| shots & revelations | Angie |
| | (#)Lun 10 Avr 2017 - 14:20 | |
| Le temps s’est arrêté. Non, enfin, c’est complètement illogique que le temps s’arrête de la sorte. Sauf qu’on dirait que depuis qu’Angie est arrivée à notre table, les connexions ne se font plus dans mon cerveau. Mes yeux fixent, grand ouverts, les shots qu’elle nous a apporté et que je n’ai pas eu la force de toucher. Ça en dit long sur mon niveau de surprise, vous voyez. Ok, commençons par le début. Tout d’abord, c’est Matt qui m’a écrit dans le but que nous allions prendre un verre ce soir. Pour n’importe quel autre homme, j’aurais tenté de la jouer en mode ‘ouais, non, mais tu sais que je suis vachement prise avec tous ces rendez-vous et ces amis làààà’ mais sachant qu’il est au courant de mon niveau quasi inexistant de vie sociale, j’ai accepté direct la proposition. Rien ne semblait louche à cette sortie, c’est pas la première fois qu’on va prendre un verre ensemble, même si c’est un jeudi. Il y a longtemps qu’on a décidé qu’un simple jour de la semaine ne pouvait nous dicter notre horaire social, c’était même un de nos commandements à l’époque quand on souhaitait se bourrer la gueule en pleine semaine. De vrais enfants. Ça tient encore aujourd'hui, d’autant plus que j’ai des horaires assez aléatoires, vie d’hôpital oblige. Il y a un moment que le weekend n’apporte plus son lot d’euphorie comme autre fois. Donc, je suis là, au bar avec Matt, je vois bien qu’il a un truc qui le dérange, juste de la façon dont il joue avec ses mains, mais je ne lui mets pas vraiment de pression. C’est pas en poussant un homme à vous parler que vous obtiendriez des réponses, c’est un truc que j’ai appris au cours de ma vie. La suite est floue, mais je sais que le sourire qui a étiré mes traits lorsque j’ai vu Angie s’est rapidement fané quand elle a ouvert la bouche. J’ai compris le mot enfant, grossesse, paternité, et un petit « hein Matt ! » avant de voir ce dernier devenir tout blême. Ensuite, je pense qu’il y a eu silence avant que Matt ne quitte pour aller à la toilette ou prendre l'air, me laissant seule avec la porteuse de nouvelles. « Attend un instant. » Je viens poser mes doigts sur l’arrête de mon nez et je prends une grosse respiration, tentant de comprendre la chose, mais j’ai beau passer et repasser les mots en boucle dans mon esprit je suis incapable d’accepter le sens de ces révélations. « Tu peux répéter ce que tu as dit ? » Je sonne presque froide, sur le cul, mais j’ai réellement besoin de comprendre tout ce merdier. |
| | | | (#)Lun 10 Avr 2017 - 18:09 | |
| Six mois qu’elle était de retour à Brisbane et Angelina avait repris ses habitudes d’antan. Les clients aux blagues graveleuses, le marché du samedi matin, la balade dominicale en bord de mer et les fous rires avec les collègues. Tout était presque à l’identique à l’exception qu’une petite tête brune s’incrustait de temps en temps. La petite tête brune en ce moment était plus que jamais au cœur de toutes les attentions. Angelina avait lâché la bombe de la paternité et c’était comme si le monde s’était arrêté de tourner pour trois hommes au moins dans cette ville. En effet Matt, Ben & Arthur avaient pris connaissance de l’éventuel destin qui les attendait d’ici quelques semaines voir quelques jours si tout allait bien. Une paternité qu’ils ignoraient depuis quatre ans. Angelina avait toujours eu un doute sur l’identité du père et elle s’était enfin lancée dans une procédure qui avait pour but de la dévoiler. En bref, sa vie était de nouveau un joyeux bordel après quelques années d’accalmie sous le soleil hawaïen.
Lorsqu’elle vit Azur et Matt rentrer dans le bar, un sourire amusé se dessina sur ses lèvres. Elle se demandait ce qu’Azur avait pensé lorsque Matt lui avait annoncé la nouvelle. Cela faisait au moins cinq ans qu’elle ne l’avait pas vu et clairement elle avait beau avoir quoi, 27 ans maintenant ? Elle avait toujours l’air d’une gamine de 20 ans. Les deux amis s’étaient assis en face de la barmaid et Angie leur avait offert une première tournée, Matt avait l’air mal au point et visiblement rien que le fait de voir son visage l’avait fortement dérangé. « Regarde moi un peu Matt en train de se noyer dans l’alcool pour oublier le test de paternité ! » balança t-elle en même temps qu’elle essuyait des verres. C’est là que Matt décida de se lever, laissant en plan Azur et Angie. Angie haussa les sourcils, suspendant son geste. « Attends… Il t’a pas dit ? » Angelina était sur le cul, elle était persuadée que Matt avait partagé la nouvelle, déjà pour relâcher la pression et pour éviter de vivre ça seul. Mais non… A voir la tête d’Azur, elle n’était pas du tout au courant. Angelina poussa un soupir et regarda autour d’elle. Ce n’était vraiment pas le lieu. Elle se pencha par-dessus le comptoir et fit signe à Azur de s’approcher pour lui dire un truc à l’oreille. « Je lui ai demandé de faire un test de paternité. A lui et à Ben aussi. Et à Arthur aussi. » Angelina s’écarta de son ancienne amie pour reprendre sa position normale derrière le comptoir, un client arriva entre temps et elle entreprit de le servir pendant que Azur digérait la nouvelle. « Eeeeeh seul Dieu peut me juger ! »
