Profiter des derniers rayons de soleil, ceux qui réchauffent encore. C'était le but ultime de Debra avant que l'hier ne s'installer définitivement à Brisbane et lui rappelle se froid glacial de l'Irlande - qui lui manquait autant qu'elle était contente de l'avoir quitté. Le soleil de Brisbane était une aubaine pour la jeune femme, elle qui avait toujours fait partie de ses personnes qui adorent passer leur temps à faire bronzette pendant des heures à la suite. Et d’avoir emménagé chez les Hazard-Perry durant les quelques dernier mois était aussi une aubaine, puisque leur humble demeure possédait une piscine, avec les transats qui allaient bien avec. La jeune femme avait passé son après-midi échouée sur l’un des transat, les yeux fermés, ne faisait rien d’autre que profiter des raisons du soleil sur sa peau qui n’avait pas pu profiter de l’été à cause de son ventre rond qui grossissait à l’époque. Elle ignorait d’ailleurs complètement l’avis des docteurs qui lui avaient conseillé de garder sa cicatrice à l’abris du soleil pendant quelques mois, le temps qu’elle se fasse bien pour avoir la moindre trace. Toute la famille Hazard-Perry était partie ailleurs en ce jour, et lorsqu’elle entendit les premiers pas à travers le salon depuis la terrasse, Debra savait que c’était Théodora qui rentrait des cours. C’était la seule qui était supposée remettre les pieds à la maison avant un bon bout de temps. Gauthier était parti Dieu seul sait où pendant plusieurs jours, Charlie avait décidé d’emmener Oliver pendant deux jours dans un parc d’attraction de la région et Connor… Debra ne lui parlait pas encore assez pour savoir où il était - et surtout, elle n’en avait pas grand chose à faire pour le moment encore. « Et une nouvelle journée où tu auras survécue alors ? » Elle ne prit pas la peine d’ouvrir de suite les yeux, elle savait que la jeune femme n’était pas loin et pouvait clairement entendre les paroles qu’elle prononçait.

La journée avait été longue. La plus longue de la semaine dans son horaire. Elle partait à la fac de bonne heure, se retrouvait avec une pause interminable pour finalement quitter le campus en tout début de soirée. Autant dire que Théo n’avait qu’une seule hâte, rentrer à la maison et se poser pour ne rien faire de la soirée. Gauthier était parti pour quelques jours, Charlie avait décidé d’emmener son neveu dans un parc d’attraction pour quelques jours et elle était persuadée que Connor ne serait pas non plus à la maison pour la soirée. A croire qu’il n’y était que pour dormir. Enfin… Restait à savoir si Debra comptait resté à la villa ce soir elle aussi ou pas. C’est avec un soupir que la jeune femme poussa la porte d’entrée de la demeure Hazard-Perry, mais c’est malgré tout d’un pas léger qu’elle s’avança dans l’habitation. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour remarquer que Debra profitait du soleil au bord de la piscine et Théo passa alors rapidement les portes vitrées pour la rejoindre. A peine avait-elle fait quelques pas sur la terrasse que la jolie brune prenait la parole. « Et une nouvelle journée où tu auras survécue alors ? » Un léger rire échappa à l’étudiante qui se laissa tomber sur le transat voisin de la jeune femme. « Laisse tomber, parfois je me demande pourquoi je me suis lancée dans ces études ! Et puis, je me dis que sauver des vies, ça a de la gueule. » lança-t-elle non sans un nouvel éclat de rire. Ses études lui plaisaient réellement, même si clairement, des journées comme celle-ci, elle s’en passerait largement. Mais il fallait bien passer par-là pour atteindre ses objectifs. « Tu sais quoi, je vais aller enfiler un bikini et te rejoindre ! » Et en un claquement de doigts, Théodora s’éclipsa jusqu’à sa chambre afin d’enfiler une tenue adéquate pour le reste de la soirée. En revenant, elle fit un bref détour par la cuisine et le salon pour attraper quelques provisions, à savoir : une bouteille de tequila, une bouteille de vodka et les paquets de bonbons qu’elle planquait dans une armoire de la cuisine. Elle déposa le tout sur une petite table à l’extérieur. « Je ne sais pas si tu as prévu de rester là pour ce soir, mais je crois qu’on a la maison juste pour nous… Du coup, j’crois qu’avec ça, on a de quoi passer une bonne soirée ! » lança-t-elle tout en désignant les provisions qu’elle venait d’apporter. « Vodka ou tequila, parce qu’on n’est pas des dromadaires et qu’on a besoin de s’hydrater. Et les bonbons que je planque pour éviter qu’Oliver ne se goinfre… Ca te dit ? »

