Angelina Gilmore se demandait ce qui lui avait pris de se rendre chez son ancienne amie Azur mais elle se sentait complètement démunie face à la situation qu’elle traversait. Elle avait besoin de parler, de se confier et d’être rassurée sur son avenir. Arthur lui avait infligé le coup de grâce la nuit dernière en refusant de rentrer avec elle, ou ne serait-ce que de lui parler. Depuis qu’elle lui avait annoncé sa paternité confirmée elle avait l’impression qu’un fossé s’était créé entre eux et qu’il n’y avait rien qu’elle puisse faire ou dire pour les rapprocher à nouveau malgré ses espoirs et ce petit garçon qui était un savant mélange d’elle comme de lui. La belle Angie était désespérée, elle ne comprenait pas pourquoi tout devait être si compliqué constamment dans sa vie alors qu’elle estimait ses sentiments pures et ses intentions louables. Ok elle avait merdé mais elle faisait le maximum pour se racheter. Pourquoi personne ne voulait voir ça ? Il n’y avait rien de pire au monde que d’aimer sans retour et Angelina expérimentait cette douleur depuis trop longtemps. Pire encore, Angelina avait stalké son ex sur Facebook et il avait vu qu’il identifiait souvent la même fille dans des publications ou likait pratiquement toutes ses photos Instagram. Tout le monde savait que ce genre de petits signes présageaient le plan cul ou la relation naissance. Angie avait un doctorat en stalking d’ex et de nouvelles conquêtes et son instinct d’enquêtrice lui disait que celui qu’elle aimait plus que tout lui avait définitivement glissé entre les doigts. Alors elle avait besoin d’en parler, elle en avait marre d’avoir une grosse boule au fond de la gorge.
Dieu merci Azur avait répondu par la positive à son message quand elle lui avait demandé si elle pouvait débouler chez elle avant d’aller prendre son shift au Canvas, la dernière fois qu’elle s’était vue Angie avait été surprise par sa compassion et ses confidences, alors elle ressemblait plus à une personne de confiance que quiconque qu’elle avait dans son entourage actuellement. L’affront que lui avait fait Lydia en la mettant devant ses responsabilités avait achevé de la faire se sentir comme une merde aux yeux de tout Brisbane. Quand Azur ouvrit la porte, Angelina se jeta dans ses bras et éclata en sanglots. Elle qui d’habitude n’était pas du genre à avoir des contacts physiques avec les gens elle avait juste besoin d’un contact, d’un signe qu’elle finirait par aller mieux.

C'était une soirée tranquille, seule à l'appart, ma colocataire partie depuis un moment à un rencard avec un ancien ami à elle. J'avais tenté de l'en dissuader, en mode 'tous les hommes sont des ordures Bobbie!', mais je pense qu'elle en a eu marre de mes crises plaintives puisqu'elle m'a rapidement laissé en plan pour aller le rejoindre. En même temps, je suis une sale hypocrite de lui faire la morale alors qu'entre Orion et moi, ça devient de plus en plus... Je ne peux pas dire sérieux, parce que nous ne sommes pas en relation quelconque. Donc, quoi, fréquent ? Plus je passe du temps en sa compagnie, plus j'ai envie de le voir et plus je me dis que de devrais partir en courant, m'enfuir loin de celui qui m'a fait fait tant de mal, mais je n'y arrive pas. Je me sens bien avec lui, terriblement bien, et je refuse de me poser plus de questions que cela, sachant que je viendrais à questionner la nature des sentiments que je lui porte et ça ne sera pas bon pour moi, ni pour lui. Alors on s'en tiens à une relation d'amis avec bénéfices, c'est tout, c'est très bien comme ça, c'est l'idéal... Personne n'est réellement au courant et je n'ai pas envie que ça change non plus. Assise sur le canapé avec Stitch, je reçois le message d'Angie et, lui confirmant que je suis chez moi et qu'elle peut passer quand elle souhaite. Je ne travaille pas pour les prochains jours et je ne planifie pas non plus sortir de chez moi, histoire de prendre du temps pour moi. Mon amie arrive quelques instants plus tard, et je n'ai pas le temps de la saluer qu'elle fonce directement dans mes bras et les douves de son chagrin s'ouvrent, laissant libre cours à sa peine. Je reste surprise une fraction de seconde, avant de serrer mes bras autour d'Angie et de serrer fort, frottant son dos quelques instants. Je sais que la belle brune n'est pas friande de contacts, moi non plus, mais ce soir fait exception à la règle. « Tout va bien aller. » Du moins, je l'espère. Je finis par relâcher mon invitée afin de fermer la porte de l'appart et je l'invite à me suivre vers le salon où je l'invite à prendre place. Ses larmes ruissellent toujours sur ses joues, et je rapproche une boite de mouchoirs de nous pour l'avoir à proximité, en cas de besoin. Je continue de passer une main sur le bras d'Angie, tentant de lui offrir tout le réconfort qu'elle est venue chercher en toquant à ma porte. C'est une femme forte qui ne s'étale jamais réellement sur ses émotions, alors si pour une fois elle a besoin de se vider le coeur, de pleurer, d'hurler, je serai là pour elle, parce qu'il n'y a rien de pire que d'être seule quand on a désespérément besoin de quelqu'un pour nous écouter. « Qu'est-ce qui se passe, Angie ? » Je me tente à débuter la conversation, toutefois convaincue que l'un de ses exs est la source de ses tourments.

