Got a big plan, this mindset maybe its right, at the right place and right time, maybe tonight. Late night, and passing, mention it flipped her. Who knows saying maybe it slipped, but the slip turns to terror and a crush to light. Its cute in a way, till you cannot speak and you leave to have a cigarette, your knees get weak. An escape is just a nod and a casual wave, obsessed about it, heavy for the next two days. It's only just a crash, it'll go away. It's just like all the others it'll go away. Or maybe this is danger and you just don't know. You pray it all away but it continues to grow.
Je n’avais pas remis les pieds ici depuis 6 ans, 6 siècles. La sensation de refaire les mêmes pas, de retracer les mêmes sillons, de reconnaître et de reprendre là où je l’avais laissé. Impression inachevée, toile de fond qui saute sa trame, idées brouillées qui remontent à chaque nouveau pas, à chaque regard à la dérobée, à chaque salle que j’entrevois à travers les portes closes, les lumières tamisées. L’invitation s'était mêlée entre les lettres et autres factures, un vernissage rassemblant professeurs et élèves, une tradition à l’académie que j’avais complètement oubliée depuis l’avoir quittée, qui était remontée entre le montant mensuel couvrant l’électricité et la pétition que Greenpeace envoyait sporadiquement à tous les gens du quartier. C’était simple, c’était doux, c’était sans prétention et à ma façon, c’était un moyen de commencer tranquillement à renouer avec le passé, avec ce que j’avais laissé derrière, ce fameux matin où Brisbane était devenue Londres, et tout ce qui s’y rattachait. Alors oui, j’avais RSVP présente. Entre le divorce qui prenait doucement place, entre Ezra qui ferait bien vite ses pas vers Noah, entre Ben qui avait insisté pour que j’aille à l’événement et lui snapchat toutes les oeuvres que lui même aurait été en mesure de faire avec des restes de peinture et de vieux cartons - un jour, il faudrait vraiment que je prenne le temps de lui expliquer l’art contemporain de A à Z - j’avais dit oui, un petit mot, rien de bien engageant, mais qui voulait dire beaucoup. La peintre bien enfouie, celle qui était ressortie quelques maigres fois dans ce petit atelier de Logan City devenu à force ma maison officielle, celle qui s’assumait un peu plus, celle qui essayait du moins. Je reprenais mes marques, je faisais tranquillement racine, et ces quelques croquis qui traînaient dans mon carnet, carnet caché au fond de mon sac, n’en étaient qu’une mince preuve. Ce n’était pas beaucoup, ce n’était pas ce à quoi j’aspirais en mettant pour la première fois les pieds ici, mais toutes ces années plus tard je sentais que j’étais sur le bon chemin, que bien vite, cette phobie de la page blanche qui rongeait mes entrailles ferait place à du beau, à du bon, à ce qui jadis avait été une partie intégrante de ma vie - était ma vie, même, si je voulais y aller all in. J’entre donc, et je suis les indications sagement, tournant à droite, bifurquant à gauche, allant vers l'avant, laissant le programme de la soirée me guider à travers une école que je connaissais par coeur pour en avoir toujours gardé un beau, un puissant souvenir. C’est dans une salle bondée que j'atterris même au passage, surprise devant le succès de l’événement qui se tarait d’être simple, sans flafla, réunion d’anciens et de nouveaux, lancement d’une saison d’exposition sous un thème dont je ne me souvenais même plus. La beauté était qu’ici, je n’avais pas besoin de jouer le jeu de la mère bien forte, de soutenir le regard d’infirmières ou de médecins, de me battre pour avoir un maximum de constance et un minimum d’émotions. Hors de ma routine à l’hôpital, j’avais plus de chance d’évoluer, de grandir, de ne pas être encore et toujours confrontée au stress et au diagnostic, à la pitié mal placée du personnel qui n’avait encore et toujours rien de nouveau à ajouter à la situation de mon fils. Seule, solide, dans mon élément, je me sens même frivole au point d’accepter la coupe de champagne qu’un serveur me tend, ultime geste de facilité qui me guide ensuite vers une sculpture presqu’au hasard, si ce n’est que j’ai été attirée dès le premier regard. Voyez comme je suis à l’aise, étrangement à l’aise, lorsque je tourne la tête vers la personne à mes côtés, constatant qu’elle se tient devant l’oeuvre depuis plusieurs minutes. Moi qui d’habitude n’est pas si loquace, moi qui d’habitude me contente de longer les murs, d’éviter d’être remarquée, de laisser la lumière se braquer sur quiconque, n’importe qui, sauf moi, je redresse même le dos, roule les épaules, sourit pour la peine. « J’ai toujours adoré la façon qu’avait le professeur Wyler de faire vivre la lumière ambiante. » que je laisse glisser, honnête au possible, me rappelant de ce fameux enseignant qui m’avait tant appris à l’époque, espérant innocemment le croiser ce soir. « Ouais, non, moi je n’aime pas du tout. C’est trop candide, trop propre. » qu’elle me scie direct, sans la moindre possibilité de relancer la conversation. Vous me connaissez maintenant, vous savez à quel point les mots ont de la difficulté à sortir correctement, comment le silence me convient encore et toujours, la silence et la paix et le calme d’être isolée, sans besoin de rien d’autre. L’effort colossal d’entamer la discussion effacé du revers des mots de mon interlocutrice, je me contente de hocher bêtement la tête, sous le choc, déstabilisée. Une gorgée de champagne plus tard et je quitte le piédestal et la dame, un peu moins stoïque du haut des talons que j’ai enfilés plus tôt, dans un élan d’optimisme. Ma prochaine altercation sera mesurée, sera réfléchie et sera plus assumée aussi. Comme un gamin qui apprend à faire du vélo, j’entends la Ginny forte, la Ginny bourrée d’assurance qui s'empare du micro à travers mes pensées plus ou moins flatteuses, m’encourageant à m’y remettre, à ne pas me laisser abattre, à suivre cette impression que j’avançais, que je faisais bien quelque chose pour moi enfin, et pas juste pour les autres. Trêve de conversation avec moi-même, je me plante maintenant devant un tableau imposant, grande pièce d’art criard qui habille, habite la pièce avec force et puissance. Tiens, voilà qui maintenant