Il y'a plusieurs jours Alizée avait reçu une invitation pour le mariage d'une de ses cousines qui aurait lieu d'ici deux mois dans le domaine familial non loin de Londres. Elles n'étaient pas spécialement proches mais c'était l'occasion de retourner à la maison pour revoir tout le monde. Elle n'était pas retournée en Angleterre depuis Noël et c'était donc une bonne occasion de le faire. Quand elle avait enfin eu un peu de temps pour elle et en prenant garde au décalage horaire elle avait appelé sa cousine pour lui dire qu'elle viendrait. Elle avait ensuite appelé ses parents pour les prévenir qu'elle y serait tout comme Michael, son aîné avec qui elle en avait parlé la veille comme ils avaient dîné ensemble.
La famille Lancaster serait donc presque au complet d'après ce qu'elle avait pu comprendre. Seule ombre au tableau, un autre de ses cousins Wyatt qui n'était pas vraiment en bon terme avec le reste de la famille. Quand il prit le large, loin de l'Angleterre et loin de ses proches, il s'éloigna d'eux et au jour d'aujourd'hui c'était Alizée et Michael qui faisaient les intermédiaires. Ils étaient restés proches de Wyatt et essayaient comme ils pouvaient de recoller les morceaux. Surtout Alizée, comme elle était du genre têtue et butée, elle essayait de faire le maximum pour réunir le clan Lancaster même si à choisir elle prendrait toujours le parti de Wyatt. Elle était la première à monter au créneau pour le défendre quand il était un peu trop critiqué aux repas de famille dont il était bien évidemment absent.
Alizée et Wyatt ne s'étaient pas vus depuis quelques temps, surement à cause de leurs boulots respectifs qui leur prenaient du temps mais pas que. Elle savait très bien que ces derniers jours ils ne prenaient pas ses appels et se disait trop occupé pour manger un bout ensemble ou même prendre un café. Il se doutait qu'elle lui parlerait du mariage, elle lui en avait touché quelques mots et puis peut-être que lui aussi avait reçu cette invitation. La jeune femme avait donc décidé de prendre le taureau par les cornes car elle savait qu'elle n'était pas prête de voir la chevelure blonde de Wyatt avant que ce ne soit trop tard pour prévenir de sa présence éventuelle au mariage. Elle savait qu'il continuerait à l'éviter alors elle décida d'aller le voir, là où il ne pourrait pas dire non.
Sa pause déjeuner arrivée, Alizée salua ses collègues et assistants puis fila au centre-ville où se trouvaient les studios d'ABC où travaillait Wyatt. Elle était sûre de le trouver là-bas et même si elle devait faire un scandale devant l'ensemble de ses collègues, ce qu'il n'apprécierait pas vraiment, elle le ferait. Il était temps qu'il arrête de fuir leur famille et qu'il évite surtout le sujet même si elle savait qu'elle pouvait vite devenir pénible quand elle avait une idée en tête.
Une fois arrivée, elle se dirigea vers l'accueil, elle était déjà venue mais bon il fallait s'annoncer et prendre un badge visiteur. Une fois ce dernier en main, elle avait bien entendu inventer un mensonge pour éviter de se faire mettre à la porte et empêcher Wyatt de savoir qu'elle était là pour éviter qu'il ne trouve une nouvelle excuse. Elle arriva ensuite vers une autre secrétaire et raconta un nouveau bobard, elle fit croire que le rendez-vous de Monsieur Lancaster était là. Bien entendu la secrétaire ne trouva aucun signe de ce rendez-vous sur l'emploi du temps mais elle se montra plutôt convaincante, une urgence de dernières minutes. Quelques sourires et courbettes après, Alizée lui emboitait le pas en direction du bureau de Wyatt. Une fois devant, la secrétaire frappa avant d'entrer puis annonça sa venue.
"Monsieur Lancaster, Mademoiselle Jones pour vous."
Alizée retint un rire en voyant la tête de Wyatt quand il leva le nez de ses papiers se demandant probablement qui était cette Mademoiselle Jones et quand il reconnut sa cousine. Cette dernière lui adressa un sourire qui en disait long puis attendit que la secrétaire reparte en fermant la porte derrière elle avant de venir s'asseoir face au bureau.
"Salut, bon vu ta tête t'as l'air enchanté de me voir mais je t'ai toujours dit qu'on ne pouvait pas m'éviter éternellement."
Bourreau de travail depuis toujours. Tu passes le plus clair de ton temps au bureau, plutôt que chez toi. Ta demeure d’ailleurs luxueuse et imposante, bien trop grande pour une personne seule, ressemble davantage à un catalogue de design contemporain qu’à une maison réellement habitée. Pourtant en elle même, la solitude ne t’a jamais dérangé. Tu t’es toujours habitué à ça, à ce calme en rentrant chez toi, depuis ton divorce. Les aventures passagères et le gout de la liberté, sans attaches, sans emmerdes. Mais aussi sans famille. Le sujet qui souvent, te fait grincer des dents. Concernant ta propre descendance comme ta famille au sens plus large. Tes parents, tes cousins, tes oncles et tantes, tous, ou presque, restés en Angleterre. Oui, toi, l’enfant prodige du pays qui a préféré fuir, loin de tout ça. Loin des obligations et de la vie toute tracée. Loin des traditions et de l’état conservateur de ta famille. Famille à la fortune imposante et au patrimoine bien ancré. Tu ne pouvais faillir, tu ne pouvais rater. Tu aurais presque dû te marier de façon arrangé, pour faire plaisir aux uns ou aux autres. Mais tu ne voulais pas de ça. Tu voulais ta propre réussite, sans le nom, sans les pistons. Sans les coups de pouces. Ce que tu as fais, finalement.