Lorsque Angelina fondit dans les bras de son amie, sa vague de chagrin contra une onde de réconfort tellement attendue. Ses caresses apaisantes calmèrent les sanglots d'Angie un court instant avant que ceux-ci ne redeviennent des torrents de larmes incontrôlés. Elle avait bien fait de ne pas se maquiller, elle qui ne se noircissait les yeux à chaque fois qu'elle devait prendre son service au Canvas. Elle sentait son cœur cogner dans sa poitrine à une vitesse incroyable, ça faisait tellement longtemps qu'elle se retenait de ne pas péter un câble. Elle ne voulait pas qu'Abel la voit dans cet état, les enfants étaient des éponges et avec tous les changements qu'il y avait en ce moment pour Abel, avec l'apparition de son père et autres, ce n'était pas le moment de le perturber encore plus. Alors elle était venue ici se réfugier pour laisser libre court à ses sentiments et tout ce qu'elle avait accumulé depuis. La dernière fois qu'elle avait eu mal comme ça c'était lorsqu'Arthur l'avait pris en flagrant délit de tromperie et qu'il l'avait quitté sans ménagement, faisant ses valises dans la foulée. Et quatre ans plus tard, elle pleurait encore le même homme qui ne voulait avoir affaire à elle à son grand désespoir. "C'est Arthur... Il veut plus du tout de moi Azur, je comprends pas comment il peut être aussi froid et distant après ce qu'on a vécu. On a été tellement proches et maintenant il se comporte envers moi comme un inconnu alors qu'on a un gosse ensemble putain."
Angie se doutait un peu de ce qu'Azur risquait de lui répondre, en lui expliquant que c'était compliqué pour lui de pardonner son infidélité et maintenant son enfant caché. C'était un putain de bordel et Angelina avait du mal à comprendre pourquoi Arthur n'arrivait pas à faire table rase du passé. "Ok j'ai merdé Azur mais Arthur c'est le seul qui ne m'a jamais fait de mal de tous les mecs que j'ai connu, j'ai besoin qu'il revienne dans ma vie et que tout se passe comme avant. J'étais en sécurité avec lui." Elle marqua un temps d'arrêt puis releva la tête vers elle. "Je peux m'allumer une clope ?" Puis sans en attendre sa réponse, elle rajouta. "Tu me le dirais si Arthur avait quelqu'un n'est-ce pas ?" s'alarma t-elle. Si ça se trouve Arthur lui mentait et il était en couple depuis un moment. Ca lui briserait le coeur, elle ne savait pas si elle préférait savoir ou non.

