Quoi de mieux pour se détendre qu’une petite sortie shopping ? Rien du tout on est d’accord. Tu y avais été avec Liviana une semaine plus tôt mais tu t’étais déjà convaincue que tu avais besoin de nouvelles chaussures et si tu as le temps d’un peu de lingerie. Tu ne sais pas quand tu auras l’occasion de la partager mais rien que de la porter te donner l’impression d’être deux fois plus sexy que tu ne dois l’être. Tout est dans la tête, c’est la pure réalité. Voilà pourquoi pour aider Liviana, il allait falloir plus qu’un simple achat de lingerie, il allait falloir la convaincre qu’elle était parfaite et qu’elle était la seule à ne pas y croire. Le cerveau humain est un endroit si compliqué … C’est donc en fin d’après-midi que tu te rends au centre commercial sachant déjà que tu vas commencer par la partie chaussure de chez Nordstrom.  C’est ton petit péché mignon rien qu’à toi, toutes ces chaussures de marques différentes au même endroit. Et puis après tu verras bien en fonction de ce que tu trouves. C’est donc toute excitée que tu te rends dans le magasin à la recherche de la paire de talons parfaite. Tu fais le tour, prenant le temps de regarder tous les modèles faisant dans ta tête une liste de celles que tu allais essayer sans le moindre doute ! Une fois la totalité de la partie chaussures parcourue, tu décides d’appeler une vendeuse. Tu en vois une qui a l’air libre non loin de toi mais alors que tu t’avances de manière un peu rapide pour aller à sa rencontre, tu rentres dans quelqu’un. « Désolé, je suis vraiment désolé. » Dis-tu rapidement avant de poser tes yeux sur le visage de ton interlocutrice. « Kaecy ? » Cela faisait plusieurs mois que tu ne l’avais pas vue mais tu savais que c’était une très bonne amie de Matteo.

De base, ce n’était pas de gaité de coeur que Kaecy s’était rendue dans cette boutique lors de sa pause déjeuner. Elle n’était pas du genre à se dépêcher d’entrer et sortir des magasins en mangeant un sandwich rapidement en chemin pour gagner du temps et ne pas avoir à ressortir le soir une fois chez elle ou pour éviter ses collègues de bureau à la pause déjeuner. Non, elle était plus du genre à aimer prendre sa pause déjeuner avec ses collègues, afin de pouvoir discuter de choses et d’autres, un petit moment hors du boulot. Cependant, elle n’avait pas eu réellement le choix en ce jour, puisque sa dernière paire de chaussures de boulot était en train de rendre l’âme. Et dans son travail, comme dans d’autres carrières, elle ne pouvait se permettre de négliger son apparence. Elle n’avait donc pas eu le choix que de choisir un de ses magasins de chaussures préférée comme destination pour la pause déjeuner. Surtout que les finances de leur foyer, à Elio et elle, n’était pas au beau fixe et que ce n’était pas réellement le moment de faire des folies. Mais pour le boulot, elle n’avait pas le choix. Elle avait toujours réussi à être impeccable dans ce qu’elle faisait, ça n’allait pas changer aujourd’hui. Kaecy était donc rapidement arrivée au niveau du dit magasin, commençant à flâner entre les rayons en mangeant un sandwich qu’elle avait pris le temps de préparer la veille au soir. Quand soudain, au détour d’une allée, Kaecy se fit bousculer - pas violemment, mais assez pour la surprendre et déranger son équilibre. « Désolé, je suis vraiment désolé. » Tournant la tête vers la jeune femme qui venait de s’excuser comme s’il y avait mort d’homme, Kaecy avait déjà préparé son sourire pour lui expliquer qu’il n’y avait pas de mal, mais l’autre jeune femme fut plus rapide pour reprendre la parole. « Kacey ? » Ce fut donc un visage souriant et étonné que Kaecy présenta à la jeune femme. « Milena ! Je suis étonnée de te croiser ici aujourd’hui. » Etonnée, mais pas déçue. « Et pas besoin de t’excuser de la sorte, y’avait pas de mal t’inquiètes pas. » Milena était une amie de Matteo, que Kaecy avait eu l’occasion de croiser à quelques reprises depuis que le jeune homme était de retour en ville.

Les chaussures et toi c’était une grande histoire d’amour. Cela faisait longtemps que tu ne les achetais plus seulement par nécessiter. En réalité, tu ne te souvenais pas d’avoir jamais acheté quelque chose par nécessiter. Cela te faisait rougir des fois parce que tu savais la chance que tu avais eue d’être née dans une famille aisée, tu ne pouvais le nier. Choisir Harvard ou Berkeley pour toi c’était simplement savoir si tu voulais rester sur la côte Ouest ou la côte Est des Etats-Unis, pas de savoir quelle université offrait la meilleure bourse. Oui, tu étais née dans une famille aisée mais tu n’étais pas prétentieuse pour autant, c’était ce qui importait à tes yeux. Alors aujourd’hui tu avais décidé de te faire un petit plaisir en allant acheter une nouvelle paire de talons. Tes pieds semblaient s’être parfaitement adaptés à la forme de ces chaussures qui t’avaient fait très mal quelques années plus tôt. Comme quoi, le corps humain s’adapte à tout. Avant d’acheter quoi que ce soit, tu prenais toujours le temps de faire le tour du magasin, particulièrement à Nordstrom où plusieurs marques étaient présentées et tu pouvais voir des dizaines de modèles différents. Et puis il y avait le moment de l’essayage, toujours très important car tu arrivais à dire en moins d’une minute si cette paire pouvait te convenir ou pas du tout. Puis ensuite il y avait le choix. Pour l’instant, tu en étais à l’essayage, du moins tu essayais d’essayer quand tu rentrais dans Kaecy. « Milena ! Je suis étonnée de te croiser ici aujourd’hui. » Un sourire se dessina sur ton visage alors que tu lui répondis : « C’est si étonnant que ça de me croiser dans un magasin de chaussures ? » Peut-être que Kaecy ne te connaissait pas assez bien en réalité mais tu ne lui en voulais pas, vous n’aviez jamais réellement discuté très longtemps. « Et pas besoin de t’excuser de la sorte, y’avait pas de mal t’inquiètes pas. » Tu n’avais pas fait exprès de toute façon mais certaines personnes semblaient prendre un malin plaisir à se vexer pour rien des fois. « Comment tu vas ? » Lui demandas-tu curieuse avant d’ajouter : « Tu es à la recherche d’une paire de chaussures ? » Ben quoi ? Elle pouvait aussi simplement venir regarder non ?

