« Il reste plus que chocolat et caramel en parfums, j’espère que t’aimes ça quand même ! » Sortant la tête du congélateur, Debra prit les deux pots de glace avant de les poser sur la table de la cuisine. Attrapant un plateau et deux grandes cuillers, elle finit par rejoindre le salon de nouveau où Félix était sur le canapé, télécommande à la main, Netflix allumé sur grand écran. La jeune femme posa le plateau sur la table de salon, s’affalant sur le sofa. « Nous partons à une soirée, on vous laisse la maison, pas de bêtises ! » Elle avait pris une voix étouffée et aggravée pour imiter un homme. « J’ai l’impression que quand Gauthier s’adresse à nous parfois, il nous prend pour des enfants. » Elle soupira avant d’attraper le paquet de chips des mains de Félix et d’en manger une bonne poignée. Depuis qu’elle n’avait plus le petit être dans son ventre, elle avait pu se remettre à manger de la nourriture malsaine sans culpabiliser à la fin de la journée de tuer son enfant. Et puis surtout, elle avait pu reprendre ses habitudes et aller courir souvent, couplant ses footing avec des séances à la salle de sport; la junk-food qu’elle ingurgitait était, de cette façon, assez vite éliminée. « Et du coup tu n’avais rien de mieux à faire toi ce soir que de venir me tenir compagnie comme Charlie et ses drôles de dames sortaient ? » Elle leva un sourcil en direction de Félix. Pas qu’elle n’était pas contente qu’il vienne lui tenir compagnie, au contraire, elle appréciait beaucoup Félix - bien qu’ils n’aient pas réellement eu le temps d’apprendre à se connaître, puisqu’avec son handicap abdominal, elle avait évité tout le monde comme la peste. « T’avais pas des minettes à aller draguer ? » Parce-qu’elle n’avait jamais sa langue dans sa poche et, qui plus est, elle vivait avec Charlie. Elle était donc au courant de toutes les histoires autour de ses amis à lui.

« Il reste plus que chocolat et caramel en parfums, j’espère que t’aimes ça quand même ! » la voix de Debra me sort de ma contemplation de Netflix, n’ayant pas encore trouvé le bon programme qui accompagnera cette soirée en tête à tête dans une maison qui n’est pas la nôtre. « Je prends le chocolat ! » j’annonce immédiatement. Certains diraient que ça ressemble à un début de film d’horreur, deux jeunes, le soir chez eux, prêts à se faire une soirée films dans une immense maison et bam un tueur rôde. Heureusement, on n’est pas perdus au milieu d’une forêt, près d’un lac, ça aide pour cacher les corps. « J’ai l’impression que quand Gauthier s’adresse à nous parfois, il nous prend pour des enfants. » je lâche un rire, amusé à la fois par sa remarque et son imitation du propriétaire des lieux avec qui j’évite de rester trop longtemps dans une pièce. Je crois qu’il n’a pas encore tout à fait digérer le fait qu’il ait failli prendre une hypothèque sur cette baraque pour rien, merci Félix et sa maladresse légendaire. « S’il pouvait aussi me donner de l’argent de poche comme on fait à un gosse, j’dis pas non » rien d’imaginer cette scène, je m’en étoufferai presque de rire. C’est tellement loin de la réalité que ça me pousserait presque à lui demander un jour, juste pour voir sa réaction. « Et du coup tu n’avais rien de mieux à faire toi ce soir que de venir me tenir compagnie comme Charlie et ses drôles de dames sortaient ? T’avais pas des minettes à aller draguer ? » pour toute réponse, je lui offre mon plus beau sourire, avant de prendre un air qui se veut séducteur « et tu crois que je fais quoi ici ce soir ? » qu’on s’entende Debra est une jolie femme, mais je ne l’ai jamais vue de cette façon, sûrement parce que lorsque je l’ai rencontrée elle était enceinte et quand on est un gars bien, on essaie de ne pas fantasmer sur les femmes enceintes…non ? « Maintenant que t’as retrouvé la ligne, je me suis dit qu’il y avait moyen, ’fin tu vois quoi » heureusement, je ne drague pas souvent, je connais très bien l’étendu de mes talents dans le domaine : nul. Enfin, j’ai essayé une fois et c’était terrible, heureusement, j’avais assez bu pour croire que l’affaire était dans le sac.

