Tout s’était passé tellement vite. L’accouchement, la césarienne, les premiers cris de la petite et puis ce moment là. Où Debra avait tenu sa fille, ce petit bout d’être humain pour la première fois dans ses bras. Un moment qui avait failli la faire changer d’avis, qui avait failli tout briser, toutes les choses qu’elle avait établi dans son parcours, toutes les barrières qu’elle avait forgé dans sa tête. Lorsqu’elle avait croisé le regard de cette petite chose qu’elle avait porté et senti pendant neuf longs mois. Elle avait, avant même de s’en rendre compte, versé une larme. Et elle avait passé l’enfant à la première personne du personnel médical qui se tenait à côté d’elle. Il fallait qu’elle l’oublie, qu’elle passe directement à autre chose. Il fallait qu’elle sorte d’ici. Mais vu qu’elle venait de se faire opérer, elle n’allait pas sortir directement, elle s’en doutait. Pourtant, Debra restant fidèle à elle même qu’importe les circonstances, elle avait forcé. Vingt-quatre heures elle était restée à l’hôpital avant de signer un papier de sortie contre avis médical. Il fallait qu’elle rentre chez Charlie, qu’elle retrouve son lit, qu’elle y reste pendant des jours pour s’en remettre - avant d’affronter une nouvelle épreuve, l’épreuve Tony pour lui annoncer qu’il était père mais qu’il ne verrait jamais son enfant. C’était sac sur l’épaule et téléphone en main que Debra sortit de sa chambre d’hôpital. Charlie ne serait pas tout de suite là pour la récupérer, il n’avait pas encore fini sa journée de travail. La jeune femme s’était donc mise à errer dans les couloirs de la maternité, de l’hôpital, comme l’âme en peine qu’elle était. Et, comme si son corps savait où elle ne voulait absolument pas aller, elle finit par se laisser mener par ses pas et se retrouver devant la bibonnerie - ou du moins devant cette porte qu’elle n’arrivait pas à ouvrir, qu’elle n’avait pas la force de pousser. Une larme s’échappa alors qu’elle avait la main posée sur le bois. Ses hormones la travaillaient encore, alors qu’elle aurait voulu en tête débarrassée pour toujours. Ce ne fut qu’après plusieurs dizaines de secondes à rester comme ça, sans bouger, qu’elle se rendit compte qu’elle n’était en fait pas seule dans ce couloir. Tournant rapidement la tête, elle enleva sa main de la porte avant de venir essuyer la larme qui avait coulé. « Je vous gêne le passage, excusez moi. » Debra n’était vraiment pas dans son assiette pour s’excuser aussi rapidement auprès de quelqu’un.

Elle finit, avec quelques secondes de latence, par se décaler en plus de s’être excusée, se rendant compte que les paroles, c'était bien beau mais si elle ne bougeait pas et que le jeune homme voulait vraiment passer, il se retrouverait bloqué quand même. « Oh non, ne vous inquiétez, je ne voulais pas forcément rentrer. » Debra se contenta alors d’esquisser un simple sourire, comme pour accuser réception des paroles du jeune homme. Et si en temps normal, Debra se serait contenté d’un haussement de sourcils avant de partir à moitié en courant voir ailleurs, aujourd’hui elle n’avait même pas la force de faire plus qu’un pas de côté. « Votre enfant est à l’intérieur ? » La question du jeune homme, du jeune inconnu, la stoppa sur place, même sa respiration s’était coupée pendant quelques secondes le temps que son cerveau analyse clairement la question et que son corps, ses émotions, décident de se mettre en fonctionnement. A plusieurs reprise, elle ouvrit légèrement la bouche, avant de la fermer rapidement, ne sachant si elle devait laisser des mots sortir. Glacée, sur place, et devenue muette par la même occasion. Le jeune homme dut remarquer que quelque-chose n’était pas normal, son regard changea, ses paroles aussi, surtout leur intonation. « Tout va bien ? » « Je… » Elle vint passer de nouveau une main sur son visage, pour être sure qu’aucune larme ne restait, avant de regarder légèrement autour d’elle. Elle ne s’attendait pas à rencontrer quelqu’un aujourd’hui, n’étant pas du personnel médical, lui posant cette question. « Je… Elle doit y être, je pense… » Elle baissa le regard, n’osant toujours pas en parler. Même si cet enfant avait enfin été sortie de son corps, elle n’arrivait toujours pas à en parler comme si c’était quelque-chose de passé, de normal. « Je n’en ai aucune idée en fait… » Elle parlait à voix basse, peut-être, mais contrairement à ce qu’elle aurait pu penser, elle parlait à quelqu’un aussi simplement que possible pour la première fois depuis longtemps.