Ce fut une Milena alors tout souriante qui accueillit Kaecy comme si elles n’étaient que des amies de longue date et non de simples connaissances, en réalité. Mais la jeune femme ne pouvait qu’apprécier ça, c’était plutôt rare de voir des personnes directement aussi ouvertes et aussi rayonnantes avec des gens qu’elles connaissaient si peu. « C’est si étonnant que ça de me croiser dans un magasin de chaussures ? » Avec un petit sourie d’excuses, Kaecy vint hausse doucement les épaules. « L’accord des deux n’est pas si surprenant. Plutôt que je ne m’attendais pas à croiser quelqu’un aujourd’hui, surtout. » Parce-qu’elle n’avait tellement pas l’habitude de toutes ces vraies séances de shopping qu’elle était plutôt habituée à passer en coup de vent, tout en sachant toujours ce dont elle avait besoin - et non envie. « Comment tu vas ? Tu es à la recherche d’une paire de chaussures ? » Soupirant légèrement, rangeant la suite de son sandwich dans la petite boite prévue à cette effet dans son sac à mains, Kaecy vint hocher la tête. « M’en parles pas. Là j’ai mes baskets parce-que je suis sortie du bureau, mais mes chaussures qui m’attendent là-bas sont à deux doigts de rendre l’âme et ça passera pas auprès du patron. » Et puis même pour elle, si elle recevait de potentiels clients en étant habillée comme un souillon, ça ne passait pas. Pour l’entreprise, l’image qu’elle devait donner mais aussi l’image qu’elle aimerait qu’on ait d’elle. Kaecy n’était pas trop fixée sur les apparences et savait très bien que l’habit ne faisait pas le moine - pour exemple, les personnes atteintes de satyriasis n’étaient jamais celles qu’on croyait. Elle finit par tourner son visage vers Milena avec un petit sourire. « Si tu connais mieux le magasin que moi, tu pourrais peut-être m’aider même. Si tu as un peu de temps devant toi ? » Elle faisait une espèce de petite grimace d’excuses, mais il était vrai que si Milena pouvait lui venir en aide, elle gagnerait énormément de temps et la séance shopping improvisée serait d’autant plus amusante.

« L’accord des deux n’est pas si surprenant. Plutôt que je ne m’attendais pas à croiser quelqu’un aujourd’hui, surtout. » Pourquoi spécialement aujourd’hui ? Tu ne sais pas. Peut-être le fait qu’elle avait décidé de venir faire du shopping pendant la pause déjeuner et que du coup elle n’avait pensé trouver personne ? Tu décidais de ne pas trop te poser de questions, c’était bien mieux ainsi. Tu te contentais de lui sourire en guise de réponse. Oui, vous ne vous connaissiez pas très bien mais le peu de fois où vous vous étiez vues, le courant était bien passé entre vous alors tu ne voyais pas pourquoi les choses changeraient aujourd’hui. Tu prends donc des nouvelles de la jeune femme en lui demandant ce qu’elle faisait ici. « M’en parles pas. Là j’ai mes baskets parce-que je suis sortie du bureau, mais mes chaussures qui m’attendent là-bas sont à deux doigts de rendre l’âme et ça passera pas auprès du patron. » Tu te rends compte soudainement que tu ignores ce que fait Kaecy dans la vie. Peut-être qu’elle te l’a dit un jour mais tu ne t’en souviens plus. Il y a tellement de jobs où il faut être bien apprêtée mais tu préfères demander. « Tu fais quoi comme boulot ? » Lui demandas-tu avant que Kaecy ne reprenne de plus belle : « Si tu connais mieux le magasin que moi, tu pourrais peut-être m’aider même. Si tu as un peu de temps devant toi ? » Oh si tu devais aider à trouver des chaussures pour Kaecy, tu n’étais pas encore sortie du magasin. Mais tu allais bien entendu l’aider dans sa quête, c’est la moindre des choses. Tu pouvais bien lui rendre ce petit service. « J’ai toujours un peu de temps devant moi quand je dois le passer à Nordstrom. » Dis-tu un sourire en coin sur les lèvres. « Avant qu’on se mette en chasse, dis-moi ce que tu recherches exactement et ton budget, ça permettra de faire une première sélection. » A une époque, tu n’aurais pas parlé de budget mais tu avais appris que tout le monde n’avait pas le même compte en banque que le tient. Pour Kaecy tu n’en avais aucune idée mais mieux valait ne pas trop s’avancer à ce sujet.

