| If you think museums are boring, then you're doing it wrong || Arsène |
| | (#)Mar 11 Avr 2017 - 17:56 | |
| Le musée d'histoire naturelle. Quelle idée d'y aller. Mais surtout, quelle putain d'idée de merde d'y aller avec Hugh ! Depuis la manifestation où il s'en est presque pris à un papy, je le trouve changé. Hugh, il a toujours été quelqu'un de sacrément renfermé sur lui-même, quelqu'un qui a du mal à s'exprimer correctement. Mais là, s'est devenu pire. J'ai même l'impression qu'il picole en cachette. Et j'avoue que je m'inquiète. Moi-même j'ai ressenti comme un vide après cette manifestation, j'ai passé plusieurs jours voire semaines à me remettre en question. Mais je me suis donné un bon coup de pied au cul et maintenant ça va mieux. Du coup, je veux en faire de même avec mon ami, je veux le sortir de chez lui. Et je pensais sincèrement que le musée d'histoire naturelle de Brisbane allait lui convenir.
Sauf que, l'idiot que je suis, n'a pas pensé à ce qu'il y ait des animaux empaillé qui trôneraient un peu partout dans les pièces. Je trouves ça glauque et dégouttant, Hugh, ça l'énerve. J'ai réussi à le traîné dans une salle sans aucun animal mort et ça a fonctionné. Ça l'a calmé un peu. Jusqu'à ce qu'on ne ressorte et qu'on ne tombe nez à nez avec un kangourou. Un vrai. Un mort. Qui nous observe de son regard vide. Hugh se dirige vers le kangourou en disant d'une voix forte tout le mal qu'il pense de ce musée. Moi, impuissant, je le retiens de faire une bêtise. Mais il s'arrache à ma poigne et commence à m'engueuler, moi.
«CA T'MET EN PAS EN ROGNE TOI ?! » hurle-t-il en pointant les animaux du doigts. « t'as pas envie de gerbé quand tu vois ça ?! T'as pas envie d'égorger les gars qui ont fait ça ?» je me redresse et secoue la tête. Il se dirige vers une pancarte «Arsène Finnton. Voilà l'enfoiré de merde qui a fait ça ! » j'incline la tête sur le côté «C'est le taxidermiste … » «ET ALORS ?! » s'emporte Hugh en s'avançant vers moi « Taxidermiste de mes deux ! Il ne tue pas les animaux mais il y contribue fortement à ce massacre » crache-t-il. Je soupire doucement «Et tu crois pas que ces animaux que tu vois là, ils sont mort naturellement ? De vieillesse ou ... » «LE PETIT LA IL EST MORT DE VIEILLESSE PEUT-ÊTRE, CONNARD ? » hurle Hugh, attirant toute l'attention de la pièce sur nous.
Je me mordille la lèvre inférieure et soupire «Allez viens Hugh, on s'en va ... » dis-je en désignant la sortie. «non » qu'il me dit simplement en se détournant. Il se dirige vers la barrière qui nous empêche de nous approcher et passe par dessus « HUGH PUTAIN QU'EST-CE TU FOUS ?!» m'exclamais-je en le suivant. Erreur de débutant irréfléchi : je le suis par dessus la barrière.
L'alarme se déclenche alors que mon ami empoigne un Walibi et le soulève. Je m'élance et le retiens, lui arrachant l'animal empaillé des mains... au moment où les garde arrivent. Évidement, ils me voient, moi avec le Walibi dan les mains. Sinon ça ne serait pas marrant, hein ? Bien sur, ils nous arrêtes tous les deux et nous embarque tous les deux hors de la salle. Et c'est moi qui vais me récolter le plus gros, bien sur. Ils nous mettent dans une salle qui ressemble à un bureau et nous y laissent seul. « Merci Hugh. Hein. Vraiment. Merci » crachais-je, énervé. Il s'apprête à me répondre lorsque la porte s'ouvre à nouveau. Un jeune homme, la trentaine par là, entre, flanqué par les deux gardes. Il leur parle rapidement puis ils partent non sans nous avoir lancer un coup d’œil à Hugh et à moi.
Le mec qui ressemble fortement à un intello à lunettes, s'installe en face de nous et nous observe. Il ne parle pas, reste simplement silencieux à nous fixer comme si nous étions des criminels. Je lance un coup d’œil vers Hugh puis me redresse «Et vous êtes … ? » demandais-je, doucement. |
| | | | (#)Mar 11 Avr 2017 - 21:41 | |
| C’est calme aujourd’hui, si calme. Pas que d’habitude mon atelier soit en proie à de grandes agitations, non, mais cela fait bientôt cinq heures que je n’ai pas sorti la tête de mon modelage. C’est bien la seule activité qui apaise le flux incessant de pensées qui traverse mon esprit, et tout me parait si silencieux… Merde, c’est malin, il suffit que je me déconcentre pour que mon brouhaha de réflexions revienne à la charge. Tu me diras, après cinq heures, c’est normal. Faut bien que leurs droits reprennent le dessus à un moment ou à un autre. Je me demande ce que ce serait si l’on pouvait réellement choisir des horaires pour penser ? Ouai non, probablement chiant. Mais les mettre sur pause de temps en temps, c’est vrai que ça ne me ferait pas de mal… D’ailleurs, je devrais la prendre ma pause. J’ai pas encore fini mais tant pis, ça attendra demain. Je préfère prendre mon temps plutôt que de dénaturer son ossature… Le conservateur du musée comprendra. C’est pas pressé de toutes façons.
Ce sont deux gardes du musée qui m’obligèrent à la prendre, cette pause. Apparemment, deux types avaient porté atteinte au walibi de l’allée extérieure au nom de la protection animale. Pas inconnus des services, un Hugh je ne sais quoi et Martin David-Lenny. C’est un ami de Kane je crois, il a dut m’en parler à quelques reprises mais je n’ai pas souvenir de l’avoir rencontré… Moi qui trouvais que cette journée prolongeait tranquillement son cours, je suis servi ! C’est drôle tout de même : s’en prendre à un animal empaillé au nom de leur cause. Ce n’est pourtant pas la première fois que l’on me fait cette remarque, mais j’ai toujours eu le sentiment d’être incompris à ce sujet là… Je la défends pourtant moi aussi la cause animale. C’est même pour cette raison que je me suis intéressé à la taxidermie : conserver les espèces en voie de disparition, les faire connaître au grand public pour les sensibiliser, redonner une vie aux corps délaissés par les chasseurs en pleine nature… Je vais leur parler. Faut qu’ils comprennent eux aussi, je voudrais tant qu’ils comprennent. Cinq minutes avec eux, seul. Voilà ce que je demande aux gardes. Ça fait longtemps qu’ils me connaissent et ils savent combien je suis attaché aux animaux que j’ai réalisé, ils me doivent bien ça… La porte qui s’ouvre : “Cinq minutes seulement, ce ne sera pas long.” Je sais que je les contrarie, ils font leur travail après tout. Mais cinq minutes accordées.
Je suis nerveux, je le sens. Je commence par quoi ? Par où ? Peut-être que je devrais m’asseoir après tout. Je ne sais pas lequel des deux est Hugh, ou Martin. L’un à l’air moins avenant que l’autre en tout cas. Renfrogné, en colère ? Mais c’est au moins une journée qu’il me faudrait pour convaincre un militant, et un moins engagé de surcroix ! Je me demande ce qu’il me prend parfois… D’ailleurs je me demande ce qu’il leur a pris de venir visiter le musée d’histoire naturelle à ces deux là ? Peut-être qu’ils sont venus spécialement exprimer leur mécontentement… Ça me paraît juste pour le renfrogné. L’autre, non, ça colle pas. Il dégage quelque chose de sympathique. J’espère que c’est lui l’ami de Kane, ça m’embêterait de dire de l’un de ses amis qu’il est renfrogné.