Alors tu t’agites dans ton bureau, debout, appuyé sur le verre de l’imposante table. Tu fixes les dossiers sous tes yeux, la chemise relevée jusqu’aux coudes, sans ta veste de costume, mais avec cette allure impeccable qui te colle à la peau. Ta cravate retenue par une pince finement ouvragée. Tu as toujours beaucoup d’allure. Sans te soucier spécialement de ton paraître, disons que tu as gardé dans ton sang, l’élégance de l’Angleterre et les Lancaster. Comme quelques automatismes du milieu aisé duquel tu viens. Tu lis quelques rapports, quelques nouveautés, pour préparer le journal de ce soir. Tout doit être parfait, tout doit être croustillant. Mais tu es reconnu pour ton professionnalisme et ton sens de la perfection. Tu ne laisses rien au hasard, jamais. Pas dans ton travail en tout cas. Pourtant, c’est la surprise qui se dessine sur ton visage lorsque tu lèves les yeux vers ta secrétaire, Angie, qui pénètre dans ton bureau pour t’annoncer un rendez vous avec une certaine mademoiselle Jones. Tu t’apprêtes à pester, à riposter, lorsque tu vois Alizée se dessiner par l’embrasure de la porte. Tu termines alors de te redresser en affichant un air entre surprise et agacement, finalement daignant sourire légèrement. « C’est bon Angie, merci » Lâches-tu finalement alors que ta secrétaire s’éclipse, laissant cependant la porte ouverte derrière elle. Il faut dire que ton bureau, déjà, entièrement vitré, ou presque, ne laisse guère le loisir d’un brin d’intimité.
« Salut Alizée » Lâches-tu finalement en guise de première réponse, alors que tu fais le tour de ton bureau pour venir t’asseoir à côté d’elle, afin de vous rapprocher légèrement. Après tout, avec elle, inutile de conserver quelques formalités protocolaires trop professionnelle. Elle reste ta cousine, probablement la rare membre de ta famille que tu apprécies particulièrement et avec qui tu as toujours gardé contact. D’ailleurs elle ne mâche pas ses mots, fidèle au caractère bien trempé qui semble suivre votre nom de famille. Tu finis par en sourire, après tout, tu n’en attendais pas moins de la brune qui te fait face. « C’est vrai, de toute manière j’aurais dû m’y attendre, tu trouves toujours un moyen de me faire entendre ce que tu as à dire » Déclares-tu comme une évidence, un sourire en coin étirant tes lippes. Tu imagines qu’elle va te parler d’un quelconque truc familial, peut être le mariage auquel tu as été convié et auquel tu ne comptes, bien sur, pas te rendre, mais qu’importe. Tu la laisseras parler, parce qu’elle mérite au moins ton attention, même si tu es têtu dans ton genre. « Du coup je t’écoute »
Alizée voyait très clairement que son cousin n'était pas plus enchanté que cela de la voir. Il savait pertinemment qu'elle était là pour lui parler, certainement d'un sujet qui fâche alors ce n'était pas très réjouissant. « Salut Alizée » Elle savait qu'il n'aimait pas la voir débarquer à l'improviste, en prenant le risque qu'une scène de ménage ait lieu dans son bureau. Alizée était au courant de ce qu'il se disait sur Wyatt ici à ABC, il lui en avait parlé. Il y aurait donc de quoi alimenter les rumeurs s'ils étaient surpris en train de s'expliquer sur tout sauf un sujet qui relève du travail. Elle le suivit du regard jusqu'à ce qu'il vint s'asseoir à ses côtés, elle arborait un petit sourire satisfait. « C’est vrai, de toute manière j’aurais dû m’y attendre, tu trouves toujours un moyen de me faire entendre ce que tu as à dire » Elle acquiesça d'un signe de tête, en effet elle n'était pas du genre à lâcher le morceau facilement. "En effet, on ne se refait pas! Et puis tu me laisses pas vraiment le choix n'est-ce pas?" Elle lui lança un regard qui en disait long et faisait référence, sans les citer, aux nombreux SMS et coups de fil qui étaient restés sans réponse ou à ses fausses excuses pour éviter les sujets qui fâchent. « Du coup je t’écoute » Alizée savait que ça n'allait pas être gagné de faire changer Wyatt d'avis, il était encore plus borné qu'elle. Cela était certainement inscrit dans les gènes des Lancaster. Obstinés et bornés les définiraient sans nul doute très bien.
