elle a attendu parler de cette soirée. la date résonne sur leurs lèvres depuis des siècles. tout le monde doit être présent. tout le monde, même Sofia. elle qui s'égare depuis des mois. celle qui s'est faite discrète, invisible. la fine équipe, elle les évite. tous. pas parce qu'elle ne les aime plus. pas parce qu'elle les a oublié. seulement parce qu'elle se doit de tourner cette page. clore le chapitre de cette histoire passée. cette histoire trop douloureuse. et si Sofia veut avancer, elle se doit de faire des concessions. oublier ces amitiés qui lui tiennent tant à coeur. avancer, et surtout, ne pas le croiser. parce que le voir déchirerait les plaies presque cicatrisées. être face à lui la déstabiliserait. elle le sait. alors, elle l'évite. elle les évite, tous. mentant au sujet d'une grippe, d'une varicelle, d'un voyage en France pour réapprovisionner sa cave. qu'importe. elle détourne le problème. celui de se retrouver face à eux. celui de se prendre une gifle de souvenirs. une claque qui lui rappellera ses blessures. des blessures encore trop récentes. et pourtant, elle a accepté de s'y rendre. à cette soirée. s'assurant de la non présence d'Elio. elle a accepté, sans trop savoir pourquoi. sûrement parce qu'elle ressent ce manque. ce besoin. cette envie d'être parmi eux. sortir de l'ombre. redevenir elle-même. arrêter de fuir. elle s'est pourtant mis le doigt dans l'oeil, Sofia. à peine arrivée, la voilà qui s'échappe. cherchant à éviter leur regard. cherchant à éviter leur discussion. préférant aller ici et là. loin d'eux. la conversation qu'elle mène avec de parfaits inconnus. son sourire étirant ses lèvres. regard fuyant. résultat des courses, elle les évite. l'un rentre dans une pièce, Sofia l'esquive. prétextant un besoin pressant. une cigarette à consumer. -alors que, rappelons-le, Sofia n'est pas intoxiquée à la nicotine. au contraire, même. et c'est Tad qui entre dans le salon. je. j'vais me rechercher un verre. qu'elle dit à son interlocutrice. le vin qu'elle descend d'une traite pour excuser son départ vers la cuisine. un lieu de répit. la pièce vide où la brune vient se frotter le visage. elle n'aurait pas du venir. c'était une mauvaise idée. et, elle s'en rend compte bien trop tardivement. elle a ce sentiment paisible qui vient l'envahir. être seule, à l'abris des regards. jusqu'à ce bruit qui vient la sortir de ses pensées. elle se retourne, Sofia. faisant face à Tad qui la bloque. sa silhouette maigrichonne coincée entre le comptoir de la cuisine et son corps. j'aurai aimé parler avec toi. mais une pause pipi s'impose. qu'elle balance en gesticulant. menteuse. elle a sûrement visiter les toilettes plus de cinq fois depuis son arrivée. et elle n'a pourtant pas de cystite. et, elle a son regard planter dans celui de Tad. Tad, le goût de l'inachevé.
Congé. Pote. Soirée. Trois mots qui se marient très bien ensemble. Cela faisait un moment que toute la bande en avait après la pendaison crémaillère d’un camarade de fac, et c’était le moment de se retrouver tous ensemble, depuis que la vie et les obligations professionnelles avaient séparé les uns et les autres, menant tout le monde à se croiser une fois de temps en temps et prévoir des rendez-vous où tout le monde n’est pas toujours là. Sans grande réunion, la bande est rarement complète et là, depuis plusieurs jours, il y’a eu cette opportunité de faire un peu comme avant, même si en le pensant, Tad a bien conscience que plus rien ne pourra être vraiment comme avant maintenant et que ça ne serait pas forcément l’idéal de vouloir revenir vers le passé, quand bien même que les choses étaient plus simples. Il y pense surtout en guettant Sofia de loin à la soirée, quand Charlie lui raconte qu’il a dû lui promettre mille fois qu’Elio ne serait vraiment pas là. Plus rien ne sera comme avant, et cette pensée laisse Tad avec l’espoir qu’un jour, il y’aura un juste milieu. Lui-même, il ne se sent pas vraiment dans les faveurs de la jeune femme. Depuis Ariane. Il comprend, et en même temps, il ne pensait pas que cette histoire ferait de la fine équipe une bande d’orphelin. Elle est là, et pourtant, cette sensation ne quitte pas le cœur du jeune homme quand il s’avance vers Félix et les autres pour leur demander si Sofia leur a parlé ce soir. Personne. C’est ainsi qu’en se tournant vers elle, et parce qu’il devrait simplement arrêter de l’observer de loin comme un dérangé pour la confronter, qu’il avance un pas, puis l’autre en sa direction. Mais elle file, comme le vent entre ses doigts, il a à peine le temps de faire les quelques pas qui les séparent qu’elle quitte la pièce, le laissant toujours orphelin. Tad reste cependant du genre à crever les abcès, même quand ça fait mal. Et n’ayant toujours pas peur de paraître un brin trop bizarre, il poursuit son chemin dans l’exact même direction que Sofia, en espérant pouvoir la confronter là bas. Ce petit jeu a bien trop duré, et lui préfère s’assurer de ce qui ne va pas. N’a-t-il pas persuadé Elio de ne pas venir dans cet unique but ? Heureusement, la cuisine est conçu de sorte à ce qu’il y’ait qu’une entrée, et une seule sortie. Posté devant celle-ci, Tad se trouve enfin à hauteur de Sofia, prêt à lui dévoiler le fond de sa pensée, à lui poser toutes les questions les plus dérangeantes possibles. Bref, il réussit à la mettre au pied du mur. «j'aurai aimé parler avec toi. mais une pause pipi s'impose. » dit-elle en s’essayant de passer outre lui, le fixant droit dans les yeux comme si elle le défiait de remettre en doute ses propos. « sofia. » lâche t-il, d’un ton un peu las, il souffle, il a l’air un brin mature, son ton indiquant tout de suite la suite de cette conversation. « toi et moi, on sait très bien que c’est faux. Tu nous évite tous. On veut comprendre pourquoi. Tu nous manques. » insiste t-il, étant le plus à même de faire ce genre de déclaration, même si forcément les autres réclame après sa présence, personne d’autre que lui l’aurait le courage de mettre sa virilité de côté et appuyer sur la corde sensible.
