Cela faisait des heures que j'attendais pendant que les contractions n'arrêtaient pas de venir et de repartir. J'ai bien l'impression horrible que ça ne s'arrêtera jamais et je ne sais même pas comment mes nerfs ne lâchent toujours pas. J'aurais peut-être du accepter la péridurale. Mais franchement, avec tous les effets néfastes que cela peut provoquer sur l'enfant ou même sur mon corps, et le fait que la piqure est horriblement douloureuse, je n'arrivais pas à me convaincre que ça pourrait m'être bénéfique. Alors forcément, depuis mon entrée à l'hôpital, je n'arrête pas de gueuler sur tout le monde, pour tout et n'importe quoi. A croire que mon utérus ne va jamais s'élargir assez pour sortir cette jolie petite fille de son abri. Et j'étais si pressée. C'est comme un grand cadeau de Noël qui se attendre et attendre encore. Mais ce cadeau tombé du ciel est bien plus précieux que n'importe quoi. C'était Gabriel qui m'avait permis d'avoir ce cadeau si important à mes yeux, et c'est peut-être pour cela qu'il est le seul à ne se recevoir aucun coup de gueule. Si bien qu'on a fini par nous laisser seuls, enfin, dans cette chambre bien trop glauque avec tout ce blanc et cette odeur qui ne se veut qu'aux hôpitaux. Oui, j'aurais peut-être du accoucher chez moi. Mais avec les douleurs intenses que je subis, non, ce n'était pas vraiment une option pour moi. Toujours est-il qu'en attendant que la petite daigne enfin montrer le bout de son crâne, on était encore en plein débat sur le futur prénom du bébé Oui, j'aime bien le prénom de Grace, mais quelque chose me chiffonne. Non, je préfère bien plus Victoria. Quant à Faith, j'aurais bien trop l'impression que notre petite est la nouvelle vierge Marie. Boudais-je alors qu'on avait du mal encore à se mettre d'accord sur un prénom.
Gabriel savait pertinemment que l'accouchement serait quelque chose de compliquer pour l'équipe soignante. Par moment, le personnel lui lançait un coup d'oeil mais il n'était pas à la place de Rebecca et il la croyait lorsqu'elle lui disait souffrir. Elle ne voulait pas de la péridurale et c'était son choix, il comprenait ça aussi. Il savait aussi qu'une fois que la petite serait là, elle oublierait tout ça mais en attendant tout le monde en prenait pour son grade dans cette chambre d'hôpital. Tout le monde décida de quitter la chambre et Gabriel décida de remettre leur sujet préféré du moment pour la distraire un peu, le prénom de leur petite fille.
- D'accord, alors on peut peut-être éliminer Faith ? Vu que visiblement aucun de nous n'aime vraiment ce prénom. Il nous reste Grace et Victoria, c'est déjà mieux.
Du coin de l'oeil, alors qu'il était assit à coté du lit, il surveillait les contractions arrivaient. D'ailleurs, jamais il n'aurait su lire ce qu'indiquait ces traits sur la machine si la sage femme ne lui avait pas expliquer. Il fit une légère grimace avant d'ajouter.
- Une autre contraction qui arrive.
Autant la prévenir du mieux qu'il pouvait même si parfois, il ratait le coche. On pouvait dire que leur petite fille se faisait vraiment désirer et surtout qu'elle avait déjà le caractère de sa mère. Gabriel regarda l'heure, ça faisait déjà un moment qu'ils étaient ici tous les deux.
- Tu veux que j'aille te chercher quelque chose à boire ou de la glace pilée ?
C'était la seule chose que les docteurs lui autorisaient à avaler au cas où il faudrait opérer du mieux qu'elle pouvait, elle devait rester à jeun. Encore quelque chose de plus pour la mettre de bonne humeur. Gabriel se demandait également comment le reste allait se passer, il espérait que l'accouchement se passe bien pour toutes les deux, qu'elles puissent ressortir en pleine forme. Déjà, elle avait mené sa grossesse à terme, ce qui était un excellemment point que les docteurs n'arrêtaient pas de souligner. Comme si ça aller la rendre toute joyeuse d'un coup.