sera plus facile à aborder, plus difficile à réfuter surtout. Confiante, j’inspire, énième tentative de small talk à engager question de sortir de mon isolement. Et je me lance, épatée par mes propres avancées sociales. « Ça me fascine comme un seul tableau peut être aussi fort, peut dégager autant. On sent direct le talent, l’histoire derrière. La profondeur. » je m’emporte presque et le pire, c’est que je suis franchement très honnête. Accompagnée ou non, la prestance du canevas m’absorbe plus je l’observe, mutée dans les détails, fascinée par le trait qui me rappelle vaguement quelque chose, sans mot dire. « Je vous dirais bien d’aller faire part de vos impressions à l’artiste, mais je me doute qu’il n’a pas besoin de se faire déblatérer ce qu’il sait déjà. » me confie, l'air malin, l'homme qui prend place près de moi. Sa remarque me fait hausser le sourcil, intriguée, sachant à quel point la majorité de mes anciens compatriotes auraient tout fait pour un commentaire positif, même mince, concernant leurs créations. On vivait tellement ce foutu syndrome de l’imposteur lorsqu’on se donnait à travers son art et… et… et je m’interromps dans mes pensées, voyant un petit groupe se déplacer rapidement à proximité, du moins, à quelques pas seulement. Évidemment je suis le mouvement, réalisant que finalement, cette soirée était probablement la meilleure chose qui pouvait m’arriver pour me changer les idées et voir plus loin que la routine lorsque mon regard croise le sien et que je comprends de suite la remarque qu’on vient de me lancer. Fuck, j’ai été éblouie par une toile d’Auden Wells. Devant témoin.
Qu'est-ce qui vient à intriguer l’œil affûté d'un contemplateur face à l'immonde objet peint ? Parce que, oui, personne n'irait payer son entrée dans une modeste exposition pour en revenir qu'avec le simple souvenir du trait vulgaire d'une carcasse bovine aussi laide que répugnante dans sa présentation. C'est là qu'on puise l'élégance de l'art en lui-même : rendre beau ce que nos sens vont répudier. Les laisser apprécier la chose par un simple coup de pinceau, transformer l'impossible en oeuvre, égayer la curiosité, faire parler. Tu as vite compris mon cher Auden, comment adhérer à ce foutu business. Tu détestes ce mot, mais c'est bien là ton sauveur, celui qui te raccroche à la réalité, à la neutralité, loin de tes galères de novice révolutionnaire, toujours à faire la manche pour un petit paquet de pâtes premier prix. Dieu ce que tu peux en vouloir à tes géniteurs de t'avoir couper les vivres au moment crucial. Dieu, ce que tu les remercies. Grâce à eux, tu mènes la vie d'artiste, le titre plaqué or et la liberté en prime abord. Tout ça, par le simple coup de main de la gêne, celui des dénonciations. Certains diront que ton ironie artistique n'est que l'oeuvre d'un activiste. D'autre, iront dire que tu fais tâche dans ce monde. Toi, tu diras que tu es un artiste, rien que ça. Q'est-ce que tu en as à foutre des plaintes de Pierre Paul Jacques quand justement, le but d'une oeuvre n'est pas d'en recevoir l'avis d'un expert. " Peusdo expert ", parce qu'un expert n'est pas un savant, comme tu ne seras jamais De Vinci, que tu ne peindras jamais ces étrons surnotés d'une catégorie que tu révulses autant qu'on te l'implante à longueur de temps, les rares fois où tu fais acte de présence dans cette école, pour superviser. Ils ont mis bien du temps à t'appeler pour ça, craignant l'étiquette qui te colle à la peau, un supposé manque de tact et surtout, l'absence complète d'un recul pédagogique. T'as pas la gueule de l'emploi, non. Mais tu es Auden Wells, alors sois-en honoré. L'honneur, une connerie qui ne durera point, quand tout ce que tu veux, c'est de repérer un véritable peintre parmi les glands asservis des règles du système. Tu t'es toujours demandé à quoi servait les écoles d'art. Pourquoi noter, pourquoi juger quelque chose qui se devrait d'être entièrement personnifié ? Pourquoi taper sur le gars qui ira dessiner les courbes de la voisine d'à côté, au lieu du modèle de la salade de fruit qu'on lui refile sans vraiment avoir le droit de rechigner ? Est-ce la plainte d'esprit lumineux qui t'amène ici, sachant pertinemment ce qui résultera de ton supposé enseignement ? Car au final, tu n'es rien d'autre que celui qui casse les codes, le tyran de la majorité, le modèle caché, le héros pour une pincée de jeunes désespérés. Mais c'est bien la majorité que tu croiseras ce soir, inopportunément pour eux.
Le curateur de ce vernissage est un grand farceur. C'est bel et bien dans ce bâtiment que les curieux auront le droit d'admirer quelques unes de tes œuvres, mélangés aux toiles baveuses et autres sculptures en verre, argile, taillés à même la pierre, art primitif. Tout y passe, rien n'a de sens et étrangement, tu apprécies, peut-être même autant que cette coupe de champagne emparée hâtivement. Foutu monde. Tu détestes la foule et cet effet de mode de l'étrangeté. Mais tu ne craches pas sur ce petit amas prostré devant ton petit bijou. " Tiens Wells, viens nous faire ton petit discours. " Merde. Tu ne peux rebrousser chemin, alors tu t'armes d'un long et grand sourire, à peine hypocrite. Les regards se tournent un par un, quelques applaudissements se firent même entendre, le début de la gloire, dira-t-on. Tu prends place au devant de la masse, sans jeter le moindre regard à ta pièce maîtresse. Tu te sentirais nue de te la réapproprier maintenant qu'elle se trouve à la merci du voyeurisme. Le pseudo-discours attendra, loin du programme que tu te fais de la soirée. Ton statut de visiteur amélioré de donne le droit d'aiguiser ta curiosité comme bon te semble, après tout. Tu ne te prives donc pas de sélectionner la première paire d'yeux sémillant pour te faire comprendre. " Je sais, je sais. Il m'a fait le même effet à sa finition. " . Tu reprends ta mine dure et ne te prive pas de te poser devant la dite personne avec l'air d'un despote. " Vous obtiendrez cependant un net profil si vous vous décalez de quelques centimètres à votre gauche, ça et surtout le fait que j'aimerais pouvoir passer. " Oui, tu peux aussi très bien contourner, mais visiblement, tu as envie de faire chier ton monde. C'est fou ce que tu hais cet endroit.