La réponse de Théodora fut accompagnée par un petit rire. « Laisse tomber, parfois je me demande pourquoi je me suis lancée dans ces études ! Et puis, je me dis que sauver des vies, ça a de la gueule. » Debra joignit son rire à celui de la jeune femme. « Quand on t’appellera Docteur, tu verras que tu seras fière. » Parce-qu’elle savait qu’elle finirait par en arriver là. Debra n’avait pas eu besoin de vivre longtemps parmi les Hazard-Perry pour comprendre que Théo avait de l’ambition, des capacités et surtout la rage d’y arriver. Et qu’elle y arriverait. « Tu sais quoi, je vais aller enfiler un bikini et te rejoindre ! » « Tu fais bien, tu verras on est bien ici. » Bien que leur conversation soit déjà entamée, Debra n’avait toujours pas ouvert les yeux, se fiant seulement au bruit de pas de Théodora. La jeune femme ne mit d’ailleurs vraiment pas longtemps avant de revenir sur la terrasse - il en aurait fallu le double à Debra pour pouvoir rien que choisir son maillot de bain. « Je ne sais pas si tu as prévu de rester là pour ce soir, mais je crois qu’on a la maison juste pour nous… Du coup, j’crois qu’avec ça, on a de quoi passer une bonne soirée ! » Là, les paroles de Théo avaient réellement titiller la curiosité de Debra, d’un mouvement, elle vint ouvrir les yeux et baisser ses lunettes de soleil afin de voir la jeune femme. Instinctivement, un sourire s’afficha sur le visage de Debra. « Vodka ou tequila, parce qu’on n’est pas des dromadaires et qu’on a besoin de s’hydrater. Et les bonbons que je planque pour éviter qu’Oliver ne se goinfre… Ca te dit ? » Elle vint se révéler légèrement pour s’asseoir sur le bord du transat. « Tu m’as eu à bonne soirée, alors avec ces provisions là en plus, je dirai jamais non ! J’avais rien prévu de toutes façons. A force, j’ai l’impression de passer plus de temps chez vous que vous même. » Elle eut un petit rire avant de venir piquer un bonbon dans l’un des sachet. « Bon alors, si horrible que ça cette journée ? »

« Quand on t’appellera Docteur, tu verras que tu seras fière. » Un mince sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme. Ce jour-là lui paraissait encore lointain, mais elle était déjà fière du chemin parcouru jusqu’ici. Elle s’en sortait plutôt bien, très bien même et elle estimait avoir de quoi être fière. Une étape à la fois, inutile de vouloir aller trop vite. Et pour le moment, Théo avait terriblement envie de rejoindre Debra au bord de la piscine. Profiter du soleil tant qu’il était encore bel et bien là avant de laisser place à l’hiver. Il avait fallu un certain temps à la jeune femme pour s’acclimater au continent australien, la météo étant totalement différente de Londres, mais elle s’y était finalement faite et elle aimait profiter de la piscine de la villa dès qu’elle en avait l’occasion. Aussi, elle ne se fit pas prier pour aller enfiler rapidement un bikini, récupérer ses lunettes de soleil et quelques provisions pour passer une soirée entre filles au bord de la piscine. Elles auraient probablement la maison pour elles pour toute la soirée - à moins que Connor ne décide de débarquer – alors Théo espérait pouvoir en profiter. Même si l’ambiance était parfois explosive, c’était agréable d’avoir une présence féminine à la maison. « Tu m’as eu à bonne soirée, alors avec ces provisions là en plus, je dirai jamais non ! J’avais rien prévu de toutes façons. A force, j’ai l’impression de passer plus de temps chez vous que vous même. » Un nouvel éclat de rire échappa à la brune. « Au moins, ça fait une personne qui profite de cette maison ! » lança-t-elle tout en commençant à déballer les paquets de bonbons. « Vodka ou tequila ? » demanda-t-elle finalement à la jeune femme avant de pouvoir servir les verres. « Bon alors, si horrible que ça cette journée ? » Théo lança un regard à la jolie brune tout en servant les deux verres d’alcool. « Horrible, c’est peut-être exagéré… Mais long, clairement. Je suis contente d’être enfin rentrée ! Et toi, ta journée ? » Attrapant les deux verres qu’elle venait de servir, Théo en tendit un à Debra avant de s’asseoir enfin à son tour sur l’un des transats. « On trinque ? » A quoi, elle n’en savait rien. A une soirée qui s’annonçait plutôt bien peut-être ?

La petite remarque de Debra sur le fait qu’elle passait plus de temps chez les Hazard-Perry qu’eux même dans leur propre maison fit bien rire Théodora. « Au moins, ça fait une personne qui profite de cette maison ! » « C’est qu’il faut bien, ce serait du gâchis sinon ! » Après tout, leur maison était magnifique et Gauthier l’avait fourni de tellement de choses qu’il n’était pas possible de s’ennuyer une seule journée en restant entre ces quatre murs et ce toit. Elle en savait quelque-chose, avec toutes les heures qu’elle avait passé ici à parcourir le moindre centimètre carré lorsqu’elle avait le ventre rond. Mais ce n’était plus le cas, alors elle profitait différemment désormais. « Vodka ou tequila ? » La jeune femme fit une petite moue hésitante pendant quelques secondes, avant de tirer un petit sourire. « Vodka pour ce soir tiens, s’il te plait. » La relation qu’elle entretenait avec Théo était plutôt amusante à voir de l’extérieur. Elles n’avaient pas grand chose en commun - sinon qu’avoir découvert trop tard leur grossesse - mais pourtant depuis que Debra était arrivée en Australie, elles s’entendaient presque tout le temps à