"Bon, je sais que tu es très occupé en ce moment.. Mais je pense que tu sais pourquoi je suis là, je me trompe?" Elle n'attendait pas de réponse parce qu'elle savait qu'elle avait raison. Il savait que si elle débarquait ainsi dans son bureau, cela relèverait certainement d'une histoire de famille. "Je suppose que tu as bien reçu l'invitation de notre cousine Elisabeth pour son mariage? Je sais déjà ce que tu vas me dire, que t'as certainement aucune envie d'assister à une réunion de famille et au mariage d'une cousine que tu ne connais pas vraiment.." Elle marqua une pause, cherchant ses mots. Il était vrai qu'elle-même ne connaissait pas très bien Elisabeth mais bon c'était l'occasion de retourner en Angleterre et voir sa famille. Elle trouvait que ça pouvait être une bonne occasion pour Wyatt de commencer à renouer avec eux. "Mais bon, tu sais moi non plus je ne la connais pas très bien, enfin un peu quoi.. Mais c'est l'occasion de revoir du monde et je pense que ça serait sympa que tu viennes.. Je ne te demande pas de rester toute la journée mais juste histoire de pointer le bout de ton nez.. " Elle regardait Wyatt très sérieusement, elle n'allait pas lâcher le morceau cette fois-ci même si elle savait très bien ce qu'il allait lui dire. "S'ils te voient faire un effort, je suis sûre qu'ils en feront de même de leur côté tu sais.. Tu ne penses pas?" Alizée savait qu'il y avait des torts des deux côtés et que la faute ne reposait pas seulement sur son cousin. Elle essayait d'apaiser les choses des deux côtés. Elle pensait leur famille prête à faire des efforts si Wyatt en faisait lui aussi. Faire un premier pas vers eux serait un bon début. Et puis elle serait là si besoin, Michael aussi donc il n'avait pas à s'en faire.
« Peut être » Sourire aux lèvres, sourire amusé, un brin taquin. Oui peut être qu’en vérité, tu ne lui laisses pas le choix. Simplement parce que tu as le pressentiment de savoir déjà d’avance de quoi elle compte te parler, t’entretenir. Alors oui, jusqu’ici, tu as pris soin de l’éviter. Tu as beau apprécier Alizée, la seule ayant pu conserver des relents de ton affection familiale, tu ne veux plus rien à voir à faire avec les Lancaster dans leur ensemble. Cette famille qui t’a étouffé, qui a chercher à contrôler ta vie et ton futur. Tu n’en veux plus. L’indépendance te colle aux traits, tu as pris goût à assumer seul tes choix et tes décisions, même mauvaises. À faire face à tes conneries, seul. Finalement, ta cousine entame le dialogue, avec une certaine diplomatie. Elle sait bien que le sujet est sensible et que tu vas être réfractaire à ce qu’elle compte te proposer. Tu le sais d’avance. Mais tu restes là, tu lui laisses une chance, elle a mérité que tu l’écoutes et que tu lui offres un peu de ton attention, même quelques dizaines de minutes ou encore le temps d’un déjeuner. « Je crois que j’ai une vague idée du pourquoi, oui » Nouveau sourire en coin. Vous êtes tous plus ou moins tenaces dans la famille, mais une chose est sure, Alizée et toi l’êtes peut-être le plus. Déterminés, sale caractère bien trempé. Vous savez être diplomate comme direct, être politiquement correct ou carrément brutaux. Votre réputation n’est plus à faire. Alors oui, tu soupires, lorsqu’elle parle de ta cousine du mariage à venir, de l’invitation, formelle, que tu as reçu. Peut être un simple élan de politesse, au delà de la véritable envie de t’y voir, mais qu’importe, tu as invité et pour Alizée, c’est tout ce qui compte. Elle y voit là une possibilité de te faire renouer avec ton sang. Avec ton passé et ton présent. Tous ceux qui t’attendent encore là-bas, en Angleterre. Qui espèrent un jour avoir de tes nouvelles et voir ta tronche de quarantenaire se dessiner par la large porte du manoir de vos grands-parents paternel. « Effectivement, je n’ai aucune envie d’y aller, tu sais bien que je ne veux plus rien avoir à faire avec la famille » Cette famille qui t’a empêché de vivre. Qui t’a empêché de choisir tes passions et ta voie professionnelle. Tu es parti dans les affaires, dans la publicité par logique, par évidence. Pourtant dans le fond, tu voulais être écrivant, plus artiste. Créatif dans l’âme. Tu rêvais d’autre chose. De peut être moins prestigieux, moins confortable financièrement, mais quelque chose qui donnerait un sens à ta vie professionnelle. Oh certes, tu n’es pas malheureux de ta situation, ayant simplement envoyé balader tes rêves du revers de la main, mais tu aurais pu, tu aurais dû, être soutenu par ceux qui prétendaient t’aimer. « Puis comme tu dis, je ne la connais pas, juste un vague souvenir. Alors pourquoi ce besoin que j’y aille ? Tu as eu des nouvelles de mes parents ? Ils se demandent enfin comment va leur fils ? » T’as un petit rire amer, un rire jaune. Acerbe que tu es, presque cinglant. Tes parents n’ont pas compris ton départ, ont été affligé de tes choix. Tu as même reçu un appel pour te remonter les bretelles lors de ton divorce. Oh tu sais que tu étais le fautif, infidèle qui a osé, une fois, sur la fin, giflé celle qui au visage, te crachait son venin. T’affligeais de tous les mots du monde. Celle qui a réussi à appuyer là où ça fait mal. Sur tes plaies ouvertes, béantes. Sur ton histoire familiale et tes doutes. Celle que tu détestes, viscéralement, pour t’avoir tout fait quitter, recommencer, ici, à Brisbane. Alors oui, tu serres les dents. « Parcourir la moitié du monde pour pointer le bout de mon nez hein ? » Tu es sarcastique, encore. Le ton éliminé. « Franchement j’en sais rien, mes parents n’ont toujours été bon qu’à faire les choix à ma place et à me réprimander quand je faisais, à leurs yeux, un truc inadmissible. Ils m’ont même téléphoné par rapport à mon divorce, pour m’en foutre un peu plus plein la gueule, sincèrement je ne sais pas trop si j’ai envie de ça » Tu hausses les épaules, passant une main sur ta nuque un instant. Non, tu ne sais pas. Ca te fout un peu une boule au ventre, de t’exposer aux jugements, aux regards condescendants et snobs. Oh bien sur, tu fais partie de ceux qui ont le mieux réussi professionnellement. Mais pas personnellement.
