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 le charme des causes perdues d'avance | phoenix

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Message(#)le charme des causes perdues d'avance | phoenix EmptyMar 30 Mai 2017, 17:04

le charme des causes perdues d'avance
EXORDIUM.

Angelina Gilmore tendit les dernières liasses de billets comptées à son patron Carlos. Celui-ci la regarda avec un air suspicieux, les erreurs caisses s’étaient enchaînées ces derniers temps et le doute planait sur l’honnêteté du personnel. Angelina travaillait depuis des années au Canvas et elle aurait clairement pu se sentir insultée d’être mise dans le même panier que les autres mais au lieu de ça elle se contenta de soutenir le regard de son patron avant de tourner les talons. Elle était douée avec les chiffres et ce n’était pas une voleuse, elle n’avait jamais fait d’erreur caisse de sa vie et les regards plein de méfiance de son patron la laissait totalement indifférente. Elle pensait même savoir qui s’en mettait plein les poches discrètement parmi le staff mais Carlos était tellement exécrable avec elle ces derniers temps qu’il méritait bien de se faire avoir encore quelques temps. Angelina traversa le bar tandis que le reste de l’équipe terminait de nettoyer, retournant les chaises sur les tables et lavant à grande eaux le sol tâché d’alcool et autres immondices ramenées par les clients du Canvas. Elle se dirigea vers les vestiaires où elle entreprit d’ouvrir son casier pour enfiler son perfecto. Elle hésita à changer de chaussure puis décida de garder ses éternelles cuissardes. L’air australien s’était bien rafraichi en cette période et Angelina ne voulait pas prendre le risque de tomber malade et de refiler ses misères à son bébé doudou âgé seulement de trois ans. Elle prit son casque de moto, caché au fond de son casier sous un pull noir, espérant qu’elle n’aurait pas trop froid sur sa bécane.
Au moment de partir, la belle australienne jeta un coup d’oeil à son reflet dans le miroir. Ses grands yeux bleus la fixaient. Sa moue boudeuse naturelle lui donnait cet air insolent et désinvolte qui divisaient le monde entre deux catégories : celle qui la trouvait sexy, l’autre qui la trouvait insupportablement effrontée. Le syndrôme de la resting bitch face résumait l’histoire de sa vie. Angelina passa une main dans son épaisse crinière noire de jai. La fatigue se lisait sur ses traits, elle approchait de ses trente ans et elle pensait de plus en plus souvent à ce qu’elle ferait ensuite. Elle ne pourrait pas être barmaid advitam eternam, même si elle sentait que Carlos n’allait pas tarder à lui redonner le poste de manager qu’elle occupait avant de quitter l’Australie pour Hawaï lorsqu’elle avait appris sa grossesse. Cette vie commençait à se ternir, elle avait besoin de changement

La porte de service claqua derrière elle et Angelina fit quelques pas lorsque soudainement elle sentit quelqu’un la plaquer contre le mur, deux grosses mains prenant possession de sa gorge fragile. La belle brune étouffa un cri complètement fatiguée, puis senti tout son corps se raidir et l’air lui manquer. Son casque de moto chuta violemment sur le sol alors qu’elle tentait de comprendre ce qui était en train de se passer. “Alors tu fais moins la maligne hein? Quand tu m’as envoyé chier toute à l’heure devant tes collègues tu te croyais drôle!” Angelina cherchait de l’air à tout prix, enfonçant ses ongles dans les mains qui retenaient sa gorge avec fermeté, les yeux exorbités elle n’arrivait même pas à reconnaître son agresseur bien qu’elle se doutait qu’il devait être un client éconduit. Ses pieds suspendus au dessus du sol battaient le mur en brique, le visage de son fils lui passa devant les yeux, puis celui d’Arthur et de sa mère biologique. Voilà, on y était. Elle allait crever ici comme une merde dans cette ruelle miteuse dans l’indifférence collective et la moiteur de la nuit australienne...

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Message(#)le charme des causes perdues d'avance | phoenix EmptyJeu 06 Juil 2017, 22:17

le charme des causes perdues d'avance
Well I got my heart up in a beautiful mess
Angelina ✧ Phoenix
Bordel à queue pourquoi j’arrivais pas à la dégager de ma tête? Pourquoi je pouvais pas juste réaliser que j’avais halluciné comme un forcené et passer à autre chose ? Pourquoi mon cerveau se cramponnait à la pulsion barrée de la revoir, cet enfoiré de maso ? C’était un terrain salement glissant et j’avais aucune envie de m’y croûter. Ça crevait les yeux que c’était une idée de merde pour tout un tas de raisons, et même si j'étais trop fatigué de partout pour prendre le temps de les énumérer clairement, il était méchamment visible, le voyant rouge qui clignotait l’air de dire « reste à distance, connard ». Mais ça changeait rien. Parce que depuis que je l'avais vu l'autre nuit, je pensais plus qu’à elle. Et peut-être que j’aurais du la faire, la liste des raisons, parce qu’un soir le clignotant il a pas suffit, et je me suis retrouvé à errer l’air de rien jusqu’au bar où elle travaillait. Elle était là, derrière son comptoir, avec tout son aplomb et son charme et ses lèvres et c’était flippant à quel point c’était grisant de la regarder. Alors pour me rassurer je m’étais posé des limites : je lui parlerais pas et je me ferais pas remarquer et j’y retournerais plus jamais après. Sauf qu’apparemment j’avais aucune volonté et ça c’est pas vraiment passé comme ça. J’y suis retourné dés le lendemain, et le jour d’après, et bientôt c’est devenu une sorte de rituel.

Je savais à quel point c’était pathétique et tordu, je me sentais con, je me sentais sale… et ça m’empêchait pas de continuer. Je trouvais des excuses pour sortir tous les soirs, comme un amant infidèle. Je me calais dans un coin du bar, et je le regardais. Et alors c’était presque comme si j’étais avec Paige. Comme si j’avais remonté le temps à notre première rencontre. Comme si j’avais une deuxième chance. Je pensais pas aux causes ni aux conséquences, je regardais pas à l’intérieur, je me perdais dans l’illusion. Des fois je voyais Paige. Des fois cette inconnue. Des fois les deux. J’essayais même pas de me suivre ou de comprendre la bourrasque d’émotions contradictoires que ça provoquait à l'intérieur. C'était un satané foutoir, ça c'est sûr, bourré de remords et de joie et de désir et de honte et de culpabilité... Putain la culpabilité elle explosait tous les compteurs. J’étais trop conscient du fait que je délaissais Leila, une fois de plus, que je trahissais Paige, que j'épiais une femme qui n'avait rien demandé… dans le genre crevure on fait difficilement mieux. Mais j’avais pas la force de m’affronter en face de toute manière alors j'y pensais pas. J’étais en chute libre et j’essayais même pas de me raccrocher à quoi que ce soit. Si, je me raccrochais à elle. A cette illusion. Et ça me remplissait. C’était de la fumée, j’en avais conscience, mais ça changeait rien, j’étais accro.

Parfois, l’air de rien, je la suivais même en dehors du bar, jusqu’à ce qu’elle parte sur sa meule. Et merde alors, elle avait une méchante classe, elle aussi. Je me disais que c’était pour sa sécurité, par passion de la bécane, par rêvasseries innocentes, tout ça… n’empêche, j’étais un vicieux de voyeur. Elle avait jamais capté qu’un connard pas franchement net lui rôdait autour, merci, sinon elle aurait sacrément flippé… ou alors elle m’aurait cassé la gueule, au choix. Et vu le caractère de ma demoiselle pas en détresse, je penchais plutôt pour la deuxième option. Mais jusque là mon voyeurisme c’était déroulé sans encombre. Là où ça partait en couille, c’est quand je voyais des types s’approchaient d’elle. Et incontestablement, vu son taffe et son charme et sa beauté, ça arrivait un trop souvent à mon goût. Attachement tordu, possessivité mal placée, je devais méchamment ronger mon frein pour pas leur foncer dans le lard et leur refaire le portrait façon cubisme, à tous ses prétendants. Comme si elle était un peu à moi, quelque part. J’avais jamais été du genre jaloux avant alors c’était une première, et c’était avec une parfaite inconnue. Mais j’intervenais pas. C’est la limite que je m’étais fixée, de pas intervenir. Et quand ça devenait trop, je me barrais.

