Alizée passait pas mal de temps avec son meilleur ami ces derniers temps. Elle avait toujours été présente pour lui, dans les bons comme dans les mauvais moments. Ces temps-ci il s'agissait plutôt des mauvais. Depuis que son mariage battait de l'aile, Alex n'allait pas bien et elle n'avait pas su l'empêcher de faire des conneries. Une fois qu'elle avait compris ce qui l'avait poussé à faire ça, elle ne le lui reprochait plus et essayait plutôt de le pousser à retourner vers sa femme pour arranger les choses. Elle savait qu'il tenait toujours à elle et qu'il en était amoureux alors elle le poussait à renouer avec elle.

Eliane et Alizée ça n'a pas pour autant été l'amour fou. Eliane avait été méfiante au début, quand Alex les avait présentées. Elle avait su déceler que la meilleure amie de son mari avait des sentiments bien plus qu'amicaux envers lui. Alex était bien trop naïf et aveugle pour le voir. Alizée était en effet attirée par lui mais n'a jamais rien tenté car il aimait Eliane et était heureux. Pas touche aux hommes mariés. Elle savait qu'Eliane n'appréciait par leur relation, ils étaient bien trop complices et proches à son goût, ce qu'elle pouvait comprendre. Avec le temps elle a fini par accepter cette relation et les deux jeunes femmes se sont mieux entendues même si elles ne seront jamais les meilleures amies du monde.

Hier encore, Alex avait appelé Alizée pour parler et pour qu'elle vienne passer la soirée chez lui. Cela lui permettait de se confier et de se changer les idées par la même occasion. Elle avait accepté sans hésitation et ils avaient donc passé tranquillement la soirée chez lui. Comme souvent, ils restaient à discuter très tard ou à regarder des films et elle avait passé la nuit chez lui en tout bien tout honneur. Cela arrivait souvent de toute manière. Le matin, Alex était parti plus tôt, il avait été appelé pour un dossier urgent. Ils avaient à peine eu le temps de prendre leur petit-déjeuner ensemble qu'il était déjà parti. Alizée commençait un peu plus tard et elle prit le temps de ranger l'appartement avant d'aller prendre une douche. En sortant de cette dernière, elle entendit quelqu'un rentrer dans l'appartement. Alex avait dû oublier quelque chose. Elle enfila une serviette autour d'elle avant de sortir de la salle de bain, un sourire amusé dessiné sur les lèvres. "Qu'est-ce que t'as oublié encore Samuels? Ta tête peut-être?" Elle tomba alors nez à nez avec Eliane. Elle n'était pas censée passer, enfin elle n'était pas au courant sinon. Alex le lui aurait dit et elle ne serait jamais restée là, histoire qu'Eliane ne se fasse pas des films. "Oh merde! Salut Eliane! Qu'est-ce que tu fais ici?" Elle resserra la serviette autour d'elle. Bon sang c'était gênant. "Alex est parti il y a vingt minutes, je..." Elle passa sa main dans ses cheveux, elle était vraiment embarrassée. "C'est pas ce que tu crois hein.. Je vais m'habiller je reviens!" Elle espérait qu'Eliane n'allait pas entre-temps attraper un couteau dans la cuisine pour venir l'égorger avec. À sa place, elle en aurait eu envie. Alizée fila dans la salle de bain, se débarrassa de la serviette puis mit ses habits. Si Eliane se rendait compte qu'il y avait des affaires à elle dans les placards, du maquillage et même une brosse à dents elle serait morte. Il y avait aussi des vêtements d'Alex chez elle, comme ils avaient l'habitude de dormir l'un chez l'autre, c'était pratique. Elle ne prit pas le temps de se maquiller ou de se coiffer correctement pour revenir voir Eliane qui n'avait pas bougé du salon. "Mauvais timing hein.." Elle essayait de faire un peu d'humour pour détendre l'atmosphère.

Eliane ouvrit la porte et posa sa valise dans l’entrée avant d’allumer la lumière. Elle resta un instant immobile, observant, attendant. Juste le vide, le silence. Plus personne ne l’attendait dans cette grande maison vide. Rien à part ce silence assourdissant qui était devenu son compagnon au quotidien. Après ce mois passé en dehors de Brisbane, la jeune femme en était venue à la conclusion qu’elle ferait mieux elle aussi de partir d’ici et de se prendre un appartement en ville. Et pourtant, elle ne pouvait se résoudre à parler à Alex de la vente de leur maison. Le foyer qui avait abrité leur amour et leurs rêves. Mais Eli ne pouvait plus rester ainsi. Elle étouffait dans cette maison désespérément vide tout comme elle étouffait dans cette ville. Mais cela était un autre problème. Problème qu’elle ne pouvait résoudre maintenant et surtout seule.

La jeune femme s’apprêtait à monter lorsque la sonnette retentit. Surprise, elle se retourna et ouvrit la porte sur un militaire. Elle eut un mouvement de recul tandis qu’une vague de panique la saisit. Non… On l’aurait déjà prévenue si Alex était reparti. Il ne serait jamais reparti sans la prévenir. Même après ce qui s’était passé à l’aéroport. Non il ne lui aurait jamais fait ça… Ce n’était pas possible… A ce moment là, elle se rendit compte que l’homme lui parlait. Reprenant ses esprits, elle lui dit alors d’une voix tremblante

« Excusez-moi… Vous disiez ? »

Le militaire s’interrompit alors et la regarda d’un air curieux

« Cette missive est pour Alex Samuels. C’est très important… »

Eli prit la missive tout en acquiesçant de la tête signe qu’elle avait compris.

