Une paire de billets, une soeur qui se décommande. J’avais demandé à Lene, à Heidi, à Azur, à Elio même - personne était libre et ça me semblait limite le karma qui me criait que je devrais passer la soirée à réparer les pots cassés avec Ginny plutôt que de sortir me faire marteler les tympans mais voilà. Le plan de mettre de côté notre situation le temps d’une soirée m’allait, m’allait foutrement bien. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle découvre ce que les parents avaient - ce que j’avais fait aussi. Et même si ma conscience m’avait hurlé depuis des semaines que de lui dire par moi-même aurait été la seule solution viable pour sauver notre relation, il avait fallu que j’atrende. Que ça explose, qu’elle confronte les parents, qu’ils déballent tout, qu’elle me confronte ensuite, et que je sois trop coupable et trop mal et trop franc pour me planquer derrière de nouveaux mensonges. C’était bon toutefois, on allait repartir sur de bonnes bases, on allait faire table rase, on allait se retrouver plus forts et plus solides, frère et soeur contre tout… n’est-ce pas? Je doute, je doute parce que je ne l’ai jamais vu ainsi, parce qu’elle a haussé le ton, qu’elle a crié et que Ginny qui crie, c’est un océan qui plombe, c’est une tornade qui terrasse, c’est la chose la plus horrible et la plus rare et la plus blessante que j’avais vue de ma piètre vie. Elle voulait de l’air, elle voulait que je la laisse avaler la situation, elle ne voulait plus que je sois dans sa vie, que je lui rappelle à chaque regard ce que j’avais fait. Soit. « Une pinte. » que je demande, le geste qui suit les mots alors que je pointe la bière en fût sur laquelle j’ai porté mon choix. Ce serait une soirée seul, en tête à tête avec mon acouphène, et ça serait déjà mieux que de ressasser les mots de ma soeur over and over en tournant en rond dans le salon de la Adams. Je prends le temps de m’appuyer au bar avant la première partie, la salle se remplissant rapidement, les places se prenant aussi vite. J’avais même pas regardé qui était le groupe, encore un band louche que Ginny écoutait depuis gamine et qu’elle suivait encore par nostalgie, pour lesquels elle avait acheté deux billets sans penser. Sans penser que je merderais d’ici la soirée prévue.Je soupire, parce que je m’emmerde déjà et que la soirée est encore jeune, et je lave le reste d’une longue lampée de bière. On gratte la guitare derrière moi et je fais donc volte-face comme tout le monde semble faire, m’appuyant sur le comptoir, les yeux rivés devant. Tant qu’à être là, autant en profiter comme il faut. Un mouvement à ma gauche me distrait pourtant, et je me pousse par réflexe - on semble vouloir commander au barman qui erre derrière moi. Un bref coup d’oeil accompagnant l’intrus qui se faufile à mes côtés et je m’étonne. Visage connue, chevelure rousse, mine ingénue. Je la connais, elle. « Cora? » galant, je lui fais signe de passer, me décalant assez pour qu’elle ne soit plus dérangée par tous ceux qui tentent de passer à travers.
C’est injuste, mais la vie de célébrité, c’est bourré de cadeau. Aussitôt qu’on a sa face un peu partout, c’est très simple, chacun vous offre tout et n’importe pour juste un tout petit peu de pub, et les très anciens amis n’hésitent pas accourir pour demander des faveurs. C’est juste comme ça que la vie fonctionne, et Cora s’en accommode sans trop de difficulté, particulièrement parce que, maintenant qu’elle est adulte, elle sait que ces cadeaux n’en sont pas vraiment et qu’à chaque fois, quelque chose sera toujours exigé d’elle. C’est très fatigant comme on peut le supposer, mais comme la star a toujours baigné dedans, elle sait ce que ça veut dire d’être sans arrêt sollicitée. Ce soir, un vieil ami à elle l’avait appelé, un gars de l’école de cinéma, depuis reconverti dans la musique, enfin il tentait de s’y reconvertir en accompagnant un groupe de jeune et avait demandé à Cora de bien vouloir assister à leur concert, de s’y montrer, de prendre quelques selfies, de quoi faire grimper le côté du groupe. Parce que ça ne l’engage pas à grand-chose, elle avait accepté et telles sont les raisons qui l’ont amené à se retrouver là, face à la mine abattue de Matt McGrath. « Cora? » « En chair et en os. Ravie de te voir rasé cette fois ! » plaisante t-elle en clin d’œil au GN tout en s’asseyant à ses côtés pour profiter de ce concert qui, elle l’espère pour son ami d’ailleurs, qu’il n’a pas prévu que ce groupe pour se construire une carrière. « Alors ? Que fais-tu à un concert des épissures electrique ? Je ne pensais pas que tu serais fan. » Elle se moque un peu, en même temps, y’a que du bruit qui sort des enceintes. Ce serait bien dommage d’être réellement fan.