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| | | | (#)Lun 10 Avr 2017 - 21:53 | |
| Sidérée, sur le cul, bouche-bée, tous des synonymes pour bien décrire l'état dans lequel je me trouve à cet instant. Déjà, j'apprends que mon ami est un père potentiel de la façon la plus déconcertante qui soit. Une petite tape sur l'épaule en plus, le tout avec une tournée de shots ? C'est pire que dans une telenovelas mexicaine tout ça. Sauf qu'en plus, je connais la mère, et je connais un des deux autres pères potentiel. Mon esprit s'échauffe et je tente de calculer l'âge du bambin, sachant que Matt n'est de retour en ville que depuis peu de temps. Je veux dire... Ok, il me faut une autre gorgée de mon cosmolito on the beach (je sais que ce cocktail n'existe pas, je demande toujours un truc impossible dans le but de me sortir du menu, parce que quand c'est Angie qui le prépare, c'est toujours bon, mais mon esprit divague trop pour la réalité, il faut que j'arrête !) Je porte lentement mon verre à mes lèvres dans une tentative de reconnecter à la réalité et de bien assimiler les paroles de la jolie brune. Matt, papa. Je le vois bien faire du shopping en ligne pour le petit, mais une fois que viendrait le temps de tenir le bambin, il serait probablement terrifié. Tout comme moi. Un enfant, j'ai des frissons qui me parcourent l'échine à cette simple idée. Un enfant inconnu, j'en recrache presque mon verre sur la barmaid quand je l'entends à nouveau faire une remarque sur la chose. Mon cerveau voit plein de flash rouges et je me dis que je dois vraiment mettre tout ça au clair. Sauf que mon esprit ne semble pas enclin à assimiler ces confessions, parce que même lorsque mon amie se recule, on dirait qu'elle vient de m'expliquer une notion de physique nucléaire de haut niveau. Que j'ai rien compris en fait. Le visage blême, les yeux ronds comme des billes, je dois fair peur à voir. « Attend, attend... » Je reprends la parole une fois qu'Angie en a terminé avec son client qui repart avec une bière dans chaque main. « Il a quel âge ton gosse ? » Je commence par ça, aussi bien me mettre en contexte pour mieux comprendre la situation. Je jette un regard furtif vers la direction où Matt est parti et je ne vois pas son ombre. Tant mieux, parce que je compte bien mettre cette situation au clair avant qu'il ne revienne poser ses fesses sur le tabouret près du mien. S'il revient. |
| | | | (#)Mer 12 Avr 2017 - 11:27 | |
| Ce qu’Angie pensait être une petite vanne innocente était en train de se transformer en scandale surprise. Visiblement, Azur n’était pas du tout au courant de la recherche de paternité et elle avait l’air sous le choc. De toute façon, elle savait ce que les gens pensaient d’elle et elle s’était étonnée déjà que Azur la salue normalement après ce qu’elle pensait qu’elle avait appris (ça devenait compliqué tout ça). Maintenant qu’elle la voyait à moitié s’étrangler avec son cocktail, elle comprenait mieux. Angelina termina d’essuyer un verre et le posa derrière elle alors qu’Azur essayait de reprendre pied. Elle lui demanda alors quel âge avait son fils. Angelina répondit d’un ton un peu plus froid « Il a 3 ans. » Elle se méfiait à présent de la réaction d’Azur, elle ne voulait pas de scandale au travail. Carlos l’avait prévenu, elle avait foutu le bordel dans le bar plusieurs fois, parfois sans que ce soit de sa faute mais elle avait quand même fait des dégâts. Elle craignait qu’Azur lui dise quelque chose qui la blesserait et elle serait obligée de répondre. Angie était très susceptible en ce qui concernant Abel et ne ferait aucun cadeau, même à une ancienne amie comme Azur. « Ecoutes je sais pas si c’est le lieu pour en parler, je pensais que Matt t’en avait parlé c’est un peu compliqué pour moi en ce moment… » C’était un euphémisme. Arthur l’aurait frappé avec une chaise si son bon-sens ne l’avait pas empêché et elle avait cru devoir appeler le SAMU lorsqu’elle avait annoncé l’heureuse nouvelle à Matt et Ben. Angie se doutait que c’était un choc dans la vie de ces jeunes hommes, mais bizarrement elle n’avait pas pensé que cela pourrait s’étendre à leurs proches, ce qui était logique somme toute. Elle pensa alors à la famille d’Arthur, elle se demandait comment ils réagiraient s’ils s’avéraient que son fils était le sien. Ce qu’elle avait tendance à croire bizarrement… « Je crois que les trois me détestent. Aucun ne pense à mettre un préservatif mais quand quelque chose arrive ils frôlent le suicide collectif. » marmona Angie. Maintenant elle aussi se serait bien descendu quelques shots… Mais elle était coincée derrière le bar.
