| Left outside alone - Tommy&Aaron |
| | (#)Lun 8 Mai 2017 - 17:58 | |
| Je me réveil, je reconnais rien. Je suis pas chez moi. Il me faut deux bonnes minutes pour comprendre où je suis. Je regarde le type allongé à côté de moi et un léger sourire en coin se forme rapidement sur mes lèvres. C’était une très bonne soirée maintenant que la mémoire me revient. Je ne vais quand même pas abusé de son hospitalité et je vais filer comme un voleur. Oui c’est ma spécialité. Je comprends même pas pourquoi je suis resté dormir. Je devais être bien fracassé pour ne pas être rentré tout de suite après avoir terminé mon affaire. Je me rhabille en vitesse et en essayant d’être le plus silencieux possible. Je regarde l’heure sur mon téléphone, il est 7h30 du mat’. Je n’ai pas dormis plus de trois heures, je sens que je vais terminer ma nuit chez moi. J’arrive à quitter l’appartement sans réveillé son hôte. Je regarde un peu où je me situe dans la ville mais je reconnais pas. J’enfile ma veste en cuire parce que j’ai pas chaud à cette heure ci, le soleil ne tape pas bien fort, il se lève à peine. Je sors mon téléphone de ma poche, j’ouvre google map pour voir où je me situe. Je suis soulagé de voir que je ne suis pas trop loin de chez moi. Enfin pas trop loin c’est vite dit, je pense que j’en ai pour une heure à pied à rentrer. Oui parce que le type m’a conduit chez lui dans sa voiture. J’avais laissé la mienne chez moi parce que je comptais bien boire, c’est sûrement pour ça que je suis resté dormir sur place, pas envie de rentrer à pied à 4h du mat’. Je prends la bonne direction et je marche jusqu’au premier arrêt de bus. Je décide d’attendre le prochain bus, n’ayant pas la motivation de marcher.
J’arrive dans mon quartier une heure après, j’ai dû faire un changement et attendre encore un moment le prochain bus. J’ai lutté pour pas m’endormir dans le bus, je ne voulais pas louper mon arrêt. Une fois devant la maison, je mets les mains dans ma poche pour sortir mes clés… Sauf qu’elles n’y sont pas.
« Quoi ? Oh non… »
Je fais toutes les poches, celles de ma veste aussi et rien.
« Oh bordel c’est pas vrai ! »
Je sonne, je frappe à la porte mais personne ne répond. A cet heure ci, 8h10 ils sont déjà parti au boulot ou bien ils sont pas rentré non plus. Je connais pas leur emplois du temps par coeur. Je soupire et je me tourne pour réfléchir. Mes yeux se posent sur la maison du voisin et je sais pas trop ce qui me prends, ni ce que j’ai en tête, mais je vais frapper chez lui. Je prends soin de ne pas sonner au cas où il serait en train de dormir lui aussi. Non j’ai de la chance il est là ! Il m’ouvre la porte.
« Hey salut… J’ai oublié mes clés et je suis un peu à la rue là… Je me disais si t’as une échelle que je peux emprunter, essayer de rentrer par la fenêtre de ma chambre. Enfin, elle a l’air fermé mais je sais pas trop quoi faire là… J’aurai dû laisser un double des clés chez toi en cas d’urgence… »
Je me sens con sur le coup.
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| | | | (#)Mer 10 Mai 2017 - 3:03 | |
| Le constat était particulièrement affligeant pour Tommy qui s’était toujours promis de ne jamais terminer de cette façon, mais il fallait bien se rendre à l’évidence : sa vie respirait désormais l’ennui et la monotonie. Il se sentait un peu honteux de raisonner de cette manière-là parce qu’il avait Moïra, et que l’on avait coutume de dire qu’un enfant c’était un rayon de soleil quotidien et du bonheur en demi-portions, mais en toute objectivité les sujets de conversations qui éveillaient l’intérêt d’une enfant de sept ans n’étaient pas ceux qui transcendaient généralement l’intérêt de ses parents. Raison sans doute pour laquelle après une après-midi à surveiller les devoirs de sa petite avant de lui permettre de regarder Violetta à la télévision – Tommy n’en pouvait plus de Violetta, limite s’il ne rêvait pas la nuit de lui couper définitivement le sifflet, à Violetta – le brun avait quitté l’appartement non sans vérifier pour la énième fois que les numéros d’urgence étaient bien placardés sur la porte du réfrigérateur, mais surtout avec une migraine épouvantable qui l’avait suivi durant toute sa soirée de boulot au McTavish. Comme tous les vendredis soirs il avait vu se succéder un certain nombre d’ivrognes au comptoir et du utiliser la menace ultime de l’appel aux flics pour faire débarrasser le plancher à celui qui menaçait de scandale lorsque l’on refusait de lui servir un verre supplémentaire. Comme tous les vendredis soirs aussi Tommy avait croisé sur son trajet de retour en métro tout un tas d’épaves alcoolisées, dont l’une avait vomi dans un coin de la rame avant de se mettre à ricaner toute seule, et comme tous les vendredis soirs – ou plutôt les samedis matins, vu l’heure – il était rentré chez lui épuisé, avait simplement pris le temps de vérifier que Moïra était bien couchée dans son lit et dormait paisiblement, et s’était écroulé sur son lit après avoir retiré jean et blouson, mais sans avoir le courage de se délester de son tee-shirt ou de ses chaussettes. Ennui et monotonie, le tiercé gagnant. Et comme tous les samedis matins, un événement imprévu était finalement venu troubler la grasse matinée pourtant plus que méritée dont Tommy aurait pu rêver. La faute à ce sommeil léger qui lui faisait entendre, au choix, un couple de voisins d’en face qui se disputaient comme des chiffonniers au pied de leur immeuble, un camion poubelle