La fin de la journée a été relativement calme. Je me demande comment ça se fait. Les gens sont en congé aujourd’hui ? Oui on est plutôt autour d’immeuble où il y a des bureaux, c’est surtout les travailleurs qui viennent prendre leur café ici. Une collègue demande si elle peut partir plus tôt, il reste juste un quart d’heure avant la fermeture et la fin de son service, je suis partagé. Parce que c’est rien quinze minutes de plus à ce niveau là, mais bon je suis de bonne humeur, allez savoir pourquoi et je lui dis qu’elle peut partir. Vu les trois personnes qui sont en train de boire leur café on devrait avoir l’endroit vide d’ici pas longtemps. Je suis derrière le comptoir et je commence à nettoyer un peu le tout, je garde quand même un oeil sur la porte d’entrée au cas où des nouveaux clients arrivent. Je vais changer la musique de fond et je mets le dernier album de Lady Gaga. Oui c’est assez plaisant d’être tout seul aux commandes, tu fais ce que tu veux. Je chantonne un petit peu et là je vois la porte d’entrée qui s’ouvre. Je souris quand je remarque qu’il s’agit d’Eva. Oui je connais son nom parce que c’est une cliente fidèle du Starbucks et on note toujours les prénoms de nos clients quand y’a du monde. Généralement elle vient aux heures de pointes, pas aujourd’hui. Je vais me mettre derrière la caisse pour prendre sa commande.

« C’est pas ton heure ça normalement. »

Oui je me permets, on ne se connait pas vraiment, si ce n’est de vu, mais elle m’a toujours eu l’air très sympathique.

« Qu’est ce que je te sers ? Dis moi tout. »

Je pianote sa commande sur mon écran tactile et je lui dis combien elle me doit.

« Tu vas être ma dernière cliente de la journée je pense. Comme quoi on dit le meilleur pour la fin, c’est peut être vrai. »

Ouais je sais bien que j’aurai pas de pourboire parce que c’est pas un resto ici, mais j’essaie quand même de faire plaisir au client. C’est toujours mieux d’avoir une conversation positive plutôt que d’échanger un bref bonjour/au revoir.

Et si j'allais me poser un petit instant à starbuck? C'était la première chose que je me suis demandé en mettant un pied dehors après ma journée de travail. Longue journée, intense mais vraiment intéressante. Ca y est, j'étais rédactrice en chef, pas co-rédactrice non, juste rédactrice! Enfin! J'avais peut être sous estimé la charge de travail que ça allait être mais j'étais plus que motivée à présent. Comme si ce renouveau m'avait permis d'aller de l'avant et de mettre entre parenthèse tout mes petits soucis du quotidien et dieu sait comme ils sont nombreux à me parasiter en ce moment. Mais j'étais déterminée à mettre fin à tout ça et très vite. Déterminée à reprendre le dessus sur ma vie. En tout cas, c'est ce que je me répétais sans cesse pour être persuadée que ca irait mieux, bientôt. J'avais décidé toute fois de me poser avec Antony pour lui annoncer une bonne fois pour toute que j'étais stérile et qu'il n'allait pas être possible d'avoir un enfant ensemble, de fonder une famille. Tout ce dont nous rêvions depuis quelques mois déjà. J'appréhendais beaucoup cette confrontation mais il était grand temps de faire face à mes responsabilités. J'avais peur, j'étais terriblement terrifiée mais c'était la dernière solution. J'ignorai totalement comment il pourrait bien réagir, surtout quand il saura que je lui cache depuis plusieurs mois à présent. Finalement, je crois avoir peur de le perdre lui aussi.