Ce soir-là, comme tous les soirs, le bar a fini par fermer ses portes et le vigile m’a gentiment fait signe de tailler la route. Alors c’est ce que j’ai fais. Dehors, je me suis appuyé contre le mur près de la porte et je me suis allumé cigarette sur cigarette, parce qu’il fallait que je m’arrache mais que j’en avais pas envie. J’ai contemplé ma vie l’espace d’une seconde, mais ça m’a pas plu, alors j’ai arrêté. Ensuite je l’ai vu sortir du bar, avec sa cascade de cheveux noirs, ses cuissardes et son casque de moto. J’ai dégluti et je l’ai suivi du regard jusqu’à ce qu’elle bifurque dans une allée. Ma parole c’était pas humain d’être aussi attirante. Je suis resté planté là pendant un moment, j’ai tiré une dernière latte sur ma garrot et puis je l’ai jeté par terre. J’ai enfoncé mes poings dans les proches de mon sweat et à contrecœur j'ai tourné les talons. C’est là que j’ai cru entendre une sorte de cri étouffé suivi d’un bruit sourd. En temps normal j’y aurais probablement pas prêté attention parce que j’en avais un peu rien à foutre de ce que les gens faisaient de leur vie, mais là ça venait de la ruelle où ma barmaid s’était engouffré, alors ça changeait tout. J’ai froncé les sourcils avec un pressentiment un peu moche dans les trippes et je me suis approché.  

Quand je l’ai vu, suffoquée et plaquée contre le mur par ce type et ses mains dégueulasses, je suis devenu fou. J’ai pas réfléchi, j’ai mordu direct, comme un vrai chien de garde, et je me suis jeté sur lui. Il a tout juste eu le temps de tourner sa sale gueule vers moi que mon poing s’écrasait contre son arcade sourcilière. Et j’y ai mis tellement de force que ça s’est aussitôt mis à pisser le sang. Il a lâché prise et il a reculé de quelques pas et j'ai aussitôt mis mon inconnue derrière moi. Ça se voyait qu’il était pas net et c’était pas franchement un combat à la loyal mais putain j’avais aucune pitié pour lui. De base les raclures en son genre qui s’en prenaient aux femmes et aux plus faibles qu’eux ça me donnait des envies de meurtres, mais alors là ma parole il s’était attaqué à la mauvaise personne. Il a bien fait mine d’allonger un crochet dans ma direction pour la forme et il a insulté ma mère au passage et alors moi j’ai attrapé son crâne et j’ai commencé à l’éclater contre le mur. Il est tombé par terre comme un gros sac de pomme de terre mais j’en avais pas fini avec lui alors je me suis penché par dessus pour le choper par le col et le ruer de coups. Pendant un temps, il a essayé de m’agripper la gorge - c'était son truc apparement à ce baltringue - et puis il a fini par juste essayer de se protéger avec ses mains, mais il y avait rien à faire. Le sang continuait de gicler et moi je pouvais plus m’arrêter. Le visage déformé par la haine, je captais plus rien. J’ai même pas réalisé quand le type a arrêté de bouger après un moment. Moi je le tenais toujours par le col et je martelais sa gueule de mon poing, encore, et encore, et encore. J’étais déchiré. Un putain de clébard enragé.

- PLUS UN GESTE ! LES MAINS EN L’AIR !

Je me suis figé sur place. Sans lâcher le sac à merde, j’ai regardé derrière moi et j’ai vu un petit bonhomme bedonnant me courir dessus avec son flingue braqué sur moi. J’ai mis un peu trop de temps à redescendre de ma transe et percuter. Et quand j’ai réalisé qu’il s’agissait d’un putain de lardu j’ai aussitôt reporté mon attention sur la raclure qui pissait le sang entre mes doigts et j’ai réalisé que j’avais méchamment merdé. J’étais sensé avoir une conduite exemplaire si je voulais pas perdre ma fille aux services sociaux, et là avec la gueule défoncée de connard, ça sentait pas bon pour ma pomme. J’ai essayé de réfléchir le plus vite possible à une solution pour me sortir de cette situation de merde, mais rien ne venait et le petit képi venait de réitérer.

- Putain de merde…

J’ai lâché le col du baltringue et je me suis redressé, les mains en l’air. Contre toute attente, le condé il m’a regardé et puis il a regardé ma barmaid et puis il a regardé la fiotte par terre et alors il a rangé son arme.

- Déguerpissez ! Qu’il a dit avec un mouvement de tête sur le côté, c’est pas la peine que vous soyez mêlé à ça. Et inutile de traumatiser mademoiselle plus encore, occupez-vous donc d’elle ! J’ai la situation bien en main. Allez, allez, fichez moi le champ !

Et moi j’en revenais tellement pas que je suis resté planté comme un con l’espace d’un instant. Je voyais pas très bien en quoi j’étais pas déjà « mêlé à ça », vu que la merde gisant sur le sol était hors service à cause de moi, et je le trouvais un peu rapide à rendre service aussi, ce qui était pas franchement dans leur nature, aux képis. Et puis je me suis dis que ça devait être une histoire d’honneur, qu'il avait sans doute vu la scène se dérouler de loin et qu’il avait été trop lent à bouger son cul pour intervenir à temps, et maintenant il voulait s’accaparer l’arrestation d’un agresseur pour redorer un peu son image. Mais en fait j’en avais rien à foutre de ses raisons et si je pouvais fracasser un connard et éviter des embrouilles avec la justice après c’était gagnant-gagnant. Alors j’ai hoché la tête et j’ai foutu le camp. Derrière, j’ai entendu notre ami déclarer fièrement qu’il en « tenais un » dans son talkie-walkie, et je me suis dis qu’incontestablement cet endroit allait être infesté de lardus dans les minutes à suivre et qu’il fallait vraiment que je me tire d’ici. Mais ensuite mon regard s’est posé sur ma barmaid qui avait l’air méchamment secouée et je savais pas trop si c’était à cause du connard qui l’avait agressé ou bien de celui qui avait laminé la gueule du premier. Je me suis passé les mains sur le visage pour me rassembler et puis je me suis approché d’elle.

- You alright?

© Starseed


Dernière édition par Phoenix Ellsworth le Jeu 27 Juil 2017, 03:11, édité 1 fois
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Message(#)le charme des causes perdues d'avance | phoenix EmptyVen 07 Juil 2017, 12:10

le charme des causes perdues d'avance
EXORDIUM.

L'air venait à lui manquer. Elle sentait tout son corps s'engourdir et un voile blanc lui était tombé devant les yeux. C'était trop tard, son cerveau ne répondait plus. Ses muscles ne répondaient plus. Elle continuait de lutter, enfonçant ses longs ongles vernis de rouge dans les mains de son agresseur, en vain. Des veines lui couraient le long du cou et son teint tourna au blafard, elle dont la peau était déjà diaphane. Elle n'attends qu'une chose : que ça s'arrête. Que la douleur  cesse et que tout devienne noir une bonne fois pour toutes. Une sorte de douce délivrance de cette vie sans saveur. Sans autre odeur galvanisante que la peau de bébé de son fils. Bientôt elle ne fera plus partie de ce monde et ça sera sans doute mieux ainsi. Ses parents trouveront la paix, Arthur aura son fils à lui seul et tout le reste serait sans importance. De toute manière ça tient à quoi la vie, hein ? Quel serait votre argument si vous deviez lutter pour votre survie ?