un peu trop bruyant, Microbe le chat de gouttière qui venait gratter à la fenêtre dans l’espoir qu’on le laisse rentrer … Ou les coups frappés à sa porte. Levant d’abord la tête sans être certain d’avoir bien entendu, il l’avait laissée retomber avec résignation en entendant frapper à nouveau, et marmonné dans sa barbe « Dire qu’une époque le seul truc susceptible de me réveiller un samedi matin c’était le sifflement des castors … » d’un ton bourru avant de se décider à se lever. Attrapant son jean et l’enfilant à la va-vite, il avait passé une main dans ses cheveux pour tenter d’estomper un peu l’effet « saut du lit » et s’était retrouvé nez à nez avec le voisin d’à côté. « Hey salut … J’ai oublié mes clefs et je suis un peu à la rue là … » avait-il commencé d’un ton défait, Tommy gageant sur un manque de sommeil encore pire que le sien à en juger par la tête tout sauf fraîche du jeune homme. « Je me disais si t’as une échelle que je peux emprunter, essayer de rentrer par la fenêtre de ma chambre. Enfin, elle a l’air fermée mais je sais pas trop quoi faire là … J’aurais du laisser un double des clefs chez toi en cas d’urgences … » C’eut été une solution en effet, mais puisqu’ils ne s’étaient pour ainsi dire que vaguement croisés jusqu’à présent et sans jamais échanger plus de deux ou trois phrases bateaux sur la météo, on comprenait aisément que l’idée n’ait sauté aux yeux ni de l’un ni de l’autre. Sans compter que le jeune homme vivait en colocation, les occasions de se retrouver à la porte sans personne pour ouvrir ne devaient pas être légion. Se grattant la tête en laissant son cerveau encore à moitié endormi analyser toutes les informations qu’on venait de lui transmettre, Tommy avait commencé par demander « Aaron, c’est ça ? » d’un ton un peu incertain. « J’ai pas d’échelle, non. Y’a personne chez toi pour t’ouvrir ? » Parfois il avait l’impression qu’ils vivaient à douze dans cet appartement, à moins que ce ne soit simplement le va et vient de colocataires qui ne restaient pas longtemps et étaient rapidement remplacés. « Je pas trop comment t’aider là … » Fracturer la fenêtre ? En dernier recours, mais Aaron n’en avait probablement pas plus envie que lui. Fracturer la porte, alors ? « Oh, j’ai peut-être une idée. Bouge pas … enfin si, entre, reste pas sur le pas de la porte. Mais parle à voix basse, ma fille dort encore. » Le plantant là, Tommy avait disparu un instant jusqu’à sa chambre et avait fouillé avec perplexité dans le tiroir « fourre-tout » de sa commode, avec une idée très précise de ce qu’il cherchait. Quelques secondes il était réapparu avec une enveloppe kraft à la main sur laquelle l’étiquette du Saint Vincent’s Hospital était toujours collée. « C’est de vieilles radios à moi. » Pas si vieilles que cela en réalité, elles dataient de la tempête d’Halloween et de ses conséquences. « Parait que ça fonctionne pour déverrouiller une porte. En passant la radio entre la serrure et l’interstice. » Est-ce que le mythe était vrai ? Il n’en avait pas la moindre idée, mais cela ne coûtait rien d’essayer.
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| | | | (#)Mer 10 Mai 2017 - 13:36 | |
| Il a pas l’air frais lui non plus. Je me dis même pas que j’ai pu le réveiller, j’ai à juste tapé à la porte, je ne pense pas que ça aurait pu le réveiller. C’est que je le compare à moi qui a le sommeil très lourd. Il pourrait y avoir une fiesta à côté de moi dans la chambre que je dormirai quand même comme un bébé. Enfin quand je suis vraiment très fatigué bien évidemment. Tommy se souvient de mon prénom et ça me fait plaisir vu le peu d'interaction qu'on a eu tous les deux. Comme quoi je suis mémorable.
« Ouais c'est ça. »
Il me dit qu’il n’a pas d’échelle. En vrai ça nous sauve tous les deux je pense, parce que monter à l’échelle maintenant je crois que j’aurai pu me tuer en essayant d’aller à l’étage par l’extérieur. Il me demande si y’a quelqu’un chez moi, comme si j’étais venu le déranger sans raison. Ok il est super hot Tommy mais j’aurai trouvé mieux que ça pour le mater et puis j’aurai certainement attendu une heure où il aurait pu être sous la douche pour peut être le voir ouvrir en serviette.
« Non ils sont déjà parti au boulot apparemment. J’ai sonné plusieurs fois y’a personne. »
Je fronce un peu le nez comme un gosse pris en faute. J’aurai dû rentrer une ou deux heures plus tôt pour avoir plus de chance de tomber sur du monde, mais j’ai pas pensé à mettre le réveil hier soir. J’aurai dû. Je ne referai pas cette erreur. Et puis mes clés je me demande où elles peuvent bien être. Chez ce type ? Sûrement… Il va falloir que j’y retourne. Tommy sait pas comment m’aider et je suis un peu paumé aussi pour dire la vérité. C’est comme si un éclair de génie venait de le frapper parce que tout d’un coup il a une idée. Je suis plein d’espoir et j’entre chez lui sans faire de bruit. C’est vrai qu’il a une gosse. J’hoche la tête pour lui faire comprendre que j’ai saisi le message, silence. Je sors mon téléphone portable en attendant qu’il revienne et j’envoie un SMS dans le group chat que j’ai avec mes colocs pour savoir si y’en a pas un qui peut faire demi tour et venir m’ouvrir la baraque. J’aurai pu y penser avant, mais l’idée de venir déranger le hot voisin était plus forte. Tommy revient assez vite, avec des radios ? Je comprends pas trop où il veut en venir et ça doit se voir sur mon visage parce qu’il s’explique tout de suite.