Got a big plan, this mindset maybe its right, at the right place and right time, maybe tonight. Late night, and passing, mention it flipped her. Who knows saying maybe it slipped, but the slip turns to terror and a crush to light. Its cute in a way, till you cannot speak and you leave to have a cigarette, your knees get weak. An escape is just a nod and a casual wave, obsessed about it, heavy for the next two days. It's only just a crash, it'll go away. It's just like all the others it'll go away. Or maybe this is danger and you just don't know. You pray it all away but it continues to grow.
Petite introduction à Auden Wells. C’est que je la sens nécessaire cette intervention, voyez-vous. Grand brun ténébreux, visage fermé. On dit de lui qu’il n’entend pas à rire, qu’en fait, on n’a jamais vraiment vu d’expression autre que l’ennui ou le dégoût frôler ses lèvres. La quarantaine qui vient doucement, le talent qui explose. Il a toujours été un prodige, il a toujours su faire parler par son art. Il touche à tout, il s’intéresse, il crée, il a le cerveau en ébullition. Il est acide aussi, les paroles qui blessent, qui ne s’arrêtent pas, qui insistent, qui glacent. Je détestais me faire une opinion des gens en me fiant à ce qu’on dit d’eux, et c’était avec toutes les meilleures intentions du monde que j’avais laissé ses manières rustres et ses propos choquants derrière moi la journée où il avait agit à titre de chargé de cours dans ma classe de création contemporaine. Ce qui était censé être un atelier tout en douceur où on guidaient nos propres idées sur le canevas et non celles qu’on tentait de nous faire avaler comme bribes de succès à l’Académie s’était terminé en tuerie, alors que Wells s’en était pris à la moitié des étudiants, les démolissant tous et chacun sans la moindre vergogne, ne daignant même pas les appeler par leurs noms et les réduisant à de simples sobriquets plus gênants - et blessants - qu’autre chose. Puis, il avait finit par venir se poser derrière moi, regard sur épaule, souffle rauque qui complimente. Jusque là, je n’avais rien dit, horrifiée par son comportement, soulagée d’avoir fait partie des oubliés. Mais il avait soupiré. Haut, fort, douloureusement. Un long soupir blasé, qui glace le sang, qui accuse réception, qui fait mal. Profondément. Les seuls mots qu’il m’avait adressés personnellement à l’époque n’étaient pas mieux, et avaient su additionner son interjection de dépit à la perfection. Non, des toiles comme les miennes, on n’en avait pas besoin. Non, une peintre comme moi, ça ne révolutionnerait absolument pas le monde. Non, il ne voyait rien de différent, rien d’original, rien qui m'appartienne, rien de vrai dans mes traits de pinceaux. Non, je ne valais pas mieux que ceux qui n’avaient pas été admis et, force était d’admettre que j’avais dû piquer la place d’une moins nulle que moi par mes beau yeux et mon air de jeune prunelle innocente. Il m’avait salit de l’intérieur et de l’extérieur, il m’avait déçue de moi-même, il m’avait ridiculisée. Et de ces quelques mots, c’est la mention de son nom aujourd’hui qui me glace le sang lorsque je réalise que merde, merde, merde, merde. Il avait raison. Mes toiles n’avaient pas laissé de marque, et personne n’en avait eu besoin. La peintre que j’étais n’avait rien changé, limite, elle s’était enlisée. Je n’avais encore jamais réussi à peindre vraiment, à raconter mon histoire, à être honnête avec mes tableaux. Et non, je ne valais pas mieux que ceux et celles qui n’avaient pas été pris au premier tour, cette année-là. Pire, je leur avais fait le plus grand des affronts en quittant le cursus avant même d’avoir complété ma deuxième année. Toujours aussi condescendant, toujours aussi imbu, toujours aussi Auden, que je me surprends à ajouter, aux limites du sarcasme et de l’ironie. Il commente sa toile en agençant ses paroles aux miennes, il juge ma silhouette et mon regard et mes mots et mon absence du haut de son air dur, conquis. Et le summum de tout revient à son commentaire complètement impersonnel, me jaugeant de me décaler, de lui laisser la place, de jouer de cette pseudo-fan que je semble être pour avoir laissé échapper que trop vite une exclamation qui me fait déjà violence. Il ne se souvient pas de moi, et aucune surprise ici. Il ignore la cassure qu’il a faite, la déception qu’il a crée, la réalisation qu’il a entraînée aussi. Je me racle la gorge, roulant des épaules, essayant de me donner un peu de constance. J’étais venue ici avec l’idée, l’envie, le besoin de remettre le pied dans l’art comme jadis, et ce bref retour dans le passé ne me ferait que du bien seulement si j’arrivais à la maîtriser à ma façon. Rebelle inavouée, l'essence de lui montrer que je suis différente. Que je tente de l'être, du moins. Et je me lance, me faisant violence pour ne pas rouler des yeux trop vite. « C’est bien de connaître ses forces. » le sourire qui orne mes lèvres est moqueur, mauvais. Il était probablement le premier artiste que je croisais qui n’était pas en totale remise en question face à ses oeuvres. À moins qu’il se serve de son ego surdimensionné pour pallier à ses craintes? Plausible. « Oh, je me décalerais volontiers, mais ce serait vous faire affront. De ce que je vois, on vous demande plus loin, que dis-je, on vous exige. Je ne voudrais pas manquer ça. » je montre du menton l’instigateur de la soirée qui semble pris au dépourvu par le dos tourné qu’Auden lui montre, tout sauf intéressé à poursuivre dans la voie qui semblait être celle décidée. Un bref coup d’oeil au programme de la soirée me confirme que l’artiste est attendu pour un petit mot de bienvenu, et j’imagine bien qu’il n’en a pas du tout envie. Cette impolitesse, ce manque de classe, cette ingratitude qu’il dégage, se prenant pour le roi de tous et des autres, c’est une confiance que je n’arriverai jamais à atteindre et qui, par chance, ne m’intéresse pas du tout. « Ne me dites pas que vous aussi êtes en proie au syndrome de la page blanche? » je bats des cils, faussement étonnée. « Ou peut-être s’agit-il du syndrome de l’imposteur? » un maigre rire accompagne mes paroles et je réalise que je n’ai probablement jamais été aussi assumée que maintenant, que tout de suite. Sauf peut-être avec Heidi, lors de notre dernier échange enflammé… je me reprends. « Allez, vos fans vous attendent impatiemment. » je tire ma révérence, coupe de champagne entre les doigts, alors que je vais rejoindre la foule attroupée, prête à l’entendre. Mon coeur bat la chamade de lui avoir tant tenu tête. Si ma silhouette l’a quitté, mon regard est toujours bien ancré dans sa direction. Voyons voir ce qu’il a de beau à dire à son public.