Et soudainement, tout a basculé. Angelina retoucha le sol et manqua de tomber à terre lorsque quelqu'un l'a propulsé hors d'atteinte de son agresseur. Le monstre avait lâché prise et Angelina mit un moment avant de comprendre pourquoi. Une giclée du sang arrosa son décolleté et elle écarquilla les yeux devant le spectacle d'une violence extrême qui se déroulait sous ses yeux. Elle était terrorisée, incapable de parler, sans doute parce que sa gorge lui faisait atrocement mal et qu'elle était déjà occupée à tenter de reprendre son souffle, les mains autour de son cou pour apprivoiser la douleur. Elle savait qu'elle aurait du dire à son grand sauveur d'arrêter mais elle en était incapable, elle était hypnotisée par le coup et le bruit des os qui se fracturait sous les poings de l'homme qui l'avait libéré de l'étreinte de la mort. Elle reconnut le visage de son agresseur entre deux coups. Il avait tenté de lui toucher le visage par dessus le comptoir quelques heures plus tôt, il était ivre, accompagné de ses potes et évidemment Angelina ne s'était pas laissé faire, le repoussant violemment. Cela avait provoqué le rire de ses collègues, habituée à voir Angelina remettre les clients un peu trop entreprenants à sa place. Elle l'avait sermonné, lui conseillant d'aller dans la boite de strip-tease de la ville s'il était d'humeur à avoir les mains baladeuses. Bordel. Carlos l'avait prévenu plusieurs fois, de toujours sortir du bar en même temps que quelqu'un d'autre. Son patron était peut-être un sacré enfoiré, mais il prenait soin de ses filles. Angie regrettait amèrement de ne pas l'avoir écouté.

Le bal des coups continuait, Angelina était enfin parvenu à reprendre son souffle et elle eut la force d'élever enfin la voix, tentant de s'approcher de la rixe pour la faire cesser. "Stop! Stop! You're gonna kill him ! Stop it now!" Mais son sauveur ne l'écoutait pas, il était comme possédé. Angelina ne parvenait pas à distinguer son visage mais son langage corporel ne laissait que très peu de doute à l'état dans lequel il allait laisser ce sale type. Angelina était en train d'assister à un meurtre pour la deuxième fois de sa vie et la poupée adoptée des beaux quartiers commençait à sérieusement baliser. Elle s'apprêtait à s'en mêler sérieusement lorsque soudainement elle entendit une voix familière. Angelina fit volte-face et une vague de soulagement l'immergea. "Larry..." souffla t-elle. Ce bon vieux Larry. Larry, le flic que Carlos payait grassement pour qu'il joue les cow-boys auprès de son bar tout en les couvrant lors de gros dérapages. Comme ce soir par exemple. Larry connaissait Angie depuis qu'elle avait dix-huit ans et une véritable relation de confiance s'était installé entre les deux. Angie avait de l'affection pour ce poulet bedonnant qui venait parfois lui apporter un café et un donut en fin de service. Il ne lui demandait jamais rien, un sourire et un remerciement lui suffisait. Angelina l'embrassait alors sur la joue, il devenait rouge comme une pivoine et il repartait faire des rondes autour du Canvas en échange de 300 dollars par mois glissés discrètement dans sa poche par le boss Carlos. Larry la regarda, constata qu'elle allait bien, ou du moins qu'elle allait s'en remettre puis se retourna vers les deux hommes. L'un était au sol mal en point et l'autre... Angelina n'en revenait pas. L'autre était l'inconnu archi sexy et 100% torturé de la dernière fois. "This is fucked up.." murmura Angie. Elle n'en revenait pas. Quel genre de coïncidence était-ce ? Larry leur ordonna alors de partir, lançant un dernier regard à Angie. "It's okay, I know him." Il hôcha la tête imperceptiblement et l'attention d'Angelina se reporta sur l'inconnu qui lui demandait si ça allait. Elle le fixa, incapable de répondre. Elle était encore sous le choc, elle porta les mains à son cou, se tâtant comme pour vérifier qu'il n'était pas parti avec une partie de son corps. Elle se retrouva avec du sang sur les doigts, et elle chancela. "I don't feel so good..." C'était le moins qu'on puisse dire, elle refusa de s'appuyer à l'inconnu qu'il venait de la sauver alors elle se rattrapa au mur. Elle ne se sentait pas bien du tout, elle ne comprenait pas comment ce mec avait surgi de nulle part. Elle ne l'avait pas revu depuis la nuit dans la ruelle, et elle ne l'avait pas non plus revu au comptoir du bar. C'était bizarre et ça la faisait flipper, un peu. "You weren't in the bar tonight. I didn't see you. But good timing, tho'. Thank you for...." Elle désigna d'un geste flou de la main l'endroit où l'agression avait eu lieu. "That". Elle marqua un temps d'arrêt. Ce mec avait des yeux... Un regard... Elle ne se sentait déjà pas dans son état normal mais l'intensité de ce mec ne l'aidait pas un brin à se remettre de ce qu'il venait de se passer. "I need to get away from here. I'm about to lose my shit." Elle se sentait vaseuse, à deux doigts de l'évanouissement et elle ne savait pas si elle pouvait avoir confiance en ce mec qui était sorti de nulle part pour jouer les super-héros. Néanmoins quelque chose chez lui lui donnait envie de lui faire confiance. Il avait l'air de savoir ce que c'était que de marcher avec un bout de soi-même manquant. Il avait l'air de... La connaître. "We did met before, didn't we ? I mean, before the first time you went to to bar.  You look kind of familiar." Ou peut-être que c'était son esprit qui lui jouait de mauvais tours. Trop d'émotions fortes en si peu de temps. Elle secoua la tête, lui faisant signe d'oublier ce qu'elle venait de dire. "Nevermind, I... I need to get my shit together, sorry. I guess I'm confused."
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Message(#)le charme des causes perdues d'avance | phoenix EmptyJeu 27 Juil 2017, 01:17

le charme des causes perdues d'avance
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Angelina ✧ Phoenix
Elle a planté son regard terrifié dans le mien et ça m’a tellement désarmé que mon cœur il a fait demi-tour. Je comprenais même pas la violence de mes sentiments. Je supportais pas de la voir comme ça, ça me rendait malade, et je suis pas retourné achever l’autre sac à merde mais c’est pas l’envie qui manquait. Je voulais lui retirer son mal, faire quelque chose, n’importe quoi, mais je me retrouvais juste à la regarder comme un con, la gorge méchamment serrée. Elle a fébrilement porté sa main à son cou et puis elle s’est mise a chanceler alors j’ai tendu la main vers elle pour la soutenir mais elle a préféré s’appuyer contre le mur, et je pouvais pas la blâmer. Ensuite j’ai vu le sang sur ses mains et alors j’ai pas compris ce qui m’arrivait sur le coup mais ça m’a fait comme un putain d’électrochoc. Des images de Paige sur le sol m’ont explosé dans le cerveau et j’ai du détourner la tête pour me reprendre. Ma parole ça m’avait pas manqué toute cette merde. Je me suis passé les mains sur les yeux comme si ça pouvait arrêter l’affluence de ces putains de réminiscences. J’ai essayé de me souvenir des conseils de Robin qui avait apparemment toujours des solutions à toutes ces crises à la con aux termes psychologiques pompeux que je retenais jamais mais qui voulaient plus ou moins dire que j’étais méchamment niqué du cerveau. Sauf que je confondais tout et que rien ne me venait. Au final c’est mon inconnue qui m’a ramené à la réalité en reprenant la parole. J’ai relevé la tête vers elle et elle avait l’air tellement déboussolée que ça m’a crevé le cœur. Elle allait clairement pas bien, j’allais pas paniquer comme une fiotte et la laisser seule dans sa détresse. Alors j’ai essayé de me concentrer sur ce qu’elle disait et j’ai aussi essayé de pas avoir l’air trop taré si possible. Elle avait pas l’air de comprendre d’où j’étais sortie et pour ça non plus je pouvais pas la blâmer. Elle m’a remercié, elle a dit qu’elle avait besoin de se tirer d’ici, que mon visage lui était familier, qu’elle avait besoin de se rassembler… et moi pendant ce temps je savais pas quoi dire et j’arrivais pas à décrocher mon regard d’elle et j’espérais que c’était pas trop flippant mais je me faisais pas trop d’illusions.

Qu’est ce que j’aurais pu dire, de toute manière ? Qu’elle ressemblait dangereusement à ma défunte épouse et que ça me rendait littéralement fou ? Que j’étais un pauvre con qui pensait qu’à elle et la suivait en secret ? Que l’autre baltringue avait de la chance d’être encore en vie ? Que je voulais la prendre dans mes bras alors qu’on se connaissait pas ? Que je voulais la protéger du monde alors que j’en étais foutument incapable ? C’est mort. J'avais pas franchement envie de finir en taule et je préférais lui éviter la rencontre infortune avec les digressions de mon allumé de carafon. Merci. Elle avait pas besoin de ça et mon égo non plus d’ailleurs. Alors je me suis contenté de la regarder sans dire un mot, ce qui devait pas être bien rassurant dans le genre, et je me suis dis qu’incontestablement c’était beaucoup plus facile d’être une brute pleine de rage et que depuis le temps je savais plus très bien comment me comporter en homme.