« Oh, cool. Enfin je veux dire, ouais ! Faut tester. En plus c’est une assez vieille maison, y’a des chances que ça fonctionne. »
Ouais je suis plein d’espoirs. Je sors avec lui pour retourner du côté de ma maison et c’est là que mon téléphone se met à sonner laissant s’échapper une mélodie plutôt caliente. Je sais déjà de qui il s’agit et je décide d’ignorer l’appel.
« Mon boss est fan de kizumba. »
J’essaie de justifier le choix de la sonnerie.
« Et il peut toujours rêver pour que j’aille faire un remplacement de dernière minute maintenant. Je suis pas en état. Parce que c’est sûr que c’est pour ça qu’il m’appelle. »
Je sais pas pourquoi je m’explique comme ça, Tommy doit s’en foutre. Enfin on se retrouve devant chez moi et je sonne encore une ou deux fois à la porte histoire d’être sûr que y’a pas quelqu’un qui s’est réveillé entre temps par miracle.
« Au cas où… »
Mais non, personne ne répond bien évidemment. La maison est bel et bien vide. Je n’ai toujours pas de réponse sur whatsapp et ça me désole ces gens qui savent pas répondre rapidement à un SMS. Ok ils sont peut être - sûrement - occupé, mais moi je suis dans la merde en ce moment. Je m’écarte de la porte pour laisser Tommy œuvrer avec ses radios.
« J’espère que ça va marcher… Si ça marche je t'offre le café. Et crois moi je sais bien le faire le café. Ou je t'offre le café à vie au Starbucks. Café ou n'importe quoi d'autre d'ailleurs. Mais parlons pas trop vite de victoire. »
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| | | | (#)Jeu 11 Mai 2017 - 18:29 | |
| Tommy avait peut-être cet air imperturbable de je m’en foutiste qui ne s’intéressait à rien ni à personne – en dehors de la prunelle de ses yeux que représentait sa fille, bien sûr – mais il avait en réalité une assez bonne mémoire, et un prénom même s’il ne s’agissait que celui de son voisin à qui il n’avait jamais adressé plus de trois phrases d’affilée ne tombait jamais dans l’oreille d’un sourd en ce qui le concernait. « Ouais c’est ça. » lui avait d’ailleurs confirmé le dénommé Aaron, avant que Tommy ne hasarde sur le fait qu’avant d’envisager l’échelle ou toute autre solution qui s’apparenterait à de la violation de domicile – même s’il s’agissait de son domicile – il se soit assuré qu’aucun de ses colocataires n’était disposé à lui ouvrir. « Non ils sont déjà partis au boulot apparemment. J’ai sonné plusieurs fois y’a personne. » Comme quoi la colocation c’était un peu toujours la même rengaine, là quand on n’avait pas forcément besoin d’eux mais jamais là quand ils devaient se rendre utiles. D’abord un peu pris au dépourvu et à cours d’idée, le brun s’était subitement souvenu d’une vieille technique qu’il avait entendue dire comme étant efficace mais sans jamais avoir eu l’occasion de la tester, et avait disparu un instant le temps de revenir avec de radios « Oh, cool. Enfin je veux dire, ouais ! Faut tester. En plus c’est une assez vieille maison, y’a des chances que ça fonctionne. » Probablement, sauf si la serrure était grippée, mais avec plusieurs personnes qui allaient et venaient chaque jour Tommy avait encore l’espoir que la serrure soit entretenue en conséquence. Accompagnant donc le jeune homme jusqu’à sa maison, avec malgré tout l’impression de se lancer dans quelque chose de diablement artisanal que son cerveau encore embrumé n’était pas certain de pouvoir réaliser sans s’interrompre pour bâiller à s’en décrocher la mâchoire, il avait été interrompu dans le fil de ses pensées par la sonnerie du téléphone d’Aaron « Mon boss est fan de kizumba. » s’était-il par ailleurs justifié lorsque Tommy avait arqué un sourcil. Soit. « Et il peut toujours rêver que j’aille faire un remplacement de dernière minute maintenant. Je suis pas en état. Parce que c’est sûr que c’est pour ça qu’il appelle. » Ça, les patrons avaient souvent tendance à s’imaginer que leurs employés n’avaient pas de vie en dehors de leur travail et rien de mieux à faire que de venir faire des heures supplémentaires au pied levé. « Tu bosses dans quoi, si c’est pas indiscret ? » Ça l’était sans doute un peu, en réalité, mais le brun voyait peu de raisons qui pourraient pousser quelqu’un à cacher son métier. A moins que celui-ci soit illégal. S’arrêtant tous deux devant la porte close, le jeune homme avait sonné en désespoir de cause « Au cas où. » mais sans plus de succès, puisque personne n’était venu leur ouvrir. « J’espère que ça va marcher … Si ça marche je t’offre le café. Et crois-moi je sais bien le faire le café. Ou je t’offre le café à vie au Starbucks. Café ou n’importe quoi d’autre d’ailleurs. Mais parlons pas trop vite de la victoire. » Laissant tomber l’enveloppe et l’une des deux radios à ses pieds, il avait fait passer l’autre dans l’interstice de la porte et utilisé sa main libre pour faire aller la poignée de la porte. D’un ton railleur il avait commenté « Du café à vie pour une histoire de serrure ? T’es du genre généreux, qu’est-ce que ce serait si j’étais en train de te sauver de la noyade. » tout en restant malgré tout concentré sur sa besogne. Avec difficulté il avait réussi à faire passer la radio au milieu, et par deux ou trois fois il avait entendu le cliquetis de la serrure le laissant à tort penser que le tour était joué. Insistant malgré tout encore un peu sur la poignée, tous les deux avaient finalement entendu un clic plus prononcé que les autres, et la seconde suivante voilà la porte d’entrée qui était ouverte. « Au moins maintenant on sait que cette astuce fonctionne et n’est pas juste une légende. » Cela pourrait toujours servir, à l’occasion, bien qu’on se balade rarement avec une radio sur soit dans sa vie de tous les jours. « Mais si on te demande, je suis incapable de rentrer dans une maison par effraction. Manquerait plus que ce soit moi qu’on soupçonne en cas de cambriolage dans le coin. » Son casier judiciaire lui causait déjà suffisamment de souci à l’heure actuelle, nul besoin d’en rajouter. « Je ne sais pas si c’était sérieux, ta proposition, mais je ne suis pas contre un café. » Il avait jeté un coup d’œil à sa montre, et à priori il avait une bonne heure devant lui avant que Moïra ne sorte du pays des songes. Comme beaucoup d’enfants sa petite était réglée comme une véritable horloge.