« Tu fais quoi comme boulot ? » Kaecy lui fit un petit sourire. « Je suis éditrice, dans une des maisons d’édition que tu peux trouver à Pine Rivers. » Il était vrai que même si Milena et Kaecy s’étaient déjà croisé, elles n’avaient pas eu le temps de réellement avoir une conversation. C’était plutôt des brides de mots par ci, par là, entrecoupés par d’autres personnes s’ajoutant au mélange lors d’événements qui duraient souvent en longueur. Dans ce genre de moments, vous avez l’impression de discuter avec tout le monde et personne à la fois. Par la suite, Kaecy demanda à Milena si elle aurait un peu de temps pour l’aider à choisir sa paire de chaussures. Pour gagner du temps, pour être à plusieurs, la pause déjeuner passerait mieux de cette façon. « J’ai toujours un peu de temps devant moi quand je dois le passer à Nordstrom. » Alors que Milena lui fit un petit sourire, les coins de lèvres de Kaecy se tirèrent aussi à leur tour. « Avant qu’on se mette en chasse, dis-moi ce que tu recherches exactement et ton budget, ça permettra de faire une première sélection. » Kaecy finit par faire une petite ou hésitante, après un petit soupire. « Je sais que je voudrais une paire confortable - parce-que tu dois savoir comme moi que rester toute la journée parfois debout ça peut user les pieds. » Kaecy avait retenu, allez savoir pourquoi cette information et pas une autre, que Milena était avocate. Surement parce-que Kaecy s’était dit que si un jour elle avait besoin d’aide, ce serait surement vers elle qu’elle se tournerait, la jeune femme lui ayant toujours donné une bonne impression. « Ensuite le budget, c’est un peu plus compliqué. Je sais qu’il faut mettre le prix si je veux avoir une paire de qualité et ne pas avoir à revenir dans dix jours, mais il faut aussi que j’ai de quoi nourrir les deux monstres à la maison à la fin du mois. » Elle leva une bouille désolée vers Milena. « C’est pas très précis, je suis désolée. »

« Je suis éditrice, dans une des maisons d’édition que tu peux trouver à Pine Rivers. » Ah, vous travailliez dans le même quartier. Pas réellement surprenant, Pine Rivers c’était le quartier des locaux d’entreprise. Etrangement, tu n’avais aucun mal à imaginer Kaecy en éditrice, cela lui allait parfaitement bien. Maintenant tu étais curieuse d’en savoir plus sur la jeune femme. Tu n’avais pas le temps de lire beaucoup de livre, ta lecture était prise de manière complète par des dossiers mais de temps en temps tu te faisais ce petit plaisir. « Oh et tu édites un genre de bouquins en particulier ? » Lui demandas-tu juste avant que la jeune femme te demande un peu d’aide pour choisir ces chaussures. Voilà quelque chose que tu ne refusais pas. Autant que ton savoir faire en chaussures ne serve pas qu’à toi. Mais avant de te mettre en chasse, il était important de savoir ce que la jeune femme cherchait et ta question sur son métier tombait bien. « Je sais que je voudrais une paire confortable - parce-que tu dois savoir comme moi que rester toute la journée parfois debout ça peut user les pieds. » En effet, tu savais exactement ce que c’était que de rester debout ainsi. Mais tes pieds s’étaient habitués à la chose désormais, ils ne semblaient plus réellement en souffrir. Du moins tu ne trouvais pas. « Ca il n’y a qu’en les essayant et en marchant cinq minutes dans le magasin que tu peux savoir si elles sont confortables. » Voilà pourquoi c’était primordial de les essayer à tes yeux. Tu posais ensuite la question qui fâche, celle du budget. « Ensuite le budget, c’est un peu plus compliqué. Je sais qu’il faut mettre le prix si je veux avoir une paire de qualité et ne pas avoir à revenir dans dix jours, mais il faut aussi que j’ai de quoi nourrir les deux monstres à la maison à la fin du mois. » Elle leva une bouille désolée vers Milena. « C’est pas très précis, je suis désolée. » Par les deux monstres tu pensais de suite à des enfants. Tu ne savais pas que Kaecy avait des enfants mais cela ne te regardait pas. Tu pouvais comprendre que tout le monde n’avait pas ton budget. « Ecoute, on peut regarder des modèle et si c’est trop cher tu me le dis d’accord ? » Tu ne voulais pas mettre la jeune femme mal à l’aise, ce n’était pas ton but. Vous commenciez à parcourir les rayons et tu trouvais une paire pas trop mal à tes yeux : « Qu’est-ce que tu penses de celles-là ? C’est noir mais en général c’est le plus neutre et passe partout pour le boulot. » Dis-tu en haussant les épaules.

« Oh et tu édites un genre de bouquins en particulier ? » Kaecy était surprise qu’on s’intéresse autant à son boulot, c’était plus rare. En général, comme ce n’était pas forcément un métier très connu car peu de pratique autour de soi, les gens finissaient pas hocher la tête pas politesse avant de retourner à leurs affaires. « Je suis dans la partie romans. J’ai fait un saut par la section enfant, au tout début, mais je préfère largement mon département actuel. » Parce-qu’elle s’y épanouissait plus et qu’elle prenait plus de plaisir à travailler. « Ca il n’y a qu’en les essayant et en marchant cinq minutes dans le magasin que tu peux savoir si elles sont confortables. » Kaecy fit un sourire à mi-chemin de la grimaces quand Milena lui dit ça. Finalement, elle allait revenir au bureau avec les pieds en feu d’avoir essayé trop de paires de chaussures - et elle allait pleurer en rentrant chez elle ce soir. « Ecoute, on peut regarder des modèle et si c’est trop cher tu me le dis d’accord ? » Elle sourit franchement cette fois ci. « Oui, allons y. C’est comme ça qu’on pourra faire des éliminations. » Les rayons commencèrent rapidement à défiler sous leurs yeux et en voyant Milena s’arrêter rapidement devant une première paire de chaussures Kaecy fut soulagée. Elle semblait vraiment s’y connaître davantage par rapport à elle. « Qu’est-ce que tu penses de celles-là ? C’est noir mais en général c’est le plus neutre et passe partout pour le boulot. » Kaecy pencha sa tête légèrement sur le côté, attrapant une des chaussure de la paire dont Milena parlait. Elle vint la tourner quelques instants devant ses yeux, avant de faire un petit sourire à demi-satisfait. « Je mets une option dessus pour l’essayage parce-que j’aime beaucoup la forme mais j’ai peur que le talon ne soit pas assez stable. » Elle tourna son regard vers Milena. « Ah oui, élément qui complique encore plus la chose: avec la surdité j’ai pas toujours mon équilibre qui est correct. Mais je n’aime que les talons aiguilles, ce qui n’est normalement pas compatible. » Elle eut un petit rire. Parce-qu’en vrai, ce n’était pas du tout la meilleure des missions qu’elle avait demandé à Milena d’accepter. « Mais j’aime vraiment le style. » Elle attrapa la boite qui contenait la paire à sa taille avant de se diriger vers le premier fauteuil d’essayage. « Et toi alors, le travail, comment ça se passe ? »