Alizée était têtue, butée, pire qu'une mule, cela ajouté à son sale caractère, il était difficile de lui ôter une idée de la tête. Mieux valait aller dans son sens et la plupart du temps ça marchait mais avec Wyatt elle savait que ce serait plus compliqué. Leur famille était loin d'être irréprochable, elle le savait. Elle n'aimait pas ce côté trop conservateur qui régnait chez les Lancaster. Il ne fallait pas s'écarter du droit chemin et c'était quelque chose qu'elle avait du mal à supporter. Elle savait que la situation de Wyatt était délicate et elle savait qu'elle devait s'y prendre avec des pincettes. Elle avait l'espoir qu'un jour Wyatt puisse renouer avec leur famille.
« Effectivement, je n’ai aucune envie d’y aller, tu sais bien que je ne veux plus rien avoir à faire avec la famille » Cela annonçait la couleur et la partie commençait mal mais Alizée ne comptait pas se laisser décourager à la première difficulté. Elle savait pertinemment qu'il ne voulait plus rien avoir à faire avec le clan Lancaster mais elle était bien décidée à le faire changer d'avis. "Oui je sais Wyatt, mais je pense que cette situation a assez duré.. Je sais qu'ils n'ont pas été tendres avec toi et je suis toujours la première à te défendre mais je pense qu'il serait temps que chacun mette de l'eau dans son vin tu sais.." Alizée aurait aimé voir sa famille au complet, au moins une fois. Il y avait toujours des querelles que ce soit pour des héritages, des terrains, la politique ou ne serait ce que le menu du soir. C'était ainsi chez eux mais elle avait le sentiment qu'il était temps que le chapitre Wyatt se tourne. Même si elle le savait très rancunier, au fond d'elle elle se disait que peut-être il avait l'envie que les choses finissent par s'apaiser. « Puis comme tu dis, je ne la connais pas, juste un vague souvenir. Alors pourquoi ce besoin que j’y aille ? Tu as eu des nouvelles de mes parents ? Ils se demandent enfin comment va leur fils ? » Il marquait un point, pourquoi se pointer au mariage d'une "inconnue"? Et puis le sujet de ses géniteurs était toujours délicat. Elle avait eu la chance que ses propres parents soient plus laxistes et moins ancrés dans les traditions que ceux de Wyatt. Elle soupira, cherchant quels arguments elle pourrait bien développer pour le convaincre de venir. "Parce que c'est l'occasion de montrer à tout le monde que tu es bien dans tes baskets, que tout va bien dans ta vie mais que tu es assez intelligent pour mettre fin à ces histoires.. T'es pas obligé de rester tout le long de la cérémonie si t'en as pas envie.. On ira se faire une virée avec Michael comme au bon vieux temps.. La jeune femme sourit à son cousin, Michael et Wyatt avaient souvent l'habitude de s'éclipser pendant les repas de famille étant plus jeunes et Alizée n'avait pas mis longtemps à les suivre. Si Wyatt pouvait simplement faire un premier pas vers sa famille sans non plus en faire trop d'un coup, ça pouvait être une bonne chose. "Je sais qu'avec tes parents c'est compliqué.. Mais ça vient plus de ton père alors peut-être qu'avec ta mère ça serait plus facile.. Tu sais elle me demande souvent de tes nouvelles quand je la vois.. Elle ne le fait pas devant ton père évidemment.." Elle savait qu'il serait plus simple de déjà renouer avec sa mère. Il n'était pas rare que sa tante vienne la voir à la fin d'un repas pour lui demander des nouvelles de Wyatt comme elle était la seule avec Michael encore en contact avec lui. Elle n'était juste pas assez courageuse pour prendre le téléphone et le faire elle-même.
« Parcourir la moitié du monde pour pointer le bout de mon nez hein ? » Elle hocha la tête même si elle avait bien compris au ton qu'il employait qu'il ne l'envisageait pas. Elle allait avoir du mal à le convaincre une nouvelle fois. « Franchement j’en sais rien, mes parents n’ont toujours été bon qu’à faire les choix à ma place et à me réprimander quand je faisais, à leurs yeux, un truc inadmissible. Ils m’ont même téléphoné par rapport à mon divorce, pour m’en foutre un peu plus plein la gueule, sincèrement je ne sais pas trop si j’ai envie de ça » Elle le fixa très sérieusement, il fallait qu'elle le fasse changer d'avis par n'importe quel moyen. Cette situation avait assez duré et puis elle savait qu'il pourrait le regretter tôt ou tard même si ses parents étaient loin d'être blancs comme neige. "Je sais Wyatt.. Je comprends que l'idée ne t'enchante pas plus que ça.. Mais franchement ça ne va pas durer encore des années comme ça, si? Sois plus intelligent qu'eux, même si comme d'habitude tu feras parler de toi, après ça passera et ce sera l'occasion que tu aies une bonne explication avec tes parents.. Ta vie est quand même bien réussie, ils ne peuvent plus te le reprocher.. Même si on est jamais parfait dans cette famille, je suis sûre que si tu viens, ça fera bouger les choses! " Alizée était optimiste et positive dans n'importe quelle situation même la plus désespérée. Elle essayait toujours de trouver une alternative qui pourrait satisfaire tout le monde mais chez les Lancaster c'était plus facile à dire qu'à faire.