Je n'ai jamais eu l'impression d'être une bonne amie, trop égoïste pour être assez emphatique afin offrir une oreille attentive à mes proches. Souvent, je ne sais pas quoi dire, ou je leur dis ce que moi je ferais sans réellement tenter de me mettre à leur place. Le parfait exemple c'est ma coloc' à qui je dis de ne jamais aller à ses rendez-vous parce que les hommes sont des porcs, me fâchant presque contre elle lorsqu'elle décide d'écouter son coeur, alors que de mon côté je m'envoie en l'air avec l'homme qui a détruit ma vie. Je suis une belle hypocrite, mais avec Angie je n'ai pas l'impression de jouer à un jeu en cachant les actions desquelles je ne suis pas réellement fières. Non, elle sait que je suis une pauvre fille qui sait pas résister et elle m'a bien fait comprendre qu'on cachait tous une pauvre tarée en nous, surtout lorsqu'on vient à parler d'amour. Le seul truc pour lequel je suis douée, c'est de ne pas juger les gens sur leurs erreurs, alors même si je sais qu'Arthur a quitté Angie parce qu'elle était infidèle, je ne peux pas la traiter avec moins d'estime, contrairement trop de gens. On fait tous des conneries, faut assumer les conséquences, mais se juger sur le passé n'aidera personne à avancer et tourner la page. Sauf que si on s'appelle Azur Ainsworth, se noyer dans les affres du passé semble plus attrayant que le futur... J'écoute mon amie pleurer le seul homme qui semble l'avoir traité avec le respect qu'elle méritait et je baisse les yeux quand Angie dit qu'elle a besoin qu'il lui revienne, incapable de commenter. Pour avoir eu une petite discussion avec Arthur, je sais qu'il lui en veut et je pense qu'il lui en voudra encore un bon moment. Je ne réagis pas quand la belle brune s'allume une clope: j'ouvrirai les fenêtres et Bobbie n'y verra rien. Le nombre de clopes que j'ai fumé dans cet appart sans qu'elle ne le réalise, je sais que cette fois passera crème aussi. « Il a besoin de temps Angie. » Je n'essaie pas de me placer du côté d'Arthur, parce qu'il n'y a pas réellement de côtés dans cette histoire. « Si toi t'as eu tout ce temps pour te faire à l'idée, lui il vient de l'apprendre. C'est beaucoup à digérer, et même si ça ne reviendra peut-être pas comme avant, tu as du temps aussi. Faut qu'il apprenne à te faire confiance à nouveau, et ça, ça ne peut pas se faire aussi rapidement... » Je me mords presque la lèvre, parce que moi en tant qu'idiote professionnelle, je donne ma confiance un peu trop rapidement. Je laisse un silence passe quand Angie me demande si je lui dirais si Arthur avait une femme dans sa vie. Une partie de moi me dit que le mieux serait de ne pas lui dire un truc qui n'a rien à voir avec elle et qui lui ferait sûrement trop mal pour rien... Sauf qu'en me mettant à ma place, je serais folle de rage de savoir que mon homme a une femme dans sa vie et que mon amie ne m'en a pas fait part. Un frisson me parcourt juste à imaginer la colère dans laquelle cela me plongerait. Ouais, vaut mieux jouer la carte de l'honnêteté. « Heu, une femme dans sa vie, ça je ne sais pas trop. Je sais juste que ton retour concorde avec celui d'une ex avec qui c'était pas mal sérieux aussi, mais qu'il avait pas du tout envie de la voir. » Je passe sous silence l'aspect mariage, un petit détail qui n'ajoute pas grand chose. « C'est vraiment le bordel dans sa tête à ce que j'ai cru comprendre... »

La première latte tirée, Angelina eut la nette impression que ça allait un petit peu mieux. Reniflant frénétiquement toutes les trois secondes, elle sentait son mascara s'infiltrait dans ses yeux et ça la brûlait horriblement. Elle avait besoin de prendre l'air en vérité, elle jeta un coup d'oeil par la fenêtre. Elle aurait donné n'importe quoi pour se transformer en oiseau et voler loin des problèmes. Sauf qu'elle était dans la vie réelle et qu'il n'y avait pas d'échappatoire. Evidemment elle ne s'attendait pas à ce qu'Azur lui tapote gentille-ment la tête en la berçant de belles paroles et en lui disant que tout allait s'arranger. Ce n'était pas le cas. Rien n'allait s'arranger bien au contraire, tout risquait d'aller en s'empirant.  Néanmoins contre toute attente, Azur ne fut pas si dure que ça, elle tenta de l'apaiser en disant qu'il fallait donner du temps à Arthur afin qu'il puisse apprendre à lui refaire confiance et pourquoi pas repartir sur de nouvelles bases. Angelina avait longtemps cru qu'il y aurait peut-être moyen de sauver les meubles avec Arthur mais ce dernier lui avait bien fait savoir que leur relation était bel et bien terminée. C'était vraiment dur à encaisser pour Angelina, elle se sentait plus seule que jamais. Elle n'avait plus d'amie, plus de mecs. Elle était en abstinence depuis des années, malgré elle maintenant et elle n'en pouvait plus. Elle voulait juste que tout redevienne comme avant, au moins avant elle en avait rien à foutre de tout. Elle avait songé à revenir quelques temps chez ses parents pour se sentir moins isolée mais il suffisait qu'elle entende la voix de sa mère au téléphone pour avoir envie de lui couper la tête.  "Je sais que c'est mort Azur je l'ai vu dans ses yeux, on aurait dit que si je le touchais il allait rentrer en combustion spontanée. Il me déteste, j'ai jamais vu ça de ma vie. Même ma mère biologique a plus d'estime pour moi que ce mec." Elle tira de nouveau une longue latte sur sa cigarette puis rajouta "Tu sais ce qu'il m'est arrivé la dernière fois ? J'étais au parc avec Abel et cette connasse de Lydia, sa pote là, est venue m'agresser ! Genre à me crier dessus, que ce que j'avais fait, ça se faisait pas blablabla ! Elle a vraiment pris la confiance celle-là !" pesta Angie. Elle avait encore en travers le comportement odieux de l'amie d'Arthur. Être prise à partie comme ça avait été insupportable pour elle mais elle avait pris sur elle car elle ne voulait pas qu'Abel voit sa mère perdre ses moyens.