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La jolie rousse répond à mes salutations d’un sourire et déjà, la soirée promet d’être un peu moins sombre qu’elle ne l’étais au départ. Si elle plaisante sur le GN où elle a définitivement pu me voir dans mon plus bel apparat - puant, barbu, dégueulassement sale et autre synonyme - je ne suis pas peu fier qu’elle souligne qu’une bonne douche et qu’une barbe synthétique en moins me vont bien. Fier, je résonne « C’est un peu moins barbare comme look, mais je peux définitivement dire qu’on s’habitue pas à puer en permanence. » malgré ce que les mordus de nature et fans de survie en forêt pouvaient dire, y’avait rien qui battait la sensation d’être propre et net. Une fois la barman passé pour prendre la commande des gens autour de nous, et donc de la jeune femme, elle relance la conversation en se posant à mes côtés. Bien, bien. J’avais envie de discuter un peu, et sa voix pétillante risque de m’aider à passer outre celle de ma soeur qui, lors de nos derniers échanges, était tout sauf aussi dynamique. « Je… c’est Ginny en fait. Qui a acheté les billets. Mais elle pouvait pas être là. » allons au plus simple, parlant d’elle. « Tu la connais, elle a toujours aimé les groupes un peu plus différents. Merci à Tad pour ça. » j’hausse les épaules, prenant une gorgée de bière. C’était le gamin qui l’avait initié à la musique dès son plus jeune âge, et après ça, Ginny avait été incapable de se décoller des vieux bands que son ami lui faisait connaître, quitte à n’être que les deux à les aimer. « Parfois je me dis que y’a pas plus hipster qu’elle. » parce qu’à la voir grandir, la ligne était mince entre eux et ma soeur. « Et toi? T’as pas mis ton chandail #1 fan? » que je blague. Elle était quand même bien là, et avec l’horaire du temps qu’elle devait avoir, je me doute que ce n’était pas de tout repos pour elle de prendre une soirée de “congé”. On entend des notes sortir des coulisses, et si les premières mélodies semblent bien construites, un pétage de corde et quelques crissements font frissonner mes pauvres oreilles chastes. Je rigole, y’a que ça à faire, partageant un regard complice avec la rousse. « Faudra que tu me dises quels sont leurs succès que je chantonne aux bons moments. »
« C’est un peu moins barbare comme look, mais je peux définitivement dire qu’on s’habitue pas à puer en permanence. » Elle esquisse un sourire en prenant place à côté de lui. Elle s’amuse de son sens de l’humour et de son autodérision en évoquant le GN, il faut dire que ce week-end a mis la zone de confort de tout le monde à rude épreuve, elle n’oubliera pas de sitôt le fait d’avoir dû passer une nuit sur le sol. Elle l’interroge sur la raison de sa venue. Elle n’ira pas jusqu’à dire qu’elle est surprise de le trouver là, n’ayant jamais été suffisamment en contact avec lui pour connaitre ses goûts, mais elle ne s’y attendait sûrement pas. « Je… c’est Ginny en fait. Qui a acheté les billets. Mais elle pouvait pas être là. » Elle fronce les sourcils. Annuler n’étant pas dans les habitudes de la jeune femme, Cora ne peut que nourrir de l’inquiétude. « Tu la connais, elle a toujours aimé les groupes un peu plus différents. Merci à Tad pour ça. » « Oui, je sais mais si elle ne vient pas, c’est pas à cause de Noah ? Il va bien dis moi ? » Forcément, la santé du petit aurait pu être la seule chose aux yeux de Cora pouvant justifier d’une absence. Il la rassure sur le sujet, avant de poursuivre sa discussion. « Parfois je me dis que y’a pas plus hipster qu’elle. » Elle y réfléchit quelques secondes et, elle se dit qu’en effet, Ginny a bien quelques entrées dans le monde des barbues et de la chemise à carreau. Mais, quand on la connait, on sait bien qu’elle n’a pas le côté pédant de cette population. Il n’empêche