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| | | | (#)Mer 12 Avr 2017 - 13:24 | |
| Je pratique quelques techniques de respiration que j'ai vu sur youtube, essayant de me calmer alors que mon coeur débat de plus en plus. Je dois tenter de relativiser la chose: ce n'est pas moi qui est maman, et dieu merci. Parce qu'avec la relation que j'ai avec le seul père potentiel, aussi bien dire que cet enfant ne verrait jamais le jour, aussi cruel que cela puisse paraitre. Je devrais admirer Angie d'avoir pu élever son fils seul, peu importe de qui il était, mais mon dieu, je ne peux que me mettre à la place des autres. Et encore une fois, je me mêle de ce qui ne me regarde pas. Déjà, mon coeur débat un peu plus vite lorsque la barmaid m'annonce l'âge de son petit. Trois ans, pourquoi revient-elle que maintenant pour essayer d'en trouver le géniteur ? « Angie, tu n'es pas sérieuse ? » Je ris presque, mon ton s'est adouci, mais on voit que je tente réellement de comprendre le fond de sa pensée, ses motivations. Évidemment, je la juge aussi - quatre ans avec trois pères potentiel, je suis choquée !- mais ce n'est pas ce qui transparait dans ma voix. Je ne laisse plus ma voix s'échauffer suite à sa remarque, consciente que le lieu de travail de l'intéressée n'est pas l'endroit idéal pour tenter de la raisonner. Raisonner ? Non, je ne pense pas qu'il s'agisse du terme approprié. Mes doigts se crispent lorsque la brune stipule que c'est un peu compliqué pour elle. Le reste aurait été complètement étonnant. « Angie... » Je commence, la voix plus douce, bien que mes émotions ne se soient pas calmées. J'ai juste envie d'éclaircir la chose, mais ce n'est pas en lui faisant la morale que ça arrivera. « Je pense que pour les trois c'est un gros coup à digérer. Je veux dire, un enfant, c'est pas rien, tu devrais le savoir ! Mais en plus que ce soit peut-être pas le tien, et qu'il soit déjà âgé de trois ans, ça rend le tout encore plus compliqué ! » Ma voix s'est haussée, mais je termine pas un genre de gros chuchotement, cherchant à ne pas attirer de l'attention sur nous. Je ne relève pas son commentaire sur les capotes, sachant que je suis la pire à ce sujet et je n'ai pas envie de faire de moi une hypocrite. « Angie, c'est normal qu'ils soient en PLS. Pourquoi tu as attendu aussi longtemps d'ailleurs ? » Je demande, toujours confuse. |
| | | | (#)Jeu 13 Avr 2017 - 13:54 | |
| Angelina était toute crispée, prête à subir les foudres d’Azur qui allait sûrement se livrer à une plâtrée de jugements désagréables et de conclusions hâtives. Angie était rodé à ce genre de procès mais elle n’avait pas envie de ça ce soir, sur son lieu de travail. Elle s’occupa à nettoyer le comptoir, guettant la réaction de son amie qui finit par arriver. Bizarrement elle eut l’air de compatir ce qui étonna sincèrement Angie. Elle savait qu’elle tendait le baton pour se faire battre en rendant publique sa démarche de reconnaissance de paternité, mais elle ne s’attendait pas à ce que Azur joue la carte de l’empathie. « Te force pas à compatir Azur, je sais que ça me fait passer pour une salope. Je sais que tu me juges et comment tu voudrais que je t’en veuille. » soupira t-elle. On passait notre temps à dire de ne pas juger les autres, de ne pas avoir de pensées médisantes mais n’était-ce pas le propre de l’humain après tout ? Etait-il vraiment possible de ne pas se montrer médisant lorsqu’on était face à des situations pas très morales aux regards des standards de la norme ? Angelina n’était pas un prix nobel mais elle n’était pas totalement idiote non plus et elle savait de quoi ça avait l’air. « Oui je sais que c’est difficile pour tout le monde mais ça n’est pas facile pour moi non plus. C’est pas eux qui ont du élever cet enfant tout seul d’accord ? Je ne vais pas avoir de la peine pour eux, aucun n’a pris ses précautions, aucun ne s’est demandé ce que j’étais devenue quand je me suis barrée de l’autre côté de l’océan donc je ne vais pas les plaindre. » s’énerva t-elle. Il était hors de question qu’on lui serve ça, les pauvres petits garçons qui se sont retrouvés pris au piège par la mangeuse d’homme au regard de glace c’était non, non et encore non. Azur lui demanda alors, la dévisageant de ses grands yeux noisettes, pourquoi elle avait attendu si longtemps. Angelina haussa les épaules, marquant un temps de réflexion. « Je sais pas, c’est une bonne question en fait. Ne rien dire me paraissait plus facile. Apprendre que j’étais enceinte au bout de trois mois et demi c’était déjà assez compliqué. J’aurais dû faire quoi ? Les prévenir tous les trois ? Me rajouter du stress et mal vivre ma grossesse ? Non merci, c’était déjà assez compliqué comme ça. J’ai cru que mes parents allaient faire un infarctus quand je leur ai dis alors si en plus je devais parler du père… Enfin, des pères… » Dès qu’elle en parlait la belle australienne semblait réaliser le bourbier dans lequel elle s’était mise et ça avait le don de la stresser au plus haut point. « Faudrait que tu rencontres Abel, c’est un gosse génial, un peu insupportable mais génial. Ca pourrait te donner des idées qui c’est ? Tu en es où dans ta vie amoureuse ? » Dévier le sujet sur elle paraissait être soudainement une excellente idée et Angelina se demandait pourquoi elle n’y avait pas pensé plus tôt.