« Vous allez bien Madame ? »

L’homme la regardait toujours avec le même air curieux empreint de sollicitude cette fois. Elle se rendit alors compte que sa main tremblait toujours et qu’elle se tenait à la porte comme si sa vie en dépendait. Laissant échapper un petit rire tremblant, elle lui répondit alors

« Oui oui… Excusez moi. Je reviens juste de voyage d’affaires… Je vous remercie… »

Eliane referma la porte et s’effondra alors par terre essayant de reprendre son souffle. Comment pouvait-elle le laisser continuer à avoir une telle emprise sur elle ? La jeune femme essuya d’un geste rageur les larmes qui maculaient ses joues. Le problème était qu’elle était toujours amoureuse d’Alex. Elle le savait et elle savait aussi qu’elle le serait probablement le reste de sa vie. Mais elle savait aussi qu’il avait été voir ailleurs. Qu’au lieu d’essayer de régler leurs problèmes, il avait préféré fuir son mariage et la fuir elle. Regardant la missive qui avait glissé à terre, elle comprit qu’il fallait qu’elle aille à l’appartement de son mari. Eli se releva alors et parti prendre une douche d’abord. Il fallait qu’elle enlève les traces du voyage et de la fatigue. Enfilant une robe, elle prit la route.
Elle entra dans l’appartement silencieusement. Il semblait n’y avoir personne… Elle possédait une clé de cet appartement qui avait été sujet à discorde au début. Eli ne comprenait pas pourquoi il avait besoin de garder cet appartement alors qu’ils avaient la villa. Elle avait mis du temps avant de l’accepter et encore. Accepter était un bien grand mot… La jeune femme s’apprêtait à téléphoner à Alex pour  lui dire qu’elle laissait l’enveloppe sur la table basse lorsqu’une voix retentit. Elle se retourna alors et vit Alizée une serviette autour de son corps. Visiblement, elle avait passé la nuit ici. Eliane ne répondit rien se contentant de la regarder de cet air glacial qu’elle ne réservait que dans les cas de négociation les plus ardus. La jeune femme repartit aussi vite qu’elle était arrivée. Pourquoi n’était-elle pas partie ? Elle ne le savait pas elle-même. Un sens certain de masochisme. Alizée revint rapidement. Habillée cette fois.

« Effectivement. »

La voix tout comme le regard d’Eliane étaient aussi dur que l’acier.

« Tu diras à mon mari que l’armée lui a laissé une missive. Apparemment c’est important. Tu lui diras aussi que je laisse les clés de l’appartement ici. Salut »

Elle lança les clés sur la table basse et tourna les talons.

Alizée sentit immédiatement le regard froid d'Eliane, la reine des glaces n'aurait pas pu faire mieux. Elle n'avait qu'une envie se cacher dans un trou et ne pas en ressortir avant un bon moment. Déjà qu'elle avait eu du mal à gagner sa confiance alors là elle avait bien été ébranlée. Le destin s'acharnait contre elle à priori. Eliane était restée silencieuse, enfin Alizée ne lui avait pas trop laissé le temps de dire quoique ce soit, le temps d'aller se rhabiller. « Effectivement. » Ça annonçait la couleur, elle ne s'était pas faite une amie. Surtout que la situation du couple était compliquée ça ne venait en rien l'arranger. Elle s'apprêtait à se justifier avant qu'Eliane ne dise pourquoi elle était venue, toujours sur ce même ton sec et froid qui en disait long. « Tu diras à mon mari que l’armée lui a laissé une missive. Apparemment c’est important. Tu lui diras aussi que je laisse les clés de l’appartement ici. Salut » Elle avait bien insisté sur "mon mari", Alizée avait bien compris le message. Dans quel pétrin s'était-elle encoure fourrée? Alex lui dirait sans doute que ce n'était rien mais il n'était pas dans la tête de sa femme, loin de là. Il ne voyait le mal nulle part et ne voyait pas ce qui se trouvait sous son nez. Elle resta plantée quelques secondes avant d'attraper son sac, récupérant les clés d'Eliane qui était déjà sortie de l'appartement. Elle referma derrière elle avec les clés qu'Alex avait laissées avant de rattraper Eliane qui se trouvait dans la cage d'escaliers. "Attends Eliane, laisse-moi t'expliquer.." Eliane ne s'arrêtait pas et continuait son chemin, décidément elle était encore plus butée qu'Alex. Alizée déposa les clés de l'appartement dans la boite aux lettres en passant devant pour que ce dernier puisse rentrer chez lui ce soir. Elle attrapa ensuite le bras d'Eliane pour la forcer à s'arrêter. "Ecoute c'est vraiment pas ce que tu crois.. Alex allait pas bien hier alors il m'a appelée et j'ai passé la nuit ici mais il n'y a rien eu hein.." Elle arborait toujours son air affreusement gêné et elle passa alors une main dans ses cheveux, plutôt nerveusement et pinça ses lèvres, cherchant quoi dire. "Tu veux pas qu'on aille boire un café pour en parler?.. Je suis la première à vouloir que les choses s'arrangent, vraiment.." Elle ne savait pas si Eliane la croirait mais elle espérait au moins qu'elle accepterait sa proposition pour qu'elles puissent s'expliquer à coeur ouvert.