merveille. Se soutenant face à cette tribune de mâles. « Horrible, c’est peut-être exagéré… Mais long, clairement. Je suis contente d’être enfin rentrée ! Et toi, ta journée ? » Debra lui fit un petit signe de la main, comme pour laisser tomber. « Tu vas me frapper si je te raconte. Disons que si je continue comme ça, je vais connaître par coeur toutes les émissions de télé-réalité du pays et j’irai un bronzage parfait pour l’hiver. » Parce-que rester à la maison sans rien faire de productif, elle savait faire, elle était experte. Et elle n’avait rien eu à bosse pour aujourd’hui. « On trinque ? » Elle attrapa le verre que Théodora lui tendait, avec de venir le faire tinter conte celui de la jeune femme. « Trinquons à cet hiver qui met du temps à arriver - et c’est tant mieux ! » Elle vint boire une bonne gorgée de boisson, lui brûlant l’oesophage et l’estomac au passage. Mais elle n’allait pas se plaindre, elle adorait ça. Dans les secondes qui suivirent, Debra était de nouveau allongée sur son transat, les lunettes sur le nez. « Bon sinon, à quand un papa de substitution pour Oliver ? »

Lorsqu’elle était rentrée à la maison, Théo n’avait pas résister bien longtemps à l’envie de rejoindre Debra au bord de la piscine. La température extérieure était plus qu’agréable et l’idée de pouvoir profiter d’une soirée rien qu’entre filles autour de la piscine lui plaisait pas mal. Aucune responsabilité pour ce soir, elle pourrait être une simple jeune femme de vingt-trois ans qui profitait de cette soirée pour décompresser d’une semaine qui lui avait demander pas mal d’énergie. Aussi, après avoir rapidement enfiler un bikini, elle avait fait le tour de la maison pour ramener le nécessaire à une bonne soirée à l’extérieur, ce qui sembla ravir la jolie brune déjà confortablement installée sur un transat. Avant de s’installer à son tour, Théo se chargea de leur servir à boire tout en échangeant avec Debra à propos de leur journée. « Tu vas me frapper si je te raconte. Disons que si je continue comme ça, je vais connaître par cœur toutes les émissions de télé-réalité du pays et j’irai un bronzage parfait pour l’hiver. » Un éclat de rire échappa à la jeune femme alors qu’elle versait une bonne dose de vodka dans deux verres. Est-ce que Debra s’attendait vraiment à ce qu’elle lui fasse la morale ou quelque chose du même acabit ? Théodora n’était clairement pas en position pour dire quoi que ce soit, ou tout du moins elle ne s’y sentait clairement pas légitime. Que Debra travaille ou préfère rester à la villa pour regarder la télé et jouer les carpettes au bord de la piscine ne changeait rien à sa vie. Debra était assez grande pour savoir ce qu’elle voulait faire toute seule. « Je t’admirerais presque de parvenir à regarder ces conneries à la télé. » lança-t-elle tout en lui tendant son verre. « Toujours pas de boulot en ce moment du coup ? » Après quoi, Théo s’installa à son tour sur l’un des transats installés autour de la piscine. Elle proposa de trinquer tout en levant son verre. « Santé ! » lança-t-elle à la volée, sa voix se mêlant au tintement des verres qui s’entrechoquaient. A un hiver qui tardait à arriver. Pour le plus grand bonheur de la jeune femme d’ailleurs. S’il avait fallu un petit temps à Théodora pour s’acclimater à l’Australie – surtout qu’elle avait dû s’y faire tout en étant enceinte – la météo et les températures londoniennes ne lui manquaient plus le moins du monde. Elle adorait se prélasser au soleil quand elle en avait l’occasion et les petits plaisirs de l’hiver comme un chocolat chaud en étant installé sous un plaid et devant la télé restaient malgré tout intact. S’installant plus confortablement sur son siège en étant ses jambes devant elle, Théodora installa ses lunettes de soleil sur son nez avant de reprendre une gorgée de vodka. « Bon sinon, à quand un papa de substitution pour Oliver ? » Le liquide n’avait pas encore eu le temps de lui brûler délicieusement l’œsophage qu’elle s’apprêtait à le recracher, surprise par la question qui venait de lui être posée. Fort heureusement, elle parvint à avaler sa gorgée sans trop de dégât, si ce n’est qu’une petite quinte de toux. « Tu crois pas qu’il en a assez avec trois tontons prêts à tout pour subvenir à ses moindres désirs à la maison ? » Le ton de la jeune femme était amusé. Gauthier et Charlie avaient toujours rempli plus qu’honorablement leur rôle, bien au-delà de ce qu’on pouvait attendre d’un oncle pour son fils. Et Connor, même s’il n’était arrivé que bien plus tard, ne manquait pas une occasion pour s’occuper du petit garçon lui aussi. « Enfin plus sérieusement, le papa de substitution, il n’arrivera certainement pas avant un bon moment… J’ai pas le temps et peut-être même pas forcément l’envie de m’engager dans quoi que ce soit. Bien assez de choses à penser et un papa biologique qui a débarqué à devoir gérer, alors bon… » conclut-elle tout en portant à nouveau son verre à ses lèvres.

