Nous avions vite repris nos vieilles habitudes depuis que la famille avait emménagé à Brisbane. On se voyait très régulièrement. Je prenais aussi régulièrement les petites avec moi. Maman avait besoin de temps pour elle et puis, elle avait pas mal de boulot. J'étais contente que les choses fonctionnent pour elle. Elle traversait encore des moments difficiles, j'en étais consciente, mais la musique l'aidait à surmonter cela. C'était important qu'elle puisse vivre sa passion. Elle l'avait mise de côté trop longtemps. Elle avait désormais l'occasion de renouer avec et ça arrivait au bon moment. C'était ce don elle avait besoin pour aller de l'avant. J'en étais convaincue. C'est important d'avoir une passion, quelque chose qui nous permette de nous focaliser sur autre chose que nos problèmes. La photographie faisait cela pour moi. Ça gardait mon esprit occupé. Pendant mes reportages, je n'avais pas le temps de penser à autre chose qu'au reportage en question. Je devais restée concentrer sur mon travail. C'était pareil pour ma mère avec la musique. Enfin bref. Elle avait du travail aujourd'hui et je m'étais tout naturellement proposée pour garder Kiara. Kassandra passait l'après-midi chez une copine. Katty était à la bibliothèque, encore le nez dans les bouquins. Kléa était a ses entraînements de danse. Kael avait du boulot lui aussi. Nous serions donc toutes les deux, mais j'avais convié Emily. J'avais appelé Célia la veille. J'avais appris ce qui était arrivé à son fiancé, Axel et j'avais voulu prendre de ces nouvelles. Je considérais l'antiquaire comme une amie et je me doutais que cette situation devait être difficile à gérer. L'avion dans lequel il avait embarqué avait disparu des radars et puis plus aucune nouvelles. Je n'osais pas imaginer ce qu'elle pouvait ressentir. J'avais proposé à la jeune femme de garder Emily aujourd'hui. Je me disais que Célia pourrait ainsi prendre du temps pour elle et qu'Emily pourrait apprécier la compagnie de Kiara. Les filles avaient pratiquement le même âge.
Célia avait déposé Emily deux heures plutôt à la maison. J'avais décidé de garder les petites chez ma mère. Kiara y avait toutes ces affaires. C'était bien plus pratique. Puis, ici, on disposait d'un petit jardin. Ce n'était pas le cas dans mon appartement. Les filles étaient plutôt sages et semblaient plutôt bien s'entendre. Malgré tout, je remarquais qu'Emily n'allait pas bien. La fillette avait cet air si triste et n'avait pas vraiment le goût de s'amuser. Kiara essayait pourtant de la faire sourire, mais Emily semblait préoccupée. Ce que je pouvais comprendre. Les enfants ne sont pas idiots et la petite sentait probablement que quelque chose n'allait pas avec son père. Les enfants comprennent tout. Ils sont capable de sentir les choses. Je m'étais donc décidée à rappeler Célia plus tôt que prévu et la blondinette avait décidé de venir récupérer sa fille.
« Entre. Les filles sont dans le salon. »
Je venais d'ouvrir la porte à Célia. Je la laissais entrer, avant de refermer derrière elle. Les filles étaient confortablement installées près de la table de salon. Kiara avait sorti feutres, crayons et papier pour qu'elles puissent dessiner toutes les deux.
Elle avait pensé que passer un peu de temps avec Kiara aurait pu lui faire du bien. Oui, l'antiquaire pensait que c'était une bonne idée. Depuis qu'Axel avait été déclaré disparu, le temps avait été suspendu pour la mère et la fille. C'était une situation qui n'était pas facile à gérer pour elles. Cela faisait déjà quelques jours qu Célia avait reçu l'appel de l'ambassade américaine. Et depuis, elle faisait passer Emily avait tout. Son travail, l'antiquaire elle l'avait mis entre parenthèse. Elle avait mis une fermeture temporaire sur la devanture. C'était très compliquée à gérer. La tristesse de la petite fille brisait le cœur. Et bien que Célia se montrait très présente pour elle, elle ne pouvait pas empêcher Emily de penser à son père chéri. Alors quand Kara avait proposé de garder Emily avec Kiara, avec qui elle s'entendait bien, Célia avait accepté. La petite fille était d'accord pour rester chez sa copine. Alors elles étaient parties dans le quartier de Toowong. Célia voulait en profiter pour passer à la boutique. Elle l'avait délaissé ces derniers jours et elle savait qu'elle avait des colis et tout un tas de courriers à gérer. Cela l'arrangeait. Et puis Emily allait être avec son amie. Alors c'était une bonne chose. Célia allait pouvoir s'apaiser le temps de quelques heures et essayait de gérer son travail, délaissé depuis l'annonce téléphonique. Et puis cela permettait également à la jeune femme d'avoir l'esprit occupé. Elle s'occupait le plus possible pour ne pas avoir à penser à Axel. Parce que si elle le faisait, elle savait qu'elle allait finir folle. Célia avait déposé sa fille en début d'après-midi. La petite avait emporté une de ses peluches, peluche que son père lui avait rapporté de son dernier retour. Et Emily ne la quittait pas. Une grenouille avec une fermeture éclaire sur le dos de sorte qu'elle pouvait y mettre ce qu'elle voulait. D'ailleurs, elle avait glissé des tas de bricoles. Bien qu'elle n'était pas du genre à s'attacher aux choses, depuis que son père avait disparu, elle avait pris l'habitude de prendre des choses avec elle. La psychologue que la petite fille allait voir, disait que c'était un processus normal. Alors Célia la laissait faire. Si cela rassurait sa fille, elle n'allait pas l’empêcher de prendre toutes ces babioles. Après être resté un petit quart d'heure chez la mère de Kara, parlant un peu avec elle et s'assurant qu'Emily allait bien, l'antiquaire avait reprit la direction de la boutique dans Pine Rivers.
