tell me what you want from here, something that were like those years
Gautelisa
Il y a une part de culpabilité dans son attitude - une part de lui bien consciente qu’il n’y est pas pour rien - que chacun de ses gestes et de ses choix par le passé les ont mené ici. Lui, elle, Daniel. Jamais les choses n’auraient dû se dérouler de la sorte - ce n’était pas le plan, ce n’était pas ce qu’il désirait et pourtant - il avait cédé à ses envies, celles qui le rongeaient depuis si longtemps, qui faisait d’Elisabeth cette femme si attirante, si désirable. Elle n’était pas comme les autres, il l’avait compris de suite, en un regard, une fraction de seconde assez pour qu’elle transperce son coeur qui jusque là était resté impassible - en pleine maîtrise comme tout le reste de son corps. « Tu n’as pas à l’être. » C’est faux, il le sait, elle le sait aussi sans doute même si elle veut prétendre le contraire. « Je crois que si… » Mais ce n’est peut-être pas à elle qu’il doit des excuses. Parce qu’elle n’est pas la vraie victime et ça il le sait depuis trop longtemps. C’est ce qui a motivé cette fuite au bout du monde - ce qui rend toute cette situation si compliquée. Daniel et cette trahison qui revient toujours sur le tapis, qu’il ressasse sans cesse depuis qu’Elisabeth est revenue dans sa vie. « Je lui ai parlé. Je… » Cette voix presque tremblante le pousse à un geste - un de ceux si peu fréquents - ce geste qu’il ne se permet qu’avec sa soeur en général et encore… La tendresse ce n’est pas son fort - pas parce qu’il n’aime pas ça mais peut-être juste parce qu’on ne l’y a pas habitué - que ce n’est pas forcément l'évidence.
Sa main glisse - part à la rencontre de cette peau qu’il désire tant mais qui est hors de portée - ces envies qu’il doit étouffer parce qu’elles sont malsaines - la main de la femme qui recouvre la sienne lui arrachant un frisson alors que son regard ne quitte pas le bleu puissant de ses iris. Il ferme un instant les yeux - comme pour se contenir, le temps que leurs mains se lient. « Ça va aller. » Les mots résonne d’une manière étrange à ses oreilles, son regard qui ne quitte pas celui de la blonde comme pour y déceler une vérité qu’elle n’oserait pas dire. « Je ne suis pas sûre de mériter autant d’attention de ta part, Gauthier… » Froncement de sourcil alors qu’il ne cesse de l’observer. « Arrête… » Il ne supporte pas qu’elle fasse ça - qu’elle se dénigre comme si son attention valait plus qu’elle. Les mots dans un murmure, son pouce qui caresse le dos de sa main, seul réconfort qu’il sait lui offrir pourtant . « Il m’a demandé de ne pas le faire, de lui laisser plus de temps. Du temps pour se retrouver, pour comprendre, seulement je n’en suis plus capable. Même avec du temps nous ne retrouverons jamais ce que nous avions, ce qu’il imagine encore. Je refuse de lui infliger un mariage aussi faux, il ne le mérite pas, je refuse de n’être qu’une illusion à ses yeux. » Il détourne le regard cette fois - met un peu de distance avec elle, sa main ne quittant pourtant pas celle d’Elisabeth. Évidemment il ne peut pas aller dans son sens, il ne peut pas faire de Daniel le bourreau, son esprit ne le supporte pas. « Et s’il a besoin d’une sorte d’ultimatum pour simplement me demander de ne pas le faire sans agir, je pense qu’il a simplement baisser les bras et depuis longtemps. » Il déglutit plus difficilement son regard qui se porte une nouvelle fois au loin. « Il a perdu la confiance Elisabeth… » Et il y a de quoi - il y a de quoi la perdre, de quoi être en colère, parce que c’est toute sa vie depuis ses 5 dernières années qui doit lui sembler comme un mensonge et encore… Il ne sait pas… Il ne sait pas qui est l’homme - celui qui a aidé à détruire sa vie.
« Je crois que j’ai aussi besoin de faire le point sans le poids de cette bague… » Le regard se porte à nouveau sur elle et cette bague qu’elle vient effleurer de sa main libre. Il serre la mâchoire encore, sa main le brûle presque à nouveau - comme si ce simple rappelle à Daniel rendait son contact honteux. Il défait ses doigts des siens, ses paumes qui se posent sur le sol. Le silence à nouveau, pesant comme si il devait répondre quelque chose. Mais il n’a pas de mots, pas les bons en tout cas - pas ceux qu’elle voudrait entendre sans doute. Il ne peut pas aller dans son sens - pas trahir plus encore même si une partie de lui en aurait envie. Les secondes s’étendent entre eux, l’impression qu’elles ne font que d'augmenter cette distance qu’il a mis. « On devrait redescendre avant que les garçons ne se reveillent. » Il se lève aussi vite - comme pressé tendant sa main à la blonde pour l’aider. Dès que leurs peaux se touchent à nouveau il sent ce frisson particulier qu’elle sait créer chez lui - elle se lève - trop proche de lui sa main toujours dans la sienne les regards qui se croisent toujours dans le silence. Un léger sourire de sa part - un peu triste. « Je ne suis pas doué pour ça n’est ce pas ? » Pour réceptionner ce type de nouvelles - pour trouver les mots, les actes qui aident. Ce regard entre eux, cette proximité c’est trop, trop de tentation. Ca ajouté à cette nouvelle qu’elle vient de lui avouer - il n’est pas vraiment maître de lui quand sa main libre vient se poser sur la chute de ses reins et que son visage s’approche dangereusement du sien pour déposer un baiser au coin de ses lèvres. Puis glissent jusqu’à son oreille où il murmure quelques mots comme un secret. « Je ne suis pas vraiment sûr de ce que je devrais dire ou ressentir… » Tout comme il n’est pas sûr de ce qu’il ressent - parce que c’est un mélange de bien trop de sensations nouvelles, brutes et bien trop intenses pour qu’il les décortique toutes d’un coup.
Le regard fixé sur mes mains nouées entre elles, j’aimerais disparaitre. Je ne suis pas ce que l’on peut appeler une personne bavarde mais quand il s’agit de parler de moi, j’arrive à m’ouvrir seulement devant quelques personnes. Avec Gauthier, les choses sont différentes. Alors que je le voyais pour la première fois, je lui aurais confié le plus secret de mes désirs, le plus désiré de mes secrets. Tant d’années plus tard, malgré les évènements survenus entre nous, il reste le seul à qui je peux dire que mon mariage part en morceau sans en faire des tonnes autour, sans qu’il me le demande. Non seulement parce qu’il est concerné mais également parce que je ne veux pas qu’il l’ignore sans savoir pourquoi. Je lui livrerais mes pensées les plus intimes pour un regard, un sourire et c’est pour cela que j’ai aussi peur de sa présence, peur de ce que je peux ressentir pour cet homme me rendant plus faible que n’importe lequel autre. « Je crois que si… » Je pince intérieurement ma joue à sa réponse. Nous ne serons probablement jamais d’accord sur ce sujet alors soit. Je le laisserais dire qu’il est désolé tout en pensant qu’il ne l’est pas. Il n’a rien fait à part être lui et je ne pense pas pouvoir être la personne lui en voulant pour cela… Pourtant, plus faible que je ne voudrais l’avouer, je continue à lui parler de Daniel. Sujet qui n’a jamais été simple entre nous. Brûlant, le nom de mon mari dans ma gorge me donne l’impression d’être une traitre et en même temps me rassure dans mes pensées. Daniel est une personne magnifique, un petit ami parfait, un mari comme on en rêve toute mais ce mari est parfait dans les films quand notre cœur bat pour lui sans jamais s’arrêter, sans jamais se retourner sur un autre. Mon cœur à moi battait pour son bras droit quelques minutes avant de battre pour lui, alors comment pourrais-je un jour corriger ce tir ? Comment pourrais-je à nouveau regarder cet homme sans qu’il voit en moi la personne ayant trahi toute sa confiance et ayant piétiné sa vie sur son passage ? Comment pourrais-je encore le regarder dans les yeux et lui dire que je l’aime comme aucun autre alors que son meilleur ami a repris possession de tout mon être à cet instant ?
Ses mains contre les miennes, sa peau brûlant mes pensées à son passage, je n’arrive pas à comprendre comment il peut exercer cette attraction sur moi, comment peut-il continuer à embraser tout mon être par un simple regard. Pourtant, par des respirations de plus en plus saccadées je retrouve un contrôle de moi-même, tentant de masquer tout désir laissant tout de même mon corps me trahir par quelques gestes mais gardant mon esprit sur ses questions afin de lui répondre au mieux qu’il comprenne et qu’il arrête de se croire coupable ne serait-ce qu’un peu de cette situation. Il ne devrait pas, même pas être désolé, pas même me regarder avec ses yeux magnifiques pour tenter de comprendre, de me réconforter alors que s’il savait il ne pourrait tout simplement plus rester à mes côtés… S’il connaissait toutes ses pensées que je garde au fond de moi pour ne pas le blesser alors que j’aimerais tant lui dire… « Arrête… » Un murmure, un souffle qui resserre mon cœur contre lui-même, qui aurait pu me faire taire mais que je ne peux entendre. Je reste persuadée de ce que je dis, je ne mérite pas tout ça, je suis la garce de l’histoire et s’il refuse de le voir, Daniel lui a dû le comprendre et il a pris la meilleure décision en s’éloignant de ça, de moi… Pourtant, même si je sais que ce serait probablement une meilleure idée pour Gauthier de l’imiter, je ne peux le laisser partir, pas lui aussi, pas comme ça, pas le père de mon fils, la raison des battements de mon cœur, de la palpitation de ma peau, l’embrasement de mes pensées… Alors que je continue, son regard se sépare du mien, rendant complexe ma respiration, comme s’il perdait espoir, s’il ne suivait plus, comme s’il allait partir à nouveau… « Il a perdu la confiance Elisabeth…» A leur tour, mes yeux fixent le sol comme s’il était devenu la chose la plus intéressante des environs. Je le sais. Il a perdu cette confiance qui pourtant était un des fondements de notre couple. Il a perdu cette confiance aveugle qu’il avait en moi, cette croyance indéfectible que jamais mon regard ne croiserait celui d’un autre homme mais aussi toute la fierté qu’il pouvait avoir d’avoir un fils, fils de la femme de sa vie… Ironie quand tu nous tiens… Daniel a tout perdu et je lui enlève encore plus par fierté, par égoïsme peut-être mais je ne plus penser que par lui, je dois me concentrer sur le futur de mon fils et il passera un jour par ma propre santé mental qui ne peut continuer correctement dans cette situation…