Et puis alors j’ai cru voir qu’elle frissonnait, alors j’ai retiré mon sweat et je l’ai déposé autour de ses épaules avec une infime douceur, comme si j’avais peur de foirer mon coup et de l’écraser au passage. Quand j’ai vu mes mains qui étaient pleine de sang, je les ai maladroitement essuyées sur mon jean pour pas qu’elle voit, oubliant momentanément que mon sweat était pas dans un meilleur état. Je l’ai regardé et j’ai levé la main vers son visage pour écarter les mèches de cheveux qui s’étaient collé sur son front mais je me suis arrêté au dernier moment et j’ai fais machine arrière. Elle venait de se faire agresser, elle avait probablement aucune envie qu’un nouveau connard pose ses mains sur elle.

- Sorry you had to deal with this shit.

J’ai dis avec une voix rauque pas vraiment à moi. Je me suis pincé les lèvres avec la mâchoire vachement crispée et j’ai jeté un coup d’œil au sac à merde qui bougeait toujours pas derrière. A ses côté, le petit flic trapu nous fixait et je comprenais ni ses signes ni son regard qui m’avait l’air étrangement compatissant et qui allait pas trop avec son métier d’enculé. Je me suis retourné vers mon inconnue, mes yeux passant d’un œil à l’autre comme pour m’assurer qu’elle allait bien ou pour y lire la réponse à mes questions. Je savais pas quoi faire. Lui proposer un verre ? Elle allait encore penser que c’était une technique de drague foireuse. L’emmener s’assoir dans le parc ? Pas mieux, mais avec la variante psychopathe tueur en série en prime. Je savais pas quoi faire et je voulais pas la faire flipper. Je savais pas quoi faire, alors j’ai demandé.  

- Can I do something? J’ai dis à voix basse pour pas la brusquer. I mean, you wanna go somewhere, have some tea or… or I could walk you home or call a cab or… something?

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Message(#)le charme des causes perdues d'avance | phoenix EmptyMar 08 Aoû 2017, 00:53

le charme des causes perdues d'avance
EXORDIUM.

Les rayons de la lune, si haute dans le ciel ce soir-là, caressait avec une bienveillance étrange le visage des deux inconnus, éclairant leurs visages blafards, teintant d'argenté leurs iris d'ordinaire bleutées. Angelina Gilmore n'avait pas besoin de plus pour avoir l'impression de danser avec le diable ce soir-là. Elle pensait déjà aux nuages bleutés et aux trainées violettes qui habilleraient son cou dès demain, l'obligeant à le recouvrir de fond de teint pour ne pas susciter des questions embarrassantes de son entourage. La strangulation avait été violente et elle éprouvait encore quelques difficultés à déglutir. Les yeux posés sur l'inconnu, Angelina eut du mal à formuler à une phrase, hypnotisée par son regard, sa présence. Parce qu'elle a senti la vie menacer de la quitter et que ce mec-là a surgi des ténèbres avec une rage et une détermination qu'elle ne connaissait à nul semblable. Elle ignore si elle doit avoir peur de lui ou le remercier, elle ignore si elle doit lui tendre la main ou le repousser. Ses yeux. Ces yeux qu'elle n'a pas oublié depuis la première fois où elle a plongé dedans ce soir-là au bar avant qu'il se barre comme si il avait vu un fantôme. Parce qu'âme perdue reconnait âme perdue. Parce que le souvenir de son parfum s'est imprégné dans son cerveau comme une chanson pop entêtante lorsqu'elle s'est penchée vers lui dans cette ruelle poisseuse pour lui rendre son porte-feuille. Lorsqu'il posa son sweat sur ses épaules frêles, elle tenta d'intercepter son regard en vain, c'est comme si il refusait de la regarder. Comme si c'était douloureux. "Thanks..." murmura t-elle. Le chant des sirènes s'éleva dans les airs, achevant de donner à cette atmosphère paranormale la touche finale. Ce fut suffisant pour qu'Angelina retrouve le chemin de ses sens. Soudainement, la jeune maman re-connecta avec la réalité, un frisson désagréable remonta le long de son échine et la vision de son agresseur baignant dans son sang lui donna envie de déguerpir le plus vite possible, la ramenant à ce qu'il venait de se passer et à la gravité de ce souvenir qui venait de s'imprégner dans sa mémoire à jamais. Il ne faudrait plus très longtemps avant que la ruelle ne revêtisse les couleurs familières des girophares de la police de Brisbane. "We should go." souffla t-elle en tournant la tête en direction de la provenance des sirènes. "Would you mind taking me home ?" En d'autres circonstances, lorsque Angelina prononçait ces mots magiques, c'était avec de toutes autres intentions. L'intention de gémir sous les draps jusqu'au lever du soleil et de donner un bout de son âme. Ce soir-là elle voulait juste trouver refuge. Quelques minutes plus tard, Angelina passa ses mains autour du torse de l'inconnu alors qu'elle venait d'enjamber sa moto. Le contact de ses mains sur lui fut comme une décharge électrique puis comme apaisante comme une berceuse nocturne réconfortante. Elle posa tout naturellement sa tête sur son dos, et ferma les yeux tout le long du voyage. Laissant la nuit australienne les engloutir dans les ténèbres de la ville.


*
**
***


Lorsqu'elle ouvrit les yeux, ils étaient devant le hall de son immeuble. Elle mit quelques secondes avant de reprendre ses esprits, elle se dégagea de son sauveur d'un soir, perdant le contact rassurant qui l'avait mis en confiance immédiatement et descendit de son destrier d'acier. Elle leva la tête vers le building et s'imagina rentrer seule dans son appartement, sans son fils. La nuit d'encre donnait une atmosphère inquiétante à l'architecture froide de sa rue. Elle tourna la tête vers le motard qui la contemplait. Un ange passa. Angelina chancela à nouveau puis retrouva son équilibre. "I know it's weird and I don't want to force you to anything but..." Elle hésitait. Elle cherchait ses mots. "Please come in." Ses mots flottèrent dans les airs, de la buée s'échappant de sa bouche à chaque syllabe. Elle ignorait si le bel inconnu allait céder à sa requête mais pour la première fois de sa vie elle se sentait en sécurité avec quelqu'un qui s'était montré pourtant tellement changement. Sans aucune raison apparente, indépendamment de l'agression ce type avait une aura bénéfique sur elle. "I don't feel like being alone right alone. I need someone to be around. And I could use a drink or two. I'm sure you do too." Elle imaginait déjà une vodka glacée glissée son chemin jusqu'au fond de sa gorge entre quelques volutes de tabac. Elle ne connaissait même pas le nom de cet homme, mais elle était prête à le faire monter. Il y avait quelque chose de singulier chez lui. Un truc qui l'attirait irrémédiablement. "And you need to wash your hands fo' sure." Elle n'oubliait pas qu'il avait fait couler le sang pour elle ce soir, ce que personne n'avait jamais fait.
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Message(#)le charme des causes perdues d'avance | phoenix EmptyVen 18 Aoû 2017, 19:04