Il faut le dire, tu n'es pas le plus avenant de tous. C'est simple, à croire que les mises en garde de tes aînés à l'égard des inconnus ne sont pas tombés dans l'oreille d'un sourd, mais dans un encéphale alogique aux réflexions déraisonnables, sûrement. Non, tes parents n'avait pas à s'en faire puisqu'il te fallait plus de conditions que le renard pour t'apprivoiser, un peu comme la gamine dans le clip de Skrillex, les pouvoirs badass en moins et le côté attardé en supplément mais là nous nous égarons. Ah, Auden, sauvage pour sûr, mais loin d'être introverti. Louveteau qui s'égare dans les cassettes, Narcisse imparfait, les sourcils arqués, le regard flegme, personne n'osait te défier sur un terrain conquis. Bizarrerie qu'on n'ose encore intercepter trente ans après, voilà que tout prend forme chez toi; cette capacité que tu as à dire par tout les moyens sans user du langage. Tu as la flemme de parler, de communiquer, d'apprendre à connaître une personne dans sa complexité. Tu ne fais pas dans les beaux discours, le compliment, la tchatche inutile pour faire passer les trajets collectifs. T'as bien était content d'ailleurs de récupérer ton permis après six mois passés à supporter les médisances et autres histoires de mémères conquises par tes allures de gendre déplorable Il se faut donc bien-sûr que ta voix puisse trouver une quelconque utilité, qu'elle soit usé à bon escient quand les frivoles tournent autour à la manière de petits moucherons, ou quand tu trouves cela nécessaire de remettre les pendules à l'heure, quand les apprentis n'auront de créatif que la démonstration, rien de plus, rien de concret, la logique paradoxale des facultés propres à l'homme. Nécessaire, toujours, même pour un cas où la futilité domine, par simple soucis d'orgueil, par simple amour du défi.
Alors non, tu n'as sûrement rien à prouver à la demoiselle qui semble vanter sa faculté d'élocution par la simple ignorance du personnage. Ignorance ? Peut-être pas, peut-être. Tu ne réfléchis pas longtemps à l'analyse de son faciès, fatigué par ta courte et brève enquête sur son identité. Tu ne la connais pas, du moins, elle ne fait clairement pas partie de la liste de ces personnes mémorables croisées depuis tes années d'errance artistique. Alors, ou bien le détail t'échappe, ou bien l'affront est potentiellement légitime. Potentiellement, car l'ultime terme indiquerait une remise en question bien loin d'être à l'ordre du jour, connerie pour ceux qui adhèrent à la marche à reculons. Mine ferme, tu ne bouges pas le moindre cil au fur et à mesure que le discours de l'outsider se complète. Conscient qu'elle ne bougera pas d'un poil, un léger rictus prend part de ton minois, lourd de significations quand on connaît le spécimen en question. " Je vois. " Tu débutes sur un long soupir, déjà éprouvé de ta journée et peu friand des remontrances anonymes. Tu te pose en face-à-face, les mains dans les poches, l'allure décontractée, la tête légèrement bancale, prêt à surenchérir d'une voix ironiquement douce et posée. " J'aimerais passer." Tu articules les syllabes, une à une, étonné de ta soudaine patience. Bien conscient que ceci ne te mènera à rien, tu tournes la tête vers la supposée raison de ce conflit, loin d'être dupe et con pour autant. " Oh, je n'en doutes pas. " Conclus-tu sur ses derniers mots. Puisse le sort lui être favorable car son jeu de déstabilisation ne marche aucunement sur toi. La jeune femme se dirige vers le petit attroupement qui se forme. Tu te rappelles des quelques conseils avisés de l'un de tes collaborateurs, à savoir l'idée de calmer tes ardeurs dans les discours, de ne pas les foirer par la défonce ou par la simple envie de parler en ton cœur. Oui, Auden Wells possède un cœur, aussi blindé soit-il, paraît-il. Tu te diriges à ton tour, sourire éclatant, trompeur, accentué par le regard soutenu de la demoiselle frustrée qui semble attendre avec impatience ton petit show. " Bonsoir à tous et à toutes, navré pour le petit contretemps, comme vous avez pu le constater à l'instant !" Tu jettes un vague coup d’œil au vrai fautif de la situation, ton associé pourtant mis au courant de ton excentricité, trop interloqué par ton enthousiasme soudain pour s'en conforter. " Voyez-vous, ce n'est pas tout les jours que j'ai la chance de croiser celle dont l'audace et la pugnacité ont fait de ce labeur ce qu'il en résulte. Une oeuvre abstraite, trouble, à l'instar de celle qui m'en a inspiré." Regard rivé sur la brune, tu le soutiens de sorte à ce que le monde s'y associe. Il faut dire qu'elle n'a pas été des plus stratégique sur sa position actuelle. " Je voudrais porter un toast à celle qui a vraiment peint ce tableau, au-delà de mes coups de pinceaux, au-delà de l'esprit créatif, au-delà de cette signature. Celle qui aura été bien plus que la muse d'un soir. Merci à toi. " Tu lèves ton verre en sa direction, petit clin d’œil en juxtaposé. Si tu joues avec le feu en t'inspirant d'un discours carrément misogyne tout droit sorti de ton imagination, tu sais aussi qu'à ta gauche, le regard noir de ton coéquipier ne te sauve pas. Tant pis car toi, tu t'éclates. " La page blanche, mon cul. "