Alors que ma main touche l’anneau froid autour de mon cou, le regard de Gauthier croise la bague et comme si ce bijou était Satan lui-même, j’aperçois sa mâchoire suivre la contraction de son corps, je sais ce qui va suivre et dois tout de même mordre ma lèvre lorsqu’il brise le contact nous liant. Mes yeux se ferment et je laisse retomber le silence, aussi dur qu’il puisse être, aussi intense qu’il n’a jamais été. Comme si je venais de lui annoncer que je me mariais à nouveau, comme celui que nous avions partagé en haut de cette montagne quand il m’a dit pour la dernière fois au revoir. Comme un goût amer que je ne peux faire passer, je reste cloitrer dans ce silence imposé qui pour une fois, ne me convient pas. « On devrait redescendre avant que les garçons ne se réveillent. » Je le suis du regard, n’imaginant même pas à quelle vitesse peuvent fuser ses pensées, je m’empare de sa main et me relève, me retrouvant alors bien trop proche de lui. S’arrêtant net, ma respiration me fait défaut alors que tout mon corps me crie de m’approcher encore un peu plus, je contre même mon esprit à rester planter là, simplement devant lui. Son sourire, presque faux, étire tout de même mes lèvres et réveillent des centaines de papillon, synonyme d’un désir incontrôlable que lui seul sait invoquer en moi. « Je ne suis pas doué pour ça n’est ce pas ?» Je crois que nous sommes donc deux. Délicates, mes lippes se transforment en un sourire, léger, innocent. Comment pourrais-je lui en vouloir pour ça. Mes épaules se hissent pour tout aussi lentement reprendre leur place. Je pourrais aussi lui faciliter le quotidien en ne lui faisant pas ce genre d’annonce à chaque fois que l’instant pourrait enfin être simple et heureux. Je le positionne toujours dans cette situation complexe alors que je sais pertinemment qu’il ne peut prendre ces informations calmement, sans vouloir à tout prix prendre ses jambes à son cou par la suite. Pourtant je reste muette, ne pouvant délier mes lèvres, son regard envoutant tout mon esprit. Un frisson m’envahi lorsque sa main vint se glisser sur la chute de mes reins, ne pouvant faire autrement que mordiller ma lèvre nerveusement. Intense, je dois fermer les yeux lorsque son visage s’approche du mien, me répétant sans cesse de garder le contrôle. Pourtant quand ses lèvres déposent un baiser à la commissure des miennes, un feu intense prend le contrôle de mon ventre, laissant une place bien trop importante à la tentation, à la passion qui me dévore et qu’il déclenche par le moindre de ses gestes. Tentant de rester de marbre, je sens son souffle se répercuter contre ma peau, rendant le mien plus saccadé que je ne le pensais capable. « Je ne suis pas vraiment sûr de ce que je devrais dire ou ressentir…» Un secret, comme un aveu et pourtant, je ne peux retenir ce sourire naturel et sincère s’installer sur mon visage. Sans s’en apercevoir, il me laisse entrevoir ses pensées, comme un cadeau inespéré. Instinctivement, ma main vient caresser l’épiderme de son cou, le retenant un instant, plaçant alors son front contre le mien, entremêlant nos respirations et accélérant par la même occasion mon rythme cardiaque. Sur le même ton, rassurant, délicat, secret, je ne peux que l’encourager, sans le forcer, sans le changer… « Il n’y a pas de bonne réponse, je pense… » Ma main gauche imite alors sa droite en venant se poser sur sa hanche, se baladant dangereusement vers le bas de ses reins pour le rapprocher doucement sans pour autant que nos corps ne se touchent. Mon regard ne peux quitter le bleu intense de ses iris jusqu’à ce que mes doigts glissent dans ses cheveux, que mes lèvres déposent un baiser presque imperceptible juste sous son oreille. « Dis-moi simplement à quoi tu penses... » Fermant les yeux, je ne les rouvre que face à lui, plongeant alors à nouveau le ciel de mon regard dans l’océan du sien. S’il ne veut pas, il pourra rester silencieux, je ne lui en voudrais pas, je sais qu’il ne se confie pas, mais j’aimerais tant savoir, connaitre la moindre de ses pensées même si je sais cela impossible… Qu’il s’ouvre qu’un peu… Reculant pourtant, l’entrainant avec moi, je lui offre cette solution de repli. Regrettant déjà mon geste. « Où tu n’as plus qu’une solution pour fuir. » Jetant un rapide coup d’œil à la chute d’eau, je m’accroche sans réfléchir à son maillot ainsi qu’à son regard, espérant qu’il choisira d’abord la première solution, sans pour autant lui donner ce sentiment de piège que je ne voudrais jamais lui tendre…
Dernière édition par Elisabeth Donovan le Dim 16 Juil 2017 - 19:13, édité 1 fois
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Gautelisa
Il aime ce qui est prédéfini - codé. Dans la plupart des situations les choses sont claires, même dans son travail. Pour beaucoup c’est uniquement de l'instinct pour Gauthier c’est tout sauf ça, c’est lire, s’informer, être attentif à n’importe quel changement et oui - il y a un parti ou l’on écoute son instinct mais pour ça il est bon - pour les chiffres, la bourse, les machines. C’est tout autre chose quand il est question d’humain et de sentiments. Il le sait : aux enterrements on est triste et au mariage heureux, entre deux il y a toute une gamme de sentiments qu’il ne maîtrise pas totalement. Il se dit qu’il devrait réagir d’une certaine manière - qu’elle attend sans doute quelque chose de lui quand elle lui dit ces mots - mais il ne sait pas quoi. Il a l’impression de ne pas être capable comme les autres de gérer ces informations. Proche d’elle l’envie le prend - celle d’oublier le reste pour se perdre dans ce touché, cette odeur qui lui fait tourner la tête, le souffle de la blonde contre le sien, qui s'emmêle, semble presque danser. Il faudrait peu pour l’embrasser - pour rompre les quelques centimètres qui séparent leurs lèvres désireuses. Mais il ne le fait pas. « Il n’y a pas de bonne réponse, je pense… » Il aimerait la croire. Penser que l’on attend rien de lui - mais une partie de son esprit continue de douter. Son bras resserre un peu l’étreinte, rapproche la blonde de lui en ouvrant les yeux pour plonger dans son regard. Quelques instants avec qu’elle ne glisse son visage vers son oreille dépose un baiser tendre et un murmure qui n’est que pour lui - comme si même la nature risquait de leur prendre leur intimité. « Dis-moi simplement à quoi tu penses... » Un sourire triste sur son visage, il sait bien que c’est ce qu’elle attend de lui - tout ce qu’elle lui demande et ce qu’il ne peut pourtant lui livrer.
Il y a cet instant de silence, puis elle s’échappe un peu. Le tire vers le bord de la falaise, les chutes sous ses pieds. « Où tu n’as plus qu’une solution pour fuir. » Un regard vers le bas puis à nouveau sur elle alors que la main d’Elisabeth saisi son caleçon de bain. Un sourire se dessine sur le visage du trader, fin, un peu malicieux aussi, parce que l’idée de se soustraire à cette discussion est tentante, parce qu’elle lui offre une porte de sortie dont il a tant besoin et pourtant… Pourtant à nouveau sa main se glisse dans la nuque de la blonde. « Je n’aime pas ce à quoi je pense… » Le sourire est un peu plus triste cette fois - la sincérité ce n’est pas son fort. « Je pense à tout ce que je voudrais te faire si tu n’étais pas mariée à… lui. » A Daniel, parce que c’est lui le soucis pour Gauthier, parce que pour un autre il n’aurait même pas réfléchi. Mais il y a un fidélité dans cette amitié qui a été si importante dans sa vie… Il y a des choses qu’il ne peut pas oublier. Les mots à peine sorti il les regrettent déjà. Ca ne lui ressemble pas - ça sonne presque pervers et ça il ne se le permet que peu souvent. Le baiser qu’il dépose sur les lèvres de la blondes est rapide - intense - mais presque imperceptible, ses lèvres épousant la forme de celle d’Elisabeth comme si ce baiser était une évidence.
Aussi vite il se défait de son étreinte pour sauter. Il ne réfléchit pas plus - le contact avec l’eau lui permettant de réaliser ce qu’il vient de faire - le claquement du lac sur sa peau - le choc de la fraîcheur alors que le soleil tapait sur sa peau quelques secondes auparavant. Il ressort la tête - un regard vers le haut de la falaise où Elisabeth le regard. « Qu’est ce que tu attends ? Tu as peur ? » Il crie, amusé par la situation. Un regard vers les deux garçons qui dorment encore et ce malgré la voix du trader qui vient de résonner dans l’air.
Court, intense, je ne sais pas comment tenir ainsi face à lui. Sa respiration caressant ma peau, j’aimerais pouvoir sceller nos lèvres, gouter à nouveau à ce fruit interdit, mais je ne peux pas. Pas pour l’instant, pas tant que rien est officiel. Je ne peux pas à nouveau rendre les choses encore plus complexes, je ne peux pas encore une fois, tromper mon mari, pas le tromper à ce point. Parce que si le commun des mortels pense que tromper une personne ne peut se faire qu’en embrassant une autre ou bien en allant plus loin, à mes yeux, passer du temps avec Gauthier équivaut déjà à la plus grande traitrise de mon mariage. En faisant cela, je passe du temps avec un autre homme, un homme qui ne me laisse pas indifférente, je me laisser aimer un autre et simplement pour cela, je triche dans mon mariage déjà perdu… Sa main contre ma peau nue ne m’aide pas à garder les idées claires, laissant un frisson parcourir mon corps. Son sourire sonne faux mais je suis incapable de dire pourquoi. Est-ce que je suis allée trop loin ? Sans même le vouloir, pense-t-il être coincé ici ? Jamais je ne voudrais qu’il ne le pense, qu’il en ai la sensation mais comment lui enlever cela ? Comment lui montrer qu’il a le droit de partir, de ne pas me répondre, ou même de rester tout en gardant le silence. Celui-ci ne me dérangera pas. Souhaitant lui prouver, je nous tire délicatement vers la falaise, sentant déjà l’air nous demandant de le suivre jusqu’en bas. Attirée par le vide, je reste pourtant proche de Gauthier, où je suis mieux, où je me sens moi, où je ne souhaiterais jamais partir… Je le vois regarder en bas, le connais et sait qu’il le souhaite, qu’il est tout autant –voir plus- attiré vers cette eau, ce saut qui pourrait le soustraire à la conversation. Prête à le laisser partir, je réponds à son sourire, devant tout de même me mordre la lèvre pour ne pas me blottir contre lui, l’embrasser ou faire le moindre geste que je regretterais probablement par la suite. Seulement, lorsqu’il bouge, ce n’est pas pour s’échapper, pas pour partir loin de moi et mon cœur se stoppe net lorsque sa main vient glisser sur ma nuque. « Je n’aime pas ce à quoi je pense… » Ma gorge me brûle et ma respiration devient presque impossible face à son aveu. Quelles peuvent être donc ses pensées ? La tristesse de son sourire me fait peur, et m’intrigue en même temps. Va-t-il m’annoncer que nous ne pouvons donc plus nous voir ? Qu’il me déteste pour mon geste ? Que rien est possible et que je devrais rentrer à Londres ? Quelle est cette chose qu’il n’aime pas ? A laquelle il ne veut pas penser ? « Je pense à tout ce que je voudrais te faire si tu n’étais pas mariée à… lui.» Mon regard s’élargit et pourtant, je ne vois plus que lui. Un sourire niais doit probablement s’être emparé de mon visage, alors que je tente de me contenir en mordillant ma lèvre inférieure. J’ai chaud et je n’ai pas le temps de remettre mes idées en ordre que son visage devient bien trop proche du mien, laissant ses lèvres se poser sur les miennes. Sans que je puisse rien y faire, rien dire, je lui offre ce baiser pourtant volé alors qu’en se détachant entièrement de moi, il s’envole avec mon cœur qui fait un bon en le voyant sauter dans le vide. Je sais qu’il ne risque rien, qu’il sait y faire mais je n’y peux rien. Instinctivement mes mains se portent sur mon visage, couvrant à la fois un sourire gigantesque et retenant la peur qu’il ait mal sauté. Alors qu’il remonte, mes doigts tentent de retenir les traces de son baiser sur mes lèvres alors qu’un rire vient m’emporter.