Alizée ou la meilleure amie d’Alex. Enfin soi disant meilleure amie. Eliane avait très vite compris que les sentiments de la jeune femme étaient loin d’être aussi platoniques que le prétendait son mari. Elle avait eu du mal avec elle dès le début. En femme amoureuse, elle avait très bien compris. Alex ne l’avait pas cru à l’époque et encore maintenant. Enfin… Elle le pensait. Si avec son grand frère, Mickael, le courant était passé de suite, Eliane avait mis énormément de temps à accepter Ali. Cela s’était fait petit à petit. Et encore, elle ne l’avait fait que par amour pour Alex. Elle n’arrivait pas à concevoir qu’on puisse être aussi proche sans rien ressentir. Si jusqu’à récemment, elle avait une confiance aveugle en Alex, ce n’était pas la même chose envers Alizée. Une entente et même une sorte d’amitié était née entre elles mais Eli avait toujours soupçonnait Ali de nourrir plus que de l’amitié envers son mari. Quelle femme accepterait ce genre d’amitié franchement ? Elle savait pertinemment que si elle entretenait ce genre de relation avec un autre homme, Alex péterait un câble. Mais il était têtu et parfois d’une naïveté presqu’enfantine. Pour lui, il n’y avait pas de mal puisque son cœur était pris. C’était ce qu’il n’arrêtait pas de lui répéter quand Eli objectait. Il avait une totale confiance en elle mais aucune envers les autres hommes parce qu’ils les connaissaient plus qu’elle puisque c’en était un. Logique masculine. Mais quand elle arguait qu’elle connaissait mieux les femmes que lui, il lui mettait le fait qu’il n’y avait qu’elle qui comptait. Et comme une conne elle l’avait cru. Aujourd’hui, elle avait la preuve flagrante que cette amitié toute platonique comme il le disait était tout autre. Ce n’était plus de l’amitié si Alizée se permettait de se promenait à moitié nue devant son mari. Eli se sentait tellement conne de leur avoir fait confiance…

Elle avait tourné les talons pour partir. C’était fini. Elle avait cru pouvoir passer outre le fait d’une femme mais apparemment ce n’était pas qu’une seule. La brune entendait bien Ali l’appelait mais elle ne s’arrêta pas. A quoi bon ? Elle allait lui inventer quoi encore comme excuse ? Une folle envie de lui flanquer une gifle la démangea mais Eli ne voulait pas d’autre esclandre. La scène de l’aéroport était encore bien trop présente dans son esprit pour qu’elle cède de nouveau à ses pulsions… Elle devait juste partir. S’éloigner à nouveau de tout et de tout le monde. Un bras la força alors à s’arrêter. Se dégageant fermement, elle fixa Ali sans mot dire.

« Rien eu vraiment hein ? »

Le ton était sarcastique tout comme l’attitude d’Eliane. Elle ne comprenait pas pourquoi Ali tenait tellement à s’expliquer ? L’étiquette de la maitresse la mettait mal à l’aise ?

Soupirant un peu, elle lui dit alors

« Très bien. Allons y. »

Elle suivit la vétérinaire dans un café et une fois devant leurs boissons, elle regarda Ali et lui dit froidement

« Je t’écoute »

« Rien eu vraiment hein ? » Alizée n'avait pas besoin qu'elle ajoute quoique ce soit, ses mots et son attitude en disait déjà assez long. Elle savait qu'à la place d'Eliane elle aurait pensé la même chose qu'elle. Elle se demandait ce qu'elle avait bien pu faire au bon Dieu pour que cela lui arrive. Se retrouver en serviette dans l'appartement de son meilleur ami au petit matin quand sa femme débarque, ce n'était vraiment pas la meilleure situation qui soit. Ce n'était surtout pas le bon moment, il en faudrait peu à Eliane pour la prendre pour la maitresse de son mari. "Oui il n'y a rien eu du tout.." Sa réponse était ferme. Elle se voulait convaincante car c'était la stricte vérité. Il fallait qu'elle lui tienne tête et ne pas se laisser abattre face à son scepticisme. « Très bien. Allons y. » Au moins elle acceptait d'aller en parler comme tout bon adulte le ferait. C'était un bon point. Alizée l'invita alors à aller au café au coin de la rue, s'installant à une table plutôt dans le fond de la salle. Elle commanda deux cafés, elle pouvait bien faire ça.