J'ignorai l'heure qu'il était à vrai dire, je n'avais pas jeté un oeil à mon téléphone depuis un bon moment et je n'avais pas regardé l'horloge au dessus de la porte de sortie de mon immeuble. J'arrive au starbuck que j'ai l'habitude de fréquenter, plus tôt dans la journée en temps normal. Je me rends alors compte qu'il n'y a presque plus personne à table et pas une seule personne qui attend pour prendre sa commande. C'est à ce moment là que mes yeux se porte sur la petite montre que je porte au poignet. Ah oui... à vrai dire, j'ignore aussi à quelle heure ferme ce café mais si la porte est ouverte, c'est que je peux encore y aller. Le serveur semble me parler et même me tutoyer. J'ignorai qu'on avait élevé les cochons ensemble au point d'être familier mais j'étais pas motivée pour lui faire un cours sur le respect et la relation envers autrui. Bonsoir. Ca me semblait déjà plus approprié pour débuter une conversation. Et en effet. Mais j'avais pas vraiment fait attention à l'heure pour être honnête. Vous fermez à quelle heure? demandais-je toutefois pour voir combien de temps il me restait pour boire ma boisson habituelle. Caramel Macchiato, s'il vous plait. Il enregistre ma commande dans sa caisse et je lui donne l'appoint. Le voilà qui me complimente. J'ignorai s'il cherchait à fidéliser sa clientèle mais ca me faisait sourire quand meme. Je suis une grande convaincue, pas besoin d'en faire trop. je lui dis en plaisantant. J'avoue que ca m'avait quand même détendu. J'attends mon Macchiato tranquillement, je sentais déjà l'odeur du café mélangé au caramel.

Je remarque qu’elle me vouvoie et je me dis qu’elle est peut être pas à l’aise pour me tutoyer. C’est vrai qu’on a rarement échangé plus que de simple bonjour au revoir. Moi en ce qui me concerne je suis du genre à tutoyer tout le monde, du coup je fais comme ça vient et c’est venu comme ça avec elle.

« On ferme dans un quart d’heure, mais on est pas à la minute près. »

Je lui fais un sourire, pas dérangé de devoir faire des minutes supplémentaires pour elle. C’est une cliente fidèle et c’est important de les garder ceux là. C’est dans ces moments là que je me dis que je suis bien trop investit dans mon boulot par rapport à ce que mes chefs me donnent en retour. Je suis quelqu’un qui s’investit toujours à fond et j’ai envie de trouver un endroit où ça sera apprécié à sa juste valeur. Ca fait quelques jours que je commence déjà à regarder les annonces pour chercher un autre job. Bon j’ai pas beaucoup d’expérience dans autre chose que le café mais il y en a pas mal des coffee shops dans la ville. Eva me commande un Caramel Macchiato, j’encaisse sa boisson, je lui tend le ticket si jamais elle en a besoin. Je connais un paquet de gens qui se font rembourser leurs cafés par leur boîte, du coup j’ai pris l’habitude de le donner à chaque fois. Je me décale d’un mètre et je commence à lui préparer le café de mes mains expertes. Elle me fait une remarque comme quoi j’en fais trop et ça me fait rire. Ouais je suis du genre à en faire trop. Je chantonne un peu la chanson qui passe de l’abum de Lady Gaga, je suis en plein kiffe.

« Tiens je vais m’en faire un aussi de Caramel Machiatto. »

Et je mets le double des doses pour m’en faire un moi aussi.

« Je suppose que ce sera à emporter vu l’heure qu’il est. Enfin si tu veux rester sur place, je ne vais sûrement pas fermer tout de suite. J’ai encore un peu de nettoyage à faire. Et puis entre nous j’aime pas mettre à la porte les gens. »

Il y a encore trois personnes, dont deux avec des ordinateurs portables qui sont sûrement là pour le wifi gratuit. Je chantonne encore tout en préparant les boissons. Je m’interrompt dans la chanson pour reprendre la conversation.

« J’aime bien les fins de journées, je peux mettre la musique que je veux. »