« Qu’est-ce que tu attends ? Tu as peur ? » Loin de me faire prier, je jette un coup d’œil aux deux garçons endormis sur le côté et plonge sans même hésiter, mon corps s’enveloppant rapidement d’une eau fraiche et si envoutante. La tête toujours sous l’eau, je retourne prêt de lui, remontant afin de me retrouver avec son visage à quelques centimètres du mien. Un large sourire sur les lèvres, je ne peux m’empêcher de rire et m’approche d’autant plus vers lui, redevenant sérieuse, avec pourtant tant de joie en moi. Le regardant intensément, plongeant à nouveau mon regard dans le sien, je passe doucement mes bras autour de son cou, un sourire presque malicieux sur le visage à mon tour. Mon souffle se fait plus intense, alors que nos lèvres sont à quelques millimètres l’une de l’autre. Je sais qu’à n’importe quel moment il peut s’en aller, mais espère qu’il ne le fera pas. « Ce serait dommage de réveiller les garçons maintenant. » Haussement de sourcils, je dépose un baiser à la commissure de ses lèvres et d’un coup appuie sur sa tête en faisant attention de ne pas lui faire mal pour le mettre sous l’eau. Je sais parfaitement que je ne tiendrais pas le coup et que dans deux secondes se sera mon tour d’avoir la tête sous l’eau, mais à cet instant, nos problèmes s’envolent, mon monde se réduit à cette île, lui et les garçons, seuls êtres vivants que je pourrais accepter en cet instant. Je ris, simplement, ouvertement sans même me rendre compte qu’il est le seul à pouvoir me redonner cette joie inexprimée depuis plus d’un an, même peut-être plus de cinq ans et que seul mon fils, notre fils a pu égaler… Tentant vainement de m’échapper, je l’asperge d’eau sans grand espoir, ignorant nos rires peut-être trop fort pour le sommeil devenu probablement léger des garçons…
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Gautelisa
Le contact avec l’eau glacé semble lui remettre les idées en place, il sait qu’il a tort de jouer à ce jeu dangereux, tort de s’ouvrir à elle, même si ce n’est qu’un peu, parce qu’alors il se met en danger, bien plus que lors qu’il grimpe le flanc d’une montagne ou saut dans un ravin… C’est ses émotions qui sont mises à nues - celles qu’il ne se permet que rarement de livrer. Ca semble peu - mais c’est beaucoup pour lui. C’est plus qu’il n’a donné a aucune femme dans sa vie - pas même celle qui auraient pu compter - celles qui auraient voulu partager sa vie… Celle pourtant qui n’y avaient jamais trouvé leur place. Peut-être parce qu’elle était déjà prise, parce qu’il n’y eu qu’une seule femme qui a vraiment compté et qu’elle a épousé son meilleur ami… Qu’aujourd’hui elle divorce et se trouve là au milieu de cette forêt, sur cette île avec son fils… Avec l’enfant qu’ils ont fait un jour d'égarement sur le flanc de la montagne. Elle saute à son tour et l’eau l’éclabousse, assez pour qu’il ne la voit pas, pour qu’il se laisse surprendre quand elle réapparaît si proche de lui. Quand elle passe ses mains sur ses épaules qu’elle rapproche son corps du sien, il la laisse faire, il sourit, vide son esprit pour ne penser qu’à elle. « Ce serait dommage de réveiller les garçons maintenant. » Le sourire un peu coquin qui accompagne le baiser qu’elle dépose au coin de ses lèvres, mais disparaît aussi vite quand elle le fait couler.
Il met quelques secondes à comprendre ce qui lui arrive, resort la tête presque un peu sonné pour la voir fuir au loin en riant. Il ne faut pas plus de temps pour qu’il parte à sa poursuite et la rattrape, le fait qu’elle se soit rapproché du bord lui permettant d’avoir pied alors qu’elle non. Il attrape sa taille pour l'emmener à lui. « Tu croyais m’échapper ? » Qu’il murmure à son oreille amusé alors qu’elle se retourne pour lui faire face, que leur regard se croise à nouveau. Il passe ses mains à la taille de la blonde, un regard vers les garçons qui bougent un peu mais sont toujours endormis. Sa main qui vient caresser sa joue alors que l’autre rapproche le corps d’Elisabeth du sien, sa main sous ses fesses qui la pousse à enrouler ses jambes toujours de son torse. « Je finirais toujours par te rattraper… » Les propos sont lourds de sens alors qu’il approche son visage de celui de la blonde pour unire leur lèvres. Le baiser et moins bref que le premier - plus passionné plus assumé aussi alors que sa main glisse dans sa nuque pour augmenter la pression. Il sent le feu du désir brûler en lui - l’envie d’elle si profonde qu’elle en devient presque incontrôlable alors que ses baisers quittent ses lèvres pour s’éparpiller dans son cou, proche de son oreille, finalement les baisers cessent et il se contente de serrer le corps de la blonde contre lui - comme s'il avait peur qu’elle lui échappe. Ils restent comme ça quelques secondes, minutes peut-être - une étreinte simple mais si importante pourtant, jusqu’à ce que la voix d’Oliver le sorte de sa rêverie. « Vous faites un câlin de l’amitié ? » Il sourit en relevant le regard vers son neveu. « C’est ça… Tu nous rejoins ? » Il lâche un peu Elisabeth, sentant son corps perdre quelques degrés d’un coup. Ouvre un bras pour accueillir Oliver, et Gabriel qui le suit de près. « Moi aussi. » Un câlin à quatre… Le temps qui se fige avant de repartir au grand galop.
Le reste de l’escapade qui se déroule sans embûche, quelques animaux sur leur route, les chanson des garçons sur le retour et le soleil qui commence à se coucher alors qu’ils rejoignent le bateau. Quelques secondes Gauthier se fixe, il regarde se paysage, cette nature qu’il aime tant, émerveillé devant tant de beauté… Puis Elisabeth, qui aide son fils à se débarrasser de son sac. C’est un émotion étrange qu’il le prend - au coeur - serrant sa poitrine avec force alors qu’il détourne le regarde dès qu’Elisabeth le monte vers lui… Comme au bon vieux temps… Il est pris en flagrant délit alors qu’il l’observe, Elisabeth et sa beauté, Elisabeth et son fils… Elisabeth…
A ses côtés, je ne réponds plus de rien, j’ai l’air d’une enfant et il faut croire que cette situation me convient plutôt bien. Je suis simplement obligée de jouer pour mettre de côté ce désir qu’il déclenche en moi. Alors que sa tête disparait sous l’eau, je m’échappe, sans grand espoir, sachant pertinemment que je n’ai aucune chance dans ce domaine. Je tente pourtant d’atteindre le rivage mais il est déjà derrière moi, le sourire aux lèvres et c’est tout ce que je peux lui demander, ce que je veux voir et entendre. Ses mains se posent rapidement sur mes hanches, alors qu’un léger crie s’échappe de ma gorge, laissant mes yeux pétiller de bonheur. Sans opposer aucune résistance, je me retrouve tout prêt de lui, mon dos touchant presque son torse, un frisson s’installant le long de ma colonne. « Tu croyais m’échapper ? » Taquin, mon sourire s’installe alors que je me retourne, plongeant dans l’océan intense de ses iris. Comment pourrais-je seulement vouloir m’échapper ? Ses bras m’ont toujours attiré, sa peau envoutée et il m’arrive encore de rougir en pensant à la première fois où nos regards se sont croisés. J’hausse pourtant les épaules pour confirmer mon souhait d’échappatoire mais me laisse guider en enroulant mes jambes autour de sa taille alors que mes bras font de même avec son cou, plus tendrement. « Je finirais toujours par te rattraper… » Il faut que je fasse appel à tout mon être pour ne pas craquer, ne pas l’embrasser, ne pas me laisser aller, me rappelant de notre promesse muette, de son envie bien plus grande que la mienne de respecter mon mariage et surtout de la présence des deux enfants sur la berge. Pourtant il m’est difficile à cet instant de respirer, la chaleur de mon corps monte facilement de quelques degrés. Mon cœur lourd bat difficilement le rythme alors que je tente de reprendre mon souffle. J’aimerais tellement que cela soit vrai, qu’il me rattrape, qu’il ne laisse pas tout tomber, pas comme ça… Je ne vois même pas son visage s’approcher à nouveau du mien, mais comme un geste naturel, instinctif, basique, mes lèvres épousent les siennes comme si elles étaient faites pour cela. Dansant dans une valse effrénée, nos lippes se retrouvent alors que mon corps épouse totalement le sien jouant délicatement des mouvements de hanches, mes mains se lient derrière sa nuque pour ne pas nous laisser tomber. Brûlante de désir, je le laisse s’aventurer sur ma peau, laissant mon souffle s’alourdir. Ma gorge se serre alors que les baisers s’arrêtent, pour une fois je n’ai pas besoin qu’il continue, juste besoin de ressentir sa présence, son corps contre le mien. Fermant les yeux, je laisse nos corps s’étreindre laissant un dernier baiser dans le creux de son cou, alors que mes mains viennent un peu plus contre lui. Rapides, les battements de mon cœur ne cessent et me font légèrement tourner la tête. Devant me mordre la lèvre, je retiens mes mots, gardant entre nous ce silence magique qui vaut bien plus que tout cela. Pourtant, lourde, je dois retenir cette larme au creux de mon œil. Je suis incapable de lui résister, incapable de me contrôler quand il est là, si près de moi, je l’ai toujours su, mais le comprendre est bien plus difficile, je suis amoureuse de cet homme, je l’aime et je ne peux rien faire contre cela, je suis tout à lui-même si je sais que je finirais par en souffrir, même si je sais que je suis censée penser à un autre homme, à cet instant, mes pensées ne sont que pour lui.
« Vous faites un câlin de l’amitié ?» Comme un réveil délicat, la voix d’Oliver nous atteint sans pour autant nous effrayer. Je ne sais combien de minutes nous sommes restés ainsi mais le sommeil a dû quitter les garçons et le calme ne reviendra pas avant ce soir. « C’est ça… Tu nous rejoins ? » Un sourire identique au sien s’étend sur mes lèvres alors que je le laisse rompre le contact que nous avions sans émettre aucune résistance. Sentant à nouveau l’eau sur mon corps, je reprends mes esprits alors que les deux petits garçons arrivent comme des boulets de canon sur nous. « Moi aussi.» La voix de mon fils libère un léger rire de ma part, alors que je l’attrape presque au vol, laissant le loisir à Gauthier de porter le poids de toute la troupe. Nous restons ainsi un instant, légers, innocents, presque comme une famille… Avant de reprendre les activités, les rires, les jeux et la marche nous ramenant au bateau avant qu’il ne fasse nuit. Aidant les deux garçons à remettre leurs sacs sur leurs épaules, nous reprenons cette balade, alors que mon esprit s’évade sur les évènements de cet après-midi sans penser à aucune conséquence possible, un sourire figé sur le visage. Je me retrouve rapidement propulsée à l’avant du bateau avec les deux enfants, assises, leurs têtes sur les genoux et sur le flanc, je les laisse me raconter des histoires de guerre, d’épée et de prince, d’aventure et d’amitié. Laissant mon regard voguer sur l’horizon, je le laisse régulièrement se tourner vers notre capitaine allégeant ainsi tout mon corps et mon être, laissant machinalement ma main caresser les cheveux de mon fils.
