Contrairement aux idées reçues être une personnalité publique n’avait rien de merveilleux, c’était sans aucun doute ce que Priam détestait le plus dans son boulot ; il lui arrivait de penser que lâcher prise était la seule chose à faire mais il ne passait pas à l’acte parce que le sport et particulièrement le rugby le faisait se sentir vivant. Aujourd’hui n’était juste pas sa journée, il avait subis les foudres de son agent pour des futilités publiées dans la presse people et il ne comprenait toujours pas pourquoi elle accordait toujours autant d’importance à ce genre de chose. Épuise par une journée bien trop longue à son gout il décida de prendre le chemin du Canvas, un des bars qu’il avait l’habitude de fréquenter et il savait que l’ambiance serait plutôt calme un soir de semaine. Ayant l’intention de boire une dose conséquente d’alcool, il décida de ne pas prendre sa voiture et de commander un taxi qui le déposa devant le bar une dizaine de minutes plus tard. Comme il l’avait deviné le bar était plutôt calme ce soir, il y a avait devant deux petits groupes d’étudiants qui semblait être venu prendre un verre avant de rejoindre une soirée plus intéressante ; l’intérieur n’était pas beaucoup plus palpitant, quelques habitués qui devait considérer ce bar comme leur premier maison et plusieurs visages inconnus. Malgré tout, il entra dans le bar et s’approcha du comptoir commandant un whisky sec avant de repérer un visage familier à quelques mètres ; il récupéra son verre et s’approcha de la blonde solitaire « La place est libre ? » demanda-t-il en désignant le tabouret vide près du sien. Une fois sa réponse obtenu il s’installa déposa son verre sur le comptoir, il ignorait beaucoup de choses à son sujet, il ne lui avait même jamais demandé son prénom mais elle était souvent là quand il l’était ; partager un verre avec elle était devenu une sorte d’habitude au fil des semaines « Ça sera quoi ce soir ? » son verre était vide et il avait bien l’intention de lui remplir.

En passant la porte du bar Priam était presque sûr de tomber sur elle. Depuis quelques semaines maintenant il retrouvait la jeune femme assise au bar, toujours à la même place, buvant sa bière avant de passer à quelque chose d’un peu plus fort. En dehors du fait qu’elle aime les boissons à base d’alcool il ignorait tout de sa personne ; leurs discussions étaient plutôt futile mais pourtant agréable, il se sentait toujours plus léger après un moment avec elle. Il s’approcha de la jeune femme et prit place à côté d’elle lui demandant comme d’habitude ce qu’elle souhaitait boire « Un gin tonic » il hocha la tête et attira l’attention du barman avec un geste de la main « Un gin tonic et un whisky sans glace, merci » dit-il avant de rapporter son attention sur la jeune blonde qui semblait étrangement triste et mélancolique ce soir. Une minute à peine après avoir passé la commande, le barman déposa les deux verres devant eux avant de s’éloigner sachant que ces verres seraient les premiers d’une longue série Qu’est-ce qui t’amènes ce soir ? » il haussa les épaules et attrapa son verre avant de prendre une bonne gorgée, en réalité il détestait le goût de cette boisson mais elle avait le don d’effacer toutes les mauvaises choses de sa journée « Mauvaise journée » dit-il simplement en repensant à tout ce qui avait pu pourrir sa journée « Y’a des gens qui ont l’art de rendre une bonne journée merdique » ajouta-t-il avant de prendre une nouvelle gorgée de son verre. Il se tourna vers son inconnu, même si elle ne savait rien sur Priam, elle écoutait avec attention et se montrait généralement de bon conseil, c’est l’avantage de ne pas connaitre les gens pensa-t-il en affichant malgré tout un léger sourire. « Et toi alors ? Il se passe quoi ce soir ? » il n’était peut-être pas le seul à avoir envie de se changer des idées.