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That time I was introduced as a muse. Je frissonne, j’ai un haut le coeur et je bouille, tout d’un coup et rien ensuite, sentant les regards qui se vrillent sur moi, ne dénotant qu’un seul au final. Le sien. Rieur, dédié, moqueur. Et il ne se souvient de rien, encore une fois. Si je m’accroche à ma coupe pour ne pas m’effondrer de honte, si je passe le rose qui colore mes joues sur la vanité, la beauté d’avoir faussement été remerciée, c’est plutôt la rage qui les rend cramoisies. Il continue sur sa lancée et il bredouille conneries sur conneries, et si le mystère qui plane autour de moi me donne le tournis, je ne me fais pas prier pour quitter le petit groupe, fuir dis-je, de rage surtout, alors qu’il n’a même pas conclu sa suite. Je n’en peux plus de sa suffisance, je n’en peux déjà plus de son ton arrogant, de son talent, de son foutu talent qui le rend si impressionnant et immense. Ce genre de personne je… je… je…. Et j’en perds mes mots, entre la folie et l’épuisement. Vaut mieux profiter de l’exposition encore un peu, éviter son chemin, éviter de retrouver cette boule au ventre qui menace d’exploser. Pas, petits pas dans l’art de nouveau, l’atelier, les priorités, les couleurs et les idées qui se mélangent. Je regrette de ne pas avoir traîné mon calepin pour aller m’y vider la tête dans les vestiaires, avant de revenir un peu plus forte. On m’offre un canapé que je refuse doucement, le regard qui dérive vers une exposition de photographies maintenant, cours optionnel qui m’avait énormément plu à l’époque, qui me rappelle cette caméra que j’ai toujours, la première, le cadeau d’Ezra, avant la fin. Elle fonctionne toujours, et l’idée de faire tiquer l’objectif demain dans la journée me semble une bonne façon de m’occuper l’esprit, alors que la voix d’Auden ne résonne plus à l’autre bout de la salle et qu’il, forcément, rôde à quelque part. Ce quelque part, cet endroit que j’éviterai comme la peste d’ici mon départ, et personne n’en sera que plus mal. J’hoche de la tête pour moi-même, conciliante, sachant que des gens comme lui pullulent le monde dans lequel je cherche tant à revenir, et qu’il y aura toujours façon de cohabiter, à distance. Ravie, posée, ravalant, inspirant, je laisse le champagne couler une nouvelle fois dans ma coupe avant de me laisser guider par cette photographie, argentine, tout droit sortie d’un autre univers. On y dénote à peine les gens, les ombres, les formes, pour n’y voir que les couleurs, la lumière. Un mystère doux, tout simple, que j’essaie de percer pendant de longues minutes, les iris vissés sur le cliché, ignorant ce qui se passe tout autour, presque volontairement. Je n’ai besoin que de peu pour être heureuse, pour être à l’aise. Le talent des autres, le mien qui tente de remonter, le silence, la solitude, la liberté. C’est probablement pour cette raison que j’ignore longtemps les bourdonnements qui montent, d’abord subtils puis un peu trop présents à mon goût. Les conversations s’agitent, les questions fusent, et je me vois dans l’obligation de me retourner vers la provenance de tout ce brouhaha. Derrière moi, et maintenant devant, se trouve un couple accompagné d’un photographe, tous vêtus de leur plus beaux, leurs plus grands sourires. « Pour la gazette de l'université. » qu’ils s’annoncent, alors que je reconnais le logo du papier sur leurs t-shirts. Naïve, naïve Ginny qui hoche de la tête, qui acquiesce, qui cède à leurs demandes, répondre à quelques questions, rapidement, rien de trop compliqué, pour les lecteurs, étudiants en quête d’inspiration. Il est doux le piège qu’ils me lancent, alors que d’emblée on me demande, sur le ton de la confidence « Qu’est-ce que ça fait de travailler avec Auden Wells? » d’une main, j’arrache non sans retenir un soupir l’étiquette qui ornait mon t-shirt, Ginny McGrath, ancienne étudiante. Et moi qui croyait que j'avais été choisie au hasard. On ne m’y prendra pas, on n'associera pas mon nom au sien, on ne verra jamais mes mots se marier à ces paroles, acerbes. « Je… c’est… » et là, j’ai deux options. Deux choix, décisions, portes de sortie. Me dissocier complètement, m’excuser, fuir - encore - et oublier que cette gueule d’ange au coeur de merde m’a entraîné avec lui à sombrer. Ou je joue à nouveau. Plus réfléchie, moins narquoise, plus maligne. J’ai fait l’erreur de lui laisser trop de place, de lui passer la balle sans me garder une retenue, une issue. À voir comment il s’y prend, la simple réflexion, recherche, besoin d'entrer dans son propre jeu devient une toute autre aventure. Et étrangement, alors que précédemment la seule vue de son sourire à deux balles me donnait envie de déguerpir, un second contact visuel avec lui me force à rester. Pour le pire, surtout. « C’est… différent. » que je commence, cherchant mes mots, tentant de fixer mes paroles autour de ma pensée. « Différent de ce qu'on peut penser, en fait. » le crissement du crayon sur le carnet du journaliste me distrait un brin, avant que je laisse mes iris se visser à ceux d’Auden, qui m’a repérée, probablement ayant encore une fois rayé de son esprit quelle perte de temps je pouvais être. À voir si mon discours lui fera autant d’effet que le sien m’en a fait. « Il est incroyablement talentueux et être en sa présence m’a tout de suite relaxée. » l’étonnement des étudiants face à mes propos est palpable. Auden, emphatique? Je poursuis. « Il est beaucoup plus tendre, plus sensible qu’on peut le croire. Il n'est pas qu'agressif et imbu. » je laisse échapper un rire, ils notent toujours. « Il