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| | | | (#)Sam 15 Avr 2017 - 16:05 | |
| On dirait que la raison pour laquelle je suis autant paniquée, c'est que je me mets à la place d'Angie sans le vouloir. Un enfant, pas savoir qui est le père. Ça me glace le sang, complètement. Tellement, que je me redresse sur mon siège, plus alerte que jamais. Je l'écoute me dire de ne pas compatir sur elle, et je rougis à la mention de jugement. J'avoue que je la juge, et ça devrait être mal, mais je ne suis pas une jeune femme innocente. J'ai les commentaires cinglants faciles, ça fait parti de mes nombreux défauts. Je décide de ne rien répondre, sachant que d'approuver serait un manquement de tact total et que nier serait un mensonge. Au moins, toutes les deux nous avons le mérite d'être honnête, ne gâchons pas cela. Je resserre mes doigts autour de mon verre lorsque Angie évoque l'éducation de son enfant, l'écoutant. Elle a raison, c'est vrai, je ne vais pas le nier. Élever un enfant seule, ce n'est pas une marche tranquille dans un parc, c'est clairement beaucoup de travail et pour ça je lui lève mon chapeau. Sauf que sa situation, pour le moment, résulte d'un choix. Je sais que rien n'indique que Ben, Arthur ou Matt auraient pris leur responsabilités face à leur enfant et qu'Angie n'aurait pas quand même du élever Abel seule, mais elle ne peut pas mettre cette situation sur le dos de ses hommes. « Je te crois que ça n'a pas dû être facile. » Je sais, en tout cas, que moi, j'en serais complètement incapable. « Mais en n'allant pas tout de suite trouver le père de ton gosse, tu savais que tu n'aurais aucun support pour le moment... ! » J'hausse les épaules, comme si je lui apportais une vérité absolue, bien que je sache que mes propos ne lui apportent aucun nouvel élément dans son raisonnement. « Et pour les précautions, on est toujours deux là-dedant, bien que des accidents ça arrive. » Ouais, première chose que je fais en partant d'ici: acheter des capotes. Et tenter de commencer à les utiliser... « Et je sais pas pour toi, mais moi quand une fréquentation disparait de ma vie, je cherche pas toujours à savoir ce qu'elle devient... Enfin, je sais pas quelle relation tu avais avec Matt, Ben ou encore Arthur... » Je l'écoute ensuite me parler de la raison de pourquoi elle a attendu aussi longtemps. C'est vrai que toutes les démarches auraient eu effet d'ajouter un stress supplémentaire à sa grossesse, chose qu'elle a décidé de vivre et affronter seule. Il lui en a quand même fallu du courage pour prendre la décision de partir à Hawaii, enceinte, sans personne pour elle. Je baisse les yeux, honteuse des mes propos complètement secs et dénués d'empathie que je viens de lui offrir. Je souris lorsqu'elle me parle de son fils, un peu mal à l'aise à l'idée de le rencontrer. Ça n'a rien à voir avec lui, mais pour moi, les enfants sont un peu comme des mini-martiens avec qui je n'ai rien en commun. Il y a longtemps que j'ai accepté le fait que je n'en aurai pas, ayant tiré un trait sur l'idée de vieillir dans un famille traditionnelle depuis des années. Juste en couple... Je pense franchement finir ma vie seule, gâter mes amis, prendre soin de moi. Et je serai heureuse comme ça. « Ah, non, on parle pas de ma vie sentimentale ! » Je lève un doigt en signe d'opposition, aborder le sujet serait complètement déplacé. Il n'y en a qu'un dans ma vie, et notre relation est bien trop compliquée pour l'évoquer dans un bar. « Les hommes et moi, ça fait pas bon ménage. Je pense juste m'acheter un chat et ça sera très bien. » Je termine mon verre avant de le reposer sur le bar. « Sinon, outre Matt qui a fait un malaise, les autres... ils ont réagit comment ? »
Dernière édition par Azur Ainsworth le Dim 16 Avr 2017 - 0:43, édité 1 fois |
| | | | (#)Sam 15 Avr 2017 - 23:09 | |
| Il était beaucoup plus facile pour bon nombre de gens de se laisser aller aux jugements hâtifs plutôt que de faire preuve d’empathie et d’essayer de comprendre. Peu de gens avaient essayé de comprendre Angelina. En effet, la société laissait à penser que lorsqu’on est belle, jeune et mince aucun obstacle n’est insurmontable mais lorsqu’on avait fait remarquer à Angelina la forme arrondie de son ventre et qu’elle s’était rendue à sa première écographie quelques jours plus tard, personne ne pouvait comprendre à quel point son monde s’était effondrée. Elle, la petite fille pauvre adoptée par une famille richissime père prédicateur célèbre et mère avocate, se retrouvait enceinte hors-mariage à 26 ans alors qu’elle était barmaid et qu’elle s’enfilait trois litres de bières par soir. Sa vie était un fiasco mais Dieu merci, le plus beau en était ressorti. Une magnifique petite tête brune qui foutait son appart en bordel et qui la faisait rire aux éclats, parfois hurler du matin au soir. Mais Angelina ne pouvait pas raconter tout ça à Azur, elle risquait de ne pas comprendre alors au temps économiser du temps. « Oui je sais qu’on est deux là-dedans mais on se protégeait pas avec Arthur à l’époque, on était ensemble depuis un moment, on avait fait les tests. » se justifia t-elle. Angelina sentait le ton un peu moralisateur de son ancienne amie mais elle essayait de prendre sur elle. Après tout c’était de sa faute, c’est elle qui avait lancé le sujet avec toute la légèreté qu’on lui connaissait. « Je pense qu’Arthur aurait pu faire un effort sur la prise de nouvelles. » bougonna-t-elle avec sa mauvaise foi légendaire. Angelina avait tout fait pour se rendre injoignable mais elle aimait croire qu’ils auraient pu forcer un peu et apprendre toute la vérité. Les rumeurs allaient vite à Brisbane et Angelina était sûre que quelques informations avaient du fuiter. Quoique ses parents étaient du genre à acheter le silence d’une ville entière s’il le fallait.