Angelina tira sur sa cigarette, elle n'en démordait pas. "J'en peux plus de ces Miss Parfaites donneuses de leçon, j'ai tellement hâte que son vieux mec la largue quand elle aura un mioche on verra comment elle s'en sort. Pétasse." Elle était clairement en train de relâcher la pression, son rôle de maman l'obligeait à se contenir constamment et Angelina s'était transformé en vrai cocotte-minute. Elle sentait que la sous-pape était sur le point de sauter et que peu de monde pourrait l'empêcher. Elle avait l'impression d'être au sein d'un gigantesque complet où tout Brisbane se serait concerté pour lui pourrir la vie et la faire se sentir comme une merde. "Je suis complètement soulée par la situation Azur, j'ai besoin d'un break mais je veux pas laisser Abel trop longtemps avec Arthur. D'ailleurs, ils ont trouvé une solution avec Orion ? Il l'a prit comment pour Abel ?"

C'est une situation difficile pour moi, connaissant la vision d'Arthur face à cette situation, je tente de ne pas faire de faux pas dans mes propos. J'avoue qu'à sa place, apprendre l'existence d'un fils après tant d'années, je verrais noir et je serais folle de rage. Sauf qu'Angie a eu cette fibre égoïste que je n'ai pas et a agis dans son meilleur intérêt, ce qui cause des soucis avec le père d'Abel. Je me retrouve entre deux personnes qui ont des motifs valables, et je ne peux pas réellement me ranger d'un côté ou d'un autre. La présence d'Angie en ce moment fait cependant pencher la balance pour elle, sachant qu'elle doit se sentir comme la méchante de l'histoire. Isolée, les gens doivent forcément prendre le parti d'Arthur sur qui la nouvelle tombe sans vraiment pouvoir changer quoique ce soit. Je baisse les yeux quand elle me fait part de la colère de son ancien amant, ne pouvant pas vraiment répliquer face à sa réaction. « Comme je dis, donne-lui du temps. Tu n'as pas fini de le voir, et pour le bien de votre relation avec votre fils, je pense qu'il réussira à mettre cette haine de côté tôt ou tard. » Rien de pire que d'avoir des parents qui se détestent. Je ne parle pas par expérience, mes parents étant toujours amoureux, mais je me doute bien qu'un jour Arthur aura un comportement plus cordial avec la mère de son fils, pour s'assurer du bien-être de ce dernier. Je l'écoute aussi me faire part de l'histoire avec Lydia, ce à quoi je roule les yeux. « Angie, t'as agis pour ton bien-être là-dedans. C'est toi qui est partie, parce que tu en avais besoin. C'est certain que ton retour fait de la merde, mais faut que tu t'en foutes de ce que les autres pensent. Tu serais restée, ils ne te feraient pas des commentaires de la sorte, c'est certain, mais toi, tu te sentirais comment ? » Je m'emporte un peu, l'impression d'être une psy alors que je serais sûrement pire que cette Lydia si quelqu'un faisait du mal à un de mes proches. « Au diable cette Lydia, elle a sûrement des problèmes dans sa vie elle aussi alors laisse-là tomber. » Je balaye l'air devant moi d'un revers de main, comme pour chasser les mauvaises ondes de notre discussion. « Faut que tu sois forte. » Je pose ma main sur le bras de mon amie, comme pour lui montrer que je suis là pour elle, même si je me retrouve le cul entre deux chaises dans cette situation. Certes, Arthur n'est pas mon ami, mais je ne mettrai jamais à maudire l'un en la présence de l'autre. La conversation dévie sur la présence d'Abel chez Arthur, et je me fixe une trop longue seconde lorsque ma belle brune prononce le nom d'Orion. Je la fixe, cherchant à savoir si elle sait que cet homme est ma kyptonite, mais elle ne réagit pas. Je laisse couler. « Je ne sais pas vraiment, mais ni Orion ni Arthur