L’avantage avec une parfaite inconnue était de pouvoir discuter de tout sans avoir à craindre d’être jugé ; il avait cette sensation avec sa blonde, elle faisait preuve d’une bonne capacité d’écoute et elle ne disait jamais rien de désobligeant, d’une certaine façon cette fille était parfaite. Une fois installé à ses coté il commanda deux verres qui arrivèrent quelques secondes plus tard. Son inconnue lança la première la conversation en l’interrogeant sur sa venue dans ce bar, cette fois-ci c’était une mauvaise journée qui l’avait poussé à passer la porte du bar et évidemment il fut curieux de connaitre sa raison. « A qui le dis-tu » elle était souvent d’accord avec lui, il se demandait parfois ce qu’elle pouvait bien faire dans la vie mais il ne posait pas la question, leur relation lui convenait très bien ainsi. Il attrapa son verre et en prit une bonne gorgée avant de se tourner vers la jeune femme « J’avais besoin de me changer les idées. » décidément ce n’était pas bien glorieux, mais au moins elle ne mentait pas sur ses émotions et sur ses sentiments – ce qui n’était pas toujours le cas des femmes – il joua avec le verre en posant son regard sur la jeune blonde « C’est qu’on a ramené la bonne humeur avec nous ce soir » toujours sur la même longueur d’ondes pensa-t-il en affichant un petit sourire « Je ne t’ai jamais dit que j’étais le roi de la fête ? » il l’était quand il se sentait d’humeur mais ce n’était clairement le cas ce soir, cependant la jeune femme réussi à lui arracher un petit sourire. « Tu vois si on était encore étudiants, notre seule préoccupation serait de savoir si on aura la force d’aller en cours demain malgré la gueule de bois. » il approuva d’un hochement de tête tout en repensant à l’époque de l’université, c’était il y a environ huit ans pourtant il avait la sensation d’avoir quitté les bancs de la fac il y a des lustres « A l’époque je voulais juste en finir avec ça, je voulais passer dans la vie active et être un adulte avec tout ce qui va avec. J’étais impatient alors que c’était clairement le bon temps » il avait voulu grandir trop vite et il avait oublié de profiter des choses simples « Mais en y pensant, j’aurais surement décidé de sécher la matinée et de reprendre un verre » dit-il en terminant son verre d’une traite « Tu me rendrais presque nostalgique de cette époque tu sais » mais remonter le temps n’était pas faisable.

Aujourd’hui c’est sans doute avec des inconnus que Lydia se sent le mieux, parce qu’elle n’a pas l’impression de sentir tous ces regards qui la jugent, qui jugent ses choix de vie. Alors ça lui convient, ça lui convient qu’il ne sache pas son prénom, ni ce qu’elle fait dans la vie, comme ça lui convient de ne rien savoir sur lui. Mais elle le comprend quand il dit qu’il y a des personnes qui ont le temps de gâcher une journée, comme toutes ces personnes qui pensent qu’il suffit de venir à la mairie avec un bout de papier pour se marier le jour-même, tous ceux qui pensent qu’elle est à leur disposition à cause de son visage innocent. Alors elle est venue ici pour se changer les idées, comme elle le fait presque tous les soirs, dans l’espoir vain que tout s’arrange le lendemain, que tout finisse par aller mieux, même si ses prières ne font jamais écho. Mais lui non plus il ne respire pas la joie vivre ce soir, c’est sûrement un triste spectacle qu’ils offrent aux clients du bars, qu’importe elle en a pris l’habitude, une habitude peut-être un peu trop malsaine. « Oh ça se voit à ton sourire un peu trop prononcé et à tous les shots que tu t’enfiles depuis le début de la soirée. » répond-elle, un sourire en coin lorsqu’il lui dit qu’il est le roi de la fête. S’il y en a qui sont les rois de la fête ce sont certainement les étudiants présents dans ce bar, eux dont le seul problème est de savoir s’ils iront en cours demain, s’ils réussiront à finir le semestre. Cette époque elle paraît bien lointaine dans la mémoire de Lydia. « Je pense qu’on était tous un peu comme ça, à vouloir grandir trop vite. » C’est le propre de l’humain de toujours vouloir ce qu’il ne peut pas avoir, quand ils étaient étudiants ils étaient un peu trop pressés de quitter l’université, et maintenant cela semblait appartenir à un lointain passé, une période légère et presque futile. « Bon choix. » Elle, elle ne sait pas ce qu’elle aurait fait, ça aurait dépendu des autres, parce que Lydia c’est une suiveuse par excellence, celle qui a besoin de faire comme tout le monde pour ne pas être exclue. Elle l’imite lorsqu’elle le voit descendre son verre d’une traite, parce qu’elle sait qu’il ne dira rien comme il vient de faire la même chose, et c’est agréable de pouvoir faire ce qu’elle veut sans craindre aucun jugement. « Il n’est pas pour y retourner et faire autre chose. Tu crois que t’étudieras quoi aujourd’hui si tu pouvais y retourner ? » Bien sûr il n’a certainement pas envie d’y retourner malgré la nostalgie, comme elle n’en a pas envie, mais elle se demande si ses choix seraient différents maintenant qu’elle a un peu plus avancé dans sa vie.