« Un chat ? Un chat te donne pas d’orgasme et ne t’envoie pas de sexto Azur, ne te voile pas la face. » s’esclaffa Angelina. « Ils sont tous cons mais on a besoin d’eux alors met toi à table et dis moi ce qu’il se passe. Je viens de te dire que j’avais un gosse pouvant être de trois pères différents donc tu ne peux pas faire pire, j’ai ouvert le bal. Donc allez, donne moi ma mise à jour. » lui ordonna t-elle en lui donnant un coup de torchon. « Ben était aussi en PLS et Arthur a essayé de me tuer avec ses yeux, heureuse ? Allez parle. » insista t-elle. Il était hors de question de la laisser s’en sortir comme ça avec tout ce qu’elle venait de lui confier. Chacune son tour.
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| | | | (#)Dim 16 Avr 2017 - 12:54 | |
| Je profite qu'Angie essuie un verre pour regarder mon téléphone qui vibre dans ma poche. Un message texte, de Matt. Il me demande l'occuper pendant 30-45 minutes ?! Ma réponse ne se fait pas attendre et même si j'ai envie de lancer un sujet à la blague sur ma fausse union avec lui, je réalise bien vite que ça ne serait pas viable pour passer le temps. Je ne suis pas celle qui a un enfant de trois pères potentiels, mais toutes les petites choses qui sont arrivées à Angie pourraient tellement m'arriver à moi et chaque mot qu'elle prononce me mets à sa place. Genre, quand elle me parle de sa relation... stable ? avec Arthur qui justifie l'absence de protection. Et eux, ils ont fait les tests. Je ne partage même pas ça avec Orion et pourtant, on est pas du tout prudent. On a même pas une relation, simplement des rapprochements à une fréquence isolée, mais j'agis comme si j'avais une confiance aveugle en lui alors que ce n'est pas du tout le cas. Je ne sais rien de lui, de comment il occupe son temps lorsqu'il ne le passe pas avec moi. De ce que je sais, il pourrait bien être en couple depuis des mois et simplement s'amuser avec moi. Cette pensée a pour effet de serrer mon estomac à un point tel que j'en ai instantanément la nausée. Non, vaut mieux ne pas penser à ça. Je baisse le regard quand Angie me dit qu'Arthur aurait pu faire un effort pour la prise de nouvelle, ne connaissant que trop bien ce sentiment d'attente présent lors de l'isolement. Je laisse planer un silence un moment, ajoutant qu'il est hors de question de parler de ma vie sentimentale. Disons que depuis mon accident, ça n'a pas été fameux pour moi. Ma confiance en moi a été ravagée par les dégâts et le premier à qui j'ai osé me montrer par la suite m'a vite fait comprendre que je n'étais plus la même qu'avant. Et encore aujourd'hui, je suis incapable de montrer à quel point je suis vulnérable, changée, différente. J'éclate de rire à la remarque d'Angie sur les orgasmes et les chats, et je me dis qu'elle a bien raison. Je peux bien lui offrir une partie de mon drama sentimental. « Ok, ok, tu gagnes. Un chat ne sera jamais assez. » Je repousse mon verre vide vers elle, prête à en commander un autre. « Mais si tu veux des histoires, va falloir que tu refasses aller la magie de tes bouteilles. » Je me replace sur le tabouret et recroise les jambes, prête à lui faire part de mes soucis. « Il y en a un, en fait... » Je ne sais même pas comment aborder le sujet. « Je ne sais même pas comment dire en fait ! Je sais que je ne devrais pas le fréquenter, parce qu'il m'a fait du mal, mais je lui en ai fait aussi. Il y a trop de secrets entre nous, du moins, moi j'en ai pour lui... Mais quand je le vois on dirait que je fous tout au placard et j'ai juste envie de profiter du moment. Je sais que c'est mal, mais je ne cherche pas un avenir avec lui, alors je me fous que ce soit pas viable. Je profite, parce que c'est vraiment bon et que je dis qu'aujourd'hui, il ne peut plus me faire de mal. » Je lève les mains en signe d'impuissance, consciente que mon histoire ne fait peut-être pas de sens, mais je suis incapable d'aller plus dans les détails. |
| | | | (#)Jeu 20 Avr 2017 - 16:14 | |
| A partir du moment où votre cœur commençait à battre pour quelqu’un d’autre que vous-même, ou votre mère, ou votre chien : les choses se compliquent considérablement. Les vertiges, l’ivresse des premiers frissons, les doutes et les nuits blanches. L’amour ressemblait à un très mauvais virus. Il n’y avait rien de plus dangereux que de laisser rentrer dans votre cœur quoique ce soit qui ressemble de près ou de loin à de l’amour. Car une fois que la flamme est là, elle y reste. Elle y reste jusqu’au fameux déclic ou jusqu’à ce que quelque chose de bouleversant se passe. Pendant ce temps-là il s’agit de tenir le choc. De ne pas devenir dingue. De réussir à garder un minimum de contrôle pour ne pas devenir une caricature d’une chanson d’Adèle. Et ça, c’était vraiment plus facile à dire qu’à faire. C’était peut-être pour ça que Angelina avait toujours essayé de se blinder, d’éviter les sentiments et la considération pour l’autre. Elle avait échoué à chaque fois. A chaque fois qu’elle se disait « well angie, ne tombe pas encore une fois dans ce putain de panneau » mais elle tombait irrémédiablement car la jeune Gilmore était tout simplement comme ça, quoiqu'elle en dise et quoiqu'elle veuille. Toutes les règles de base comme ne pas coucher avec son ex, ne pas drunk-texter son mec, ne pas fouiller quand on a peur de ce qu’on va trouver, Angelina les avait