Un petit silence s’était installé, et Debra savait que c’était sa faute qu’il était là. Après tout, quelle jeune femme comme elle, dont l’enfant était derrière ces portes, pouvait se permettre de pleurer normalement ? Avoir un enfant à son âge était vu par la quasi-totalité de la population comme une bénédiction. Comme quelque-chose de normal, un événement joyeux. Pour Debra, même si la partie où elle devenait enfin libre de son corps était un heureux événement, oui, le reste autour d’elle semblait d’écrouler en même temps que se reconstruire. Elle allait avoir besoin de quelques jours avant de redevenir elle même, la peste qu’on préfère éviter si on ne veut pas se recevoir un commentaire déplaisant en pleine tronche de bon matin. « Et hm ... Vous avez envie de la voir ? Vous avez peut-être envie de rester seule aussi, je vous dérange sans doute. » Debra lève de nouveau le regard vers le jeune homme. Elle était en train de le mettre dans une sale position, elle le savait. Il n’avait rien à faire là, mais semblait beaucoup trop poli pour partir en laissant la jeune femme en plan. Elle tenta de tirer un petit sourire poli - qui devait plus ressembler à une grimace qu’autre chose, vue de l’extérieur. « Bizarrement, j’aurai presque envie de la voir, effectivement… Mais je… Je ne sais pas si j’y suis autorisée désormais. Et vous ne dérangez pas. A vrai dire… Vous êtes le premier à pas me poser la question. » Parce-que toutes les personnes avec qui elle avait eu une conversation et où le sujet de l’enfant était arrivé dans la conversation, lui avaient demandé pourquoi. Pourquoi elle abandonnait son bébé, pourquoi elle ne prenait pas son courage et ses responsabilités à deux mains pour le garder, l’élever, l’aimer. Le jeune homme en face d’elle avait dû comprendre qu’elle n’était pas dans la meilleure attitude pour une femme contente de devoir venir voir son enfant. Il avait dû comprendre la situation. Et pourtant, il n’avait pas demandé pourquoi. « Le premier à ne pas me demander pourquoi. Et… Merci. » Parce-que ça lui faisait du bien de ne pas avoir à réfréner tout le temps les sentiments qui s’entrechoquaient entre eux à l’intérieur. Elle était sûre de sa décision, mais ce n’était pas pour autant qu’elle se sentait mal par rapport à ça.

La remarque qu’a fait Debra au jeune homme a instauré un petit silence entre eux, sans pour autant qu’il ne soit réellement dérangeant. Après tout, ils font face à une situation plutôt inhabituelle, et à celle ci vient donc s’ajouter des moments hors normes. Pour une fois qu’elle ne se sentait pas non plus obligée de combler un silence pour être sûre qu’on ne lui pose pas de questions trop indiscrètes, elle devait avouer que c’était agréable aussi. « Je suis certain que vous devez avoir vos raisons. » Toute trace, pendant ce moment privilégié, de la Debra casse-couilles ayant disparue comme par magie, ce fut un sourire prendre attendri qui s’étira sur son visage. Il n’était pas gros, mais c’était au moins un prémices de sourire. Elle vit cependant du coin de l’oeil le jeune homme qui semblait chercher quelque-chose dans ses poches. Lorsqu’il s’adressa de nouveau à elle, un bout de papier en main, elle fronça quelque peu les sourcils. « Hm ... C’est ma fille, j’ai pas pu être là pour sa naissance ou pendant ses premiers mois. Et je donnerais tout pour pouvoir simplement la voir le jour de sa naissance. » Debra observa la photo pendant quelques instants. Le bébé qu’il lui montrait était assez grand aujourd’hui, et la photo ne semblait pas vieille, comme s’il l’avait obtenu que récemment. « Votre fille est bien plus jolie maintenant, croyez moi, ils sont moches quand ils viennent de naître. » Bien sur que ça n’allait pas consoler le fait qu’il n’avait pu voir sa fille petite, mais elle ne pouvait renier complètement qui elle était et faire de mauvais commentaires ou de mauvaises blagues de ce genre, c’était tout à fait elle. « Mais je suis sûre qu’elle est très heureuse de vous avoir maintenant, c’est ce qui compte. Une bonne famille… » Elle inspira profondément, contrôlant la vague d’émotions qui venait la titiller de nouveau. Oui, une bonne famille aimante et compétente, c’était ce dont tous les enfants avaient besoin. Pas d’une demi-épave comme l’était devenue Debra.