que l’attitude de Matt à parler de Ginny en des termes obscurément non élogieux la surprend. « Et toi? T’as pas mis ton chandail #1 fan? » « Nope, juste mes vêtements de tous les jours. Le tee-shirt #1, je le garde pour dormir et me donner des rêves érotiques. » Elle enchérit sur son humour, toujours en se posant des questions mais elle se doute bien que Matt ne lui répondra pas si elle est trop frontal. « La vérité, c’est que je fais une faveur à leur agent en venant, il pense qu’en m’affichant avec eux sur insta, je vais leur ramener des fans. » explique t-elle, pas très convaincue du procédé, surtout en écoutant la musique mais bon, si Ginny est fan, il doit y avoir un truc qui lui échappe. « Faudra que tu me dises quels sont leurs succès que je chantonne aux bons moments. » « Fais comme moi, les moments où y’a « lalala » » répond t-elle en riant, avant de demander plus sérieusement. « Mais du coup, t’as trouvé personne pour t’accompagner à ce concert au lieu de Ginny ? »
Merde. Évidemment que Cora dénote quelque chose de particulier, elle et Ginny étant de bonnes amies, elle sait à quel point ma soeur n’est pas du genre à se dérober lorsqu’il s’agit d’un groupe qu’elle aime bien, ou simplement d’une activité qu’elle a elle-même organisé. Mal, je me planque un temps derrière des mots d’excuses qui la rassureront au moins un peu. « Noah va bien. Elle avait juste un truc plus important à faire. » Ma bière goûte amère d’un coup, et je prends une note mentale de bloquer toutes autres mentions de Ginny avant de devoir m’enliser dans d’autres mensonges. Si Cora m’adresse encore la parole et le moindrement respectueusement, c’est parce que Ginny ne lui a clairement pas dit ce que j’avais manigancé avec les parents à l’époque pour la séparer d’Ezra, et qu’elle vient tout juste d’apprendre. C’était au moins ça de bon, j’avais pas à craindre de voir la situation que j’anticipais le plus depuis des années s’étaler à tous ceux qui nous connaissaient. « Elle va être vraiment déçue de manquer le spectacle, je vais lui prendre un t-shirt avant de partir. » que je tente de me racheter, alors que je sais bien que peu importe les cadeaux que je lui apporterai, peu importe les attentions ou les paroles, elle se sentira toujours des plus trahies. Avec raison. Parlant de t-shirt, voilà que Cora glisse une mention des plus grivoises dans la conversation, et que j’hausse un sourcil intéressé. « Avec des discours comme ça, tu t’achètes direct une place VIP dans leurs loges. » je rigole, bois une gorgée de bière et imagine pendant au moins quelques secondes la jolie rousse vêtue du dit chandail. Pas mal du tout. Le con que je suis se laisse pourtant bien vite distraire, alors qu’elle m’explique les vrais motifs de sa présence ici. Ah, la vie d’artiste. Je serais bien curieux de voir qui essaie chaque jour de se l’approprier, de lui envoyer des turcs à boire, à manger, à porter, à tester, rien que pour qu’elle en glisse la mention à quelque part. Si au moins ça la gâte de produits gratuits, ce sera au moins ça. « Si t’as besoin d’un Instagram husband qui te prendra en photo alors que tu regardes nonchalamment au loin, en faisant comme si tu savais pas du tout que j’étais là façon creep, tu me diras. » depuis l’ouverture du coffee shop, j’en avais vu de toutes les couleurs avec ces blogueuses et leurs petits amis qui se lançaient dans des shootings censés être improvisés mais qui prenait parfois plus d’une heure pour bien placer café et autres desserts sur la table. Ça me faisait rire au départ, mais là j’étais un peu blasé. M’enfin. Des notes résonnent des coulisses, et elle rigole autant que moi face à ma mauvaise connaissance du dit groupe. Au moins, on tentera bien fort et s’il y a quoi que ce soit, je ferai que fixer mes souliers jusqu’à l’entracte