Joey s'en va. Qu'espérais-je réellement, franchement ? Qu'il reste ? Qu'il insiste pour être avec moi ? Qu'il comprenne mes sous entendu ? Non, sérieusement, je ne peux pas espérer ça de qui que ce soit alors que je lui dit clairement de dégager. Les sous entendu ça va bien deux minutes, mais je ne peux pas en vouloir à Joey de ne pas être resté alors que tout mon être lui a hurlé de se barrer de chez moi. Et maintenant ? Je regrette amèrement mes paroles. J'aurais dû le retenir, parce que maintenant ça veut dire que plus jamais je ne reverrais Joey. Il est définitivement sorti de ma vie et ça me crève le cœur.

Un bruit de porte qui s'ouvre, mon cœur qui s'accélère. Aurait-il fait demi tour et serait-il revenu ? Je retiens ma respiration mais c'est la voix de Myrddin que j'entends. Je me mord la lèvre inférieure, renifle une dernière fois et me passe la main sur le visage. Je prends une profonde inspiration, déglutis puis lui indique, d'une faible voix, ma présence dans la chambre. J'essaie tant bien que mal de cacher mon trouble mais je connais Myrddin et lui me connaît. Mieux que quiconque. Ce n'est donc pas à lui que je vais pouvoir cacher. Ce n'est d'ailleurs pas à lui que je suis obligé de me cacher.

Lorsqu'il entre dans la chambre, je croise furtivement son regard et il se précipite vers moi. Il ne me demande pas si ça va, il me demande ce qui s'est passé. Les lèvres serrées, j'essaie de trouver le courage pour tout avouer.  « Ma naïveté et mon émotivité. V...voilà ce qui s'est passé » dis-je d'une voix tremblante, gardant le regard fixé sur mes genoux.  «J'ai été trop con, putain » continuais-je en me passant le dos de la main sur la paupière pour essuyer les larmes avant qu'elles ne tombent.

 « J'ai rencontré quelqu'un » dis-je après quelques instants  «Je … je l'ai évoqué avec toi. Joey. Son nom, mais je ...sans plus. P...parce que je savais pas moi même comment me situer par rapport à lui » je déglutis et joue avec mes doigts  « Je … on s'est embrassé la deuxième fois qu'on s'est vu, mais je n'ai pas donné suite parce que … parce que ...» un sanglot coupe mes paroles et je pose une main devant ma bouche  «C'est un ancien mannequin, j'ai voulu faire quelques recherches sur lui, ce qu'il a fait, voir ses photos et je ...» je ferme les yeux, déviant le visage  «Je suis tombé sur un article... sur lui, un ...un retour en centre de désintoxication »

Mes larmes ont a nouveau forcé le passages de mes paupières et je ne peux plus non plus retenir mes sanglots  «Putain Myrddin. Pourquoi je tombe toujours sur des gens pas net ? Pourquoi …. pourquoi moi ? » je relève un regard désespérer sur mon meilleur ami, dès fois que lui aurait la réponse à ma question.

Je me retrouves bien rapidement dans les bras de Myrddin alors qu'il me dit, compatissant, être désolé d'apprendre ça. Les yeux fermés, le corps secoué par des sanglots, je passe mes bras autour de la taille de mon meilleur ami et resserre légèrement mon étreinte lorsqu'il me rappelle que j'ai eu bien d'autres crush sur d'autre mec qui n'étaient pas des junki mais qu'il comprends que j'ai encore 'l'autre abruti' -comme il appelle Daniel- en travers la gorge. Je pince les lèvres et me tend à l'évocation de son nom -ou son appellation, plutôt. Ça va faire deux ans et j'arrive généralement à plutôt bien le vivre. Mais cet aveux de la part de Joey est rouvre d'anciennes blessures avec une certaine violence et je me rend compte qu'au final j'ai a nouveau emmagasiné trop de chose. Et dieu sait ce que j'aurais pu faire si Myrddin n'était pas là.