“Et vous êtes … ?” C’est le plus avenant des deux qui brisa le silence, sans agressivité aucune. “Arsène. Finnton. Euh… Le taxidermiste” Voilà, je l’ai dit. Je suis le taxidermiste. “Cet enfoiré de taxidermiste qui mutile des espèces de la faune pour les donner en pâture à des pauvres gens qui n’ont aucune vergogne à observer ce que l’être humain à réduit à un simple morceau de viande.” On me l’a déjà sortie celle-là. Et je ne pensais pas que ces mots m’auraient autant atteints. Rien que d’y repenser ça me blesse encore, c’est drôle… Souris Arsène, souris, faudrait pas non plus que ceux-là se disent la même chose de toi. Ou du moins, pas le sympathique. “On m’a prévenu des débordements qui avaient eu lieu dans la salle d’exposition, et j’ai préféré venir me présenter en personne. Alors, voilà. Arsène, le taxidermiste. Je…”
“Alors c’est toi l’enfoiré ?” J’aurais bien fini ma phrase, j’aurais bien voulu avoir le temps d’expliquer la raison de ma venue. Mais c’est fou comme le qualificatif d’enfoiré me revient. Une sorte de running gag en somme. Ça me prend au dépourvu l'agressivité, j’aimerai bien ne pas paraître aussi déstabilisé… “Je vous retourne la question. Comment appelez-vous celui qui s’en prend aux fruits d’un travail minutieux, soigné, propriété intellectuelle d’un musée dans lequel j’ai placé de l’attention, et non dépourvu d’une passion certaine ?” ...Peut-être que je devrais simplement ne pas faire attention à lui. Me concentrer sur celui qui me fait face. Continuer à lui sourire.
Dernière édition par Arsène Finnton le Jeu 13 Avr 2017 - 17:20, édité 1 fois |
| | | | (#)Mer 12 Avr 2017 - 7:34 | |
| Arsène, le taxidermiste. Voilà comment se présente l'homme qui vient d'arriver. Malheur ! Est-il sérieux ? J'ai envie de lui crier de dégager et sauver sa peau, lui demander s'il est sérieux de venir ici, mais je n'ai pas le temps que Hugh s'excite. Comme si se faire arrêter ne suffisait pas, il faut qu'il s'en prenne encore à Arsène en personne. Je soupire et secoue la tête, lançant un coup d’œil désolé au taxidermiste qui, fort heureusement, se tient tranquille et n'entre pas dans le jeu de mon ami. Bien, bien. Je reporte mon attention sur Hugh qui, crache une dernière insulte et, en voyant qu'il s'apprête à parler de nouveau, je lui écrase violemment le pied. Il me fusille du regard mais je le fixe simplement «Ta gueule Hugh, sérieux... » soupirais-je, plus blasé qu'autre chose.
Mon ami a un temps de latence, ce qui permet à Arsène de prendre la parole. Il nous explique avoir entendu parler de la réaction de Hugh dans la salle et qu'il a jugé préférable de venir en personne. Je Hugh réitère son insulte et je soupire « Change de disque, tu vas le rayer celui-là» maugréais-je. Je regarde le taxidermiste et observe que son expression a changé. Comme si … comme s'il n'allait plus se laisser faire et passer à l'attaque. Et effectivement.
Mon dieu. Je crois que sur ce coup il est mon héro. Pas tout le monde n'ose remettre Hugh a sa place. Pas tout le monde ne sait comme le faire, aussi. Mais là, c'est juste merveilleux. Il lui demande comment on appel cette personne qui altère le travail minutieux d'un autre. «Un enfoiré » déclarais-je, prenant le risque de me récolter le courroux de Hugh. « Entre nous, l'enfoiré ici, c'est Hugh » reprenais-je avant de soupire doucement « Écoute Arsène je ...» je me stoppe pour chercher mes mots « Je suis désolé, vraiment. Quelque part, c'est de ma faute à moi, j'ai forcé Hugh a sortir. J'aurais très bien pu le laisser à la maison, qu'il ronge son frein chez lui. Mais j'ai préféré m'occuper de lui et lui changer les idées» je soupire « J'ai pensé que le musée serait une bonne chose. En général il sait se calmer, il sait se contrôler, mais là je ...» Je sens la poigne de Hugh me tirer contre mon dossier «Un seul mot encore Martin. Encore un seul et je te jure que ... » « Que quoi ?» le défiais-je du regard « Qu'est-ce que tu vas faire ? Vaut mieux dire la vérité, crois moi» il soupire « Mais pas toute la vérité non plus » dit-il, plus calme et semble tout à coup bien plus vulnérable. Je grimace légèrement et lance un coup d’œil vers Arsène, tirailler entre ma loyauté sans précédent envers mon ami et mon envie de sauver ma peau.
Je tente le tout pour le tout. « Je suis vraiment, vraiment désolé. Je payerais pour les dommages fait au pauvre Walibi» déclarais-je, bien que dans le fond je sais que je vais demander à Hugh de payer une part aussi. « Je respecte totalement le travail des autres, mais ...» je lance un coup d’œil à mon ami « p...parfois, c'est l'âme de l'activiste qui veut protégerez les animaux et tout ça, qui reprend le dessus » dis-je, plus doucement, sachant pertinemment que ça ne passera pas comme excuse. |
| | | | (#)Mer 12 Avr 2017 - 18:26 | |
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Hugh. Voilà donc bien le nom du type antipathique. Un peu plus et je pensais qu’il s’en prendrait à ma personne comme du walibi. Mais c’est qu’il a l’air habitué à ce genre de sautes d’humeur le Martin : c’est fou le pouvoir qu’un simple “ta gueule Hugh” peut avoir... Calme, calme. Je vais peut-être pouvoir l’opérer mon dialogue. D’ailleurs, je ne pensais pas être capable d’autant de répartie, surtout dans une situation comme celle-ci. C’est vraiment un coup de poker, ça va surement pas plaire au Hugh…
“Un enfoiré.” Ah non, tiens, il n’a même pas eu le temps de me répondre. C’est Martin qui l’a devancé. “Entre nous, l’enfoiré ici, c’est Hugh”. Aïe. Je ne m’attendais pas à une telle réponse… Je la préfère tout de même à celle qu’aurait pu avoir l’autre, mais je devine facilement que Martin prend un risque. Ça me touche qu’il balance ça : moi qui me sentais vulnérable, je ne sais plus bien sur quel pied danser. La douceur de ses propos contraste avec la colère palpable de son ami, c’est fou ce duo sorti de nulle part… De nous trois, je crois bien que c’est Martin le moins à l’aise avec la situation, si je peux dire que l’un de nous l’était réellement. Mais il a l’air si embêté de m’avoir causé du tort et d’être au centre de cette affaire aux côtés de son ami que j’en viens presque à être convaincu de son innocence. Je crois bien que je comprends mieux la situation, le schéma se forme vite dans ma tête : Hugh dans une mauvaise passe, un concours de circonstances malheureux, le musée, la bonne volonté de Martin, un emportement précipité… “Un seul mot encore Martin et je te jure que…” “Hé ! doucement !” Je l’ai presque crié. C’est vrai qu’il n’allait pas rester prostré dans son coin pendant toute la conversation, ça aurait été trop beau, mais de là à user de la violence sur son propre ami, je ne l’avais pas prévu. “Que quoi ?” Il y a de la tension dans sa voix. Je me suis levé. Mes jambes ont devancées m’a pensée. C’est malin… Maintenant je suis planté là, debout. “Si tu ne tu calmes pas j’appelle les gardes.” Voilà que je le tutois maintenant, on a plus peur de rien. Et je n’ai rien trouvé de mieux à dire… Mais ça à l’air de le calmer, le Hugh. C’est drôle, je n’aurais pas cru le voir si emmerdé. La menace fait son effet. Il est complètement défait. D’autant plus que Martin en a rajouté une couche. Son regard fait des allées et venues : Hugh, moi, moi, Hugh. En tout cas, ça s’est tassé. Je peux me rassoir.