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| | | | (#)Ven 12 Mai 2017 - 13:02 | |
| « Oh non pas indiscret du tout ! Je bosse au Starbucks. Pas super extra comme job mais ça paie les factures. »
Je suis pas du genre difficile en ce qui concerne le boulot, pour moi la vie commence après le boulot. Suffit juste d’avoir assez d’argent pour s’amuser. Je dirai jamais non contre un peu plus d’argent mais je me contente d’un petit salaire. J’ai demandé une augmentation et si ils me répondent par la négative je vais donner ma démission et chercher ailleurs. Quand je propose du café à vie pour Tommy il me trouve trop généreux.
« C’est pas grand chose du café à vie quand on sait que je bosse au Starbucks. »
C’est pas comme si ça sortait de ma poche. Je m’écarte de la porte d’entrée pour lui laisser le champ libre et je l’observe avec sa radio. Peu confiant. J’hausse les sourcils aux sons qui me laissent penser que c’est en train de fonctionner, mais la porte ne s’ouvre pas pour autant. Je me prive de tout commentaire, il est encore en train de bosser sur la serrure, peut être que… oh, mais on dirait bien que… Et oui ! C’est ouvert ! Miracle ! Je ne pensais pas que ce serait aussi facile.
« Wow, merci mec, t’es un génie toi et tes radios ! »
Je souris quand il me dit de nier ses capacités à entrer chez les gens par effraction.
« Promis je l’emporterai jusqu’à la tombe. »
Il veut un café et j’hoche la tête assez vivement. C’est la moindre des choses après qu’il m’ait sorti de ma galère.
« Bien sûr, avec plaisir. Entre ! »
Et je suis déjà à l’intérieur, direction la cuisine. J’enlève ma veste et je la pose sur une chaise de la cuisine. J’enlève les quelques trucs qui traînent sur la table et je commence à m’affairer pour nous faire deux cafés. On a une bonne machine à la maison, bon c’est pas ce qu’on a à Starbucks mais c’est quand même pas mal.
« Un expresso ou un café long ? Tu peux t’installer à la table. »
Je sors une tasse assez petite, pour moi, je vais me faire un expresso et je sors une deuxième tasse en fonction de la réponse de Tommy. J’attends que le café coule et je me tourne vers mon invité et mon sauveur.
« Le Starbucks où je bosse c’est celui qui est près du centre commercial en centre ville. Je sais pas si tu vois. Mais en tout cas, j’y suis cinq jours sur sept, si jamais t’as envie d’un bon café gratuit, tu sais où aller. »
Je fais couler le deuxième café et je pose la tasse pleine en face de Tommy.
« Sucre ? »
Je sors quand même le sucre parce que moi j’en mets et je m’installe en face de Tommy à la table. Mon téléphone se met encore à sonner mais cette fois ce ne sont que des messages. Mes colocs qui me répondent enfin.
« Ils se réveillent après la guerre ceux là. »
Je sors mon téléphone de ma poche et je leur réponds rapidement que c’est bon j’ai pu entrer. Je pose le téléphone sur la table, laissant voir un fond d’écran avec deux potes qui font les cons en photo, lunettes de soleil, et des perruques de couleurs vivent, ils sont habillés en pasteur, oui ça contraste bien. Ca date d’Halloween, mais j’ai toujours pas trouvé meilleur fond d’écran.