Il me caresse les cheveux, me permettant ainsi de me détendre bien plus facilement et reprend la parole, se disant que Joey peut-être différent, que dans les milieux artistiques les drogues circulent beaucoup et facilement mais que vu qu'il n'est plus de ce milieu il a moins de chance d'y replonger ? C'est vrai. Je n'y avais pas pensé à ça, je dois l'avouer. Je soupire toutefois lorsque Myrddin dit que je connais bien mieux l'histoire que lui et secoue la tête.  «Non, je connais rien du tout. Tout ce que je connais vient d'un site 'people' sur lequel je suis tombé » dis-je à mi voix  «Putain quel idiot, sérieux » m'insultais-je  «J'aurais pu lui parler directement, lui poser la question mais non, l'abruti que je suis laisse passer des semaines, des mois, même, alors que ...putain, Joey me manquait. Vraiment. Je ... » je me tais un instant puis soupire doucement  «Et je lui fait du mal indirectement, à ne pas répondre à ses messages. Je ...à cause de moi il n'arrêtait pas de se poser des questions et se tourmentait l'esprit pour essayer de savoir ce qu'il avait put faire ou dire de faux » je secoue la tête et pince les lèvres.

 « Il... il m'a assuré que s'il pouvait changé son passé pour moi il le ferait » expliquais-je à mi voix  « Je lui ais tout raconté. Tout, vraiment tout» ce qui inclus aussi la tentative de suicide, évidement  «C'est ce qui me met dans cet état. Faire remonter toutes ces choses ...je … je lui ai dit de dégage. Je l'ai viré de chez moi et ...je sais qu'il ne reviendra pas» je soupire et joue un peu avec les doigts de Myrddin  «Et ça me crève le cœur, de me dire que je ne le reverrais plus jamais... » car clairement, ce ne sera plus lui qui fera le premier pas et je ne suis certain d'avoir la force et le courage pour le faire, moi.

Au final, Myrddin me dit être là, peu importe quand, si je l'appel il vient. Je relève un regard reconnaissant sur lui et parvient même à esquisser un léger sourire lorsqu'il me passe une main sur la joue pour essuyer une larme.  « Je sais» dis-je doucement  « Mais ...merci. C'est toujours bon de l'entendre à nouveau » je prends une profonde inspiration, tremblante, puis expire lentement et me passe une main sur le visage comme pour essayer d'essuyer les relents de tristesse qui peuvent s'y lire

Mes sanglots menacent de reprendre de plus belles lorsque Myrddin dit que ça n'a pas dû être facile pour Joey non plus. Il a raison. Il a tellement raison. Joey est sans doute celui qui a le plus souffert de mon silence et ça ne fait que me sentir encore plus mal. Il ne mérite pas ça, Joey. Il ne mérite pas qu'on lui cache la vérité. Merde, cet homme est tellement adorable, tellement gentil et attentionné. Je ne peux pas croire qu'il ait un jour été dans le même cas que Daniel. Ça me crève le cœur de me dire qu'il n'est pas mieux que cet ex qui n'en avait rien à foutre de moi. Mais peut-être disait-il la vérité ? Peut-être s'en est-il vraiment sorti ? Peut-être que ne replongera-t-il pas, lui ?

Je soupire et fini par expliquer à Myrddin que Joey m'a dit que s'il pouvait changer son passé, il le ferait. Mais qui ne le dirait pas, ça ? J'aimerais tellement lui laisser le bénéfice du doute, mais c'est trop dur à accepter. Alors je me tais simplement et je joue avec les doigts de Myrddin. Lorsque je me rends compte que j'ai déjà vu Arthur faire la même chose pour se calmer, je souris légèrement et me passe une main sur le visage. Qu'est-ce que ça signifie ? Que je ne suis pas mieux que ce garçon traumatisé par la perte brutale de sa mère ? Que j'ai la résistance psychologique d'un gamin d'un an et demi ? Ou que Myrddin possède la faculté de rassurer quelqu'un avec sa simple présence ? Peut-être un peu de tout ça.