« Oh ça se voit à ton sourire un peu trop prononcé et à tous les shoots que tu t’enfiles depuis le début de la soirée » il arqua un sourcil en se tournant vers la jeune femme « Je rêve ou t’es en train de te moquer là ? » dit-il comme si ce qu’elle venait de dire était la chose la plus affreuse qu’il n’avait jamais entendu. Le temps avait passé depuis l’époque de l’université et Priam était un homme différent maintenant ; à une époque il était fêtard, peut-être un peu trop, il avait même cru que le domaine du sport lui passerait sous le nez à cause de ses frasques mais comme beaucoup de jeunes il avait tendance à agir comme un con. Il lui avoua que durant cette période la seule chose qu’il souhaitait était de grandir et de passer à la vie professionnel en évitant toute cette période de l’université « Je pense qu’on était tous un peu comme ça, à vouloir grandir trop vite. » il comprit qu’il n’était pas le seul à avoir pensé ainsi pendant son adolescence, avec le recul il regrettait d’avoir pris les choses avec tant de légèreté au lieu de profiter du moment présent « Il n’est pas pour y retourner et faire autre chose. Tu crois que t’étudieras quoi aujourd’hui si tu pouvais y retourner ? » elle l’ignorait puisque discuter de leur vie privé n’était pas une chose qui était dans leurs habitudes, mais Priam avait réaliser son rêve en réussissant dans le sport et plus particulièrement dans le rugby, au fond il n’était pas qu’un autre parcours universitaire le mène à une telle réussite malgré tout il y avait déjà pensé, une fois « Je changerais rien sur le passé mais si je devais retourner à la fac, j’étudierais un truc utile comme la médecine… » avoua-t-il, si le sport ne lui avait pas ouvert de porte, il aurait aimé être capable de sauver des vies. Il fit signe au serveur de lui servir un nouveau verre avant de se tourner vers la jeune blonde « Hé mais c’est personnel ça mademoiselle » il afficha un petit sourire c’était la première fois qu’elle posait ce genre de question « Je te retourne la question du coup. Tu ferais quoi toi ? » demanda-t-il curieux.

Elle se moque gentiment de lui parce que comme ça il ne lui apparemment pas forcément comme étant le roi de la fête, mais cela n’a rien de bien méchant, même si elle n’est pas certaine qu’il ait interprété ses propos de la manière dont elle l’aurait voulu. « Un petit peu. » lui répond-elle dans un sourire. Lydia elle ne se permet que très rarement de se moquer réellement des autres, parce qu’elle sait qu’il y a de quoi dire de son côté. Elle, elle ne respire pas la joie de vivre non plus, ça n’a jamais été le cas pour tout dire. Mais voir ces étudiants assis à une table lui rappelle une période plus heureuse de sa vie, un moment où tout semblait être plus facile. Parfois elle aimerait retourner en arrière, il y a tellement de choses qu’elle ferait différemment à commencer par ses études, elle aurait très certainement choisi quelque chose d’un peu plus passionnant. Elle lui pose alors la question qui lui trotte dans la tête depuis quelques secondes, se demandant si elle est la seule à éprouver quelques remords. « La médecine ? C’est plutôt noble. » Mais pour tout dire elle avait du mal à l’imaginer médecin. Mais qui était-elle pour en juger après tout, elle qui ne connaissait même pas son prénom. « Oui mais c’est une question hypothétique, alors disons que ça ne permet pas d’en apprendre beaucoup sur toi. » Disons que si elle était psychologue elle pourrait peut-être tirer des conclusions sur sa personne avec une telle réponse, mais avec les compétences qu’elle possédait cette information ne lui servait pas beaucoup. « Je pense que j’étudierais le journalisme ou l’œnologie qui sait. » Elle aurait aimé être reporter, mais sa récente passion pour l’alcool lui faisait sans doute pencher pour l’œnologie, même si elle sait qu’elle aurait sans doute été une très mauvaise œnologue.