ne m'ont fait part de changements majeurs. Enfin, je ne pense pas  qu'un des deux déménage, je crois qu'ils vont rester en coloc. Enfin, Bobbie n'a rien signalé. » Après tout, c'est elle la meilleure amie d'Arthur, c'est elle qui devrait me tenir au courant de ce genre de chose. Je laisse échapper un rire, l'idée de voir Orion arriver dans une pièce mise en bordel par un enfant... Non, son tempérament explosif n'est facilement activé que par ma petite personne. tout se passera très bien, j'en suis certaine. « Je sais pas trop ce que ça va donner, à vrai dire. »

En venant jusqu'à chez Azur, Angelina avait eu peur que ça soit une mauvaise idée. Les gens étaient tellement tous sur la longueur d'onde quand il s'agissait de l'ignorer en ce moment qu'elle avait peur qu'Azur aussi ait décidé de se ranger de ce côté-là. Fort heureusement, ce n'était pas le cas. En véritable amie, Azur lui témoignait son soutien et elle n'avait même pas idée à quel point c'était bénéfique pour le bien-être d'Angie. ENFIN quelqu'un comprenait pourquoi elle était partie lorsqu'elle avait appris qu'elle était enceinte, complètement paniquée. Enfin quelqu'un reconnaissait que ce n'était pas aux autres de la juger et que chacun devait balayer devant sa porte. Cette empathie fut une pommade apaisante pour la jeune maman dont les pleures s'apaisèrent. Angelina essuya ses deux paupières du bout des doigts. Ses yeux lui brûlaient mais elle s'en foutait, maintenant ça allait beaucoup mieux même si l'orage infernal de ses émotions continuait de gronder sourdement au fond d'elle. "Franchement t'imagines pas à quel point ça me fait du bien d'entendre ça, j'ai l'impression de sombrer un peu plus jour après jour. Je me sens seule et j'ai l'impression que tout le monde va me tenir rigueur toute ma vie d'être partie. J'ai jamais demandé aux autres de porter cette décision ou ce fardeau à ma place mais apparemment tout le monde à un avis dessus." Azur lui conseillait d'être forte et Angelina était vraiment prête à l'être mais elle n'y arrivait tout simplement plus. Tenir la distance était devenu trop difficile pour elle, elle en avait marre d'avoir constamment l'impression que le sol s'ouvre sous ses pieds.

Vient ensuite le sujet d'Abel qui devait aller chez son père une semaine sur deux alors que ce dernier habitait encore avec un coloc dont elle ne savait absolument rien si ce n'est son prénom. Angelina aurait bien aimé en savoir plus sur ce mec, elle avait vite fait stalker son compte instagram mais rien de bien intéressant. Elle comptait sur Azur pour lui en dire plus. "Je sais rien de ce mec alors qu'il voit mon fils autant que moi... Tu le connais toi ? Tu l'as déjà vu ? Il est plutôt comment ?" Angelina n'avait évidemment aucune idée du lien épique qui unissait son amie avec le coloc de son ex, mais elle était sincèrement intéressée par sa réponse. "Pourquoi tu ris ?" se méfia Angie. Savait-elle quelque chose ? "C'est qui Bobbie même ?" Elle avait besoin de mener sa petite enquête avant de pouvoir dormir sur ses deux oreilles et elle espérait qu'Azur le connaisse assez pour lui en dire un peu plus puisqu'il était clair qu'elle ne saurait rien grâce à Arthur qui se faisait un malin plaisir à passer sous silence le détail le plus insignifiant de sa vie pour éviter qu'Angelina se sente de nouveau investie de la mission de le récupérer. Soit, mais elle voulait savoir avec qui son fils allait passer la moitié de son temps ces prochaines années "J'ai rien dis pour pas foutre encore plus la merde mais j'ai un peu de mal avec l'idée que mon fils vive dans une garçonnière, même si malgré tout j'ai 100% confiance en Arthur" rajouta t-elle.