transgressé sans état d'âme malgré les avertissements et les conseils de tout le monde. Alors elle ne risquait sûrement pas de juger Azur pour sa faiblesse lorsqu’elle se retrouvait face à un mec qui semblait être sa kryptonite. Un sourire imperceptible traversa le visage d’Angie. Elle connaissait toutes les petites histoires qu’il était possible de se raconter quand on ne voulait pas affronter la vérité. Angelina connaissait parfaitement l’art de se voiler la face et elle connaissait aussi l'emprise que pouvait avoir une simple attirance, lorsque celle-ci est spéciale, mais surtout inédite. « Azur je vais te dire un truc simple. » Elle rangea un énième verre puis planta son regard de glace dans celui de son ancienne amie histoire d'avoir toute son attention. « Dans tous les cas tu vas souffrir, dans tous les cas tu vas avoir de crever ou de le tuer tellement tu vas douiller. C’est trop tard pour faire marche arrière visiblement et fonce. C’est ça qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue, faire attention, prendre des précautions c’est des conneries qu’on dit parce qu’on pense qu’il faut le dire. Tout le monde est là à te dire de faire attention à pas te faire prendre pour une conne, de pas trop faire confiance mais… » Angie soupira, balayant d’un mouvement de la main ces mauvaises paroles pour appuyer ses dires. « C’est des conneries tout ça. Vis, passe au temps de possible avec ce mec, n’essaye pas de découvrir ce qu’il te cache car sûrement qu’un jour et bien assez tôt tu découvriras la vérité. Ca sert à rien de te torturer et puis franchement, te bile pas trop, on fait toutes des trucs cons quand on trouve un mec différent. Fais confiance à ton instinct et kiffe chaque instant. » |
| | | | (#)Dim 23 Avr 2017 - 16:36 | |
| Je ne saurais pointer l'exact moment où l'attention s'est posée sur moi. La soirée a débutée en compagnie de Matt -à qui je ne réponds plus, d'ailleurs- pour ensuite apprendre sa paternité potentielle. Au final, on parle de moi, de cet homme duquel de devrais rester loin si je n'étais pas complètement une idiote. De ce mec qui m'a fait du mal, à qui je cache un secret de famille qu'il ne me pardonnera jamais de ne pas lui avoir partagé. Est-ce que mon comportement frivole en sa compagnie signifie que j'ai passé l'éponge sur tout le mal qu'il m'a fait, que je suis bel et bien une idiote complètement éprise de lui, incapable de contrôler ses sentiments ? C'est peut-être ce que je suis aussi, une pauvre blondasse à qui l'attention se fait si rare, que dès qu'il est dans le portrait, je fais comme si le passé n'avais jamais eu lieu. C'est comme tenter de garder un couvercle en place alors qu'on sent que la recette va exploser. Si ce n'est qu'une métaphore, je sais bien que je me voile la face. Que je m'en sortirai pas indemne, cette fois comme les précédentes. Angie a raison, je vais avoir mal. Parce que je suis accro, parce que je me berce d'illusion en me disant que tout ça ce n'est que physique et rien de plus. Je n'ai pas le contrôle, je ne pourrai me sauver la face lorsque tout sortira au grand jour. Alors, je profite ? Je sais pas, mais disons que les conseils prodigués par la belle barmaid ne sont pas complètement vide de sens. « Est-ce que ça fait de moi une idiote ? » C'est l'alcool qui parle, mon moi intérieur m'hurle que je suis la pire de mon espèce. Sauf que je n'ose pas accepter ce qualificatif envers ma personne. Je ne suis plus une petite fille naïve, je m'en rends compte. « Je veux dire, tu peux profiter et ne pas pardonner ? Ça ne fait pas de toi une mauvaise personne ? » Parce que depuis qu'il a reposé les mains sur moi, j'ai pas envie que personne d'autre me touche. J'ai pas envie d'en embrasser un autre, d'en découvrir un autre. Il y a que lui qui me fait cet effet là, et c'est pas faute d'avoir testé ailleurs. « Enfin, je m'en fous. Je vais profiter. Comme tu dis, ça va bien finir par exploser un jour ou l'autre et je me suis déjà trop brûlée à ce jeu pour tenter de reculer maintenant. » Je devrais y mettre fin, parce que je sais que ça me fera moins mal, mais j'ai envie de profiter un peu. Je me sens vivante avec lui, et même s'il a faillit mettre fin à mes jours, ils sont quand même plus ensoleillés lorsqu'il est là. |
| | | | (#)Jeu 27 Avr 2017 - 11:55 | |
| Angelina Gilmore était très expérimentée en matière de relation interdite et d’histoire d’amour passionnelle et destructrice. Il suffisait qu’on lui dise que c’était une mauvaise idée pour qu’elle se jette dans la gueule du loup. C’était le genre de gosse à problème qui tombait amoureuse toutes les 30 secondes du bad boy du lycée. Les gens la jugeaient pour ça mais au moins elle avait des choses à raconter. C’était son choix de vie, bien qu’elle s’était très clairement calmée lorsqu’elle était devenue maman. Pour ainsi dire, sa vie était devenue carrément chiante. Alors elle vivait un peu par procuration en écoutant Azur lui faire part de ses misères en amour. Lorsque son ancienne amie lui demanda si ça ne faisait pas d’elle une idiote, Angelina haussa les épaules avec lassitude « On est toutes des idiotes quand on tombe amoureuse d’un mec pas fait pour nous. C’est le propre de la passion, ça nous rend totalement conne. Sois pas trop dure avec toi-même Azur t’es pas la première ni la dernière à qui ça arrive. Le plus important