mentir est loin d'être dans ses habitudes, à Sofia. est pourtant, c'est de ces ruses qu'elle use depuis plusieurs mois déjà. Félix a bien essayé de la convaincre de revenir. d'oublier cette période noire. de la rassurer. en couple ou pas avec Elio, elle reste leur Sofia. leur princesse. mais Sofia n'arrive pas à s'y résoudre. ni même à y croire. alors quand Charlie lui a assuré une bonne dizaine de fois qu'il ne serait pas là, elle a accepté de venir. laissant un probable imprévu gâché cet instant de retrouvailles. et Sofia, elle n'ose pourtant pas aller de l'avant. la brune qui continue à éviter ceux qui ont fait son quotidien pendant toutes ces années. persuadée qu'elle n'eut été qu'une pièce rapportée. la pièce qu'on peut oublier. elle ne se sent pas à sa place. pas forcément à l'aise à cette pendaison de crémaillère. mais toujours là, toujours présente. à fuir lorsqu'un des membres de la fine équipe daigne l'approcher. même Félix. lui qui préfère rester à l'écart de toutes ces histoires. lui qui a plus ou moins vécu la même chose. Sofia solitaire. et c'est quand elle voit Tad qui tente une énième approche qu'elle fuit. se dirigeant vers la cuisine pour un se servir un autre verre de vin. elle qui se pensait sauvée se retrouve rapidement piégée. parce qu'il est là, Tad. bloquant l'entrée de la pièce. seule issue à une Sofia un peu trop déstabilisée. une envie violente d'uriner prétextée. mais qui ne suffira pas à éloigner le garçon. sofia. son ton en dit long. Tad n'est pas là pour se servir un verre, lui aussi. ou même pour céder à une énième tentative d'échappatoire. toi et moi, on sait très bien que c’est faux. Tu nous évite tous. On veut comprendre pourquoi. Tu nous manques. ses yeux qui se détachent du visage de Tad. impossible pour elle de tenir son regard de lionne. bien trop faible pour paraître guerrière. si Sofia a longtemps réussi à éviter la fine équipe pour fuir Elio, il n'en a pas été de même pour Tad. parce que Tad est lié à Ariane. et Ariane liée à Sofia. l'un dans l'autre, ils se sont vus. du moins, plus qu'elle n'a vu Félix, Charlie, et toute la clic au complet. enfin, jusqu'à ce que Ariane quitte Tad. jusqu'à ce que toute cette bande aux allures d'amitié parfaite éclate en morceaux. les uns d'un côté, les autres de l'autre. ou, peut-être est-ce seulement Sofia qui ressent cette impression. tu le sais très bien. qu'elle souffle. toujours tête baissée. il faut l'avouer, elle a honte, Sofia. honte d'agir comme une gamine. jouer à cache-cache avec ses amis. ne rien assumer. tu sais depuis quand je vous évite. pas depuis que Ariane et Tad ne forment plus une seule entité. mais depuis qu'elle, Sofia, est brisée en un millier de morceaux. c'est vrai, un an et demi plus tard, elle devrait avoir digéré. il faut tourner la page. mais, elle n'y arrive pas, Sofia. pas encore. j'pense pas avoir ma place ici. sans lui. je ne veux pas m'imposer, ou quoi. je. elle s'arrête un instant. non. ça ne lui ressemble définitivement pas, à Sofia. se lamenter. elle n'est pas comme ça. Sofia, elle voit le verre à moitié plein. elle trouve une solution à chaque problème. et, voit le bon côté des choses dans chaque situation. Elio est partie, elle ne souffrira plus de ses infidélités. il pleut, les vignes n'en seront que meilleurs. c'est une optimiste, Sofia. une de ces personnes qui ne veut pas se plaindre. parce que, quelque part, il y a quelqu'un qui vit une situation bien pire que la sienne. vous me manquez aussi. mais c'est encore trop tôt. ou peut-être que le moment ne viendra jamais. peut-être qu'elle n'aura jamais cette force, Sofia. alors, elle se retourne. prenant une bouteille posée sur le comptoir pour remplir son verre. vin qu'elle descend d'une traite avant de s'en servir à nouveau. t'en veux ? qu'elle dit sans même se retourner. la bouteille qu'elle tend au-dessus de sa tête pour accompagner sa question. faible. elle ne peut même pas regarder Tad dans les yeux.
C’est troublant cette façon qu’il a de la bloquer de la cuisine avec son propre corps. Tad, il se fait grand et gros pour ne pas la laisser sortir, et l’espace d’un instant, ça fait comme un rapprochement un peu perturbant. Il se reprend vite, l’idée en venant ici n’étant pas de se perdre dans ses propres pensées à réfléchir à on-ne-sait-quoi plutôt que de parler en tête à tête avec Sofia. Elle lui rumine une excuse qu’il ne prend pas, il a compris à son regard de demoiselle prise au piège qu’elle cherche juste à l’éviter, qu’elle cherche peut-être à éviter les autres. Une mascarade qui dure depuis trop longtemps. Alors il parle, honnête. Il jette son pied dans la fourmilière. Il la fixe, déterminé à avoir un entretien, des explications à donner aux autres qui ne réclament que la présence de la demoiselle. « tu le sais très bien. » Non, justement. Du moins, il ne sait pas tout. Est-ce que c’est Elio ? Est-ce que c’est Ariane ? L’un dans l’autre, aucun de ces deux-là ne justifient le silence. « tu sais depuis quand je vous évite. » Là, il sait. Mais justement, Elio n’est pas là. Alors pourquoi ? Pour Tad, les réponses de Sofia n’expliquent rien et ne font pas grand sens. (En même temps, il a toujours eu besoin qu’on lui dise les choses sous-entendues sous risque de comprendre de travers). « j'pense pas avoir ma place ici. sans lui. je ne veux pas m'imposer, ou quoi. je. » Déjà, sa réponse lui indique que c’est Elio, et qu’Ariane ne fera pas partie de cette conversation. C’est un soulagement. Ensuite, Tad se retient de souffler de lassitude. L’explication de Sofia, c’est stupide. « vous me manquez aussi. mais c'est encore trop tôt. » qu’elle explique, tandis que Tad ouvre grand ses yeux. Tôt ? Cela fait des mois. Il ne répond pas, ses yeux ne l’ont toujours pas quittés alors qu’elle s’en retourne pour se servir un verre. Le regard sur l’expression triste de Sofia, Tad essaie l’espace d’un instant d’être à sa place avant que ses difficultés à comprendre les autres l’empêchent de vraiment le faire. Les paroles difficiles d’Ariane envers Elio au sujet de sa rupture avec Sofia lui reviennent en mémoire. Il se sent subitement désolé et son regard se détourne d’elle comme pour lui poser un répit tandis qu’elle se sert un verre. « t'en veux ? » Il hoche la tête, signe que non, tout en s’avançant vers elle. Elle s’accoude au bar de cuisine tout en se pencher vers elle pour lui parler « Sofia, t’avais ta place avant lui dans l’équipe et t’auras ta place après. On est conscient que c’est dur pour toi, mais on est tous là ce soir à te réclamer. Viens avec nous » demande t-il, d’un air un peu suppliant, comme si c’était le moment de remonter après être tombé à cheval. « je sais que je comprends pas tout, que je suis pas doué avec les émotions des gens mais, ça fait plus d’un an. Il faut que tu reviennes. Tu peux pas dire que c’est trop tôt, ou alors dis-nous directement que tu veux plus voir nos gueules parce que ton « trop tôt » ça sonne comme le « on reste amis d’une rupture » c’est de la bullshit, et on le sait tous les deux nan ? »