« Je t’écoute » Les choses sérieuses commençaient. Alizée cherchait ses mots car elle ne savait pas vraiment par où commencer. "Bon pour clore ce sujet, Alex m'a appelé hier. Ça n'allait pas du tout, il avait un coup de blues et je suis donc venue le voir. C'est mon meilleur ami.." Elle marqua une pause, regardant Eliane pour essayer de la cerner et de savoir ce à quoi elle pensait. Si elle l'écoutait par pure politesse ou parce qu'elle la croyait un minimum. "Bref, j'ai passé la soirée là-bas et comme souvent on parle jusqu'à tard dans la nuit et j'ai dormi chez lui.. Je sais ce que tu penses, je sais que tu as toujours eu des doutes par rapport à moi mais il n'y a rien eu. Il me laisse son lit et il va dormir sur le canapé. Ça s'arrête là.." Elle se voulait le plus sincère possible. Elle avait toujours des sentiments pour Alex mais en aucun cas ils n'avaient fait quoique ce soit. Là-dessus elle était sincère. Elle croisa les mains sur la table, jouant avec une de ses bagues comme à chaque fois que la situation la mettait mal à l'aise. "Tu sais.. Ça me fait vraiment de la peine de le voir comme ça.. Votre histoire ne regarde que vous mais je sais pas mal de choses et j'aimerais que les choses puissent s'arranger même si je sais qu'il a commis une grosse faute.." Elle faisait référence au fait qu'il l'ait trompée. Elle ne le disait pas clairement mais le sous-entendait. Elle savait Eliane assez intelligente pour le savoir. "Je l'ai engueulé pour ça d'ailleurs.. Je ne suis pas à ta place et je n'ai à te dire ce que tu dois faire mais ce serait bien que vous ayez une bonne discussion pour essayer de mettre tout ça à plat.. Elle se doutait que la jeune femme n'avait que faire de ses conseils et de ses bonnes paroles mais elle essayait quand même de sauver ce qu'elle pouvait du naufrage. Elle ne voulait plus voir Alex souffrir pendant encore de longs mois. Il fallait prendre le taureau par les cornes.

Eliane ne savait pas pourquoi elle avait suivi Alizée dans ce café. Etait-ce par pur masochisme ou bien voulait-elle vraiment la croire ? Elle ne le savait pas elle-même. Tout son monde de certitudes s’était effondré à l’annonce de sa stérilité. Le monde de l’inconnu s’était alors ouvert à Eliane l’y engouffrant complètement. Elle s’était laissée entrainer dans le noir sans personne pour lui tenir la main. La seule personne dont elle aurait avoir le soutien, elle l’avait d’abord rejeté puis c’était lui qui s’était éloigné. Elle n’avait aucune idée depuis quand et si cela avait déjà eu lieu auparavant. Au fond ‘elle, Eliane aurait aimé croire que l’incartade d’Alex ne datait que de cette année mais sa foi en lui avait été tellement ébranlée qu’elle ne savait plus si elle pouvait le croire. Et Alizée semblait être la preuve vivante que non. Il n’y avait pas eu qu’une seule femme. Une inconnue, elle aurait peut-être pu passer outre. Mais sa meilleure amie… Cette soi-disant meilleure amie avec qui il ne se passait rien. Eli eut envie de rire tellement sa vie était devenue grotesque. Digne des meilleures comédies de la Comedia Dell’arte.

Assise devant la brune, Eliane pressait ses mains autours de sa tasse fumante. Malgré la chaleur de Brisbane, elle était glacée. De l’intérieur.

« Oui je sais que c’est ton meilleur ami », la coupa brusquement la brune en insistant bien sur le meilleur ami.

Elle regarda Alizée d’un air de dire qu’elle la prenait vraiment pour une idiote. Elle n’allait pas lui jouer la comédie des meilleurs amis ? Alizée comme Eliane savait que la vétérinaire éprouvait bien plus que de l’amitié envers Alex. Eli espérait juste qu’elle aurait au moins l’honnêteté de l’admettre. Surtout maintenant. Mais la brune enchaina et ce qu’elle lui dit fit tressaillir Eli de douleur. Ainsi, son mari préférait parlait à Alizée qu’à elle. C’était toujours bon à savoir. Et plus Alizée parlait plus Eliane avait l’impression qu’on lui enterrait son mariage avec une fin de non-recevoir. Elle se crispa en pensant à ce qu’il avait pu lui raconter. Lui avait-il raconté qu’elle était stérile ? Eliane ne pourrait le supporter. Elle ne pouvait faire face à cette humiliation de plus. Alors, elle fit comme à chaque fois. Elle se raidit et se cacha sous ce masque de froideur que beaucoup connaissait si bien. Elle ne voulait pas qu’Alizée voit à quel point toute cette histoire pouvait l’affectait. Après tout, c’était la meilleure amie d’Alex et non la sienne. Même à ses amis proches, elle n’avait parlé de ce qui lui arrivait alors ce n’était certainement pas pour aller tout déballer à la meilleure amie de son mari, meilleure ami qui était amoureuse de lui de surcroit !

« Tu as raison, cela ne te regarde pas. Mais je veux bien croire que tu aimerais que l’on règle cette histoire une bonne fois pour toute. Parce qu’avoue le Alizée. Cela t’arrangerait qu’on se sépare pour de bon Alex et moi. Cela t’ouvrira la voie n’est-ce pas ? »

Alizée avait une démarche sincère sur le principe, elle voulait s'expliquer avec Eliane et elle souhaitait que les choses s'arrangent. Même si ses sentiments pour Alex étaient plus qu'amicaux même si pas encore amoureux, elle voulait son bonheur et dans l'immédiat elle pensait qu'Eliane en serait l'unique source. Cela lui faisait de la peine évidemment mais elle voulait faire au mieux pour Alex, quitte à se faire souffrir elle. Ses sentiments finiraient bien par disparaitre à la longue et puis elle allait bien rencontrer quelqu'un d'autre. Elle savait qu'Eliane était butée, froide et qu'elle ne la portait pas dans son coeur. Elle savait que la discussion n'allait pas être de tout repos et cela ne loupa pas. Eliane l'écoutait mais elle voyait bien à son attitude qu'elle ne la pensait pas sincère et aurait plutôt envie de lui jeter son café à la figure avant de lui arracher ses cheveux.