Je tente un sourire peut-être ? Histoire de l’encourager à parler… Oui, souris. De toutes façons vu le stade où en est ça ne fera de mal à personne. Et puis, ça à l’air de bien l’engager. C’est amusant, même si c’est Martin qui m’adresse la parole, j’ai l’impression qu’il s’exprime à la place de son ami. Ils sont tout de même deux à avoir été interpellés mais c’est lui qui me fait son mea culpa. “Je respecte totalement le travail des autres mais…” Pourquoi faut-il toujours qu’il y ai un mais ? Je crois bien qu’il hésite… Je crois bien que c’est la loyauté qui l’empêche de continuer. C’est admirable quelqu’un de loyal. Je comprends pourquoi Kane est ami avec lui. “Mais… ?” Je m’y risque. Ça serait dommage de s’arrêter là alors que la conversation est engagée. “p...parfois, c'est l'âme de l'activiste qui veut protéger les animaux et tout ça, qui reprend le dessus”
Ça y est, enfin, nous y voilà. Finalement, peut-être bien que je vais réussir à m’exprimer sur ce coup-ci ! Je souris malgré moi : l’occasion est trop belle et je pensais que la perche ne me serait jamais tendue. “Ecoutes, euh… Martin, Je crois bien ? J’aurais vraiment pu vous laisser vous dépêtrer avec les deux gardes qui auraient tout de suite fait appel au conservateur du musée, avec un aller simple en justice. Mais ce qui motive mon travail, bien au delà de conserver des animaux, c’est d’avoir un retour dessus. Positif, ou négatif. Et j’en ai eu, des retours négatifs” Respire Arsène, respire. “C’est drôle mais c’est parfois quand on est le plus engagé qu’on est le moins bien renseigné. Parce que se faire taxer d’enfoiré bien des fois et de terroriste écologique quand on fait l’un des métiers les plus réglementés d’Australie, ça me paraît surréaliste parfois.” Oui, c’est ça, c’est surréaliste. Je me disais bien que j’allais enfin trouver le mot qui correspondait à la situation. Tout comme voir Hugh enfin plus attentif à mon propos : surréaliste. “Ces animaux, je les aime. Et les heures que je passe dans mon atelier à leur redonner forme ne se passent pas sans que je pense à la vie dont ils bénéficiaient avant. Le walibi, il s’est éteint dans un centre de protection animalière alors qu’il avait été blessé par un braconnier. Et j’en ai chialé de devoir reconstituer la peau d’un si petit être.” Je crois que je sais plus bien ce que je dis. C’est gênant. Je me perds dans ma sincérité. Je ne sais même plus pourquoi que je me confie comme ça. C’est peut-être ce Martin qui dégage quelque chose de rassurant. “Alors, je ne demande pas à ce que vous appréciez mon travail et je comprends très bien que la vue d’animaux empaillés ne vous plaise pas davantage, mais juste, comprendre… Pour ce qui est des dommages et intêrets, je ne porterai pas plainte. Normalement le walibi est propriété du musée, mais je le ferai passer à mon compte en tant que production d’un particulier. Simplement, essayez au moins de comprendre…” Ce sont les gardes qui me coupèrent dans mon élan. Quel con d’avoir négocié cinq minutes. A croire que leur horloge interne est mieux réglé que ma propre montre.
Dernière édition par Arsène Finnton le Jeu 13 Avr 2017 - 17:21, édité 1 fois |
| | | | (#)Mer 12 Avr 2017 - 19:53 | |
| Il faut vraiment que Hugh apprenne à se calmer, sérieusement. Je veux dire, qu'il se foute dans la merde, ok, je veux bien. Mais qu'il me tire avec lui dans la chiasse ? Non merci, je m'en passerais bien, moi. Je suis énervé contre lui, il le sait, et n'hésite donc pas avant de prendre la défense d'Arsène lorsqu'ils se fait méchamment engueulé par mon ami. Le taxidermiste n'a rien fait, il est juste concerné par son boulot, ce qui est normal. Je n'hésite pas à tenir tête à Hugh lorsque celui-ci se montre chiant et intenable alors que j'explique simplement quelque chose au jeune homme. Quand Hugh me menace, Arsène se lève et lui dit de se calmer sinon il appel les gardes. Je lance un coup d’œil au taxidermiste et lui adresse un furtif sourire avant de reporter un regard dur sur Hugh.
Au final, il se calme et je peux reprendre mes excuses. Évidement, l'excuse de l'activisme ne fonctionne que partiellement. Normal, me direz-vous. Dans tous les cas, Arsène commence à nous expliquer un peu plus en détail en quoi consiste son métier. Qu'il s'occupe a préparé les animaux et que toujours il pense à la vie qu'il a entre les mains, qu'il fait ça dans les respect de l'animal. Il se traite de terroriste écologique et je pouffe de rire, mais je ne peux m'exprimer car il nous cite l'exemple du Walibi. Un petit sourire attendrit prends place sur mes lèvres alors qu'il annonce qu'il a chialer en préparant le corps de l'animal. Franchement, moi je le crois cet homme. Aussi bizarre que cela puisse paraître, je sais qu'il ne pense pas à mal.
Mais Hugh n'est pas de cet avis. Un rire dédaigneux s'échappe de ses lèvres alors qu'il lève les yeux au ciel. Il s’apprête d'ailleurs à dire quelque chose mais les gardes nous en empêche. Je lance un coup d’œil à Arsène pour lui faire comprendre silencieusement de nous laisser encore un peu le temps. «Deux minutes encore, s'il vous plaît » les suppliais-je. Ils me fixent, moi, puis Hugh. Je me tourne vers mon ami « Tu y vas déjà ? Je te rejoins plus tard dehors» dis-je. Hugh me regarde, me dévisage puis soupire lourdement et se lève. Sans un mot de plus, il passe la porte, suivi par les gardes « Ne lui faite rien ok !» lançais-je en me levant. En refermant la porte derrière lui, le garde me lance un sourire sadique qui ne me plaît pas du tout. Je m'avance vers la porte et l'ouvre. Croisant le regard de Hugh, je me détend finalement et lui fait silencieusement comprendre de se tenir à carreau avant de refermer la porte et me tourner à nouveau vers Arsène. « Désolé » m'excusais-je avant de reprendre place sur la chaise.
«Je … on en était où ? » demandais-je, un peu perdu, avant de secouer la tête «Ah ouais … donc … enfin je comprends tes motivations, bizarrement, je penses vraiment que tu dis la vérité. Mais … répond moi juste à une question, sincèrement ; est-ce tous les animaux qu'on voit ici, tous, vraiment TOUS, sont mort de vieillesse ou d'une autre voie tout aussi naturelle ? » demandais-je en plongeant mon regard dans celui du jeune homme « C'est vraiment tout ce que je veux savoir » et si ce n'est pas le cas ? S'il y a des animaux empaillé, ici, qui ont été tué juste pour ça ? Je ne sais pas si j'aimerais le savoir.
«Cela dit, je ne penses pas qu'on puisse parler d'éco terrorisme, là » reprenais-je, légèrement amusé «Empaillé des animaux c'est juste …. glauque, je dirais. » j'hausse les épaules « L'éco terrorisme ce sont les actions de Green Peace ou Sea Shepherd, ces associations qui s'en prennent à tout et qui combat réellement le système par la force et la violence » je trouves ça inutile de préciser que je fais parti des Sea Shepherd, moi, même. Je n'en ai pas honte, mais il faut que je fasse attention car je suis à deux doigts d'être fiché. Et je ne veux pas finir comme Kyte. |
| | | | (#)Jeu 13 Avr 2017 - 12:21 | |
| J’y crois pas : Hugh rit. En même temps je m’attendais à quoi. C’est lui le plus agressif depuis le début de l’échange, je n’allais pas le convaincre en trois pauvres phrases de la sincérité de ma personne… En fait, il peut rire comme il veut. Je crois bien que moi aussi j’aurais ris de la situation. Mais qu’est-ce qui m’a pris de les supplier comme ça ? C’est fou ça. C’est même pas de la situation qu’il doit rire le Hugh, c’est de moi... Je m’en veux. Je suis con et je m’en veux. Enfin bon, je vais pas refaire le discours. J’aurais l’air encore plus con que con. Peut-être bien qu’on finirait par rire tous ensemble de ma propre stupidité, qui sait. Les gardes, Hugh, Martin, Arsène, et la palme qui me revient ! Quoique non, il y a au moins une personne pour qui je n’ai pas l’impression d’être ridicule : Martin. Il a pourtant aussi esquissé un sourire quand je lui parlais, mais je n’ai pas l’impression qu’il y avait une intention moqueuse de sa part. Je pourrais très bien demander aux gardes du temps en plus. Après tout, puisque je ne porterais pas plainte, c’est égal qu’il reste dans le bureau. Et je crois bien que Martin est du même avis.