« Je prends le chocolat ! » Debra ne fut pas réellement étonnée. Elle présentait que le jeune homme allait vouloir prendre ce parfum là - mais qu’importe, du moment que ce n’était pas pour lui voler du citron, elle s’en fichait de prendre l’un où l’autre. « Adjugé. » Rapidement, le postérieur de la jeune femme vint rencontrer le moelleux du canapé du salon des Hazard-Perry, a.k.a le meilleur canapé que Debra ait pu connaître. En même temps, vu le prix que Gauthier avait du mettre dedans, ce n’était pas étonnant. « S’il pouvait aussi me donner de l’argent de poche comme on fait à un gosse, j’dis pas non » Alors qu’elle prenait une première cuiller de glace - elle avait décidé de ne pas attendre l’arrivée des pizzas pour commencer le dessert -, elle faillit faire une fausse-route. « Je ne dirai pas non non plus. J’ai l’impression de ne pas avoir fait du vrai shopping depuis des décennies. Torture. » Elle incarnait bien le rôle de la princesse, dans cette histoire. Non seulement, Gauthier n’avait pas eu son mot à dire sur l’incrustation de Debra au sein de son foyer, mais en plus, elle trouvait des choses à redire. Elle n’était jamais pleinement satisfaite, il fallait croire. « et tu crois que je fais quoi ici ce soir ? Maintenant que t’as retrouvé la ligne, je me suis dit qu’il y avait moyen, ’fin tu vois quoi » La jeune femme regretta directement de lui avoir demandé s’il n’avait pas des minettes à draguer ce soir au lieu de rester avec elle devant la télé. Elle prit un des coussins qui trainaient et l’assassinat sur la tête de Félix. « Et tu te crois drôle en plus. » A la fois sarcastique et un peu dure, sa voix trahissait bien son état d’esprit encore incertain et fragile concernant le sujet de la grossesse. Bien que la plupart du temps, elle présentait qu’elle était passée au dessus, au fond, elle savait que ce n’était pas si vrai. Mais avant qu’elle assassine réellement Félix, la sonnerie de la porte d’entrée se fit entendre. « C’est toi qui te lève pour les pizzas, je suis allée chercher les glaces ! »

Je récupère le pot de glace et je l’entame, quitte à faire entorse à mon régime, autant le faire bien comme il faut non ? Bon, je prévois d’en garder un peu pour la manger avec la pizza, car y a rien de mieux que le mélange pizza-glace, quand on a un semblant de bon goût, on approuve et visiblement, il n’y a pas beaucoup de personnes sur terre l’ayant. « Je ne dirai pas non non plus. J’ai l’impression de ne pas avoir fait du vrai shopping depuis des décennies. Torture. » Et je hoche la tête, l’air de dire, je comprends ma sœur, je comprends ta douleur. Bon je n’étais pas tellement shopping, certainement pas autant que Debra et certains de mes partenariats m’évitent d’aller écumer les magasins, ce pour quoi, je ressens beaucoup de gratitude. « Je pense que si tu sais te montrer gentille avec lui, il pourra te donner sa carte pour faire des folies » le sous-entendu est clairement mis en avant. Je parle bien sûr de gentillesse dans le sens biblique, car elle est autant appréciée par l’aîné de la famille et propriétaire de cette belle baraque que moi, quelque chose, qui, mine de rien, rapproche assez. En y pensant, je n’aimerais pas être à sa place, obligé de se coltiner deux têtes à claques parce que son cadet ne s’entoure pas comme un Hazard-Perry devrait. « T’es mignonne, montre lui tes atouts » et fais m’en profiter par la suite. Quand j’y pense, il n’a pas l’air d’être le gars branché par les filles Gauthier, ni par les mecs, plutôt du genre à aimer les plans bizarres. Comme se frotter contre le fauteuil en cuir dans son bureau jusqu’à excitation et en avoir fait son partenaire de vie et de jeux bizarres. Quoiqu’il a aussi la tête du mec des clubs SM qui te donnera la fessée en combinaison cuir moulante… peut-être pas la combinaison, trop Village People, mais ouais, il a une gueule à être branché bondage. Finalement, s’en suit mon plan drague des séries adolescentes sur Netflix, après tout, deux ados –de vingt-neuf ans- qui se retrouvent seuls un soir de week-end à mater des films avec pizza, c’est soit le début d’un film d’horreur, soit le début d’un rapprochement…avorté par Debra sur un ton sec et sarcastique qui devrait sûrement me pousser à ne pas en rajouter mais je suis sauvé par l’arrivée du livreur de pizza –là ça ressemble beaucoup plus à un film porno. « A vos ordres chef ! » je fais un salut militaire complètement maladroit et je file vers la porte récupérer notre repas du soir. « Merci » je dis en échangeant les billets contre la bouffe avant de refermer la porte. « Je me demande si une seule sera suffisante, j’ai un peu faim quand même » je la dépose sur la table avant de l’ouvrir « déjà découpée, c’est top » je récupère une part sur laquelle je mets un peu de glace avant de mordre dedans. « Ce truc est divin, goûte » je tends le mélange à la jeune femme.