Comme elle s'y attendait, il y avait un tas de courriers. Elle l'avait consulté, payé quelques commandes, quelques achats puis elle s'était ensuite occupée des livraisons. Heureusement que son voisin qui était disquaire, avait réceptionné tous ses colis. Sinon elle aurait du aller les chercher à la poste. Ce qui lui aurait encore fait perdre du temps. Célia venait de finir de déballer une caisse de bouquins de la fin du dix-neuvième siècle quand son téléphone se mit à sonner. Et comme à chaque fois ces derniers temps, elle s'était emparée de l'objet avec appréhension. Les battements de son cœur ne s'étaient pas calmés quand elle avait vu le numéro de la photographe sur l'écran. Kara lui annonçait qu'Emily n'était pas dans son assiette et qu'elle restait un peu dans son coin. L'antiquaire avait donc annoncé à la jeune femme, qu'elle allait venir la récupérer. Après avoir raccroché, Célia soupira. Elle avait pourtant pensé que c'était une bonne idée. Elle referma la caisse et ne mit pas longtemps à verrouiller à nouveau la boutique. Il ne lui fallait pas longtemps avant d'arriver chez Kara. Cette dernière lui expliqua que les filles étaient dans le salon. Et dès qu'Emily remarqua sa mère, elle se précipita dans ses bras. Célia essaya de la calmer. « Mon cœur, je croyais que tu voulais jouer avec Kiara... » Elle regarda Emily qui haussa un peu les épaules, perdue. « Tu voulais que je reste ici ? » La fillette fini par acquiescer de la tête. « Tu aurais du le dire tout de suite... » Elle esquissa un sourire et embrassa Emily sur le front. « Alors je vais rester. » Elle calina un moment Emily puis elle la reposa doucement sur le sol. « Maintenant va jouer avec Kiara. » La petite fille s'éloigna à nouveau pour retrouver son amie dans le salon. Célia se redressa avant de se tourner vers Kara. « Désolée... je pensais qu'elle aurait été rassurée avec Kiara et toi. » Mais elle comprenait que sa fille avait besoin de sa présence.
J'avais bien essayé de parler avec Emily, mais la fillette semblait vraiment triste et j'avais jugé bon d'en avertir sa mère. C'était d'elle dont elle avait besoin. Je pouvais le comprendre. Avec la disparition de son père, Célia était la seule personne qui lui restait. Elle avait besoin de sa maman près d'elle. L'antiquaire s'était libérée assez rapidement et elle nous avait rejoint à la maison. Emily se précipitait dans les bras de sa mère dès qu'elle l'aperçut. Kiara me lançait un regard un peu plus loin. Malgré son jeune âge, Kiara était une petite fille très attentionnée. J'avais lu son inquiétude dans son regard quand elle avait remarqué qu'Emily était triste. Elle esquissais un léger sourire lorsque Emily la rejoignais à nouveau. Je portais mon regard sur Célia.
« Ne t'excuses pas. C'est normal qu'elle ait besoin de toi. »
J'aurais aimé pouvoir garder la petite et que tout se passe sans problème, pouvoir un peu aider Célia. Elle devait avoir des tas de choses à gérer. Je ne savais même pas si elle avait le temps de réaliser ce qui se passait, de penser à elle ?
« Tu veux boire quelque-chose ? Un thé, un jus de fruit ? »
Proposais-je. Je me dirigeais dans la cuisine. Elle était ouverte sur le salon, ce qui me permettait de discuter avec Célia et d'avoir un œil sur les filles, qui étaient retournées près de la table de salon. Je sortais un plateau et y disposais les tasses, les verres et aussi de quoi goûter. Je demandais aux filles ce qu'elles avaient envies de boire. Puis, je reprenais la parole, tout en préparant :
« Ça a été à la boutique ? Tu as eu le temps d'avancer un petit peu ? »
La jeune femme m'avait dit, en arrivant, qu'elle allait en profiter pour s'occuper de son commerce. Mais j'imaginais qu'elle n'avait pas eu le temps de faire tout ce qu'elle avait prévu.