Tu l’écoutes, tu renchéris. Tu tentes bel et bien de lui enlever cette idée de la tête. De la dissuader de vouloir recoller les morceaux d’une famille foncièrement disfonctionnelle. Pas réellement tous les Lancaster, mais ta branche à toi. Ta famille à toi. Tes parents que tu as fuis à la première occasion pour en rester le plus longtemps possible éloigné. Tu t’en es toujours mieux porté ainsi, mais voilà qu’Alizée viens tout remettre en question. Les bras croisés contre ton torse, tu l’écoutes avec une attitude relativement fermée. Sur la défensive. Méfiant. Tu n’aimes pas tout ce qu’elle énonce. Non, bien sur que ça te déplaît de réaliser qu’au milieu de tout ça, elle a en partie raison. Mais la plupart du temps, tu te laisses guider par ton arrogance par ta fierté, qui t’ont toujours poussé à rester loin.
Alors tu soupires. Las de toute ça, de cette situation. De toutes ces querelles de famille qu’en temps normal, tu te contentes de ranger dans un placard. Les oublier, pour ne pas les ressortir. Parfois, tu t’es surpris à songer à ce à quoi pourrait représenter ta vie, avec ces traditions familiales encore présente. Un noël un peu différent que seul chez toi, à finir ivre sur ton canapé. Pitoyable, Pathétique. Toutes ces fêtes passées seul simplement parce que tu n’es pas capable de t’entourer correctement. Trop sauvage, trop détestable, souvent. À te complaire dans cette solitude que tu as forgée au gré de ton comportement détestable. Plus simple d’être craint, qu’aimer. Depuis ton divorce, tu n’as réellement pas essayé une seule seconde de faire un effort. Ton père au téléphone, juste là pour te réprimander, à fait le reste. À fait cesser ce brin de mélancolie, d’hypothèse, que tu commençais à dessiner dans ta tête en imaginant une fin différente à l’histoire de ta vie, de tes choix. Tu as un sourire en coin, un petit gloussement nerveux. « Tu n’abandonnes jamais hein » Es-tu forcé de constater, avec cet air amusé. Oui parce que chez les Lancaster, vous êtes bel et bien connu pour votre détermination. Votre ténacité. Celle-là même qui t’a poussé toujours plus loin, toujours plus haut dans l’ascension professionnelle. Te surpasser. Donner le meilleur de toi même. « Moué bon, je suppose qu’au pire on pourra s’éclipser c’est vrai… » Toi aussi, tu repenses à toute cette nostalgie pendant les repas de famille, où adolescents, vous n’étiez que trois âmes insouciantes avec tes cousins, à partir dans les jardins et bois du domaine familial de vos grands-parents. Fiers explorateurs en mal d’évasion.
« Mais ma mère qui demande des nouvelles, j’admets que ça me fait rire quand même » Un rire jaune, un rire amer, qui étire tes lèvres d’un sourire pourtant insatisfait. « Elle aurait mieux fait de s’interposer face à mon père et toute sa haine lorsque j’ai divorcé, ça aurait été bien plus utile » Tu l’as encore au travers de la gorge, cet appel là. Ton père ne te téléphone pratiquement jamais, depuis que tu es parti, depuis que tu as coupé les ponts. Pourtant en apprenant ton divorce, il n’a pas hésité une seule seconde à te passer un savon, déplorant ton sale comportement. Tu ne l’oublieras pas de si tôt, cet appel-là. « J’imagine que ça sera l’occasion de régler quelques comptes » Pas forcément le jour du mariage, mais pour sur que tu as bon nombre de choses à balancer à tes géniteurs. La quarantaine à peine entamé, tu commences à faire un peu le bilan de ta vie, pas toujours très glorieux d’ailleurs. Alors oui, peut être que dans le fond, tu as juste besoin de quelqu’un comme Alizée, là pour te pousser à enfin crever l’abcès. T’expliquer, remettre les choses à plat et tenter de construire quelque chose. Tu as trop de fierté pour t’excuser de quoi que ce soit, mais tu supposes que tu n’es peut-être pas complètement réfractaire à alléger un peu cette tension familiale. « Je te préviens que si j’accepte, je ne veux pas que tu me traînes à tous les repas de famille qui seront organisés » Tu lèves les sourcils en l’interrogeant du regard. Un peu méfiant, un peu dubitatif. Tu sais que ta cousine, lorsqu’elle a une idée en tête, rien ne peut l’en détourner. Mais finalement c’est peut-être une bonne chose. Peut être qu’au point où en est ta vie à l’heure actuelle, tu as besoin d’un peu plus de paix intérieure. De régler tous ces problèmes qui te bouffent depuis toujours. Affichant clairement ta réussite et un dialogue plus adulte et mature, que lorsque tu as tout bonnement fui le manoir familial.