La dilatation ne se passait pas si facilement. Certes, ma grossesse avait pu être menée à terme et la petite veut sortir dans les temps. Une bonne chose, c’est sûr, mais pas assez pour me réconforter dans le fait que je souffrais le martyre et que j’avais l’impression qu’elle était en train de déchirer mon placenta de l’intérieur. Le tout était une bonne respiration. Je le sais. J’ai assez fait de cours stupides pour savoir ça. La relaxation ? Oui, ça avait aidé, je m’étais même fait faire quelques massages et non effectués par Gabriel. Le sujet avait été évité et non, je n’avais pas voulu que ce soit abordé non plus. Ok, une partie de moi aurait préféré, mais pour que cela donne quoi au final, encore un attachement dont je ne veux plus. Seulement avec cet enfant cela complique les choses. Je le vois bien plus souvent que je n’avais imaginé et forcément, je continue à m’attacher et à penser à lui. Comment pouvais-je avancer alors qu’il fera partie intégrante de ma vie à présent. Encore plus parce qu’il est le seul à me supporter durant cette horrible épreuve. Je sais que je suis exécrable, et parfois je le suis de façon bien consciente et bien voulue. Et pourtant, il reste à mes côtés. Rien ne l’y oblige. Et oui, j’apprécie beaucoup. Je me concentre alors sur ma respiration, tout en essayant de se mettre d’accord sur le prénom qu’on donnera à la petite d’ici quelques heures. Au moins on finissait par éliminer un prénom. Plus que deux. Mais voilà qu’une contraction arrivait et mon corps se mit à crier. Je serrer les dents pour éviter de crier et mes poings se refermèrent sur le drap qui protégeait le lit sur lequel j’étais. Gabriel m’avait prévenu mais c’était fort inutile, voilà pourquoi je lui avais répondu entre les dents Sans dec’ ! Je soufflais de plus en plus rapidement et fort, tel un bulldozer, et pour une fois dans ma vie je me fichais bien de ce qu’on pouvait penser ou voir de ma personne. Gabriel me demandait alors si je voulais quelque chose à boire. Je secouais violemment la tête de droite à gauche. La contraction ne s’arrêtait alors pas et je sentais que la dilatation commençait. Le prénom ! Vite ! Le prénom ! L’urgence était de rigueur. Mais bizarrement, je voulais que la décision repose sur lui et la raison était que j’avais bien trop mal pour réfléchir. Du moins, je le suppose.
Gabriel s'attendait à ce genre de réponse mais bon, au moins, il l'avait prévenu. C'était mieux que la surprise non ? Anticiper la douleur, ça limitait parfois les dégâts même si dans ce genre de cas, la douleur était probablement à son maximum et comme Rebecca avait fini par refuser la péridurale ce n'était que le commencement. Il préféra arrêter en lui tendant sa main, peut-être que ça lui ferait du bien d'extérioriser sa douleur sur lui. Il essayait vraiment de faire de son mieux pour l'aider mais ça rester quelque chose de compliquer. Rebecca se mit à parler du prénom comme si c'était capital que leur petite fille ait un prénom avant sa naissance alors que peut-être ils auraient une révélation en la voyant qui sait ?
- Quel prénom tu préfères ? Peut-être qu'en la voyant on saura, arrête de te mettre une telle pression.
Il lui aurait bien dit de penser à bien respirer mais il préférait largement que la sage femme s'en charge et que se soit sur elle que Rebecca se décharge. Elle allait probablement lui lancer un truc du genre, « vous croyez que c'est possible de ne pas respirer ? », ouais, il la connaissait plutôt bien sa Rebecca. Elle lui lança un regard et il se mit à répondre.
- Victoria, c'est un joli prénom que j'aime beaucoup.
Lui par contre, il serra les dents en anticipant potentiellement l'écrasement futur de sa main si elle venait à lui prendre. Sérieusement ? Elle faisait quoi l'équipe médical ? Il y a une dilatation par ici, vite ! On était loin de tout le charme des « vacances » qu'ils avaient pu passer ensemble. Non c'était même tout le contraire mais bon, il allait venir papa, ce n'était quand même pas rien. Gabriel Jenkins éternel artiste célibataire dans sa bulle allait devenir papa. Ça aurait presque pu faire les gros titres d'un journal local.