“Deux minutes encore, s’il vous plaît” Je n’aurais pas pensé que les gardes accepteraient la requête, surtout venant de sa part. Enfin, tant mieux. Ça m’évite de les soudoyer en leur payant le café. C’est drôle en revanche, ils ont l’air aussi peu réceptifs à Hugh que je ne le suis… Il a dut leur donner du fil à retordre en l’interpellant. En fait, je me vois mal continuer à dialoguer avec lui me toisant par derrière l’épaule de Martin. Je pense que lui aussi l’a compris. Ou peut-être que son pote le fait juste chier. Dans tous les cas si ce “t’y vas déjà ?” n’était pas un appel à aller voir ailleurs je ne sais pas ce que c’était. C’est amusant de voir Hugh répondre aussi docilement. Toujours renfrogné, mais docilement.
“Ne lui faites rien ok !” Il doit avoir une sorte d’instinct protecteur, Martin, pour veiller comme il le fait. Enfin, je m’en fais plus au sujet de la capacité de Hugh de rester calme en repassant à travers les salles d’exposition en sens inverse sans son ami plutôt que sur son sort entre les mains des deux gardes. Pas le temps de dire à Martin de ne pas s’inquiéter qu’il est déjà levé. Porte qui s’ouvre... Je me demande si ça existe l’obsolescence programmée pour les gonds de portes ? Ça serait intéressant de vérifier… porte qui se referme. “Désolé.” Il m’a l’air moins agité, Martin. Moins agité mais pas pour autant moins paumé. “Non, pas de soucis, je comprends. Tu sais, faut pas les prendre trop au sérieux : il se passe pas grand chose en règle générale dans une journée au musée quand on est garde alors, s’ils ont l’occasion de se marrer…” Pourquoi je dis ça moi ? Il s’inquiète pour son pote et moi tout ce que je trouve à dire c’est “si ça les fait se marrer” ! “Non, oublie. Désolé...” Ah bah voilà, bravo. Ça fait deux paumés maintenant.Moi non plus je ne sais même plus où on en était. La dernière chose dont je me rappelle c’est mes gonds de portes… Ah non, c’est vrai, ma prise de parole bancale aussi... “Ah ouais … donc … enfin je comprends tes motivations, bizarrement, je pense vraiment que tu dis la vérité.” Pardon ? J’ai peut-être pas tout foiré en fait. “Mais … réponds moi juste à une question, sincèrement ; est-ce que tous les animaux qu'on voit ici, tous, vraiment TOUS, sont morts de vieillesse ou d'une autre voie tout aussi naturelle ?” Il a plongé son regard dans le mien en disant ça. C’est assez déstabilisant, après une parole si engagée. Dans une autre circonstance, j’aurais peut-être sorti ce qu’il en est de la législation, la réglementation très stricte au sujet de la taxidermie et du cadre très spécifique dans lequel le métier se pratique auprès d’animaux. Que tuer un animal pour l’empailler, ça s’appelait un trophée de chasse et pas de la taxidermie et, et, et. “Tous.” Et en fait je crois bien qu’il n’y avait rien besoin de dire de plus. Je peux pas être plus sincère. “Oui. Tous.”
J’ai l’impression d’avoir ouvert des valves, avec toute la pression qui redescend. Je crois même que je suis plus détendu maintenant. Qu’on est plus détendu. J’vois pas comment Martin aurait pu qualifier mon métier de glauque autrement...Ça me fait rire. Ou revenir sur l’emploie de mon terme d’éco terrorisme. Ça l’amuse… Tu me diras, je comprends : c’est vrai que je l’ai un peu balancé sur le tas sans trop me rendre compte du pourquoi du comment. Je savais bien que j’avais dit une connerie, au moins j’ai plus à chercher à quel moment... A vrai dire, c’est toujours un sujet qui m’a intrigué, l’éco terrorisme, sans pour autant que j’entreprenne la démarche de réellement m’y intéresser. Je pense que c’est l’aspect violent de la chose qui me déplait… “Combattre réellement le système par la force et la violence”, c’est d’ailleurs bien ce qu’il a dit… “Continue, ça m’intéresse ! Tu m’as l’air d’être un peu renseigné sur l’éco terrorisme… Du moins, mieux renseigné que moi” C’est agréable de parvenir à échanger. Je souris. “Ça veut dire quoi, pour toi, réellement combattre le système ? Je veux dire, une lutte pacifique n’aurait pas autant de valeur que l’usage de la violence ?” Décidément, je n’aimais vraiment pas la violence. |
| | | | (#)Jeu 13 Avr 2017 - 18:25 | |
| Cet Arsène là, il ne me rassure pas des masses. Pas du tout, même. Au contraire. Ils ne se passent tellement rien ici, dans le musée, que les gardes essaient par tous les moyens de s'amuser un peu. Je le fixe, ce taxidermiste qui se croit marrant. Fait est que moi je m'inquiète vraiment pour Hugh. Sa réaction aujourd'hui est le fruit d'un malaise certain. J'ai vraiment peur pour mon ami et je me promet de le rejoindre le plus vite possible, n'ayant pas envie qu'il fasse une bêtise qu'il puisse regretter par la suite. Mais tout d'abord, il faut que je mette les choses au clair avec Arsène.
Je lui demande si tous les animaux empaillé ici sont mort naturellement ou s'ils ont été tué juste pour les exposer ici. L'homme m'assure que c'est bel et bien le cas. Je l'observe quelques instants encore pour voir s'il est sincère ou non, puis fini par hocher la tête. « Ok, très bien» dis-je, satisfait avant de me lancer dans l'explication que je ne dirais jamais qu'un taxidermiste soit un éco terroriste.
Ce thème semble intéresser Arsène car il me demande de lui en dire plus, que je semble vraiment renseigné sur le sujet. Il veut savoir ce que ça veut dire pour moi, combattre le système et se demande si une lutte pacifiste n'aurait pas la même valeur que l'usage de violence. Pareil à Hugh avant, je laisse échapper un rire moqueur et croise les bras, plongeant mon regard dans celui du jeune homme « Tu y crois vraiment, à ça ? » demandais-je avant de soupirer doucement en me redressant « Écoute, je ne suis pas contre le pacifisme. Mais … merde. Par moment une action trash, le genre d'action choquante, ne fait pas de mal » je l'observe, analyse sa réaction quelques instants puis reprends «Par exemple ceux qui se baladent avec un cadavre de lapin agora dépecé dans la rue pour montrer au gens qui portent de la fourrure d'où elle vient, ceux qui montrent des images d'abattoir, qui s'attachent à des arbres en Amazonie pour se mettre en travers les grosses machines et essayer de sauver des paresseux, qui s'en prennent aux travailleur aux État Unis pour empêcher leur putain de bulldozer de raser la terre sacrée des amérindien de Standing rock juste parce que cet enfoiré de climato-sceptique de Trump a autorisé à nouveau la construction de la pipe Line » je fronce les sourcils « Et c'pas tout ! Il a maintenant aussi autorisé le massacre des Ours polaire» je sers les poings « Tu crois vraiment que c'est avec des manifestations pacifistes qu'on arrivera à faire quelque chose ? Non.» mon regard se durcit « Il est impossible de raisonner tendrement les gens que la société à rendue aveugle» je relève légèrement mon montant puis m'adosse à nouveau contre le dossier de ma chaise. « Et je parle de moi. Toutes les actions que je t'ai cité, c'est moi qui les ai faites» c'est peut-être la phrase de trop. Mais dans le feu de l'action, je ne me contrôle pas. |
| | | | (#)Ven 14 Avr 2017 - 14:05 | |
| Ce rire dédaigneux… Je l’avais attribué à Hugh mais je ne pensais pas que Martin aussi en serait capable. Je sais que j’ai une tendance au replis face à ce genre de réaction, je sais que c’est par instinct que j’agis comme telle, mais il est hors de question que je me démonte. Après tout, je lui ai bien demandé sa vision des choses… “Tu y crois vraiment à ça?” Hausser un sourcil me semble la réaction la plus appropriée puisqu’à vrai dire, je me demande bien ce qu’il va me balancer. “Écoutes, je ne suis pas contre le pacifisme. Mais … merde. Par moment une action trash, le genre d'action choquante, ne fait pas de mal” Je commence à voir où il veut venir, Martin. Ça m'intéresse décidément de plus en plus cette petite conversation...