En peu de temps, nous retrouvons la terre ferme, laissant Gauthier m’aider à descendre, j’oublie toute fierté féminine avant de monter toutes les affaires dans la voiture, direction : la maison. Dans l’espace court entre le port et notre maison, les enfants replongent dans un sommeil plus ou moins profond, alors que je dois moi-même lutter contre l’envie de fermer les yeux. Une fois à bon port, je me dirige vers le coffre pour récupérer les sacs, Gauthier à mes côtés. Alors qu’il me tend un sac, ma main effleure la sienne, gardant alors le contact, sans plus vouloir éloigner ce sac de lui. Mon regard se noie dans le sien, affichant un sourire léger sur mes lèvres. « Merci pour aujourd’hui, c’était une superbe journée… » J’aurais souhaité que jamais elle ne se finisse. « Vous voulez boire un verre ou vous devez rent… » Je n’entends même pas la fin de ma phrase, la voix de mon fils surplombant alors tout. « PAPA ! » Mon cœur s’arrête, mes poumons se bloquent, mon monde faisant alors des tours à l’envers avant de ne plus pouvoir bouger. Mon regard trahi ma peur, mon angoisse et ma tourmente, alors que je suis incapable de tenter quoi que ce soit, tenter de comprendre, de voir la réaction de Gauthier, de penser. J’ai envie de plonger ma main dans celle de Gauthier, mais ne le fait pas, rompant notre contact comme si nous avions été pris sur le fait. Alors que je me tourne, faisant alors face à une silhouette que je connais si bien. Plus petit que dans mes souvenirs, plus tirés également, ses traits trahissent des heures de réflexions, ses cernes un manque de fatigue intense et son dos vouté est signe d’un laissé aller que je ne lui ai jamais connu. Face à moi se trouve, l’homme à qui j’ai lié ma vie il y a cinq ans, l’homme que j’ai promis de chérir jusqu’à ce que la mort nous sépare. Mon myocarde se contracte, sans pour autant reprendre dans un rythme clair. Je ne comprends pas, que fait-il là ? Dans sa main une pochette, dans l’autre un bouquet de tulipe. Je plisse les yeux à la vision de ce bouquet. Je le connais, je sais qu’il sait parler par les fleurs et décrit dans ce bouquet la promesse d’un amour éternel alors que ma gorge se serre. Comment peut-il arriver avec cela dans les mains alors que trois jours plus tôt il recevait ma demande de divorce ? Son sourire s’étire doucement déclenchant un pincement dans mon cœur. Je suis perdue. Alors qu’il arrive à la hauteur de la voiture, la portière arrière s’ouvre à la volée et sans savoir comment il a fait, mon fils sort en trombe sautant dans les bras de l’homme ayant pris le rôle de père pour lui durant les quatre premières années de sa vie.
Alors que la tête blonde de mon fils s’engouffre dans le cou de Daniel, mon regard s’échappe, se détourne de la scène pour tenter de retrouver celui de Gauthier. J’aimerais lui dire que je suis désolée pour ce qui est en train de se passer, que rien de tout cela n’était prévu et que rien ne change dans mon cœur pour lui. Seulement je suis probablement incapable de décrocher le moindre mot, et mes paroles pourraient être entendues par l’anglais arrivant, ce que je ne peux me permettre. Gardant mon fils dans les bras, un sourire plus imposant sur les lèvres, Daniel s’avance vers moi, laissant une larme dévaler ma joue. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Droite, franche et pourtant tremblante, ma voix trahie un nombre incalculable de sentiments tous contradictoires. Je suis heureuse de le voir, de savoir qu’il est tout de même en bonne santé, je suis triste qu’il vienne pour les raisons auxquelles je pense, de ne pouvoir répondre favorablement à son sourire, j’ai également envie de lui crier dessus pour le temps qu’il a mis, de le haïr sans prendre la peine de faire attention à lui, ou bien même de l’embrasser réflexe manquant à mon quotidien londonien. Je pourrais dire et faire ce que je veux, cet homme a réussi à prendre une partie de mon cœur, le dérobant aussi bien que Gauthier a dérobé tout le reste, mon cœur, mon esprit et une partie de mon âme, et je suis et reste tout de même amoureuse de celui qui un jour a réussi à m’aborder comme jamais aucun n’avait pu le faire. Triste, son regard plonge dans le mien, ignorant tous les autres protagonistes de la scène. « Je suis désolée Elie, je… Je ne veux pas, je ne peux pas… Je t’aime encore… Je veux simplement parler. S’il te plait. » Alors que je dois me retenir pour laisser toutes mes émotions me submerger, moi qui est l’habitude d’être cette femme forte, je ne suis qu’à cet instant, une adolescente tiraillée entre l’amour de sa vie et son amour d’enfance qui revient, la bouche en cœur lui promettant que tout pourrait être comme avant. « Je… » Me trahissant instantanément, mon regard se tourne à nouveau vers le brun à mes côtés, si proche et si loin de moi en même temps. Les iris de mon mari suivent les miennes et sans que je n’ai à le regarder, je sais que son visage change entièrement alors qu’occultant toute la scène qui vient de se passer, son attention entière se porte sur cet homme qu’il n’a pas vu depuis des années, le seul à avoir pu lui briser le cœur, celui qui pour lui cacher la plus grande trahison de sa vie, est parti à l’autre bout du monde pour au final se retrouver dans cette position qu’il a si bien esquivé des années durant…Gauthier, souviens-toi, tu finiras toujours par me rattraper…
tell me what you want from here, something that were like those years
Gautelisa
La scène a quelque chose d’apaisant, la légère brise sur sa peau, la vision d’Elisabeth avec les deux garçons dans la lueur du soir - le soleil qui se couche, le coeur apaisé, le coeur heureux… Ils retrouvent le port, puis la voiture. Quand ils atteignent la maison d’Elisabeth le soleil a disparu dans le ciel, laissant une couleur rosée illuminer encore ce dernier, leur offrant une luminosité suffisante pour que les lampadaires n’ayent pas besoin de prendre le relais. Ils sortent de la voitures, le coffre qui s’ouvre, les sacs qui s’échangent en même temps que cette caresse, ce contact qui s’allonge. « Merci pour aujourd’hui, c’était une superbe journée… » Un sourire, un échange, peu de mot. Il ne dira pas merci à son tour mais n’en pense pas moins, toujours cette pudeur, cet honte légère qui le prend en repensant à ses gestes mais pourtant il ne sait le regretter. Pas aujourd’hui, il veut garder uniquement la douceur de ce moment. « Vous voulez boire un verre ou vous devez rent… » Son regard quitte celui d’Elisabeth en même temps qu’elle tourne la tête alors que le crie de son fils retentit. « PAPA ! » Un instant de flottement avant qu’il ne comprenne… Il n’est pas le père en question, il n’est personne… Le père de Gabriel est là… Daniel est à Brisbane. Sa main qui quitte celle d’Elisabeth dans un mouvement presque brusque qu’elle accompagne elle aussi, la femme adultère, l’ancien meilleur ami. Il sent une sensation étrange le tenir alors que son regard évite à tout pris celui de la blonde. Elisabeth qui regarde Daniel, Elisabeth qui s’approche un peu de lui - creusant le fossé - ou alors ce n’est qu’une impression, celle qu’il doit s’en aller, qu’il n’a pas sa place ici.
Un tremblement le saisit alors qu’il pose son regard sur la scène, Gabriel et Daniel dans les bras l’un de l’autre. Père et fils. Il se souvient pourquoi… Pourquoi il ne voulait pas s’investir, pourquoi il n’a pas sa place, le ventre qui se noue le regard qui refuse de croiser celui d’Elisabeth qu’il sent maintenant sur lui. Sa main se crispe sur le coffre où il replonge pour échapper à la situation, pour ne pas voir les retrouvailles ou les fleurs dans les mains de Daniel. Pour ne pas voir le sourire ou une once de bonheur qui ferait bien trop mal. Qui le rendrait bien trop coupable. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Il tente de déconnecter, de ne pas écouter, voudrait fuir de suite mais même ça il en est incapable, finit de sortir le dernier sac fermant le coffre et prenant son courage à deux mains pour sortir de sa cachette d’infortune. « Je suis désolée Elie, je… Je ne veux pas, je ne peux pas… Je t’aime encore… Je veux simplement parler. S’il te plait. » C’est comme un coup de poignard dans sa poitrine, fini le Gauthier sur de lui, il a l’impression de raptisser, ou en tout les cas d’en avoir envie de disparaître de la surface, de partir très loin encore. De mettre cette histoire dans un coin de sa tête comme il l’a fait pendant des années pour cette fois ne plus jamais la ressortir. « Je… » Il la voit se tourner vers lui - priant pour qu’elle ne le fasse pas, qu’elle ne le regarde pas, pas maintenant. Mais c’est trop tard, son regard croise celui mouillé de la blonde, un léger hochement de tête pour lui demander de le laisser hors de ça, mais il est trop tard. D’un coup c’est Gauthier le centre de l’attention, d’un coup il n’est plus dans l’ombre. « Gauthier. » Son nom dans la bouche de Daniel lui fait encore plus mal… L’impression qu’il ne mérite même pas une mot. Si il savait… C’est ce qu’il se dit alors qu’il fait un pas vers l’homme. « Bonsoir Daniel. » Il fait un pas en avant, tente de garder sa constance.
Il est étrange le regard de Daniel, il a changé - un peu - beaucoup. Il y a beaucoup de question dans ce dernier il peut bien le voir - pourquoi le silence ? Pourquoi est-ce qu’il l’a abandonné ? Il ne comprend pas Daniel, pas encore, même si d’un coup son regard fait des allers retours entre sa femme et Gauthier. Une question de plus qui s’ajoute à la liste déjà trop longue de Daniel. Gauthier lui garde le silence, il tente un léger sourire. « C’est bon de te voir. » C’est un mensonge, parce que c’est la douleur qui prend le dessus, mais il la refuse, l’envoie valser très loin pour ne rien laisser transparaître. Sa main qui se tend vers l’homme qui a partagé son quotidien pendant de longues années, peut-être le seul vrai ami qu’il ait jamais eu. La main de Daniel qui touche celle de Gauthier la serre puis l’attire à lui pour une accolade qui surprend un peu le trader. « Comment tu vas ? » Il y a de l’émotion dans la voix de Daniel, un plaisir de le revoir que Gauthier voudrait tellement partager… Il n’est pas personne Daniel, il est comme un frère, une sorte d'âme soeur amicale… Un compagnon de route pendant de longue année… Puis il y a eu Elisabeth… « Bien je… vais vous laisser. » Il y a un instant de flottement, d’incertitude. « Tu es sûr ? Ca fait tellement longtemps. » Personne ne semble savoir quoi faire. « Vous avez des choses à vous dire. On se verra plus tard… » Il n’ait pas sûr de savoir si il le veut - mais il est piégé et là, il est de trop, à nouveau. Une caresse sur les cheveux de Gabriel. « A bientôt champion. » Oliver qui est resté dans la voiture fait un signe de main à tout le monde. Même à Daniel qu’il ne connaît pas encore. « Elisabeth. » Un hochement de tête à son attention, il ne peut pas la regarder, il en est incapable, ce simple geste refusé semblant pourtant trahir sa culpabilité alors qu’il remonte aussi vite dans sa voiture, il faut qu’il part. Loin d’ici…
Daniel est ici. A Brisbane. Devant ma maison et je suis incapable du moindre véritable sentiment. Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Aujourd’hui ? Pourquoi alors que Gauthier est à mes côtés et que tout devenait plus simple ? Pourquoi dois-je me poser ces questions, éprouver tant de choses en moi et n’avoir qu’une envie à l’égard de mon mari à cet instant : lui demander de partir. Je n’aime pas ce que je ressens, mais j’ai l’impression d’avoir quinze ans à nouveau et que ma mère vient de me trouver avec un garçon alors qu’elle me l’interdisait. J’ai fauté, je faute encore et pourtant, c’est envers lui que j’éprouve cette rancœur tout en me haïssant par la même occasion. Je me déteste de lui faire autant de mal, je me déteste d’avoir rompu notre promesse, de l’avoir changé à ce point, d’aimer un autre homme que lui… Pourtant, je n’arrive pas à faire autrement, indéniablement attiré par un autre, celui qui à cet instant attire son regard et éclipse ma présence un instant. Je le vois, souhaitant s’extraire de cette situation mais ne pouvant faire autrement que de la subir. Son ancien meilleur ami, retrouvant à cet instant celui qu’il pense être son meilleur allié… Si seulement il savait. « Gauthier.» Dans une intonation, la surprise, la tristesse et la joie en même temps se lisent dans le simple nom évoqué par Daniel alors que de mon côté j’ai l’impression qu’il sait tout, que d’un coup il a vu clair et que dans un instant il va nous dire qu’il est au courant. Parano ? Peut-être et même si ce n’est pas dans mes habitudes, là cette pensée me hante, et je n’ai qu’une envie mettre les garçons et Gauthier à l’abris de la colère de Daniel. Pourtant, rien ne se passe, seul le mouvement de Gauthier suit ma respiration alors qu’il s’avance de Daniel, droit comme un I. « Bonsoir Daniel.» J’aurais aimé profiter de cet instant pour récupérer mon fils des bras de mon mari, mais ce serait probablement mal placé et en plus de ça, il reste ainsi le bouclier qui pourrait protéger les deux hommes qui font battre mon cœur à cette vitesse. Tous les trois, là, forment un tableau que je ne m’explique pas. Alors que la tension de ce moment est palpable, ils représentent à eux trois, les hommes de ma vie, mari, fils et amant, pas sûr que ce mélange fasse un parfait mix… Silencieuse, je retiens ma respiration alors que le regard de Gabriel croise le mien que je tente rassurant. Il est heureux, je peux le voir. Heureux, rassuré et plus joyeux que jamais, mais à cet instant je suis incapable de lui rendre au dixième ce sourire splendide qu’il m’offre. Je sais qu’il voudrait que je vienne comme nous pouvions le faire à Londres dans les bras de son ‘père’ afin de faire un câlin de famille, je sais aussi qu’il souhaiterait que Oliver et Gauthier se mêle à tout cela, mais c’est impossible et son froncement de sourcil me le prouve, il a compris. « C’est bon de te voir.» Je ferme les yeux, ma gorge devenant brûlante. Je suis désolée… « Comment tu vas ?» J’ai envie de tout cracher, de lui dire, d’hurler au monde entier que cette situation est impossible, que rien ne va et pour personne dans ce cercle bien étrange, même pour lui qui pense être heureux entre son retour entre sa femme et son meilleur ami. Ouvre les yeux Daniel, s’il te plait, tu en souffriras peut-être moins… Je dois me mordre la lèvre, plus fortement qu’à mon habitude, mes ongles entrant doucement dans la paume de ma main. Cette situation est entièrement ma faute… « Bien je… vais vous laisser. » Je déglutis. Non. Ne pars pas. J’aimerais croiser son regard, le supplier, mais un, je n’arriverais plus à capter son regard, il me fuit, et deux, je ne peux lui demander de rester. « Tu es sûr ? Ca fait tellement longtemps. » Daniel, s’il te plait… « Vous avez des choses à vous dire. On se verra plus tard… » Est-ce réellement nécessaire ? Devaient-ils vraiment se revoir ? La main de Gauthier dans les cheveux de Gabriel, le rire délicat de ce dernier à ce geste, son sourire, le même que celui du trader face à lui, si rarement présent et pourtant si magnifique. Mon cœur se serre, me donnant une envie affreuse de vomir. « A bientôt champion. » Ce surnom affectueux qu’il lui a donné avant même de savoir… De connaître cette vérité qui a de nouveau tout bouleversé, qui complexifie d’autant plus le retour de l’homme tenant l’enfant dans ses bras. Je préfère éviter la situation, souriant à Oliver dans la voiture, lui adressant un au revoir avec le peu de chaleur humaine qui me reste. « Elisabeth. » Je me fige, revenant au présent et pose mon regard sur lui qu’une fois son visage tourné. Il m’évite. Je le comprends. Il part. Disparaissant petit à petit dans sa voiture, puis fuyant dans cette rue. J’ai l’impression de vivre à nouveau son départ. Cinq ans plus tôt, un départ sans retour. Je serais incapable de revivre ça.