Editrice … Voilà un métier que tu connaissais bien mal mais tu voyais les contours, tu comprenais plus ou moins ce qu’elle faisait en gros. Tu comprendrais certainement mieux si tu lisais plus de livres mais le temps t’échappait depuis l’ouverture de ton cabinet alors tu te dis que tu en liras plus tard, un jour peut-être. « Je suis dans la partie romans. J’ai fait un saut par la section enfant, au tout début, mais je préfère largement mon département actuel. » Tu n’es pas une experte mais oui, il y a certainement plus de matière dans les romans que dans les livres pour enfants. Certains doivent adorer ça mais peut-être qu’il est aussi bon de changer. Toi tu fais un métier d’expertise dans un domaine bien précis, tu sais que jusqu’à la fin de la carrière tu ne changeras pas de spécialité et cela ne te dérange pas car tu adores la tienne mais cela peut être lassant à force. « L’essentiel c’est de s’épanouir au travail. » Dis-tu avec un sourire et tu le pensais vraiment, vu le temps que tu y passais, heureusement que tu y trouvais ton compte. Kaecy te lança ensuite une sorte de défi car elle te demanda si tu pouvais l’aider à trouver une nouvelle paire de chaussures pour aller bosser. Tu n’avais jamais vraiment voulu être styliste mais quand tu faisais les boutiques avec des amis, tu adorais leur trouver les tenues de leur rêve. Si jamais tu voulais te reconvertir … « Oui, allons y. C’est comme ça qu’on pourra faire des éliminations. » C’est donc gaiement que vous vous mettiez à naviguer entre les différents rayons. Tu cherchais pour Kaecy quelque chose d’assez classique tout en étant un peu original. Et tu finis par lui proposer une paire qui ne sembla pas lui déplaire ni lui plaire non plus. « Je mets une option dessus pour l’essayage parce-que j’aime beaucoup la forme mais j’ai peur que le talon ne soit pas assez stable. Ah oui, élément qui complique encore plus la chose: avec la surdité j’ai pas toujours mon équilibre qui est correct. Mais je n’aime que les talons aiguilles, ce qui n’est normalement pas compatible. » Elle eut un petit rire. Parce-qu’en vrai, ce n’était pas du tout la meilleure des missions qu’elle avait demandé à Milena d’accepter. « Mais j’aime vraiment le style. » La surdité ? Tu ignorais que Kaecy souffrait de surdité. Tu ne fis pas de commentaires à ce sujet et tu essayais de noter la surprise mais même si ce n’était pas le coup de cœur pour la jeune femme, tu ne pus nier qu’elle venait de te donner des informations précieuses pour le reste de la recherche. Elle voulait des talons aiguilles et elle aimait bien ce style. Si ce n’était que ça, vous alliez lui trouver quelque chose. « Laissons celles-là, je vais te trouver autre chose. » Lui dis-tu alors que tu passais au rayon suivant et qu’elle te demandait : « Et toi alors, le travail, comment ça se passe ? » Un sourire se dessina sur ton visage alors que tu regardais une paire en particulier. Mais tu n’étais pas convaincue. « Mon travail m’occupe énormément. J’ai ouvert mon cabinet avec une collègue en avril et les premiers mois sont toujours les plus rudes alors je bosse beaucoup mais ça se passe plutôt bien. » Dis-tu avec un sourire sur les visage avant d’attraper une paire de chaussure dans le même style que tout à l’heure mais avec des talons aiguilles. « Et celles-là ? » Demandas-tu à la jeune femme.