Célia observait Emily qui jouait avec Kiara. A chaque fois qu'elle la voyait ainsi, cela lui faisait de la peine. Elle savait que sa fille allait avoir besoin de temps pour s'en remettre. Et même si elle arrivait à surmonter tout ça, elle devra toujours vivre avec l'absence de son père. L'antiquaire se demandait s'il ne serait pas préférable de fermer la boutique quelques temps. Elle qui venait tout juste de retrouver ses clients d'avant le braquage. Mais s'il fallait le faire, l'antiquaire le ferait sans hésitation. Elle faisait passer Emily en priorité ces derniers temps. Elle savait que sa fille avait besoin d'attention et d'être entourée par ceux qui l'aimaient. Alors c'était ce que Célia faisait. Même si concrètement, elle ne pouvait pas oublier qu'elle avait une boutique, un commerce à tenir et des factures à payer. Aux mots de la photographe, Célia reporta son attention sur elle en la remerciant. Oui Emily avait besoin d'elle et c'était réciproque. Alors tant que cela faisait du bien à la petite fille, c'était le principal. Aux mots suivants de Kara, Célia hocha la tête. « Je veux bien un thé, s'il te plaît ». Elle suivait la jeune femme jusqu'à la cuisine ouverte. Emily s'était remise à dessiner, comparant parfois son dessin avec ce que pouvait faire Kiara. Heureusement que sa fille pouvait compter aussi sur ces petites copines. D'ailleurs, la veille, Emily avait eu la visite de deux de ses amies de l'école où elle faisait sa scolarité. Les petites lui avaient apporté des mots de ses camarades et des petits dessins. Célia retira sa veste et s'installa sur l'une des chaises, à la table de la cuisine. A la question de la photographe, Célia posa ses yeux verts sur elle. « A peine. J'ai juste eu le temps de déballer quelques cartons et de régler certaines factures. » Ce n'était pas évident. Elle avait déjà tellement de retard dans la gestion de sa boutique. Et cela empirait de jour en jour. Mais elle ne pouvait rien y faire. Ou peut-être que si, en fin de compte. « Je me demande s'il ne serait pas plus simple de recruter une personne pour travailler à mi-temps à la boutique. » Même si c'était toujours quelque chose qui l'avait rebuté. Elle n'aimait pas savoir quelqu'un d'autre dans sa boutique. Dans son univers. Mais avec ce qui se passait, Célia ne pouvait clairement pas diviser davantage son temps. C'était impossible. « Mais trouver la personne, la perle rare, ce sera très difficile. » Parce que cette personne devait avoir un bon feeling avec les gens. Elle devait s'y connaître en art, de façon générale, mais aussi être plus que bonne en calcul mental.
Je m’affairais en cuisine tout en écoutant les paroles de la blondinette. La jeune femme avait beaucoup trop de choses à gérer. C’était pour ça que j’avais voulu lui apporter un coup de main. Je m’étais dit que si je gardais la petite, elle aurait le temps de régler quelques affaires. Hélas, il elle n’avait pas pu faire grand-chose, puisque je l’avais rappelée plus tôt que prévu. J’avais hésité et j’avais essayé de parler avec Emily. Seulement, j’avais bien vu que ce qu’elle voulait, c’était sa mère. Je n’avais donc eu d’autre choix que d’appeler. Maintenant que Célia était ici, Emily était retournée jouer auprès de Kiara. Les fillettes étaient en pleine séance de dessin. Kiara racontait ce qu’elle était entrain de faire et demandait à sa copine ce qu’elle allait faire.
« Ouais. Je pense que ça serait une bonne chose de recruter quelqu’un. Tu ne peux pas tout gérer toute seule et ça te ferait un poids en moins. »
Je trouvais que c’était une bonne idée et qu’elle devrait sérieusement y réfléchir. Célia devait aussi penser à elle et à sa fille. Il fallait qu’elle délègue un peu de travail à une autre personne. Mais je comprenais ses réticences. C’était sa boutique, le fruit de son travail, alors, il fallait quelqu’un de sérieux.
« Tu voudrais quelqu’un qui a déjà de l’expérience dans le domaine ou une étudiante pourrait convenir ? Si tu veux, je peux en parler autour de moi. Avec le bouche à oreille on fini toujours par trouver. »
Et je le savais mieux que personne, parce que c’était comme ça que je m’étais fait une clientèle en arrivant ici. Je ne connaissais personne. A part Kael. Il avait suffit que j’ai mon premier contrat et les autres avaient suivi ensuite. Je sortais la boite à thé et laissais Célia choisir la saveur qu’elle préférait. Maman était aussi une grande amatrice de thé et elle avait toute une panoplie de saveurs différentes. Elle ne m’en voudrait pas d’en avoir proposé à mon amie.