« Tu viens vivre avec nous, papa ? Tu ne fais plus la tête, hein ? » L’inquiétude dans la voix de mon fils détruit les miettes restantes de mon cœur. « Non. » Dans une même voix, nous répondons à la question de Gabriel, seulement, chacun notre réponse. Non, pour lui, il ne fait plus la tête. Non, pour moi, il ne revient pas vivre avec nous. Le froncement de sourcil de ma petite tête blonde, reprend mon expression lorsque je suis perdue, mais que je sais que je devrais me débrouiller seule pour éclaircir la situation. Pourtant, il n’aura pas se loisir. Attrapant les sacs de la journée, la main de Daniel frôle la mienne. « Laisse-moi t’aider. » Noir, le regard que je lui lance est loin d’être encourageant, pourtant, il lève le sac au sol de sa main libre. J’ai bien réussi seule pendant dix mois, je peux porter mes sacs. Pourtant, je ne dis rien. Me contente de porter celui que j’ai déjà sur le dos et les fleurs qu’il m’a flanquée dans la main. Dans un silence de plomb que même Gabriel n’ose briser, nous nous dirigeons vers la porte de la maison que je m’évertue à ouvrir. « Vous vous êtes promenés ? » « Gauthier nous a emmené sur une île paradisiaque ! C’était trop cool ! » Enfin, la porte s’ouvre et moi je surchauffe. Posant les sacs sur le palier, je les laisser entrer, ferme la porte et récupère tout d’abord le sac pour le superposer à l’autre avant de partir vers un placard sortir un vase. Le dos aux deux personnes qui ont partagé mon quotidien durant quatre ans, mes lèvres se délient enfin, rompant le flux de parole que Gabriel est entrain de déblatérer pour tenter de rattraper le temps. C’est impossible. « Gaby, tu vas aller te coucher maintenant. Tu n’arrêtais pas de dormir dans la voiture, et pas de discussion. » Rarement j’ai utilisé ce ton avec mon fils, mais je suis incapable de parfaitement le contrôler. Je sais qu’il a envie de rattraper les choses, de se faire pardonner quelque chose qu’il n’a jamais fait. Il ne peut pas rattraper ma bêtise, et même si ce n’est pas sa faute, que je ne lui en veux pour rien, j’ai besoin qu’il soit loin pour commencer à parler à Daniel. « S’il te plait, maman… » Sa voix tremblante me bouleverse encore plus. Ma main se serre probablement trop fortement et le vase se brise en tombant sur le sol, coupant par la même occasion la paume de ma main. « Put*** de m**** » Ne pas pleurer, ne pas craquer, ne pas pleurer, ne pas craquer. « Eli, ça va? » A ton avis ?! Alors qu’il s’approche de moi, le petit toujours dans ses bras, je lève ma main blessée et de l’autre repousse leur arrivé. « S’il te plait. » Froide, je tente de tout contrôler mais j’en suis parfaitement incapable. « Tu peux aller le coucher. Deuxième pièce à droite en haut de l’escalier et on oublie pas le brossage de dent. » Il ferme les yeux acquiesçant, Gabriel heureux de la nouvelle, me regard tout de même avec des yeux inquiets, me rappelant bien trop ceux qu’il avait juste avant notre départ de Londres, celui qu’il avait lors de notre première réelle face à lui… « Je viendrais te faire un bisou tout à l’heure mon ange. » Je tente un sourire, mais il doit sonner faux. Je suis sur le point de craquer quand Daniel tourne les talons et emporte avec lui le petit minois qui me fixe alors que je tente de faire bonne figure, ramassant les bouts de verre jonchant sur le sol. Me coupant à nouveau, ma vision trop floue pour que j’y vois quelque chose. Je peste, me relève et abandonne le chantier pour rejoindre la salle de bain où se trouve l’armoire à pharmacie.
Passant ma main sous l’eau et sortant de quoi me soigner, je dépose tout sur un petit meuble avant de me poser sur le rebord de la baignoire et tenter de faire quelque chose de ma main. Sans pouvoir plus rien faire, je reste là, les yeux rivés sur ma paume, sentant rapidement les larmes couler à flot. J’en suis incapable. Je me croyais forte, je me pensais invincible, comment puis-je rompre aussi facilement dans une situation que j’ai moi-même mise en place ? Je ne sais combien de temps je reste là, je n’entends pas Daniel m’appeler, ni vois ses pieds s’agiter dans la pièce. Recroquevillée, mes jambes contre mon torse, ma main sur le côté, je suis un déchet. « Amour, ça va aller, je suis là. » Ma vision trouble laisse place à son visage bien trop proche du mien, mon ouïe faible l’entend comme s’il était à des kilomètres, ironisant ses paroles, mais je sens parfaitement ses mains sur la mienne, tentant de mettre de l’alcool dessus et d’arrêter le sang de couler. Je mets plusieurs minutes pour reprendre mes esprits et reste là, plantée à le regarder. « Je suis désolé, j’aurais dû te prévenir, mais quand j’ai reçu les papiers pour le divorce, je n’ai pas réfléchi… » « Pourquoi tu ne les as pas signés ? » Je le coupe, il s’arrête net. « Je… Je ne veux pas divorcer amour… Je t’aime, j’arriverais à te pardonner, je l’ai déjà presque fait, c’est vrai que j’aimerais juste… » « Je ne te dirais pas qui est son père, Daniel. » Silence. « Je ne le dirais pas, ne cherche pas. Et je n’y arriverais pas Daniel. » Ma main pouvant bouger enfin, je la ferme et sors de la pièce bien trop petite alors qu’il tente de me rattraper. « Je veux tenter, te prouver que je serais te rendre à nouveau heureuse. » Je le regarde, les sourcils froncés, il ne comprend rien. « Je ne doute pas de toi, Daniel. Mais moi, je ne saurais plus faire cela. » « Il faut essayer. » Je me retourne, allant dans ma chambre, montant les escaliers quatre à quatre. Ouvrant une armoire, lui toujours sur mes talons, j’attrape un oreiller et une couette. « Tu dors où ? » « Je… » Lui lançant, il réceptionne rapidement la lingerie de lit. « Tu peux dormir dans la chambre d’ami, ou sur le canapé, mais je ne pourrais pas te parler ce soir, Daniel. » « Elisabeth Caoihme Donovan, tu vas m’écouter ?! » Alors qu’il s’évertue à dire mon prénom au complet, je lève enfin mon regard sur lui, m’arrêtant sur son visage et le regardant réellement pour la première fois depuis le début de la soirée. Il laisse tomber par terre ce que je viens de lui donner et s’avance vers moi, prenant mes mains dans les siennes. Je frissonne à ce geste, mais ne sait comment le prendre. « Tu es ma femme et je demande à ce qu’on parle un instant, tu ne peux pas me virer de ta vie comme ça, Amour… » Stoïque, je le toise. Il se moque de moi ? « C’est toi qui m’a demandé de partir, non ? » Il se rapproche et moi, je fais un geste vers l’arrière. Il a un léger mouvement de tête. « Je le sais, j’en suis désolé. J’ai réfléchi. » « En dix mois, bravo. » « Elie… Tu n’as pas le droit de m’en vouloir pour ça. » « Je n’ai pas le droit ?! De t’en vouloir de m’avoir demander de partir et de ne plus jamais revenir ? D’avoir mis neuf mois et demi à me donner ne serait-ce qu’un signe de vie, et pourquoi ?! Parce que Monsieur a reçu un appel de… » Ma voix se coupe, incapable de dire son prénom sans que son visage ne vienne à moi comme un flash. Gauthier… « Je brouillais du noir, j’étais perdu, TU es celle qui m’a trompé, n’inverse pas les rôles s’il te plait. » « C’était il y a cinq ans Daniel ! » « Tu as trahi notre promesse ! » « On n’était même pas fiancés ! » « Alors comment as-tu pu me dire oui ?! » « Parce que… » Tendue, le ton monte et mes mains viennent couvrir mes lèvres bloquant le reste de mes paroles. Je ne peux pas le lui dire. Je ne peux pas lui avouer que si je lui avais dit, il aurait perdu également sa femme et son meilleur ami. « Parce que quoi Elie ? » « J’étais incapable de te dire non. » « Quoi ? Alors que tu allais voir ailleurs ? » La gifle ne se fait pas attendre. Sa main sur sa peau rosée ne me fait même plus si mal au cœur. « Je t’aimais. Je… Argh ! » Pourquoi l’être humain doit être si complexe. « Alors pourquoi ? » « Je n’allais pas ‘voir ailleurs’, je… » « C’était quoi alors ? » Closent, je ne peux rouvrir les lèvres, cela le blesserait bien trop. « Ce n’était pas que physique, c’est ça… » Incapable de le regarder en face, je fuis, silencieuse, mon regard contemplant les merveilles de ma moquette. « J’ai besoin de prendre l’air Daniel. Je… Pas ce soir, s’il te plait. » « Tu penses que tout pourra s’améliorer. » A nouveau, le visage de Gauthier m’apparait. « Non. » « Je me battrais pour toi. » « Tu ne devrais pas. Signe les papiers. Dors et reprends l’avion de demain. » « Je vais aller dormir, et toi aussi, la nuit porte conseil. » « C’est ça. Bonne nuit. » Insistant mon regard le fixe, jusqu’à ce qu’il se décide à prendre les affaires et se fixe devant moi. J’hausse un sourcil. Je ne le vois pas s’approcher, poser sa main dans mon cou et me déposer un baiser délicat sur les joues. « Je t’aime, mon amour… » Je ne bouge pas, noircissant un peu plus mon regard, sans pouvoir même respirer. Il s’éclipse enfin laissant mon corps bouger à nouveau.