Fermeture imminente autant dire! quinze minutes, c'était rien. J'étais aujourd'hui la cliente relou qui arrive juste avant la fermeture. Je regarde mon téléphone et en voyant l'heure, je comprends mieux. Je n'avais pas imaginé sortir aussi tard du travail. Enfin, pour cette fois, c'est surtout parce que je n'avais pas vu le temps passer non plus et entre nous, j'adore ce genre de journée. Je déteste vraiment quand les minutes paraissent aussi longues que des heures. C'est juste insupportable de regarder les aiguilles tourner.
Bon, j'étais pas loin de la fermeture et je n'avais toujours pas mon café, mais si j'avais bien compris les mots du jeune serveur, j'avais quand même un peu de temps pour me poser. Il n'avait pas l'air pressé de terminer sa journée non plus et tant mieux, je n'avais aucune envie de boire ma boisson chaude sur un trottoir et avec la chance que j'avais, je me prendrai une bonne averse sur la tête. Ca m'arrangerait de le boire ici en effet. J'aime bien me poser. Mais je ferai vite quand même. Il m'avait l'air tout à fait commercial. J'ignorais d'ailleurs si c'était lui le gérant du café, ce qui ne serait pas étonnant. J'ai rarement vu de simples serveurs faire des heures supplémentaires comme ça. Enfin, heures supplémentaires étaient un bien grand mot mais j'avais surtout l'habitude de voir des employés souffler quand ils voyaient quelques arriver si peu de temps avant l'heure de fermeture. Il arrive même que parfois, ils refusent de les servir en se disant justement, qu'ils n'auront pas le temps de consommer sur place. Celui ci me semble bien joyeux et heureux de vivre. Se permettant de chantonner sur Lady Gaga. Ca change des son des stradivarius que j'entends au bureau. enfin, plutôt dans les couloirs de la radio. C'était pas tous les jours mais en tout cas, aujourd'hui, on avait entendu pas mal de violon, un petit kif du directeur avant qu'il ne s'en aille.

Fermeture imminente ouais. Mais elle a de la chance je suis sur un bon jour et je l’aime bien, même si on se connait pas. Je lui propose de rester le boire sur place et elle accepte, ça ne me dérange pas même si j’aurai cru qu’elle le prendrait à emporter. Comme quoi je ne suis pas doué pour les devinettes. Elle précise qu’elle fera vite et j’hoche la tête.

« Ne t’inquiètes pas, j’ai de quoi m’occuper. »

Je suis vraiment de très bonne humeur. Je crois que c’est la musique qui aide aussi. Ecouter un bon album en bossant c’est toujours plus agréable. La musique c’est important dans ma vie. Si je pouvais je me mettrai à danser derrière le comptoir mais non. Là je suis en train de lui préparer son café, et le mien. Je fais ça vite et bien, d’ailleurs j’ai quasiment terminé. Eva me parle de la musique que j’ai mis et je souris bien largement.

« C’est le dernier album de Lady Gaga, Joanne, t’as dû en entendre parler. Il a pas trop marcher ici mais il a fait un carton aux States. Sûrement parce qu’il est très country. Moi en tout cas j’adore. »

Je suis conscient que j’ai donné bien trop d’information à ce sujet mais je suis un passionné et je ne peux pas m’en empêcher. Surtout quand il s’agit de mes artistes préféré.

« Mais c’est déjà bien que vous ayez de la musique au boulot. Je crois que je me satisferai de violon si jamais il n’y avait que ça. Là je dois avouer que je me suis fait plaisir parce qu’il n’y a plus que moi pour gérer la boutique. »

Je termine de préparer son café et je le pose au bout du comptoir, comme toutes les commandes.

« Et voilà, bonne dégustation. »

Je prends le café que je me suis préparé également et je fais comme si je trinquais avec son gobelet. Je suppose que la conversation va se terminer là, même si j’ai bien envie de discuter encore un peu avec elle. Je ne saurai dire pourquoi je l’aime bien cette fille. Elle m’a l’air fort sympathique.