le charme des causes perdues d'avance
well i got my heart up in a beautiful mess
Angelina ✧ Phoenix
Elle me dévisageait sans rien dire, avec ses grands yeux céruléens plein de torpeur et d’angoisse et moi je voulais pas la presser à cause de la responsabilité et la tendresse particulière que j’éprouvais pour elle mais son silence il était pas du genre rassurant et je commençais à pas être bien tranquille dans mes pompes. Inévitablement, les képis ont pas tardé à faire leur apparition au loin avec toute la discrétion qui les caractérise - c'est à dire avec les phares et les sirènes et tout le bazar - et c’est le moment que ma belle inconnue a choisi pour décréter qu’il était temps de déguerpir. Je me le suis pas fais dire deux fois. « Would you mind taking me home ? » elle a demandé et sans hésiter j’ai acquiescé « No problem » . Je commençais déjà à me barrer pour mettre le plus de distance entre les lardus et moi quand elle a précisé qu’elle habitait à Toowong alors j’ai plissé les yeux comme si ça allait m’aider à réfléchir et j’ai calculé la trajectoire la plus efficace dans ma tête: « Right, so it’s about an hour and a half walk away from here if we pass through Highgate Hill over there so we.. just... ?» . J’ai pas eu le temps de finir ma phrase qu’elle est parti dans la direction opposée. Perplexe, je l’ai suivi avec les mains dans les poches et alors j’ai vu qu’elle s’arrêtait devant sa bécane. C’était une sacrée belle kawa ninja rouge et noire avec un gros carénage, des gros pneus et une selle double étage façon sportive, et c’était peut-être pas ma deux roues de prédilection mais merde alors elle avait une méchante allure quand même ! J’ai repensé à ma Harley que j’avais dû vendre à cause de mes conneries et de l’argent qu’il y avait plus quand j’avais perdu ma licence et ça m’a fait un enfoiré de pincement au cœur parce que la moto c’était toute ma vie et alors sans ça et sans la boxe, j’étais plus rien. Je me suis raclée la gorge pour reprendre contenance et arrêter ce train de pensées qui m’emmenait tout droit au pays des pleurnicheries et j’ai reporté mon intention sur la motarde. Je me suis demandé comment elle comptait m’embarquer là-dessus d’ailleurs, parce que je doutais pas de sa force mais elle était pas bien épaisse dans le genre et la machine c’était pas franchement un poids plume et moi pareil. Et alors là elle m’a cloué sur place, mon inconnue, parce qu’elle a prit les clefs et sans dire un mot, elle me les a posé dans le creux de la main. Je suis resté planté là comme un con à la regarder bêtement tellement j’y croyais pas. J’avais pas l’habitude de conduire la meule d’un autre motard, surtout quand je le connaissais pas, et alors je me demandais si j’avais bien compris. Mais son regard pouvait pas être plus déterminé et je me suis dis que ça faisait surement toujours un peu partie de la mission sauvetage et alors j’ai pas posé de questions, je suis monté sur la moto. J’ai posé mes mains sur le guidon et j’avais l’émotion qui remontait drôlement jusque dans la gorge ma parole. Ensuite elle est venue se blottir tout contre moi comme Paige le faisait et ça a pas aidé pour les émotions contradictoires qui bombardaient dans tous les sens. J’avais le cœur qui commençait à s’emballer méchamment alors j’ai pris une grande inspiration pour me calmer comme si je me préparais à faire une foutue opération chirurgicale à cœur ouvert, et puis j’ai mis le contact, j’ai démarré la bécane et comme ça, on est partie.

Foutre Dieu six mois que j’avais pas roulé et là vrai de vrai, j’avais l’impression de revivre un peu. C’était pas ma Harley et le moteur il me causait pas assez à mon goût, mais ça faisait rien parce que ça sonnait comme un doux chant de liberté quand même et putain c’était bon ! Et alors comme ça, libres, légers et un peu couverts de sang, on a traversé la ville et suivi la rivière, avec rien derrière et tout devant, comme toujours sur la route. J’en bouffais plein l’émotion avec l’asphalte qui glissait en dessous et les étoiles qui étaient partout au dessus et la brise qui caressait nos joues. Cette brise familière qui savait souffler sur les idées noires et la solitude mortelle, celle qui redonnait la paix à l’intérieur. Et moi en cet instant j’étais plein de sérénité et c’était tellement joyeux que c’était un peu triste aussi. J’avais oublié à quel point c’était enivrant, cette sensation. Comment j’avais pu oublier ? Comment j’avais pu m’en passer ? J’aurais bien pu rouler toute la nuit encore, et même jusqu’au bout du pays si possible, mais bientôt, trop tôt, on est arrivé à destination. Alors j’ai coupé le moteur devant son immeuble et elle est descendue, un peu fragile. Moi j’avais le cœur qui battait toujours à fond la caisse et je la regardais sans rien dire. J’avais presque envie de la remercier mais elle aurait pas compris alors je me suis contenté d’hocher la tête dans le vide, comme pour répondre à une question qu’elle avait pas posé.

« I know it's weird and I don't want to force you to anything but... please come in. » Pardon ? J’ai cligné des yeux plusieurs fois de suite sans bouger rien d’autre comme un con plein de stupéfaction. « I don't feel like being alone right now. I need someone to be around. » J’ai dégluti. Je pouvais pas aller chez elle, c’était trop bizarre. Et en même temps ça se faisait pas de laisser quelqu’un en détresse seul comme ça. Merde j’étais carrément trop sobre pour ça. Comme si elle lisait dans mes pensées, la barmaid elle a ajouté « And I could use a drink or two. I'm sure you do too ». Je me suis mordu les lèvres en souriant un peu parce qu’elle pouvait pas être plus dans le vrai. « And you need to wash your hands fo' sure. » Je me suis pincé les lèvres, ça se castagnait là-haut et je savais pas quelle voix écouter. Et puis après un moment je me suis dis que je pouvais pas rentrer voir Leila couvert de sang de toute manière alors c’était plié et j’ai hoché la tête. « Yeah. Sure. » . Je suis descendu de la moto et je l’ai suivi dans l’immeuble. Je me rassurais en me disant que ça n’engageait à rien tout ça, que j’allais juste la raccompagner comme un gentilhomme et lui tenir compagnie comme un gentil chien de garde le temps qu’elle se sente rassurée, me décrasser pour pas faire flipper Leila, surtout toucher à rien, et puis repartir dare-dare. J’étais pas totalement en phrase avec moi même sur ce coup là mais ça m’arrangeait bien de me dire que ma décision était purement rationnel voir altruiste alors j’ai pas cherché plus loin. N’empêche, j’espérais qu’elle invitait pas chez elle tous les forcenés assoiffés de sang qu’elle croisait…

En montant, j’ai regardé un peu autour de moi. Il y avait pas un papier qui trainait ou un graffiti sur le mur ou une vitre pétée. Tout était lisse et propre. Ensuite elle a ouvert sa porte et elle a allumée la lumière et mince alors à l’intérieur c’était encore plus classe si possible, avec des grands espaces et des grandes fenêtres et des fournitures chics et une table basse en bois vernis et tout le bordel. Et moi incontestablement, je faisais méchamment tâche dans le décor. J’ai aussitôt retiré mes chaussures à l’entrée pour éviter de salir le parquet et puis j’ai avancé tout doucement au milieu de l’appartement, comme un gland, un peu gêné de pas me sentir à ma place. J’ai pensé à Paige qui aimait bien les grands espaces chics et cosy et bien agencés bien comme il faut façon pubs IKEA et alors je me suis dis que sûr et certain ça lui aurait plu, comme décoration. Moi j’avais jamais eu de goût, même quand j’avais tellement de thune que je savais plus quoi en foutre, alors c’était elle qui s’occupait de ça. Comme de tout le reste d’ailleurs. « Your home is… nice » j’ai dis un peu timidement tout en mettant mes mains dans les poches de futal pour m’assurer de pas toucher à quoi que ce soit.

Merde c’était drôlement bizarre et un peu gênant comme situation, rapport à l’appart qui était trop propre et mon hôte dont je connaissais même pas le nom mais que j’épiais en secret depuis des semaines en m'imaginant être avec Paige et en somme pour un tas de raisons lugubres qui me donnaient plutôt de prendre courageusement mes jambes à cou. Et je pouvais même pas aller picoler avant qu’elle m’y invite alors je me contentais d’attendre bêtement en espérant pas faire de conneries entre temps. Ensuite j’ai repéré l’évier du coin de l’œil et alors j’en ai profité pour m’y faufiler et bien frotter sur mes mains pour retirer la crasse et pour me donner l’impression d’être méchamment occupé aussi. Quand j’ai relevé les yeux, j'ai remarqué une photo sur le frigo, un poloraid d’elle, toute souriante, avec un gosse dans les bras. J'ai aussitôt tourné la tête comme si ça m'avait brulé la rétine avant de pouvoir lire la légende parce que je voulais rien apprendre sur elle, surtout pas comme ça. J’ai soufflé en m’essuyant les mains sur mon jean. Putain qu’est ce que je foutais là ? C’était tordu, même pour moi. Au moment où cette pensée s’imposait à mon esprit j’ai marché sur un truc acéré de l’enfer qui procurait une douleur incommensurablement mordante bien trop familière « Motherf- » j’ai serré les dents pour étouffer mon grognement et j’ai soulevé le pied : une putain de brique de lego ! Ma parole ça devrait être illégal, cette merde ! J’ai relevé les yeux et j’ai croisé le regard perplexe de mon hôte alors je me suis senti obligé de m’expliquer un peu : « My kid doesn’t play with those anymore, I forgot just how dreadful stepping on this evil piece of sh- uh plastic was. » J’ai souri en soufflant par le nez parce qu’à ce stade il fallait mieux en rire et je me suis dis qu’il fallait quand même être un sacré tocard pour se retrouver dans une situation pareille…
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Message(#)le charme des causes perdues d'avance | phoenix EmptyMer 23 Aoû 2017, 22:26

le charme des causes perdues d'avance
EXORDIUM.