Allant dans la chambre de Gabriel, je passe délicatement le pas de la porte, et viens me pencher sur lui déposant un baiser sur son front puis sa joue. Humide. Il nous a entendu… « Je t’aime mon ange, et rien ne changera ça… » Je vois dans l’ombre de sa chambre, ses paupières se refermer avec plus de force, il tente de faire bonne figure. Je passe une main dans ses cheveux dans un geste maternel et doux que je n’aurais jamais eu un an auparavant. « Tout ira bien mon bébé… » J’aimerais y croire, tellement… Je dois penser à lui avant tout, à son propre bien, son avenir, son présent. Gauthier. Encore et toujours lui. Mon cœur se serre. Je remonte la couverture sur les épaules de mon fils avant de partir en direction de sa porte. Cette nuit, à nouveau, j’ai rompu le pacte que j’avais fait avec mon fils, et je m’en veux bien plus pour cela... Descendant les marches plus doucement que je ne les ai montées, le calme que m’a procuré la chambre de Gabriel joue encore gentiment sur mes nerfs alors que j’attrape mon téléphone et sort dehors. Parfois, je regrette de ne pas fumer. 23h46. Soit 14h46 à Londres. Elle doit travailler. Les tonalités de mon portable jouent méchamment avec mes tympans. « Elie, ça va ? » « Daniel est à Brisbane. » « Ne fais pas de connerie, chou. Laisse-moi deux jours. J’arrive. » Un hoquet puis des larmes incontrôlables, j’ai envie de tout envoyer valser, de rentrer chez moi, retrouver ma meilleure amie et les bras réconfortant de ma mère. Silence, je sais qu’elle est en train de prendre ses tickets, mais je voudrais qu’elle soit là, maintenant. Au fond, je l’entends dire à sa classe qu’elle revient. « Je te dérange… Laisse, je t’appellerais plus tard… » « Non, ne raccroche pas. Qu’est-ce que tu vas faire ? » « Je ne sais pas. » « Gauthier, il le sait ? » « Il était là ce soir… » « Au oui l’île ! Comment c’était ? » « Magique… » « Tu l’as revu ? » « Il ne voudra plus jamais… » « Force le. » Je m’assoie dans la fraicheur de l’automne australien. Sans faire attention, le temps passe, puis je la laisse retourner à sa classe, restant là, silencieuse, immobile. Et puis merde…
01h54. Je gare ma voiture devant la grande villa que je connais aujourd’hui très bien à force d’y amener mon fils. Je ne sais pas ce que je fais ici, mais j’ai besoin de le voir. Besoin de savoir, de l’entendre me dire que tout est fini alors que rien a commencé. J’ai besoin qu’il me demande de ne plus le voir. J’ai aussi besoin de le voir, l’entendre, sentir son odeur, la chaleur de son souffle, ses bras et la douceur de sa peau… A nouveau, le portable à mon oreille, je pris intérieurement pour qu’il ne dorme pas. Réponds, réponds, réponds… En même temps, j’aimerais qu’il ne réponde pas, qu’il ignore et que plus jamais je puisse le faire souffrir à nouveau. Je suis coupable de tout cela et me voilà, devant chez lui, espérant le voir, pourquoi ? Je n’en sais rien, je ne sais plus, je ne sais pas. Raccrochant avant même qu’il ne le fasse lui-même, je laisse simplement un message. Je suis devant chez toi. Et m’installe sur un banc prêt de la villa. Je dois avoir l’air maligne, vêtue dans une robe bien trop légère pour les degrés actuels, la main avec un bandage en sang, les cheveux non coiffés et les yeux probablement bouffis comme si je n’avais pas dormi depuis des semaines en pleurant toutes les larmes de mon corps. Je ne souhaite pas réveiller toute la famille et reste là, espérant, sans savoir si cela fait des secondes, minutes ou heures avant qu’un bruit se fasse entendre vers la maison des Hazard-Perry.
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Gautelisa
Ses mains se serrent sur le volant, si fort qu’elles blanchissent, au point presque de donner l’impression qu’elles vont s’échapper. « Ca va tonton ? » La petite voix d’Oliver le sort de ses pensées alors qu’il jette un coup d’oeil au rétroviseur pour observer son neveu. « T’es attaché ? » La moue du petit garçon lui fait bien comprendre que non - et il s’assure que ça soit chose faite, échappant de cette façon à la question du petit. « C’était vraiment le papa de Gabriel ? Il est gentil ? » Un hochement de tête vers son neveu avec cette impression que son coeur se déchire à l’intérieur de sa poitrine. C’est pire que ce qu’il avait imaginé - exactement ce qu’il voulait éviter. « Il est très gentil oui… » C’est quelqu’un de bien Daniel. Bien mieux que lui, il le sait. Un père aimant, un mari parfait pour Elisabeth, il a ses tords c’est sûr mais elle aussi et aujourd’hui il est revenu… Aujourd’hui il va reprendre sa place. Exactement ce que Gauthier avait prévu, il aurait dû écouter son instinct, ne jamais apprendre à connaître ce garçon, ne pas repasser du temps avec elle, ne pas laisser à son esprit le temps de se souvenir - des raisons qui l’ont poussé à l’aimer dès le premier regard. « Ca veut dire qu’il va retourner en Angleterre ? » Un regard triste que les deux Hazard-Perry s’échangent. « Je ne sais pas mon grand… » Il ne sait même plus dire ce qu’il souhaite aujourd’hui. Revenir en arrière ? Effacer les moments partagés pour que les rayer de sa vie - à nouveau - soit plus facile. Pour ne pas refaire ce processus impossible.
Il ne regarde plus l’heure depuis longtemps, serait bien incapable de dire si une nouvelle journée a été commencée. Incapable même de se débarrasser de ses vêtements il est là, assis devant son bureau, le silence dans la maison. Oliver est allé se coucher depuis longtemps maintenant - le reste de la maison l’a suivi et il s'est retrouvé seul, le silence qui faire remonter les pensés en lui. Il ne bouge pas - donne à peine l’impression d’être humain ou en vie, le regard fixé sur une pile de papier sans intérêt… Il ne sait même plus ce qu’elle contient, des lettres, des journaux, peut-être quelques papiers de son avocate au sujet d’Emre. Mais si il ouvre le tiroir à sa gauche il sait ce qu’il trouvera sous la paperasse. Deux photos qu’il n’assume pas - une si vieille que le pourtour est un peu abimé, longtemps elle a trainé dans son porte monnaie comme une évidence, sur le cliché trois jeunes en haut d’une montagne, le sourire aux lèvres. Daniel, lui et au milieu Elisabeth, Elisabeth et son sourire si sincère… Elisabeth et ce regard si tendre et pourtant si incisif, comme si toute sa vie semblait encore être devant elle. Elle l’a perdu se regard, il s’en rend bien compte mais parfois la lueur revient - parfois il revoit en elle la jeune femme impétueuse qu’il a rencontré dans ce bar. L’autre photo est plus récente, sur celle là il est accompagné d’un petit homme aux cheveux blond, son sourire teinté de fierté qui ressemble au sien… Une photo prise par Oliver, elle est un peu de travers mais c’est ce qui fait son charme… Un photo avec ce fils qu’il n’élèvera jamais - ce fils qui ne saura sans doute jamais qui il est… Un choix qu’il a fait - un choix qu’il se doit d’assumer aujourd’hui. « Tu ne dors pas ? » La voix le fait sursauter alors qu’il sort de ses pensées pour faire face à Théodora, la mine endormie qui le fixe inquiète. « Je… Non, mais je ne vais pas tarder. » Il fait mine de remettre quelques papiers en ordre, presque honteux d’avoir été surpris à ne rien faire. « Tu es sûr que tout va bien ? » La question elle l’a posé plus d’une fois ce soir - elle sait que quelque chose cloche, qu’il n’est pas comme d’habitude et lui déteste être aussi lisible d’un coup, lui qui cache ses émotions à la perfection d’habitude. « Oui ne t’inquiète pas - quelques soucis au boulot… Rien de plus. » Il n’aime pas lui mentir mais comment lui dire ? Il en est tout bonnement incapable…
Quelques secondes, il se remet en action, brasse de l’air pourtant parce qu’il n’y a rien à faire mais qu’il lui est impossible de penser à trouver le sommeil. C’est un nouveau bruit qui attire son attention, son téléphone qui vibre. Il n’a pas besoin de regarder pour savoir que c’est elle - son souffle qui se fait plus difficile alors qu’il attrape le téléphone. Il ne répondra pas, il ne peut pas. Puis d’un coup plus rien - le silence à nouveau - le vide en lui et dans la pièce jusqu’à ce que le sms s’affiche sur l’écran. Il le lit, la main qui tremble un peu avant de reposer son portable. Il n’ira pas. Il ne peut pas faire ça - plus maintenant que Daniel est revenu. Quelques minutes encore il reste stoïque, tente de faire le vide dans son esprit, de ne pas l’imaginer dehors et pourtant c’est finalement plus fort que lui. Il a besoin de voir - de savoir si elle est encore là… Un regard vers dehors et il voit la jeune femme - il voit les frissons sur son corps même à plusieurs mètres d’elle - lui même sentant ce frisson caractéristique le tenir. Il finit par sortir - les pas qui le mènent jusqu’au banc où elle a pris place, la veste qu’il pose sur ses épaules dans le silence avant de prendre place à côté d’elle. « Il faut que tu rentres chez toi Elisabeth… » Ils ne sont plus des adolescents, il ne peuvent pas indéfiniment reproduire les erreurs du passé. Pourtant dès que son regard se pose sur sa main, c’est l’inquiétude qui l’emporte. « C’est pas vrai, qu’est ce qui t’es arrivée ? » Le bandage est recouvert de sang - il est totalement obsolète, et l’inquiétude se lit sur le visage du trader alors qu’il porte sa main vers celle de la blonde. Erreur… Il ne devrait pas la toucher il le sait, ne pas se permettre de ressentir ça à nouveau. « Je vais nettoyer ça… Viens… » Plus question maintenant de la laisser rentrer chez elle - il passe une main dans son dos alors qu’elle se lève - il a presque peur qu’elle tombe, elle semble si faible, épuisée par des larmes qu’il peut lire sur son visage, pas une situation qui lui échappe comme à lui, il l’escorte jusqu’à la salle de bain dans le silence. Parce qu’il ne peut rien dire - parce qu’elle ne devrait pas être là… Parce que les mots qui doivent être dit sont imprononçables, pas aujourd’hui pas après cette journée magnifique… Pas quand ils se sont crus un instant intouchable… Grossière erreur.