C'était sympa de sa part de ne pas me mettre dehors. Je n'étais pas seule non plus, il y avait d'autres personnes qui traînaient sur leur ordinateur. Vu leurs têtes, je dirais que ce sont des étudiants qui viennent pour avoir la wifi. J'avais vu le sigle sur la porte vitrée. En même temps, à Brisbane c'était très facile de pouvoir se connecter à internet dans un bar ou un café. Presque tous avait un accès wifi public et donnaient leur codes avec facilité. C'était pratique pour les étudiants et pour ne pas à payer d'abonnement, mais ça avait ses limites quand même. Peut être qu'au final, ça revenait plus cher de devoir payer une consommation à chaque fois qu'on en avait besoin. Enfin, je l'ignorai, j'en avais pas besoin, j'avais toutes les connexion que je voulais chez moi et encore plus au travail, puisque c'était là que je passais le plus clair de mon temps. Bref, pour en revenir à nos moutons. Le serveur commence à me parler de Lady Gaga. Bien sur, je connais cette artiste mais j'avoue n'être pas très fan d'elle pour autant. J'ai beaucoup de mal avec son style et j'avoue, elle a tendance à me faire flipper. J'ai jamais trop écouté. Mais tu m'as l'air d'être un connaisseur. je m'étais surpris à le tutoyer tiens. Ca m'arrivais des fois. Je travaille dans une radio donc... on va dire que la musique, c'est régulier quand même. Même si on a des émissions en tout genre. Mais ce serait bien triste si on avait pas de musique dans nos couloirs. Me voilà entrain de raconter ma vie, enfin, y avait pire quand même, mais j'avais pas vraiment l'habitude de discuter avec des personnes qui étaient là pour me servir. Il me dépose mon café sur le comptoir et je le saisi avant d'aller m’asseoir à une table non loin du comptoir. Finalement, j'étais seule et il semblait être plutôt sympathique, autant lui tenir compagnie. Du coup, tu sais comme je m'appelle. Mais toi? a force d'écrire mon prénom sur les gobelet, j'avoue qu'il avait de quoi retenir mon prénom. Mais lui, j'en avais aucune idée. Je ne voyais pas de badge sur son uniforme.

Elle a jamais trop écouté Lady Gaga, c’est limite si elle ne serait pas en train de baisser dans mon estime et puis je me souviens que je la connais à peine, donc en fait non, tout va bien. J’aurai quand même préféré qu’elle me dise qu’elle était fan. J’aurai pu me lancer dans une conversation sans fin sur la qualité de son dernier album. Je suis carrément impressionné quand elle dit bosser dans une radio.

« Ca doit être super cool de bosser dans une radio. »

La musique ça me branche carrément. Ca doit être quelque chose de bosser dans une radio. Rien à voir avec mon Starbucks. Je souris quand elle me demande indirectement mon prénom.

« Aaron. Enchanté Eva. »

Parce que oui je me souviens de son prénom et je lui montre bien. Je sirote mon café, ne faisant pas trop de nettoyage, après tout j’avais presque terminé. Je reviens sur le sujet d’un peu plus tôt parce que c’est quand même top la radio.

« Du coup c’est comment de bosser dans une radio ? Ils cherchent pas des petits jeunes pour des petits boulot sans expérience ? »

Oui je m’intéresse, je compte me barrer d’ici dès que j’ai trouvé un job.

« Non parce que je suis en train de voir pour changer de boulot, ça peut être intéressant la radio. En plus c’est dans le coin non ? Ca me changerait pas trop pour le trajet le matin. »

Je me fais déjà mes films comme si j’étais embauché à la radio. Je suis du genre à rêver bien vite, même si mon boulot n’est pas si mal ces derniers temps. C’est juste ma motivation qui commence à être au plus bas. Quand ça commence comme ça il vaut mieux que je fasse un changement dans ma vie sinon je vais pas tenir longtemps. Je préfère prévenir que guérir.

« C’est quelle radio d’ailleurs ? Ils passent quoi comme genre de musique ? Bon j’avoue j’écoute pas vraiment la radio et ici on a un ipad branché derrière avec Spotify dessus. On se fait des playlists ou bien on en prend des toutes faites. C’est pratique. »

Je suis accoudé au comptoir, penché en direction de Eva, le gobelet dans ma main, tranquille.