C'est un peu comme si elle était prise au piège. Mise au pied du mur. Elle l'a cherché, après tout. Se rendre à cette soirée alors qu'elle sait qu'ils sont tous là. Tous, sauf Elio. Et c'est ce dont elle s'était assurée avant de débarquer. Pourtant, elle baisse les bras. Regrette presque sa venue. Elle marmonne des explications, se donne des excuses. C'est trop tôt. Trop tôt après pourtant un an et demi. Trop tôt alors qu'elle devrait avoir tourné la page. Elle devrait avoir digéré l'affaire, Sofia. Depuis longtemps, même. Parce que rien n'y fait. Parce qu'elle se sent gênée. Peut-être plus tellement à sa place, même. Parce qu'elle est terrifiée à l'idée de le voir, Elio. Pour un tas de raisons, en réalité. Alors, elle lui dit, à Tad. Qu'elle n'y arrive pas. Qu'elle ne peut pas. Sans le regarder dans les yeux, sans oser l'affronter réellement. Sûrement parce qu'il l'intimide, en réalité. Sûrement parce que cette proximité est troublante, pour Sofia. Sofia, t’avais ta place avant lui dans l’équipe et t’auras ta place après. On est conscient que c’est dur pour toi, mais on est tous là ce soir à te réclamer. Viens avec nous. ça lui brise le coeur, à Sofia. D'entendre le ton de sa voix, à Tad. De comprendre qu'il s'agit, presque, d'une supplication. Comme s'il s'agissait d'une enfant. D'une gamine ayant besoin d'être rassurée. C'est peut-être le cas, après tout. Et Sofia, elle, elle n'ose toujours pas le regarder. Ses yeux rivés sur le verre de vin rouge avec lequel elle joue. je sais que je comprends pas tout, que je suis pas doué avec les émotions des gens mais, ça fait plus d’un an. Il faut que tu reviennes. Tu peux pas dire que c’est trop tôt, ou alors dis-nous directement que tu veux plus voir nos gueules parce que ton « trop tôt » ça sonne comme le « on reste amis d’une rupture » c’est de la bullshit, et on le sait tous les deux nan ? Elle est bien consciente d'être dans l'abus, Sofia. De peut-être trop leur en demander. De jouer à l'enfant en agissant ainsi. Et sûrement qu'il n'a pas tord, Tad. Elle a toujours sa place auprès d'eux. Elle l'a toujours eu. Et peut-être qu'il serait préférable qu'elle revienne, Sofia. Qu'elle cesse ses enfantillages. Une bonne fois pour toute. Tu sais très bien que ce n'est pas ça. Qu'elle souffle. Son regard qui vient enfin croiser celui de Tad. Cette fois, elle ne l'affronte pas. Elle a sûrement l'air d'une gamine. Elle a les yeux de celle qui est perdue. Encore démolie par les mois passés. Par les épreuves surmontées. Pas ce soir, Tad. Je n'aurai pas du venir. Qu'elle avoue. Vraisemblablement, il s'agissait d'une mauvaise idée. J'ai honte, Tad. Honte d'agir ainsi. De ne pas être capable d'être l'amie que j'étais. De ne pas être capable d'affronter tout ça. Mais j'ai essayé. Et j'ai échoué. Elle arbore un ton calme. Essayant de ne pas laisser paraître son coeur qui hurle. Elle vient poser sa main sur le bras de Tad. Elle se veut rassurante, Sofia. Un autre soir, d'accord ? Peut-être demain. Après-demain. Dans un mois. Ou jamais. Non, ça, elle ne l'espère pas. Peut-être qu'elle a besoin d'y aller par étape, Sofia. Réintégrer le groupe petits pas par petits pas. Et ne pas les avoir abandonné pour revenir comme une fleur quelques mois après. Mais ses dires sonnent comme une promesse. Elle y arrivera. Un sourire timide vient étirer ses lèvres. Tu veux bien me raccompagner jusqu'à ma voiture ? C'est déjà ça. C'est un pas en avant. Elle vient rapidement terminer son verre. Brisant le contact entre elle et Tad.
Il prend tout de même sacrément sur lui. N’étant pas d’une nature à se prendre la tête, Tad aurait dans un tout autre cas déjà tourné les talons pour aller s’occuper de ses propres affaires. Lui, il ne force jamais personne à quoi que ce soit, et surtout dès que la gente féminine se décide à rendre compliqué des choses qui le sont déjà, il a pour réflexe de ne pas chercher plus loin. Mais voilà, ils en ont parlé entre eux les fins équipiers, longuement. Et ils ont établis que Tad parlerait à Sofia, que Tad serait celui qui chercherait à la ramener à la raison, donc il s’efforce à ne pas s’impatienter et à comprendre Sofia, même si c’est bien difficile quand elle raconte qu’il est trop tôt pour elle pour qu’elle revienne vers eux parce que pour Tad, c’est juste le genre de vieilles excuses comme quand un dyslexique justifie son manque d’orthographe en soulignant qu’il a une maladie. Le genre qui ne prend pas du tout avec Tad. Alors il parle, il tente de lui faire comprendre que ça ne prend pas, il tente de la faire venir vers eux, de sa manière un peu brutale parce que Tad n’est sûrement pas le meilleur diplomate. Il supplie presque. C’est un peu fourbe, pas très brave non plus mais ça lui ressemble. Il ne sait pas trop où se mettre, de la façon dont Sofia évite son regard, il a le sentiment de juste empiré les choses. « Tu sais très bien que ce n'est pas ça. » Et pourtant, c’est à ça que ça ressemble. Il serre le poing, quitte à tout aggraver, autant être franc. « Alors qu’est-ce que c’est ? Parce que c’est exactement, tu ne dis ni oui, ni non, juste pas tout de suite pour qu’on arrête d’être pressant et que tu puisses continuer à rester dans ta bulle. Et bien, désolé Sofia, mais faut que t’arrête. On sait qu’Elio a été con avec toi, et personne ne cautionne, mais ça n’est pas une raison pour que tu nous traites comme lui l’a fait avec toi. » Ses sourcils qui se sont froncés le long de son discours se radoucissent tandis qu’il prend conscience qu’il a peut-être été trop sévère. « Pas ce soir, Tad. Je n'aurai pas du venir. » Et voilà, les négociations ont échoués. « J'ai honte, Tad. Honte d'agir ainsi. De ne pas être capable d'être l'amie que j'étais. De ne pas être capable d'affronter tout ça. Mais j'ai essayé. Et j'ai échoué. » « Mais naan. Sofia, t’as continué à venir à la maison voir Ariane, tout en sachant que j’y étais parfois. T’es capable. Tu t’colles juste des barrières à la con pour une raison à la con que tu ne veux pas me dire. » « Un autre soir, d'accord ? » Elle l’interrompt. Est-ce que c’est le last call, Tad se tut, soupire intérieurement et observe la main de la jeune femme posée sur son bras. « Tu veux bien me raccompagner jusqu'à ma voiture ? » Donc, c’est vraiment la fin de la conversation ? Il ne se résout pas. Il sait que les autres vont être déçus de ne pas avoir de retour plus encourageant. Il tend la main vers elle. « Donne moi tes clés, tu as bu. Je te ramène chez toi. » ajoute t-il, l’air un peu sévère. Là, il ne plaisante pas.