Célia aurait aimé que cet interlude dure plus longtemps. Pas pour travailler à la boutique. Mais surtout parce qu'Emily aurait pu profiter pleinement de cet après-midi avec Kiara. Au lieu d'avoir à nouveau une angoisse à l'idée d'être séparée de sa mère. En même temps, Célia aurait pu y songer. Elle pensait vraiment que cela allait bien se passer. Mais Emi avait besoin d'elle. Alors finalement, elle était rentrée dès que Kara lui avait téléphoné. A présent, Emily avait retrouvé son entrain auprès de sa petite copine. Elles discutaient de leurs dessins tout en jetant un œil à la télévision qui était allumée. L'antiquaire était rassurée. Tant pis si elle n'avait pas pu travailler à la boutique. Ce n'était que partie remise. Pour l'instant, sa fille restait sa priorité. Malgré tout, elle devait prendre une décision pour la boutique, au risque de la perdre tout simplement. Célia avait encore le quart de son crédit à rembourser. Elle ne pouvait pas se permette de mettre une fermeture régulièrement. Non, elle devait embaucher. Aux paroles de Kara, elle acquiesça de la tête. « Oui j'ai fait cette constatation ces derniers jours. J'essaie mais je n'arrive pas à suivre. » Et il fallait un peu qu'elle se ménage elle aussi. Elle devait faire attention à elle. Et arrêter de vouloir jouer à Wonder woman. Elle n'avait pas de super pouvoir. Alors le plus facile était d'employer quelqu'un à la boutique. A mi-temps déjà ce serait une très bonne chose. Seulement, il fallait trouver la perle rare. Célia était une passionnée. Elle voulait trouver une personne comme elle. Une personne qui avait les yeux qui pétillaient quand elle posait ses yeux sur un objet ancien. « Non pas forcément. Tu sais, quand j'ai acheté ma boutique, je n'avais aucune expérience. Juste une incroyable curiosité pour les objets et un amour inconditionnel pour l'histoire en général puis celle des personnes. Ensuite au fur et à mesure, on apprend sur l'art, sur les courants, les noms... Cela ne s'est pas fait du jour au lendemain. Et je sais aujourd'hui que j'ai raté par le passé de beaux objets. Mais c'est ce qui s'appelle acquérir de l'expérience. Il faut bien en passer par là. Et puis c'est agréable de se voir évoluer. » En tout cas, c'était ce que la jeune femme pensait. Elle aimait en apprendre encore aujourd’hui. C'était enrichissant. Elle était partie de rien puis au fil des années, elle avait étoffé ses connaissances. « Alors oui, même une étudiante pourrait convenir. » Célia n'avait rien contre cette idée. « Je veux seulement que cette personne aime ce qu'elle fait, c'est le plus important. » C'était une question de feeling. Elle voulait une personne qui soit à l'aise dans la boutique. Qui sache parler aux gens sans les brusquer ou leur donner l'impression d'être obligé d'acheter. Célia piocha ensuite dans la boite à thé et s'empara d'un thé noir de Ceylan. La jeune femme esquissa ensuite un sourire. « Ta mère a beaucoup de goût en matière de thés. »
« C'est normal... t'es pas surhumaine, Célia. Tu ne peux pas tout gérer toute seule et il faut aussi que tu pense un peu à toi. »
Et ça, j'avais l'impression qu'elle l'oubliait. La jeune femme était tellement occupée par son travail et son rôle de mère, que je me demandais si elle avait prit le temps de souffler un peu. Axel avait disparu. Je ne pouvais pas imaginer ce que c'était, d'ignorer ce qui était arrivé à quelqu'un qu'on aime. Toujours est t-il qu'elle ne pouvait pas constamment courir partout. Elle devait prendre le temps de se retrouver. C'était bien ça le plus important. Il fallait qu'elle se ménage, pour elle-même, mais aussi pour sa fille, qui comptait sur elle.
« Je suis d'accord avec toi. Rien ne se fait toujours au lendemain. On apprends les choses au fil de temps, en faisant, en se forgeant une expérience. Et tu sais, même moi qui suis photographe depuis des années, j'en apprends encore. Je crois qu'on peut toujours s'améliorer et apprendre de nouvelles choses. Comme tu dis, c'est ça acquérir de l'expérience. »
Je souriais légèrement. Même si j'avais fait des études sur la photographie, j'étais d'avis qu'on apprenait pas tout à l'école ou dans les bouquins. Non, la vraie école, c'est celle de la vie, des opportunités qui se présentent, des échecs que l'ont peut rencontrer. Célia me disait qu'une étudiante pouvait très bien faire l'affaire et je reprenais la parole :
« Tu pourrais peut-être poser une annonce dans une école d'art ? A mon avis ça peut les intéresser. »
C'était une idée comme ça, qui venait de ma traverser l'esprit, mais peut-être que l'antiquaire y avait déjà pensé ?
« Ouais, ma mère est une grande amatrice de thé. Il y en a pas mal qu'on lui a offert et du coup, elle a une belle collection. »
Expliquais-je. L'eau avait terminé de chauffer et je la servais dans les tasses. Je proposais aussi à la jeune femme des petits gâteaux. J'appelais les filles pour qu'elles puissent venir prendre elles aussi quelque chose à mangé. Emily revenait vers sa mère et Kiara s'asseyait sur une des chaises à côté.