Je me crispe un peu sur mon canapé, coincée dans ma position. Il est vrai que je supporte Angie dans l'obtention de son bonheur, mais je ne serais pas prête à me mettre Arthur à dos pour cela. Je veux dire, cette situation ne me regarde aucunement, alors l'idée de m'en mêler concrètement ne m'est pas du tout attirante. Heureusement pour moi, outre pour me parler de ses soucis et ses sentiments, la Gilmore ne semble pas me demander de trancher, et c'est tant mieux. Le sujet arrive rapidement sur la garde partagée de son fils, et qui me fait fixer un point invisible au-dessus de l'épaule de mon invitée. J'aurais bien aimé éviter le dossier Orion, mais les inquiétudes de la jeune maman sont toutes fondées et en tant qu'amie, et femme qui connait trop bien le coloc d'Arthur, je me dois de la rassurer. « Oui, je le connais. Très bien en plus de ça. » Je joue avec mes mains un moment, pour ensuite me saisir du paquet de clopes d'Angie et me servir. « C'est... Un bon gars. » Je réalise tout de suite que si je continue sur cette lancée, je risque plus d'inquiéter la barmaid que la rassurer avec toutes mes hésitations. « Je le connais depuis qu'on est gosses, on a grandit ensemble en vérité. Il est très brillant, trop ordonné, un peu irritable sur les bords, mais je me doute bien que s'il a dit à Arthur qu'il acceptait de rester en colocation avec lui même avec la venue d'Abel, c'est que cela ne pose réellement pas de soucis. » Je tire une latte, lentement. Je ne sais pas quoi ajouter pour alléger la situation... J'ai presque envie de dire à la blague que je le voyais père de mes enfants plus tard, tellement j'avais confiance en lui, sauf que ça serait mettre notre relation passée un peu trop en avant. Je décide de taire les côtés sombres de son passé, bien consciente que ça ne risque pas de remonter à la surface. « Heu. » Pourquoi je ris ? « Parce qu'on s'engueulait souvent avant... » ...encore aujourd'hui... « ...mais on était jeunes et cons... » ...on est toujours cons d'ailleurs. Je décide de poursuivre en déclinant l'identité de Bobbie. « C'est ma coloc, la meilleure amie d'Arthur. C'est comme ça que je le connais, d'ailleurs. » Je soupire, me questionnant d'ailleurs si je peux encore définir Bobbie comme la meilleure amie d'Arthur. Depuis qu'elle sort avec ce douchebag, je la vois de moins en moins. Elle passe tout son temps à l'animalerie ou chez son boy, amenant souvent Stitch avec elle. Angie continue en me faisant part de ses inquiétudes quant à l'environnement dans lequel évoluera Abel. J'avoue que si on imagine deux hommes de la trentaine en coloc, on s'imagine souvent des célibataires endurcis, qui préfèrent la bière à tout type de boisson, qui mangent sûrement trop de pizza avec des chaussettes sales un peu partout et des filles qui défilent souvent. Ok, ce portrait s'applique sûrement à n'importe quelle colocation masculine entre 18 ans et 35 ans. « Je pense pas que t'aies à t'en faire. » Ma cigarette terminée, je laisse mon mégot tomber dans le fond de mon thé. « Tu as confiance en Arthur, mais pour ce qui est d'Orion je t'assure que c'est pas le genre de connard que tu peux redouter qu'il soit. C'est le genre de gars qui cuisine mieux que ta mère et qui ne ramène personne à la maison. Du genre, il laisse généralement pas ses conquêtes venir chez lui... » Je m'embrouille, avançant un truc que je ne peux pas confirmer. « Enfin, c'était avant, aujourd'hui je sais plus. Heu... bref. » Je finis par croiser les bras après avoir bafouillé ces derniers mots, espérant vraiment que le sujet va dévier dans les prochaines minutes.