Elle veut se justifier. Qu'ils puissent tous comprendre. Elle se cherche des excuses. Et sûrement qu'elles ne sont pas tellement valables. Sûrement qu'elle s'enfonce, Sofia. Qu'elle n'a réellement aucune raison de tous les éviter. D'être si distante. Mais, elle a l'impression que c'est au-dessus de ses moyens. Qu'elle ne peut pas faire mieux. Pour le moment. Peut-être parce qu'elle n'a pas réellement essayer. Et les mots de Tad résonnent. Les mots de Tad sont presque trop durs à son goût. Mais, il a raison. C'est une lâche. Alors qu’est-ce que c’est ? Parce que c’est exactement, tu ne dis ni oui, ni non, juste pas tout de suite pour qu’on arrête d’être pressant et que tu puisses continuer à rester dans ta bulle. Et bien, désolé Sofia, mais faut que t’arrête. On sait qu’Elio a été con avec toi, et personne ne cautionne, mais ça n’est pas une raison pour que tu nous traites comme lui l’a fait avec toi. Elle secoue la tête. Désarmée face à ses propos. Alors, c'est comme ça qu'ils le ressentent ? Qu'elle agit comme Elio. Qu'elle ne vaut pas plus que lui. Pas plus que ses agissements. Il l'a changé au point qu'elle devienne comme lui. Je t'interdis de dire ça. Qu'elle souffle. Son regard qui vient se planter dans les pupilles de Tad. Iris qu'elle daigne fuir depuis le début de leur conversation. T'as pas le droit de dire que je vous traite comme lui l'a fait avec moi. Elle a la voix sèche, Sofia. Décontenancée par ses insinuations. Blessée. Mais quand elle voit le faciès de Tad s'adoucir, elle suit son intention. ça n'a rien à voir. Qu'elle ajoute. Parce que ce n'est pas comparable. Tout simplement. Alors, elle préfère fuir. Encore une fois. S'excusant d'être venue, elle n'aurait pas du. Mais naan. Sofia, t’as continué à venir à la maison voir Ariane, tout en sachant que j’y étais parfois. T’es capable. Tu t’colles juste des barrières à la con pour une raison à la con que tu ne veux pas me dire. Mais elle préfère l'interrompre. Partir, fuir. Lui promettre indirectement qu'elle reviendra. Qu'elle refera surface, Sofia. Elle lui laisse tout de même une chance, à Tad. De l'accompagner, de poursuivre sur une autre voie. De changer de discours et d'arrêter de laisser voler les reproches. C'est passé, c'est fait. Ni Sofia, ni Tad ne peuvent y changer quelque chose. Donne moi tes clés, tu as bu. Je te ramène chez toi. Je vais très bien. Qu'elle vient dire. Elle n'a pas besoin d'être ramenée. Enfin. C'est ce qu'elle pensait. Avant de faire un pas vers la sortie, sentant par la suite son esprit se brouiller. Merde. Sa main qui passe sur son front. Ce n'était pas prévu, ça. L'alcool qui prend peu à peu possession d'elle. Fichu corps qui ne supporte pas assez bien les effets des breuvages. Et puis, elle voit la mine de Tad. Lui, il a rapidement compris. Et, cette fois, il ne déconne pas. Tiens ! Une main qu'elle passe dans sa poche avant de lui jeter les clefs de sa voiture. Et rapidement, elle vient se saisir de son sac à main laisser un peu plus loin. Rapidement, elle se dirige vers l'extérieur de l'habitation. Elle ne veut pas que l'un des membres de la fine équipe l'interpelle. Elle ne veut pas subir à nouveau le même discours de la part d'un autre. Alors, elle presse son pas. Arrivant rapidement à sa voiture. Le trajet qui se fait dans le silence. L'esprit envahit par les reproches. Et s'il avait raison, Tad ? Si elle les traitait réellement ainsi ? Comme Elio a pu le faire avec elle. Et si cette barrière, considérée comme un moyen de défense, n'avait fait qu'empirer les choses ? Elle pousse un long soupire quand Tad se gare devant sa maison. Tu veux venir boire un verre ? Ou un café ? Peu importe quoi. C'est une main qu'elle lui tend. Une chance. Ariane n'est pas là. Qu'il ne pense pas à un quelconque piège. Ses attentions sont bonnes, à Sofia.
