux je la connais plus, je la connais pas. Ce n’est que « Soie », et non plus « ma soie ». Dieu que j’ai mal.
 
Je m'attends au pire, je ne sais pas pourquoi, mais je sais que n'importe quoi peut sortir de sa bouche. Il peut se mettre à m'insulter ou me demander pardon, ou encore me dire que je suis la pire des connasses pour n'être jamais aller le voir en prison. Les possibilités d'échanges sont infinis, alors je prépare, prête à recevoir un coup, un énième coup.





© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Orizur » You can't fix what's broken Empty
Message(#)Orizur » You can't fix what's broken EmptyDim 16 Avr 2017 - 0:30

You can't fix what you broke
Orion & Azur

« Je déteste ma vie, c'est long ma vie sans toi
Je sais trop que ma place est dans tes bras
Et j'ai brûlé au loin, au bien trop loin de toi » ▬ ambiance

La situation me transporte dans cette ruelle, des années auparavant, cette ruelle où nous avons eu notre dernière conversation avant l'accident. Tous ces mots que j'ai amèrement regrettés par la suite et ce, tous les jours de ma vie. Je me suis traitée de tous les noms pour avoir faibli devant ces yeux qui autrefois me couvaient de douceur. Je me suis maudite d'avoir flanché pour cette voix qui me berçait dans un faux sentiment de sécurité, que j'imaginais me susurrer des promesses après cette fameuse discussion où je lui ai avoué un peu trop clairement mes sentiments. Et ce pourquoi ? Pour me retrouver hors de sa vie, sans préavis ni explications. Bordel, ça fait si longtemps, mais ça me fait toujours aussi mal. Je serre les dents face à ma naïveté, regrettant encore aujourd'hui d'avoir cru que cet homme pouvait partager mes sentiments. Pour en avoir il fallait un coeur, et ça, je ne pense pas qu'il en ait un...  

Silencieuse, je lui intime de commencer. Pour venir vers moi et me saisir le bras, m'hurler à plusieurs fois de lui accorder un brin d'attention, il doit avoir un truc à dire. « Je… Je suis désolé pour ton ami. » Ça me fait baisser les yeux. Il s'excuse, c'est bien, mais pourquoi moi je n'ai jamais eu droit à des excuses de sa part ? N'a-t-il jamais eu de regrets ? J'imagine qu'après, ça sera mon tour, mais non. Pourquoi ai-je encore de l'estime pour lui ? « Ma mère ma dis que t’avais décroché un job à l’hôpital… » Ça me glace le sang. Je me fige et je relève les yeux pour les perdre dans les siens. C'est tout ? Sérieusement ? Non seulement, il sait que je travaille ici, mais il ne me demande même pas comment je vais ? Ni comment je me sens ? Il me fait aucun effort pour montrer ne serait-ce que la plus petite quantité d'empathie à mon égard après qu'il m'ait ignoré si cruellement pendant toutes ces années ? Tout ce que j'aurais donné pour qu'il me regarde une dernière fois, et maintenant que je l'avais devant moi... « Je… Je suis content pour toi. C’est un bon hôpital. » C'en est trop. Mon expression oscille entre la déception et le dégoût et je ne fais rien pour m'en cacher. Je laisse sortir une expiration sarcastique avant de me retourner et partir, sans un mot. Ma jambe semble aller mieux, mais je vois quand même Mark se diriger vers moi pour m'aider à poursuivre ma marche. Je ne me retourne pas alors que je quitte, parce qu'il y a une chose que je sais : l'ignorance est le meilleur des mépris. C'est lui qui me l'a appris.



© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
  

Orizur » You can't fix what's broken Empty
Message(#)Orizur » You can't fix what's broken Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Orizur » You can't fix what's broken