Kara n'avait pas tort. Et l'antiquaire le savait. Mais elle avait du mal à demander de l'aide. Elle avait du mal à demander aux autres, un peu de leur temps. « Je m'en suis rendue compte ces dernières semaines. Je suis encore plus en admiration devant les mères de famille qui cumulent emplois et enfants. » Célia avait mis du temps à s'adapter à cette situation. Les dernières fois avaient été plus simples. Puisqu'elle n'avait pas à gérer les affaires d'Axel. Elle n'avait pas à faire des allées retours au club et à voir avec Jane chaque chose qui concernait la propriété de son fiancé. En plus, elle ne s'y connaissait pas trop en boite de nuit, en programmation, en relations publiques. Heureusement qu'elle pouvait compter sur Jane qui était un véritable amour. Non seulement la rouquine l'aidait et la conseillait quand il fallait qu'elle signe des commandes. Mais aussi parce qu'elle prenait parfois Emily avec elle, certaines soirs. La petite pouvait alors profiter de sa marraine et elle, elle pouvait consacrer un peu de temps à sa boutique. « Mais le pire, c'est que si je pouvais travailler la nuit, je le ferais. Au moins, mes insomnies seraient productives. » Célia prit une bouchée d'un petit sablé. Elle savait qu'ici, elle n'avait pas à faire attention à ce qu'elle mangeait. Puisque Kara était, elle-aussi végétarienne. Encore un point qu'elles avaient toutes les deux en commun. « Effectivement, je crois que l'expérience s'acquière au fil des années. Nous sommes constamment entrain d'apprendre. Alors quelqu'un qui n'est pas forcément dans le milieu serait quand même un bon candidat. » Elle hocha doucement de la tête. Célia avait appris seule à gérer sa boutique. Elle avait eu quelques conseils d'un comptable au début, puis elle s'était lancée. Elle avait fait quelques erreurs. Elle avait du revoir de temps en temps son livre de comptes. Mais au final, elle s'en était bien sortie. Elle avait appris à son rythme, sans pression. Puis à la proposition de Kara, l'australienne reposa son regard sur elle. « C'est une très bonne idée ! » Elle esquissa un fin sourire en se rendant compte qu'elle n'y avait même pas pensé. « J'en connais une, plus au sud de la ville. J'irais là-bas demain. J'aurais des courses à faire dans le quartier de toute façon. » Autant lier l'utile à l'agréable. Puis elle tourna lentement sa cuillère sans la tasse qui était devant elle. « Comment va-t-elle ? Elle a des concerts prévus ces prochaines semaines ? » Cela intéressait Célia. Elle aimait la musique. Encore plus le piano depuis qu'Axel lui jouait parfois quelques morceaux. Puis les filles venaient s'installer à la table. Emily avait reprit des couleurs. C'était fou ce qu'elle pouvait changer quand elle était là. « Vous avez terminé vos dessins ? » Demanda l'antiquaire aux deux petites princesses.
« Je me demande comment elles font et je pense toujours que ma mère est une sorte de super héros. Sérieusement, comment elle a pu élever six enfants tout en continuant à travailler ? »
Je souriais. C’est déjà difficile de jongler entre un travail et un seul enfant, mais quand il y en a plusieurs, tout deviens plus compliqué. J’imaginais que ça n’avait pas du être facile à notre naissance. Deux bébés en même temps et elle n’avait pas vraiment pu compter sur notre père. Kléa avait suivi quelques années plus tard et encore une fois, maman avait été seule pour tout assumer. Quand Katty est arrivée nous étions déjà un peu plus grand et on l’avait alors aidé, à notre niveau. Alors oui, je me disais que notre mère était une sorte de super héro, car elle avait tout assuré seule et elle s’en était plutôt bien sortie.
« Ouais… il faut vraiment que tu lève le pied, que t’essaye de te reposer un peu aussi. Même si j’imagine que c’est plus facile à dire qu’à faire. »
Vu la situation, je comprenais que Celia ne trouve pas le sommeil. La nuit est notre pire ennemie quand on a des problèmes. Tout est tellement calme et il n’y a rien d’autre à faire que de penser. Les pensées envahissent l’esprit tout entier et il est alors impossible de trouver le repos. Comment s’endormir paisiblement quand son fiancé est porté disparu ?
« Ben voilà ! J’espère que tu trouveras quelqu’un de sérieux. »
Puis la conversation déviait sur ma mère et sur son métier. Elle avait repris la musique depuis le début de l’année. J’étais contente pour elle, heureusement qu’elle puisse vivre de sa passion et se produire sur scène. Je savais a quel point vivre sa passion pouvait être plaisant. Il n’y a rien de mieux.
« Elle va bien. Elle se fait tout doucement à la vie à Brisbane. Et oui, elle m’a dit qu’elle avait des représentations la semaine prochaine. »
Puis les filles nous rejoignaient. Je leur servais des biscuits et du jus de fruits. A la question de Célia, Kiara répondit :
« Oui ! Moi j’ai dessiné un poney pour maman. »
Je souriais. Depuis qu’elle était montée à poney, elle ne faisait que de parler de poneys et de cette expérience qu’elle avait adorée. D’ailleurs elle reprenait la parole en racontant qu’elle était montée sur un poney. Je souriais de plus belles.
« Je crois que l’année prochaine elle va demander des cours d’équitation à notre mère. »
Dis-je à Célia. A moins que cette lubie lui soit passée d’ici là. Je souriais encore en écoutant ma sœur parler, parler, parler à Emily. C’est qu’elle avait toujours pleins de trucs à dire Kiara. Un vrai moulin à paroles !