Il serait presque prêt à tout pour la faire réagir. Ses excuses pas si excusables ne prennent pas avec lui et il ne souhaite que, qu’elle se décide à cracher le morceau enfin. C’est pourquoi il n’hésite pas à y aller un peu fort, à comparer son attitude à celle qu’Elio avait eu avec elle lorsqu’ils étaient ensemble. Certes, ce n’est pas comparable dans les gestes. Mais leurs comportements respectifs sont tout aussi bête l’un que l’autre, et ça, il ne tardera pas à le souligner, quand bien même qu’il en heurte grandement l’égo de la demoiselle. Tad, il cherche juste des résultats. « Je t'interdis de dire ça. » Il semblerait donc qu’il parvienne à en obtenir, Sofia se décide enfin à lever les yeux et à arrêter d’agir comme une enfant qu’il viendrait punir. « T'as pas le droit de dire que je vous traite comme lui l'a fait avec moi. » Et pourtant, il l’a fait. Le regrette-t-il ? Non. « ça n'a rien à voir. » En effet, mais au moins, il aura eu un peu de réaction de sa part, ce qui est au final tout ce qu’il demandait. Satisfaction qui sera néanmoins de courte durée puisqu’à l’image de ses deux dernières années, elle s’apprête à nouveau à prendre la fuite. Il tente de ne pas s’impatienter, d’être sympa mais il n’en pense pas moins. Même si elle essaie de reporter cette conversation, lui est muet. Toutefois, avant qu’elle ne cherche à partir, il donne une dernière chance à cette conversation. Elle a bu. Lui est responsable, alors il ne la laisse pas repartir seule, malgré ce qu’elle dira. « Je vais très bien. » Il appuie le regard sur elle, pour qu’elle se rende compte par elle-même de ce qu’elle vient de dire, et que lui a raison. « Merde. » Il n’attend pas longtemps, et le regard toujours appuyé en sa direction, il garde la main tendu pour qu’elle lui donne ses clés. « Tiens ! » De sa manière de la faire et de prendre la fuite, Tad se rend bien compte que la demoiselle ne pensait réellement qu’à s’échapper et il est bien content désormais de tenir un moyen de pression dans le creux de sa main. Le temps de trajet se passe dans un silence des plus complets. Tad partage uniquement son regard envers elle et la route, se demandant ce à quoi elle peut bien penser, si elle n’est pas déjà là en train de préparer sa fuite en dehors de sa propre voiture pour qu’il ne la suive pas. Le silence dure jusqu’au coup de frein final stabilisant la voiture devant l’immeuble de la demoiselle. Il ne dit rien, elle prend la parole. « Tu veux venir boire un verre ? Ou un café ? » Il lève les yeux, vers les fenêtres de l’appartement pour voir s’il y’a de la lumière, s’il y’a un témoin de la présence d’Ariane chez Sofia, signe qu’il ne prendrait pas le risque de monter quand bien même que cette décision serait également de même ressort que tout ce qu’il a reproché à Sofia un peu plus tôt. « Ariane n'est pas là. » ajoute t-elle, comme si elle avait deviné ce qui le faisait tant hésité. « Où est-elle ? » demande t-il, un peu curieux, un peu jaloux aussi peut-être de l’imaginer faire sa vie, puis il secoue la tête. « Non, me répond pas. Ça la regarde maintenant. Maais, un café oui. Je travaille tout à l’heure. » ajoute –il avant de défaire sa ceinture pour sortir du véhicule. Il la suit tranquillement dans les couloirs, jusqu’à sa porte. « Enfin, dis moi quand même, elle va bien ? » Oui, il ne devrait que parler de Sofia, son but était d’être l’ambassadeur de l’équipe auprès d’elle, et v’là qui ne fait que passer à côté de sa mission. « J’imagine qu’entre Elio & moi, vous avez du beaucoup parlé non ? »
L'ambiance est glaciale tandis qu'elle fixe le paysage qui défile. Elle n'ose pas détourner son regard vers Tad. A bien trop peur d'ouvrir la bouche. Et pour dire quoi ? Présenter d'énièmes excuses dont il ne croira pas. Peut-être que ces mois de silence et d'absence ont définitivement brisé quelque chose. Peut-être qu'elle est allée trop loin, Sofia. A les fuir. Mais, elle s'offre une chance de se rattraper. Invitant Tad à venir boire un verre. Une chance de rétablir un quelconque contact. Il n'y est pour rien, lui. Tout les autres non plus, à vrai dire. Ils ne sont que les témoins du désastre de leur relation. Et les enfants déchirés d'un divorce bien trop compliqué. Peut-être qu'elle doit définitivement prendre sur elle et tourner la page, Sofia. Arrêter de se morfondre et passer à autre chose. Où est-elle ? Qu'il demande alors qu'elle assure que sa meilleure amie n'est pas dans le coin. Elle hausse les épaules, prête à répondre. Après tout, elles n'ont rien à cacher. Elle sait que Ariane ne lui en voudra pas. Mais Tad l'interrompt rapidement. Non, me répond pas. Ça la regarde maintenant. Maais, un café oui. Je travaille tout à l’heure. Pas de soucis. Qu'elle dit tout en décrochant sa ceinture de sécurité. La porte qui claque derrière sa silhouette tandis qu'elle se dirige vers la bâtisse. L'appartement qu'elle occupe depuis des années. L'endroit où elle a accueilli Ariane après sa rupture avec Tad. Et où la rousse a définitivement posé ses valises. Une cohabitation attendue. Enfin, dis moi quand même, elle va bien ? Oui, elle va bien. Le ton un peu amer. Pas par jalousie. Juste parce que cette fois, Ariane n'apprécierait pas qu'elle en dise trop, Sofia. Qu'elle avoue qu'en réalité, elle est un peu paumée. Un peu perdue. Pas tant à cause de Tad. Alors, Sofia, elle reste vague. Préférant se taire. Sa porte d'entrée qu'elle ouvre et qui laisse apparaître Dobby heureux de retrouver sa maîtresse. J’imagine qu’entre Elio & moi, vous avez du beaucoup parlé non ? Franchement Tad, tu veux vraiment qu'on aborde ce sujet ? Elle vient caresser la Cavalier King Charles tandis que son regard se pose sur le brun. Ni elle, ni lui n'en ont envie. Est-ce que les deux meilleures amies s'étaient lamentées devant un film à l'eau de rose et un pot de glace ? Bien sûr qu'elles l'avaient fait. Bien sûr qu'elles ont longuement parlé de Tad et d'Elio. Mais à cet instant précis, elle ne le comprenait plus. A quoi bon poser cette question ? A quoi bon lui répondre ? Si Sofia avait refusé de s'interposer dans l'histoire de Tad et Ariane. Si elle n'avait jamais pris parti pour l'un ou pour l'autre. Pourquoi aborder ce type de conversation ? Elle n'est qu'une oreille attentive. Elle n'est que l'amie de l'un ou de l'autre. Un café alors ? Rien de plus ? Elle préfère changer de sujet. Retirant ses chaussures pour ensuite se diriger vers la cuisine. Rien n'a changé. Fais comme chez toi. Parce que lui aussi est un peu chez lui aussi. Tout comme les autres membres de la fine équipe. Et elle aimerait, Sofia, que rien n'est changé. Que Tad puisse se sentir à l'aise sur ce canapé, même si les cheveux d'Ariane y traînent à présent. Les deux cafés qu'elle vient poser sur la table basse. Une bouteille de whisky qu'elle prend. Pour elle, la soirée n'est pas terminée. Comment tu vas ? Qu'elle demande. Ses jambes qu'elle vient replier contre elle. Son regard qui scanne le garçon en face d'elle. C'est sincère, elle s'en inquiète. Et la bougre n'a pas encore posé la question. A trop vouloir fuir, elle en a oublié ses politesses.