Pourtant, je m’étais bien préparée psychologiquement à cette idée, à l’idée d’avoir très mal lors de mon accouchement, mais là, c’était encore pire que dans mes pensées. Je me sentais me déchirer de l’intérieur, et c’est bien une sensation qu’on ne peut pas imaginer avant de l’avoir vécu. Mais je devais souffler, respirer à fond, ça finirait par passer, la petite finirait par sortir, et je serais tellement aux anges que j’en oublierais toute la douleur que j’aurais pu avoir, oui je devais me focaliser la dessus. En espérant que l’équipe médicale daigne se pointer un jour ou l’autre. Mais je voulais surtout stupidement trouver un prénom pour la petite. Gabriel me le faisait en quelque sorte remarquer. Mais je n’arrivais plus à parler tellement la douleur s’intensifier. Je devais vraiment être dans un état pitoyable, encore heureux qu’il n’y ait pas de miroir ici et que le père de ce futur enfant ne désire pas filmer ou photographier la naissance de la petite. Je hochais alors violemment la tête quand il proposa de lui-même Victoria. Le prénom était parfait. Oui, c’est celui-là qu’on devait choisir pour elle. Pour lui donner toutes les chances de son côté dès sa naissance. J’attrapais en même temps la main de Gabriel, pour soutien, et parce que j’en avais envie, tout simplement et je gueulais un beau Ah ben c’est pas trop tôt ! d’une traite, qui m’acheva le souffle et m’épuisa encore plus. Mais l’équipe médicale venait enfin de faire leur entrée en pleine panique. Normal, ils venaient à peine de se rendre compte de mon état, et c’était totalement inadmissible. Mais justement, vu mon état, je ne pouvais rien dire à part cette phrase que je venais vraiment de cracher. Voilà que le travail allait enfin commencer. Pas sûre que je sois vraiment prête.
Le comportement de l'équipe médical commençait à légèrement énerver Gabriel. Beaucoup de choses pouvaient séparer Rebecca et Gabriel par leurs nombreux points divergents mais pourtant ils avaient quelque chose de bien en commun. Ils n'aimaient pas spécialement tous les deux qu'ont le prennent pour des imbéciles et pourtant Gabriel avait l'impression que c'était ce qui été entrains de se passer. Certes, Rebecca n'était pas tendre avec eux mais qui le serait dans cette situation ? Gabriel aurait presque plus parier sur le fait que les soignants s'étaient mit en tête de la faire patienter exprès pour lui faire regretter son choix de ne pas avoir pris la césarienne. Peut-être qu'il allait un peu loin dans son retranchement mais peut-être pas. Il leur lança d'ailleurs un regard plutôt accusateur lorsqu'ils firent leur entrée dans la salle d'accouchement.
- Vous comptiez attendre que je mette moi-même ma fille au monde ?
La sage-femme s'excusa, elle devait probablement se dire qu'ils s'étaient bien trouvés tous les deux. Peut-être qu'elle n'avait pas tort, peut-être qu'après toutes ses années, ils avaient fini par enfin se trouver. Alors que l'équipe médicale donna ses instructions à Rebecca pour qu'elle mettre leur petite fille au monde, Gabriel reporta son attention sur elle en serrant sa main.
- Tu sais quoi Rebecca ? Tu es la personne la plus forte que j'ai pu rencontrer jusqu'à présent. Victoria est très certainement comme toi et elle doit vraiment être impatiente à l'idée de pouvoir rencontrer sa mère à l'heure qu'il est. Pousse autant que tu pourras à la prochaine contraction et écrase-moi la main si ça peut t'aider.
Quelque part, elle en profiterait sûrement de pouvoir lui faire mal alors que c'était à cause de lui qu'elle se retrouvait ici. C'était difficile pour lui de pouvoir l'aider autrement mais le plus dur était presque passé. Dans quelques minutes elle verrait son bébé et tout serait oublié. En tout cas, il fallait l'espérer sinon Gabriel allait en entendre parler pendant longtemps.