« Oui je sais que c’est ton meilleur ami » Alizée avait esquissé un sourire amusé à sa remarque, c'était plutôt nerveux qu'autre chose. Elle avait bien compris au ton employé qu'Eliane était sarcastique mais cela ne l'avait pas déstabilisé pour autant. C'était le genre de personne à qui il valait mieux tenir tête sinon elle vous dévorait sans retenue. « Tu as raison, cela ne te regarde pas. Mais je veux bien croire que tu aimerais que l’on règle cette histoire une bonne fois pour toute. Parce qu’avoue le Alizée. Cela t’arrangerait qu’on se sépare pour de bon Alex et moi. Cela t’ouvrira la voie n’est-ce pas ? » Alizée avait l'habitude de voir Eliane froide et distante avec elle. Elle n'était chaleureuse que lorsqu'Alex était dans la pièce sinon leur relation était très limitée même si ces dernières années elle s'était améliorée. Elle ne s'attendait pas cependant à ce qu'elle lui lance cela, comme ça. Elle se le prenait une nouvelle fois dans la figure et elle allait une nouvelle fois mentir mais à moitié. Elle avait certes des sentiments pour Alex qu'elle ne devrait pas avoir mais elle tenait plus à son bonheur qu'au sien. Elle rit une nouvelle fois nerveusement avant de lever les yeux au ciel. C'était à son tour d'arborer un masque, elle se voulait sûre d'elle même si elle savait qu'elle allait paraitre peut-être arrogante et un peu trop directe. "Si ça me regarde d'une certaine manière, parce que je ne compte pas récupérer Alex tous les soirs à la petite cuillère pendant encore des mois d'accord? Je veux qui remonte la pente et comme il vient m'en parler directement, ça me regarde désolée." Elle n'était pas désolée mais elle voulait simplement qu'Eliane comprenne que, qu'elle le veuille ou non Alizée était mêlée à cette histoire car elle savait tout et était un soutien pour Alex. Cette situation était aussi devenue pesante pour elle. "Si je voulais que quelque chose se passe entre Alex et moi, crois-moi ça ferait longtemps que tu aurais reçu les papiers du divorce et je serais déjà avec Alex à l'heure d'aujourd'hui.." Alizée avait été un peu plus dure que prévu et elle ne s'était pas privée pour employer le même ton cinglant qu'Eliane. "Mais tu vois, je suis la première à le convaincre de te parler, même si tu passes ton temps à le rejeter et le blâmer.. Je suis aussi la première à le convaincre de bien réfléchir, de ne pas baisser les bras et d'arrêter ses conneries parce qu'il t'aime encore.. Alors franchement si je voulais être avec lui, je n'essaierais pas de le repousser dans tes bras et je ne serais pas là en train d'essayer de te convaincre de mettre toi aussi de l'eau dans ton vin.." Elle avait haussé le ton, il n'était pas difficile de l'énerver, surtout quand le sujet concernait Alex. Elle avait été sincère sur toute la ligne même si elle continuait de cacher ses sentiments. Mais pour le reste, elle essayait bien de le convaincre de tout faire pour récupérer sa femme et d'arrêter de faire n'importe quoi, comme coucher avec d'autres femmes ou d'être jaloux pour un rien. "Tu sais il m'arrive même de te défendre alors si tu continues sur cette lancée, grand bien te fasse mais je n'essaierai plus de sauver ton couple.. Et avant que tu me dises que ça m'arrangerait bien, je te préviens tout de suite que je ne prendrai jamais ta place.." Elle attrapa vivement sa tasse avant de boire quelques gorgées de son café, détournant quelques secondes son regard d'Eliane, il ne fallait pas qu'elle s'emporte même si ça la démangeait et qu'elle savait avoir un adversaire à sa taille juste en face.

C’était une mauvaise idée. Une très mauvaise idée d’avoir accepté de la suivre dans ce café. Eliane n’aimait pas la tournure que prenait cette histoire. Elle n’aimait pas le fait qu’Alizée connaisse toute la vie de son mari et par conséquent la sienne dans les moindres détails. La jeune femme ne voulait pas que ce qui leur arrivait fasse parler autant. C’était censée être une histoire entre Alex et elle mais apparemment cette fille était tellement indispensable à son mari qu’il ne pouvait d’empêcher d’aller lui raconter le moindre détail de sa vie. Eli détestait ça. Cette conversation. Ce n’était pas Alizée et elle mais bel et bien Alex et elle. Eli voyait bien qu’Alizée ne répondait pas directement à sa question. Elle savait se défiler aussi bien qu’Eliane le faisait elle-même. L’avocate se surprit à penser que sans Alex, elles auraient pu être amies Alizée et elle. C’en était presque drôle en y pensant. Mais les faux semblants qu’il y avait ente elles étaient bien là. Alizée faisait tout pour ne pas dire à Eli ce qu’elle savait que la brune savait. Ses sentiments envers son mari. Elle avait beau dire qu’elle ne voulait que le bonheur d’Alex, Eliane savait aussi que s’il y avait la moindre chance pour qu’ils se mettent ensemble, Alizée la saisirait. Et elle savait pertinemment que ce n’était qu’une affaire de temps pour qu’elle essaye. C’était une certitude chez la brune. Elle tressaillit à l’évocation des papiers de divorce. Elle marquait un point mais Eli ne lâchait pas l’affaire aussi facilement et lui dit

« Puisque tu sais tout. Tu devrais savoir que je ne le blâme pas. »

Elle lâcha un petit rire avant de reprendre

« C’est ton ami si cher qui a été voir ailleurs. Au lieu d’essayer de chercher à résoudre nos problèmes, il a préféré fuir notre mariage. Tu le pousses à réfléchir tant et si bien que vous passez la nuit ensemble c’est bien ça ? »

Eliane savait qu’à moins de la pousser dans ses retranchements, jamais Alizée n’avouerait ce qu’elles savaient toutes les deux.