« Je pense que si tu sais te montrer gentille avec lui, il pourra te donner sa carte pour faire des folies. T’es mignonne, montre lui tes atouts » Debra haussa un sourcil en direction de Félix avant de retenir un petit sourire en coin. Il avait raison, le bougre. Jusque maintenant, elle avait pas pu utiliser ce côté là avec Gauthier, puisqu’elle n’était pas en conditions pour que ça arrive. Mais maintenant qu’elle était de nouveau elle-même, elle pourrait peut-être tenter une approche différente avec Gauthier. Elle avait surement déjà dit à Charlie qu’elle boufferait bien son frère, c’était le moment de mettre son plan à exécution. Comme quoi, sans Félix, elle aurait presque oublié de mettre en avant ce côté là de sa personnalité, s’étant malheureusement habituée à le réprimer. Et elle allait le remercie avant qu’il ne tourne la situation plus personne et d’un seul coup, le fait de rendre ça plus actuel, plus personnel, plus réel, ça ne plaisait plus du tout à la jeune femme. Alors elle se contenta d’assommer Félix avec un des coussins du canapé. Il fut cependant sauvé d’une mort certaine par - littéralement - le gong, la pizza étant arrivée. Debra lui dit d’aller la chercher pour éviter de l’assommer de nouveau. « A vos ordres chef ! » Elle tira un petit sourire, tout de même, à son salut militaire complètement raté. Quelques instants plus tard, il était de retour avec le trésor entre les mains. « Je me demande si une seule sera suffisante, j’ai un peu faim quand même » Il déposa la pizza sur la table et Debra haussa les épaules. « Au pire on rappellera pour une deuxième pizza. » « déjà découpée, c’est top » Ils se ruèrent tous les deux sur la pizza, attrapant la première part qui leur venait. Et alors que Debra se mettait à manger sa part de pizza comme une personne normalement civilisée, Félix lui se mit à mettre de la glace dessus, avant de mordre dans la part de pizza comme s’il venait d’inventer le meilleur plat du monde. « Mais qu’est-ce que tu fais ?! » « Ce truc est divin, goûte » Les sourcils toujours froncés à la vision de cette horreur, Debra recula instinctivement lorsque le jeune homme porta la part de pizza à sa hauteur. « Dégage moi ça, c’est immonde, t’es en train de gâcher le plaisir quoi ! » Debra n’aimait pas trop tous les mélanges étranges qu’on pouvait trouver désormais dans les chaines de fast-food. Et il n’était pas question qu’elle commence à goûter des trucs douteux ce soir. [color]=indianred]« Lance un truc à la télé plutôt là, genre un film d’action ou une comédie. »[/color] Elle lui sortit son plus beau sourire, avant de déposer sa part dans son assiette et de se lever de nouveau. « Et j’ai même une superbe idée pour accompagner tout ça ! »