Il ne peut s’empêcher d’être curieux par rapport à Ariane. Oui, c’est terminé. Mais que fait-elle ? Va-t-elle bien ? Est-ce qu’elle écrit toujours ? Est-ce qu’elle pense à lui quand elle reçoit la lettre d’une mère au foyer dont le mari est devenu fétichiste ? Est-ce qu’elle rit en pensant à toutes les blagues qu’ils sortiraient à deux ? Trop de curiosité. Une page censée être tournée. Mais Tad ne peut s’empêcher de se demander. Il finit par se taire plutôt que de matérialiser ses pensées devant Sofia. Il est venu pour la ramener au sein de la team, pas pour stalker Ariane. Ariane, c’est le passé. Maintenant, c’est les potes qui comptent, et les potes c’est Sofia. Il se risque tout de même à poser une question. Simple. « Oui, elle va bien. » Il savait la réponse. Ariane n’était pas le genre de fille à se morfondre devant une rupture amoureuse. C’était bien ce qui faisait d’elle une bonne conseillère, ce côté si terre à terre. Il n’ajoute rien jusqu’à ce qu’ils arrivent devant la porte de l’appartement. Il pense, seulement. Ou plutôt, il essaie de ne pas trop penser. Parce que ce n’est ni le moment, ni l’endroit. Vu la question qui s’échappe de ses lèvres par la suite, on peut en conclure que ça n’est pas une franche réussite. « Franchement Tad, tu veux vraiment qu'on aborde ce sujet ? » Non. C’était une question con comme il sait en poser. A mettre sur le compte de sa maladresse sociale. Il hoche la tête. « Non. J’étais juste curieux à haute voix. Excuse moi. » dit-il avant de redevenir silencieux et de laisser son regard se balader sur l’appartement de Sofia. Il n’était pas venu depuis un long moment, à quelque endroit, il pouvait reconnaitre des bibelots qui avaient trainé dans son appartement et qu’Ariane avait ramenés là. Il se montre curieux. Surtout parce qu’il avait rarement eu l’occasion de visiter un appartement complètement féminin. « Un café alors ? Rien de plus ? » Il sort de ses pensées et revient vers elle. « Rien de plus. Juste un café bien chargé s’il te plait. » Histoire de bien tenir la matinée au travail. « Rien n'a changé. Fais comme chez toi. » Lui, il dirait que beaucoup de chose ont changé. Mais, est-ce vraiment nécessaire de le signifier ? Il obéit, et s’installe tranquillement sur le canapé en observant Sofia qui arrive vers lui avec le fameux café. Il ne peut s’empêcher d’hausser un sourcil à la vue de la bouteille de whisky. Mais peut-il réflexionner ? Non, elle est chez elle, elle ne prendra pas le volant, elle fait ce qu’elle veut. « Comment tu vas ? » finit-elle par demander, surprenant Tad qui ne sait pas trop ce qu’il pourrait répondre. « Bien. Ma meilleure amie a arrêté de partir en courant dès qu’elle me voit. » confie t-il d’un sourire avant d’entamer sa première gorgée de café. « Mais, ça va pas si mal. Le travail est toujours le même. Je tourne un peu en rond parce que le Street Cats est en pause, mais je fais des rempla dans d’autres bands. Et je songe à enfin re-meubler mon appartement, parce que bizarrement, beaucoup de mes meubles sont chez toi maintenant. » dit-il pour plaisanter, sans aborder le sujet Ariane. « Il me faut juste le courage d’entrer chez Ikea. » dit-il en haussant les épaules. « Et toi ? » Il retourne la question, avant d’ajouter. « Je sais que j’ai été brusque tout à l’heure, si t’es pas prête, c’est correct. Mais pense à revenir vers nous. C’est plus pareil la bande depuis que tout le monde se met de côté. »
ça lui fait bizarre, à Sofia. De le voir ici sans la présence de sa meilleure amie. Si l'alcool ne l'avait pas légèrement désinhibée, la brune aurait l'impression de tromper Ariane. Non. J’étais juste curieux à haute voix. Excuse moi. Elle hausse doucement les épaules. Pas grave, elle ne peut lui en vouloir bien longtemps, après tout. Et elle peut comprendre cette curiosité. Après tout, elle aussi, elle se demande. Est-ce qu'ils avaient abordé le sujet, Elio et Tad ? Est-ce qu'ils pensaient parfois à elles ? Mais à quoi bon les dire à voix haute ? A part jeter un froid sur une ambiance déjà bien triste. Rien de plus. Juste un café bien chargé s’il te plait. Elle acquiesce discrètement tandis qu'elle se dirige vers la cuisine. Elle remarque le regard de Tad. Ces objets qui ont régné dans son appartement. Ceux apportés par Ariane. Elle ne s'en rend plus compte, Sofia. Qu'avant, elle était seule. Qu'avant, ce n'était pas vraiment comme ça. Ici et là traînaient les affaires d'Elio. Et pas l'ordinateur d'Ariane posé sur la table basse. Bien. Ma meilleure amie a arrêté de partir en courant dès qu’elle me voit. Le pic qu'elle prend avec le sourire. Malgré le pincement qui tiraille son coeur. Alors, elle avait été aussi désagréable que ça ? Mais, elle préfère ne pas répliquer. Son verre rempli qu'elle porte à ses lèvres. Une grimace que feint son visage après la première gorgée. Mais, ça va pas si mal. Le travail est toujours le même. Je tourne un peu en rond parce que le Street Cats est en pause, mais je fais des rempla dans d’autres bands. Et je songe à enfin re-meubler mon appartement, parce que bizarrement, beaucoup de mes meubles sont chez toi maintenant. Elle laisse un rire s'échapper. Puis balaye la pièce du regard. C'est vrai que sa meilleure amie n'avait pas débarquée qu'avec quelques objets décoratifs. Je trouve qu'ils s'accordent parfaitement avec la déco de base. Qu'elle ajoute, pour plaisanter à son tour. D'un côté, heureusement qu'Ariane était arrivée pour remettre un peu d'ordre dans sa garçonnière. L'appartement ayant été neutre et impersonnel avant son arrivée. Il me faut juste le courage d’entrer chez Ikea. Tu voudras que je t'accompagne ? Les mots qui franchissent un peu trop rapidement ses lèvres. C'est vrai, quelle utilité elle pourrait avoir, Sofia ? Et pourquoi ? Enfin.. Je ne te serais d'aucune utilisé en matière de décoration. Mais je peux t'éviter de passer du côté obscur de la force. Qu'elle ajoute pour s'expliquer. Et puis, ce serait peut-être une bonne occasion pour qu'ils se voient à nouveau. Pour que Sofia arrête de courir à l'approche de Tad. Et pourquoi pas joindre l'utilité à l'agréable ? Sofia serait là pour lui éviter d'acheter l'ensemble du magasin. Après tout, on sait tous comment ça se passe quand un individu pénètre dans cette enseigne. Tu rentres pour acheter une lampe. Et tu ressors avec un canapé, un tapis, un lit, une multitude d'objets. Sauf la lampe en question. Et toi ? Je sais que j’ai été brusque tout à l’heure, si t’es pas prête, c’est correct. Mais pense à revenir vers nous. C’est plus pareil la bande depuis que tout le monde se met de côté. Elle sourit timidement. J'y pense, je t'assure. Je comprend ta réaction. Et celle des autres. Parce qu'elle aurait sûrement la même, si elle avait été à leur place. Sûrement qu'elle ne leur aurait pas donné autant de répit, d'ailleurs. Autant d'espace. Et je vais bien. Qu'elle ajoute enfin, pour lui répondre. Autant ne pas s'étaler sur les détails. Une nouvelle gorgée. De whisky, puis de café. Sans grimace cette fois. Tu me manques, tu sais.. Lui, les autres. Cette époque. Tu sais, je suis sérieuse quand je te parle d'aller à Ikea. Enfin. J'veux dire. On peut se revoir ? Juste nous deux. Je ne pense pas être capable de revoir tout le monde d'un coup. Y aller par étape, ce serait un bon compromis, non ? A Ikea ou autre part. Son regard qu'elle baisse, fixant la table basse. Gênée de cette approche.