« Franchement Alizée. Tu vas me dire qu’il ne s’est jamais rien passée entre vous deux ? Il est inutile me de me mentir et de me dire que tu ne ressens rien pour Alex. Il n’y a que lui pour croire que c’est de l’amitié entre vous »

Elle la regarda droit dans les yeux en lui disant ça. Autant jouer cartes sur table. Elle sentait qu’Alizée ne lui disait pas tout.

« Je viens de passer près de deux semaines hors de la ville. Je reviens à peine aujourd’hui et je te vois déjà en petite tenue dans son appartement. Alors dis-moi qu’il ne s’est vraiment rien passé entre vous ? »

Alizée ne savait vraiment pas dans quoi elle s'était fourrée. Elle ne savait pas si c'était vraiment l'idée du siècle d'inviter Eliane à boire un café pour discuter. L'avantage c'est qu'elles ne feraient pas facilement une scène dans un lieu public. Les deux jeunes femmes avaient un tempérament de feu et Alex était un sujet sensible alors la situation était plutôt à couteaux tirés. Elle savait qu'Eliane continuerait à lui poser la question quant à ses sentiments envers son mari tant qu'elle n'aurait pas la réponse qui lui conviendrait mais Alizée ne pouvait se résoudre à céder. Elle avait cette habilité à détourner la question et changer de sujet pour retrouver l'avantage. Elle savait néanmoins que, bien qu'Eliane n'ait jamais été sa grande amie, elle ne méritait pas tout ce qui lui arrivait et dans un autre contexte elles auraient surement pu être amies. Mais là tout de suite maintenant, chacune campait sur ses positions et n'hésitait pas à être franche, c'est ce qu'Alizée appréciait chez elle.

« Puisque tu sais tout. Tu devrais savoir que je ne le blâme pas. » Alizée haussa les épaules, Alex n'avait pas la même version apparemment. "N'empêche que tu lui reproches pas mal de choses et qu'au lieu d'avancer, vous reculez plutôt qu'autre chose.." Elle se doutait que la situation d'Eliane était compliquée par rapport à sa stérilité et le fait que son mari ait été voir ailleurs mais ressasser tout cela n'était pas bon. Le couple devait faire en sorte d'aller de l'avant, de prendre une décision claire pour leur avenir. « C’est ton ami si cher qui a été voir ailleurs. Au lieu d’essayer de chercher à résoudre nos problèmes, il a préféré fuir notre mariage. Tu le pousses à réfléchir tant et si bien que vous passez la nuit ensemble c’est bien ça ? » Elle marquait un point par rapport à ses dires sur Alex. Elle pensait également que tromper sa femme n'avait vraiment pas été l'idée du siècle et Alizée lui avait fait savoir qu'elle ne cautionnait pas cela. Elle savait aussi, d'après les dires de son meilleur ami qu'il était juste désespéré et qu'il se confrontait toujours à un mur face à Eliane. "Ecoute je sais que c'était une grosse erreur de sa part.. Je ne cautionne pas du tout ce qu'il a fait, on sera d'accord là-dessus au moins.. Mais il a fait ça entre autres parce que la situation le désespère, qu'il ne pensait pas que ça pourrait être pire, qu'il avait besoin d'un réconfort.." Elle marqua une pause, elle savait que rien ne pouvait justifier une tromperie. Si un homme la trompait, elle ne pardonnerait pas mais elle n'était pas à la place d'Eliane. "Il n'arrive plus à te parler, vous tournez en rond, vous vous reprochez sans arrêt les mêmes choses, ça n'avance pas Eliane.. Je pense qu'il n'a plus supporté de voir la situation au point mort et de ne pas pouvoir t'aider par rapport à voilà.." Elle venait de faire référence à sa stérilité mais elle ne voulait pas s'étendre car Eliane ne voudrait certainement pas lui en parler et Alizée pouvait comprendre que pour une femme c'était quelque chose de très difficile à encaisser et accepter. "Et nous n'avons pas passé la nuit ensemble dans le sens que tu sous entends.. On a simplement discuté comme tu le ferais avec un ami.." Elle fixait Eliane dans les yeux, elle était sincère jusqu'à lors, elle voulait qu'elle le comprenne.