« Merci encore pour la porte. Tu m’as sauvé d’une belle galère. Enfin va quand même falloir que je retrouve mes clés. »
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| | | | (#)Dim 14 Mai 2017 - 1:35 | |
| Le métier de ses voisins n’était pas le genre de trucs que l’on apprenait en échangeant trois banalités sur le palier, à moins de tomber sur le dit voisin par total hasard dans l’exercice de son métier la seule solution était de poser directement la question, le tout sans avoir l’air d’outrepasser la limite entre discrétion et indiscrétion. « Oh non pas indiscret du tout ! Je bosse au Starbucks. Pas super extra comme job, mais ça paie les factures. » Bien que tentant de ne rien en laisser paraître la mention du Starbucks avait donné à Tommy la chair de poule l’espace d’un instant. Il n’avait pas remis les pieds dans un Starbucks quel qu’il soit depuis la tempête de novembre dernier. « C’est pas grand-chose du café à vie quand on sait que je bosse au Starbucks. » avait par ailleurs fait remarquer le brun tandis que Tommy moquait gentiment la récompense un peu démesurée par rapport au service rendu. « T’es sûr que ton boss serait du même avis que toi à ce sujet ? » Ce n’était pas très bon pour les affaires, un client qui ne payait pas, surtout au prix où Starbucks vendait ses boissons, faisant ainsi honneur au cliché selon lequel les entreprises américaines n’avaient pas leur pareil pour emmagasiner l’argent partout où ils le pouvaient. Retrouvant un semblant de concentration Tommy s’était remis à sa besogne, manœuvrant un peu à l’aveuglette mais avec la certitude que la technique finirait bien par payer. Et puis, inconsciemment il n’avait probablement pas non plus envie de perdre la face devant son voisin et de s’avouer vaincu, l’obligeant ainsi à attendre que l’un de ses colocataires rentre en fin de journée ou bien à appeler un serrurier. Qui le dépouillerait probablement d’une somme astronomique et absolument pas justifiée. Quelques instants plus tard cependant il était parvenu à ses fins, avec une satisfaction non dissimulée « Wow, merci mec, t’es un génie toi et tes radios ! Promis je l’emporterai jusqu’à la tombe. » Comme quoi, ses déboires médicaux auraient au moins eu une utilité, même si elle était moindre : celle d’avoir des radios dans un coin de son appartement et de réussir à ouvrir une porte avec. La proposition précédente d’Aaron n’était par ailleurs pas tombée dans l’oreille d’un sourd, Tommy n’était pas contre un café « Bien sûr, avec plaisir. Entre ! » Docilement le brun avait laissé l’occupant de la maison passer le premier et était entré à sa suite, non sans avoir au préalable récupérer l’envelopper contenant sa seconde radio restée sur le pas de la porte. « Un expresso ou un café long ? Tu peux t’installer à la table. » Disant cela il avait débarrassé la dite table de ce qui traînait dessus ; A l’évidence les colocataires d’Aaron avaient une notion approximative du rangement inhérent à la vie en communauté. « Expresso, s’il te plait. J’ai un petit dej’ qui m’attend à côté quand ma fille sera sortie du lit. » Ironiquement le petit déjeuner était le repas que Moïra et lui avaient le plus souvent l’occasion de partager ensemble. Un peu malgré lui Tommy avait laissé son regard glisser sur la pièce autour de lui, et constaté une nouvelle fois la tristesse de son propre appartement comparé à cette maison, beaucoup plus emplie de tous ces petits détails qui donnaient vie à un logement. « Le Starbucks où je bosse c’est celui qui est près du centre commercial en centre-ville. Je sais pas si tu vois. Mais en tout cas j’y suis cinq jours sur sept, si jamais t’as envie d’un bon café gratuit, tu sais où aller. » En d’autres circonstances Tommy se serait contenté de remercier, non sans penser en son for intérieur qu’il ne laisserait pas quiconque lui fait l’aumône d’un café, mais aujourd’hui il avait perdu le fil après la première phrase d’Aaron et n’était sorti de sa rêverie que bien après lorsque le brun lui avait proposé « Sucre ? » Agitant vaguement la tête de façon affirmative il n’avait pas pu s’empêcher de demander « C’est le Starbucks qui a été détruit par un panneau publicitaire pendant la tempête ? » Après coup Tommy avait entendu dire que le magasin était resté fermé pendant dix jours, le temps de remplacer le mobilier abîmé et la baie vitrée. Dix jours c’était aussi le temps que Tommy avait passé dans les vapes après la tempête ; Après avoir été blessé dans ce même Starbucks. Remerciant d'un signe de tête pour le café qu’Aaron venait de poser devant lui, Tommy avait touillé un instant sa cuillère dans la boisson brune, avant de la reposer à côté de la tasse le temps que tout cela refroidisse un peu. La vibration du téléphone sur la table lui avait arraché un léger sursaut « Ils se réveillent après la guerre ceux-là. » Les colocataires, très probablement. « Merci encore pour la porte. Tu m’as sauvé d’une belle galère. Enfin va quand même falloir que je retrouve mes clefs. » Il est vrai que le coup des radios ne pouvait pas non plus devenir une habitude, qui sait si en plus la serrure ne finirait pas par définitivement rendre l’âme si elle était malmenée trop régulièrement de cette façon. « Dure nuit ? » avait finalement demandé Tommy tout en trempant ses lèvres dans sa tasse de café. Il ne jugeait pas, Aaron passait bien ses nuits comme il voulait et où il voulait.
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| | | | (#)Lun 15 Mai 2017 - 12:54 | |
| Si le boss serait du même avis que moi ? Certainement pas.
« Mais le boss il le saura pas. »
Je lui fais un large sourire, me pensant super intelligent pour le coup. Ca ne serait pas la première fois que j’offrirai des boissons ni la dernière. Et puis quelque chose me dit qu’il n’est pas trop client de ce genre d’endroit, ou du moins pas du mien, sinon je l’aurai vu depuis le temps. On arrive à rentrer en un temps record dans ma demeure et je l’invite à l’intérieur pour boire un café. Il veut un expresso, c’est aussi ce que je me prépare. Les expresso il n’y a que ça de vrai. Avec les frappucino, mais je n’ai pas le matos pour en faire un chez moi. Il me rappelle qu’il a une fille, c’est vrai je l’ai déjà croisé quelques rares fois, elle a l’air assez grande du coup je me dis que Tommy doit être assez âgé. Ca me dérange pas, j’aime bien les mecs plus vieux. Oui je parle comme si j’avais une quelconque ouverture avec lui alors que pas du tout. Et puis quand j’y réfléchis il vaut mieux éviter de faire des bêtises avec ses voisins, parce qu’on les croise trop souvent. J’aime pas les prises de tête. Du coup je vais me contenter de le mater au travers de la vitre de ma chambre et sur le palier de ma porte quand je rentre chez moi. J’hausse bien haut les sourcils quand il parle du Starbucks qui a été détruit pendant la tempête. Comment pouvait il être au courant alors qu’il ne squatte pas forcément les lieux ? A croire que ça a fait le tour de la ville.
« Ouais comment tu sais ça ? »
Heureusement on était fermé quand y’a eu la tempête donc personne n’a été blessé. Je me retrouve à table avec Tommy, chacun avec notre café sous le nez. Je le remercie une fois de plus et il me questionne sur ma nuit, ça me fait sourire.