Cool de bosser dans une radio? Oui, j'aimais mon travail, de la à dire que c'était cool, je n'irai pas si loin, au contraire. Je faisais un travail qui demandais de la rigueur, du serieux, beaucoup de professionnalisme. En soit rien de vraiment cool, tout comme, j'estimais que ce n'était pas cool de travailler dans un starbuck, ni dans un parc d'attraction ou dans un cirque. Aucun travail pour moi ne semblait être cool. Mais c'était sans doute jouer sur les mots que de rebondir sur ça. Il voulait peut être dire par là que c'était intéressant et ça, oui, ça l'était. Je me contente donc de hocher la tête pour lui répondre. Ca semblerait suffire. Il se présente ensuite, j'avais donc affaire à Aaron. Je me souviendrai de ce prénom, c'était le même que mon tout premier chéri, j'avais à peine 12 ans et nous étions le petit couple de référence dans la cours de notre école. Ca me faisait sourire rien que d'y penser. J'ignorais ce qu'était devenu cet Aaron à présent d'ailleurs. Une fois le collège, celui ci avait disparu de la circulation, mais j'imagine que ses parents avaient du déménager et il n'avait pas eu d'autre choix que de suivre, à cet âge. Cette disparition ne m'avait pas plus touchée que cela. Bien trop jeune pour me rendre compte de quoi que ce soit, mais nous étions tout de même très mignon tous les deux. Enchantée Aaron. et de toutes évidence, il ne s'agissait pas de ce même Aaron non plus.
Tiens, il semblerait qu'il soit bien plus interessé que ce que je n'avais pensé par la radio. Me demandant carrément si nous cherchions quelqu'un. Je n'ai pas eu vent dernièrement d'une place qui se libérait. du moins, pas pour un poste qui ne demandait pas d’expérience en tout cas. On est à deux minutes oui. Si non, je ne prendrai pas la peine de venir jusque ici après mon travail en tout cas. Ce starbuck était simplement bien placé, si non, je me serai trouvé un autre café de prédilection. Mais si jamais j'entends parler de quelques chose...
Je saurai à qui penser. j'ignorai quoi à vrai dire. Qu'est ce qui te brancherait? Il ne fallait pas que je lui donne de faux espoirs non plus. Je n'étais pas non plus celle qui recrutait le personnel, même si je pouvais avoir mon mot à dire parfois. On est surtout une chaine d'information.
Mais on a des chroniques moins sérieuse. La direction aimerait toucher un public plus large. La musique est éclectique. Maintenant que mon café avait refroidit un peu, je pouvais commencer à le boire, il ne fallait pas que j'oublie que j'étais venue juste avant la fermeture. Je ne voulais pas non plus abuser.

Apparemment il n’y a pas de poste à pourvoir au sein de la radio. En vrai je m’attendais pas à ce qu’elle me dise oui. Et surtout je n’aurai sûrement pas eu les conditions requises pour le poste, mais c’est beau de rêver. Ca fait quelques semaines que je scrute les annonces pour trouver autre chose. Changer de branche pourquoi pas, mais ça veut dire se satisfaire d’un petit salaire, je ne sais pas si j’ai vraiment envie de ça. Sachant que je suis du genre à bosser juste pour avoir assez de fric et sortir en club. Définitivement non. Je vais sûrement devoir me trouver quelque chose dans un café. Ca ne me dérange pas plus que ça, ça me plaît même. Juste j’ai besoin de changement maintenant après cinq ans dans la même boîte. Je vois trop de mauvais côtés, des choses qui ne changeront jamais. Eva me dit qu’elle me tiendra au courant si jamais elle entendre quelque chose à propos d’un job à la radio.

« Cool ! Merci. Dans la musique ça me brancherait bien. Je sais pas trop ce qui existe comme postes dans le monde de la radio. »

Elle m’explique qu’ils sont plutôt une chaîne d’information.

« Ouais pas vraiment pour les infos moi, plutôt les trucs sans prise de tête. Une radio libre genre. Ca peut être cool ça. »

Niveau horaires ça doit pas être si top que ça. Les radios libres c’est surtout le soir si je dis pas de conneries et moi le soir j’aime sortir et aller en boîte. Je n’avais pas pensé à ça avant de m’avancer.

« Ou bien la programmation musical si y’a un job dans ce genre. Ca peut être sympa. Et avec des horaires normales. Je suis souvent pris le soir du coup je pourrais pas trop bosser de nuit ou quoi. »

Je parle comme si elle allait vraiment avoir quelque chose à me proposer. Y’a surtout beaucoup de chances qu’on ne se voit plus du jour au lendemain parce que j’aurai quitté Starbucks et ça se terminera comme ça entre elle et moi. Ouais je fais un peu dans le drama.

« Comme t’as dû le deviner je me cherche un autre boulot. D’ici un mois ou deux je compte partir d’ici. Mais t’inquiètes pas les autres sont très bien formé. Par mes soins. »

Je me la raconte un petit peu, je dois l’avouer, c’est plus fort que moi.