« Franchement Alizée. Tu vas me dire qu’il ne s’est jamais rien passée entre vous deux ? Il est inutile me de me mentir et de me dire que tu ne ressens rien pour Alex. Il n’y a que lui pour croire que c’est de l’amitié entre vous » Alizée esquissa un nouveau sourire nerveux, parce qu'il n'y avait pas de quoi sourire, ses doigts tapotant la table, signe que la situation était délicate. Elle savait qu'Eliane était en train d'insister sur le sujet qui fâche pour espérer la voir céder mais elle le ferait pas. Elle ne pouvait pas le faire par peur de perdre Alex et d'aggraver la situation. "Non il n'y a jamais rien eu et il n'y aura jamais rien. Oui Alex me plaisait quand on était plus jeune mais même à l'époque il n'y a rien eu. À l'heure d'aujourd'hui, évidemment qu'il est bel homme et qu'il attire les trois quarts de Brisbane, tu ne me contrediras pas là-dessus non plus mais je ne ressens rien de plus pour lui.." Elle était calme, plus calme qu'auparavant et se trouvait plutôt convaincante même si Eliane comme toute bonne avocate n'allait peut-être pas être facilement convaincue. « Je viens de passer près de deux semaines hors de la ville. Je reviens à peine aujourd’hui et je te vois déjà en petite tenue dans son appartement. Alors dis-moi qu’il ne s’est vraiment rien passé entre vous ? » Décidément elle ne lâchait pas l'affaire. Un vrai requin qui cerne puis s'acharne sur sa proie. Elle leva les yeux au ciel, elle ne savait plus quoi dire pour la convaincre. Certes elle avait des sentiments qui dépassaient l'amitié envers Alex mais il n'y avait jamais rien eu. Il ne voyait rien en plus, naïf comme il était. "Comme je te l'ai dit, mauvais timing! J'étais pas à poil ou en sous-vêtements non plus! On a pas dormi ensemble, on a pas pris notre bain ensemble, j'ai jamais embrassé ton mari, j'ai jamais couché ou ne serait-ce allumé ton mari donc sors toi ça du crâne sérieux Eliane!" Le ton était de nouveau monté et elle soutenait le regard de la brune qui se tenait face à elle. "Tu t'es mis ça dans le crâne à la seconde où tu m'as vue! Si j'avais vraiment des sentiments pour Alex ou une quelconque attirance et que j'étais sa maitresse je serais plus discrète que ça!" Elle lâcha un profond soupire avant de reprendre quelques gorgées de son café. Elle essayait de se convaincre elle-même de ce qu'elle disait même si ce n'était pas que des mensonges. Il y avait une part de vérité mais maintenant elle allait se réveiller pour mieux attaquer. "Et puis franchement de ton côté, te barrer de Brisbane au bras de Connor, c'est ça? En laissant croire à Alex que c'est ton amant, c'est pas l'idée du siècle non plus tu m'excuseras.. Enfin après tout c'est peut-être vraiment ton amant.." Elle lança un regard malicieux à Eliane, la bataille était engagée et ce serait à laquelle sortirait la plus grosse artillerie.

Eliane était fatiguée. Fatiguée de toute cette histoire. La jeune femme voulait revenir en arrière. Fin d’année dernière où tout allait si bien pour elle. Sans aucun problème dans sa vie autre que celui de savoir qui allait chercher le diner ou si Alex rentrait ce soir ou pas. Quand il partirait en mission et pour combien de temps. Quand elle avait une vraie vie de couple. Quand l’ombre de sa stérilité ne planait pas sur elle et sur tout ce qu’elle faisait. Eliane avait toujours été une femme volontaire et décidée mais depuis que cette histoire avait commencée, elle n’était plus que l’ombre d’elle-même se transformant lentement mais surement en une femme inconnue. Et elle détestait ça car cette femme ce n’était pas elle. Elle voulait redevenir celle qu’elle avait toujours été. Cette femme joyeuse qui adorait la vie, qui aimait rire d’un rien et qui aimait aller se balader appareil en main pour prendre tout et rien en photo. Cette femme lui manquait…

Essayant de revenir au présent, elle écoutait Alizée lui dire combien Alex souffrait de cette situation lui aussi. Mais normal. C’était son amie. Pourtant, elle eut la surprise de voir qu’elle n’excusait pas tout Alizée. Elle avait beau être l’amie d’Alex, elle n’en n’était pas moins femme. Mais Eli l’était aussi. Et qui plus est une femme amoureuse. Et quand on aimait comme elle savait aimer, on avait conscience de beaucoup de choses. L’intuition féminine était bien plus accrue lorsque la femme était amoureuse. Et Alizée avait beau nier, Eli était persuadée. Non elle SAVAIT quels étaient les sentiments de la brune envers son mari. Et cela l’agaçait que la brune n’ait même pas la décence de le lui avouer alors qu’elle l’avait vue à moitié nue sortant de la chambre de son mari. Mais au moment où elle commençait à éprouver de la compassion pour Alizée, cette dernière évoqua la situation personnelle de la jeune femme. Eli tressaillit sous le coup. Alex avait osé lui parler de ce qui la concernait ELLE. La jeune femme eut toutes les peines du monde à ne pas lui balancer son café à la figure. C’était déjà bien assez humiliant comme ça sans que d’autres personnes ne le sachent. Sans qu’Alex aille raconter sa vie à tout le monde. Eliane n’aimait pas cela. Elle ne contrôlait plus l’information et elle ne contrôlait plus sa vie.

Regardant Alizée droit dans les yeux, elle lui dit froidement

« Ne parle pas de ce que tu ne connais pas et de ce que tu ne comprends pas »

Voix coupante, attitude raide. Eliane avait sortie le masque de l’avocate sans pitié. Elle ne voulait pas qu’on la regarde avec commisération. Elle l’enchaina sur ses propres sentiments à elle, voulant la pousser à lui dire la vérité mais Alizée ne voulait pas lâcher le morceau. Elles étaient aussi têtues l’une que l’autre. Cette dernière se permit même de lui parler de Connor. Le regard d’Eli se fit plus dur

« Ma situation ne te regarde pas. Et puis si j’ai couché avec un autre, je doute que cela lui fasse quelque chose. Il se tape bien des tas de femmes comme il me l’a si gentiment rappelé. Dont toi surement »

Elle allait rajouter autre chose lorsque son téléphone sonna. C’était Mary.