« Au pire on rappellera pour une deuxième pizza. » J’acquiesce, bien motivé par cette idée. La pizza et moi, une belle histoire d’amour qui remonte au début de mon adolescence. Loin d’être populaire dans mon bahut, j’ai trouvé réconfort dans la pizza comme les filles le font avec la glace, il n’y avait qu’elle pour me procurer la chaleur que recherche un adolescent normal. On se calme, je n’ai pas dit que je fricottais avec de la bouffe, je ne suis pas Gauthier et son canapé en cuir, disons que… oh et puis tant pis, on s’en fout au final. Je fais donc mon mélange, pizza et glace avec une immense fierté que je présente à Debra comme l’une des merveilles du monde « Mais qu’est-ce que tu fais ?! » pour seule réponse j’accepte de partager ma belle trouvaille avec elle, un moyen de l’intégrer dans mon club ou plutôt de recruter un membre qui défendra aussi bec et ongle ce mélange des dieux. « Dégage moi ça, c’est immonde, t’es en train de gâcher le plaisir quoi ! » Je prends sûrement l’air le plus choqué et meurtri de l’histoire de l’humanité, mais ça ne semble avoir aucune incidence sur la jeune femme, lorsqu’elle a déjà décidé de quelque chose, on peut dire que Debra est bornée, c’est sans doute le trait de caractère que j’ai remarqué en premier chez elle. « Lance un truc à la télé plutôt là, genre un film d’action ou une comédie.» « Arf, si on matait plutôt un film d’horreur ? » Mon errance sur Netflix s’était arrêté sur Conjuring dont j’avais vu le deux mais pas le premier, du coup je me suis dit que c’était l’occasion « Il parait qu’il est aussi bien que le deux » et puis, j’ai dit que se retrouver ainsi tous les deux dans cette immense baraque ressemblait à un début du film du genre autant rester dans l’ambiance « Et j’ai même une superbe idée pour accompagner tout ça ! » Je lève un sourcil dans sa direction, l’air de dire qu’est-ce que tu nous prépares encore ? « C’est quoi ? me dis pas que tu cachais une de tes copines dans le garage depuis tout ce temps »

L’expression faciale que lançait Félix à Debra n’eut le don que de lui faire lever les yeux au ciel. Il en faudrait plus pour que la jeune femme tombe dans le panneau et se mette à croire qu’il était sérieusement offensé. A d’autres, c’était une simple question de part de pizza et e glace après tout, pas de quoi en faire tout un plat, un cake, un fromage… Bref, le frigo devrait rester dans al cuisine. Elle la poussa donc à se ressaisir et à prendre en charge le choix du film. En lui indiquant bien sur ses préférences, elle n’allait pas laisser passer une occasion de s’imposer encore une fois. « Arf, si on matait plutôt un film d’horreur ? Il parait qu’il est aussi bien que le deux » Debra fit une petite moue, pas très convaincue. Un film d’horreur, c’était risquer de s’exposer un peu et de montrer à quelqu’un qu’elle pouvait avoir peur. Mais bon, après tout, en y réfléchissant trois secondes de plus, elle se disait que Felix, sachant qu’elle avait peur devant les films d’horreur, ne pouvait pas lui faire du mal. « Mouais vas-y mets en route ! » Elle se leva quelques secondes par la suite du canapé, indiquant au jeune homme qu’elle savait avec quoi ils pouvaient améliorer encore plus leur soirée. « C’est quoi ? me dis pas que tu cachais une de tes copines dans le garage depuis tout ce temps » Levant les yeux au ciel, elle pouffa légèrement de rire avant de disparaitre dans la cuisine et en réapparaitre quelques instants plus tard, une bouteille de téquila à la main, avec les verres, le sel et le citron qui allaient avec. « Voyons en plus qui de nous deux aura l’estomac le plus accroché. » Elle haussa un sourcil de défit en direction de Felix avant de poser tout son matériel sur la table.

Le moins que l’on puisse dire c’est que Debra n’est pas une sensible, ma mine déçu/chien battu n’a aucun effet sur elle, y a moyen qu’elle ait engueulé Blanche-Neige d’avoir croqué dans cette pomme offerte par une inconnue rencontrée en plein milieu de la forêt. Bon moi aussi, ah, je sais ! Debra a dû être insensible au sort de la mère de Bambi abattu par un chasseur. Et non, ça n’a rien à voir avec mes talents d’acteurs, qui, je sais, sont plutôt pas mal, sans vouloir me vanter bien sûr, la modestie avant tout. « Mouais vas-y mets en route ! » qu’elle accepte finalement mon choix de Conjuring, yes, victoire de la soirée ! Entre ça et la glace au chocolat, je ne me débrouille pas si mal. Je hoche la tête en appuyant sur play avant de mettre sur pause et en grand écran tandis que Debra disparait dans la cuisine à la recherche de je ne sais quoi, une seule chose dont je suis sûr c’est que ce n’est pas une de ses copines, dommage, on aurait passé une excellente soirée tous les trois sur ce canapé, en tout bien et tout honneur, bien sûr. « Voyons en plus qui de nous deux aura l’estomac le plus accroché. » Et la voici revenue avec le kit complet de téquila en main, ou comme j’aime l’appeler le kit pour un moment privilégié avec les toilettes, dans mon cas du moins. « Franchement, j’aurais préféré ta copine » Je lâche un petit soupir avant de hausser les épaules, elle n’attend pas vraiment mon avis, la décision étant prise. Elle dispose tout ce qu’elle tient sur la table et je regrette déjà de me saisir sur sel que je dépose sur ma main gauche avant de le glisser vers Debra qui dose les verres. Je n’ai jamais bu avec elle et j’espère qu’elle tient moins l’alcool que moi, sinon elle passera la nuit à tenir ma belle chevelure –grasse. « On part sur combien de shots ? »