Alizée était vraiment bornée, têtue comme une mule, certes c'était de famille, presque inscrit dans le code génétique des Lancaster mais chez elle c'était décuplé. Wyatt était pourtant plutôt tenace de son côté également. Il lui tenait tête sans grandes difficultés et il avait plutôt de bons arguments et une bonne répartie mais la jeune femme n'en était pas désarçonnée pour autant. Elle tenait à ce que son cousin renoue ou du moins essaie d'apaiser les tensions qui existaient depuis déjà quelques années au sein du clan Lancaster. Elle savait pertinemment qu'il serait difficile de le convaincre parce que leur famille n'était pas vraiment prête à faire d'effort quand vous ne rentrez pas dans les clous. Néanmoins, elle était sûre au fond d'elle que même si en apparence Wyatt ne semblait pas plus atteint que cela par la situation, elle était certaine qu'il l'était d'une manière ou d'une autre. La fierté et l'égo du mâle n'aidaient pas non plus. Et puis, il fallait avouer qu'Alizée essayait aussi de le sortir de sa solitude. Elle se doutait qu'il ne voyait pas grand monde, qu'il n'avait pas dû rencontrer quelqu'un depuis son divorce. Elle avait très bien remarqué les regards curieux qui se posaient sur le bureau de Wyatt, leur conversation avait l'air privée et sa présence intriguait surement, personne ne savait qu'elle n'était que sa cousine.
« Tu n’abandonnes jamais hein » Elle eut un petit sourire satisfait qu'elle arborait quand la partie s'annonçait bonne. Elle haussa les épaules brièvement, c'était comme une évidence. "On ne se refait pas.. T'es plutôt pas mal dans ton genre aussi tu sais.." Elle rit doucement, il est vrai que Wyatt était très borné lui aussi et Dieu seul sait le nombre de tentatives qu'Alizée avait déjà faites pour le faire venir en Angleterre. Pour une fois, il avait l'air d'envisager cette option, peut-être qu'il était lassé de son comportement et que s'il acceptait cette fois-ci, la brune le laisserait peut-être enfin en paix. « Moué bon, je suppose qu’au pire on pourra s’éclipser c’est vrai… » Elle acquiesça d'un signe de tête, ce serait certainement la meilleure partie de la journée. Elle était nostalgique de tous ces moments de bonheur simples et d'innocence. Elle regrettait de ne pas en avoir plus profité à l'époque. Elle avait envie de retrouver la complicité que le trio avait. "Évidemment! Comme d'habitude.. Tu sais bien qu'on n'arrive jamais à tenir jusqu'à la fin de la soirée.." Elle adressa un clin d'oeil complice à son cousin. Il est vrai que le trio ne tenait jamais en place et tous les trois n'étaient pas des grands fans de tout ce côté mondain alors s'éclipser dans les jardins du domaine familial et dans les bois environnants avaient toujours été leur issue de secours. Même encore aujourd'hui, Alizée appréciait s'éclipser quelques instants de la réunion familiale.
« Mais ma mère qui demande des nouvelles, j’admets que ça me fait rire quand même » La jeune femme savait parfaitement où voulait en venir Wyatt. Il est vrai que sa mère aurait pu s'interposer et essayer d'intervenir en sa faveur mais elle ne l'avait jamais fait officiellement. La carrure et le charisme d'un Lancaster en imposait toujours un peu trop, surtout quand il avait des idées bien arrêtées. « Elle aurait mieux fait de s’interposer face à mon père et toute sa haine lorsque j’ai divorcé, ça aurait été bien plus utile » Alizée mordilla nerveusement sa lèvre inférieure, le sujet était délicat. Il avait absolument raison sur ce point, elle était la première à dire à sa tante qu'il fallait prendre le taureau par les cornes sans grand succès jusqu'à lors. "Je sais.. Tu as tout à fait raison sur ce point là, c'est pas faute d'avoir essayé de lui faire comprendre.. Tu connais ta mère.." Sur ce point, elle ne savait pas trop quoi dire pour essayer d'être plus optimiste. Elle connaissait sa tante, elle était réservée et plus du genre à rester dans l'ombre alors elle la voyait mal se mettre son mari à dos même si elle ferait mieux de le faire pour ne pas perdre son fils. Alizée était certaine que revoir son fils lui servirait d'électrochoc. "Peut-être que si tu viens, elle finira par prendre son courage à deux mains.. Je ne pense pas qu'elle veuille rester fâchée avec son fils le restant de sa vie.." Elle posa de nouveau son regard sur son cousin, elle était sûre qu'il ne serait pas convaincu par ses dires mais au moins elle essayait.
« J’imagine que ça sera l’occasion de régler quelques comptes » Au moins il semblait sérieusement envisager de venir, elle était contente mais ne le montrait pas, ce n'était pas encore complètement acquis. Enfin il la connaissait très bien et le sourire qui apparaissait sur ses lèvres ne lui échapperait certainement pas. "Oui je pense que ce sera la meilleure occasion que tu puisses avoir et puis je serai là pour toi, fidèle au poste comme d'habitude!" Elle était un bon petit soldat quand il s'agissait de prendre le parti de son cousin. Elle était la seule avec Michael à le faire, ils avaient toujours été les seuls à ne pas entrer dans les rangs. Il faut dire que leur père était le dernier rejeton des Lancaster et qu'il n'était pas aussi ancré dans les traditions et aussi fermé d'esprit. Alors ses enfants avaient suivi le mouvement. « Je te préviens que si j’accepte, je ne veux pas que tu me traînes à tous les repas de famille qui seront organisés » Ça y est, Alizée pouvait afficher son énorme sourire satisfait, elle était contente d'avoir réussi à le faire changer d'avis. Les choses allaient enfin bougées, elle espérait que ce serait dans le bon sens. "Alors tu viens? Bien sûr que non je ne te trainerai pas à tous les repas, on va y aller doucement quand même.." Elle déposa un baiser sur la joue de son cousin, elle savait qu'il n'était pas du genre à être démonstratif ou à avoir des gestes attentionnés mais Alizée ne s'en privait pas, elle n'était pas excessive non plus. Elle avait souvent ce côté enfantin qui ressortait. "Je suis vraiment contente tu sais! C'est un premier pas vers la réconciliation!" Elle espérait que la venue de Wyatt fasse changer les choses et réaliser à sa famille qui lui avait tourné le dos qu'il restait un Lancaster et qu'il y avait sa place. Elle espérait aussi que les choses se passeraient au mieux mais elle était heureuse de voir que son cousin allait prendre sur lui et essayer de faire un premier pas.