Matteo il n’a pas l’intention de s’immiscer dans la vie privée de cette inconnue qui vient certainement de prendre une des décisions les plus difficiles de sa vie. Il se dit que tout humain sensible doit avoir ses propres raisons, que prendre une décision comme celle-là n’est certainement pas aussi facile que ce qu’on veut bien dire. Alors il ne lui demande rien, ne lui demande pas pourquoi, parce qu’il peut imaginer à quel point cela devait être difficile sans qu’il n’ait besoin d’en rajouter, et surtout parce que ça ne le regarde pas. Pour autant, il ne sait pas quoi faire, quoi lui dire, lui conseiller, parce qu’il se doute que toutes ses paroles n’y changeront rien, qu’ils ne réussiront pas à mettre un sourire sur ce visage ni à l’aider à prendre une décision. Sans trop réfléchir il vient sortir une photo de Cami de son portefeuille pour la montrer à la jeune femme. Lui il aurait aimé être là ce jour-là, ne la voir ne serait-ce que deux secondes, peut-être que ça l’aiderait à elle aussi de la voir une dernière fois avant de retourner à sa vie, sans qu’elle ne puisse toutefois effacer ce souvenir de sa mémoire. Un léger rire vient s’échapper de ses lèvres à la remarque de la jeune femme. « Je suis légalement obligé de dire qu’elle a toujours été jolie. » ajoute-t-il pour tenter de rendre l’atmosphère un peu moins pesante. A vrai dire, il le pense mais certainement parce que c’est sa fille, et pas celle des autres, et qu’il ne se permettrait pas de dire une chose pareille. « Je suis certain qu’elle finira par trouver une famille aimante. Tout va bien se passer pour elle. » C’est peut-être un peu naïf de prononcer de telles paroles, surtout à une maman qui vient de dire adieu à son propre enfant, mais il essaie de la rassurer du mieux qu’il le peut.

Le jeune homme s’autorisa un léger rire lorsque Debra lui dit que sa fiche devait être bien moins belle à la naissance. « Je suis légalement obligé de dire qu’elle a toujours été jolie. » Le léger sourire que Debra avait réussi à tirer quelques instants plus tôt vint s’agrandir. Un léger centimètre, mais c’était preuve que les mots qu’utilisaient le jeune homme étaient efficaces, qu’il avait réussi à lui faire oublier son chagrin et la raison de sa visite pendant quelques instants. Son coeur était quelque peu plus léger, bien que toujours gorgé de chagrin, mais au moins c’était toujours ça de pris comme on disait. « Je suis certain qu’elle finira par trouver une famille aimante. Tout va bien se passer pour elle. » Debra haussa quelques peu les épaules, laissant le droit à une nouvelle larme de couler. « Vous avez surement raison. » C’était ce dont elle pouvait rêver de mieux maintenant pour ce petit être avec qui elle avait passé plusieurs moins en étant consciente de sa présence. « Vous devez avoir raison oui… » Elle avait répété une seconde fois sa phrase, mais d’une voix plus basse, un peu pour elle même. Comme si elle tentait de se convaincre que c’était vraiment et toujours la meilleure des décisions qu’elle prenait. Parce-qu’une famille aimant qui n’attendait que ça, un petit bambin à chérir, viendrait à elle très rapidement. Debra pourrait retourner à sa vie d’avant sans ne plus avoir à se soucier de quoi que ce soit. Profiter du reste de sa jeunesse. Elle finit par lever un regard vers le jeune homme, qui n’avait toujours pas bougé d’un pouce, qui restait pour elle alors qu’elle n’était qu’une simple inconnue, une demoiselle en détresse comme certain diront. « J’espère que votre fille aura une âme aussi belle que la vôtre. » Parce-que oui, parfois, il arrivait à Debra de sortir des phrases gentilles à des gens qu’elle ne connaissait pas. Ce n’était que dans les moments de détresse, de fragilité, mais ça arrivait. Elle finit par inspirer un bon bol d’air, parlant toujours d’une voix tremblante mais un poils plus légère. « Merci à vous, de vous êtes arrêté un instant. J’espère que je ne vous ai pas dérangé dans votre programme avec mon histoire de petite fille… » Au sens propre comme au sens figuré, d'ailleurs. Elle lui fit un petit sourire en coin désolé.