Il se laisse tomber comme une vieille loque dans son canapé au moment où elle apparait avec ses deux tasses de cafés. De l’énergie liquide dont il semble bien avoir besoin. Et en même temps, l’espace-temps est soudainement devenu si calme qu’il ne voudrait pas prendre le risque de troubler cette quiétude qui semble si bien allé à Sofia. Elle semble apaisée, beaucoup plus disposée à redevenir celle qu’il a connu, et non plus, cette caricature de fugitive qu’il exècre de l’avoir vu devenir. Non, là, c’est sa Sofia, sa meilleure amie, là, à ses côtés, et ça fait du bien. Il ne se prive pas de lui faire savoir, maladroitement certes, il s’en rend compte au moment où il ouvre la bouche, mais c’est sincère et vraiment dit sans mauvaise intention. Lui veut juste rattraper du temps perdu. Plutôt que de chercher à la psychanalyser, il tente plutôt l’approche de parler de tout et rien, ici le mobilier. « Je trouve qu'ils s'accordent parfaitement avec la déco de base. » qu’elle rajoute à sa blague, il hausse les épaules en jouant la comédie « Je crois que j’ai plus qu’à te les laisser alors. » Non, aucune mention du fait qu’ils sont ceux d’Ariane, aucune mention de son bon goût, ou bien de son côté toujours en contrôle qui a du l’amener à choisir des meubles qui « vont partout ». Non, ils ne parleront pas de ça. Il reprend un en soupirant, un peu plus sérieux qu’il faudrait tout de même qu’il se décide à faire quelque chose de son appart à lui. Tout est si neutre depuis qu’Ariane n’est plus là. « Tu voudras que je t'accompagne ? » propose Sofia, automatiquement après qu’il eu mentionné sa peur de s’aventurer dans le monde du meuble en kit. Il parait surpris. Alors qu’elle lui a donné du fil à retordre plus tôt, voilà qu’elle lui propose de se revoir. C’est à cet instant que Tad comprend que la bande n’a pas totalement perdu Sofia. « Enfin.. Je ne te serais d'aucune utilisé en matière de décoration. Mais je peux t'éviter de passer du côté obscur de la force. » « Je pense que ton soutien serait en effet très estimable dans cette aventure, j’ai peur de me perdre. » annonce t-il, l’air faussement grave, pour plaisanter. « Mais, j’en serais ravi. En plus, ça fera de toi la personne toute trouvé pour m’aider à monter les meubles après. » ajoute t-il avec un très grand sourire intéressé sur les lèvres, parce que Tad, c’est l’homme qui n’a aucune virilité pour ce qui est de monter un meuble. « Je te dirais quand j’aurais passé le pas. » dit-il avant de lui demander comment elle va, de lui partager qu’elle manque aux autres avec des airs d’excuse pour ne pas être l’être le plus éloquent quand il s’agit de parler sérieusement. « J'y pense, je t'assure. Je comprend ta réaction. Et celle des autres. » Il hausse les sourcils, signe qu’il attend qu’elle poursuive. « Et je vais bien. » C’était le principal à savoir. Il se penche en avant pour attraper sa tasse de café et en prend un coup avant de se replonger dans le canapé. « Tu me manques, tu sais.. » « A moi aussi crapule. » lui dit-il tout en passant son bras autour d’elle pour l’embrasser sur la tempe. L’histoire avec Elio les mettait déjà à mal, et maintenant celle avec Ariane complique tout. Il soupire avant de reprendre son bras alors qu’elle reprend. « Tu sais, je suis sérieuse quand je te parle d'aller à Ikea. Enfin. J'veux dire. On peut se revoir ? Juste nous deux. Je ne pense pas être capable de revoir tout le monde d'un coup. Y aller par étape, ce serait un bon compromis, non ? A Ikea ou autre part. » Il acquiesce, cela a des airs de bons plans. « On fera ça alors. Petit à petit. Et si jamais t’as du mal, des appréhensions à partager, n’hésite pas. Je serais vraiment content de te revoir parmi nous, j’ai juste l’impression que depuis quelques mois, tout l’monde se barre dans son coin, c’est plus pareil. » Avec l’histoire en Sofia & Elio, celle de Félix & Kea et la maladie de Milo. Tad sentait ses potes partir au loin sans qu’il ne puisse rien y faire. « T’sais, c’est égoïste mais j’aimerais juste crever les abcès de tout l’monde pour que ça reparte sur de bonnes bases. Mais bon, ça semble utopique »
La conversation tourne autour des meubles, et de décoration. Et ça lui semble plus rassurant, à Sofia. Préférant éviter certains sujets. Ou certaines conversations se focalisant sur certaines personnes. Comme Elio. Comme Ariane. Et elle se détend peu à peu. Laissant l'échange se dérouler simplement. Comme avant. Comme si rien n'avait changé ces derniers mois. Comme si cette amitié ne s'était pas ébréchée à cause de chacun de ces événements. Je crois que j’ai plus qu’à te les laisser alors. Elle laisse un sourire étirer ses lèvres. Autant dire qu'elle se retient de parler. De balancer un "de toute façon, t'as pas trop le choix" qui pourrait être mal interprété. Après tout, ces meubles sont avant tout ceux d'Ariane. Ceux qu'elle a choisi pour eux. Et ceux qu'elle a ramené en quittant les lieux. ça avait été dur pour Ariane. Sofia le sait que trop bien. Difficile pour elle de débarquer, et de changer son quotidien. Et aujourd'hui, c'était elles deux contre le reste du monde. Elles deux, comme de parfaites vieilles filles. Comme avant, lorsque les hommes n'étaient pas là pour s'interposer entre elles. Pourtant, c'est avec un certain empressement qu'elle se propose à aider Tad. L'accompagner à faire quelques achats pour son appartement. Pour balayer les restes de cette vie à deux. Transformer son chez eux en un chez lui. Je pense que ton soutien serait en effet très estimable dans cette aventure, j’ai peur de me perdre. Mais, j’en serais ravi. En plus, ça fera de toi la personne toute trouvé pour m’aider à monter les meubles après. Tu n'as vraiment peur de rien. Qu'elle préfère répondre dans un rire. Parce que autant dire que Sofia n'est pas la mieux placer pour monter un meuble. La petite princesse du groupe étant plutôt du genre à superviser ses compagnons pour qu'ils s'exécutent à sa place. Mais soit. Elle ne peut refuser la proposition. Après tout, à eux deux, ils arriveront bien à vaincre les manuels de construction incompréhensibles de l'enseigne suédoise. Je te dirais quand j’aurais passé le pas. Elle acquiesce doucement. Un sourire sur ses lèvres. Puis, elle laisse le fond de sa pensée franchir ses lippes. Ce