Forcé de reconnaître que dans la famille, rien n’est jamais simple. Rien n’est jamais acquis. Aucun de vous n’est prêt à lâcher le morceau facilement. La détermination, la ténacité, au point d’en être borné, de foncer tête baissé jusqu’à obtenir satisfaction. C’est exactement ce que fait Alizée. Tu es en train de céder, tu le sais, à chaque nouvelle parole. Alors qu’elle renchérit, qu’elle parle de ta mère, qu’elle parle de tout ce que tu as laissé derrière toi. Pendant bon nombre d’années tu n’as absolument rien regretté. Bien trop de fierté pour ça. Bien trop d’arrogance. La certitude de pouvoir t’en sortir seul, chose que tu as faite. Pourtant par moment, la solitude devient plus un poids qu’une simple habitude. C’est surement à cause de ça que tu as autant alimenté tes travers. Plus facile de faire tout et n’importe quoi lorsque plus personne n’est là pour vous rappeler à l’ordre ou pour vous juger. Alors tu as choisi ton rythme, tu as dicté tes règles. Ces mêmes règles qu’Alizée vient aujourd’hui remettre en question en insistant sur le fait que tu retournes au pays. Que tu retournes parmi les tiens, même brièvement. Quelques jours, une petite semaine, tout au plus. Histoire de renouer, de montrer celui que tu es devenu. D’afficher ton succès et surement, de régler quelques comptes. Tu lui exprimes même la chose explicitement. Tu ne peux pas juste revenir comme si de rien n’était. Tu sais que beaucoup vont se poser des questions, d’autres risquent même de te rentrer dedans avec véhémence, mais tu es prêt à tout ça. Ta vie t’a toujours préparé à tout ça. Encaisser, mais surtout te défendre. Les mots sont tes alliés, bien plus que les poings. De toute manière tu n’as jamais été un violent physiquement. Il a seulement fallut un écart, idiot, pour tout gâcher. Toi qui d’ordinaire, ne frappe pas. Ou rarement. Bien que tu ne sois pas sur la réserve lorsqu’il s’agit de te défendre.
Tu décroises enfin les bras, adoptant une attitude plus ouverte vis à vis de celle qui te fait face et qui semble satisfaite de votre échange. Tu souris en coin en la voyant sourire largement, fière d’elle. « Je te sens fière de toi » Lâches-tu comme une évidence, alors que déjà elle s’approche pour déposer un baiser sur ta joue. « Oui du coup je viens, tu as su me convaincre, puis faut croire qu’avec l’âge je deviens moins sauvage » Conclu-tu avec un large sourire amusé à son encontre. Certes tu es moins tumultueux que dans ta jeunesse, fraichement arrivée ici, prédateur en mal de réussite. Requin aux crocs acérés prêt à tout dévorer. Tu ne t’es pas réellement assagie, parce que tu as encore le comportement, par moment, d’un jeune adulte en mal de plaisirs divers, mais tu as su mettre un peu d’eau dans ton vin. « Je pense qu’il est temps que j’affronte mes parents » Oui, tu le sens au fond de tes tripes. Il est temps que tu leurs offres une vraie discussion, à tête reposée. En face à face. Que tu sois présent. Tu sais qu’ils ne vivront pas éternellement et qu’il est peut-être temps que tu te décides à briser la couche de glace qui s’est installée entre vous. Que tu crèves l’abcès des non dits. Que tu répondes aux questions et que tu leurs offres la vérité. Tout ce que tu as refusé de dire durant bien trop d’année. « Par contre ne va pas trop vite, on verra pour ce qui est de la réconciliation, mais disons que je leur dirais ce que je pense » Tu hausses les sourcils pour exprimer le fait que tu demeures un brin dubitatif. « Mais bon on verra bien, je vais essayer » Oui il est temps, que tu essayes, que tu mettes enfin un terme à une espèce de guerre silencieuse et froide qui ne rime à rien. Que tu oublies le ressentiment de ton enfance comme tu l’as si bien fait toutes ces années durant. Ces années à te reconstruire, à te réinventer. À faire tes propres choix. Ces années à refuser de songer à ta famille, à toutes ces choses auxquelles tu as renoncé. Les dîners ensembles, les traitions, les matchs de polo plusieurs fois par trimestres. Tout ce qui a fait ton patrimoine et que tu as salement renié. « Puis si ça se passe mal, je t’accuserais à toi » Renchérit-tu avec un large sourire amusé, mutin, tandis que tu la fixes de tes yeux clairs, plus détendu. Tu ne réalises pas encore tout ce à quoi tu viens de dire oui. Tu t’en rendras probablement davantage compte dans l’avion, certainement ton jet, qui vous emmènera à l’autre bout du monde dans votre Angleterre natale, mais d’ici là, tu vas encore profiter de ta légendaire insouciance. « Bon du coup, tu m’invites à déjeuner vu que j’ai accepté ta proposition ? » Nouveau sourire, nouvelle taquinerie parce que vous êtes comme ça. Complices depuis toujours. Partenaires de conneries comme de vie. Tu as été heureux de la retrouver ici, de manière un peu fortuite au départ. De consolider vos liens aux fils des mois et des années. Alizée demeurre une des rares personnes que tu peux réellement nommer famille en, en étant fier. Et dieu sait que ces personnes là se comptent sur les doigts de la main.