Il essaie de lui redonner le sourire, comme il le peut, parce qu’il sait que la tâche ne sera pas aisée. Il n’a jamais été confronté à une telle situation, et il ne sait pas ce qu’il convient de dire, peut-être rien après tout. Mais de voir son sourire s’agrandir légèrement lui fait plaisir, et lui donne l’impression de ne pas être complètement inutile. Il voudrait pouvoir la rassurer, lui dire que tout va bien se passer, même s’il ne peut pas en être certain, mais il espère que sa fille finira par trouver une famille qui lui donnera tout l’amour dont elle a besoin. Mais ces paroles n’ont pas l’effet escompté et il se mord légèrement la lèvre lorsqu’il voit une larme rouler le long de la joue de la jeune femme. Il n’est plus certain de la marche à suivre, de ce qu’il devrait faire ou dire. Alors il se contente de se taire, parce qu’il sait que rien de ce qu’il pourra dire ne saura la consoler. Il reste tout de même là, il n’a pas envie de la laisser toute seule dans un tel moment et il se dit que si elle avait envie de le voir partir elle lui aurait déjà demandé. « Merci. » dit-il dans un sourire sincère après qu’elle lui ai dit espérer que sa fille ait une aussi belle âme que la sienne. Il n’est pas certain de la véracité de ses paroles, mais toujours est-il que ça lui fait plaisir. « Non vous ne m’avez pas dérangé du tout. » Il n’avait rien de prévu au programme après son passage à l’hôpital, et même si ça avait été le cas il n’aurait pas envisagé cette rencontre comme une perte de temps. « J’espère que tout va finir par s’arranger. » Pour elle, pour sa fille qui était dans cette salle, il espérait que tout finisse par rentrer dans l’ordre, même si elle ne pourrait certainement jamais oublier cet enfant. « J’allais boire un café si vous voulez venir. » Boire un café avec un inconnu n’était sans doute pas ce dont elle avait besoin maintenant mais il lui proposait tout de même, n’ayant pas le cœur de la laisser seule avec son chagrin.

« Merci. » Et elle était sincère. Elle n’avait vu ou connu que très peu de personnes qui auraient été capables de s’arrêter pour tenter d’apaiser le chagrin d’un inconnu. Et pourtant, lui, il l’avait fait. « Votre compagne est chanceuse de vous avoir. » Bien sure qu’elle ne pouvait savoir et qu’elle mettait les deux pieds dans le plat. Mais pour une fois, elle tentait juste de dire ce qu’elle avait sur le coeur, sans se préoccuper de si on pourrait la juger ou non. « Non vous ne m’avez pas dérangé du tout. J’espère que tout va finir par s’arranger. » Elle hocha fébrilement la tête. « Comme toujours. » Parce-qu’avec le temps, tout finissait toujours par s’arranger. Rarement de la façon dont on l’avait prévu, mais ça irait par aller mieux - elle l’espérait très fortement en tous cas. « J’allais boire un café si vous voulez venir. » Etonnée de la proposition, elle leva un regard un peu perdu vers le jeune homme avant de venir tirer un sourire faible. « C’est très gentil… » Parce-qu’il y avait toujours un mais, parce-que la vie ne pouvait pas se permette d’être juste simple, juste là, devant nous où on aurait juste à la croquer en profitant. Il y avait toujours quelques éléments qui faisaient que tout se compliquait, tout finissait aussi par faire mal. « … mais j’ai quelqu’un à aller voir. Son père, à vrai dire. Mais vous en avez rien à faire, je sais pas pourquoi je vous raconte encore tout ça… » Si quelqu’un en venait à voir Debra sous ce jour là, il serait sur le cul. Elle n’arrêtait pas de s’excuser, d’être douce et sensible, gentille. Tout ce qu’elle n’était pas en temps normal, tout ce que ses parents n’avaient pas arrêté de regretter dans leur fille - tout ce que les autres attendaient d’elle normalement.