Je fini par relever le regard sur mon meilleur ami lorsqu'il me dit être là pour moi. Et je le sais, ça, que je peux l'appeler à n'importe quelle heure de la journée ou de la nuit et jamais il ne s'en plaindrait. Que je peux lui parler ouvertement de tout, vraiment tout, sans que je n'ai besoin d'avoir honte d'un quelconque sujet. Rien n'est tabou entre nous et c'est ça qui est génial. Ses paroles me prouvent à nouveau à quel point Myrddin est le meilleur des amis qu'on puisse imaginer avoir. Je le remercie doucement avant qu'il ne se redresse en disant que ça va aller. Il me dit aussi qu'il rester ici, qu'il n'aura cas prévenir Thomas qu'il rentrera plus tard. Je suis un instant tenté de lui dire de ne pas s'en faire, de rentrer au près de son amant et de son fils, mais je sais, dans le fond, que j'ai besoin de lui maintenant. Et ça, il le sait aussi.

Alors je ne dis rien et hoche simplement la tête en l'observant tapoter sur son portable. J'en profite pour me moucher et essuyer les dernières larmes qui s'échappent de mes paupières. Après avoir ranger son portable, Myrddin reporte son attention sur moi et me dit qu'on va regarder un film, une comédie et que, pendant ce temps, je vais tout lui raconter. Mais vraiment tout. J’acquisse lentement  « J'ai encore de la pizza surgelée si tu veux » dis-je. Même si je n'ai pas très faim, je sais qu'il va falloir que je mange quelque chose. Ce midi je n'ai eu le temps d'avaler qu'un demi sandwich et je n'ai bu qu'un grand verre d'eau de la journée. Ce qui est vraiment trop peu.

En sortant de la chambre, Myrddin me dit de prendre mon temps, de ne pas me mettre la pression et de laisser passer quelques jours pour prendre une décision. Et puis si vraiment Joey tenait à moi, il reviendra, ce à quoi je ne peux m'empêcher de secouer la tête.  «Non, je ne penses pas qu'il reviendra cette fois. Je … je penses que c'est à moi de faire le premier pas » dis-je sortant dans le couloir derrière Myrddin.

Je me dirige vers la cuisine et me sers un grand verre d'eau que je fini d'une traite avant de le remplir à nouveau alors que mon meilleur ami s'occupe de préchauffer le four et sortir la pizza. Je laisse passer quelques temps puis pince les lèvres  «Lou » reprenais-je finalement  «Tu te rappelle d'elle ? Elle était à la fête qu'on a organisé l'année dernière, celle qui s'occupe des chiens de Daniel avec moi » je relève un regard interrogateur sur Myrddin  « C'est elle qui m'a présenté Joey. Ils se connaissent de je-ne-sais-où. Mais elle me l'a présenter en tant que 'coup d'un soir', si on veut, pensant que ça me ferait du bien de … enfin tu vois... 'tirer un coup' comme elle l'a dit de façon si charmante» je grimace un peu et prends une gorgé de mon eau  « Sauf que … non, ça ne s'est dérouler comme elle pensait. J'ai passé la soirée à discuter avec Joey. Ce devait être genre en Octobre dernier. Et puis je l'ai revu ensuite début décembre dernier. Il était dans le même bar où j'étais avec des collègues. Ça a un peu dégénéré entre lui et Terry et j'ai fini par inviter Joey chez moi pour pas le laisser rentrer seul, dans son état» je soupire doucement  « On s'est posé, on a commandé à manger, on s'est regardé un film et on s'est embrassé. Deux fois» je déglutis, me rappelant encore bien de ce goût sucré qu'avaient ses lèvres.  «Il a passé la nuit ici, mais c'est tout. Y a rien eu de plus. On a juste dormi dans le même lit » je pince les lèvres  « Après j'ai fait des recherches et tout, puis on est parti en Angleterre et … enfin voilà, tu connais le reste de l'histoire » dis-je en finissant mon verre d'eau, réfléchissant si je n'ai pas oublié un détail primordial dans mon explication.

Oui, Joey est sans doute celui qui a le plus souffert de cette situation. J'ai agis en égoïste et je le sais, j'en ai fortement conscience. Mais n'ais-je pas mes raisons ? Certes, elles peuvent être considéré comme valable, mais personne ne devrait pâtir de mon passé. Ça ne me concerne que moi et moi seul. Joey, il ne savait pas et l'a mal prit. Et merde, je ne peux pas lui en vouloir non plus ! Je suis le seul fautif dans cette histoire et maintenant je l'ai perdu. Je ne le reverrais plus, je le sais, dans le fond, que son départ est définitif.