A croire qu’il y avait une tonne de future maman qui allait donner naissance ! A croire qu’un travail monstre était en train de se produire dans cet hôpital ! Et les urgences alors ? Il n’y en a pas des tonnes en maternité il me semble. De toute façon, j’avais bien trop mal pour continuer à leur gueuler dessus. D’ailleurs, cela me surprenait agréablement lorsque Gabriel en rajouta une couche, comme si je lui avais soufflé les mots avant. A croire que je commençais à déteindre sur lui, et oui, cela me faisait plaisir, très plaisir, même si oui, je souffre un martyre inimaginable, comme si mon utérus était en train de se déchirer de plus en plus de l’intérieur. Cette sensation qui ne s’arrête plus, mais qui commence à passer tellement elle est constante. Toujours est-il que j’allais devoir commencer à pousser, et là, oui, j’allais avoir mal, j’allais m’épuiser encore plus et mes séances de respiration allaient bien m’aider. En parlant d’aide, Gabriel était bien plus présent que je n’aurais pu l’imaginer, et vraiment, je me sentais soutenue, importante et je savais que j’allais m’en sortir. Cette simple pression dans ma main, ces simples mots rassurants et encourageants me donnait la force suffisante pour commencer à pousser. Mais j’eus tout de même un petit rire, certes étrange à cause de mes douloureuses contractions, mais quand même, j’avais le droit de serrer sa main autant que je voulais. Je me perdais un instant dans ce regard intense qui me faisait perdre le nord avant de me mettre à pousser plus fort que jamais. Et encore, et encore. Je ne faisais même pas attention si j’écrasais fort la main du père, mais une chose est sûre, je ne la lâchais pas. C’était comme s’il était un pilier très important pour que je ne défaille pas. Parce que c’était long, terriblement long et je n’avais plus aucune notion de temps, à croire que j’étais à deux doigts de m’évanouir d’épuisement.
Même si Gabriel ne ressentait pas la douleur de Rebecca, il essayait au mieux de se mettre à sa place et ce n'était pas très plaisant. D'ailleurs il faisait genre d'aller bien avec ses paroles réconfortantes mais s'il n'était pas agréable avec le personnel soignant c'est qu'il commençait à légèrement paniquer. Après tout, tout pouvait arriver. Rien n'était à écarter mais il essayait de ne pas y penser. Il attrapa sa main la serrant dans la sienne la regardant droit dans les yeux. Il ne pu s'empêcher de sourire lorsqu'elle échappa un bref petit rire. C'était déjà ça, de quoi lui donner un peu de courage pour la suite parce que si l'équipe avait fini par arriver c'était pour qu'elle commence à pousser. Pendant toute cette période où elle poussait, Gabriel ne cessa de lui parler pour l'encourager endurant largement la pression qu'elle exerçait sur sa main.
Quelques minutes plus tard, même si ça avait probablement paru une éternité pour Rebecca, la sage femme annonça l'arrivée du bébé, de leur petite fille qui s'accompagna rapidement par ses cris. Rebecca pouvait cesser de pousser et décrochant leurs mains Gabriel était complètement entrains d'halluciner. Sa petite fille était devant lui. Un minuscule petit bébé. Il s'approcha pour la voir passant au passage sa main dans ses cheveux complètement abasourdi. Il se mit à parler alors que le docteur coupait le cordon ombilical.
- Elle est vraiment magnifique.
La sage-femme qui tenait le bébé dans ses bras, la nettoya un peu avant de venir la poser sur la poitrine de Rebecca. On ne pouvait pas faire ça à chaque naissance mais quand le bébé allait bien et la mère aussi, un petit moment comme ça était accordée. En même temps, elle regarda Rebecca en lui demandant qu'ils avaient trouvé un nom pour le bébé, probablement pour ne pas mettre sur le bracelet que les noms de famille. Gabriel regarda Rebecca en souriant.
- Vas-y. Je suis sûr que tu meurs d'envie d'être la première à dire à notre petite fille comment elle va s'appeler.
Les contractions en elles-mêmes avaient déjà été terribles, mais alors là, les poussées pour que ma fille naissent étaient pires que toutes. Même si dans un sens, c’était un soulagement à chaque fois que je la sentais descendre peu à peu vers la sortie. Mais c’était dur, très dur, et si j’avais réussi à parler, peut-être que j’aurais supplié une péridurale finalement. En fin de compte, je m’en sortais sans, puisque malgré la douleur intense qui m’avait paru une éternité, voilà que tout s’arrêta d’un coup et que des petits cris se firent entendre. Une drôle de sensation, une émotion inimaginable. Je croyais que mon cœur avait lâché, mais il avait bondi de sa poitrine en entendant la voix de ma fille, que je ne voyais pas encore. Ma vue était troublé par l’effort physique et ma sueur. Une des infirmières vint me nettoyer un peu, alors que Gabriel semblait subjugué par sa fille. Une émotion encore plus fort se fit ressentir, j’étais plus qu’impatiente de la voir, de la rencontrer et de la porter. J’étais incroyablement heureuse avant même de la voir. Alors non, ça ne manquait pas quand elle arriva sur ma poitrine, des larmes ne purent s’empêcher de rouler sur mes joues. Je ne la lâchais pas du regard, pendant que Gabriel savait que je voulais prononcer ce joli prénom à voix haute, devant tout le monde Victoria. Victoria, tu es déjà la plus belle d’entre toutes. Lui disais-je, alors que le petit bout de chou luttait pour ouvrir complètement les yeux, ne se sentant très certainement plus si à l’aise en dehors de son cocon où elle est resté pendant de si longs mois. Moi aussi, ça me fait bizarre de ne plus la sentir, mais la voir est encore bien plus magique que d’être enceinte. Je regardais alors Gabriel et lui disais d’une voix douce, certainement la plus douce que je n’ai jamais use Viens. Je l’invitais à venir s’asseoir à mes côtés et porter délicatement Victoria jusqu’à ses bras, faisant bien attention à tout son petit corps, et surtout à sa tête tombante.