avant de me barrer. Classique. Le spectacle semble prêt à commencer alors que les lumières se tamisent un brin, mais Cora trouve tout de même le temps d’ajouter une nouvelle question axée sur Ginny à la conversation. J’aurais voulu laisser ça passer, mais… mais ce serait trop suspicieux. Et puis, autant dire la vérité pour une fois. « J’ai pas vraiment cherché. » j’hausse les épaules, résigné. « Tu le sauras assez tôt, mais j’ai fait un truc vraiment pas cool à Ginny, et elle est particulièrement fâchée. » je sais bien que la solidarité féminine voudra que Cora me laisse tout seul avec mes remords, autant conclure sur une bonne note. « J'espérais que malgré tout elle arrive comme ça, sans avertir. Qu’elle me pardonne, j’sais pas. C’est con. »
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« Noah va bien. Elle avait juste un truc plus important à faire. » lui répond Matt alors que Cora commence à montrer des signes d’inquiétudes. Evidemment que pour elle, il lui faudrait une sacrement bonne raison pour qu’elle abandonne quelqu’un s’en prévenir. Cora sent que Matt ne lui dit pas, et ça l’interpelle. « Elle va être vraiment déçue de manquer le spectacle, je vais lui prendre un t-shirt avant de partir. » « ça, c’est gentil ! » Elle ne pose pas plus de question sur la McGrath, bien que ça se bouscule là-haut, même si Cora ne se doute pas le moins du monde du fond du problème, elle a la curiosité qui la chatouille. Elle essaie de ne pas le montrer tandis qu’elle plaisante avec lui sur le merchandising du concert. « Avec des discours comme ça, tu t’achètes direct une place VIP dans leurs loges. » « Oh,si je mène bien ma barque, je suis sûre de m’assurer bien plus que ça. » poursuit-elle de façon faussement aguichante, du moins là, plus pour la blague qu’autre chose. Elle redevient tout d’même bien vite sérieuse pour expliquer les raisons réelles l’ayant amené ici. Raisons qui justifient presque l’entièreté de ses actions : sa carrière. « Si t’as besoin d’un Instagram husband qui te prendra en photo alors que tu regardes nonchalamment au loin, en faisant comme si tu savais pas du tout que j’étais là façon creep, tu me diras. » Elle éclate de rire, c’est justement ce que Ginny s’amusait à faire quelques jours plus tôt. « C’est bien aimable, mais je vais m’en tenir à la perche à selfie, je peux pas me permettre de laisser croire à mes fans que j’ai un instagram husband, ils vont faire que me harceler de question et j’ai pas le temps de gérer des petites affaires dans le genre. » La rigolade s’installe. Le groupe également. Avant qu’il ne soit impossible de communiquer normalement dans la salle, Cora fait la curieuse, elle tente le tout pour le tout, se jurant de se contenir pour la suite. « J’ai pas vraiment cherché. » admet-il, il reprend la parole avant qu’elle ne lance un sarcasme. « Tu le sauras assez tôt, mais j’ai fait un truc vraiment pas cool à Ginny, et elle est particulièrement fâchée. » Elle fronce les sourcils, en tentant d’imaginer ce qui a poussé la jeune femme à se fâcher avec lui. « J'espérais que malgré tout elle arrive comme ça, sans avertir. Qu’elle me pardonne, j’sais pas. C’est con. » admet-il, elle finit par s’asseoir à ses côtés. Il est vrai qu’à sa place, elle aurait sûrement espéré jusqu’au bout que Finn vienne aussi. « Je comprends, mais ça peut toujours se faire. Il faut juste lui laisser le temps. » Oui, elle pourrait lui demander des détails, mais Cora a assez de pudeur pour ne pas l’amener à parler de ce qu’il ne semble pas vouloir aborder, surtout si elle est vouée à prendre le parti de Ginny. « On fait tous une erreur qui déçoit les autres un jour, mais les liens font que ça va forcément s’arranger. » Elle essaie d’être encourageante, peut-être plus pour elle que pour lui, elle ne sait pas trop.