« L’essentiel c’est de s’épanouir au travail. » Kaecy ne put s’empêcher d’acquiescer légèrement de la tête. La jeune femme avait bien raison. Elle avait compris dès le plus jeune âge que si elle voulait être heureuse il fallait qu’elle fasse un métier qui lui plaisait. Elle avait longtemps vu son père travailler juste pour pouvoir subvenir aux besoins de sa mère et de sa fille, n’étant qu’embarqué contre son gré dans son métier alors que ses parents l’avaient aiguillé, forcé dans cette voie. Et même si, au final, aujourd’hui Kaecy devait travailler pour subvenir aux besoins d’autres personne à l’instar de son père, au moins elle avait le loisir de pouvoir exercer un métier qui lui tenait à coeur. Cependant, aujourd’hui, même si elle était venue en partie pour le travail, Kaecy avait une toute autre mission à accomplir et elle devait se remettre à la recherche de la perle rare si elle ne voulait pas faire trop d’heures supplémentaires ce soir. Elle demanda donc de l’aide à Milena, qui sembla d’accord pour lui filer un coup de pouce. La jeune femme lui présenta une première paire de chaussures; ce ne fut pas un coup de coeur pour Kaecy mais elle était prête à les essayer tout de même, parfois les coups de coeur n’arrivaient pas de suite au premier regard. « Laissons celles-là, je vais te trouver autre chose. » Elle haussa un petit sourcil interrogateur, avant de finir par un petit sourire en voyant Milena partir vers un autre rayon. Maintenant qu’elle avait partagé un peu plus de détails sur ses attentes, ses envies en matière de chaussures, peut-être qu’elle allait pouvoir être l’aide ultime qui lui permettrait de ne pas passer douze après-midi dans ce magasin. Kaecy finit par retourner la pareille à Milena et à s’interroger sur son travail actuellement, à savoir si tout se passait correctement ou non. Elle n’avait pas oublié que la jeune femme était avocate, allez savoir pourquoi, c’était un détail qui avait marqué son attention et sa mémoire. « Mon travail m’occupe énormément. J’ai ouvert mon cabinet avec une collègue en avril et les premiers mois sont toujours les plus rudes alors je bosse beaucoup mais ça se passe plutôt bien. » Kaecy eut un petit sourire écho à celui de Milena. « Ca doit vraiment être chouette de pouvoir ouvrir son cabinet et prendre son indépendance de la sorte. Même si la charge de travail doit être conséquente, je veux dire. » Kaecy avait déjà rêvé d’ouvrir sa maison d’édition, d’être celle en charges de tout ce qu’il se passait autour d’elle mais elle n’avait ni le temps, ni la patience actuellement, ni l’argent pour se le permettre. Elle devait déjà tirer pour que la fin du mois soit confortable pour les jumeaux, elle ne pouvait se permettre de mettre de côté de l’argent pour autre chose. « Et celles-là ? » Kaecy releva la tête en direction de la jeune femme, plissant les yeux et agrandissant son sourire au fur et à mesure qu’elle observait la merveille que Milena lui montrait. Elle finit par tendre la main vers la jeune femme pour qu’elle puisse lui tendre la paire de chaussures. « Je les sens très prometteuses. » Elle prit la direction de la banquette la plus proche pour s’y asseoir et tenter de voir si les chaussures allaient être celles pour qui son coeur - et son porte monnaie - allait craquer. « Au fait, je suis désolée de remettre cette journée là sur le tapis mais… Tu as des nouvelles de Matteo depuis, tu sais, l’accident ? » Elle savait Matteo et la jeune femme assez proche, et surtout, Kaecy savait à quel point les dernières années de Matteo n’avaient pas été de tout repos. Il était donc plus fragile, plus enclin à ne pas avoir bien vécu, supporté l’accident de train dans lequel ils s’étaient tous retrouvés quelques semaines plus tôt. Et plusieurs fois, Kaecy s’en était inquiétée, mais il était vrai qu’elle n’avait pas encore pris le temps de prendre des nouvelles du jeune homme - elle s’en voulait beaucoup pour ça d’ailleurs.

Nordstrom c’est ton rayon, les chaussures encore plus. Tu n’avais jamais réellement pris le temps de faire la connaissance de Kacey auparavant mais il semblait que cette petite sortie shopping improvisée soit la bonne occasion. Tu venais d’ailleurs d’apprendre qu’elle était éditrice et tu n’avais aucun mal à imaginer que comme dans ton travail, il fallait bien présenter comme aiment le dire certains. Tu comptais donc trouver les chaussures parfaites pour la jeune femme autant pour ce qui était de ses goûts que de son travail. Tu te mis donc en quête de la paire parfaite tout en continuant de discuter avec la demoiselle. Ton premier essai se révéla être le mauvais mais le fait que Kaecy te dit ne pas aimer cette paire te permit de taper la prochaine fois dans une autre gamme, un autre style. C’est ainsi que tu te retrouvais à dire à la jeune femme que tu avais ouvert ton cabinet. Tu ne pouvais nier aimer placer cette information dans la conversation car il était fort probable que quand les gens penseraient à se chercher un avocat, ils penseront à toi. Et tu ne peux rêver de mieux que de recruter de futurs potentiels clients. C’est peut-être un peu égoïste mais il faut bien faire vivre son business n’est-ce pas ? « Ca doit vraiment être chouette de pouvoir ouvrir son cabinet et prendre son indépendance de la sorte. Même si la charge de travail doit être conséquente, je veux dire. » Ca avait toujours été un rêve pour toi, un rêve que tu avais pu envisager à ton départ à Brisbane. Quand tu vivais à New York, le deal était plutôt de reprendre le cabinet de ton père, la direction seulement, tu ne pourras pas reprendre son poste d’avocat d’affaires. Créer un autre avocat avec le nom Grimes n’avait pas de sens. Mais en arrivant à Brisbane, tu étais tombée sur Heather et les choses s’étaient faites de manière naturelles. « En effet, c’est une charge de travail importante mais quand on aime on ne compte pas. » Lui dis-tu avec un sourire. « J’espère que tu pourras te lancer de ton côté un jour également si tu le souhaites. » Ce n’était pas donné à tout le monde et beaucoup avaient des soucis financiers pour se lancer chose que tu n’avais jamais connu de ton côté. Mais si on est motivé et que l’on vit pour son travail comme tu avais trop souvent tendance à le faire, tu ne vois pas comment il est possible de résister à la tentation. Finalement, tu tombes sur la paire que tu cherches sans réellement le savoir depuis un petit moment. Tu sens qu’elle remplit tous les critères. Tu n’hésites pas une seconde à la montrer à Kaecy. « Je les sens très prometteuses. » Un sourire en coin se dessine sur ton visage alors que tu l’accompagnes vers les canapés destinés à l’essayage. « Si c’est la bonne taille j’irai demander l’autre pied. » Lui dis-tu avec un sourire en la laissant s’installer et essayer la chaussure. Alors qu’elle était en train d’enlever les siennes, elle te surprit avec une question à laquelle tu ne t’attendais pas. « Au fait, je suis désolée de remettre cette journée là sur le tapis mais… Tu as des nouvelles de Matteo depuis, tu sais, l’accident ? » Tu sens un frisson te parcourir le dos et sans pouvoir le contrôler, tu sens ta cicatrice te picoter sous la jupe. Cette journée avait laissée des traces, des traces qui ne s’effaceront jamais réellement même si tout le monde continue à vivre bien entendu. Il se trouve que tu as vu Matteo depuis l’accident, tu réponds donc à la jeune femme. « J’ai vu Matteo il y a peu de temps, on s’est fait une soirée tacos chez moi. Il … Je pense qu’on a tous été assez marqué de l’accident mais sa main est comme neuve, du moins elle l’était presque. C’est les souvenirs de tous ces morts. » Vous n’en aviez pas discuté en détail, tu ignorais ce qu’il avait vu réellement peu encline à t’épancher sur le sujet de ton côté aussi. « Il ne va pas trop mal vu les circonstances. » Finis-tu par dire avec un sourire.