qu'elle a sur le coeur qui vient transgresser les non-dits. La douce Sofia qui réapparaît après des mois de silence. Et les trois mots qui en disent long. A moi aussi crapule. Elle ne joue pas. Ne ment pas. Elle s'octroie simplement la liberté de briser cette carapace. Celle qui faisait encore barrière il y a de ça quelques minutes. Suggérant ensuite à Tad d'y aller par étape. Tout doucement. Lui demandant de ne pas la brusquer. De ne pas accélérer les choses. Elle a besoin d'un temps de réflexion pour y voir plus clair. Elle a besoin de peser le pour et le contre, de faire la part des choses. On fera ça alors. Petit à petit. Et si jamais t’as du mal, des appréhensions à partager, n’hésite pas. Je serais vraiment content de te revoir parmi nous, j’ai juste l’impression que depuis quelques mois, tout l’monde se barre dans son coin, c’est plus pareil. Son visage feint une petite moue. Elle comprend bien ce qu'il veut dire par là. Elle-même trouve aussi que tout a explosé. Que plus rien n'est pareil. Mais, elle ne peut y mettre son grain de sel. Parce qu'elle fait partie des principaux fautifs de cette mascarade. T’sais, c’est égoïste mais j’aimerais juste crever les abcès de tout l’monde pour que ça reparte sur de bonnes bases. Mais bon, ça semble utopique. Son verre de whisky qu'elle termine d'une traite. Son regard qui se pose ensuite sur Tad. Aussi étonnant que ça puisse paraître, j'suis pas certaine que toutes les vérités sont bonnes à dire. Parce que Sofia, elle n'est pas franchement sûre de vouloir crever les abcès. Ou à entendre. Qu'elle murmure, plus pour elle-même que pour Tad. Elle ne sait pas si elle serait capable d'encaisser les coups. De savoir les raisons qui ont poussé Elio à agir ainsi. De savoir pourquoi Milo s'est tant éloigné d'elle depuis leur rupture. De voir Félix et Keandra se déchirer encore et encore. Et puis, je pense que certaines blessures ne peuvent cicatriser. Elle ne dit pas ça pour elle. Pas totalement, en tout cas. Parce que Sofia est capable de pardonner. Parce qu'elle est capable de prendre sur elle, et d'avancer. Même s'il lui faut du temps pour ça. Le plus important, c'est qu'on puisse se retrouver. Qu'elle ajoute tout en baillant. Sa tête qui vient se lover contre l'épaule de Tad. Ses yeux qui se ferment doucement, jouant avec l'une de ses mains dans les cheveux du garçon. Et on y arrivera, j'en suis persuadée. Parce qu'on est plus forts que ça. Qu'elle ajoute. Une position confortable, rassurante qui l'emmènera rapidement vers les bras de Morphée.
Cette idée de ne se voir que tous les deux, le temps que Sofia se remette dans le bain de la bande, ça lui plait bien. Pas besoin d’en parler à Elio ou Ariane, juste tous les deux, avant que les histoires de la fine équipe viennent foutre le bordel dans leur relation. Ce n’est qu’Ikea, c’est banal et pourtant, il sent déjà qu’ils s’amuseront. De toute, il préfère proposer des choses simples à Sofia, le temps qu’elle se refasse, le temps que lui aussi se remette à s’dire qu’ils peuvent continuer à être amis sans que ça ne blesse Ariane. « Tu n'as vraiment peur de rien. » dit-elle, quand il parle déjà de l’utiliser pour l’aider à monter des meubles. Il éclate de rire, si elle savait. « Au pire, on fera des puzzle cent pièces pour s’entraîner. On deviendra tellement doué pour monter des trucs qu’on pourra en faire des tutos sur youtube. » Et rien qu’en lançant l’idée, il est déjà en train de chercher des noms de chaines possible pour eux deux, il voit déjà le décor et toutes les blagues possibles et imaginable qu’il pourrait sortir sur les suédois. Il s’arrête dans son élan mental, le souvenir d’Ariane venant brouiller tout ça. C’est bête, mais changer la disposition de son appart, c’est comme l’en chasser elle, et Tad n’est pas prêt. Il n’a pas encore réussi à vaincre le fantôme de leur relation et la culpabilité d’avoir probablement été le pire petit ami qui soit. Alors, il dit à Sofia qu’il la relancera quand il sera prêt, avant de lui dire qu’elle lui a elle aussi manqué, et qu’il ne sera pas trop demandeur avec elle car elle peut prendre son temps pour revenir, tant qu’elle revient. L’équipe lui manque. Celle d’avant, quand les histoires de baise n’avait pas tout gâché. « Aussi étonnant que ça puisse paraître, j'suis pas certaine que toutes les vérités sont bonnes à dire. » Elle a raison. Il aimerait que ça ne soit pas le cas et que la nature humaine soit capable de supporter la vérité, mais il connait ses potes, il faut toujours des gants, dire que c’est la faute à personne alors que c’est celle de tous. « Ou à entendre. » « Ouais. Pourtant, c’est con. Ça devrait être ça l’amitié, de pouvoir tout se dire sans que ça déclenche une affaire. Je veux dire, on arrange pas les choses en accumulant de la rancune. » Oui, c’est un doux rêveur Tad. Sûrement celui de la bande le plus à même de croire aux contes de fée. Lui, il voit les choses plus simplement. Et pourtant, arrive t-il à appliquer ce qu’il raconte à sa vie ? Il aime le penser. Aimerait-il s’il entendait l’inverse ? « Et puis, je pense que certaines blessures ne peuvent cicatriser. » ajoute t-elle, attirant son attention. Parle t-elle d’Elio et elle ? Il n’ose poser la question, alors pour simple geste de réconfort, il dépose un nouveau baiser sur sa tempe avant de poser son bras autour de ses épaules et la serrer contre lui. « Le plus important, c'est qu'on puisse se retrouver. » « On va bosser sur ça alors. » marmonne t-il alors qu’elle parait de plus en plus silencieuse. Il la regarde tomber petit à petit. « Et on y arrivera, j'en suis persuadée. Parce qu'on est plus forts que ça. » chuchote t-elle avant de sombrer pour de bon dans le sommeil. Tad reste là un moment à la regarder, à attendre qu’elle soit définitivement endormie pour éviter de la réveiller avec ses gestes brusques. Doucement, il reprend son bras. S’il avait été un homme fort, il aurait tenté de la ramener dans son lit, mais connaissant ses limites, il se contente de l’allonger dans le canapé et de retirer doucement ses chaussures avant de la recouvrir avec le plaid du canapé. Un doigt sur ses lèvres pour faire signe à Dobby de ne pas aboyer, Tad quitte l’appartement doucement en prenant bien soin de ne pas réveiller la belle endormie.