Angelina ne se l'expliquait pas mais la présence de cet inconnu était la chose la plus réconfortante qu'elle avait expérimenté depuis la naissance de son fils. Aucun homme n'avait foulé le sol de cet appartement, si ce n'est Kane une fois ou deux mais Kane n'était pas un inconnu. Voir un homme évoluer dans son appartement dans le silence propre aux nuits calmes était un bouleversement en soi. Il avait l'air un peu perdu, un peu gauche, et elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire en le voyant retirer ses chaussures. L'appartement était parfaitement rangé si on n'omettait les jouets d'Abel qu'il refusait de ranger, sans doute pour torturer sa mère et rendre ses mouvements plus difficiles pour le choper avant qu'il fasse une connerie. L'appartement était plongée dans une atmosphère étrange, Angelina alluma deux grandes lampes de sol qui conférèrent immédiatement une ambiance plus douce et tamisée à la pièce. Il complimenta la maison et cette fois-ci, un sourire franc se dessina sur son visage tandis qu'elle accrochait son perfecto au porte-manteau. "Yeah it's a nice place. I tried to make it cosy. I've grew up in a big old ass mansion and it was creepy as fuck. It's comfy here."  Le manoir Gilmore était immense, sombre et froid. Elle avait voulu totalement l'inverse lorsqu'elle était partie de chez elle. Son premier appartement faisait une vingtaine de mètres carrés, ses parents ne comprenaient pas comment elle pouvait vivre dans un si petit endroit. Angie y avait trouvé refuge après avoir erré toute sa vie dans une maison trop grande pour elle et sa peur de l'abandon.

Quand il s'encastra un lego dans le pieds, Angelina porta la main à sa bouche, archi-gênée. "That's why I keep on yelling on this evil little troll." Elle réalisa alors ce qu'elle venait de dire et se reprit. "Well, I mean he's my heart and my soul but he's so sneaky I swear." rajouta t-elle en riant puis il répondit qu'il avait oublié ces trucs là depuis qu'il avait un gosse. Son coeur rata un battement. Elle n'avait jamais envisagé. "Wait, you have a kid ?" Elle n'en revenait pas, elle s'en voulait de penser ça mais il n'avait vraiment pas la dégaine d'un papa poule, au contraire. Mais après tout... Ressemblait-elle à la mère parfaite avec ses cuissardes, son choker et son petit haut noir ? Sûrement pas. Tout prenait un sens différent à présent, elle se demandait comment ce mec s'était trouvé sur son chemin finalement, sa curiosité était plus que jamais piqué au vif. "How old is your kiddo ? My son is 3. O think he will rull or ruin the world someday. He's really something." Comme toutes les mamans elle était raide dingue de son fils, elle qui ne s'était jamais imaginé mère se surprenait à caresser les cheveux chocolats de son fils pendant des heures alors qu'il dormait sur elle devant un dessin-animé Pixar. Elle l'invita à s'asseoir. "Make yourself at home. What do ya' wanna drink ? I got vodka, whisky, rum ?" En bonne barmaid, il lui arrivait de piquer des fonds de bouteille au bar pour agrémenter son propre bar qui se matérialisait par un gros coffre près de sa bibliothèque qui débordait de bouquins, entre Stephen King & Jane Austen entre autre. Elle s'affaira à leur servir quelque chose, elle avait presque oublié l'agression à présent qu'elle avait retrouvé son chez-elle. Elle le regarda s'asseoir sur le canapé, un peu hagard. A la dérobée elle commença à se poser mille et une question sur lui. Et soudainement, alors qu'un rayon lunaire éclaira son visage elle remarqua à quel point son visage était parfait. Il était profondément viril mais une fragilité se dessinait subtilement sur ses traits. Elle se demanda ce qu'un mec comme lui pouvait bien porter sur ses épaules. Elle se demanda également s'il serait capable de se révéler. Était-il aussi fucked up qu'elle ? Se sentait-il aussi seul les soirs de pleine lune à se demander pourquoi il devait subir tout ce qu'il subissait ? Les âmes perdues reconnaissent les âmes perdues...

Subitement, une pensée lui traversa subitement l'esprit et elle posa brusquement la bouteille qu'elle avait entre les mains. "Wait, I'm so silly, maybe you wanna go home ? I'm here being needy while you're kid is at home, I'm such a selfish bitch. You can home if you wanna I'll be fine." C'était faux, c'était complètement faux. Elle avait un besoin viscéral que ce mec reste ici mais bordel il avait un gosse.
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Message(#)le charme des causes perdues d'avance | phoenix EmptyDim 03 Sep 2017, 21:44