Arthur ferait un bon papa, Angelina le savait et n'avait aucun doute à ce sujet parce qu'elle connaissait assez son ex pour savoir que c'était quelqu'un de bien, et qu'il donnerait tout pour son fils. En revanche elle ne savait rien de son entourage ni des gens qui entraient et sortaient dans sa vie. Et ça, c'était un peu plus angoissant clairement. La jeune maman était très protectrice, trop sûrement et maintenant que Arthur avait eu la garde une semaine sur deux elle avait de quoi s'inquiéter constamment. Il y avait donc le facteur Orion qu'elle ne pouvait ignorer. Fort heureusement, Azur semblait bien informée et elle allait pouvoir avoir des informations. Elle ne risquerait pas à en demander à Arthur qui risquait de l'envoyer sur les roses purement et simplement. Angelina ressentit une vague de soulagement lorsqu'Azur commença à leur conter leur histoire. Ok. C'était définitivement plus qu'un ami d'enfance, il n'y avait qu'à voir la manière dont elle tirait sur sa clope pour savoir qu'il n'était pas juste un mec comme ça dans le paysage de ses souvenirs. Angelina la laissa lui en dire le plus possible mais elle sentait qu'Azur lui cachait plus ou moins quelque chose. C'était peut-être bizarre d'ailleurs qu'elle ne lui en ait pas parlé avant non ? Si Angie avait pu sortir un petit calepin et y reporter consciencieusement toutes les informations que lui donnait Azur. Bobbie. Meilleure amie. Coloc. Dispute. Conquête. Azur ne s'en rendait peut-être pas compte mais c'était une véritable banque d'informations. Angelina n'imaginait pas à quel point le quotidien d'Arthur était différent de ce qu'elle s'imaginait. Toutes ces infos étaient une mine d'or et si Angie n'avait pas eu peur d'abuser elle aurait sûrement demandé la liste de numéros de téléphone qui allait avec. Mais bon... Ca faisait un peu too much, elles se contenteraient de tous les stalker un par un sur chaque réseau social. Elle fit exprès de ne pas faire remarquer son étonnement devant tant d'informations. Angelina prit un air dégagé, passant une main dans ses cheveux pour les remettre en arrière. "Oh d'accord, bon alors si tu dis que je n'ai pas à m'en faire... Et il a pas de nana celui-là ? C'est le genre de célibataire endurci qui baise avec n'importe qui où il en a quand même une régulière ?" Angie faisait exprès, elle savait reconnaitre un crush. Mais elle était loin de se douter de l'envergure de celui-ci, à aucun moment Angelina ne se doutait qu'Orion était le centre de toutes les attentions d'Azur. Elle voulait juste savoir de quoi il en retournait, sans se douter qu'elle avait mis en plein dans le mile.

J'aimerais dire que ne suis pas une idiote, pas sur tout, du moins. Aujourd'hui, je m'en sors pas mal au travail, dans mes finances, mes relations... C'est ce que j'essaie de me faire croire. Je suis assez stupide pour croire mes propres mensonges; ça fait de moi une connasse ou une femme intelligente ? Parce qu'en vrai, je suis vraiment une idiote qui s'enflamme dès qu'on touche un sujet sensible. Mon langage corporel parle plus fort que moi, mon front se plisse, mes poings se serrent et je respire plus bruyamment, toute subtilité ayant quittée mon être. Alors que je voudrais rester impartiale, je ne me rends aucunement compte que j'offre tout un spectacle à Angelina qui sait exactement quoi dire pour me tirer sur une pente glissante. Ce n'est pas elle, mais bien mon manque de self-control qui causera ma perte. C'est déjà ça qui l'a causé d'ailleurs. La remarque sur la vie sexuelle du coloc d'Arthur suffit à me faire relever les yeux et fixer la barmaid qui me donne toute son attention. Une seconde passe, je tente d'abaisser ma pression interne en lâchant un rire qui sonne tout de suite trop faux. J'hausse aussi les épaules dans un geste tellement peu crédible qu'il en ferait pleurer un acteur. « J'en sais rien. » Menteuse! « En tout cas, plus jeune, il avait vraiment la queue sociable. » Avec mes amies, qui plus est. Je m'énerve toute seule, je suis terrible, je mérite de m'enrager autant. Parce que cette remarque me fait réaliser que je ne sais aucunement comment Orion peut passer le temps quand il n'est pas avec moi. Je ne sais pas s'il passe toutes ses nuits dans les draps soyeux d'une magnifique autre femme qui lui donne tout ce que je ne peux pas. Je ne sais rien. Je ne sais pas s'il a posé ses lèvres sur une autre entre nos échanges... cette possibilité me retourne l'estomac et mon impuissance face à la situation me mets en état d'alerte. Je suis pas non plus une régulière dans sa vie, alors j'ai qu'à la fermer. « Dans tous les cas, il les ramènera pas chez lui, alors t'en fais pas. Il aime pas qu'on brusque son univers, ça laisse des odeurs de regrets dans ses draps. » Je me lève aussi tôt et me dirige vers la fenêtre pour laisser entrer l'air frais, l'odeur de tabac froid étant trop présente d'un coup. « Alors pas de soucis pour Abel, il ne vivra pas dans un lieu où les femmes défilent à chaque petit matin. » Je me rassois et passe une main dans mes cheveux, expirant la frustration qu'il me reste. Cette conversation tourne autour d'Abel, de son passage chez Arthur et de tout ce qui pourrait inquiéter Angie. J'ai pas besoin de tout ramener à moi. « Si tu veux, je demanderai un rapport à Bobbie la prochaine fois qu'elle ira, pour savoir si tout est bien propre ou si y'a de la vaisselle sale sur les comptoirs. » Ma pression s'est bel et bien abaissée, et me voilà de nouveau prête à rassurer Angie quant à ses futurs moments passés loin de son fils. « Je suis certaine que ça lui plaira de jouer les espionnes, en plus. » Je la vois déjà sortir des vieux pantalons cargo à motif camouflage et sa go-pro, prête à nous faire un rapport complet de la situation.