« En effet, c’est une charge de travail importante mais quand on aime on ne compte pas. » Kaecy ne put s’empêcher de répondre au sourire de la jeune femme. Elle comprenait très bien de quoi elle parlait. Il fut un temps où elle ne comptait plus ses heures de travail, passionnée parce-qu’elle faisait. « J’espère que tu pourras te lancer de ton côté un jour également si tu le souhaites. » Fronçant légèrement le bout du nez, elle vint hausser les épaules. « J’y avais déjà pensé, j’avoue. Mais avec les jumeaux, c’est devenu plus délicat de penser à ce genre de chose. Peut-être quand ils seront plus grand, si j’ai encore le temps et la patience de me lancer dans ce genre de projet, je verrai. » Parce-que financièrement, elle ne pouvait clairement pas se permettre de lancer un projet qui lui occuperait beaucoup. Elio et elle se devaient de faire attention à leurs dépenses pour être surs que les jumeaux ne manquent de rien. Les petits plaisirs étaient devenus assez rares, Kaecy était juste obligée de faire une entorse à la règle aujourd’hui pour le boulot - la paire de chaussures que lui apportait d’ailleurs Milena promettait beaucoup. « Si c’est la bonne taille j’irai demander l’autre pied. » Et alors que la jeune femme s’asseyait aux côtés de Kaecy, attendant de voir si sa trouvaille était aussi prometteuse que prévu, Kaecy ne put s’empêcher de lui poser une question qui était sur le bout de sa langue depuis le début. C’était un sujet délicat, elle le savait pour l’avoir mis assez souvent de côté lorsqu’on lui posait une question dessus. Moins elle y pensait, mieux elle se porterait elle s’était dit. Mais elle avait besoin au fond d’elle d’avoir des nouvelles des autres personnes qui étaient elles aussi présentes. « J’ai vu Matteo il y a peu de temps, on s’est fait une soirée tacos chez moi. Il … Je pense qu’on a tous été assez marqué de l’accident mais sa main est comme neuve, du moins elle l’était presque. C’est les souvenirs de tous ces morts. » Kaecy baissa délicatement la tête. Elle ne savait que trop bien ce à quoi Milena faisait références. Ses nuits n’étaient pas toutes forcément calmes de son côté à elle non plus, à cause de ça. « Il ne va pas trop mal vu les circonstances. » Finissant par enfiler sa chaussure telle Cendrillon, elle finit par avoir un petit soupire en relevant le regard vers la jeune femme. « Je n’ai pas eu le temps de le revoir, depuis. Je m’en veux un peu j’avoue. Juste… J’espère que ça ne va pas le ramener trop à d’autres souvenirs. Ou lui rapporter des souvenirs dont il ne voudrait pas. » Elle fit une petite moue, finissant par toper une des vendeuses qui passait dans le coin pour lui demander la deuxième chaussure de la paire. La première enfilée semblait aller parfaitement, mais Kaecy avait besoin de teste son équilibre debout, à deux chaussures aux pieds. « Vous êtes proches, Matteo et toi, non ? » Ce ne fut qu’une fois que la question fut posée que Kaecy se rendit comptes à quel point c’était indiscret. Surtout qu’au final, Milena et elle ne se connaissaient pas si bien que ça. Poser cette question là à Matteo aurait presque ete normal. À elle ? Beaucoup moins déjà. « Désolée, ce n'était pas une question à poser, ça ne me regarde pas. » Un petit sourire désolé vint s’emparer de son visage et Kaecy se tournait de nouveau vers la vendeuse alors qu’elle l’avait vu arriver du coin de l’oeil. « Merci à vous. » Elle enfila rapidement la deuxième chaussure avant de venir se mettre debout devant Milena et de faire quelques pas pour les tester.