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Angelina ✧ Phoenix
Venait-elle d’appeler son gosse un « evil little troll » ? J’ai relevé la tête vers elle avec les yeux ronds de la surprise et j’ai essayé de pas trop le montrer mais j’avais le sourire qui s’élargissait méchamment. Je crois qu’elle a voulu enrober un peu le tout en ajoutant « Well, I mean he's my heart and my soul but he's so sneaky I swear » et cette fois j’ai éclaté de rire pour de bon. Merde alors je l’avais pas vu venir celle là. Elle a rigolé aussi et puis elle m’a raconté que son troll en question il avait trois ans et qu’un jour il allait dominer ou ruiner le monde, qu’il était vraiment quelque chose. « Yeah no doubt there, he’s already leaving traps all around his realm. Little dude’s not to be messed with, I can tell. » J’ai plaisanté en la regardant alors que j'appuyais mes paumes contre le dossier d'une chaise qui se trouvait là. Ça se sentait qu’elle l’aimait plus que tout au monde, ce gosse, et peu importe les souffrances qu’il avait pu lui causer, ça changeait rien. Je le savais parce que je ressentais la même chose pour Leila et parce que ce regard plein de force et de vulnérabilité à la fois je l’avais vu chaque instant de chaque jour dans les yeux de Paige depuis le jour où notre fille était venue au monde. Ensuite j’ai réalisé que si mon inconnue m’avait demandé de venir chez elle pour pas être seule, ça voulait probablement dire qu’elle élevait son gosse toute seule et que le géniteur il était plus dans le tableau. Ça ou un million d’autres possibilités du genre le mec il est parti réparer l’évier de sa grande tante à l’autre bout du pays mais je sais pas pourquoi ça me semblait évident sur le coup que c’était pas une histoire d’évier et que ma première impression c’était la bonne. Et alors j’ai senti mon cœur se serrer avec tout plein de respect pour elle dedans. Je me suis dis que moi avec Leila qui était toute sage et calme j’étais déjà perdu alors avec un troll tyrannique, aussi adorable soit-il, merde, je sais pas comment je m’en sortirais. D’ailleurs elle avait semblé vachement interloquée en réalisant que j’avais un rejeton moi-même et je pouvais pas lui en vouloir parce que j’avais pas vraiment l’étoffe d’un père. « My kid she’s uh… eleven now. » Putain ça donnait le vertige. « She’s… amazing, so strong and smart, man… I’m positive she could run the world right now if she wanted to. And she'd do one hell of a good job too ». J’ai rigolé mais en fait j’en étais persuadé et j’avais le sourire con et la voix un peu cassée par l’émotion comme à chaque fois que je parlais d’elle. Je me suis raclée la gorge pour me reprendre et je me suis assis où elle a dit. Quand elle a demandé ce que je voulais boire avec toute son aisance de barmaid j’ai voulu répondre que j’étais pas difficile dans le genre, que du moment que ça me butait le cerveau ça ferait l’affaire, mais ensuite je me suis souvenu que j’étais sensé me la jouer mec un peu rassurant et pas AA alors je me suis abstenu : « Whiskey sounds good ». Je l’ai suivi des yeux l’air de rien alors qu’elle s’écartait pour nous servir et mon regard est resté accroché sur sa bibliothèque. Merde alors, ça débordait de bouquins que j’avais adoré dévorés et il y avait une sacrée peltée de mes écrivains préférés là-dedans aussi. « Orgueils et Préjugés » de Jane Austen, c’était un préféré de Paige, ça ! Et puis « Celulaire » Stephen King, et ça alors elle avait même « Sur la route » de Jack Kerouac ma parole ! J’ai souri comme un con, parce que je me sentais un peu moins paumé, d’un coup. Et puis brusquement, elle a reposé la bouteille sur le bois et j’ai relevé la tête vers elle en me demandant ce qu’il s’était passé pendant que je rêvassais comme un gland. « Wait, I'm so silly, maybe you wanna go home ? » qu’elle a dit tout à coup, sa voix étouffée de culpabilité et moi je comprenais pas ce soudain retournement de situation mais ça me serrait pas mal les tripes. « I'm here being needy while you're kid is at home, I'm such a selfish bitch. » J’ai froncé les sourcils. « You can go home if you wanna, I'll be fine. » Et alors là je sais pas ce qui m’a pris mais je me suis aussitôt redressé et j’ai été vers elle pour voler à son secours : « Hey, hey, don’t worry about it, it’s all good. She can manage, she’s probably just sleeping already anyway so I’m no use to her and if shits go down she knows she can just call me ». Je savais pas trop si c’était normal ou irresponsable comme attitude. Leila elle était tellement mature et débrouillarde que moi je la laissais se débrouiller. Je réalisais pas toujours que juste parce qu’elle pouvait tout faire toute seule ça voulait pas dire qu’elle avait pas besoin son paternel pour autant. C’était pas naturel pour moi, ces trucs là. Et je sais pas si c’est parce que j’étais con ou égoïste, peut-être un peu des deux, mais ce soir-là, ça me semblait pas grave, pas ma priorité. Priorité qui me regardait d’ailleurs avec ses grands yeux bleus tous perdus et alors je me suis entendu dire : « I can stay for as long as you want me to and I can leave whenever you want me to. And if I have to go for some reason, I’ll just tell you, so don’t worry about it, ok?» J’ai dis avec une voix basse que j’espérais un peu rassurante, mes yeux plongés dans les siens pour m’assurer qu’elle allait bien. Ensuite j’ai réalisé que ma main était sur l’épaule de mon inconnue qui était pas Paige et avec qui je pouvais pas me permettre ce genre de familiarité et alors je l’ai retiré dare-dare. La proximité et la tension que j’avais créée moi-même comme un connard m’ont déstabilisé et j’ai fais un pas en arrière en mettant mes mains bien loin dans mes poches pour éviter qu’elles aillent se balader ailleurs. Il fallait que je change de sujet. Que je trouve un truc à dire, un truc intéressant, subtile. « So um, you like reading ? » Raté.
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Message(#)le charme des causes perdues d'avance | phoenix EmptyVen 08 Sep 2017, 18:34

Le whisky se répandit dans le verre et Angelina le tendit à son invité avant de s'en servir un à elle aussi, observant le liquide ambré danser. Elle avait eu des soucis avec sa consommation d'alcool dans le passé et tenir un verre dans sa main lui renvoyait parfois des souvenirs qu'elle faisait tout pour chasser de son esprit. Elle prit une gorgée puis le garda dans ses mains, comme si ce fut une tasse de café chaud alors que l'inconnu la rassurait sur sa fille qui avait onze ans et qui devait déjà dormir. Angelina avait du mal à imaginer qu'un jour Abel puisse être autonome. Il était peu dégourdi pour son âge et sa dépendance à sa mère était flagrante, presque inquiétante, Angie se demandait comment elle parvenait à le donner à son père aussi facilement. Les liens du sang sûrement. "Your child seems to be something too. We need more strong and independant little woman like her. You're a lucky dad." Elle essayait de l'imaginer en train de s'occuper d'un enfant et c'était étrange pour elle. Les images de l'agression lui revenait en tête et imaginer les mêmes mains qui faisaient couler le sang porter un enfant, c'était vraiment quelque chose. Angelina s'imagina que de la même manière qu'elle, avoir un enfant était sans doute sa seule source de douceur. Angelina ne se souvenait pas avoir ressenti quoique ce soit de positif à son propre égard avant de devenir mère. Elle avait toujours eu une basse opinion d'elle-même mais devenir maman lui avait donné un élan nouveau. Le visage de son fils endormi était une source d'apaisement infinie, même si il adorait lui rappeler qu'elle n'aurait jamais le total pouvoir sur lui.

Il y eut un bref contact. Sa main sur son épaule et Angelina planta son regard iceberg dans celui de son inconnu, qui partageait cette même nuance de bleu glacé. Il la retira aussitôt, laissant une vague chaleur à l'endroit où il avait posé la main sur elle.  C'était un geste qui avait été fait tellement naturellement, comme s'il la connaissait depuis toujours. La brune n'était en aucun cas offusquée. Pire encore. Elle sentait cette proximité plus forte que jamais et au delà d'être déstabilisée la fascination persistait. Angie sentit des petites décharges électriques quelque part dans sa nuque avant de reprendre pied dans la réalité. Un silence étrange s'installa entre les deux, qu'il décida de briser en abordant un sujet plus que banal. Angelina croisa les jambes, passant ses cheveux derrière ses épaules d'une main habituée. "Well I'll tell you about my readings if you tell me your name first." Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres, ses yeux de chat se plissèrent dans cette moue mutine bien particulière qui faisait la réputation de la beauté d'Angelina Gilmore. Il était temps de passer à la vitesse supérieure. Elle voulait en savoir plus car sa curiosité avait eu le temps d'être piquée. "My name is Angelina. Gilmore. What's yours ?" Aucun doute que ce type là devait connaitre le nom Gilmore. Son père était le plus grand avocat défenseur de la ville si ce n'est du comté. Il était le seul qui acceptait de défendre les pires ordures, et parvenait toujours à les tirer d'affaire ou à revoir leurs condamnations à la baisse. Henry Gilmore était peut-être affaiblis par un cancer actuellement mais il jouissait d'une excellente réputation auprès de tous les voyous de Brisbane. Angelina n'avait jamais compris comment son père avait acquis cette légitimité alors qu'il venait d'une famille richissime et célèbre. Elle supposait qu'il y avait un tas de choses qu'elle ignorait sur son père adoptif. Avec un peu de chance, son inconnu ne venait pas d'ici et n'avait jamais entendu parler de sa famille.

Elle se demandait quel genre de prénom elle pouvait avoir lorsque son téléphone sonna sur la table. Le nom d'Arthur avec une tête de mort s'afficha (oui, maturité level 100). Angelina regarda l'heure : il était super tard, pourquoi l'appelait t-il ?! Était-il arriver quelque chose à Abel ? "Sorry I got to answer. Hold on." Angelina se leva et se dirigea vers la cuisine. "Hi everything's ok ? It's late, what's up ? (...) It's in his bag. The red one. I told you but you never listen so of course you don't know where it is. (...) Arthur please it's too late for that. (...) I'll pick him up tomorrow at 5. Yes, 5. That's what we decided last week. (...) Oh I'm always wrong when it comes to you. Ok for 7 o'clock. But 7 sharp. Yeah bye." En à peine une minute, Angelina avait réussi à sentir la pression monter en elle comme un volcan au bord de l'irruption. Elle rejoignit son invité dans le salon et jeta son téléphone sur la table avec exaspération. Elle reprit une gorgée de whisky plus nerveusement cette fois. "I hope your relationship with your kid's mom is better than mine with my baby daddy.  I never thought it was possible to despise me that much. I feel like if he could take my kid and exile me on an island, he would." Elle lâcha un petit rire sarcastique, bien qu'en réalité tout ça lui donnait envie de sangloter. Un fossé s'était creusé entre Arthur et elle et ce n'était qu'une question de temps avant que Abel en fasse les frais. Angelina termina son whisky d'une traite et senti une vague de fatigue l'envahir.
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Message(#)le charme des causes perdues d'avance | phoenix EmptyLun 20 Nov 2017, 00:55

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Elle a pas répondu tout de suite et sûrement qu’elle se demandait pourquoi j’avais posé cette question de merde. Je savais pas non plus. J’ai risqué un coup d’œil dans sa direction et son sourire espiègle un peu trop décontenançant il était pas pour me rassurer. « Well I'll tell you about my readings if you tell me your name first. » J’ai avalé ma salive et mon teint il a du virer de blanc cassé à blanc cadavre. Putain. J’avais pas prévu ça. Et c’était bien le problème : j’avais rien prévu du tout. J’étais pas préparé à gérer quoi que ce soit de réel et là face à sa remarque et son aplomb et sa beauté mais surtout sa remarque et tout ce qu’elle impliquait je me suis retrouvé bien con comme pétrifié de l’intérieur et sûrement que je ressemblais méchamment à un rongeur pris dans les phares d’un camion. Putain je fais quoi ?