c’est qu’il te respecte. Pas de violence physique ou verbale. Ou même psychologique. Ça c’est la limite. » insista la belle brune. Elle-même n’avait pas respecté cette limite mais il fallait quand même qu’elle lui dise. Parce que parfois les gens sont en souffrance plus qu’on ne le croit et Angelina ne voulait pas, au cas où, excuser le mauvais comportement potentiel du mec qui rendait folle Azur. « Mais bien sûr que non t’es pas une mauvaise personne ! » s’exclama Angelina en passant en bras au-dessus du bar pour lui frotter affectueusement l’épaule. « Au-delà du fait qu’on a tous le droite à une seconde chance, t’as le droit aussi de vouloir prendre ce risque alors prends le tu verras bien. Les gens qui t’aiment vraiment seront là dans tous les cas donc fonce. » Angelina était implacable quand il s’agissait de profiter de la vie. Elle était du genre à crier des YOLO avant un saut en parachute, pas à sortir la carte de la raison et de la bienséance. « Après j’sais pas si je suis forcément de bon conseil. Tu te souviens bien de la vie que j’ai mené avant d’être maman. C’était franchement n’importe quoi même si Arthur avait essayé de me stabiliser un peu… Je donnerais n’importe quoi pour retrouver un peu de folie. Ma vie a été si ennuyante ces derniers temps. » soupira t-elle en nettoyant le fut à bière. |
| | | | (#)Mer 3 Mai 2017 - 11:31 | |
| J'aime bien Angie, mais je pense que si je l'avais fréquenté il y a bien longtemps de cela, je serais sûrement encore plus perdue qu'aujourd'hui. En fait, elle me fait réellement penser à moi, mais en version encore plus intense, le genre de femme qui fonce dans la vie à 100km/h sur un véhicule sana frein, acceptant la chute telle qu'elle sera. Peut-être qu'elle a une meilleure capacité que moi à se relever des coups bas, des coups qui te laissent facilement au sol durant des années. Un verre à la main, j'ai presque envie de lui dire. De lui dire que cet homme, je l'ai supplié d'être avec lui, mais qu'il m'a dit non. Que c'est le même homme qui m'a presque tué par sa conduite dangereuse il y a trop d'années de cela, détail que j'oublie en une seconde alors qu'il ne pose que les yeux sur moi. Je me sens conne, conne, conne, et Angie me prouve que je le suis en affirmant que nous sommes toutes des idiotes. Je ris, parce que bordel, elle a raison. Du moins, pour moi, parce que je ne suis pas la femme à féliciter pour ses choix sains et réfléchis. J'hoche la tête quand elle me parle de limites, analysant mes dernières rencontre avec mon homme. Si le sujet de la violence verbale doit être abordé, ça serait plus moi sur son cas, vu à quel point je ne suis pas tendre avec lui. Ça me fait avaler de travers. Ça me rassure cependant qu'elle me dise que les gens qui tiennent réellement à moi seront toujours là, peu importe mes décisions. Je roule mes pouces, parce que cette conversation me donne envie de me lancer. De laisser le passé dans le passé, de me concentrer seulement sur les frissons qui parcourent mon corps quand Orion posent les mains sur moi, et de faire comme si de rien n'était le lendemain, restant seule avec mes multiples baffes mentales. « Non, mais je pense que t'as raison sur certains points, et c'est pas la vie que tu menais qui t'enlèves de la crédibilité sur le sujet... » Clairement pas. C'est même le genre d'avis dont j'ai cruellement besoin en ce moment. « Mais je sais pas, c'est terriblement compliqué. Pourquoi faut que tout soit compliqué, en fait ? Pourquoi on se pose des milliers de questions pour au final se torturer et ne jamais avoir la réponse ? » Je me laisse aller vers l'arrière, lâchant un ugh peu gracieux qui laisse entrevoir tout mon mécontentement. « Moi j'avais une petite vie très tranquille aussi, tu m'as connu quand je sortais pas mal, mais disons que depuis quelques années j'ai complètement changé de rythme de vie. C'est le retour de Matt qui m'a fait reprendre le goût à mes anciennes habitudes. » Enfin, pour ce qui est des sorties. Je repose les mains sur le bar, pianotant au rythme de la chanson qui joue plus loin. « Toi, tu regrettes ton ancienne vie ? » Je relève les yeux vers Angie, tentant de savoir si elle a accepté ses erreurs comme une part entière de son parcourt, un peu comme moi je devrais le faire au lieu de me terrer dans ma rancoeur et ma colère. |
| | | | (#)Mer 3 Mai 2017 - 14:56 | |
| Bizarrement cette conversation avec Azur faisait réaliser à Angie à quel point elle s’était sentie seule ces dernières années. Elle se rendait compte qu’elle avait besoin de ce genre de conversations entre filles, parler de tout et de rien, puis de leurs sentiments, de ce qu’elles traversaient. C’était tellement thérapeutique de se sentir assez confortable avec quelqu’un pour examiner la profondeur ou la vacuité de sa vie. Angelina appréciait chaque mot échangé avec son amie et elle espérait secrètement qu’Azur reviendrait plus régulièrement dans sa vie, c’était agréable de lâcher un peu prise. En tant que maman, Angelina n’avait pas le droit de perdre du temps avec des questions existentielles qui risquaient de réveiller ses mauvais démons, mais elle sentait que c’était quand même bénéfique pour elle d’avoir quelqu’un auprès de qui elle pouvait tout de même lâcher un peu de lest. Elle ne put s’empêcher de sourire lorsqu’Azur répliqua qu’elle était d’autant plus crédible après