Célia esquissa un sourire aux propos de Kara. Elle était bien d'accord avec elle. « C'est une héroïne des temps modernes. » Elle jeta un œil à Emily et à Kiara et ajouta : « J'ai déjà du mal à m'organiser avec une seule princesse, alors avec cinq autres... » A une époque, elle ne s'était pas du tout vu en mère de famille. A vrai dire, cette idée ne l'avait jamais « séduite ». Elle ne rêvait pas de prince charmant, de mariage, de longue robe blanche, d'enfants... Cela ne l'intéressait tout simplement pas. Parce qu'elle faisait passer sa vie professionnelle avant le reste. Parce qu'elle était plus douée avec un scalpel, qu'avec les gens... Puis il y avait eu Timothée. C'était la première fois qu'elle s'était sentie mère, sans l'être vraiment. Parce que Tim n'était pas de son sang. Mais comme elle l'avait dit à Emily, le sang n'était pas primordial pour aimer un enfant comme le sien. Et Tim, elle l'avait aimé comme le sien. A sa mort, elle avait eu du mal à approcher les autres enfants. C'était difficile. Au final, elle s'était refermée sur elle, comme une huître. Jusqu'à ce qu'elle rencontre Axel et Emily. Maintenant sa vie avait pris un tourment auquel elle n'avait pas songé une seule fois. Et pourtant, elle ne regrettait rien. Elle ne pouvait plus s'imaginer sa vie sans sa fille. Ni sans son fiancé. Et elle espérait revoir Axel même si cela allait peut-être prendre du temps. « Effectivement. C'est plus simple de le dire. Ce que je fais chaque soir. Mais au final, je reste éveillée. » Elle haussa un peu les épaules. Au final, elle avait fini par s'y faire. Dormir peu, ce n'était plus vraiment un problème. Le souci, c'étaient les coups de fatigue qui arrivaient sans prévenir en plein milieu d'après-midi. Parfois elle avait même du mal à garder les yeux ouverts. Mais elle se forçait à continuer ses activités et la fatigue finissait par partir. Alors le soir, l'antiquaire avait bien du mal à trouver le sommeil. « Je l'espère aussi. » Oui, elle comptait bien engager quelqu'un. Parce que pour l'instant, c'était Emily qui passait en premier. Et elle ne voulait pas que cela change pour l'instant. Célia prit une gorgée de son thé tout en reportant son attention sur la photographe. Elle était ravie de savoir que sa mère s'était bien adaptée à la vie à Brisbane. Et qu'elle avait de nombreuses opportunités. « Chouette. J'essaierai de venir l'applaudir un de ces soirs. » Quand Jane pourra prendre Emily, qu'elles se fassent une soirée « filles » comme elles faisaient régulièrement. Pour Célia, cela allait lui permettre de se vider un peu la tête. Ce qui pourrait être une bonne chose. Puis les filles venaient les rejoindre à la table. Célia esquissa un sourire aux mots de Kiara. Qui acquiescer de la tête aux paroles de sa grande sœur. « Vraiment ? Tu aimes les chevaux ? » Puis elle jeta un œil à Emily qui mangeait son biscuit avec appétit. « Et moi, j'ai fais ma nouvelle cabane. » Emily était fan de sa nouvelle cabane. Cabane que Duncan l'avait aidé à construire. Le médecin avait passé pas mal de temps à la maison ces derniers jours. Et Célia savait que ce n'était pas seulement à cause de la cabane. Duncan s'inquiétait et il aimait passer du temps à la maison. Ce qui ne dérangeait pas l'antiquaire. Puis elle reporta son attention sur Kara. « J'ai un ami qui tient une ferme pédagogique. Et il a des chevaux. Je sais qu'il donne des cours. Mais là bas, ça fonctionne par troc. » Ce qui était une bonne chose pour la jeune femme. C'était bien mieux un système où les gens se rendaient service.
« Tu m'étonnes. Je ne sais même pas si je serais capable de gérer un seul enfant, alors j'ose pas imaginer plusieurs, même si je m’entraîne un peu quand je garde mes petites sœurs. »
Je souriais. J'avais du mal à m'imaginer dans le rôle de mère. Pourtant, j'étais habituée à être entourée d'enfants puisque j'étais issue d'une grande fratrie. Mais ce n'était pas la même chose. Je n'avais pas à gérer mes sœurs 24h sur 24. C'est différent de devenir mère et c'est un travail quotidien, sans repos. Je l'avais bien vu avec ma mère. Enfin j'avais bien le temps de penser à tout ça ! Ce n'était pas demain que je me retrouvais dans ce genre de situation. Il faudrait déjà que je sois installée et en couple avec quelqu'un depuis un bout de temps. Ce qui était loin d'être le cas, puisque j'avais toujours refusé de me pauser avec quelqu'un. J'avais plutôt tendance à fuir ce genre de relation.
« Je suis sûre qu'elle en sera ravie. »
Ma mère adorait passer du temps sur scène, faire partager sa musique a ceux qui aimaient cela. Alors ça lui ferait certainement plaisir qu'une de mes amies vienne l'applaudir. Les filles nous avaient rejoint en cuisine. Elles étaient fières de nous montrer leurs beaux dessins. Évidemment, Kiara s'était mise à parler de chevaux, c'était devenu sa nouvelle grande passion.
« Oui ! Je suis même monté sur un poney et j'ai eu un diplôme ! »
Expliquait Kiara à Célia. Puis, Emily nous montrait son dessin à son tour. Je le regardais attentivement.
« Elle a l'air chouette ta cabane. »
Lui dis-je en souriant. Je reportais ensuite mon attention sur Célia.
