Angelina fixa la porte par laquelle elle n'allait pas tarder à rentrer pour signer les papiers qui achèveraient de reconnaître officiellement Arthur comme le père de l'enfant. Pendant qu'ils y seraient, le juge annoncerait officiellement la répartition de la garde pour les deux jeunes parents, Angelina avait les mains moites malgré les températures fraîches de saison australiennes. Abel aussi était nerveux, sans doute à force de voir sa mère faire les cent pas devant sa poussette et enrouler ses cheveux autour de son doigt avec n regard agité. Le petit garçon battait des jambes et suçait son pouce en la regardant de ses grands yeux bleus-verts. Angelina tira sur son chemiser, elle avait soigné son apparence pour faire bonne impression devant le juge. Exit les cuissardes et autres joyeusetés, bonjour la jupe taille crayon et le chemiser en soie. Elle comptait sur son charme infaillible pour corrompre le juge mais en même temps elle espérait que ça soit une femme qui aurait déjà été conduit par le père de ses enfants et qui prendraient son parti. C'était le moment qu'elle redoutait le plus, celui qui allait définir la suite des événements pour Abel et elle. Elle était angoissée à l'idée qu'on lui annonce qu'elle devrait faire une garde partagée. Elle n'était pas prête à laisser son fils une semaine entière chez Arthur sans pouvoir le voir ou le toucher, vérifier qu'il allait bien ou s'endormir à côté de lui. Elle laissa son regard voguer jusqu'à son fils set sentit son coeur se serrer encore. C'était pour cette raison qu'elle avait longuement hésité avant de lancer la procédure, mais maintenant c'était trop tard.

Puis elle entendit les pas d'Arthur, elle pouvait reconnaître sa démarche entre 1000. Il avait sorti la chemise, évidemment, il avait même emmené ses lunettes de vue qui accroché à la poche de son blaser. Ok, lui aussi avait mis le paquet. Il faisait vraiment jeune papa cadre parfait comme ça, Angelina sentit son cerveau rentrer en ébullition. Elle décida de ne même pas lui dire bonjour, tournant la tête vers la porte à nouveau en se rapprochant de son fils pour lui donner un peu d'eau lequel se mit à gazouiller bruyamment lorsqu'il aperçut son père. Angie retint un soupir et se redressa avant de lâcher d'une voix sèche : "Visiblement il veut te dire bonjour, je t'en prie tu peux le prendre." Espèce de petit traître, pensant Angelina à l'attention de son fils qui était en train de lancer son plus beau sourire à son père. Si le juge surprenait un tel moment, nul doute que la garde partagée serait mise à l'ordre du jour.

Aujourd’hui c’était le grand jour. Le jour où tu allais enfin reconnaître Abel comme ton fils. Tu l’aurais reconnu dès sa naissance mais Angelina ne t’en a pas laissé la possibilité. Tu as mis ton réveil tôt ce matin pour être sûr d’avoir le temps de bien te préparer. Tu as donc commencé par le petit déjeuner et la douche avant de t’habiller. Ta tenue était choisie de manière minutieuse. Un jean des plus classe accompagné d’une chemise blanche sobre et d’une veste blazer. Tu ne pouvais pas envisager le costard, pas tant que tu ne seras pas devant un tribunal parce que ce n’est pas ton style et tu veux rester fidèle à toi-même devant le juge ce qui t’a d’ailleurs été conseillé par l’avocat que tu avais appelé pour quelques conseils et pour t’assurer de ses services si les choses tournaient mal. Dans une pochette cartonnée, tu avais mis tous les documents nécessaires ainsi que les doubles photocopiés si jamais le juge voulait les garder. Oui, tu refusais qu’aujourd’hui il existe un faux pas dans ta conduite parce que depuis le caprice d’Angelina et son silence total, tu ne savais pas trop à quoi t’attendre. En même temps, avec Angelina tu sais rarement à quoi t’attendre car son impulsivité prend toujours le dessus ou presque toujours en tout cas. Donc cela laisse une zone d’ombre considérable mais travailler avec des lycéens tous les jours depuis presque huit ans te permettait de savoir garder ton calme en toutes circonstances. Et sur ce coup là, tu étais sûr et certain que la loi était de ton côté. Priver un père de voir son enfant ce n’était pas impossible mais il faudrait prouver que tu lui faisais du mal et que tu n’étais pas bon pour lui et tu voyais mal comment Angelina qui t’avait caché son existence pendant trois ans pourrait avancer ce genre d’arguments. Tu partais donc confident à cette audience même si tu savais que rien n’était gagné, voilà quelque chose que le sport t’a appris. Le seul moment de vérité reste le match à jouer.