Un doux sourire se dessina sur les lèvres de Gabriel. Il n'y avait pas de doute, ils étaient tous les deux très heureux de l'arrivée de leur petite fille. Elle était si petite et si adorable qu'il fallait profiter au maximum de ce moment. Il ne pu s'empêcher de remarquer les larmes sur les jours de Rebecca en se disant que finalement, elle était comme il le pensait. Bien plus humaine qu'elle ne pouvait le laisser paraître aux yeux des autres. Elle réalisait le rêve de sa vie et il était en première loge réalisant à coté de quoi il aurait pu passer lui qui se disait bien sans enfant et sans attache. Maintenant pour le reste de sa vie, il allait pensé à Victoria avant de penser à lui et quelque part ça le rendait heureux. Lorsque Rebecca l'invita à venir s'asseoir sur le lit à coté d'elle, il le fit sans même réfléchir. Elle lui confia délicatement leur petite fille et il la réceptionna avec une infime tendresse dont il ne se serait jamais sentit capable. Il regarda alors Victoria ouvrir difficilement les yeux, probablement à cause des néons de la pièce.
- Bonjour Victoria…
Elle lui fit un sourire. Enfin, ce n'était pas vraiment un sourire plutôt un réflexe qu'avait tous les bébés quelques jours après leur naissance mais ça ressemblait vraiment à un sourire et c'était beau à voir. La sage femme s'approcha d'eux en les félicitant. Elle voulait récupérer la petite pour ainsi faire tous les tests et s'assurer qu'elle était en bonne santé. En même temps, Rebecca elle pourrait s'installer dans une chambre et prendre quelques minutes de répits. Il se pencha vers Rebecca pour qu'elle puisse embrasser leur bébé puis il la confia à la sage femme. Il tourna ensuite son visage vers Rebecca.
- Tu préfères que je reste avec Victoria ou avec toi ?
Honnêtement s'il lui posait la question c'est parce qu'il avait très envie de rester avec sa petite pendant les soins de nursing mais d'un autre coté, il rêvait de se retrouver un peu seul avec Rebecca. Il avait presque envie de l'embrasser et d'imaginer un instant que tout pourrait être normal entre eux mais ce n'était plus le cas depuis qu'elle lui avait annoncé être enceinte de lui.
L’émotion ressentit face à cette petite vie que je venais de mettre au monde, est indescriptible. Inimaginable non plus. Tellement que l’émotion m’avait envahie. Je n’en revenais vraiment pas, et c’était comme si j’étais sur un petit nuage. Sur un grand nuage duquel je ne voudrais jamais redescendre. Tout était parfait, et comme je le pensais, la douleur que j’avais ressentie avait tellement été intense, qu’à présent c’était du pur bonheur. Même si je me sentais dégoulinante, poisseuse et que je n’avais qu’une seule envie, prendre une douche. Je le pourrais très certainement dans quelques minutes. Je devais bien avouer que j’aurais voulu rester avec Victoria, la garder rien que pour moi. Mais je voulais aussi que Gabriel reste avec elle, avec moi. Et pour être honnête, cela me faisait un drôle de pincement au cœur de le voir avec notre fille dans les bras. Je pourrais admirer le spectacle, vraiment, et pourtant j’étais persuadée que je n’aurais jamais pu partager mon enfant. Là, je lui faisais une confiance aveugle. C’est sûrement aussi grâce au fait que je connais Gabriel, je sais que c’est un chic type, posé, humble et qu’il ne ferait jamais de mal à une mouche. Et comme s’il avait lu dans mes pensées, il me demandait avec qui je préférais qu’il reste, puisque la sage-femme devait emmener notre petite fille pour les examens terminaux. Je pourrais certainement la garder dans la chambre après, ou même sortir. Oui, j’espérais pouvoir me reposer et ensuite filer d’ici et couver ma petite. Le problème de la garde se posera très certainement plus tard. Parce que d’abord, je devais choisir. Je fixais alors Gabriel et réfléchissais en même temps. Que choisir ? Il y avait le fait que j’avais besoin de repos et en même temps je savais que Victoria était entre de bonnes mains. Même si en soit, on avait mis du temps avant de venir s’occuper de mon accouchement. Reste avec moi, tu iras la voir après. Lui proposais-je alors, histoire de trouver une solution à mon dilemme. Oui, j’avais envie qu’il reste avec moi, d’abord. Mais que lui dire ? Pourquoi est-ce j’avais envie qu’il reste ? Déjà, il faudrait que je sache moi-même pourquoi. Est-ce que vraiment développé des sentiments à son égard ?