« Je suis le plus ancien des employés de cette boutique. Il est temps que je vogue vers d’autres horizons. »

ABC est une grosse radio, c'est du sérieux. Histoire qu'il pense pas qu'il pourrait se la couler douce si jamais il arrive à entrer dans la boite. Mais, j'allais pas forcer sa candidature en tout cas, après tout, il reste le mec qui me sert mon café de temps en temps quand je sors du taf. Mais je pouvais quand même le tenir informer si jamais j'entendais quelques chose. Il m'a l'air d'être assez motivé et pas feignant. Je pense que pour travailler dans ce type de coffe shop il fallait en vouloir, moi, je sais que je ne pourrais pas.Je ne te promets rien de toutes façons. Bon, quand même, on est une radio qui tourne 24 heures sur 24, donc pour les horaires, en fonction du poste, je ne peux rien promettre... mais en gros, c'est souvent soit tôt le matin, soit milieu d'apres midi jusqu'à assez tard. Ca dépend des postes, ca dépend des émissions... ca dépend de beaucoup de choses. Il me semblait bien que je le voyais ici depuis pas mal de temps. Et c'est la première fois qu'il prend le temps de se poser un peu pour discuter, peut être pour savoir si justement mon taf pourrait pas l'aider à trouver quelques chose de nouveau. Et peut être aussi qu'il prospectait comme ça depuis pas mal de temps auprès de tous ses clients. Vous avez déjà d'autres idées en tête? J'imagine quand même qu'il avait quelques pistes, je l'espérais pour lui. On ne quitte pas un travail du jour au lendemain sans savoir ce qu'on allait faire ensuite. Enfin, c'est comme ça que je vois les choses. Je suis pas tellement intrépide en ce qui concerne ma vie professionnelles. J'ai toujours fais mon bout de chemin tranquille, en donnant toutes les chances pour avoir ce que je voulais, sans grande difficultés d'ailleurs, mais tout plaquer et aller vers l'inconnu, jamais. C'est pas possible pour moi, je pense que ça me ferait trop peur.  

Elle vente les mérites de la radio ABC où elle travaille et je veux bien la croire. J’y connais rien en même temps dans ce domaine. J’écoute pas la radio, je suis toujours à faire tourner les mêmes playlist sur spotify. Elle m’explique que la radio tourne 24/24 et c’est vrai, c’est pas con maintenant que j’y pense, ça s’arrête vraiment jamais les radios, j’y avais jamais fait trop gaffe. Moi qui veut mes soirées de libre ça sent mauvais pour partir de ce côté là. Si jamais je bosse de nuit je crois que je serai le plus malheureux du monde. Moi qui ait mis un point d’honneur à vivre après le boulot et sortir en boîte, si jamais j’ai plus mon petit plaisir ce serait la catastrophe. Je pourrais pas accepter un tel job. Elle dit que les horaires dépendent de plein de choses et je veux bien la croire.

« Ca tourne quand même les horaires non ? Si on est de nuit on l’est pas tout le temps non ? »

J’essaie de choper de l’info supplémentaire à ce propos. Elle me demande si j’ai d’autres idées en tête pour mon futur boulot et je fais un vague signe de tête.

« J’ai commencé à regarder un peu les offres d’emplois et je sais que je ne veux pas bosser dans la restauration. Plutôt rester dans un café avec des horaires de journées. Ou pourquoi pas un job de bureau… Mais je suis pas sûr de tenir dans un job de bureau. J’ai besoin de bouger. »

Je bois une gorgée de mon café et je remarque que je l’ai déjà presque terminée. Les gens dans le café sont toujours assis à leurs tables. A croire que si on leur dit rien ils restent indéfiniment. Je fais le tour du comptoir.

« Je vais fermer dans un petit quart d’heure. »

Je dis ça à Eva et je fais de même avec les autres qui sont encore là. Mine de rien le temps passe et je ne suis pas payé. Heureusement je n’ai rien prévu de spécial après le boulot aujourd’hui. Je retourne derrière mon comptoir.