Spoiler:

« Je t’admirerais presque de parvenir à regarder ces conneries à la télé. » Debra ne retint pas son petit rire. Il était vrai qu’il fallait parfois une bonne dose de patience pour pouvoir supporter les conneries que les personnes présentes dans les émissions de télé-réalité pouvaient débiter. Mais c’était justement cette partie là qu’elle adorait - elle pouvait passer des heures à critiquer, une de ses activités préférées au monde. « Toujours pas de boulot en ce moment du coup ? » Debra eut un petit soupire. « M’en parles pas. J’ai l’impression que la crise de l’emploi est encore plus forte ici qu’en Irlande, c’est l’horreur. Pas comme si j’avais pas tenté de trouver quelque-chose, surtout que je pense que Gauthier va réellement finir par me foutre dehors, faudrait pas que je sois pauvre à ce moment là en plus ! » Elle savait que ce moment finirait fatalement par arriver, ce n’était pas sa maison, pas sa famille - et c’était encore moins elle qui payait le loyer. Alors il allait falloir à un moment donné dans sa vie qu’elle se sorte les doigts du cul pour avancer un peu et devenir l’adulte qu’elle aimerait être depuis des années. Surtout qu’elle n’avait plus aucune excuse en attendant pour rester plus que de raison au bord de la piscine ou dans le canapé de la ville des Hazard-Perry. Les deux jeunes femmes finirent par venir faire tinter leurs verres l’un contre l’autre, avant de prendre leurs aises chacune dans son fauteuil. Ce fut le moment où Debra - sans aucune gêne et avide de nouvelles croustillantes, comme à son habitude - vint demander à Théo si elle n’avait pas quelqu’un dans sa vie, sous entendu dans son lit par la même occasion, ces derniers temps. Vu comment la jeune femme eut du mal à avaler sa gorgée de boisson par la suite, Debra en conclut que l’effet de surprise était de mise avec une telle question. Ca lui arracha un petit sourire en coin. « Tu crois pas qu’il en a assez avec trois tontons prêts à tout pour subvenir à ses moindres désirs à la maison ? » Elle tourna son regard amusé vers Théodora, haussant un léger sourcil, attendant toujours une réponse satisfaisante - pour le moment, elle ne faisait que contourner l’inévitable, tourner autour du pot. « Enfin plus sérieusement, le papa de substitution, il n’arrivera certainement pas avant un bon moment… J’ai pas le temps et peut-être même pas forcément l’envie de m’engager dans quoi que ce soit. Bien assez de choses à penser et un papa biologique qui a débarqué à devoir gérer, alors bon… » Ce fut au tour de Debra d’être choquée par les paroles qu’elle entendait, avalant à son tour à moitié de travers sa gorgée d’alcool. « Pardon ?! » Elle se releva, abaissant ses lunettes de soleil pour venir regarder la jeune Hazard-Perry dans les yeux. « Un père biologique à gérer ? J’ai loupé un épisode ? » C’était la première fois qu’elle entendait parler de cette bride d’histoire - et pourtant, c’était pas faute de soutier les potins de la famille tous les quatre matins à Charlie. En règle général, il était plutôt bavard avec elle mais là, rien, nada, aucune information. A moins qu’il ne soit pas au courant non plus et que ce soit la première fois que Théo en profite pour caser ça dans une conversation. « Les gars sont au courant ? Comment ça se fait que j’en entende parler là maintenant et pas plus tôt ? » Elle savait qu’elle sonnait un peu flic sur les bords à poser - presque - toutes les questions qui lui passaient par la tête, mais la surprise était de taille, il fallait avouer.

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Avoir une piscine à la maison était vraiment quelque chose que Théodora appréciait. Quoi que plus agréable que de profiter des derniers rayons de soleil de la saison en sirotant un cocktail sur un transat au bord de l’eau ? Sans compter que la compagnie pour la soirée était loin d’être désagréable. En réalité, avec Debra, elles ne se connaissaient pas tant que ça. Certes, elles vivaient sous le même toit depuis quelques temps toutes les deux et Théo avait quelque peu conseillé la jeune femme sur les derniers temps de sa grossesse, mais ça s’arrêtait là. Aussi, il était plutôt agréable de pouvoir passer la soirée en sa compagnie. « M’en parles pas. J’ai l’impression que la crise de l’emploi est encore plus forte ici qu’en Irlande, c’est l’horreur. Pas comme si j’avais pas tenté de trouver quelque-chose, surtout que je pense que Gauthier va réellement finir par me foutre dehors, faudrait pas que je sois pauvre à ce moment là en plus ! » Théo grimaça légèrement, la recherche d’emploi n’était pas toujours une partie de plaisir, surtout dans un domaine bien précis. Enfin la jeune femme fit un petit signe de la main. « On a dit qu’on passerait une bonne soirée, donc je pense qu’on ferait mieux d’éviter les sujets qui fâchent. » Un mince sourire se glissa au coin des lèvres de l’anglaise. Des cochonneries à manger, de l’alcool à volonté et surtout, personne pour venir les embêter. Alors non, les sujets houleux resteraient au placard pour ce soir. Les deux jeunes femmes trinquèrent finalement avant que Théodora ne s’installe à son tour confortablement sur une chaise longue. La journée était déjà bien avancée et le soleil commençait déjà à descendre doucement dans le ciel, mais ça n’en rendait la température extérieur que plus agréable. La brune savoura l’instant jusqu’à ce que Debra ne reprenne la parole en abordant un nouveau sujet qui aurait mieux fait de rester au placard. Mais après tout, c’était le genre de sujet qu’on abordait aussi quand on ne se retrouvait qu’entre fille, elle ne pouvait pas lui en vouloir. Aussi elle ne s’offusqua pas et se contenta de répondre qu’une quelconque