« La médecine ? C’est plutôt noble. » ça l’était en effet, au fond Priam n’était pas un sportif sans cervelle, il était passionné, ambitieux et faisait preuve d’une grande bonté dans la vie de tous les jours ; il aurait aimé sauver des vies si le sport ne faisait pas battre son cœur. C’était la première fois qu’ils discutaient d’une chose aussi personnelle tous les deux, même si ce n’était qu’avec des si, il se senti un peu plus proche d’elle et ne put pas s’empêcher de lui faire remarquer « Oui mais c’est une question hypothétique, alors disons que ça ne permet pas d’en apprendre beaucoup sur toi. » elle n’avait pas tort sur le fond mais une part de lui mourrait d’en apprendre plus sur la jeune femme, elle nourrissait sa curiosité au fil de leur rencontre mais de l’autre côté ignorait tout de sa personne était aussi intéressant. A son tour il l’interrogea sur ses rêves hypothétiques et sa réponse fut une vrai surprise « Je pense que j’étudierais le journalisme ou l’œnologie qui sait. » pas du journalisme bas de gamme pensa-t-il en l’imaginant écrire les torchons qu’il avait lu dans la matinée, en revanche l’œnologie avait quelques choses de passionnant à ses yeux « Une amatrice de vin ? » demanda-t-il curieux tout en terminant son deuxième verre de la soirée. Il jeta un coup d’œil à son téléphone en le sentant vibrer dans sa poche et il soupira en voyant le nom de message que son agent lui avait envoyé « T’as prévu quoi pour la suite de la soirée ? » il ne savait pas encore ce qu’il ferait mais il avait dans l’idée de passer encore un moment en compagnie de la jolie blonde qui lui tenait compagnie depuis plusieurs soirs.

La question posée par Lydia est assez personnelle, même si elle ne fera rien avec la réponse qu’il lui donnera, ça ne l’aidera pas d’avantage à savoir qui il est. Mais c’est toujours intéressant de savoir si certains auraient changé quoi que ce soit au passé si on leur donnait la chance ou s’ils auraient tout refait exactement de la même manière. Lydia sait déjà qu’elle changerait pratiquement toute sa vie si elle le pouvait, parce qu’elle n’est pas bien joyeuse à l’heure actuelle. Et elle commencerait par étudier quelque chose de plus intéressant, un sujet qui lui permettrait aujourd’hui d’être autre chose qu’une vulgaire employée municipale. Le journalisme a toujours été son rêve, même si elle s’est toujours pensé un peu trop sotte pour aller au bout de telles études. Aujourd’hui elle se dit qu’elle pourrait certainement étudier l’œnologie à la vue de la récente passion pour l’alcool qu’elle s’est trouvée. « Pas vraiment, je suis incapable de faire la différence entre un mauvais et un bon vin. Mais ça a l’air intéressant. » répond-elle dans un sourire. Honnêtement, que la bouteille soit à trois ou cent dollars Lydia sera incapable de rendre la différente, et tant que ça lui permet d’être saoule elle s’en moque un peu en ce moment pour tout dire. « Oh rien de spécial. J’avais prévu de passer la soirée ici, jusqu’à ce que tout soit flou. » A quoi bon mentir ? Cela ne sert plus à rien, elle n’essaie même plus de se voiler la face. « Et toi ? Tu me suis ou alors t’as une soirée prévue, un gosse à aller coucher, un date Tinder, ou peu importe ce que les gens font de leur soirée ? » Elle, ses soirées elle les passe ici, la plupart du temps, et elle semble avoir oublié ce que c’était de faire autre chose que de venir ici ou se lamenter sur sa triste vie le soir sur son canapé en se goinfrant de pizza.