« Pas trop dure non… Plutôt cool. En fait je comptais pas rester dormir chez le type en question mais faut croire que j’étais trop fatigué. »
J’hausse les épaules. Je suis pas dérangé de parler de mon orientation sexuelle. Ca me vient naturellement même si je n’ai toujours pas dit à mes parents que j’étais gay, je pense qu’ils s’en doutent un petit peu.
« Je me suis échappé rapidement au petit matin et je dois avoir oublié mes clés chez lui. Va falloir que j’y retourne. D’ailleurs… »
Je prends mon téléphone et je regarde dans mes numéros si il est là.
« Merde j’ai pas son numéro, ça aurait pu être pratique. Je vais être obligé de me déplacer en priant pour qu’il soit chez lui. Enfin au pire on change la serrure, même si je doute qu’il sache où j’habite. Faudra juste que je me refasse un trousseau. Et plutôt rapidement car je vais être dans la merde. »
Je bois une gorgée de mon café.
« J’en ferai un de plus que je laisserai chez toi si ça te pose pas de problème. Ca évitera d’avoir recours à tes radios une nouvelle fois. »
Je ne m’inquiète pas du tout pour l’état de la serrure qui a dû être un peu abîmée en cours de route. J’en ferai brièvement mention à mes colocs, ou plutôt pas du tout en fait, j’ai pas envie qu’ils prennent peur à croire que n’importe qui peut entrer dans la maison.
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| | | | (#)Ven 19 Mai 2017 - 20:36 | |
| L’évocation du lieu de travail d’Aaron avait provoqué chez Tommy un léger frisson d’effroi, semblable à celui qui le gagnait chaque fois que son esprit lui semblait se remémorer une bribe de souvenirs de cette soirée devenue si floue. Il s’en rappelait le début, le ciel qui s’était noirci d’un coup, la pluie qui s’était mise à tomber à seaux en l’espace de quelques secondes et les passants qui, comme lui, avaient trouvé refuge dans le Starbucks rapidement bondé. Il se rappelait de James, vaguement, assez pour savoir au fond de lui qu’il lui devait en partie d’être toujours là aujourd’hui, mais le reste était aussi flou qu’incertain et ne reviendrait sans doute jamais avec clarté. C’était l’avis du médecin, en tout cas. « Ouais comment tu sais ça ? » lui avait en tout cas demandé son voisin avec étonnement, et secouant vaguement la tête comme pour chasser son trouble Tommy avait marmonné « Parce que j’y étais. » d’un ton un peu bourru avant d’attraper sa tasse de café et d’en boire une gorgée pour tenter de se donner une contenance. Au fond s’il n’en parlait jamais c’était probablement qu’il y avait un souci qu’il ne voulait pas s’avouer … Mais en même temps en parler, vraiment ? Scarlett était aux abonnés absents, et Tommy préfèrerait encore avaler sa langue que d’aborder le sujet avec Beth ou avec leurs parents. Non, il continuerait de gérer cela tout seul, comme un grand. Comme toujours. Préférant changer de sujet, et devant les traits tirés d’Aaron ainsi que la perte inopinée de ses clefs au moment le moins opportun, Tommy s’était permis de questionner le jeune homme sur jusqu’à quel point la nuit avait pu être difficile pour qu’à l’aube il se retrouve dans pareille situation. « Pas trop dure non … plutôt cool. En fait je comptais pas rester dormir chez le type en question mais faut croire que j’étais trop fatigué. » Soit, la nuit n’avait probablement pas été difficile pour tout le monde, en fin de compte. « Je me suis échappé rapidement au petit matin et je dois avoir oublié mes clefs chez lui. Va falloir que j’y retourne. D’ailleurs … » Tout en parlant le brun avait à nouveau attrapé son téléphone pour y vérifier je ne sais quoi, avant de pester à demi-mot « Merde j’ai pas son numéro, ça aurait pu être pratique. Je vais être obligé de me déplacer en priant pour qu’il soit chez lui. Enfin au pire on change la serrure, même si je doute qu’il sache où j’habite. Faudra juste que je me refasse un nouveau trousseau. Et plutôt rapidement car je vais être dans la merde … » Comme s’il se souvenait subitement qu’il n’était pas seul dans la cuisine et qu’il ne s’agissait pas d’un monologue qu’il se faisait à lui-même, Aaron avait reposé les yeux sur Tommy « J’en ferai un de plus que je laisserai chez toi si ça ne te pose pas de problème. Ça évitera d’avoir recours à tes radions une nouvelle fois. » Acquiesçant d’abord d’un signe de tête Tommy avait également ajouté après une nouvelle gorgée de café « Pas de problème. A certaines heures il se peut que tu tombes sur ma fille, je bosse à l’autre bout de la ville et mes horaires sont un peu aléatoires. Mais je trouverai un moment pour te la présenter rapidement, elle a interdiction d’ouvrir à des inconnus. » Une interdiction que la petite semblait avoir toujours respecté à la lettre, pour ce que le brun en savait, et Moïra n’avait de toute manière pas vraiment de raison de désobéir à ce sujet. Terminant ce qui restait de son expresso au fond de sa tasse, le barbu l’avait reposée sur la table de la cuisine avec sa cuillère à côté. « Et donc tu habites dans le coin depuis un moment, si j’ai bien compris ? C’est toi le plus ancien de cette colocation ? » Autant dire que de lui-même Tommy n’aurait certainement pas choisi Redcliffe comme quartier d’habitation, si ce n’était pour lui au moins pour sa fille … Mais c’était de loin par ici que les loyers étaient les plus abordables, et avec son salaire de barman Tommy ne pouvait pas véritablement se permettre de faire le difficile. Quand bien même sa mère – snob jusqu’au bout de ses ongles manucurés – ne manquait jamais une occasion de lui faire remarquer dans quel quartier douteux il avait élu domicile. « J’ai bossé dans un vidéo-club pas loin d’ici, quand j’étais ado … Forcément, depuis il n’existe plus. Je crois que maintenant c’est un lavomatique. » Mais à bien y réfléchir vu l’âge approximatif que devait avoir Aaron, le fait que Tommy soit en âge d’avoir pu travailler dans un vidéo-club à l’époque où ces lieux existaient encore devrait probablement lui sembler d’une autre dimension.