relation n’était clairement pas à l’ordre du jour pour elle vu ce qu’elle avait à gérer en ce moment. Ce fut au tour de Debra de la journaliste de manquer de s’étouffer avec ce qu’elle s’apprêtait à boire. « Les gars sont au courant ? Comment ça se fait que j’en entende parler là maintenant et pas plus tôt ? » La jeune femme s’était relevée sur son siège. Théo ne s’était clairement pas attendue à une telle réaction. Après tout, vu comment Charlie avait débarqué quelques jours plus tôt dans sa chambre pour lui faire la morale sur le retour d’Emre en ville, elle avait cru qu’il en aurait parler avec sa meilleure amie. « En réalité, ça ne fait pas bien longtemps que l’info circule dans le coin. Charlie l’a appris il y a quelques jours à peine, mais je croyais qu’il t’en avais déjà parler. » Bien qu’en réalité, le sujet Emre Erdogan n’était pas forcément un sujet très plaisant à aborder. A son tour Théodora se redressa sur sa chaise longue. « Du jour au lendemain, j’ai plus eu de nouvelle de lui et je pensais qu’il nous avait simplement abandonné. Autant dire que c’était un peu la crise à la maison quand j’ai appris ma grossesse. C’était inconcevable pour mes parents que je puisse avoir un enfant à peine à dix-huit ans. Ils voulaient m’envoyer en pension loin de tout et que je fasse adopter le bébé. C’est comme ça qu’on s’est retrouvé à suivre Gauthier à Brisbane. Du coup, quand j’ai plus réussi à joindre le père d’Oliver, j’ai cru qu’il avait finalement changer d’avis, que c’était trop de pression et qu’il ne voulait simplement plus assumer. » Enfin, cette partie de l’histoire, Charlie avait déjà dû brièvement en parler à la jeune femme. Ou pas, elle n’en savait rien en réalité, mais en soit, ça n’était un secret pour personne. « Et puis, il a débarqué ici il y a quelques mois. J’ai gardé ça pour moi pendant un temps parce que je voulais me débrouiller dessus, mais Charlie l’a croisé en boîte l’autre jour. Enfin bref, il veut rencontrer Oliver, il veut pouvoir endosser son rôle, mais… C’est pas franchement le type le plus net qui soit et j’ai pas envie de ça pour mon fils. »

S’il y avait toujours bien eu un domaine où Debra excellait particulièrement, c’était les potins. C’était le genre de personne à toujours être au courant de tout - et surtout de ce qu’il ne la regardait pas. Toujours avoir un pas d’avance sur les personnes avec qui on traine, et surtout sur celles qu’on risque de croiser. Ca permettait de ne jamais être prise au dépourvu et surtout d’avoir toujours un moyen de pression au cas où les choses tourneraient mal. C’était d’ailleurs en grande partie à cause de ce sytème de potins - et bien sur la pression familiale - que Debra n’était pas restée en Irlande bien plus longtemps lorsqu’elle avait appris sa grossesse. Sinon, la machine se serait mise en marche et elle aurait été prise dans ce tourbillon dont on ne sortait pas réellement indemne. Comme ça, personne n’était au courant en Irlande de cette grossesse et elle pourrait rentrer quand bon lui semblait sans avoir fait le moindre bruit - ou c’était ce qu’elle se disait en tous cas. Mais ce potin là, en revanche, celui que Théodora venait de lui annoncer, elle ne s’y attendait pas. Et elle maudissait Charlie intérieurement en ce moment même de ne pas lui en avoir parlé plus tôt. Et forcément, Debra avait eu la réaction physique qui allait avec, c’est-à-dire de se relever assise sur son transat alors qu’elle avait eu du mal jusque maintenant à ne rien que décoller son dos pour attraper son verre sur la table. Si elle avait prêté attention, elle aura pu voir qu’elle avait pris de court Théo, qui ne s’attendait pas à une réaction de la sorte. « En réalité, ça ne fait pas bien longtemps que l’info circule dans le coin. Charlie l’a appris il y a quelques jours à peine, mais je croyais qu’il t’en avais déjà parler. » Pinçant les lèvres, elle secoua délicatement la tête de droite à gauche. « Nop, nada, tu vas voir il paie rien pour attendre celui là. » Plus au sens figuré qu’au sens propre, elle lui en toucherait deux mots pour sur la prochaine fois qu’elle le croiserait mais ça n’irait guère plus loin - surtout qu’il risquerait de se foutre d’elle de ne pas l’avoir vu venir et d’être devenue molle sur le sujet. « Du jour au lendemain, j’ai plus eu de nouvelle de lui et je pensais qu’il nous avait simplement abandonné. Autant dire que c’était un peu la crise à la maison quand j’ai appris ma grossesse. C’était inconcevable pour mes parents que je puisse avoir un enfant à peine à dix-huit ans. Ils voulaient m’envoyer en pension loin de tout et que je fasse adopter le bébé. C’est comme ça qu’on s’est retrouvé à suivre Gauthier à Brisbane. Du coup, quand j’ai plus réussi à joindre le père d’Oliver, j’ai cru qu’il avait finalement changer d’avis, que c’était trop de pression et qu’il ne voulait simplement plus assumer. » Fronçant quelque peu les sourcils, Debra acquiesça aux paroles de la jeune femme. « Charlie m’en avait touché deux mots lorsqu’on s’était retrouvé oui, effectivement. » C’était légèrement la raison pour laquelle il était venu lui aussi à Brisbane - à croire que c’était la ville parfaite pour les femmes enceintes en détresse. « Et puis, il a débarqué ici il y a quelques mois. J’ai gardé ça pour moi pendant un temps parce que je voulais me débrouiller dessus, mais Charlie l’a croisé en boîte l’autre jour. Enfin bref, il veut rencontrer Oliver, il veut pouvoir endosser son rôle, mais… C’est pas franchement le type le plus net qui soit et j’ai pas envie de ça pour mon fils. » Soupirant, Debra finit par se laisser de nouveau tomber délicatement en arrière, pour venir reprendre sa position allongée dans le transat. Cette histoire n’était pas des meilleures, et elle avait surtout l’air d’être un soucis important pour la jeune femme. « Tous pareils de toutes façons. Il a rien foutu pendant toutes ces années et il veut se manifester que maintenant ? Dis lui d’aller se faire foutre ouais. » Haussant les épaules et les sourcils en simultané, Debra vint croiser les bras sur sa poitrine. « Il avait qu’à se bouger le cul plus tôt. C’est pas que quand ça l’arrange qu’il faut venir. » Elle sentait qu’elle s’énervait un peu toute seule dans son coin. Ce n’était pas vraiment légitime, elle se servait surement de cette situation un peu - trop parfois - similaire à la sienne pour passer un peu de sa propre colère sur le moment. Elle finit donc par venir prendre une grande inspiration, tournant lentement sa tête vers la jeune femme. « Tu lui as dit bon vent du coup ? »