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Priam refusait de vivre une vie pleine de regrets et de remords, il vivait sa vie sans se poser trop de question en se contentant de vivre au jour le jour. Pendant de longs mois, il avait vécu avec la culpabilité et le regret d’avoir trompé sa petite amie, Cora, aujourd’hui il avait compris que regrettait ne changerait surement pas ce qui s’était passé, avancer et essayer de se faire pardonner était la seule chose logique à faire. En regardant la jeune femme, il eut l’impression que ses pensées étaient différentes, son regard était plein de mélancolie, elle devait même regretter d'être venu ici ce soir. Elle se confia à lui sur ses rêves et ses espoirs, il fut surpris quand il lui parla de l’œnologie mais cette discipline avait quelques choses d’attirant, en particulier lorsqu’elle était pratiquée par une femme « Pas vraiment, je suis incapable de faire la différence entre un mauvais et un bon vin. Mais ça a l’air intéressant. » il se demanda d’où pouvait lui venir ce désir de travailler dans ce domaine mais partir de rien était plus intéressant que commencer dès études en étant déjà un expert dans le domaine. Il l’interrogea ensuite sur la fin de sa soirée, même si ce bar était son favori en ville il n’avait pas dans l’idée de rester assis sur ce tabouret à boire toute la nuit « Oh rien de spécial. J’avais prévu de passer la soirée ici, jusqu’à ce que tout soit flou. » il ne put s’empêcher de rire en l’imaginant ainsi, cette vision évoquait des souvenirs chez le jeune sportif qu’il aurait préféré oublier à tout jamais « Et toi ? Tu me suis ou alors t’as une soirée prévue, un gosse à aller coucher, un date Tinder, ou peu importe ce que les gens font de leur soirée ? » il arqua un sourcil en la regardant dans les yeux « J’ai l’air d’être un père de famille ? » demanda-t-il en terminant une nouvelle fois son verre « Pour tout te dire, ça doit faire quatre fois qu’on discute autour de boissons en tout genre alors j’me disais qu’il était temps de te proposer d’aller manger un truc. En tout bien tout honneur évidemment » il afficha un petit sourire en la regardant, elle était extrêmement jolie mais il n’avait aucune mauvaise intention envers elle « Partante ? » demanda-t-il.

Elle ne sait pas trop pourquoi elle lui parle d’œnologie. C’est une idée qui ne fait que passer, une pensée furtive qu’elle aura oubliée demain, rien qui ne mérite d’être discuté plus de cinq minutes. Elle aurait certainement été bien mauvaise dans ce domaine, comme elle l’est dans à peu près tout ce qu’elle entreprend, à part ruiner sa vie en bonne et due forme. Sa présence dans ce bar annonce déjà toutes les mauvaises décisions qu’elle prend chaque jour. Et son seul plan pour la suite de la soirée est de rester ici jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus marcher droit. Si elle ne l’aurait certainement pas annoncé aussi clairement il y a de cela quelques mois, aujourd’hui ça lui est égal que l’on sache que sa vie consiste désormais à boire toute seule dans ce bar. Quant au jeune homme elle n’a aucune idée de ce qu’il a prévu pour le reste de la soirée, elle fait des suppositions, toutes plus différentes les unes que les autres. « Eh, je te signale que je connais même pas ton prénom. » lui répond-elle dans un sourire lorsqu’il lui demande s’il a l’air d’un père de famille. « Mais c’est vrai que j’ai du mal à t’imaginer devoir rentrer pour devoir t’occuper de tes trois enfants. » Cela dit cette pensée lui soutire un léger sourire amusé parce qu’il n’a pas vraiment la tête de l’emploi. « Allons-y. » Elle n’est pas contre partager son repas avec lui, peut-être que ça lui permettra d’en apprendre plus sur lui, après avoir bu tous ces verres en sa compagnie. Ça lui convenait jusqu’à présent parce que c’était rafraichissant, mais il est peut-être temps qu’elle apprenne son prénom. Et puis elle a faim aussi, elle n’a rien mangé avant de venir et ces deux verres lui ont ouvert l’appétit.

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