Lorsque Rebecca lui demanda de rester avec elle, Gabriel eu un doux sourire qui s'afficha sur ses lèvres avant de se retourner vers la sage femme pour confirmer qu'il restait avec elle. Après tout, ils ne seraient séparés de leur fille que quelques minutes pour se retrouver les deux. Seulement tous les deux. Peut-être que l'occasion ne se présenterait plus après ça parce qu'ils avaient désormais Victoria et parce que tout était un peu bizarre entre eux. Gabriel était plutôt soulagé que tout soit fini et maintenant, il commençait à sentir sa main de nouveau. Bref, tout allait bien dans le meilleur des mondes. Un homme vint les féliciter puis bouger le lit, probablement un brancardier pour emmener Rebecca dans sa chambre puisque la salle d'accouchement devrait probablement servir à une autre futur mère sous peu.
Quelques minutes plus tard, ils étaient dans la chambre. Une infirmière passa voir si tout aller bien et le docteur donna l'autorisation à Rebecca de se lever si elle le souhaitait mais surtout, elle devait y aller doucement. Pour le coup, elle ne devait plus regretter de ne pas avoir prit la péridurale car elle aurait été coincé dans son lit encore un certain temps avant que l’anesthésie se dissipe.
- Tu veux que je t'apporte quelque chose ou tu as tout ce qu'il te faut ?
Gabriel regarda un peu partout dans la chambre pour voir s'il y avait de l'eau par exemple. C'était une chambre plutôt spacieuse clairement pour deux personnes puisqu'il y avait tout un espace pour bébé. Il n'aurait décidément jamais pensé se retrouver dans un endroit comme celui-ci encore moins dans le rôle du père. Un nouveau sourire sur ses lèvres lorsque son regard croisa celui de Rebecca et il ajouta presque euphorique.
L’accouchement enfin terminé, la simple idée de la douleur avait totalement disparu. Comme si cette dernière n’avait jamais existé, puisque le bonheur d’avoir ce petit être en vie et en bonne santé était suffisant pour oublier tout le reste. Sauf Gabriel. Sauf le père de mon enfant, à qui je tenais particulièrement. Pour une raison que j’ignore. Peut-être était-ce parce que je voulais changer, me racheter et que Gabriel avait cette emprise sur moi que je n’expliquais pas, qu’il ne se lassait pas de moi, qu’il ne me détestait pas. Heureusement pour moi, je n’allais donc pas être obligée de rester alitée à cause de la péridurale, j’attendais juste qu’on m’emmène dans ma chambre de repos. Le placenta enfin sorti, un brancardier était paré pour me déplacer. Gabriel m’accompagner et une fois installée dans la chambre il me demandait si j’avais besoin de quelque chose. Heureusement, la faim n’était pas présente. Je verrais bien plus tard. Je veux bien un peu d’eau s’il te plaît. Oui, je n’avais pas envie qu’on m’installe une perf parce que je me mettrais à faire une déshydrations après mon accouchement. Non, je veux sortir rapidement et j’ai intérêt à être en forme. Mais avant que je ne décide de me redresser, je voyais le bonheur et l’euphorie dans son regard qui faisait qu’il était encore plus craquant. Je lui rendais son sourire, un peu plus timidement, comme si je sentais que si je ne me contrôlais pas, il allait comprendre qu’il me fait encore trop d’effet. Oui, je n’aurais pas pu espérer mieux. Je me redresse donc, doucement, sentant quelques douleurs dans mon bas ventre et restais assise un instant sur le rebord de mon lit Il va falloir trouver une solution pour la garde … Oui, ce n’était pas un sujet très réjouissant, et peut-être qu’il allait perdre le sourire que je lui aimais tant, mais il fallait en parler un jour ou l’autre. Et puis comme ça, j’éviterais de me faire griller dans mes sentiments.