Avec Debra, même si elles vivaient en ce moment sous le même toit, elles ne se connaissaient pas réellement. Oh il leur arrivait bien sûr de discuter et Théodora avait d’ailleurs tenté de donner un maximum de conseils à la jeune femme alors qu’elle était sur la fin de sa grossesse, mais cela se limitait à ça. Elle était surtout l’amie de Charlie et Théo imaginait que tout ce que la jeune femme pouvait savoir à propos des Hazard-Perry venait surtout du jeune homme. C’est d’ailleurs pour cela que la plus jeune fut surprise de constater que la jolie brune n’était pas au courant de l’épisode Emre. Elle imaginait parfaitement que son frère ne se serait pas spécialement étalé sur le sujet, mais qu’il lui aurait au moins servi les grandes lignes du retour du père d’Oliver dans leur vie, vu comme il avait déboulé dans la chambre de la jeune femme, à peine avait-il croisé son ex beau-frère. « Nop, nada, tu vas voir il paie rien pour attendre celui là. » Un sourire amusé passa sur les lèvres de la jeune maman avant qu’elle ne prenne une gorgée de son verre et qu’elle ne continue dans son récit. Les grandes lignes de sa première histoire d’amour, leur arrivé à Brisbane sans aucune nouvelles du père de l’enfant qu’elle portait. Debra confirma qu’elle était plus ou moins au courant de tout ça alors elle enchaîna avec les récents évènements – sans entrer dans les détails bien sûr, elle n’avait pas envie que Charlie finisse par apprendre qu’Emre s’était introduit un jour dans la maison pour lui parler. « Tous pareils de toutes façons. Il a rien foutu pendant toutes ces années et il veut se manifester que maintenant ? Dis lui d’aller se faire foutre ouais. » Un bref soupir échappa à Théodora. « Ouais… » souffla-t-elle simplement en tentant de se détendre un peu. Sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte, tout son corps s’était crispé au fur et à mesure de ses explications. Jusqu’ici, elle n’avait pu se résoudre à envoyer promener Emre. Parce qu’ils avaient un passé tous les deux, que son histoire tenait la route et même si effectivement, avoir un père ex-taulard n’était clairement pas ce qu’il y avait de mieux, elle était aussi convaincue qu’Emre pourrait être un bon père. Cependant, ce qu’elle avait appris récemment de la part de Charlie changeait complètement la donne. « Il avait qu’à se bouger le cul plus tôt. C’est pas que quand ça l’arrange qu’il faut venir. » Théodora se redressa légèrement sur sa chaise longue afin de jeter un coup d’œil à la jeune femme installée à côté d’elle. « C’est une idée ou tu sembles prendre cette histoire un peu trop à cœur ? » La jeune femme avait utilisé un ton léger, ne voulant pas sous-entendre quoi que ce soit qui ne plairait pas à Debra. Dans le fond, elles ne se connaissaient pas et elle était peut-être tout simplement le genre de fille à prendre les histoires des autres à cœur. Mais peut-être prenait-elle cette histoire un peu trop à cœur parce qu’elle se retrouvait aujourd’hui dans une situation à peu près similaire. Elle ne voulait cependant pas la forcer à parler si elle n’en n’avait pas envie. « Tu lui as dit bon vent du coup ? » Se mordillant la lèvre inférieure – signe de nervosité – la brune se réinstalla en position assise, les jambes croisées sous elle et le regard perdu vers la piscine. « On ne peut pas vraiment dire ça… » Elle jeta un bref coup d’œil à sa voisine avant de poursuivre. « En réalité, il… Il a une plus ou moins bonne excuse pour son absence de ces dernières années. Il s’est retrouvé derrière les barreaux peu de temps avant qu’on ne s’envole pour Brisbane. J’ai changé de numéro de téléphone en arrivant ici, il m’a dit avoir envoyé des lettres, mais si mes parents ont reçu quoi que ce soit de sa part, je ne serai pas étonnée à l’idée qu’ils aient simplement décidé de les jeter. » Le contact avait donc été plus difficile et les choses auraient pu être différentes si seulement Théo avait appris tout cela dans les temps. Ou peut-être pas. « Du coup, je lui ai dit que je réfléchirais la dernière fois que je l’ai vu… Mais l’autre jour, Charlie l’a surpris en boîte, il continue son petit trafic, donc la question ne se pose même plus maintenant… »