Myrddin me dit que si je m'excuse il reviendra. Mais est-ce si simple que ça ? Je veux dire, ais-je simplement besoin de m'excuser pour qu'il revienne ? D'ailleurs, ais-je réellement envie qu'il revienne dans ma vie ? Je soupire doucement et hoche simplement la tête à la déclaration de Myrddin.  «Tu … t'as sans doute raison » dis-je doucement avant de finir mon verre d'eau et le remplir à nouveau  «Mais est-ce que je dois vraiment le revoir ? » demandais-je en relevant le regard  «Je veux dire …. une partie de moi veux le revoir, une autre n'en a pas envie » expliquais-je, secouant doucement la tête  «Je sais pas quoi faire ... » Laisser le destin choisir ? Je sais que le destin a déjà souvent été un sacré enfoiré avec moi.

Je soupire puis explique à mon meilleur ami l'histoire, les détails depuis ma rencontre avec Joey. Plus éclairé sur le sujet, la première chose que Myrddin me dit est que Lou ne me connaît pas assez pour avoir des coups d'un soir et que je suis trop sensible pour ça. J'accuse le coup -même si Myrddin a totalement raison et que j'en ai bien conscience de tout ça- puis esquisse un petit sourire lorsqu'il me félicite presque d'être resté fidèle à moi-même et de ne pas avoir sauté sur Joey.  « Je ne savais pas qu'elle me le présentait en tant que coup d'un soir » dis-je, affichant une moue sur le visage  « Elle ne me l'a dit qu'après coup donc …. enfin ouais, je suis tellement pas à l'aise avec ce sujet que … bref, on s'en fout. Je ne sais pas ce qu'elle a dit à Joey par contre. Si elle lui a dit qu'il devait conclure avec moi ou non mais … de toute manière il n'en a rien fait.»

Et Myrddin ajoute le coup de grâce : j'aurais dû lui en parlé avant vu que ça dur depuis un moment déjà. Je pince les lèvres et grimace, baissant le regard et hochant la tête.  «Je … ouais, j'aurais dû  » soufflais-je, en triturant à nouveau mes doigts, nerveusement.  « Mais comme tu dis je … je ne savais pas comment me positionner moi-même face à Joey et je … enfin, tu étais occupé avec Arthur quoi.» je secoue la tête  « Non je n'ai aucune excuse» soufflais-je finalement en me passant une main sur le visage  « Désolé, mais j'ai toujours du mal à me confier. Peu importe à qui, peu importe sur quel sujet » je pince les lèvres  « désolé ...» reprenais-je à nouveau à mi-voix.

Je laisse Myrddin mettre la pizza au four alors que mon regard se perd dans le fond de mon verre déjà presque vide, avant de le relever lorsqu'il me dit que Joey n'a pas l'air méchant, qu'il remonte dans son estime parce qu'il a accepté de ne pas me toucher malgré le fait qu'on ait dormi dans le même lit. Il remonterais aussi dans son estime. Un petit sourire parvient à prendre place sur mon visage. Ainsi donc je n'aurais peut-être pas tant merdé que ça ? Bref.  « Donagan. Joey Donagan. Il vient de New-York. Du moins, il a déménagé à New-York assez rapidement. Il est né dans une autre ville américaine et ...bref. Joey Donagan New-York.» assurais-je en hochant une fois la tête. Peut-être que Myrddin trouvera d'autres informations ? Celles qui m'auraient peut-être échappé ? Possible. Ce n'est pas à exclure. Je veux dire, il s'y connaît en matière de 'people'. Il a lui aussi été dans ce milieu un jour.