C’était bien ce moment à discuter avec Cora. J’avais pas pu la côtoyer trop depuis mon retour à Brisbane, et même si je savais qu’elle et Ginny étaient particulièrement proches, je m’étais jamais vraiment imposé entre elles deux. Le GN avait été une bonne façon de lui reparler mais sans plus, fallait dire que j’avais passer la grande majorité du week-end à me prendre la tête avec Lene pour le coup. Mais tout ça pour dire que ces quelques mots échangés avec elle sont presque un baume sur une soirée qui s’en allait directement vers de belles dents de scie. Fallait dire que j’assistais seul à un concert d’un groupe qu’avait choisi ma sœur, sœur qui en avait appris un peu trop long sur ma trahison quelques heures plus tôt, et qui actuellement devait bien s’en foutre de savoir si je m’en voulais ou pas. Et ouais, breaking news, je m’en voulais. Alors je blague, je rigole et je laisse le tout couler, sans vraiment le montrer. J’éclate de rire même, ce qui est particulièrement gage de réussite, alors que Cora se la joue charmeuse au possible, battant des cils, et me forçant à secouer le tête devant son attitude bien trop grivoise pour être plausible. Néanmoins, ça faisait pas trop de mal à imaginer. « Tu m’étonnes, ils demandent que ça le pire. » une jolie fille comme elle, brillante et drôle en prime, fallait pas trop se voiler la face – et pouvait facilement obtenir ce qu’elle voulait si elle se mettait à jouer le jeu. Je lui offre même d’être son allié là-dedans, ce qu’elle refuse poliment alors que je ne suis même pas déçu. Faut dire que mes talents en photo sont très bas sur ma pile de caractéristiques, et que si elle tenait le moindrement à avoir un cliché pas trop embrouillé et exempt de doigt, elle aurait probablement été désappointée. Je dis ça, je dis rien. « C’est d’une complexité tout de même, cette aura de mystère que vous vous construisez vous les stars. » je pèse sur mes mots, retenant un énième éclat de rire, m’amusant de sa mine tout aussi sarcastique que la mienne. « Je vais me contenter d’assister à la scène en me gavant de pop corn, ça sera tout aussi amusant. » résigné, c’est en haussant les épaules que je décrète être bon pour la retraite. Ça ne me va pas plus mal. Si le ton de la conversation était plus tôt à la blague, le tout prend vite un air un peu plus nostalgique lorsque la jeune femme mentionne de nouveau Ginny et que je ne trouve rien de mieux à lui répondre que la plus pure et limitée des vérités. J’ai merdé, grave, et il serait peut-être temps, après 7 ans, que j’en assume les conséquences. Tout ça me semble si difficile à cerner et à comprendre, et pourtant, on en est bien là. Et je l’articule, même. « Ouais, c’est ce que je me dis aussi. » le temps, cette denrée si rare que j’allais devoir laisser couler encore et toujours pour qu’elle s’en remette. Douce torture alors que tout ce que je voulais, tout ce que je demandais, serait de pouvoir être avec elle pour l’aider à se remettre de toute cette histoire. J’avais brûlé mes chances, allez savoir. « Je pense que là, elle est plus que juste déçue. » un rire jaune appuie mes paroles, sachant qu’au-delà de la déception, elle était surtout brisée. « T’as bien raison tu sais, elle est prise avec moi pour le reste de ses jours. Et j’ose espérer qu’on passera à travers, mais bon… pour le moment, ça n’augure pas très bien. » je me doute que Cora et Ginny en parleront bien vite de leur côté, et je n’ai absolument pas envie de jouer la carte de la fausse pitié envers la rousse. Autant mieux crever que de tenter de faire ma victime. Je reprends donc la carte de l'honnêteté, rangeant mes remords pour plus tard. « Si tu pouvais être là, avec elle, à ma place, ça serait cool. » je ne doute pas que Cora a toujours été une amie précieuse pour ma sœur, mais il me paraît logique de renchérir. « Elle va avoir besoin de support pour les prochains mois. Je lui ferai pas l’affront de me pointer à sa porte et de me forcer dans sa vie, mais de savoir que tu seras pas trop loin, ça me rassurerait. » ça va de soi, bien sûr. « Le reste, c’est pas de mes affaires, et je doute pas que tu seras là de toute façon. Mais de l’articuler, ça me calme un peu. Je veux pas la savoir seule, c’est tout. » jamais, au grand jamais. Même si toutes les actions que j’ai pu poser l’ont mené vers la solitude forcée.