Debra ne put s’empêcher d’entendre le léger soupire qui s’échappa des lèvres de la jeune femme. « Ouais… » C’était vrai, après tout. Avec les hommes, c’était trop facile. Ils pouvaient disparaitre pendant des années, ne pas donner une seule nouvelle, vous laissez avec un gosse dans les bras et pourtant toujours bien s’en sortir. C’était ce qui faisait lever le plus les yeux au ciel à Debra - ça et le fait que personne ne leur disait jamais rien et que tout le monde trouvait ça plutôt normal. Elle se permit d’ailleurs d’en faire un nouveau commentaire, ce qui fit réagir Théodora par un long regard dans sa direction. « C’est une idée ou tu sembles prendre cette histoire un peu trop à cœur ? » Debra tourna à son tour le regard vers la jeune femme, haussa lentement un de ses sourcils, interrogateur. « Comment ça ? » Les pensées de Debra étaient toutes pour le moment dirigées vers ce gars qui avait été lâche, elle ne comprenait pas réellement comment Théodora pouvait dire qu’elle prenait son histoire à elle à coeur. « Il mérite juste ce qu’il mérite, c’est tout. » Détachant son regard de la jeune femme, elle vint hausser les épaules. Bien sur, en réalité, qu’elle prenait cette histoire beaucoup trop à coeur, sauf qu’elle n’avait pas encore appris à gérer les émotions qui revenaient au galop d’après son histoire à elle. Elle ne savait pas compartimentaliser, elle n’avait jamais su le faire de toutes façons. Pour elle, si quelque-chose arrivait, qu’importe à quel point elle arrivait à mentir aux autres et à se mentir à elle même, ça vous touchait à jamais. Elle avait juste du mal à se rappeler que cette règle s’appliquait à elle aussi - et dans une situation comme celle-là, elle démentirait toute la soirée s’il le fallait avant d’admettre que, peut-être, ça la touchait car ça faisait écho à son histoire aussi.Son corps dut sentir cependant qu’il ne fallait pas qu’elle s’éternise sur ce sujet car elle dévia rapidement la conversation en posant de nouveau une question à Théodora. « On ne peut pas vraiment dire ça… » Théodora eut juste le temps de voir de nouveau le sourcil de Debra être haussé, alors qu’elle tournait son regard vers sa voisine. « Comment ça on peut pas vraiment dire ça ? » Debra était le genre impulsive, agir et après réfléchir. Il était donc plus facile pour elle de prendre des décisions difficiles, compliquées sans comprendre directement les conséquences de cette décision. Pour elle, dans cette situation, ça aurait été simple - elle l’aurait envoyer chier. « En réalité, il… Il a une plus ou moins bonne excuse pour son absence de ces dernières années. Il s’est retrouvé derrière les barreaux peu de temps avant qu’on ne s’envole pour Brisbane. J’ai changé de numéro de téléphone en arrivant ici, il m’a dit avoir envoyé des lettres, mais si mes parents ont reçu quoi que ce soit de sa part, je ne serai pas étonnée à l’idée qu’ils aient simplement décidé de les jeter. Du coup, je lui ai dit que je réfléchirais la dernière fois que je l’ai vu… Mais l’autre jour, Charlie l’a surpris en boîte, il continue son petit trafic, donc la question ne se pose même plus maintenant… » Elle contempla pendant quelques instant la jeune femme, avant de venir laisser se glisser à travers ses lèvres un peu rire, un peu moqueur, mais assez tendre - bien que ce soit hautement surprenant. « Damn, t’es tombée amoureuse d’un vrai bad-boy. Il rigole pas celui-là ! » Elle vint secouer la tête. Elle se reconnaissait déjà auparavant quelques fois en Théodora, mais avec cette information, elle avait l’impression d’avoir une version d’elle en plus jeune - et en plus sage aussi, il fallait l’admettre. Son petit rire finit par cesser et elle vint poser un regard un peu plus sérieux sur sa voisine de transat. « Tu comptes en parler à Oliver ? » Après tout, c’était surement le principal intéressé dans cette situation.

Discuter de tout ça avec Debra était en réalité aussi étrange que libérateur… Si d’ordinaires, les deux jeunes femmes se parlaient peu de leur vie respective et que dans le fond, elles ne se connaissaient pas tant que ça, parler d’Emre et de toute cette histoire avec quelqu’un d’autre que ses frères pouvait avoir du bon. Après tout, les garçons étaient tout sauf objectif concernant le père d’Oliver et elle pouvait les comprendre également, mais pour le moment, ce dont elle avait besoin, c’était de l’avis de quelqu’un qui n’était au courant que des faits de l’histoire et uniquement de cela. Bien qu’en réalité… Même les faits étaient contre Emre. Il n’y avait probablement qu’elle pour tenter de sauver un peu tout ça. Était-elle folle de réellement envisager que son fils puisse grandir à partir d’aujourd’hui en ayant connaissance de ses deux parents ? Visiblement, c’est ce que tout le monde semblait vouloir croire. Debra y compris, sans même réellement savoir tout le passif de l’anglais. Les seules cartes qu’elle avait en mains pour le moment étaient celles qui annonçaient qu’il l’avait abandonnée alors qu’elle était enceinte et qu’elle n’avait plus jamais eu aucune nouvelle jusqu’à dernièrement. Et son avis était sans rappel, ce qui surprit d’ailleurs Théodora qui se permit une brève remarque, sur un ton léger. « Comment ça ? Il mérite juste ce qu’il mérite, c’est tout. » Un léger sourire s’installa sur les lèvres de la jeune femme avant qu’elle ne hausse simplement les épaules. Bien. Elle n’allait pas chercher plus loin et puis en soit, elle n’avait pas tout à fait tort. Malgré tout, l’héritière restait surprise de voir autant de ferveur de la part de la jeune femme. Enfin peu importe. La jeune femme en arriva donc au vif du sujet, expliquant les raisons de l’absence d’Emre dans la vie familiale ces dernières années, son passage par la case prison et tout ce qui avait pu découler de cela, l’absence de nouvelles des deux côtés, ses parents à elle qui avaient dû prendre un malin plaisir à garder toutes les lettres qui auraient dû lui être destinées et terminant son explication par la rencontre entre Charlie et le père d’Oliver. Rencontre qui remettait d’ailleurs tout ce que Théodora avait pu imaginer jusque-là… Et qui la mettait clairement dans une position délicate. Elle n’eut cependant pas le temps de s’épancher plus que cela sur la question que Debra s’était mise à rire. « Damn, t’es tombée amoureuse d’un vrai bad-boy. Il rigole pas celui-là ! » Détournant le regard de la jeune femme, la jeune anglaise se renfrogna légèrement. Debra n’avait pas tort du reste, mais elle avait l’impression que la seule image qui ressortait encore et toujours du couple qu’elle avait pu former avec le jeune homme n’était autre que celle de l’héritière un peu rebelle s’entichant d’un mauvais garçon pour faire enrager son entourage. Et même si dans le fond, c’était un peu le cas dans les apparences, Théo était réellement tombée amoureuse d’Emre et non pas parce qu’elle avait jeté son dévolu sur lui en imaginant faire rager ses parents. C’était arrivé sans qu’elle ne le cherche vraiment, c’était arrivé comme ça aurait pu arriver avec n’importe qui… mais de toute évidence, les fils de bonne famille n’avaient jamais réellement attiré son attention outre mesure. Finalement le rire de sa voisine se stoppa et la brune tourna à nouveau la tête vers elle lorsqu’elle lui demanda si elle comptait en parler à Oliver. « Pour lui dire quoi ?... Tu sais, maman a retrouvé ton papa, seulement comme c’est pas quelqu’un de bien, tu ne le verras pas ? C’est vrai que ça en jette… » souffla-t-elle, désespérée elle-même par cette situation. Elle ne pouvait clairement pas en parler à Oliver, pas comme ça… Si elle venait à parler d’Emre à son fils, ce serait pour lui annoncer qu’il rencontrerait bientôt son papa, mais dans l’état actuel des choses, il était hors de question que les deux garçons se rencontrent. « Je veux ce qu’il y a de mieux pour lui… et si la théorie voudrait que ce qu’il y a de mieux ça soit d’être entouré de ses parents, avoir un tel père ça n’est définitivement pas une bonne chose. Et puis même s’il est intelligent… Il n’a que 4 ans, alors… Non. Non, je ne vais pas lui en parler. En tout cas pas maintenant. » Et c’était une certitude. Il fallait qu’elle préserve Oliver de tout ça pour le moment, tant que tout ne serait pas clair pour tout le monde. Il aura bien assez de soucis à régler lorsqu’il sera plus grand. « Et d’ailleurs, nous aussi on devrait arrêter de parler de ça, non ? Ca va finir par plomber l’ambiance et on a dit qu’on passait une bonne soirée ! » Sur ses mots, Théodora avala le reste du contenu de son verre d’une traite avant d’adresser un sourire à sa voisine.

Vu tout ce que lui disait Theodora depuis qu’elle avait commencé à aborder le sujet de son ex-copain revenant d’entre les disparus, Debra comprenait bien qu’il n’y avait que deux solutions pour qu’elle ne fusse pas au courant plus tôt de cette situation: soit Charlie n’était pas au courant de toute l’histoire - mais ça l’étonnait -, soit ça l’énervait tellement qu’il ne préférait même pas lui en parler. Elle penchait pour la deuxième solution, tout de même. Debra finit par tourner de nouveau la tête vers Theo, après s’être autorisée un petit rire, pour lui demander si elle comptait en parler au père d’Oliver. Après tout, elle-même avait prévenu le père en question du bébé directement après l’accouchement - un peu contrainte de le faire, mais au moins tous les partis avaient fini par être au courant; pas de la bonne façon mais elle était débarrassée de cette affaire comme ça. « Pour lui dire quoi ?... Tu sais, maman a retrouvé ton papa, seulement comme c’est pas quelqu’un de bien, tu ne le verras pas ? C’est vrai que ça en jette… » Debra vint tirer une petite moue. Il était vrai que dit comme ça, non ça ne vendait pas du rêve. « Je veux ce qu’il y a de mieux pour lui… et si la théorie voudrait que ce qu’il y a de mieux ça soit d’être entouré de ses parents, avoir un tel père ça n’est définitivement pas une bonne chose. Et puis même s’il est intelligent… Il n’a que 4 ans, alors… Non. Non, je ne vais pas lui en parler. En tout cas pas maintenant. » Que quatre ans mais Debra avait toujours été surprise de la façon dont, pour son jeune âge, ce gamin pouvait être perspicace et intelligent. Après, il semblait que ce soit un gêne qui se transmette facilement dans la famille, mais quand même. Il était fort probable qu’il puisse commencer à comprendre la situation - mais lui exposer cette derrière ramènerait par la même occasion pleins de questions auxquelles Theodora n’avait peut-être pas forcément envie de répondre, des événements de sa vie qu’elle avait peut-être choisi  d’oublier, de mettre de côté. « Tu sais qu’il est pas con ton gamin. Il comprendra quand même bien avant que tu lui en parles, je pense. Il m’étonnera toujours en tous cas. » Même avec elle, Oliver avait compris pas mal de choses non-dites sans qu’elle ait eu besoin de lui expliquer. Si tous les gamins pouvaient être comme Oliver, d’ailleurs, le monde serait sauvé. « Et d’ailleurs, nous aussi on devrait arrêter de parler de ça, non ? Ca va finir par plomber l’ambiance et on a dit qu’on passait une bonne soirée ! » Et avant que Debra n’ait eu le temps de répondre quoi que ce soit à la jeune femme, cette dernière vint s’enfiler son verre d’une traite, n’en laissant plus une goutte. De bon coeur, Debra se mit à rire. « Ok, très bien j’ai compris le message. » Elle vint prendre son verre et faire de même. Bordel, ça faisait longtemps et ça faisait du bien. Comme avant, comme quand elle était encore en Irlande et qu’elle passait son temps dans les bars, parfois à faire des concours de gros buveurs - n’en déplaisait à ses parents. « Je vais remplir les verres, je reviens ! » Attrapant le verre de Theodora, Debra se dirigea vers la cuisine. Les prochains verres seraient plus chargés, et il y avait fort à parier que les deux jeunes femmes auraient du mal à monter correctement se coucher ce soir. Heureusement que tous les hommes de la maison étaient de sortie, personne ne serait sur place pour témoigner les potentiels dégâts.