Comme je dis, tout dépend du poste...
Certains ont toujours les mêmes horaires, ceux qui sont rattaché à une émission. Souvent, c'est une équipe pour une émission... après tous les autres métiers qui sont plutôt administratif, c'est des horaires de bureaux si je peux dire. Ceux qui sont sur la matinale débarque vers 4 heures du matin, ceux qui sont sur l'émission de midi viennent à 9 heures, ainsi de suite... Il faut participer au brain storming, voir l'actualité, les sujets à aborder, les chroniques... que chacun soit bien à sa place, sache quand il intervient... enfin, je pense que je pourrai en parler pendant des heures. Mais je n'avais pas non plus tout le temps devant moi. Je me rends compte que mon café est aussi entrain de refroidir. D'après ce qu'il me dit, j'ai bien l'impression qu'il est un peu perdu et que ca semble pas si évident de savoir ce qu'il pourrait faire. Mais quitter un travail comme celui ci pour retourner dans un autre bar... hm... pourquoi pas. En tout cas, s'il est passionné par quelques chose, autant foncer. J'espère pour toi que tu vas finir par trouver quelques choses en tout cas! Moi je te verrai bien dans l'animation, en tout cas. pour quelques chose qui bouge, c'était le cas. Mais je dis ca comme ça, finalement, je ne le connais pas. Faut pas que tu quitte le contact avec les gens en tout cas, t'es plutôt pas mal pour ça. Je termine mon café et lorsqu'il me dit qu'il va bientôt fermé, je me rends compte que j'ai déjà trop abusé de son temps. Ouais, t'as raison, bon, du coup, je vais y aller! Tu sais quoi? Donnes moi tes coordonnées, on sait jamais... Je me rends compte que je le tutoie depuis un petit moment déjà, signe que je suis plutôt à l'aise avec lui, y a un feeling, c'est déjà un bon point. Mais j'ai pas le temps pour bavarder plus et lui il va bientôt fermer aussi. J'attends qu'il me note son numéro sur un feuille et je pourrais ensuite y aller.

J’insiste sur les différents postes et les horaires, elle prend le temps de me répondre. Je comprends un peu mieux la logique. C’est vrai que si une émission est à la même heure tous les jours, l’équipe qui s’en occupe devra bosser à cette heure ci tout le temps. Ca ne parait pas être très intéressant du coup. Avec ma chance si je suis pris je serai avec l’équipe qui commence à 4h du mat’. Moi j’ai besoin d’horaires assez normales, en journée, pour pouvoir profiter de mes soirées à sortir. A vivre. J’hoche la tête pour toute réponse aux explications d’Eva. J’apprécie qu’elle prenne le temps. Elle a l’air passionné parce qu’elle en dit un tas de choses. C’est assez cool de croiser quelqu’un comme ça. Elle doit aimer son boulot. On parle de ce que je recherche comme boulot et elle me donne ses encouragements. Elle dit qu’elle me verrait bien dans l’animation.

« Ouais ça peut être sympa ça. »

Je suis du genre à beaucoup parler, même pour rien dire. Je saurai meubler pour animer une émission. Bon ce n’est pas sûr que mes sujets de conversations intéressent tout le monde, mais c’est quand même un bon début, je suppose. Je souris quand elle me dit que j’ai un bon contact avec les gens. On me l’avait jamais dit alors que je bosse ici depuis cinq ans. Les boss sont pas fichu de nous faire des compliments ici. Il faut vraiment que je me barre. Je me sens tout fier du coup, ça boost bien ce genre de choses.

Je finis par lui dire qu’on va fermer, et elle me demande mes coordonnées. Je suis agréablement surpris.

« Oh ouais carrément. Ca peut servir. »

Je vois qu’elle ne sort pas son portable ou quoi alors je vais de mon côté prendre une serviette starbucks pour noter mon prénom, mon nom et mon numéro de téléphone.

« Je te mets mon email aussi, je les regarde souvent. »

Je gribouille ça en essayant que ça soit quand même bien lisible et je lui donne la serviette. Je lui fais un large sourire et puis elle est sur le départ.

« A la prochaine ! »

Je la regarde sortir et je vais ranger les chaises de la salle une fois que les gens assis sont parti. Je vais pouvoir rentrer chez moi dans moins de cinq minutes.