“Et je parle de moi. Toutes les actions que je t'ai cité, c'est moi qui les ai faites” Si je devais choisir un moment pour m’enfoncer littéralement six pieds sous terre, je crois bien que je choisirais celui-là. C’est fou ce sentiment d’avoir fait quelque chose de mal sur une simple suggestion. “Toi ?” Si j’avais su… La bonne blague que c’est que d’avoir suggéré pour ma personne le terme d’éco terroriste alors que… Cocasse comme situation. Tu me diras, maintenant j’ai ma réponse : j’ai plus besoin de lui demander d’où lui vient cet intérêt pour l’éco terrorisme. Mais ça fait beaucoup. Ça fait beaucoup d’un coup. Ça doit se lire sur mon visage… Et pourtant, je sais qu’en dépit de toutes les contradictions que de telles actions évoquent en moi, c’est lui qui a raison.
“Je dois te paraître bien naïf pour suggérer que, encore aujourd’hui, dans la société dans laquelle nous vivons, il serait possible un monde où les problèmes se règleraient par un simple dialogue…” Et puisqu’on continue à parler avec sincérité… “J’aime pas la violence. Je ne l’ai jamais aimé. Ça me mets mal à l’aise.” J’ai comme une impression de me répéter… C’est qu’il a déjà dut le remarquer que la violence n’était pas mon fort. “Mais je suis pas un imbécile heureux non plus : j’ai conscience de ce qui se passe dans le monde. Tout comme j’ai conscience que ces actions enfin, tes actions, ce type d’actions sont essentielles” Je sais pas quelle image Martin se fait de moi, et je ne pense pas non plus que c’est à ce type de réponse qu’il s’attendait de ma part mais si j’y réfléchis bien… Oui, c’est vrai. Elles me semblent essentielles. “Tout comme je te trouve courageux de te mettre en danger ainsi pour faire bouger les choses.”
Mais il me l’a demandé, si j’y croyais vraiment, au pacificisme… Et à y bien réfléchir, si je ne devais croire plus qu’en une chose dans ce monde, je crois bien que ce serait le coeur des gens. “Après, est-ce que j’y crois vraiment à ça? Oui, j’y crois. Toujours. Et j’y croirais surement toujours. C’est peut-être utopique, ou complètement con. C’est peut-être un réponse qu’un gamin pourrait sortir qui sonne comme un “mais pourquoi il est méchant le monsieur ?”. Mais je conserve ce sentiment qu’un jour, le simple fait de se rassembler, que le pouvoir du nombre et que le coeur des gens pourront faire bouger les choses. Quand je te parle d’actions pacifiques, je ne te parle pas de quelques gens qui vont venir fleurs en mains avec des tambours sur la place publique pour dénoncer l’action du grand homme capitaliste.” Ça me fait sourire quand j’y pense… “Je te parle de ces citoyens, qui n’ont peut-être pas une parole puissante face au système, mais qui chaque jours essayent de faire bouger les choses. Par de petites actions. Par le pouvoir de l’éducation. Parce qu’ils auront compris qu’en dépit de toutes nos différences, nous sommes juste humain. Que nous ne sommes pas éternels mais qu’avant nous, d’autres ont changé la face du monde, et d’autres le changeront encore… C’est ça que je voulais vraiment dire par “une lutte pacifique n’aurait pas autant de valeur que l’usage de la violence”. Sans remettre en cause l’importance de vos actions.” Pour une fois que j’arrive à traduire avec netteté le fond de ma pensée. “Mais tu ne peux pas dire de façon purement objective qu’il est impossible de raisonner tendrement les gens que la société à rendue aveugle. Parce que je les observe les gens. Et-ce au quotidien. Et j’ai pu l’observer le pouvoir d’une main tendue vers un autre et qui change le coeur de cet Homme.” Peut-être qu’on ne sera jamais en accord sur ce point avec Martin, mais peut-être aussi qu’on peut juste se comprendre, sans forcément être sur la même longueur d’onde. Même s’apprécier. C’est que je l’apprécie ce Martin. |
| | | | (#)Dim 16 Avr 2017 - 9:03 | |
| Je n'aurais pas dû dire que ces actions ont été faites par ma propre personne. Comme dit, je n'en ai aucunement honte et je sais que de nombreuses actions ont eu des écho positifs, mais tout de même. Puis-je réellement faire confiance à Arsène ? Jameson m'a bien prévenu que je devais me la jouer cool, que je ne pourrais pas me permettre de passer encore une fois devant la justice. Elle ne sera pas toujours là pour m'aider et elle a d'autre priorité maintenant. Ça me crève le cœur, je dois l'avouer, de me dire que je ne suis plus sa priorité, mais c'est normal, après tout. Nous avons chacun sa vie, et même si je sais qu'elle me sera éternellement loyale, je ne peux pas lui demander de toujours venir à mon secoure. Il faut vraiment que je me calme. Enfin, je dis ça maintenant, mais dès qu'une nouvelle action se prépare je serais le premier à sauter pied joint dans le feu de l'action. Bref.
«Oui, moi » dis-je sur un ton assuré. Arsène semble étonné. Est-ce la première fois qu'il fait face à un activiste ? Sans doute. Il continue de parler et je l'écoute avec attention car malgré tout ses paroles me semblent très justes. Il a raison quelque part, mais un sourire s'affiche sur mon visage lorsqu'il me dit que lui pense qu'un monde dans violence peut exister. Le genre de monde où tout se règle par la parole et l'échange pacifiste. J'hoche doucement la tête pour lui montrer que j'approuve ce qu'il avance, mais qu'à moitié.
« C'est pas faux» dis-je, après qu'il ait finit de parler. « Je veux dire … tu as raison. Partiellement. Je pense aussi qu'on peut résoudre de nombreux problèmes en parlant, en argumentant justement et en restant impartial. Mais … pas toujours. Je pense qu'une action choque de temps en temps ne fait pas de mal, tu vois ? Trouver un équilibre entre le pacifisme et l'agressivité » je me redresse « La plupart de mes actions sont faite sous forme de stand d'information. On informe simplement les en leur expliquant le pourquoi du comment un régime végétalien est bien meilleur sous de bien nombreux points qu'un régime carnée. Évidement, nous, les activistes, on ne peut pas rester impartial, c'est normal. Mais peu importe. » j'hausse les épaules « En fait, crois-le ou non, mais la plupart des violence ne sont pas engendré par nous, les militants, mais par les autres car ils ont mauvaises consciences et une fois qu'ils sont à court d'argument ils deviennent violent » Je grimace légèrement en repensant aux nombreux coup qui ont déjà plut sur moi à cause d'inconnus qui ne savaient plus quoi dire et qui ont donc eu recours à la violence pour me faire taire.
Mais soit. Je me rends rapidement compte qu'Arsène n'avait pas fini de parler car il reprends la parole. Et bien plus longtemps cette fois-ci. Son discours, je l'ai déjà entendu de nombreuses fois. C'est le discours type de la personne qui est contre le système mais qui, en même temps, suis le système comme un vieux mouton. Et pourtant, quelque part, je trouves ses paroles à lui plus touchantes. Il me parle des actions passives des hommes, par l'éducation par exemple, qu'une main tendue et bienveillante a souvent bien plus d’impact sur la société qu'une autre action un peu trop violente. J'hoche doucement la tête et décroise les bras, cessant toute forme de protection afin de pouvoir parler librement. «Moi aussi je les observe les gens, quotidiennement et je le côtoie » dis-je en souriant «je suis kiné en vrai et je peux te dire avec certitude que malgré ce qu'on dit de notre métier, beaucoup de gens auraient rendu les armes bien plus rapidement » j'hausse les épaules « Je sais faire preuve de douceur avec ce nourrisson qui a du mal à respirer, me montrer dur avec ce patient qui ne coopère pas, être marrant avec le gamin qui a peur et encouragé le paralysé qui réapprend à marcher. Et a côté de tout ça je sais faire preuve de violence pour faire accepter mes droits et mes convictions par la société » je souris, le regard brillant montrant la passion que j'éprouve autant pour mon métier que pour mon engagement «Je comprends totalement ce que tu veux dire et je t'avoue que, dans le fond, j'ai les même espoirs qu'un jour l'humanité cessera de s'entre tuer et s'installera plutôt à une table pour trouver une solution » j'hausse les épaules « Mais tous ça passe par un changement de mentalité. Et ce changement est long. » je soupire doucement « Nous sommes dans une société de consommation, voulons toujours plus au moindre prix et oublions la nature. Mais tu sais, la nature n'a pas besoin de l'homme, c'est l'homme qui a besoin de la nature. Que se passera-t-il lorsque l'homme aura totalement détruit la nature ? On meurt. L'humanité mourra. Et il sera trop tard pour faire marche arrière» je fixe mon regard dans celui d'Arsène « Donc avant de pouvoir mettre en pratique ton utopie, il faut que la mentalité des gens change, il faut qu'on les éduque de manière juste, raconter la vérité à nos enfants. Car clairement, nous ne pouvons pas compter sur la génération de nos parents mais sur notre génération et la génération future. Ce sont eux notre espoir, ceux qui vont pouvoir changer le monde en positif. Mais ce n'est pas en les éduquant comme la société veut qu'on les éduque, qu'ils pourront faire quoique ce soit ...» Je prends une profonde inspiration et me recule contre ma chaise, me disant que cette discussion va quand même très loin. Nous étions parti d'animaux empaillés pour finir par essayer de savoir comment on peut sauver le monde. |
| | | | (#)Mar 18 Avr 2017 - 0:30 | |
| Tient, son attitude a changé. J’ai l’impression qu’il me parle avec plus de liberté, moins sur ses gardes. Il semble beaucoup plus ouvert et peut-être un peu plus rassuré aussi. Tu me diras, le cadre original ne se prêtait pas vraiment à ce type d’échange, mais on ne sait jamais quelle tournure peut prendre un évènement. Et quelle tournure ! Ça me fait réfléchir ce qu’il me dit... C’est qu'au final, il n’a pas tout à fait raison et je n’ai pas tout à fait tort. Des paroles et des actes et des actes qui suivent les paroles, j’ai comme le sentiment que ce sont deux paramètres intimements liés mais qui ne concordent pas chez moi...