a de ces petites manies qui le rendent bien humain, bien accessible. » là, j’ai capté entièrement leur intérêt, et je vois de suite la silhouette du peintre qui s’immobilise, comprenant probablement ce qui se trame ici. Pas trop tôt, bonhomme. Laisse-moi au moins ma finale. « Par exemple... à chaque coup de pinceau, il s’arrête pour bien prendre les commentaires, pour bombarder de questions. Même si certains verraient ça comme un gros doute, comme un manque de confiance en lui, en son art, je trouve ça adorable, très authentique. Je l’ai vu pleurer aussi, à plusieurs reprises. Remercier ses mains, leur dire à quel point sans elles il ne serait rien. » les journalistes échangent des regards, retiennent des rires, prennent le temps d’assimiler tout ce que mes fausses anecdotes leur donnent comme matériel contre cet artiste que peu aiment au point de le protéger dans les médias. « Et je ne vous ai pas raconté la fois où il est arrivé chez moi complètement nu, voulant s’offrir à moi comme j’avais si bien su le faire à lui… » mes derniers mots sont balancés entre l’hilarité et la crainte, voyant Wells qui s’approche au pas de course de nous.
Celui qui se frotte à un scorpion finira bien par se faire piquer dans son orgueil. Madame médisante ne soutiendra pas son regard très longtemps dans le tiens quand elle a le droit à une véritable haie d'honneur. Et comme un con, tu rigoles, tu pouffes dans le micro, tu attires une nouvelle fois les paires d'yeux sur ton minois tout sourire, tout enjoué, tout fier. Ainsi l'improvisation débutée, elle ne perdurera pas plus qu'une trentaine de secondes, alors que la jeune femme s'est volatilisé, toi, tu ne le remarques guère. Ainsi va la vie pour toi, ô grand seigneur Wells, toujours à s’accommoder du pire piège à ours. Tu termines et remercies compendieusement, balançant presque le micro sur l'instigateur du discours péremptoire, reprenant ce rôle de visiteur auquel tu essaies tant bien que mal de t'accrocher, quitte à renvoyer bouler à ta manière les quelques louangeurs curieux. C'est bel et bien fidèle à toi-même que tu te diriges dans la pièce adjointe où se trouvent les étudiants fébriles face à quelques objectifs et ce qui semble être le QG des hôtesses, la bouffe de luxe, les sourires qui séduisent, la coupe de champagne qui ne tient qu'à se remplir, encore. Regard canaille, posture agréable, tu te retrouves à discuter Vivian Maier et photographie urbaine avec l'une d'entre elles, à l'instar des quelques morceaux de vies immortalisés qui ornent les murs de la pièce. Dix minutes de quiétude et un numéro plus tard, te voilà encore à te balader, contempler, Auden l'artiste, Auden solitaire, Auden heureux. C'est fou ce que l'humain intrigue, toi qui détestes l'avoir en face, mais qui pourrait bien passer des heures et des heures à l'étudier sous toute ses formes. C'est la raison pour laquelle tu aurais tendance à privilégier les expositions nocturnes ou encore les " nuits au musée" bien que tu ne puisses rien faire contre l'effet parasite de la mode de l'hipster insomniaque. Et ça, oh que oui ça te fait criser, mais t'en faudrait-il beaucoup après tout ? Est-ce réellement légitime de jeter un regard assassin sur celui qui prononce ton nom complet à un tiers quand toi, tu te postes en spectateur ? D'ailleurs, tu ne sais pas trop si tu te focalises sur les trois mousquetaires, jeunes intellectuels de pacotilles, ou sur leur cible. Ta cible. Mais qu'est-ce que... "Il a de ces petites manies qui le rendent bien humain, bien accessible" Et visiblement, tu ne joues plus avec le pion mais avec la dame, la majesté qui ose céder à ses caprices d’éternelle offensée. Tu t'approches doucement, histoire d'être sûr que ton esprit ne manipule tout. " Je l’ai vu pleurer aussi, à plusieurs reprises. Remercier ses mains, leur dire à quel point sans elles il ne serait rien. " Grognasse, tu n'en doutes plus. Va vraiment falloir arrêter sur les fixettes, d'un camp comme dans l'autre. Tu te diriges d'un pas beaucoup plus hâtif vers le lieu-dit de cette soudaine petite humiliation qui n'en finit plus, le coeur qui palpite, le cerveau qui bouillonne, les mains qui moitent, Bruce Banner en véritable héros de ton enfance peut toujours aller se rhabiller. Toi qui n'as raté aucune syllabe de cet échange revanchard, oui Wells, il est temps que tu songes à la diplomatie. Enfin... " Très beau carnet. " Que tu arraches littéralement des mains du vis-à-vis, relisant encore et encore ce que tu venais d'entendre. Mention spéciale pour le cacatoes qui engage la page, tu n'aimerais pas lui gâcher son petit plaisir au gamin. Tu lui rends donc, avec un sourire, long, large, blanc, éminemment persifleur. Tu te tournes vers celle qui restes pour toi la responsable de ce carnage, abominable jolie bout de femme qui n'a pas peur de se brûler les doigts. Mauvaise, très mauvaise idée de s'en prendre à l’ego de l'artiste, mais peut-être le sait-elle déjà. Pourquoi ferait-elle autant une fixette sur toi autrement, si ce n'est qu'elle peut être très, voir trop, susceptible. " J'abandonne, je suis vraiment désolé. " Tu soutiens le regard sur la brune tandis que ta main libre se balade dans tes poches de jean, spectacle que personne n'arrive vraiment à cerner autour de vous. " Il est vrai qu'en ma position, je n'aurais jamais du essayer de négocier les prix que vous me proposiez. Alors