L’air frais parcoure ma peau, s’engouffre en moi sans que je ne ressente rien. Seul mon corps réagit, entièrement déconnecté de mon être. Ma mère m’a élevé pour être une femme indépendante. J’ai grandis dans cette tradition, en croyant dur comme fer qu’une femme peut vivre sans homme. Je l’ai toujours pensé, toujours défendu et aujourd’hui, je me retrouve là. Assise sur un banc, espérant qu’un homme descende, sans savoir mon but dans cette histoire, sans savoir pourquoi je souhaite le voir. Je sais simplement que je n’arriverais à rien autrement. Me voilà, moi, la féministe dans toute sa splendeur, coincée entre deux hommes, livrant son cœur probablement au mauvais poulain, mais aussi au seul qui saurait le faire vibrer de cette manière… Mes paupières lourdes, se relèvent lorsque la porte de la villa s’ouvre. Il est là. D’un coup plus léger, mon cœur se libère tendrement alors que sa silhouette s’approche de moi. Mes lèvres tentent de s’étendre comme tirées par sa simple présence. Je le laisse glisser une veste sur mes épaules, la gardant attachée à moi par mes mains alors que je me laisse imprégner de son odeur si caractéristique. « Merci. » Les derniers tremblements de mon corps s’estompent et ne reste plus que ceux qui n’ont rien à voir avec le froid de cette nuit… Sa présence à mes côtés me rassure, m’aide à reprendre mes esprits, doucement. « Il faut que tu rentres chez toi Elisabeth… » Mon visage se tourne vers lui, doux et pourtant déterminé. Il le faut peut-être mais je ne le ferais pas. Sous mon toit dort actuellement l’homme qui m’a ignoré pendant dix mois pensant pouvoir revenir simplement la bouche en cœur. Chez moi, hante trop de souvenirs et alors que je sais Gabriel en sécurité, je n’ai plus qu’un besoin, être ici. Mon esprit me dit que c’est une mauvaise idée, seulement, ce soir, seul mon cœur est maître du navire. Son regard s’éclipse, attiré probablement par ma main qui me brûle encore légèrement. « C’est pas vrai, qu’est ce qui t’es arrivée ? » J’hausse les épaules. « Oh, euh, un vase, ne t’en fais pas. » N’ayant pas laissé Daniel aller jusqu’au bout de ses soins, je pense que ma plaie est loin d’être saine, mais je m’en occuperais plus tard. Demain. Probablement. Détournant les yeux, je suis son regard et le pose sur mon bandage ridicule. Bon je comprends, ça fait très guerrière actuellement, mais ce n’est rien. Sa main vient prendre la mienne, un geste doux, tendre, déclenchant en moi un tourbillon de sentiments bien différents de ceux m’ayant envahi lorsque Daniel a fait le même geste quelques heures plus tôt. « Je vais nettoyer ça… Viens… » Je le laisse me guider par le trader, loin d’être insensible à sa main derrière mon dos. Arpentant des couloirs encore peu connus pour moi, je tente de ne pas faire de bruit afin de ne pas alerter toute la famille de ma présence. La porte de la salle de bain s’ouvre pour nous laisser entrer et se referme derrière nous. Dans une bulle à nouveau, je le laisse trouver des affaires pour soigner ma main. « Ne t’embêtes pas… » Pourtant, je me retrouve rapidement avec un nouveau désinfectant sur la peau et un bandage en construction. Ses mains sur la mienne, la douceur dont il fait preuve éveillent mes sens et me font voir de plus en plus clair. Je souris délicatement, réellement, mon regard l’englobant entièrement. « Merci. » Décidément, ce soir, il aurait été un véritable chevalier servant… Alors qu’il finit, je retiens sa main, ne pouvant le laisser partir. Geste tendre, je laisse mon pouce dessiner un cercle infini sur sa paume alors que je tente de lire dans son regard, le bleu intense de ses iris ne me laissant que peu de lecture… « Je suis désolée pour ce soir. » Ma voix n’est plus tremblante, j’arrive petit à petit à reprendre le dessus, même si mes émotions sont entièrement agitées.
Envoûtée par sa présence, je tente de trier mes pensées. Ne rien dire de travers, ne pas le faire fuir immédiatement ou me renvoyer chez moi, sans avoir eu la chance de tout lui dire… Le silence entre nous est léger et pourtant empli de sens à cet instant. Je sais que son esprit doit également être agité. Qu’est-ce que signifie le retour de Daniel ? Qu’est-ce que cela annonce ? Alors que nous nous sommes laissés croire à une autre possibilité, à des moments intimes, qu’est-ce que cela nous laisse ? Je me doute qu’il souhaitera tirer un trait sur tout ça, et s’il me le demande, je devrais lui dire oui. Accepter, le laisser se protéger et ne plus le blesser. Mais qu’est-ce que tout cela signifie pour Gabriel ? Souhaite-t-il toujours connaitre son fils ? Sera-t-il prêt un jour à avouer cette vérité à son ancien meilleur ami ? Préfèrera-t-il reprendre une relation avec Daniel et oublier Gabriel et moi ? Je souhaite simplement que sa décision lui procure un bonheur, quel qu’il soit et qu’il ne fasse pas un choix, pour les autres comme il en l’habitude… Debout, ainsi, il reste bien plus grand que moi et je ne sais comment agir pour ne pas le brusquer, ne pas l’offenser… « Gauthier… » Je me mords doucement la lèvre, hésitante. « Il fallait que je vienne, je… Je devais te voir, savoir. Je sais que c’est trop tôt mais je pense que plus tard, tu n’accepteras plus… » Incapable de finir ma phrase, cette vérité est trop difficile à accepter. Il n’acceptera plus ma présence, mes questions, mes demandes, et peut-être même l’idée même que je sois dans les parages… J’inspire intensément, tentant de récupérer tout le courage qu’il me reste. « Laisse-moi, juste finir… » Prévoyant qu’il me coupe, je préfère lui faire la requête en avance. « Je ne souhaite pas revenir avec Daniel. Je ne peux plus. Je ne sais pas où tout ça me mènera, mais je pense devoir être honnête envers toi. Je te l’ai déjà dit, et je le pense, je ne pourrais plus être sa femme, cela sonnerait bien faux. » Et comment continuer un mariage alors que nos pensées sont tournées vers un autre ? « Je ne voulais pas que tu sois à nouveau blesser, je ne le veux pas, et… » Mais je pense avoir échouer sur ce point. « J’espère que tu pourras me le pardonner un jour. Tu es libre de tous tes choix, tu connais toujours tes possibilités. » Avec Gabriel pour être son père, avec moi… Ma main saine vint frôler son bras, ayant peur d’un rejet total de sa part. « Seulement, ce soir, je ne voulais pas te quitter comme ça. Je voulais te voir. C’est probablement bien égoïste. » Un peu comme toutes mes actions dans cette histoire. « Mais… » Mon regard planté sur le sol de la pièce se relève enfin espérant y trouver le sien. « C’est à toi que j’ai pensé toute la soirée, c’est avec toi que j’avais envie d’être, peut-être juste un peu, juste te voir, juste un instant, une heure, une nuit, je… » Je ne finirais pas cette phrase. Pas si je ne veux pas me retrouver face à une porte. Je veux simplement être là, dans la même pièce, rien de plus, sans attendre un lendemain, sans espérer autre chose. Te laissant libre. Simplement là parce que je t’aime.
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Gautelisa
Il observe sa main, trop longuement, inquiet comme s'il prenait conscience de ce qu’il lui fait à elle aussi, comme si jusqu’à lors la souffrance d'Elisabeth ne lui était pas apparu aussi clairement et que cette main ensanglantée n’était que la manifestation externe de tout le reste. Il a mal pour elle maintenant, voudrait faire plus sans trouver les gestes ou les mots, sa main qui se pose dans son dos pour l’emmener à l’intérieur, lui permettre de se réchauffer et changer ce pansement imbibé de sang. Il l’emmène dans sa salle de bain - celle accolée à sa chambre comme pour être sûr de ne pas être dérangé par le reste de sa famille. « Ne t’embêtes pas… » Il n’est pas embêté, il ne répond pas non plus, se contente de continuer à chercher de quoi soigner sa main dans l’armoire comme réponse. Reprend sa main pour entreprendre d’enlever le bandage avec soin, pas de gestes brusques, plus de mots entre eux, que le silence de la nuit et leur mains qui se touchent. Il ne relève pas les yeux non plus, fixé sur sa tâche, comme si en soignant cette main il pouvait réparer le mal qu’il a provoqué, comme si tout pouvait s’envoler par se simple geste. Mais une fois le bandage fini la vérité lui revient à la figure. Rien n’a changé, rien ne s'est amélioré si ce n’est l’état de ce bandage. « Merci. » Un hochement de tête pour réponse il tente de lâcher son emprise, mais elle le retient à elle, cherche son regard qu’il accepte finalement de lui donner. La tristesse se lit dans ce dernier, une forme de honte aussi qu’il ne saurait cacher alors qu’elle reprend la parole, Gauthier toujours aussi mutique. « Je suis désolée pour ce soir. » Il pince un peu les lèvres à cette réflexion. « Ce n’est pas ta faute… » Il le pense, il a accepté de se mettre dans cette situation, c’est même lui qui l’a provoqué, il connaissait les risques. Il n’y a rien de plus à dire… Une seule certitude le tenant maintenant - celle qu’Elisabeth n’est pas à sa place ici… Pas avec lui.
Le silence prend place à nouveau entre eux. Incapable de le briser pour lui demander de partir il reste muet, encore. Sa main qui n’a pas quitté celle de la blonde, son regard qui se perd en elle. « Gauthier… » Il sait qu’il ne va pas aimer la suite, mais profite un instant de cette façon si particulière qu’elle a de prononcer son nom - presque comme si il le redécouvrait dans sa bouche. « Il fallait que je vienne, je… Je devais te voir, savoir. Je sais que c’est trop tôt mais je pense que plus tard, tu n’accepteras plus… » Il y a cette façon si distincte dont il serre sa mâchoire à ses quelques mots avant de tenter de la raisonner. « Elisabeth… Arrête… » Il ne peut pas en entendre plus - il ne le veut pas, mais elle ne semble pas vouloir l’entendre. « Laisse-moi, juste finir… » Un nouveau silence qu’il ne coupe pas - il accepte se demande un peu à regret, en comprenant déjà qu’il risque de regretter. « Je ne souhaite pas revenir avec Daniel. Je ne peux plus. Je ne sais pas où tout ça me mènera, mais je pense devoir être honnête envers toi. Je te l’ai déjà dit, et je le pense, je ne pourrais plus être sa femme, cela sonnerait bien faux. » Il ne sait plus dire ce que procure ces mots en lui - il ne saurait pas l'expliquer, sait à peine comment le vivre alors que son regard lâche la blonde pour trouver le sol - gêné, honteux… Coupable voilà comment il se sent. « Je ne voulais pas que tu sois à nouveau blesser, je ne le veux pas, et… J’espère que tu pourras me le pardonner un jour. Tu es libre de tous tes choix, tu connais toujours tes possibilités. » Il relève le regard cette fois, la regarde sans trop comprendre. « Tu n’as rien à te faire pardonner de moi Elisabeth… J’ai fait mes propres choix. » Il a fauté de son plein gré et jamais elle ne l’a obligé à rien. C’est en vers Daniel qu’elle est coupable et il ne comprend d’ailleurs pas qu’elle ne se sente pas plus mal par rapport à lui - que ça soit à lui qu’elle présente des excuses.
La main d’Elisabeth vient frôler son bras, le fait tressaillir mais il ne bouge pas - il n’a pas un geste de recule, ni vers elle. Il se sent presque hors de son corps - comme si à force de compartiment il avait oublié une partie de lui quelque part. « Seulement, ce soir, je ne voulais pas te quitter comme ça. Je voulais te voir. C’est probablement bien égoïste. Mais… » Lui non plus ne le voulait pas, mais c’est ce qu’ils auraient du faire pourtant - reste sur cette dernière image d’une viré magnifique en mer. Pas d’une scène d’adieu dans la salle de bain de sa maison. « C’est à toi que j’ai pensé toute la soirée, c’est avec toi que j’avais envie d’être, peut-être juste un peu, juste te voir, juste un instant, une heure, une nuit, je… » Son coeur qui bat trop vite maintenant - ces sentiments qu’il ne peut pas totalement contrôler - même le silence qui suit les mots ne semblent pas être son ami alors que son regard se perd dans celui d’Elisabeth, qu’il y lit une douceur qu’il n’a connu a aucune femme avec lui… Elle le comprend mieux que quiconque… Sans qu’il ait besoin de parler parfois. Et si c’est vraiment le cas elle sait déjà… Elle sait qu’il ne pourra pas lui rendre ça.