“Trouver un équilibre entre le pacifisme et l’agressivité. Oui, je pense que je te suis dans ce sens là. A vrai dire, c’est peut-être simplement moi qui me sentirais incapable de faire ce que toi tu entreprends, et c’est le fait de me projeter dans ton rôle qui m’est angoissant. Je le sais : j’ai pas le cran qu’il faut. Et puis, la question ne s’est jamais vraiment posée : avant d’être taxidermiste j’étais bibliothécaire. C’est calme et rangé. Et ce sont des livres qui réveillent des idéaux et ont développés ma pensée sans pour autant rien changer. Non sans importance, mais l’impact est bien plus individuel que collectif.” Et c’est sûr que sur ce point, Martin aura fait beaucoup plus que moi-même… Un kiné-activiste. C’est pas commun mais ça se tient. Et lui aussi il a l’air de l’aimer, son métier. Profondément même. Autant que les actions qu’il entreprend, sans conflit d'intérêt. Je crois d’ailleurs que c’est le fait d’en avoir parlé qui l’a rendu moins méfiant. Plus à l’aise, je peux même en venir à plaisanter. “Haha, mon utopie… Avoue que c’est une belle utopie tout de même, il y a matière à faire rêver. Mais plus sérieusement, je suis d’accord avec toi : on ne peut pas continuer à éduquer nos enfants sur le même modèle que l’on été les générations précédentes. On voit où cela nous a mené : une société crée par l’Homme, pour l’Homme mais qui ne profite qu’à une même minorité. Une société individualiste où l’on perd de vue l’essentiel, l’humain et la biodiversité.”
Cette discussion prend une toute autre valeur si je me mets à y penser : je ne pourrais plus repenser le monde tout seul dans mon atelier de la même façon après que nous ayons parlé. D’ailleurs, est-ce que ça servirait encore à quelque chose de repenser le monde, tout seul, dans un atelier ? Je sens, je sais que c’est de quelque chose dont nous pourrions débattre avec Martin, longtemps, si longtemps que ce temps dans ce bureau seul ne suffirait pas à le terminer. D’ailleurs, il ne doit plus me rester beaucoup de temps pour continuer à nous exprimer : je devrais déjà être retourné travailler… Mes horaires au musée sont assez flexibles mais tout de même. J’en suis venu à perdre la notion de la temporalité, combien de minutes se sont écoulées ? cinq ? dix ? trente ? “Hum, Martin ? Je suis emmerdé car cette discussion m’a bien intéressée mais je t’avoue que je ne peux pas me permettre de rester plus longtemps. Je me suis absenté bien trop longtemps de mon atelier et, haha, de ton côté je crois que Hugh doit surement s’impatienter et se poser des questions.” Hugh, seul devant le musée, surement encore en train de ruminer à propos du sort du walibi. Ça a un certain comique tout de même, je dois l’avouer. “Je ne sais pas ce que tu en penses, mais on pourrait peut-être se revoir ? Avec plus de temps et certainement pas dans un bureau escorté par des gardes” Ce serait dommage de couper court ainsi, beaucoup trop dommage…
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| | | | (#)Jeu 20 Avr 2017 - 20:33 | |
| Jamais je n'aurais pensé finir par parler aussi ouvertement avec ce taxidermiste. J'avoue qu'au début j'étais pas mal sur mes gardes, mais au final je me rend comptes qu'il est carrément intéressant de parler avec lui. Et ça c'est cool. Aussi bizarre que ça puisse sembler, je passe vraiment un excellent moment je dois dire. Ce n'est, pour une fois, pas un débat à sens unique,mais bel et bien à double sens. Nous nous comprenons sans pour autant partager le même avis. C'est comme ça qu'un débat doit se dérouler. J'apprends à connaître Arsène sous une autre facette que celle du taxidermiste empailleur d'animaux et c'est bien plus intéressant. Avant, il était bibliothécaire et ce sont les livres qui ont éveillé sa consciences. J'incline légèrement la tête sur le côté puis me penche pour attraper mon sac à dos. Je le fouille rapidement puis sort un livre et le pousse vers Arsène.
« Tu devrais le lire, celui-ci» dis-je en refermant mon sac, désignant la couverture . « Il n'a rien a voir avec le végétalisme ou quoique ce soit dans ce genre, mais il est incroyablement prenant. Et … enfin lis le et tu comprendras comment je me sens, moi, par rapport à la vie et à la société dans laquelle nous vivons» je lui offre un sourire et hoche la tête pour l'encourager de prendre le livre « Tu me le rendras une prochaine fois » est-ce là une invitation cachée pour faire comprendre au jeune homme que je veux le revoir ? Sans doute.
« Et j'avoue, ton utopie est géniale » dis-je avec douceur «Je … j'espère très sincèrement que le monde va changer dans ce sens et que tu as raison » je souris et hausse les épaules, reposant mon sac sur le sol. «Et puis bon, que serait la vie sans un peu de naïveté rêveuse, hein ? » demandais-je, amusé «Mais du coup, si on ne peut pas changer le monde entier à deux, autant essayer de changer la mentalité de l'individu que nous croisons, tu comprends ? » je plonge mon regard dans celui d'Arsène, attendant qu'il contre argumente ...mais il n'en fait rien.