Le regard de Matteo est fuyant pendant quelques secondes, venant trouver le mur en face de lui, quelques secondes où la jeune femme lui parle de Cleo, sans le savoir. « On n’est plus ensemble. » C’est un peu de nostalgie qui vient se mêler à de la peine, et de la tristesse qui viennent prendre place dans le regard du jeune homme. Il aurait aimé qu’elle n’aborde pas le sujet, mais c’est trop tard, alors il va falloir qu’il oublie, qu’il essaie de faire comme si elle ne lui avait rien dit. Il n’est pas là pour parler de lui et encore moins de ses problèmes de cœur. Encore désolé de la voir dans cet état, il hésite à partir et la laisser dans cet état. Ca l’émeut plus qu’il ne voudrait l’admettre de la voir aussi démunie, même s’il ne la connait pas, et il n’a pas envie de la laisser seule avec son chagrin. Sans trop réfléchir il l’invite à prendre un café avec lui si elle le veut, si elle a besoin de compagnie, si elle a besoin de parler, il sait être une oreille attentive lorsqu’il le faut, et même si son chemin ne croisait plus jamais celui de la brune il aurait au moins le sentiment d’avoir fait tout ce qui est en son pouvoir pour essayer de la réconforter. Elle refuse toutefois sa proposition lui disant qu’elle doit voir le père de sa fille. A vrai dire ce n’était pas une réponse à laquelle il s’était attendu. « Ne vous inquiétez pas. Vous pouvez vous défouler avant d’aller le voir si ça peut vous aider. » S’il peut être d’une quelconque utilité avant de partir, il la laissera l’insulter si elle le veut. Parce qu’il imagine qu’ils ne sont pas en très bon termes, mais après tout, il fait simplement des suppositions hasardeuses basées sur les quelques minutes qu’il a passées avec elle.

« On n’est plus ensemble. » Bien sur, pour l’un des seuls compliments que Debra faisait dans sa courte vie, il fallait qu’elle fasse une bourde et qu’elle mette mal à l’aise la seule personne qui était venue lui tendre la main dans ce moment difficile et particulier. Elle ne s’attarda pas plus longtemps sur le sujet et leur conversation dériva vers une proposition de café. En temps normal, si elle avait été dans son état normal, Debra aurait tout de suite accepté le café. Mais là, elle se voyait obligée de décliner l’offre. Elle s’était promis qu’elle passerait chez Tony et Elea pour voir Tony et lui annoncer la nouvelle. Comme elle l’avait promis à sa meilleure amie qu’elle le ferait, si elle ne voulait pas que ce soit cette dernière qui annonce la nouvelle à leur connaissance en commun. « Ne vous inquiétez pas. Vous pouvez vous défouler avant d’aller le voir si ça peut vous aider. » Elle eut un petit sourire en coin. « Ce serait cruel de ma part. » Et puis surtout, pour une fois qu’elle faisait preuve d’une gentillesse sincère et pendant plus de trois minutes, il fallait qu’elle continue, que Matteo en profite - au final, ils auraient peut-être du aller boire ce café pour fêter cette occasion spéciale concernant l’humeur de Debra. Ca devait être la fatigue qui causait à sa place, qui agissait à sa place. Ou son corps qui remettait doucement ses hormones en place. Elle finit par baisser la tête, un peu gênée. « Du coup… Merci encore à vous. Et bonne continuation avec votre fille. » Souriant délicatement, Debra commença à emprunter le chemin de la sortie, marchant d’un pas lent, sa cicatrice n’étant normalement pas prête à subir ce genre d’effort. En même temps, ce n’était pas en sortant plus tôt contre l’avis des médecins que ça allait guérir et cicatriser comme il faut. Mais elle avait besoin de sortir, de prendre l’air, d'avouer la vérité à ceux qui le méritaient et surtout de prendre du repos en étant isolée par la suite.