Mon meilleur ami finit par me demander si j'ai une idée de film et je lance un coup d’œil vers le salon  « Pas vraiment » dis-je, moue de réflexion sur le visage  «Quoique ….. » je lance un coup d’œil interrogateur à Myrddin  «Je me ferais bien de nouveau le premier 'Gardiens de la Galaxie' » avouais-je finalement  «Y a le deuxième qu'est sorti au cinéma et je comptais aller le voir un jour prochain. Ça peut être pas mal de se rafraîchir la mémoire sur le premier du coup. Non ? »

J'écoute les reproches de Myrddin en gardant le regard baissé sur mes genoux. Des reproches totalement vrais et fondés. J'attends toujours beaucoup trop longtemps avant de parler, de vider mon sac. Mais que puis-je réellement faire ? Je veux dire, oui, je sais que Myrddin aura toujours du temps pour moi, que même s'il est avec Arthur il saura m'écouter, mais ça n'empêche pas ce blocage que j'ai en moi et qui fait que je ne sais jamais si je peux me confier ou non. D'où me vient-il, ce blocage ? Mais surtout pourquoi l'ais-je aussi avec Myrddin ? Oui, au primaire et au collège je n'étais pas populaire, j'étais limite celui de qui on se foutait, celui qu'on pouvait utiliser parce que j'étais trop gentil et trop naïf, mais j'avais toujours Myrddin. C'est sans doute grâce à lui que je n'ai jamais fini comme les victimes et les persécutés qu'on voit régulièrement dans les reportages. Je n'ose même pas imaginer ce qu'aurais été ma vie sans lui. Peut-être que je n'aurais même pas atteint les 27 ans. Mais alors, pourquoi ais-je ce blocage avec Myrddin ? Pourquoi n'arrivais-je pas à lui parler ?

Je pince les lèvres et déglutis difficilement lorsqu'il me fait comprendre qu'avant je lui parlais et qu'il pensait qu'on été revenu à ce point. Si je lui fais confiance ? OUI. Un grand oui. Mais ça n'a rien à voir. Je relève mon regard sur lui lorsqu'il m'explique qu'il me raconte bien ce qui se passe dans son couple, ses doutes avec le théâtre et, évidement, aussi Arthur. Je pince les lèvres, le regardant, désolé.  « J'me cherche pas d'excuses Myrddin. Je n'en ai pas » soufflais-je en baissant à nouveau le regard  «Mais … je sais même pas pourquoi j'y arrive pas. Je veux dire, je sais tout ça. T'es mon meilleur ami, la personne à qui je fais une confiance totale et aveugle mais je … je sais pas » soufflais-je, me passant une main sur la paupière pour chasser une larme qui commence à se faire un chemin vers l'extérieur.  «J'ai peur. Je suis une putain de flippette. Et je ne sais pas de quoi j'ai vraiment peur. Te perdre ? Je ne penses pas que ça arrivera un jour. Ça fait 27 ans qu'tu m'supportes» je déglutis  « Je … j'ai peur de … tu crois que ….» je pinces les lèvres et sers les poings  « j'ai peur de ce que j'aurais pu... me faire si tu n'étais pas venu aujourd'hui ...» soufflais-je, finalement.

Si je devais dire ce qui me fait le plus peur dans la vie c'est de penser au suicide. Ces pensées sont très rares, quasiment inexistantes depuis près d'un an maintenant, mais elles font parti de moi, dans le fond. Et je suis terrifier à l'idée qu'elles ne ressortent. Ce genre de situation avec Joey, sont parfaites pour tout faire chambouler. Comme l'a écris mon psychologue en sortant de l'hôpital 'stable psychologiquement mais à surveiller car il suffit d'un grain de sable pour enrayer la machine'. Et c'est vrai. Joey peut être ce grain de sable, sans qu'il ne le veuille.

Au final, lorsque je parviens à me reprendre, j'indique à Myrddin que ce serait pas mal qu'on se rafraîchisse la mémoire avec le premier Gardiens de la Galaxy, étant donné que le second va sortir dans trop longtemps. Il me dit qu'il devra penser à aller le voir aussi.  « On ira le voir ensemble ?» demandais-je, à tout hasard  « A moins qu't'y ailles avec Thomas. Dans ce cas je garderais Arthur si tu veux » me reprenais-je, me disant qu'il voudrait peut-être passé une soirée avec son amant.

 Mais enfin ouais, je m'en occupe» dis-je en poussant sur mes roues pour sortir de la cuisine. J'attrape le boîtier du DVD, le met dans le lecteur, allume la télé et prend la télécommande pour mettre le DVD en route. Je vais m'installer sur le canapé et attends que Myrddin n'arrive avec la pizza et les boissons et soit installé avant de lancer le film. Je me penche en avant et attrape un bout  «Merci  » dis-je en posant mon regard sur mon meilleur ami. Un merci lourd de sens et que je ne dis pas seulement pour avoir préparer la pizza.