C'est avec un soupire de déception que j’accueille sa déclaration comme quoi il va devoir mettre un terme a notre discussion. Nous étions tellement bien parti et j'aurais vraiment adoré continuer sur cette lancé, mais effectivement, il a un travail lui et des obligations. Tout comme, je dois l'avouer, je me fait un peu de soucis pour Hugh. Mais un large sourire prends place sur mon visage lorsqu'il me propose qu'on se revoit, de façon a avoir plus de temps ensemble. J'hoche la tête puis me penche en avant « Avec plaisir !» m'exclamais-je en attrapant un stylo et un papier, griffonne mon numéro de téléphone ainsi que mon adresse « T'auras cas passer un soir, j'nous cuisine un truc et on continuera d’échafauder des plans de comment sauver la planète» je relève mon regard sur Arsène et glisse le papier entre les pages de mon livre «ça me ferait plaisir » soufflais-je avant de me redresser et me lever « Tu me montres la sortie ? Je suis pas sûr de la retrouver tout seul vu que j'étais trop énervé contre Hugh pour me concentrer sur le chemin que nous avons emprunté» excuse foireuse pour passer encore un peu plus de temps avec Arsène ? Peut-être. Peut-être pas. |
| | | | (#)Sam 22 Avr 2017 - 2:18 | |
| Nous rêvions juste de liberté. C’est le plus simplement du monde qu’il m’a tendu ce livre. Comme-ci c’était entendu. Et moi qui le regarde, sans oser le prendre. Parce que bien au delà d’un simple échange de points de vue, je sais que partager ses propres lectures c’est un peu comme se dévoiler soi-même, se mettre à nu. Comme si un livre pouvait s’exprimer à notre place et parler de lui-même sans masque aucun. Pas qu’à cet instant précis nous ne parlions pas librement, non, mais un livre échangé concrétise ce franc-parler. Un franc-parler établi, que j’apprécie. Qu’il doit apprécier lui aussi. Mais d’accord, c’est entendu. Encouragé par son hochement de tête, surement, et poussé par ce désir de partir à la rencontre d’un autre Martin : “Merci... Je vais le lire, sois en certain”
“Tu me le rendras une prochaine fois”. Ce serait le gage de se revoir non ? Faire plus ample connaissance, débattre du monde et, haha, d’utopies. Surtout que nous le trouvons, notre terrain d’entente… Et c’est à reculons que je dois écourter cette rencontre, en si beau terrain d’entente. Ça doit être un sentiment réciproque d’ailleurs, je me tente à lui proposer de se revoir ? Si je m’y tente… Oui. C’est tenté. Ce livre, c’est une réelle perche qui m’est tendue. Je ne vois aucunes raisons qu’il aurait de refuser. “Avec plaisir !” Un numéro de téléphone, une adresse, une bonne bouffe, la promesse de continuer sur notre lancée ? “ça me ferait plaisir”... Sentiment partagé. “J’aurais des périodes de temps libre dans les semaines à venir, je te préviendrais pour que l’on se fixe une soirée” Peut-être même dès la semaine prochaine ? À vrai dire, juste le temps de me plonger dans son roman. Et même de le finir, qu’on puisse en parler.
C’est étrange tout de même, de devoir se quitter si vite. Et je dois me l’avouer à moi-même, je n’ai pas du tout l’envie de travailler. Trop dur de s’y replonger quand d’autres envies l’ont supplanté. Je pourrais peut-être au moins raccompagner Martin jusqu’à la… “Tu me montres la sortie ? Je suis pas sûr de la retrouver tout seul vu que j'étais trop énervé contre Hugh pour me concentrer sur le chemin que nous avons emprunté” Et bah ça, je n’aurais pas dit mieux. “C’est justement ce que j’allais te proposer ! C’est la moindre des choses que je te raccompagne” Je me demande d’ailleurs s’il est judicieux de repasser par le même endroit où Hugh et Martin sont entrés… On pourrait simplement rejoindre la sortie par les couloirs interdits au public ? Ou alors… Oui tiens, c’est aussi envisageable. C’est un léger détour mais toujours sur le chemin de la sortie. Et puis, ça ne me mettra pas plus en retard que je ne le suis déjà… Je ne sais pas si ça va l’intéresser mais ça ne coûte rien de proposer. “Dis, je pense à un truc : plutôt que d’emprunter le même chemin qu’à l’aller, tu ne voudrais pas faire un tour par la réserve ? On peut y accéder en empruntant des couloirs qui mènent à une autre sortie. Simplement quelques minutes de plus et quitte à être au musée, c’est toujours sympa d’accéder à des parties interdites au public ? Normalement moi-même n’y suis pas officiellement autorisé sauf demande au préalable mais ils ne vont jamais vérifier… Certaines pièces d’archéologie qui y sont ne sont jamais présentées !” Cette réserve… C’est l’un de ses endroits où je m’y sens un peu comme chez moi. Ce qu’était la bibliothèque ou à présent mon atelier. Une façon de finir les présentations du Arsène intello du musée. Un trait qui m’amuse en réalité. Ou alors, juste un autre moyen pour continuer à faire durer…
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| | | | (#)Dim 23 Avr 2017 - 14:12 | |
| Partager ses lectures signifie bien plus que de simple mots. Un livre s'exprime plus facilement à notre place et je crois bien que, vu la tête qu'Arsène fait, je ne suis pas le seul à le penser. Il observe le livre comme si s'était un objet sacré, interdit à être touché. Je l'encourage, avec un signe de la tête, à le prendre. Même si, j'avoue, ça me crève le cœur de me séparer de ce livre qui est devenu ma bible depuis que Jameson m'en a parlé. Je l'ai dévoré en une soirée et j'ai pas dormi de la nuit car il venait de remettre toute ma vie en question. Et, ne me demandez pas pourquoi, mais ce livre je suis certain qu'Arsène ne peut que l'aimer. Il saura l'apprécier à sa juste valeur et me comprendra un peu mieux, du coup.
Je souris doucement lorsque taxidermiste prend délicatement le livre en main et m'assure qu'il le lire. Je lui dis qu'il me le rendra un autre jour puis glisse un papier avec mon numéro de téléphone et mon adresse entre les pages du bouquin. Il me dit avoir des périodes de temps libre cette semaine et que du coup il me préviendra. Je lui offre un large sourire et hoche la tête «Parfait, tiens moi au courant » dis-je avec entrain « Enfin je … j'espère que t'as pas peur des chiens ? J'ai un husky chez moi. Le chien le plus adorable qui existe, un peu hyper actif sur les bords, mais vraiment pas méchant» c'est vrai qu'Odin n'a jamais fait de mal à personne et ne le fera sans doute jamais non plus.
Lorsqu'Arsène est obligé d'écourter notre conversation, je dois avouer que ça m'embête. Je trouve ça triste. Et je ne pense pas être le seul. Le taxidermiste semble lui-même être ennuyé par cela. Mais lorsque je lui demande de me raccompagné, il accepte sans bronché. En plus, il me propose de ne pas prendre le chemin direct, celui que nous avons emprunté Hugh et moi, mais de faire un détour par la réserve. Le genre d'endroit interdit au publique et même aux gens qui travail ici, apparemment, mais personne ne dit jamais rien. « Tu vas voir, avec ma chance légendaire on va se faire attraper aujourd'hui et j'vais me retrouver derrière les barreaux ce soir encore » je rigole doucement en mettant mon sac à dos en place sur mes épaules «Mais ouais, pas de souci, allons-y » dis-je en me dirigeant vers la porte. Ça me permettra de continuer à Arsène donc c'est cool. « C'est quoi exactement comme pièces, qu'on y trouves là ?» demandais-je, alors que je marche dans le couloir aux côtés du jeune homme «d'ailleurs ça... »
Je me tais brusquement lorsqu'au détour d'un couloir nous rencontrons les gardes. Ayant le regard fixé sur mon interlocuteur, je ne parviens pas à en esquiver un qui, avec son mètre quatre vingt quinze, ne bouge pas lorsque je lui fonce dedans. Avant même que je ne puisse me reculer il m'attrape par l'épaule gauche et ma broie presque littéralement sous sa poigne ferme. Je sers les dents et fronce les sourcils et le fixe, lui intiment silencieusement de me lâcher. Il va encore réveillé la douleur ce con, s'il continue de la maintenir comme ça.
« Vous auriez dû nous appeler Mr. Finnton » dit-il sans me lâcher, posant son regard sur le taxidermiste «On peut s'en occuper si vous voulez » je pose ma droite sur le bras du garde et le fixe « Peu m'importe qui s'occupe de me virer du musée tant que vous me lâcher putain» grognais-je entre mes dents alors que la douleur ne fait qu'augmenter depuis quelques secondes. |
| | | | (#)Lun 24 Avr 2017 - 17:52 | |
| “Un husky ! Haha, ne t’en fais pas : je crois bien que j’ai été en contact avec assez d’animaux de tout horizon pour ne pas en avoir peur. Surtout un husky, j’adore ces chiens. J’ai hâte de rencontrer le tiens.” Un husky. Maintenant que j’y pense je ne verrais Martin avec aucune autre race qu’un Husky. On dit souvent d’un maître et de son chien qu’ils se ressemblent, se complètent, et c’est sûrement le caractère indépendant de cette espèce que j’associe à Martin, surtout après notre échange. “Il s’appelle comment ?” Juste le temps de demander son nom, et on quitte ce bureau bien trop peu agréable.