Elle m’a donné son nom, Angelina Gilmore, et encore elle m’a demandé le mien. Moi je bougeais toujours pas et plus ça allait moins ça allait et plus je réalisais le bordel dans lequel je m'étais foutu et plus je voulais disparaitre. Angelina Gilmore. Je savais pas pourquoi son nom m’était pas inconnu mais j’étais trop médusé du cerveau pour y réfléchir. Je pouvais pas y réfléchir. Tout ce qui tournait dans ma tête c’était qu’elle était pas sensée avoir un nom et une identité et connaître la mienne et ça devenait beaucoup trop réel et putain je fais quoi ?

Son téléphone a sonné. Bon sang de bordel de merci, sauvé par le gong. Réflexe à la con, j’ai regardé l’écran quand elle l’a sortie de sa poche. « Arthur » c’était écrit, et la tête de mort à côté du nom comme décoration ça voulait dire ce que ça voulait dire sur l’affection qu’elle portait à ce type-là et alors j’ai pas pu réprimer un sourire mesquin tout en me pinçant les lèvres pour faire mine que non. Elle s’est à peine éloignée pour parler et moi j’ai essayé de pas écouter mais c’était pas évident parce que mon inconnue elle était pas franchement discrète et alors j’ai découvert bien malgré moi que ledit Arthur Tête De Mort c’était probablement le paternel de son rejeton tyrannique et que leur relation avait pas l’air bien détendue dans le genre. Je sais pas si ça me soulageait ou si ça me faisait chier pour elle mais une chose était sûre c’est que ça me mettait salement mal à l’aise. J’avais pas du tout envie d’entendre cette conversation.

J’ai bu une gorgée du verre qu’elle m’avait servi. Je me suis fais la réflexion que ça changeait du whiskey de merde que j’achetais en bas de chez moi. Ensuite je me suis dis qu’il se faisait quand même pas chier, cet enfoiré d’épicier, parce que le prix de sa tise était déjà exorbitant alors que c'était sûrement plein de merdes et c’était vraiment n’importe quoi et d’ailleurs combien il avait couté ce whiskey là ? Je me suis arrêté quand je me suis vu prendre la bouteille pour en chercher l’étiquette de prix. Merde j’étais tombé bien bas dans la réflexion bouclier de pensées merdiques. J’ai englouti mon verre cul sec. J’ai hésité. Je me suis resservi et j’ai recommencé deux fois comme ça comme un crevard avant de reposer la bouteille l’air de rien.

Quand elle est revenue je devais avoir l’air fin debout comme un gland avec mes mains dans mes poches et ma gueule pleine de gêne. Elle, elle avait le visage tout refermé et un peu dure, comme lourd d’une fatigue qui avait rien à voir avec le sommeil. « I hope your relationship with your kid's mom is better than mine with my baby daddy. » J’ai le cœur qui s’est serré et la mâchoire avec. Putain c’était la deuxième fois qu’elle mettait les pieds en plein dedans à propos de Paige. « I never thought it was possible to despise me that much. I feel like if he could take my kid and exile me on an island, he would ». Elle a rigolé et ça se sentait qu’elle avait le chagrin pas loin derrière dans la gorge. J’aurais voulu pouvoir dire quelque chose de sympathique, quelque chose d’humain, mais je pouvais penser à rien. Je sais pas combien de temps je suis resté là dans ce nuage collant de confusion mais soudain dans un sursaut de réalité dégoutant je me suis rendu compte que j’avais vraiment rien à faire ici. C’était plus un rêve lointain, une hallucination, un miracle comme échappatoire. C’était une personne, avec un prénom, un môme, un ex casse couille… et elle était beaucoup, beaucoup trop réelle. C’est comme si j'avais été en transe jusque là et que je venais de me réveiller brutalement. Toutes les cellules de mon corps m’ont crié de tailler la route dare-dare et c'était plutôt claustrophobique comme réveil. Et alors mon cerveau a arrêté de voguer n’importe où et il s’est accroché à cette pensée comme à une bouée de sauvetage. J’ai regardé mon téléphone, j’espérais presque y voir un texto de Leila qui me demandait où j’étais pour avoir une excuse de rentrer comme un lâche. Mais non, rien, écran vide comme mon courage. Maintenant que la pression était redescendue, que l’adrénaline du laminage de gueule et l’euphorie de la rivée en bécane et la mission sauvetage et le lego de l’enfer c'était passé, maintenant que j’avais plus besoin de la protéger et de jouer les clebs de garde, j’avais plus d’excuses pour pas penser à toutes mes propres limites que je transgressais bien salement sans équivoque depuis le début de la soirée et alors j'avais la honte qui me castagnait le ventre par dedans. Dans ma tête et dans mes tripes tout s’est retourné et tout s’est mélangé et alors j’avais plus qu’une idée fixe : me casser d'ici.

- I gotta go. I’m sorry. I- just... Stay safe, alright?

C’était nul à chier et ça contredisait la promesse que je venais de lui faire mais j’étais plus à ça près dans le genre crevure de toute façon et c’était peut-être même pas à elle que j’avais promis de rester d'ailleurs et j’étais plus sûr de rien à part qu’il fallait que je me tire et alors c’est ce que j’ai fais. J’osais pas la regarder, j’ai enfilé mes pompes en m’arrêtant à peine au passage, j'ai même pas pensé à récupérer mon sweat plein de sang qui était toujours sur ses épaules, j’ai passé la porte, dévalé les escaliers, je me suis enfui avec le cœur qui battait le tonnerre et ensuite j’étais dehors et alors comme ça c’était fini. Je suis resté planté là un moment, à dérouiller, la tête trop pleine de vide et la gorge toute serrée parce que je savais, même sans réaliser vraiment, je savais, et puis mécaniquement je me suis mis à avancer. Allez, une heure trente de marche dans les pattes, connard. Je me suis dis que ça pourrait pas me faire de mal, l'air frais, tout ça, avec un peu de chance ça allait même me remettre les idées en place tiens. J'y croyais pas de masses vu que j’avais pas franchement la raison de mon côté mais l'espoir fait vivre comme disent ceux qui savent pas que l'espoir il t'assassine plus qu'autre chose. Mes pensées revenaient en boucle sur ce qui s'était passé sans vraiment percuter mais fallait bien que je me rende à l'évidence : le masque était tombé, le rêve évaporé, c'était fini. Je le savais, je le savais depuis le début, c'était juste une mascarade, un rêve doux amère que j'avais laissé traîner beaucoup trop longtemps et partir beaucoup trop loin. Et maintenant c'était fini. Alors j'allais continuer comme si je l'avais jamais rencontré. Angelina. Et j'allais plus jamais la revoir. Et c'était fini. Et c'était mieux comme ça. Rompre cette force irrésistible qui m'attirait à elle comme un foutu détraqué, éviter le cataclysme qui menaçait de me tomber sur la gueule si je continuais dans cette voie, lui foutre enfin la paix, me reprendre en main pour de vrai. Ouai. C’était mieux comme ça. C'était mieux comme ça. Et si je me le répétais assez souvent, peut-être que je finirais même par y croire réellement.

FIN.

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