Monter ton propre cabinet d’avocat a toujours été un rêve. Quand tu habitais à New York il s’était un peu transformé car vu que tu étais la seule enfant Grimes à t’être lancée dans une carrière judiciaire, ton père avait toujours parlé de te léguer son cabinet. Mais tu avais désormais quitté New York pour toujours et tu avais donc pu réaliser ton rêve. Si ce cabinet marchait bien aujourd’hui c’était grâce à toi. A Heather aussi bien sûr mais à toi en grande partie et cela te rendait fière. Voilà pourquoi tu souhaitais la même chose à Kaecy. « J’y avais déjà pensé, j’avoue. Mais avec les jumeaux, c’est devenu plus délicat de penser à ce genre de chose. Peut-être quand ils seront plus grand, si j’ai encore le temps et la patience de me lancer dans ce genre de projet, je verrai. » La jeune femme avait raison. Elle était jeune, elle avait encore le temps de monter ce projet si elle le désirait. Mais ce qui attira ton attention dans cette phrase fut plutôt autre chose. Des jumeaux ? Tu ne savais pas que Kaecy était maman, cela n’était jamais venu dans la conversation. Ton cœur se serra soudainement. S’il y a bien quelque chose qui te manquait dans ta vie, c’était bien ça. « Oh tu es maman de jumeaux ? » Demandas-tu curieuse avant de rajouter : « Mais tu as raison, tu as encore le temps. Cela demande beaucoup d’énergie et de temps pour monter ce genre de projet, on ne peut pas le faire à moitié. » Toi tu avais toujours tout sacrifié à ta carrière et même si tu voulais un enfant, tu n’avais rien sacrifié lorsque tu avais ouvert ton cabinet car tu n’avais même pas un prospect en vue. Pathétique n’est-ce pas ? Mais tu refusais de penser à cela. Te concentrer sur les chaussures et sur la recherche de la paire parfaite pour Kaecy te paraissait bien plus intéressant. Tu finis par lui trouver une paire qui correspondait à la description qu’elle t’avait donnée et qui semblait lui taper dans l’œil. Parfait ! Il était donc temps de passer aux essayages. C’est d’ailleurs pendant qu’elle passait la chaussure, un peu comme Cendrillon que Kaecy aborda un sujet auquel tu ne t’attendais pas vraiment. Enfin, tu aurais dû, Matteo était votre ami commun après tout mais tu ne t’attendais pas à ce qu’elle te parle de l’accident de train et pas qu’elle avoue avoir été présente elle aussi. « Je n’ai pas eu le temps de le revoir, depuis. Je m’en veux un peu j’avoue. Juste… J’espère que ça ne va pas le ramener trop à d’autres souvenirs. Ou lui rapporter des souvenirs dont il ne voudrait pas. » Tu sens que c’est quelque chose que tu aurais dû savoir. Mais tes souvenirs du train n’étaient pas toujours clairs. Tu avais perdu beaucoup de sang, tu ne te souvenais que des visages qui t’avaient abordés, qui avaient pris le temps de te parler et tu ne te souvenais pas de Kaecy. « Vous êtes proches, Matteo et toi, non ? » Sa question te sortit brutalement de tes pensées pour te ramener à la réalité. Quoi ? Est-ce que Matteo et toi vous étiez proches ? Oui, plus ou moins, vous étiez de très bons amis mais quelque chose te disait que ce n’était pas ce que la jeune femme te demandait. « Désolée, ce n'était pas une question à poser, ça ne me regarde pas. » Non, cela ne la regardait certes pas mais elle ne pouvait nier être curieuse, c’était écrit sur son visage. Tu la laissais enfiler le second pied et se mettre debout avant de lui dire : « Matteo est un très bon ami à moi. Je l’ai rencontré quelques mois après être arrivée à Brisbane et je pense qu’on s’est bien trouvés. » Tu le pensais vraiment. Il était apparu clair que Matteo souffrait de ce retour brutal sur ses terres natales alors que toi, tu avais besoin de nouvelles accroches, de nouveaux amis. Vous avez été là l’un pour l’autre mais pas comme Kaecy le pensait. « Tu devrais aller le voir, je suis persuadée qu’il ne t’en voudra pas. » Lui dis-tu avec un petit sourire avant de pointer du doigt les chaussures et de lui demander : « Alors ? Verdict ? »

« Oh tu es maman de jumeaux ? » Et comme à chaque fois qu’on lui posait la question, désormais, Kaecy ne pouvait s’empêcher d’avoir un petit rire. Car même si elle grandissait, vieillissait, elle trouvait ça toujours étrange que les gens puissent réellement la considérer comme une maman - une vraie. Pour elle, elle était toujours que cette jeune femme. « Pas réellement non, ce ne sont pas les miens. Ce sont les neveux de mon meilleur ami, il a du les prendre sous son aile et il avait besoin d’aide; je suis donc venue à la rescousse. » Et comme à chaque fois qu’elle se devait d’expliquer, elle terminait son commentaire par un petit sourire pincé, juste poli, toujours désolé. L’histoire de Leah commençait à dater désormais, mais elle ne pouvait s’empêcher de la ressentir comme au premier jour, de la voir tous les jours dans les yeux d’Elio, dans les rires des jumeaux. « Mais tu as raison, tu as encore le temps. Cela demande beaucoup d’énergie et de temps pour monter ce genre de projet, on ne peut pas le faire à moitié. » Kaecy ne put la contredire. « C’est pour ça que je préfère attendre un peu, prendre le temps et mettre ça de côté pour y résonner plus tard quand j’aurai réellement le temps. » Elle finit sa phrase en attrapant la paire de chaussures qu’on lui tendait. Les deux escarpins vinrent d’ailleurs trouver ses pieds alors que le sujet de la conversation dérivait sur Matteo. Une question, un peu maladroite, beaucoup trop déplacée, vint à être formulée par Kaecy, alors qu’elle aurait préféré garder ça en pensée, pour elle. Elle s’en voulait que la question lui ait échappé, elle n’aurait pas voulu surtout qu’elle sorte comme ça, de façon aussi crue. Kaecy était quelqu’un qui faisait attention, en règle générale; elle mesurait ses mots pour être sûre de ne pas tant blesser que ça la personne en face, ou la mettre mal à l’aise. Là, sa vigilance avait été diminuée il fallait croire. Et puis parler de Matteo la mettait tout le temps dans un état qu’elle ne saurait réellement qualifier, mais elle n’était jamais réellement dans son assiette - et elle s’en voulait toujours pour ce qui était arrivé à Matteo, même si ce n’était pas sa faute. « Matteo est un très bon ami à moi. Je l’ai rencontré quelques mois après être arrivée à Brisbane et je pense qu’on s’est bien trouvés. » La réponse de Milena calma quelque peu les nerfs de Kaecy qui commençait à faire des noeuds. Elle ne voulait pas que la jeune femme lui ne veuille pour quoi que ce soit, car elle ne tentait pas de l’offusquer. Elle eut alors un petit sourire d’excuses en direction de Milena, qui même si elle devait elle aussi trouver la question non-appropriée, y avait quand même répondu. « Tu devrais aller le voir, je suis persuadée qu’il ne t’en voudra pas. » Le sourire de Kaecy se fit plus tendre aux paroles de la jeune femme. Elle avait surement raison; Matteo n’était pas du genre à en vouloir aux gens pour ce genre de choses, de bricoles. Et puis, de ce qu’elle avait compris de la part d’Heidi, c’était qu’il y avait surtout une personne à qui il en voulait depuis qu’il était revenu à Brisbane et c’était loin d’être Kaecy. « Tu as surement raison. » un nouveau petit sourire fut étiré sur son visage. « Et encore désolée de la question. Matteo a quand même de la chance d’être tombé sur toi. » Elle le pensait sérieusement. Milena semblait être une jeune femme adorable et qui se souciait de lui. Et c’était ce dont il avait besoin désormais, de personnes qui prenaient soin de lui. Finalement, la jeune femme finit par lui pointer du doigt les chaussures qu’elle avait aux pieds et avec lesquelles elle piétinait depuis quelques minutes. « Alors ? Verdict ? » Kaecy vint se rasseoir aux côtés de Milena sur la petite banquette, avant d’avoir un grand sourire, un vrai, franc. « Franchement ? Tu avais raison, elles sont superbes, je vais craquer pour celles ci je pense. » Ce n’était pas grand chose, un petit coup de main pour trouver une paire de chaussures, mais Kaecy savait que pour une fois elle ferait un bon investissement. Et puis, elle devait avouer qu’elles étaient réellement confortable, ce qui serait un atout majeur pour le travail. « J’espère que je ne t’ai pas trop retardé dans ta fin de matinée, mais merci à toi en tous cas d’être restée avec moi. »