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| | | | (#)Lun 22 Mai 2017 - 14:44 | |
| Tommy n’est pas dérangé par mon idée de déposer un jeu de clé chez lui. Cool. Même si ça fait cinq ans que j’habite ici je n’ai jamais pris le temps de faire amis amis avec les voisins. Tommy est une exception, ouais c’est surtout pour sa belle gueule que je me suis intéressé à lui. Je l’avoue sans peine. Il me rappelle une fois de plus qu’il a une fille. C’est vrai. Je me souviens pas quelle âge elle a mais pour qu’il la laisse seul chez lui parfois, je suppose qu’elle doit avoir au moins 13 ans ? En vrai ça m’intéresse pas vraiment, c’est d’ailleurs pour ça que je ne vais pas poser la question sur son âge.
« Ah ouais faudra qu’on fasse ça. Quand je t’apporterai les clés sûrement. »
Je compte pas lui proposer de faire ça maintenant parce que si sa fille dort encore, elle va pas être trop d’humeur à rencontrer le voisin au levé. Je suppose que ça se fera en temps et en heure en fonction de Tommy, c’est lui qui doit avoir le pouvoir exécutif dans la famille. Je bois une dernière gorgée de mon café et j’écoute Tommy me parler de la colocation et de mon vécu dans le quartier.
« Ouais ça fait cinq ans que je suis ici. J’ai vu passer pas mal de monde dans cette coloc depuis le temps. J’ai pu me prendre la plus grande chambre vu que je suis le plus ancien. »
C’est aussi moi qui choisi qui vient ou non dans la coloc. J’ai des bons goûts, je pense, du coup ça satisfait généralement tout le monde. Y’a juste une fois on est tombé sur un fou et c’était pas moi qui l’avait choisi. C’était le propriétaire, ça remonte à de longues années maintenant. Il me fait confiance pour choisir les colocs depuis l’incident. Tommy me parle d’un de ses anciens jobs dans un vidéo club qui n’en est plus un maintenant.
« Ah je connais pas. Ca doit remonter à plus loin que mon emménagement ici. »
Je sous entends pas par là que Tommy est vieux, mais il est clairement plus vieux que moi. Je me demande quel âge il a. La trentaine sûrement par là. Pas la quarantaine en tout cas. Ou alors il est très bien conservé. Là encore je ne vais pas lui poser la question, ou peut être de façon détourné si j’arrive. Je me lève de table prenant ma tasse vide avec moi.
« Un autre café ? »
Moi je m’en fais un deuxième. C’est tellement vite bu ces expresso. Je m’appuie au plan de travail attendant que la machine soit prête pour lancer le café. Je suis tourné vers Tommy.
« T’habite seul non ? Enfin je veux dire, avec ta fille. Je crois pas avoir déjà vu quelqu’un d’autre dans le coin. »
Ca doit pas être marrant d’habiter seul. Moi qui vit en coloc depuis que j’ai pris mon indépendance je sais que vivre seul ça serait juste triste. On passe de bonnes soirées avec mes colocs.
« J’ai un de mes colocs qui doit avoir ton âge ou pas loin. Tu l’as jamais croisé ? Darren. Il est toujours en costar. Il bosse dans une grosse boîte, il touche pas mal mais il économise à mort. Il a pas dit pourquoi. Je le soupçonne d’être simplement radin. »
On a pas beaucoup parlé et ça me va. Du moment qu’il paie le loyer et qu’il fout pas le bordel dans la maison ça me va. Par contre faut vraiment pas toucher à sa bouffe dans le frigo, mais ça va, je peux le comprendre. La machine est prête et je fais couler le café.