“Tu vas voir, avec ma chance légendaire on va se faire attraper aujourd'hui et j'vais me retrouver derrière les barreaux ce soir encore” “Ce soir encore ? Haha, t’y es passé combien de fois en tant qu’activiste intrépide ? Ça doit t’en faire des anecdotes à raconter !” Martin l’activiste fougueux et le taxidermiste en vadrouille au musée, ça sort vraiment de nulle part. Ça me fait rire, affectueusement. Et ça me va très bien. “En tout cas il n’y a aucunes raisons qu’on t’embarque si je suis là”. De toutes façons, il y a très peu de chances de tomber sur l’un d’eux. Du moins, je l’espère. C’est qu’ils avaient pas l’air d’être très tendre envers Hugo et Martin. Même si Hugo a dû leur donner plus de fil à retordre, il n’est pas exclu qu’ils ne différencient pas l’un de l’autre. Dans tous les cas, il ne peut rien se passer tant que je me porte garant.
“C'est quoi exactement comme pièces, qu'on y trouve là ?” “On y trouve en particulier des archives sur les peuples aborigènes et des objets culturels. Depuis 2008 avec la présentation d’excuses officielles des atrocités que ces peuples ont subis jusqu’à aujourd’hui, la reconnaissance n’est toujours pas acquise et de nombreux musées modifient leur collections dans un but de visibilité. C’est une petite brique à l’édifice mais c’est long, la législation ne suit pas ni l’enseignement dans les écoles d’ailleurs, et de nombreuses collections restent dans les réserves…” J’aime bien cette réserve. Elle n’est pas bien grande, mais ce sont surtout ces pièces archéologiques qui m'intéressent. Ça m’aurait bien tenté d’ailleurs, archéologue. Dans une autre vie peut-être. Faire le jour sur des vestiges du passé, admirer l’oeuvre des civilisations, et bien plus encore admirer l’oeuvre du temps. Quel effet ce doit être de tenir pour la première fois dans ses mains quatre mille ans passés sous silence, comme un anachronisme charmant. Que tel ou tel objet par la simple force de l’âge prenne de l’importance me fascine.
“d’ailleurs ça…” Merde, les gardes. Fallait qu’on tourne à ce moment. C’est qu’ils m’ont l’air tendu aujourd’hui, si on avait pu encore éviter ceux-là… “Hé !” Mais c’est quoi ça ? Il a pas idée de l’attraper avec une poigne pareil ! “Vous auriez dû nous appeler Mr. Finnton” “On peut s'en occuper si vous voulez” Non mais c’est pas vrai. C’est pas tendu qu’il est aujourd’hui, c’est buté comme pas un. C’est qu’il à l’air de serrer fort en plus...“Peu m'importe qui s'occupe de me virer du musée tant que vous me lâchez putain” Ok ok, intervention, je sens que ça va pas jouer dans le subtil… “Je ne te crois pas en position de réclamer quoi que ce soit mon gars…” “Moi si. Et je vous assure que vous pouvez le lâcher. Martin ne faisait que regagner la sortie et je l’accompagnais. Je sais que vous faîtes votre boulot tous les deux mais s’il y avait un problème je vous aurais déjà appelé depuis longtemps” Et long à convaincre en plus. Non, vraiment, je me passerai bien d’eux parfois. “Vous en êtes sûr ? Parce que ça nous connaît les gars comme ça et…” “Alors non, écoutez. Il n’y a pas de gars comme ça : il y a une personne qui ne sera pas poursuivie pour le désordre généré et dont la volonté seule est pour l’instant de regagner la sortie… Qui plus est avec un bras intact, je vous prie.” J’espère que mon sourire peut passer pour sincère, mais ça me semble assez difficile de manier l’amabilité dans une situation déplaisante. Enfin bon, on est pas là pour rester à sympathiser non plus...“Bien Mr. Finnton.” Ah ? Pas trop tôt. Le bras de Martin m’a l’air déjà bien douloureux. “Mais je ne vais pas pouvoir vous laisser emprunter ce couloir pour regagner la sortie.” Ah. Évidemment. Ça aurait été trop simple sinon...Une interrogation discrète de regard à regard avec Martin… “Non, bien sûr. Je l’accompagnais simplement aux toilettes au bout du couloir. Ça ne sera pas nécessaire de nous escorter.” “Vous savez où nous appeler Mr. Finnton.”
Mr. Finnton, Mr. Finnton, ils sont dignes d’un numéro c’est deux là… Enfin, ils ont finis par nous lâcher, j’y croyais plus. Bon, on fait quoi ducoup là, maintenant… “Ça va ton bras Martin ?”
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| | | | (#)Lun 24 Avr 2017 - 21:09 | |
| « Odin» répondais-je avec une certaine fierté lorsqu'Arsène me demande comment s'appelle mon chien. «Comme le dieu nordique, oui » expliquais-je, amusé « Il a un peu le caractère aussi : courageux, fort mais surtout inépuisable» racontais-je en sortant du bureau « J'ai déjà fait une Randonné de trois jours avec lui en Nouvelle Zélande, je peux te dire qu'il aurait encore put courir longtemps» je rigole doucement, notant dans un coin de ma tête de lui montrer une photo de mon chien quand nous serons arrivé à cette fameuse réserve.
J'évoque ensuite la possibilité de finir derrière les barreaux ce soir encore et j'aurais dû me taire car ça veut dire en sous entendu que j'en ai déjà fait, de la prison. D'ailleurs, Arsène est loin d'être idiot et me demande combien de fois je suis déjà passé par cette case en tant qu'activiste. Je grimace, n'ayant que peu envie de parler de ça et des éventuelles anecdote funny que je pourrais avoir. «3 fois » dis-je finalement à mi voix, ne faisant vraiment pas le fier «Deux fois ici mais juste en garde à vue et une fois une 15 jours sur les îles Féroé mais c'est une trop longue histoire à raconter ici, maintenant » plus tard, peut-être, quand il viendra passer la soirée chez moi.
Changeant de sujet, je préfère lui demander ce qu'on trouve d'intéressant dans cette réserve dans laquelle il veut m'emmener. Des archives sur les aborigènes ? J'arque un sourcil, intrigué, autant par ce que je vais voir dans cette réserve, que par les explications d'Arsène. Autant, moi, je me voue corps et âme dans un combat pour les animaux et non pour les humains, autant j'ai conscience de l'oppression que les aborigènes ont vécu et que malgré tout, les mentalités n'évoluent que trop lentement. J'hoche doucement la tête et grimace un peu «On en revient à notre débat d'avant : tout passe par l'enseignement. Et tant que l'enseignement ne change pas, on ne peut pas espérer un changement de mentalités » dis-je comme pour conclure le débat qui était resté en suspens.
Je ne remarque que j'accélère le pas, poussé par l'envie de voir ces archives, que lorsque je suis brusquement arrêter par deux gardes. Le plus grand m'empoigne fermement par mon épaule déjà blessée de base et resserre la poigne alors qu'il s'adresse à Arsène, lui disant qu'il aurait dû les appeler, qu'ils vont pouvoir s'occuper de moi maintenant. Moi j'ai le courage de répliquer que ça m'est égal qui me vire du musée tant qu'il me lâche. Mais, contrairement à ma demande, il resserre sa poigne et je me mord la lèvre inférieure pour ne pas lâcher une flopée de jurons et aussi ne pas crier de douleur. Au final, c'est Arsène qui vient à mon secours, leur intiment de me lâcher, qu'il se débrouille. Il prends clairement ma défense et ça fait chaud au cœur.
Au final le garde me lâche et je pose une main sur mon épaule en me penchant en avant, me reculant d'un demi pas pour m'éloigner du garde. Après un dernier regard vers nous, ils s'en vont finalement. Je pousse un soupire de soulagement et hoche doucement la tête lorsque le taxidermiste me demande si ça va. « Ce … ça ira » soufflais-je en me redressant. Je fais rouler un peu mon épaule mais ce mouvement ne fait qu'augmenter la douleur « Putain. Ce con à chopper l'épaule qui m'emmerde depuis 5 ans déjà » grognais-je entre mes dents « ça faisait plusieurs mois de suite que je n'avais plus de douleur et là ça va revenir, fait chier » je lance un coup d’œil vers l'arrière et fronce les sourcils lorsque la porte se referme sur les gardes « Bon ...» je grimace en étendant lentement le bras, refusant de garder mon épaule dans une position antalgique « C'est par où du coup ?» demandais-je, parlant de la réserve, évidemment. |
| | | | | | | | If you think museums are boring, then you're doing it wrong || Arsène |
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