Alizée savait que Wyatt avait fait un énorme pas vers elle et vers leur famille qui l'avait laissée derrière lui depuis un bon moment déjà. Elle savait que pendant ce voyage il allait prendre sur lui même si elle savait que cela serait bénéfique d'une façon ou d'une autre. Elle savait que tout n'était pas acquis non plus et qu'elle n'était pas à l'abri d'une annulation de dernière minute pour une excuse qui serait sans doute bidon. La partie semblait gagnée mais elle savait que Wyatt pouvait se montrer imprévisible et qu'il pouvait décider de ne pas se rendre à ce mariage même à la dernière minute. Elle savait que s'il décidait de s'y rendre, il allait falloir affronter les regards des autres, accepter d'entendre les chuchotements derrière leur passage parce qu'Alizée arriverait à son bras, ce qui ne surprendrait personne, mais elle savait déjà à quoi s'attendre. Elle connaissait bien ces réunions de famille. Pour l'instant, elle n'avait pas trop envie d'y penser et préférait simplement savourer sa petite victoire, faire céder Wyatt Lancaster n'était pas une mince affaire. Elle avait bien cru qu'il n'accepterait jamais mais elle avait dû trouver les mots justes.
« Je te sens fière de toi » Son petit sourire arrogant ne disparut pas de son visage, il la connaissait par coeur alors c'était sans surprise qu'il voyait à quel point elle était fière d'elle. "Tu n'as pas idée! Michael me disait que ça ne servirait à rien d'insister mais j'ai bien fait finalement!" Elle lui adressa un clin d'oeil complice comme lors de leurs jeunes années d'innocence quand elle était fière du coup qu'elle venait d'accomplir. Michael avait douté de ses talents de persuasion mais cette fois-ci elle avait réussi. « Oui du coup je viens, tu as su me convaincre, puis faut croire qu’avec l’âge je deviens moins sauvage » Elle rit de bon coeur suite à la remarque de son cousin. Il est vrai que parfois Wyatt pouvait de l'extérieur ne pas être quelqu'un de facilement abordable, quelqu'un de froid, de renfermé mais Alizée qui le connaissait bien ne faisait plus vraiment attention à cette facette du personnage. "Ha oui? Wyatt Lancaster serait-il en train de s'adoucir aux yeux de tous?" Parce que oui Alizée n'expérimentait pas souvent le côté sauvage de son cousin, du moins plus depuis longtemps. « Je pense qu’il est temps que j’affronte mes parents » Alizée adressa un sourire à Wyatt, contente d'entendre qu'il avait pris une bonne résolution. Elle savait que quelqu'un devait faire une concession et faire un pas vers l'autre, elle avait décidé de miser sur son cousin. Elle espérait simplement que les choses se passeraient bien même si on n'était jamais à l'abri d'une mauvaise surprise, un mot de trop, un geste mal interprété et la tentative de réconciliation serait vaine. « Par contre ne va pas trop vite, on verra pour ce qui est de la réconciliation, mais disons que je leur dirais ce que je pense » Elle savait que même si les choses se déroulaient bien, que l'explication qu'ils auraient ne se termineraient pas dans les cris et les pleurs, elle savait que ce serait simplement un premier pas et qu'il faudrait encore du temps pour que la réconciliation soit totale. "Oui je sais, évidement. Mais ce sera un bon début je pense." Alizée se voulait encourageante, autant partir positif et être optimiste quant à l'issu de cette future entrevue entre son cousin et ses parents. « Mais bon on verra bien, je vais essayer » La brune hocha la tête et sourit, heureuse d'entendre que Wyatt allait y mettre de la bonne volonté. C'est ce qu'elle voulait entendre. « Puis si ça se passe mal, je t’accuserais à toi » Elle prit alors un faux air outré donnant un léger coup dans son épaule avant de pouffer de rire, levant les yeux au ciel. "Je n'en attendais pas mieux de toi! Comme au bon vieux temps!" En effet, Alizée se rappelait que lorsque Michael et Wyatt faisaient une bêtise et qu'ils ne voulaient pas se faire prendre, c'était la gentille Alizée qui était accusée et à l'époque elle était la petite princesse que personne n'osait vraiment gronder. C'était la bonne échappatoire et puis à l'heure d'aujourd'hui si cela tournait mal, pour le coup ce serait vraiment sa faute comme c'est elle qui a convaincu Wyatt de venir. « Bon du coup, tu m’invites à déjeuner vu que j’ai accepté ta proposition ? » Elle sourit amusée, nouvel instant de taquinerie. Bon allez, elle lui devait bien ça. Elle se leva sans plus attendre. "C'est bien parce que c'est toi et parce que tu viendras sans te défiler à la dernière minute." Elle lança un regard assuré à son cousin, sa remarque se voulait à bon entendeur. Elle attrapa ensuite son bras pour l'emmener déjeuner à l'extérieur sous l'oeil curieux de ses collègues.