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| | | | (#)Ven 26 Mai 2017 - 1:08 | |
| « Ah ouais faudra qu’on fasse ça. Quand je t’apporterai les clefs sûrement. » Acquiesçant pour conclure l’affaire, Tommy ne s’était pas risqué à proposer un Quand car pour tout un tas de raisons il n’avait aucunement l’intention d’organiser cela aujourd’hui, et ne possédait pas non plus un emploi du temps suffisamment fixe pour prévoir cela à l’avance. À l’occasion, donc. Terminant sa tasse de café le brun avait finalement questionné Aaron sur la durée depuis laquelle il était ici ; Bien plus longtemps que lui, semblait-il. « Ouais ça fait cinq ans que je suis ici. J’ai vu passer pas mal de monde dans cette coloc depuis le temps. J’ai pu me prendre la plus grande chambre, comme je suis le plus ancien. » Légitime. Les souvenirs de Tommy de ce quartier étaient plus vagues et plus anciens, plus vraiment d’actualité non plus à en juger par ce vidéoclub qui lui avait versé parmi ses premiers salaires et qui maintenant n’existait plus, tué sans aucun doute par l’avènement du numérique. « Ah je connais pas. Ça doit remonter à plus loin que mon emménagement ici. » Laissant échapper un léger rire Tommy avait précisé avec légèreté « Je dirais que ça remonte même plus loin que ta majorité. » Aaron n’avait pas l’air bien vieux, ou au moins suffisamment plus jeune que Tommy pour que ce dernier n’ait été encore qu’à peine adolescent lorsque le brun était entré dans la vie active. Se levant et quittant la table pour vraisemblablement se refaire un café, Aaron avait reproposé au passage « Un autre café ? » mais secouant doucement la tête Tommy avait décliné poliment « Merci, ça ira. Je ne vais pas trop m’attarder. » Cette journée en tête à tête avec sa fille était promise depuis un moment, et était suffisamment rare pour que le barman y tienne … La commencer en trainant des heures chez le voisin n’était pas la meilleure des idées. « T’habites seul non ? Enfin je veux dire, avec ta fille. Je crois pas avoir déjà vu quelqu’un d’autre dans le coin. » Et pour cause, il n’y avait jamais eu personne d’autre. Personne d’autre qui vivait avec eux, et personne que Tommy aurait ramené même pour un soir … Pas avec sa fille dans l’appartement. « Non, il n’y a que nous deux. » Eux deux et Microbe, le chat errant plus si errant que ça maintenant que Tommy le nourrissait et le laissait rentrer dans la cuisine les jours de pluie. « J’ai un de mes colocs qui doit avoir ton âge ou pas loin. Tu l’as jamais croisé ? Darren. Il est toujours en costard. Il bosse dans une grosse boîte, il touche pas mal mais il économise à mort. Il a pas dit pourquoi. Je le soupçonne d’être simplement radin. » Bien placé pour savoir que l’argent pouvait être un sujet épineux et qu’il ne fallait pas se fier aux apparences, Tommy avait simplement répondu « Celui avec la cravate toujours de travers ? » Une cravate aussi, quelle idée. « Il rentre à l’heure où je pars bosser quand je suis de service du soir, oui. Pas très bavard. » Mais Tommy ne l’était pas non plus, alors il ne lui jetterai pas la pierre. Alors que le café d’Aaron semblait prêt, le téléphone portable que Tommy avait posé près de sa propre tasse s’était mis à vibrer, tandis qu’à l’écran s'affichait une photo de Moïra avec son maquillage de papillon datant du dernier carnaval de l’école. « Oui puce ? (…) Je suis chez le voisin, j’allais rentrer. (…) Tu peux, mais tu ne touches pas au four avant mon retour. (…) À tout de suite. » Raccrochant en s’excusant du regard pour l’interruption, Tommy s’était levé à son tour, laissant sa tasse vide sur la table. « Je vais devoir te laisser, le devoir m’appelle. Merci pour le café. » Il n’avait pas pour projet de se perdre en politesses abusives et proposant de rendre service à toute heure du jour ou de la nuit, Tommy étant d’avis qu’il fallait entretenir avec ses voisins des relations cordiales – ni trop mauvaises, ni trop bonnes.
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| | | | (#)Ven 26 Mai 2017 - 23:29 | |
| Il me confirme que ça remonte à loin cette histoire de vidéo club, c’est sûr que je connaissais pas à cette époque. Il est donc du quartier même s’il habitait pas ici, il est en ville depuis de nombreuses années. Je me fais couler un autre café, lui n’en veut pas, il va bientôt rentrer chez lui. C’est vrai qu’il a laissé sa fille toute seule chez lui, enfin ça va, on est à côté. Je lui demande confirmation sur combien de personnes habitent chez lui et j’avais vu juste. Je me demande s’il est célibataire. Peut être qu’il voit quelqu’un même si je l’ai jamais croisé. Il est très beau gosse, ça m’étonnerait pas qu’il voit quelqu’un. C’est vrai qu’avoir un gosse ça doit freiner quand même. Moi je sais que c’est un truc qui me ferait flipper. Enfin, moi et les relations ça fait quinze. Quand je fais référence à Darren ça me fait rire qu’il l’ait remarqué avec sa cravate de travers.
« Non pas bavard du tout. Quand il est à la maison il reste presque tout le temps cloîtré dans sa chambre. »
Je sais pas pourquoi je lui file ces informations il doit s’en foutre complet. Enfin c’est juste histoire de faire la conversation. Je suis du genre très bavard. Trop bavard même. Je bois une gorgée de mon café et Tommy reçoit un coup de fil. Je peux pas m’empêcher de l’écouter, en même temps on est dans la même pièce. Je reste quand même de mon côté, adossé au plan de travail, lui toujours à table. L’appel est bref et il se lève pour partir.
« Pas de soucis mec. Merci pour la porte. »
Je me décolle du plan de travail pour le suivre.
« Oublie pas tes radios ! »
Je lui dis ça in extremis. Ok ça ne serait pas perdu s’il les avait laissé ici, mais c’est toujours mieux qu’il les prenne avec lui direct. Ca aurait pu faire une bonne excuse pour que je le revois rapidement, mais je n’ai pas envie d’être le voisin lourd. Une fois qu’il a ses radios en main, je le raccompagne jusqu’à la porte. Je suis du genre poli, je ne vais pas le laisser filer en lui disant de fermer derrière lui. Non et puis il a un beau fessier que j’aime bien regarder alors que je marche derrière lui.
« A une prochaine. Bonne journée. »
Parce que ouais mine de rien il est encore tôt. La journée ne fait que commencer malgré ces péripéties dont j’ai été victime. Je le regarde aller jusqu’à chez lui et je bois mon café, oui j’ai toujours la tasse dans ma main. Il fait plutôt bon ce matin. Maintenant j’ai plus qu’à rester à la maison jusqu’à ce qu’un de mes colocs se ramène, parce que je n’ai pas les clés pour fermer derrière moi et je ne compte pas laisser la baraque ouverte. Je retourne jusqu’à la cuisine alors que je termine de boire mon deuxième café. Je récupère la tasse vide sur la table et je mets les deux dans le lave vaisselle.
« Allé à la douche. »
Je me parle tout seul. Ouais je me sens crade, une douche me fera le plus grand bien pour attaquer cette journée.
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