Avec tendresse pourtant sa main va se glisser dans son dos, il l’emmène à lui dans une étreinte chaste pourtant… Une manière de lui dire qu’il ne veut pas la quitter quand les mots lui sont impossibles. Il la serre contre lui - quelques instants encore, une mains dans sa nuque et ses lèvres qui s'approchent de l’oreille de la blonde. Il hésite longuement, les mots qui peinent à sortir alors qu’il ferme les yeux comme pour se donner du courage. « Je ne peux pas lui faire ça… » Cette impression qu’on lui arrache son soeur pour le jeter au loup. « On ne peut pas… Il ne mérite pas ça Elisabeth… » Pas Daniel, pas de leur part à eux, pas quand il ne se doute pas une seconde de ce qui se passe dans son dos. « Tu t’es unie à lui… Tu as dit oui pour le meilleur et pour le pire… C’est peut-être le pire… Sans doute que ça l’est mais tu as fais une promesse… » Chacun de ses mots semblent plus douloureux que le précédent tant il l’éloigne d’elle. « Et je ne peux pas être votre pire… Je suis venu ici il y a cinq ans pour ne pas être ce type d’homme… » Celui qui trompe son meilleur ami sans regret - celui qui perdrait le seul ami qu’il n’ait jamais eu pour une femme. « Je suis tellement désolé Eli… » Et il l’est… De ne pas s’être battu avant - de ne pas l’avoir désirée assez fort ce premier soir - avant Daniel - avant que leur chemin ne prennent cette direction. Parce qu’elle est malheureuse il peut bien le voir - mais il n’est pas son échappatoire.
Le regard déviant entre ma main et lui, je ne sais plus quoi regarder et doit me concentrer pour le pourquoi de ma venue. Alors qu’il m’a laissé entrer dans son chez lui, bien trop proche de la pièce qui doit être la plus personnelle pour lui. « Ce n’est pas ta faute… » Ah oui ? Pourtant, je suis celle qui a trompé Daniel, je suis celle qui n’a jamais rien fait tout en ayant un doute sur la paternité de mon mari, je suis celle qui a dit oui à un homme après l’avoir trompé, je suis également celle qui est partie dans la seule ville où se trouve le véritable père de son enfant et l’homme qui… je suis celle qui a demandé à Daniel de réagir, celle qui a tenté Gauthier, celle qui a envoyé les documents pour le divorce, celle qui n’a juste pas été capable de prendre des décisions claires depuis le début, celle qui a détruit une amitié rare. Tout est de ma faute, ce soir n’est qu’une démonstration de tout ce que j’ai engendré… Mais même si mon regard en dit long, je ne répliquerais pas, préférant ne pas me battre sur le « à qui la faute ». Laissant le silence reprendre, bien moins agréable qu’il n’avait pu l’être quelques heures plus tôt en haut de cette cascade. Je ne suis pas venue pour le regarder dans les yeux, même si en réalité, c’est également une des raisons de ma venue, mais je dois avant tout tenter de lui expliquer. Pourtant alors que les mots sortent d’entre mes lèvres, je ne suis pas bien sûre de vouloir dire quoi que ce soit et à la vision de son visage, crispé et un peu plus dur, je voudrais revenir en arrière, de quelques heures, quelques semaines, mois, peut-être même de cinq ans, ou bien… de dix ans, ce serait parfait. Revenir à cette soirée tout en sachant l’avenir, en sachant que la sécurité est une chose mais qu’il n’y a pas de folie dans la sécurité, et que je suis plus faite dans la folie… « Elisabeth… Arrête… » Pourquoi ? Pour s’arrêter à ce qui est simple ? Faire comme si ? Je ferme les yeux une seconde avant de continuer, le remerciant intérieurement de respecter mon vœu, de ne rien dire. Je continue souhaitant en dire plus, ou m’arrêter, je ne sais pas ce que je fais, et quand son regard quitte le mien, mon cœur se froisse, ce soir, je l’ai perdu… Pourtant, ses yeux trouvent à nouveau les miens laissant une vague d’émotion m’envahir, comment fait-il encore cela ? « Tu n’as rien à te faire pardonner de moi Elisabeth… J’ai fait mes propres choix. » Un faux sourire passe rapidement sur mon visage. Je sais que j’ai tous mes tords dans la situation, que je l’ai probablement bien trop tenté, mais savoir ce qu’il pense, savoir qu’il a fait tout ça en pleine conscience… Je m’en veux mais au fond de moi, mon cœur fait secrètement la fête alors que tout le reste de mon être est en deuil.
Sans savoir pourquoi je libère une partie de mes sentiments, lui explique la véritable raison de ma venue. J’aurais aimé que les choses soient plus simples. Que jamais Daniel ne revienne, qu’il signe ces papiers, qu’il agisse pour une fois comme je le lui demande et non en pensant vainement que je reviendrais un jour avec lui. Il se blesse lui-même tout en faisant du mal autour de lui et je n’ai plus les moyens de l’arrêter dans cette bêtise. Alors que je tente d’exprimer quelque chose, sans savoir quoi ni comment, je lis dans le regard de l’anglais, je comprends, jamais je n’aurais dû venir… Pourtant, j’en avais besoin et quoi qu’il dise, je l’aurais eu cet instant avec lui, et même s’il ne peut me donner plus, alors je comprendrais, comme j’aurais dû le faire bien avant et le laisserais tranquille, sur ce sujet. Alors que j’aurais juré qu’il était prêt à me demander de partir et à m’ouvrir la porte pour que je rejoigne ma voiture, sa main vient se glisser dans mon dos, provoquant une vague de sensation en moi alors que rapidement, mon corps est contre le sien, un de mes bras autour de sa nuque, l’autre agrippant presque son bras comme pour que jamais il ne m’échappe, alors que ma tête vint se nicher dans le creux de son cou. Mon souffle se calant sur le sien, j’aimerais arrêter le temps, à jamais rester ainsi. La chaleur de son être m’envahi, mon cœur accélérant tout en prenant un rythme régulier, celui qu’il garde en présence de cet homme, celui qui me fait tourner la tête de la sensation la plus agréable. Sa main venue sur la peau de mon cou, me rend bien trop faible et je dois me concentrer pour ne pas perdre la raison. Son souffle caressant mon oreille, j’aimerais lui dire de ne rien faire, ne rien dire, ne pas gâcher cet instant, ce moment mais mes paupières se ferment comme prévenues de la suite… « Je ne peux pas lui faire ça… » Si tu savais à quel point je déteste ta loyauté envers mon mari… « On ne peut pas… Il ne mérite pas ça Elisabeth… » Je le sais et c’est aussi pour ça que je lutte pour ne pas laisser cette larme partir. Pourquoi ai-je épousé un homme bien ? Son meilleur ami ? Celui qui m’a tout de même fait vivre des années merveilleuses ? Pourquoi tout doit être si complexe ? Je reste tout de même figée ainsi dans ses bras, ne voulant pas rompre notre contact, rupture qui se fera bien assez rapidement. « Tu t’es unie à lui… Tu as dit oui pour le meilleur et pour le pire… C’est peut-être le pire… Sans doute que ça l’est mais tu as fait une promesse… » Il le sait. Il sait comment anéantir ce genre d’instant, il sait comment me rappeler à ma promesse et c’est lui que je déteste pour ça. Je le déteste pour être si parfait, intègre. Pour le meilleur et pour le pire. Cette phrase, j’ai été capable de la dire parce que tu étais à des milliers de kilomètres de nous Gauthier, pourquoi à cet instant tu n’es pas entrée dans cette église pour tenter de m’empêcher de faire cette erreur. Pourquoi je n’ai pas écouté ma mère qui me parlait du temps en Australie quelques minutes plus tôt comme pour me dire que j’avais une autre solution ? Pourquoi je me suis dit que c’était la meilleure solution même en revoyant ton visage avant de lui dire oui ? Mon corps se détache doucement, j’ai compris. Il a pris sa décision et aussi sévèrement que la première fois, il ne reviendra pas dessus. Et qui suis-je pour tenter de diaboliser son âme ? « Et je ne peux pas être votre pire… Je suis venu ici il y a cinq ans pour ne pas être ce type d’homme… » Je me mords la lèvre. Si seulement tu étais mon pire, je ne serais pas là… Je baisse le regard, incapable de faire face à ses derniers mots. Il est venu ici pour nous éviter, pour ne pas faire partie de cette histoire et voilà que je l’y ai ramené avec toute la violence de la situation. Ma tête fait des mouvements minuscules de haut en bas. Je dois entendre raison, je dois l’écouter, et pourtant mes bras ont dû mal à se détacher. Construisant petit à petit un mur autour de mon cœur pour pouvoir partir d’ici sans craquer, je m’écarte de lui, toujours trop proche. « Je suis tellement désolé Eli… » Tais toi. Pourquoi compliquer ainsi les choses ? Pourquoi montrer cela ? Pourquoi être désolé ? A part être toi, qu’as-tu fais ? Tu es celui qui a repoussé l’autre encore et toujours, pas l’inverse… Alors pourquoi ? Croisant son regard, je vois qu’il le pense réellement et je dois lutter intensément pour ne pas le prendre à nouveau dans mes bras pour lui dire que je ne lui en veux pas. Jamais. Ma main vint se glisser dans la sienne, alors que mes canaux lacrymaux menacent sévèrement de lâcher. Ma deuxième main libre, vient caresser doucement sa joue, la peau délicate de ses lèvres que les miennes n’ont plus le droit d’atteindre… Lente, profonde, ma respiration se mêle à nouveau à la sienne, un instant silencieuse et si proche, je plonge dans l’océan de son regard, me perdant ainsi avant de fermer les yeux dans un sourire, léger et sincère. Merde, pourquoi doit-il me faire ressentir tout ça ? Pourquoi tout ne peut pas être plus simple ? Je me détache alors, gardant simplement nos doigts entrelacés. « Merci. » Merci d’être qui tu es. De cet instant, d’être celui qui garde ma promesse, d’être aussi parfait, de veiller ainsi sur moi. Merci pour le bandage, mais aussi… Merci de me faire me sentir aussi vivante, merci de m’avoir apporté le plus beau cadeau du monde en m’offrant Gabriel même sans le savoir, merci pour tout ce que je serais incapable de te dire et que tu ne voudrais probablement pas entendre pour rester droit face à ces aveux… Je m’arrête pourtant dans l’entrebâillement de la porte. Il y a toujours ce point que nous n’avons pas résolu. Il reste le père de mon fils… Seulement, je pense que cela fait déjà beaucoup pour ce soir, et je n’ai pas la force de me battre contre lui. Le couvant d’un regard amoureux, je ne peux retenir un léger sourire et me mord doucement la lèvre, comme une vieille habitude... « Bonne nuit Gauthier… » Je sais que je ne pourrais le revoir avant longtemps, avant qu’il n’accepte de me faire face à nouveau, mais je n’ai pas d’autre choix que de suivre sa raison, suivre ce qui est juste et non ce qui devrait être. Peut-être que nous n’étions pas fait pour tout ça, peut-être que si, ou peut-être dans une autre vie… Quittant son regard, je me tourne pour reprendre le chemin inverse, silencieuse et le cœur lourd. Je regarde un instant ma main, avant de me rendre compte de cette larme fuyant sur ma joue. Merde, pourquoi ça doit être aussi douloureux ?