tout ce qu’elle avait traversé. « Bah écoutes pour une fois que je suis crédible à propos de quelque chose, mes galères m’auront au moins donné ça. » s’amusa la jolie brune en servant un habitué. C’était une soirée calme et Angelina pouvait ainsi accorder toute son attention à la jolie infirmière. « Parce que si c’était pas aussi compliqué on se ferait drôlement chier, Adèle n’aurait jamais fait de musique, on aurait jamais connu One Tree Hill ou Dawson. Tu veux vraiment vivre dans un monde où tu peux pas chanter Someone like you complètement bourrée et triste dans un karaoké ? » Elle parla alors de Matt et des mauvaises habitudes qu’il lui avait fait reprendre, Angelina éclata de rire. « On en attend pas moins de Matt’, il essaie de bien faire je pense qu’il aimerait te changer les idées. » Et c’est là qu’Azur lui posa LA question. La question qu’Angelina essayait d’esquiver à chaque fois lorsqu’elle se la posait elle-même. Est-ce qu’elle regrettait sa vie d’avant, celle dans laquelle tout était si compliqué mais si… Grisant. Celle où elle n’avait de comptes à rendre à personne et vivait sa vie comme elle l’entendait ? La jeune femme sentit son corps se raidir, puis se détendit et haussa les épaules. « Est-ce que je voudrais d’une vie sans Abel ? Non. Est-ce que je fantasme sur ma vie d’avant, celle où je faisais ce que je voulais et où j’avais l’impression d’avoir une autoroute devant moi ? Oui clairement, je me fais terriblement chier et j’en peux plus de changer des couches et de me battre pour lui faire avaler ses petits pots ou ne pas foutre ses doigts dans la prise électrique. » soupira t-elle. « Mais, c’est tabou tu sais. Quand t’as été maman contre ta volonté t’es censée dire que tu trouves ça génial et que tu le referais si c’était à refaire. Sauf que je le referais pas. Le frisson et l’imprévu me manquent à mort j’ai l’impression qu’on m’a volé ma vie. » |
| | | | (#)Mer 10 Mai 2017 - 0:35 | |
| C'est fou comme quelques mots échangés avec Angelina suffisent à panser un peu mes blessures de coeur. Pendant des années, je me suis jurée que le silence serait le meilleur des remèdes, ne parlant aucunement des tracas de ma vie amoureuse ou de mes songes interdits à personne. J'ai pris sur moi, durant bien trop longtemps, les épaules voutées sous le poids de mes secrets. Tel un animal en cage, j'errais, cherchant une sortie que je pouvais même pas atteindre, qui ne devait même pas exister en fait. Pourtant, c'est facile de simplement aller voir quelqu'un en qui on a confiance et de faire part de ses peurs, normalement les gens qui vous aiment sont là pour ça. J'hoche la tête, consciente que la raison pour laquelle je suis incapable de m'ouvrir aux autres, c'est lui. Parce que lorsque j'avais besoin de son support, je n'ai eu que le silence comme réponse et ça, c'était vraiment trop difficile à supporter. Alors je me suis créé cette mentalité comme quoi je n'ai besoin de personne pour être heureuse, mais depuis quelques mois, je réalise qu'être seule est réellement pire que tout. Et même si je ne peux affirmer que ceux que j'aime seront là lorsque j'en aurai besoin, je ne peux pas continuer de la sorte. Je lâche un rire quand Angie fait une analogie à Adèle et ses chansons tristes: la preuve vivante que les épreuves ne sont pas la fin de notre vie et que partager sa peine peut être bénéfique. Un bénéfice sûrement dans les six chiffres pour la chanteuse. Sauf que la conversation revient bien vite plus sérieuse et j'écoute mon amie se confier sur les changements que devenir maman ont apportés à sa vie. Je déglutis, ne sachant pas réellement quoi répondre. Et j'ai beau tourner mes pensées dans tous les sens, je ne sais toujours pas quoi lui répondre, alors j'opte pour l'honnêteté. « J'avoue que je ne peux pas tout comprendre...» Logique, je n'ai pas d'enfant. « Mais moi aussi, ma vie a pris un tournant imprévu. Je sais pas si t'as su pour mon accident ? Enfin, juste... » Je balaye l'air d'une main, peu désireuse de m'étaler sur les détails, le sujet restant beaucoup trop sensible pour que je puisse en parler normalement. Il n'y a qu'avec Matt que le sujet peut se pointer dans une conversation sans trainer avec lui un lot de lourdeur que personne ne souhaite gérer. « Je sais c'est quoi voir sa vie changer du jour au lendemain, et je peux comprendre ça, du moins... » Je baisse les yeux, consciente que je suis d'une piètre aide. « Et moi aussi, ça me manque parfois. Je pense que c'est pour ça que je suis sortie avec Matt, j'ai envie de toucher à mon passé qui m'a filé entre les doigts, de me dire que tout est comme avant alors que pas du tout. » Je souris alors que je replonge mon regard dans celui de mon amie. « Je pense que toi et moi, en fait, on a réellement plus en commun qu'on pensait. » Je ris, tentant d'alléger un peu la conversation. « Et tu sais quoi ? Je pense que je vais accepter ton offre: il faut que je rencontre Abel. » Et quand je dis ça, je ne pense même pas à Matt, ni aux autres, bien que ce père potentiel attend de mes nouvelles très bientôt. Non, en ce moment, je sais pas pourquoi, il n'y a qu'Angie, ses bouteilles, nos coeurs lourds et nos sourires timides qui sont la preuve qu'on peut bien s'en sortir, bien accompagnées. |
| | | | | | | | shots & revelations | Angie |
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