laissez-moi rattraper ça au lieu de m'attirer dans vos filets de vos douces paroles à mon égard." Tu sors quelques dollars de ta poche, expression moqueuse en catimini sur cette tête baissée en direction de cette minuscule liasse. " Pour vos bons et loyaux services. Ne me remerciez pas pour le pourboire en ajout, en vu des circonstances, vous comprenez qu'il ne sert à rien de ruiner la réputation de celui qui vous a probablement payé votre repas du lendemain. Vous avez raison sur toute la ligne, il m'arrive d'être sensible au charme de la vie nocturne et de ce qu'elle en résulte. Nous sommes quittes désormais, pas vrai ? " La liasse toujours tendue, tu t'attends bien à la recevoir en pleine poire, imbibée de champagne et de la trace rougeâtre qui devrait la suivre de près. Tu en tends presque la joue pour la tenter. Quant à ta réputation, qui irait se demander les raisons qui pousserait un contemporain à arpenter les ruelles de la ville pour en découvrir quelques roseaux ? So kitch, tellement horrible. Mais la bombe est lancée, trop tentante fut-elle. Elle veut jouer, tu vas jouer.
Got a big plan, this mindset maybe its right, at the right place and right time, maybe tonight. Late night, and passing, mention it flipped her. Who knows saying maybe it slipped, but the slip turns to terror and a crush to light. Its cute in a way, till you cannot speak and you leave to have a cigarette, your knees get weak. An escape is just a nod and a casual wave, obsessed about it, heavy for the next two days. It's only just a crash, it'll go away. It's just like all the others it'll go away. Or maybe this is danger and you just don't know. You pray it all away but it continues to grow.
Je ne me reconnaissais plus, si ce n’était ma voix, ma silhouette, mes remords. Mais c’était une toute autre qui articulait sa vengeance, qui étalait sur le papier de ces faussement sérieux journalistes quelques parcelles complètement erronées de l’homme qui m’avait brisé le coeur et l’âme et l’esprit et l’inspiration du revers de la main. Il avait fait naître en moi ce besoin de me prouver, crise d’égo et d'orgueil, et je ne savais plus différencier le vrai du pire lorsque son venin trouvait place contre mes lèvres, ma langue se chargeant du reste. I'll taste devil's tears, drink from his soul, but I'll never give it up. Si je me dépêche, me presse, me tord pour en offrir le plus possible, la violence qui naît au creux de mon ventre pour être recrachée avec toute la douceur du monde, ce n’est sans voir ses pas le rapprocher de nous, de moi, et du mensonge que j'orchestre par simple malice, prise à son propre jeu, simple pantin qui laisse les entrailles, la rage parler. L’offense qui trouve écho, et les crayons qui grincent, voilà qu’il entend tout et qu’il ne comprend rien, s’interposant près de nous, oreille attentive, à l’écoute d’une suite qui vient trop vite pour lui. Ses mains qui se chargent du carnet, des notes, de mes mots qui s’y assument, et je laisse mon regard s’accrocher à son expression que je devine s’adapter à ce qu’il y trouve. Procès verbal des blessures, du dommage collatéral qu’il a laissé dans son sillage à l’époque, et que je lui ai exposé sans même qu’il ne s’en souvienne. Or, j’avais décidé que cette époque, cette ère était bien derrière nous, derrière moi. S’il reste silencieux lors de sa lecture, et même après lorsqu’il en revient, c’est que je sens la boule de feu naître au creux de ses entrailles, l’oeil mauvais. Pourtant, j’attends, impassible, silencieuse, avide, notant qu’aux premiers mots qu’il prononce, la horde est déjà annoncée depuis longtemps. Redressant les épaules, je croise les bras sur ma poitrine, air de défi, gamine qui veut jouer dans la cours des grands, qui tremble de l’intérieur entre la crainte et l’excitation, la terreur et l’adrénaline. Et Auden s’excuse. Et je ris, mauvaise, passive. Sourcil haussé, je ne comprends que trop tard son petit jeu lorsque, horrifiée, il dégaine le billet de la honte. Nos interlocuteurs se sont rapprochés, la salle s’est calmée, et j’entends les bribes de ma respiration faire résonner mes tempes, mon coeur, voyant qu’il se prête au jeu, m’étonnant presque de ne pas m’être mieux préparée. Évidemment qu’il irait là, évidemment qu’il mordrait, qu’il attaquerait - j’avais cru n’être qu’une de plus, qu’il se lasse, qu’il ne voit même pas la simple possibilité de s’y donner à coeur joie, pourtant il renchérit et précise, colore et exige, et je rumine, incapable de bouger, iris vissés, témoins qui s’attroupent. Aucune parole n’a franchit mes lèvres depuis son arrivée à mes côtés, mais ce n’était que pour mieux exploser. Imploser. Évidemment, ma pudeur a besoin de plusieurs secondes pour s’en remettre, ces accusations vaches qui me lacèrent le coeur d’imaginer telle scène, pourtant, en m’attaquant à son image de la sorte, je ne méritais pas mieux. Lui non plus. J’ignore de quelle force je me nourris, d’où j’en tire cette audace, mais je tends les doigts d'affront attendant qu’il y dépose les billets, aucun effort de ma part. Main offerte, menton haussé, pupilles qui noircissent, j’attends ce faux dû du haut de ses mensonges. « Ce que vous m’avez demandé de faire ce soir-là vaut largement le double, si ce n’est le triple. » voix enrouée par le malaise, j’arrive tout de même à tenir tête encore un peu, profitant de la présence de