Vu la tronche que tire Felix cette fois ci, elle n’est pas jouée et il n’est pas si enjoué par l’idée qui, à Debra, semblait fabuleuse. « Franchement, j’aurais préféré ta copine » Debra lui tira rapidement la langue avant de commencer à servir les verres. « De un, j’ai plus de copines, et de deux elles auraient été moins drôles que moi, dans tous les cas, donc moins drôle que moi sous téquila. Tu gagnes au change. » Et puis, elle avait eu huit bons mois de sevrage alcoolique, il fallait qu’elle les rattrape par tous les moyens. Même si ça signifiait forcer Félix à boire pendant une soirée télé alors que le seul truc qui semblait le brancher c’était de la pizza-glace devant Netflix. « On part sur combien de shots ? » Debra finit finalement par se mettre en place elle aussi, se tournant légèrement vers Félix, grand sourire aux lèvres. « Je t’aurai bien dit au minimum cinq pour commencer, sauf que je sais pas si tu vas tenir. Donc, on part sur trois et on verra par la suite. Au pire, j’ai vu que Gauthier avait du vin blanc dans la cuisine, on pourra passer à ça après pour que ce soit plus soft. » Elle finit par lever son shooter à hauteur d’yeux, grand sourire. « Un, deux, cul sec ! » Elle s’empressa de venir achever le combo sel plus téquila plus citron, tout en lâchant un petit cri de victoire à la fin de son premier shooter. Ca faisait du bien, ça lui faisait du bien. Elle n’attendait même pas de voir si Félix s’était lancé à son tour qu’elle prenait de nouveau la bouteille en main pour remplir les verres. Il n’y avait pas de temps à perdre, la téquila agissait vite uniquement si on la buvait vite et il était hors de question qu’elle se lance sur un film d’horreur en étant sobre.

« De un, j’ai plus de copines, et de deux elles auraient été moins drôles que moi, dans tous les cas, donc moins drôle que moi sous téquila. Tu gagnes au change. » Bon, une chose est sûre, elle sait comment vendre son produit ou peut-être que je suis trop curieux comme personne, qu’importe. « C’est parti ! » Une Debra saoule, ça rendrait curieux n’importe qui, enfin ça risque d’être drôle, en espérant que ce ne soit pas moi qui y passe le premier… quoique dans un cas ou dans un autre, ça le sera ! « Je t’aurai bien dit au minimum cinq pour commencer, sauf que je sais pas si tu vas tenir. Donc, on part sur trois et on verra par la suite. Au pire, j’ai vu que Gauthier avait du vin blanc dans la cuisine, on pourra passer à ça après pour que ce soit plus soft. » Minimum cinq ? J’essaie de ne rien laisser transparaitre de mon choc, mais je me souviens très bien que la dernière fois où j’ai dépassé les cinq shots de téquila… eh bien, je ne garde pas beaucoup de souvenirs de la soirée, ou bien était-ce cette fois où j’avais fini dans une baston dans une ruelle bizarre afin de sauver une personne que je ne connaissais pas ? Et ce n’était même pas une fille. « Téquila et vin blanc, toi tu veux vomir tes tripes » au moins ce n’est pas du vin rouge, car elle risquerait bien de sentir ce mélange des jours durant… ou ai-je un estomac fragile ? « Un, deux, cul sec ! » Sel, verre, citron, puis un grognement. Bizarrement je n’arrive toujours pas à me faire à cette brulure, un comble pour un mexicain qu’on me dit, je devrais apparemment être immunisé. Sans perdre une seconde, on est repartis pour un second round, un troisième,  puis un quatrième… le goût ne s’améliore pas, la brulure non plus. « Si on faisait une petite pause ? » je propose alors, en récupérant une part de pizza, je préfère de loin le goût de la sauce tomate. « Lançons le film plutôt, on pourra faire trois autres rounds après »