« Mary ? Non je suis rentrée il y a deux heures. Le dossier Morton ? Non il est presque fini. Je comptais le finir dans la semaine pourquoi ? »

En écoutant la réponse de sa secrétaire, la brune leva les yeux au ciel et regarda sa montre.

« Ok. J’arrive. Appelles Connor et dis lui de venir à mon bureau pour 16h. D’ici là j’aurais fini les dernières clauses. Ah et dis lui de prendre beaucoup de café car on va avoir du boulot… Non toi appelles le. Connor sait que je dois venir au bureau aujourd’hui mais je lui avais dit que ce dossier ne serait pas terminé avant vendredi. Apparemment cela va être bouclé plus vite que prévu. Il doit être déjà au courant mais dis lui que cela ne sert à rien de venir si il n’a pas les derniers chiffres. Merci Mary. A tout de suite »

Eliane raccrocha et regarda Alizée avec un petit sourire froid

« Désolée je dois y aller. Tu pourras dire à Alex que je vais encore passer la nuit avec Connor. »

Elle posa quelques dollars sur la table et se leva

« Au revoir Alizée »

Alizée savait que la situation entre elle et Eliane avait toujours été tendue, et ce depuis que leurs chemins s'étaient croisés. Elle pouvait comprendre la méfiance qu'elle avait eue envers elle et la brune savait qu'Eliane n'était pas aveugle et savait qu'elle éprouvait des sentiments plus qu'amicaux pour Alex même si ce n'était pas encore des sentiments amoureux. Elle ne voulait cependant pas lui donner raison et le lui avouer, ce serait la laisser gagner et donner raison à ses soupçons. Alizée n'était pas la maitresse d'Alex et il n'y avait jamais rien eu entre eux. Elle savait qu'elle ne pourrait pas faire changer Eliane d'avis, elle était aussi bornée qu'elle. C'était peine perdue. Elle avait très bien compris en voyant l'air qu'Eliane arborait qu'elle l'avait contrariée et que ce qu'elle avait pu lui dire ne lui avait pas vraiment plu. « Ne parle pas de ce que tu ne connais pas et de ce que tu ne comprends pas » Alizée souffla, tout en riant légèrement, par ironie plutôt qu'autre chose. Elle ne surenchérit pas pour autant même si elle avait encore des arguments à disposition. Elle laissa sa répartie au placard, cela ne servirait à rien sauf à envenimer les choses. Elle avait beau essayer d'être compatissante et à lui faire comprendre le point de vue d'Alex sans pour autant le défendre entièrement, Eliane ne semblait pas avoir envie de le comprendre ou de s'en satisfaire. « Ma situation ne te regarde pas. Et puis si j’ai couché avec un autre, je doute que cela lui fasse quelque chose. Il se tape bien des tas de femmes comme il me l’a si gentiment rappelé. Dont toi surement » Elle leva les yeux au ciel, réaction qu'elle avait déjà anticipée. Le but étant de rendre la monnaie de sa pièce à Alex même si elle mettrait sa main à couper qu'Eliane n'avait jamais fait quoique ce soit avec un autre homme que son mari. "Détrompe-toi.. Tu sais aussi bien que moi que si c'est le cas, il ira lui refaire le portrait.. Il a exagéré tu sais, il n'a eu qu'une maitresse et ce n'est pas moi, désolée de te décevoir.." Elle haussa les épaules, terminant son café d'une traite sans ciller face à Eliane qu'elle continuait de fixer. Elle savait qu'elle n'arriverait pas à lui faire sortir de la tête qu'elle était une maitresse potentielle.

Eliane reçut ensuite un appel de sa secrétaire d'après ce qu'elle comprenait, à propos d'un dossier en cours. Alizée comprit que leur petite entrevue allait prendre fin et que l'avocate allait devoir repartir au travail. Le prénom Connor ne lui échappa pas et elle ne put s'empêcher d'esquisser un fin sourire même si cela n'engageait à rien. Sourire qui s'agrandit même s'il était faux quand elle sortit sa réplique. « Désolée je dois y aller. Tu pourras dire à Alex que je vais encore passer la nuit avec Connor. » Elle hocha la tête comme une élève disciplinée avant de lui tendre les clés qu'elle avait laissée à l'appartement d'Alex plus tôt, n'en voulant plus après avoir vu Alizée à moitié nue. "Je lui passerai le mot! Oublie pas ça, t'en auras sûrement encore besoin!" Elle lui lança le regard le plus hypocrite qu'il soit. C'était bien finalement que la discussion soit écourtée, elle tournait en rond et cela n'aurait mené à rien, bornées comme elles étaient. « Au revoir Alizée » Elle regarda la jeune femme faire avant de répliquer du même air froid. "Au revoir." Elle savait que leurs routes se recroiseraient tôt ou tard, manquait plus qu'à savoir si ce serait sous de bons augures ou non. Elle la regarda s'éloigner avant de payer à son tour et de quitter le café, la journée avait bien commencé.