ses étudiants et de ses collègues pour me donner en spectacle. J’en ignore cette joue rosie que je veux claquer, ces pulsions qui m’hurlent de lui balancer d’autres insultes avant de filer, fière et forte, mais mon corps est stoïque et ma demande est irrévocable. Finissant par se plier, je sens le papier froissé trouver refuge en ma paume, et cette dernière tentative de me piquer au vif est excusée le temps d’une photo qu’on nous réclame, ridicule distraction du reporter qui y voit par la plus stupide et impossible des issues la meilleure façon de résumer notre discussion acide. Je repère la porte au loin, je rêve de foutre ses billets à la gueule avant de m'échapper, mais l’étreinte qu’on nous force pour les besoins de l’objectif m’offre un haut-le-coeur dont je me serais bien passée. « Ce n’est qu’une bataille, que vous avez gagnée. Pas la guerre. » je souffle à son intention, lèvres susurrant à son oreille, annonçant mes couleurs, autant à lui qu’à moi-même. Il voulait que je me prouve différente des autres, que je ne tombe plus dans ce cliché de l’artiste bonbon qui sombrera à travers ses émotions de paillettes et ses couleurs pastel? C’est ce qu’il aurait. « Auden? » qu’on l’appelle, lui faisant signe de se détacher, d’approcher, d’écouter. Je ne me veux pas curieuse, mais la proximité de leur conversation et ma moquerie maladive me permet d’entendre quelques éclats de la suite. « Tu pourrais pas aller régler ça ailleurs? Le recteur n’aime pas trop ce qui se passe, là... »
Pour se donner en spectacle inutilement, il faut agir de sorte à en ignorer totalement son existence. On associera ton nom aux scandales de la prétention personnifiée et travaillée dans le cerveau d'un rêveur. On imagina bien ta réaction face à la semblable, quand les gens ont tendance à associer, mélanger, le jeu du réel. Combien font encore la part des choses entre l'artiste et la personne, après tout ? Tes fantasmagories ne sont que la source d'un profond mal-être caché, les anxiolytiques ne sont que l'opium de tes prouesses.. Foutaises ! Ramassis de conneries indigestes. La pitié déjà boudée, tu la condamnes à sa fausseté en laissant les Hommes se noyer dans leurs chimères à deux balles, conforté de voir que le moins fou d'entre vous est bel et bien toi. Ils ont peur de la différence, mais préfère la cultiver, alors tu sautes une étape pour finir incompris, naturellement. Parce qu'au final, qu'est-ce que tu en as à faire des extrapolations de miss « Auden Wells est un sale con » en manque de confiance ? L'ignorance est sûrement la meilleure des arrogances, sauf quand l'artiste est fidèle à l'homme et à sa salacité. Voilà la raison pour laquelle tu te donnes en spectacle malgré toi et pourquoi tu tends à convertir celui-ci en essence de tes travaux, un peu comme ces souvenirs honteux transformés en rire de dératé. La jeune femme alimente davantage cet affront par le simple geste d'une main tendue. Même s'il te tarde de la voir faiblir, tu restes tout de même admiratif de sa persévérance à vouloir te tenir tête quand il n'y a plus lieu d'être, quitte à pousser le vice un peu plus dans l’auto-supplice. La contenance à son apogée dans sa phrase, le regard assassin qui enfonce, tu ne peux que lui offrir ta mine de minot plaisantin qu'on aurait encore plus envie de gifler si seulement celui-ci se lassait de son petit manège. Fort contraignant pour la jeune femme, l'heure de la photo est arrivée, et si ton sourire charmeur cache l'envie pressante d'abandonner le navire, tu ne peux qu'endosser le rôle de la bienveillance, le temps d'une capture, pour terminer l'affront en beauté. Presque collé à la concurrente, ton bras autour de sa taille, ton sourire sonne moins feint à l'ouïe de ses promesses juteuses. Tu appuies ta poigne, susurrant à douce voix presque inaudible dans ce brouhaha incessant. « J'en prends note, mais avant j'aimerais récupérer ce qui m'appartient. » Tu ne lui laisses guère le temps de répliquer que tu effleures du bout des doigts la main sacrée en quête de ton bien. Le devoir t'appelle, toi qui ressent presque une pointe d'amertume en te détachant de l'étreinte de celle qui aura été ta douce distraction de la soirée. Tu te diriges vers ton assesseur sans te délecter de ce sourire narquois que beaucoup, lui y compris, semblent porter en dégoût. « Non mais à quoi tu joues encore ? Tu pourrais pas aller régler ça ailleurs ? Le recteur n’aime pas trop ce qui se passe, là... ». Le regard habile à l'esquive, tu entrevois de nouveau la silhouette de la jeune femme à vos côtés. Et en plus, elle en redemande. « Il n'a qu'à faire le tri dans ses invités. J'y suis pour rien moi s'il confond l'art du cirque et l'expression créative. » Bien-sûr, tu prends le soin de faire résonner ta voix rauque au quatre coins de la salle. Tu t'éloignes à la hâte sans même tenir rigueur de sa réponse pour finir de nouveau nez-à-nez avec la mante. « Au plaisir, Virginia. » Nouvelle présomption, l'homme qui analyse les sacs à main, le mystère d'un accessoire toujours rempli à ras bord. Tu désignes son badge d'invité d'un signe de tête, serait-ce dommage qu'elle l'égare après tout. Le clin d’œil final saluerait presque l'entêtement de la jeune femme à te haïr pour un motif dont tu ignores la source - tu t'en fiches d'ailleurs pas mal - mais qui ne semble toujours point rassasiée. Bonne pioche, puisque toi non plus.