Tu ne compris pas de suite pourquoi Kaecy rit à ta question. Elle était plus jeune que toi certes mais à son âge elle pouvait déjà être maman non ? « Pas réellement non, ce ne sont pas les miens. Ce sont les neveux de mon meilleur ami, il a du les prendre sous son aile et il avait besoin d’aide; je suis donc venue à la rescousse. » Un sourire se dessine sur ton visage. Le meilleur ami de la jeune femme doit en avoir de la chance parce que les personnes prêtes à vous aider dans ce genre de situation doivent se compter sur les doigts d’une main. Tu ne savais pas depuis combien de temps elle aidait son meilleur ami à s’occuper de ses neveux mais elle en parlait un peu comme si c’était les siens. « Ton meilleur ami en a de la chance. Ca doit te prendre beaucoup de temps en effet. » Voilà aussi pourquoi il était important pour toi d’ouvrir ton cabinet d’avocat maintenant. Tu avais envie d’être maman dans le futur et tu savais que quand tu le seras, tu auras moins de temps pour ton travail. Alors il est important de mettre le cabinet bien en route avant de te lancer dans ce projet, si un jour tu as la chance de pouvoir le réaliser. « C’est pour ça que je préfère attendre un peu, prendre le temps et mettre ça de côté pour y résonner plus tard quand j’aurai réellement le temps. » Tu lui souris. L’entreprenariat c’est une étape et une étape qui coute du temps. Tu ne doutes pas que les neveux de son meilleur ami vont grandir et qu’il pourra les gérer tout seul à un moment donné laissant certainement à la jeune femme la possibilité de se lancer dans des projets qui lui permettront d’avancer elle dans sa vie. Tu l’espères en tout cas et tu le lui souhaites. Tu décides de ne rien répondre et votre attention se porte sur une paire de chaussures que tu penses être parfaites pour Kaecy. Cette dernière accepte de les essayer ce qui vous pousse sur les canapés. La jeune femme te parle alors de Matteo qui n’est autre que la personne que vous aviez en commun, qui vous a permis de vous rencontrer. Tu n’es pas réellement surprise de la question posée par la jeune femme et cela ne te dérange pas de réponse. Ce n’était pas comme si Matteo et toi aviez une relation secrète ou quoi que ce soit dans ce genre. « Tu as surement raison. Et encore désolée de la question. Matteo a quand même de la chance d’être tombé sur toi. » Vous aviez surtout de la chance d’être tombés l’un sur l’autre, c’est comme ça que tu voyais les choses de ton côté. Matteo avait été là pour toi autant que tu avais été là pour lui. Tu essayais de lui changer les idées le plus possible, de lui faire oublier sa perte de mémoire quand vous étiez ensemble. Chose assez simple car il n’avait pas à se souvenir de toi dans une autre vie. « Nous avons de la chance d’être tombés l’un sur l’autre. Mais Matteo a de la chance de t’avoir aussi. Le savoir bien entouré me rassure vu ce qu’il doit affronter. » La perte de mémoire, la situation avec son ex … Enfin, pleins de choses qui font que ce n’est pas simple pour lui aujourd’hui. Kaecy essaye alors les chaussures que la vendeuse vous a amenées à sa taille. Elle fait quelques pas et tu ne peux t’empêcher de lui demander ce qu’elle en pense. « Franchement ? Tu avais raison, elles sont superbes, je vais craquer pour celles ci je pense. J’espère que je ne t’ai pas trop retardé dans ta fin de matinée, mais merci à toi en tous cas d’être restée avec moi. » Tout le plaisir était pour toi. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut se faire une petite sortie shopping bien accompagnée. Tu les faisais seules la plupart du temps. « L’essentiel c’est que tu aies trouvé la bonne paire. Et tout le plaisir était pour moi, ça nous a permis de faire plus amplement connaissance. » Dis-tu sincèrement car avant aujourd’hui Kaecy était un nom associé à un visage que tu croisais de temps en temps. Regardant ton téléphone, tu vis qu’il était temps d’y aller. « Je vais devoir te laisser par contre, il faut que je file. Mais à une prochaine fois ! » Dis-tu avant de prendre la jeune femme dans tes bras pour lui dire au revoir et avant de filer du centre commercial. Tu n’as rien acheté finalement mais ce n’est pas grave, ce n’est pas le plus important.

the end