« Ah oui ? Et quelle sortes de choses l'intéressent pour le troc ? Je crois que des cours de poney pourraient intéresser Kiara, comme tu as pu le comprendre... »
Un fin sourire s'afficha sur les lèvres de Célia alors qu'elle écoutait la photographe. C'est vrai, parfois elle se demandait comment certaines femmes pouvaient faire en gérant plusieurs enfants. « Après je pense que cela dépend des enfants. Certains sont plus calmes que d'autres. Ma mère en a élevé cinq. Mais nous avons chacun quelques années de différences. Alors je crois que c'était plus facile pour elle. Et puis nous étions plutôt calmes. » Enfin c'était ce dont elle se souvenait. Sa mère avait élevé deux garçons avant d'avoir des jumelles, puis le petit dernier. L'antiquaire regardait Emily qui jouait avec Kiara. « Et je ne me voyais pas mère avant d'avoir Emi dans ma vie. » C'était quelque chose qui lui avait toujours fait peur. Et qui en fait, ne l'avait pas trop intéressé jusqu'à sa rencontre avec Axel. « Au final, je crois qu'on fini par prendre ses marques. » Et célia ne pensait pas faire un travail trop mauvais avec la petite. Même s'il lui arrivait de faire des erreurs. Elle apprenait chaque jour. Mais elle avait la chance d'avoir une petite fille adorable. Et elle lui facilitait la vie en quelque sorte, même si en ce moment, ce n'était pas très simple pour elle. Puis elle acquiesça une nouvelle fois de la tête quand Kara lui expliqua que sa mère allait être ravie d'avoir un public nouveau pour l'applaudir. « Et bien, ça veut dire que tu es capable de montrer un grand cheval comme les adultes ? » Demanda l'antiquaire en gardant ses yeux verts sur la plus petite des Harrington. « C'est Duncan qui l'a construire mais je l'ai beaucoup aidé. » Répondait Emily avec entrain. Célia esquissa un nouveau sourire. « Et je suis sûre qu'il ne s'en serait pas sorti sans toi. » Heureusement que Duncan avait été là. Il avait été d'une grande aide pour tout le monde. Pas seulement pour Emily, mais aussi pour Célia. Son meilleur ami avait été une présence rassurante. Et elle était reconnaissante de l'avoir à ses côtés, qu'il soit revenu du Mali. L'antiquaire prit une gorgée de son thé puis elle reposant son attention sur Kara. « Et bien je crois que ça dépend beaucoup des périodes. Si tu connais un peu le bricolage, tu peux aider à la ferme ou si tu veux organiser des séances photos pour les petits, je crois que ce serait aussi un bon échange de services. » La ferme fonctionnait de cette façon et Célia adorait ce concept. C'était mieux que de payer. Là, il y avait un réel échange. Et c'était bien plus enrichissant.
J'avais beaucoup de points communs avec la blondinette. Il y avait bien sûr, notre amour des animaux. C'était grâce à cela qu'on s'était rencontré, mais j'avais appris à découvrir la jeune femme. J'avais appris que comme moi, elle était issue d'une famille nombreuse. Elle avait elle aussi une jumelle d'ailleurs.
« Ouais. C'était un peu comme chez nous alors. Les plus grands ont aidé notre mère à s'occuper des plus petits, puisqu'il y a pas mal d'écart d'âge entre nous. »
Kael et moi allions bientôt passer le cap de la trentaine, tandis-ce que notre plus petite sœur n'était encore qu'une adorable petite fille. Cela ne nous empêchait pas d'être proche. Bien au contraire. Je partageait énormément de choses avec mes petites sœurs, j'adorais passer du temps avec elle. Kiara était très intelligente. Certaines de ces réflexions m'étonnaient parfois, tant qu'elles étaient justes et surprenantes pour une gamine de son âge.
« Je vois ça. Tu as l'air de très bien t'en sortir avec Emily. »
Je souriais légèrement. Je n'avais pas l'impression que Célia débutait dans le rôle de mère et pourtant, c'était encore le cas. Mais d'après ce que je voyais, elle semblait très bien se débrouiller avec la petite. Il y avait une complicité évidente entre la mère et la fille. Je souriais derechef à la question que Célia posait à Kiara. La petite hochait la tête en signe d'approbation.
« Oui ! Je suis sûre que je pourrais monter sur un grand cheval ! »
Je la regardais, amusée. Kiara était plutôt du genre téméraire. Je crois que c'était de famille et ça ne m'étonnait pas qu'elle réponde ça. Monter un grand cheval ne lui faisait pas peur, même si personnellement, je préférais qu'elle continue sur un poney. Je posais mes yeux bleus sur Emily. Je lui souriais. Puis mon attention se reportait sur Célia.
« Oh je peux sûrement me rendre utile, je suis pas une pro du bricolage, mais je sais faire quelques trucs. Et puis, pour les photos ça serait aussi une bonne idée. Il faudra que tu me donne les coordonnés. »
Je voyais Kiara qui trépignait et elle reprenait la parole.
« ça veut dire que je vais refaire du poney ? »
Je souriais.
« Peut-être. Mais il faudra déjà demander à maman si elle est d'accord et ensuite on verra si c'est possible. »
Je ne voulais pas lui faire une fausse joie, mais Kiara avait les oreilles partout et évidement, elle avait suivi ma conversation avec Célia.