. « Tu m’étonnes, ils demandent que ça le pire. » « Tous. » ajoute Cora dans un sourire, celui de la plaisanterie et en même celui qui tente entre deux blagues de dénoncer les attitudes masculines qui font tourner le monde. Elle ne lance néanmoins pas de débat, ce n’est pas le moment et puis elle n’a pas l’habitude de se lancer dans ce type de conversation avec Matt, elle n’a pas la temps pour une première ce soir, même si on en sent l’opportunité au moment où Matt lui propose de l’accompagner pendant qu’elle se met en avant sur instagram. Offre qu’elle décline, poliment. « C’est d’une complexité tout de même, cette aura de mystère que vous vous construisez vous les stars. » « Tu trouves ? Moi, j’appelle ça la vie privée. » déclare t-elle tout doucement. . « Je vais me contenter d’assister à la scène en me gavant de pop corn, ça sera tout aussi amusant. » « Je t’en prie. » déclare t-elle avant de songer à revenir à ses occupations. Il est vrai que si Ginny avait été là, elle aurait cherché à allonger son temps de séjour, mais c’est Matt qui est là, et ce n’est pas pareil. Elle cède tout de même à la curiosité d’en savoir plus sur ce qu’il s’est passé, sur les raisons qui ont poussé la jeune McGrath à ne pas être là ce soir. Matt reste évasif, il mentionne d’avoir mal fait quelque chose. Elle n’insiste pas pour connaitre le fond. Elle se contente seulement d’être un peu rassurante. Elle le comprend Matt, c’est pas simple d’être dans les mauvaises grâces d’une personne proche. « Ouais, c’est ce que je me dis aussi. » Réponse logique à ses propos. « Je pense que là, elle est plus que juste déçue. » Elle fait une moue, signe qu’elle est désolée pour lui. La cuirosité est là aussi, parce qu’à sa mine, il a sacrément l’air d’avoir bien merdé. « T’as bien raison tu sais, elle est prise avec moi pour le reste de ses jours. Et j’ose espérer qu’on passera à travers, mais bon… pour le moment, ça n’augure pas très bien. » « Attend qu’elle ait besoin d’argent. » suggère Cora, plus pour la blague que sérieusement dans une tentative de provoquer un sourire chez le jeune homme. « Si tu pouvais être là, avec elle, à ma place, ça serait cool. » Son expression rieuse est de suite stoppé par cette demande. « Elle va avoir besoin de support pour les prochains mois. Je lui ferai pas l’affront de me pointer à sa porte et de me forcer dans sa vie, mais de savoir que tu seras pas trop loin, ça me rassurerait. » « T’inquiète. Je ferais ça. » « Le reste, c’est pas de mes affaires, et je doute pas que tu seras là de toute façon. Mais de l’articuler, ça me calme un peu. Je veux pas la savoir seule, c’est tout. » « Non t’inquiète, je comprend. Je m’occuperais d’elle. » lui assure t-elle en pensant sa main dans son dos avant que le concert n’ait enfin l’air de commencer, le regard de Cora est automatiquement attiré vers la scène. « En revanche, je dois te laisser. Mais prend mon numéro, si jamais. » dit-elle à toute vitesse en fouillant dans son sac. « Tiens. Je dois te laisser. Hésite pas à m’envoyer un texto si jamais » Elle file, à toute vitesse. Presque aussi vite qu’elle est arrivée.