 « D'ailleurs, comment ça se fait qu't'es venu ici, aujourd'hui ?» demandais-je finalement, la question me turlupinant depuis quelques minutes déjà.  «Non pas que ça me déplaise, bien au contraire, hein » me reprenais-je rapidement. Il n'avait pas de raison de venir, et puis on s'est dit qu'on reverrait ce week-end pour qu'on aille se balader un peu dans le parc avec Arthur.

Myrddin a raison. Il a toujours eu raison. Encore plus lorsqu'il me dit que je dois lui parler pour empêcher ce genre de pensées noires. Je garde le regard baissé sur mes genoux lorsqu'il m'attrape par les épaules et me secoue un peu. J'hoche la tête à ses paroles, sens mon cœur se serrer lorsqu'il me rappelle qu'il est lui même passé par là aussi. C'est pour ça qu'il me comprend et qu'il sait trouver la patience nécessaire pour me répéter encore et toujours les mêmes choses, inlassablement. Je ne l'en remercierais sans doute jamais assez, je pense. Je relève le regard lorsqu'il me dit que j'ai toujours eu peur de quelque chose mais qu'il a toujours été à mes côtés. Pas toujours. Il oublie sans doute les 6 ans où il était occupé à Londres... ? Enfin, je ne dis rien, je ne vais pas remettre ce sujet sur le tapis, d'autant que merde c'est du passé et le passé est immuable et il m'a déjà répéter une bonne centaine de fois qu'il était désolé pour ça.

 « Je sais Myr' ...» soufflais-je  « Le problème ne vient pas de toi, mais de moi. Je …. bref, je tâcherais de faire un effort. La prochaine fois que quelque chose ne va pas dans ma vie je viendrais t'en parler directement, ok ?» dis-je en m'autorisant un petit sourire, posant une main sur le bras de mon meilleur ami. Je sers gentiment son poignet avant qu'il ne me relâche et que nous allons dans la cuisine.

Là, il s'occupe à mettre la pizza au four et nous parlons de ce que nous allons faire encore ce soir car il va de soit que Myrddin ne va pas rentrer de si tôt. Je propose qu'on regarde le premier gardien de la galaxy ce pour quoi il est totalement d'accord ! Nous évoquons la sorti imminente du second film et je demande à mon meilleur ami s'il voudrait bien aller le voir avec moi. Il accepte, disant qu'au pire y aura toujours d'autres films à voir avec Thomas ou qu'au pire on peu y aller à trois et que ça nous rapprochera peut-être, Thomas et moi. Je lui souris légèrement, ce qui, au final, s’apparenterait plus à une grimace qu'autre chose, et hausse les épaules  «Faut voir avec lui. Moi tu sais que je ne souhaite que me faire accepter par Thomas. Mais bon, après si s'est pour me prendre toutes les secondes des remarques à la figure, je passerais mon tour » reprenais-je, clairement  « Parles-en avec lui et tien-moi au courant du coup» concluais-je. Moi je ferais un effort, mais j'ai pas envie d'être le seul à mettre ma rancœur de côté.

Une fois la pizza prête, nous allons nous installer dans le salon et mettons le film en route. Myrddin s'occupe de la bouffe et des boissons et, en attendant que le générique de début ne commence, j'attrape une part de pizza, avant de me tourner vers mon meilleur ami et lui demander pourquoi il est venu aujourd'hui. Il me répond ne pas avoir d'explications logique pour ça, qu'il avait juste besoin de venir et qu'au final ça n'a pas manqué  « ça doit être un coup de notre télépathie» dis-je, amusé avant qu'il ne me demande si ça tient toujours pour ce week-end. Le samedi l'arrangerait plus parce que Thomas a quelque chose de prévu avec ses frères et que nous serons donc seul avec Arthur.  «Ouais, carrément ! » dis-je en hochant la tête, enjoué  «Tu sais déjà ce qu'on peut faire ?  » demandais-je en mordant dans ma pizza.