C'était agréable pour Célia de pouvoir passer un peu de temps à l'extérieur avec Emily. Même si au départ, cela n'était pas prévu. Elle avait essayé de laisser sa fille avec l'une des petite sœur de Kara. Mais c'était encore difficile pour Emi. Elle avait besoin d'avoir sa maman à proximité. Et elle pouvait le comprendre. C'était encore un peu tôt pour elle. Célia aura essayé. Elle ne voulait pas insister au risque de blesser la petite. C'était déjà assez compliqué pour elle. Alors elle voulait y aller à son rythme. Elle voulait lui laisser du temps. Et c'était dans ce genre de moment que Célia appréciait d'avoir une famille autour d'elle, une sœur, des frères et quelques cousins, cousines qu'Emily pouvait côtoyer quand elle le voulait et quand elle en avait le besoin. Elle n'était pas seule. Il y avait beaucoup de monde autour d'elle. Beaucoup de personnes qui étaient là pour elle. Alors la jeune femme espérait que cela allait s'arranger avec les semaines. Qu'elle allait à nouveau passer ce stade. Ce n'était pas facile. Elle le savait. Et elle ne s'étonnait donc pas que cela puisse prendre du temps. « Je pense que c'est bien quand les familles restent unies malgré les écarts d'âge. Même si j'imagine que cela ne doit pas être facile. C'est un travail de tous les jours. » Célia ne se voyait pas fille unique. A vrai dire, elle n'avait jamais envisagé sa vie sans ses frères et sans sa sœur. Surtout avec sa sœur. Kara devait la comprendre. Elle-même avait un jumeau. C'était une relation spéciale qui ne s'expliquait pas vraiment. Elle se vivait. A une certaine époque, après la mort de Tim, l'antiquaire s'était un peu éloignée de sa famille sans couper les ponts. Elle n'en aurait pas été capable. Mais elle évitait certaines réunions de famille. Parce qu'elle ne se sentait pas prête à faire face à certaines de leurs questions. Aujourd'hui, elle avait commencé son travail de deuil, six ans plus tard. Cela avait pris du temps. Mais comme Emily, elle n'avait rien forcé. C'était venu petit à petit. C'était encore difficile mais elle savait à présent, qu'elle allait y arriver. Et elle espérait la même chose pour sa petite fille. « J'apprends encore tous les jours. Mais c'est agréable. » Souvent, elle repensait à Sarah, la mère biologique d'Emily. Et à chaque fois, elle se demandait comment elle avait pu tourner le dos à cette adorable petite. Choisir sa carrière plutôt que son enfant. C'était un choix que Célia ne pourrait jamais faire. Si elle devait choisir Emily ou sa boutique, le choix était déjà fait. Bien sûr cela allait lui manquait mais rien n'allait passer devant sa fille, rien du tout. Célia esquissa un sourire en voyant Kiara qui semblait conquise par son idée. « Alors j'ai hâte de voir ça. Mais ça, c'est seulement si ta maman est d'accord. » Parce qu'elle ne voulait pas non plus que la mère des filles s'inquiètent pour ce genre de sortie. Puis aux mots de Kara, Célia acquiesça de la tête. « Si tu as un bout de papier, je peux te donner ça. J'ai l'adresse en tête. Et puis tu verras bien avec Peter qui tient le ranch, ce que tu peux faire. » Il n'allait pas lui demander de faire des choses qu'elle ne savait pas faire. Célia jeta un œil à Emi qui finissait son dessin. « Et toi ma chérie, tu voudrais accompagner Kiara au ranch ? » Elle savait qu'Axel lui avait pris des leçons il y a un an ou deux. « Je peux ? » « Bien sûr. Et je suis sûre que vous allez bien vous amuser toutes les deux. » Les deux petites filles se mettaient à sourire, ravies de partager un nouveau moment à deux. Ce qui faisait sourire à leur tour Kara et Célia.
Je m'estimais chanceuse de faire partie d'une grande famille, d'avoir autant de sœurs et d'avoir mon frère jumeau à mes côtés. C'est sur que ce n'était pas facile tous les jours. Bien sûr, comme dans toutes les familles, nous avions eu des disputes. Mais on était tous très soudé. Même avec mes plus jeunes sœurs alors que des années nous séparaient. Je les adoraient et j'aurais voulu d'une autre famille pour rien au monde ! Comme Célia, je ne m'imaginais pas sans mes sœurs et sans Kael. Ils faisaient tous partis de moi. J'étais heureuse que toute le monde soit réuni ici, à Brisbane. Même si je savais que tout quitté n'avait pas été évident pour les filles. Elles avaient dû abandonné tous leurs repères et leurs amis de Chicago. Ce n'était pas facile d'autant plus pour les plus petites. Mais elles s'y étaient fait. J'étais contente de voir que Kiara s'entendant aussi bien avec Emily.
« J'imagine et puis Emy est une petite fille adorable. »
C'est vrai qu'elle était chouette. Célia n'était pas la mère biologique de la fillette, mais cela n'avait pas d'importance. Il n'y a pas que les liens du sang qui comptent. Ce qui comptait le plus c'est qu'elle l'aime et qu'elle s'occupe bien d'elle. J'ignorais ce qui était arrivé à la mère d'Emily, mais avec Célia, la petite était entre de bonnes mains. Je pouvais percevoir qu'il y avait beaucoup d'amour entre la maman et la fille.
Aux mots de Célia, je me relevais pour attraper un post-it. Ma mère en laissant toujours près du téléphone. Cela lui permettait de pouvoir noter toutes sortes de choses. J'attrapais le bloc et un stylo avant de revenir m’asseoir près de Célia.
« Oh ouiiiiii ! »
S'exclamait Kiara, alors qu'Emily disait vouloir l'accompagner pour faire du poney. Je souriais. Elle semblait beaucoup apprécier sa nouvelle amie.
« Oui, c'est bien plus amusant d'aller faire du poney accompagné d'une copine. »
Après un court silence, je reprenais la parole :
« Je vais voir ça avec ma mère et j’appellerais Peter pour qu'on puisse organiser tout ça. Je te tiendrais au courant. »
Il faudrait aussi qu'on s'organise avec Célia sur le jour où nous emmènerions les petites faire du cheval. Mais ça promettait d'être super. J'étais presque certaine que ma mère serait d'accord.