Lorsque Rebecca lui demanda de l'eau, il s'avança vers une table installée dans la chambre où se trouvait un pichet avec de l'eau. Après l'avoir remplit, il se retourna pour venir lui apporter au lit. Une chose était sûre, après avoir donner naissance à leur fille, elle pourrait lui demander tout ce qu'elle voulait que Gabriel ferait le maximum pour lui accorder sans s'en rendre compte. Quelque chose lui disait par contre qu'elle allait faire son maximum pour rentrer à la maison au plus vite mais il y avait sûrement un délai ne serais-ce pour le bébé, faire les tests et savoir si elle était en bosse santé. Il faudrait probablement qu'elle reste au moins une ou deux nuits à l'hôpital. Le personnel n'avait pas fini d'en voir de toutes les couleurs. Il se mit à sourire lorsqu'elle lui répondit et il lui tendit le verre d'eau avant de prendre place à coté d'elle sur le lit puisqu'elle était assise au bord. Elle posa une question intéressante mais Gabriel ne pensait pas que c'était un problème.
- Ce n'est pas comme si on habitait à cinq cent kilomètres l'un de l'autre. Il y a quoi ? Deux rues entre nos deux maisons ? Te prend pas la tête, si tu me laisses venir la voir c'est mieux qu'elle reste avec toi, non ? En échange, au lieu de prendre une nourrisse lorsque tu reprendras le travail, je pourrais peut-être la garder comme je travaille chez moi ?
Autant dire, il pouvait clairement aménager sa journée pour s'occuper de sa fille mais il ne voulait surtout pas privée Rebecca de pouvoir l'avoir avec elle. Il ne serait ce genre de personne qui la mettait un jour au tribunal pour obtenir la garde de sa fille ou quelque chose dans ce goût là. Non, dans l'idéal, Victoria vivrait avec ses parents mais fallait qu'il arrête de penser à ce genre de truc. L'accouchement lui était monté à la tête, c'est sûr !
La garde de la petite était un sujet que je voulais aborder depuis un bon bout de temps. Mais déjà qu’on avait eu du mal à trouver le prénom parfait, j’avais jugé préférable d’attendre avant de parler de la garde. Je n’en revenais pas à quel point il ne se prenait pas la tête, et à quel point il voulait s’adapter à moi. C’est bien la première fois que je vois agir un homme de la sorte. Je restais un petit moment interdite, me sentant fébrile, ne sachant pas si ça venait de mon accouchement ou si c’était simplement l’effet qu’il me faisait. Je me serais bien rallongée pour le coup, mais je tenais le choc, parce qu’il était assis à côté de moi et que je ne voulais pas paraître faible. Tu pourras venir la voir autant que tu veux, et oui, je préfèrerais si c’était toi qui la garde quand je ne pourrais pas. Et je ne parlais pas seulement de mon travail. Même si en ce moment, les sorties ne me donnaient absolument pas envie. J’avais juste envie de rester au calme, me reposer et profiter de ma petite fille au maximum. Mais même si elle n’était pas dans la pièce, je me sentais bien. Fébrile, mais bien. Tellement que je me suis mise à poser ma tête sur l’épaule de Gabriel en rajoutant Merci. Un simple merci pour tout ce qu’il avait fait, et tout ce qu’il voulait faire pour moi. Je me sentais stupide, chose quasi impossible, mais je me devais surtout redevable. Et pourtant j’avais l’horrible envie d’en profiter, de profiter de la gentillesse et de la dévotion qu’il me portait. Mais s’il y a bien quelque chose que je n’aime pas, c’est ce genre de profit. Il faut profiter des gens oui, mais pas quand tu vois dans leur regard qu’il serait prêt à tout pour toi. Et oui, je préférais éviter son regard, parce que ça me faisait peur, terriblement peur.
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