Elle arrive quand même à blaguer Cora, à garder le cœur léger face à ce qui se trame dans la vie de Ginny. Mais c’est pas sa faute, elle peut pas savoir. Elle peut pas savoir que j’ai tout gâché, que j’ai tout brisé. Que j’ai pris mon rôle de grand frère au sérieux, trop au sérieux. Que j’ai régis la vie de Ginny comme si j’en avais tous les droits, alors que le résultat n’a fait que partir en milliers de morceaux. Elle a été déracinée d’ici, elle a tenté de s’enlever la vie, elle a été mariée par les bons soins de mes parents, on l’a menacée de lui piquer la garde de son fils. Elle a pris des médocs pendant 5 ans, elle en dort plus, elle a laissé aller la peinture qui à un moment était sa vie, elle a caché la vérité à son gamin, elle a tiré une croix sur son âme sœur. Et pour quoi ? Parce qu’elle était avec mon meilleur pote de l’époque. Parce qu’il avait joué avec elle. Parce qu’elle lui avait fait confiance. Parce que j’avais merdé à le tenir éloigné. Un fin sourire se dessine sur mes lèvres, le sourire de la blague de secours, le sourire du sens de l’humour qui dépanne. « On parle de Ginny là. La fille qui a un compte gavé par les parents mensuellement, auquel elle a pas touché depuis 4 ans. » les soins de Noah étant payés par l’état, elle n’avait pas besoin de grand-chose pour vivre ma petite sœur. Fortunée ou non, c’était le moindre de ses soucis d’avoir un dollar devant elle, ou zéro. Ça la définissait pas, faut croire. Mais je vois l’effort de Cora, la légèreté aussi. Et je rigole, parce que ça simplifie toujours mieux les choses de faire ainsi. « Merci, Cora, vraiment. Ça compte beaucoup de savoir que tu seras là. » à ma demande un peu incongrue, un peu maladroite, là où je sais que je ne devrais pas douter du fait qu’elle sera présente coûte que coûte, j’ai besoin de l’entendre le dire. Entre elle et Saul, Ginny était fichtrement bien entourée, et de les savoir tous les deux à même d’intervenir si elle sombrait de nouveau me rassurait un peu, juste assez. Je le verbalise aussi, nécessairement. Y’a pas de mal à voir là où les bons gens croisent notre chemin, et à leur démontrer notre gratitude. Si Cora avait été là pour le mariage de Ginny – et qu’elle avait fait un boulot impeccable au niveau du soutien, c’était l’occasion pour elle de briller de nouveau par son support et son écoute. Connaissant ma sœur, elle n’allait pas tout étaler d’un coup, et faudrait que la rousse gratte si vraiment elle s’inquiétait, mais j’avais tout de même confiance en ses ressources et en sa débrouillardise. Au-delà de ça, Ginny la considérait comme de la famille, la bonne, pas celle qui l’a trahie. « Elle est chanceuse, d’avoir de bonnes copines comme toi. J’espère qu’elle le sait. » pas le moment de glisser un commentaire dragueur à la con, je sais que la Coverdale en profiterait pour gentiment m’envoyer balader. Puis c’était pas la raison de cette conversation de toute façon. Les allusions et la drague, ça serait pour une autre fois. Y’a plus urgent à traiter, à savoir la mission, la soirée de Cora qui prenait finalement son envol. Elle m’avise que c’est son signal, qu’on l’attend ailleurs, que l’étoile filante passe à un autre appel et je lève ma bière en son honneur. « Va, file, vole, j’irai liker tous tes posts en guise de remerciements. » le clin d’œil suit, comme par habitude. Tout irait bien là, y’avait espoir.