« Téquila et vin blanc, toi tu veux vomir tes tripes » Forcément, la réflexion de Félix fit sourire Debra. Non, elle ne voulait pas vomir ses tripes, elle voulait juste se mettre un peu la tête à l’envers - surtout qu’elle savait très bien qu’il lui en fallait plus pour finir réellement dans un état second. Elle avait donc, apparemment, déjà une longueur d’avance sur Félix. Et ça lui plaisait. Elle lança alors donc les hostilités en lançant le décompte pour boire leur premier shoot de téquila. Celui passa très bien, il faisait du bien par où il passait. Même si ça brûlait, ça faisait du bien. Et alors qu’elle était partie pour remplir de nouveau son verre, Félix lui tendit le sien par la même occasion. Elle ne se fit pas prier et le rempli sur le champ. Ils firent raisin quatre rounds de suite, et ce fut Félix qui rendit les armes en premier. « Si on faisait une petite pause ? » Debra leva légèrement les mains en l’air, comme pour montrer qu’elle était innocente dans cette histoire. « Lançons le film plutôt, on pourra faire trois autres rounds après » « D’accord minette, je t’attends au tournant ! » Elle reposa alors son verre sur la table, attrapant à son tour une part de pizza. Sa faim avait largement diminué avec l’alcool qu’elle avait pris, ce dernier lui remplissant le ventre. « Au final, je suis pas sûre qu’on ait besoin de la deuxième pizza. » Elle finit par rapidement engloutir sa part, puis sans rien demander à personne, elle vint s’allonger sur le canapé, la tête posée sur les jambes de Félix - comme si elle était chez elle, réellement. « Je te préviens j’ai peur des films d’horreur. » Elle avait prononcé ces derniers mots tout bas, comme si Félix n’allait pas les entendre mais au moins elle l’aurait prévenu, il ne pourrait pas se plaindre lorsqu’elle se mettrait à hurler au milieu d’une scène.

Je peux déjà sentir mon estomac en action, pas très content qu’on lui ait infligé un tel traitement, mais comment lui expliquer que je ne sais pas dire non aux propositions, surtout quand on le présente sous forme de défi ? Il faudra qu’il s’y habitue car ce genre de situations risquent de se reproduire, plus souvent que je ne le voudrais. Bien décidé à lui donner une pause, j’ai alors proposé une pause à Debra, le temps du film, le temps qu’elle oublie et que j’échappe aux autres rounds que j’ai proposé comme un grand ou comme un con, au choix. « D’accord minette, je t’attends au tournant ! » J’offre un sourire, j’espère que ce film est aussi bien qu’on le dit de quoi capter toute son attention au point qu’elle en oublie la téquila sur la table, et ma proposition par la même occasion. « Au final, je suis pas sûre qu’on ait besoin de la deuxième pizza. » Je jette un œil à la dite pizza, et ouais, finalement, il y a plus de parts que je ne l’aurais cru à ce moment de la soirée, « Je t’aiderai à finir ta part, t’inquiètes » tout est bon pour calmer mon estomac en colère du traitement que je viens de lui faire subir et puis bon, mon amour pour la pizza est trop grand pour que je laisse l’appétit d’oiseau –occasionnel- de Debra le gâcher. Sans que je m’y attende, elle vient se poser sur ses mes jambes et dans un élan de profonde gentillesse –j’ai mes moments- je récupère un coussin que je place sous sa tête « tu seras plus confortable comme ça » de mon côté je prends aussi mes aises, m’affalant sur sa canapé comme s’il est mien, il doit sûrement plus voir mes fesses que celles du véritable propriétaire quand on y pense. « Je te préviens j’ai peur des films d’horreur. » qu’elle avoue alors le film redémarre. « Ne t’inquiètes pas donc, je te protégerai, seulement si tu me promets de pas tomber amoureuse de moi »je lance sur le ton de la plaisanterie afin de la détendre, me remerciant au passage d’avoir protégé mes bijoux de famille au cas où elle sursaute et son coude ou je ne sais quoi d’autre me rende stérile avant l’heure.