Il y avait tout un tas de question qu'Angie ne pouvait pas poser à Arthur pour des raisons évidentes. Il risquait de lui dire qu'elle était envahissante, qu'elle ne se mêlait de ce qu'il ne la regardait pas et qu'elle ferait mieux de se concentrer sur son propre rôle de mère. C'est pourquoi Angie était ravie de découvrir qu'Azur était une excellente source d'information insoupçonnée. Sans qu'elle ne s'en aperçoive, son amie avait répondu à toutes les questions qui la torturaient depuis qu'ils avaient pris connaissance de la décision du juge. Elle était contene d'apprendre que son fils n'allait pas grandir dans un lupanar où les nanas défileraient au rythme des jours et des nuits. Elle avait tout fait pour lui offrir un environnement sain, elle espérait qu'Arthur en ferait de même. Au de là de ça Angie comprenait peu à peu qu'il était temps pour elle de mettre de côté, voir d'oublier carrément ça serait encore mieux, sa relation avec Arthur pour se concentrer sur ce nouveau chapitre de sa vie qui s'ouvrait devant elle. La jeune maman réalisait que depuis la naissance d'Abel il avait demeuré sa priorité et qu'il était primordial qu'il en reste ainsi. Elle s'en voulait d'avoir débarqué à l'improviste chez Azur pour chialer sur son épaule à présent. Il était temps qu'elle déguerpisse avec le peu de dignité qui devait lui rester. "Bon, je pense que je t'ai assez emmerdé avec mes petites histoires, tu dois déjà en avoir assez des tiennes. Il est temps que je m'éclipse." Angie se leva de sa chaise et récupéra son sac qu'elle avait laissé tomber sur la table en arrivant. "Je compte sur toi pour ta discrétion. Je veux pas qu'Arthur apprenne que j'ai des petites taupes dans le clan adverse." Elle marqua un temps d'arrêt, réfléchissant à l'emploi de ses mots. "Enfin je sais pas si le mot 'adverse' est adéquat, mais je pense que t'as compris où je voulais en venir." dit-elle en riant légèrement nerveusement. Angelina balaya la pièce du regard pour voir si elle n'avait rien oublié, visiblement non. Elle reporta alors son regard vers Azur. Ce petit bout de femme au sourire 3000 volts qui ne manquait jamais une occasion de lui rappeler que le plus important dans la vie c'était de vibrer. Y a quelques années Angelina n'aurait jamais pensé qu'Azur ferait preuve d'autant de soutien à son égard quand tout le monde se faisait un malin plaisir de lui cracher à la figure sans aucun état d'âme. Elle remerciait le ciel de mettre de temps en temps sur son chemin ce genre d'âme lumineuse qui lui permettait de recharger les batteries quand elle avait l'impression qu'elle était sur le point de s'effondrer.
Angelina s'approcha d'elle pour la prendre dans ses bras en guise d'au revoir, elle n'était pas du genre à s'épancher en démonstration affective mais celui-ci était d'augure. "Merci pour tout Az, je sais que c'est pas facile d'être mon amie en ce moment et que t'as pas demandé à rentrer de nouveau dans ma vie, mais sache que tu peux compter sur moi et que ton soutien est une source de réconfort." Elle relâcha son étreinte, lui adressa un dernier sourire et quitta l'appartement dans un bien meilleur état qu'elle n'était rentrée.