Tu arrivais en avance dans les bureaux du tribunal mais tu notais rapidement qu’Angelina était déjà là accompagnée d’Abel. Elle te regarda quelques instants avant de détourner la tête. Bien, au moins tu savais désormais à quoi t’en tenir de ce côté là. Quand Angelina était vexée, elle pouvait le rester longtemps, la jeune femme avait toujours été rancunière. Cependant, cela ne semble pas être le cas de ton fils qui te fait de grands sourires que tu lui rends. Mais tu ne t’approches pas trop, tu ne voudrais pas qu’Angelina morde. « Visiblement il veut te dire bonjour, je t'en prie tu peux le prendre. » Bon, elle a mordu mais au moins tu peux t’approcher d’Abel et le prendre dans tes bras. Tu déposes un bisou sur sa joue avant de lui demander : « Comment tu vas bonhomme ? » Il te répond rapidement et se met à te parler du dernier jeu qu’il a trouvé. Quand il a terminé, tu te tournes vers Angelina avant de lui demander : « Tu comptes faire la tête longtemps ? » Pour toi c’est juste enfantin comme comportement, vous partiez pour un accord à l’amiable, l’amabilité pour l’instant vous en étiez loin.

La vision d'Arthur était toujours une torture particulière pour Angelina qui ne pouvait freiner les flashbacks que la vue de son ex lui infligeait. Tout chez lui lui rappelait son passé et les erreurs qu'elle avait faite qui l'avaient mené jusqu'ici. Il était trop tard pour regretter, mais elle était incapable de faire abstraction de ce qu'avait été le passé. De toute manière, même si elle l'avait voulu ça n'aurait pas été possible : Abel était la preuve vivante que tout ça s'était réellement passé. Elle était stressée, elle avait les mains moites et Abel l'avait senti car il avait été particulièrement agité en début de matinée. Elle les essuya sur une lingette qu'elle prit dans le panier XXL de la poussette et la jeta dans la poubelle d'à côté. La présence d'Arthur n'arrangeait rien à son état angoissé, au contraire elle avait l'impression d'être en train de suffoquer malgré le courant d'air qui agitait ses cheveux au fur et à mesure des gens qui passaient par la grande porte du tribunal. Elle jeta un énième coup d'oeil à sa montre, le juge n'allait pas tarder à ouvrir la porte et à les appeler.

Arthur embrassa leur fils et lui demanda comment il allait. Trop contente de voir quelqu'un plus détendu que sa mère, Abel s'empressa de gazouiller sur sa journée et un jeu qu'il avait découvert sur l'iPad de sa mère. Angelina le regarda un instant, sa petite bouille d'ange au comportement de démon. C'était incroyable comme il était calme à proximité de son père. Ce dernier lui demanda alors si elle comptait faire la tête longtemps. Angelina grinça des dents, contractant sa mâchoire à l'excès. "Je ne fais pas la tête Arthur, arrête de croire que j'ai sans cesse envie de te découper en morceau, je m'en fiche complètement. Je suis concentrée sur Abel et son bien-être à présent." répondit-elle d'une voix sèche. Evidemment qu'elle lui en voulait, évidemment qu'elle avait envie de lui arracher la tête, mais ce n'était pas le moment de s'adonner à ce genre de festivité. C'est là qu'une porte s'ouvrit, laissant apparaître l'avocat d'Angelina. "Mademoiselle Gilmore, vous êtes appelés à entrer. Vous aussi Monsieur Iver, Madame la juge va vous recevoir." Le coeur d'Angelina se serra, le verdict allait être rendu.

Une demi-heure plus tard, la porte s'ouvrit, découvrant Angelina le visage fermé. Un peu de masacara avait coulé au coin de ses yeux. Elle s'attendait à tout sauf à ça, l'avocat d'Arthur l'avait descendu en flêche devant la juge : arguant qu'il n'était pas raisonnable de se barrer sur un autre continent enceinte sans en prévenir le père, qu'elle s'était montré irresponsable et égoïste et que par conséquent elle représentait une influence néfaste pour le petit. Angelina n'était restée calme que parce que son avocat lui avait serré le bras à plusieurs reprises, une sorte d'injonction à rester calme. Il avait essayé de justifier son comportement "Mademoiselle Gilmore a rencontré une période difficile, elle a elle-même était adopté et n'a pas connu ses parents. Elle a fait ce qu'elle a pu." Mais ça n'avait pas suffit pour convaincre la juge. Elle avait dès lors décidé que Abel serait en garde alternée une semaine sur deux et la moitié des vacances scolaires. Angelina était terrassée, elle était d'accord pour un week-end sur deux mais une semaine sur deux... Elle était folle de tristesse. Les paroles condescendantes et pleine de mépris raisonnaient dans sa tête. Arthur avait du lui en raconter des belles pour qu'ils mettent en avant son travail de barmaid nocturne et sa personnalité border-line. La juge avait même reproché à Angelina d'avoir amené Abel au tribunal. "Je suis désolé Mademoiselle Gilmore, je sais que vous espériez mieux que ça mais la juge était vraiment décidée à reconnaître en totalité l'autorité et la paternité de Monsieur Iver, je..." Angelina l'assasina du regard. "Oui c'est bon j'ai compris, j'étais présente dans la pièce aussi. Vous pouvez y aller je n'ai plus besoin de vous." Angelina n'attendit même pas qu'il lui réponde, traversant le grand hall du tribunal, elle savait qu'Arthur était derrière elle mais elle n'avait pas du tout envie de lui parler mais elle fit soudainement volte-face "Je suppose que t'es content. Tu peux donner une petite prime à ton avocat il a très bien travaillé."

La situation était loin d’être évidente. Oui, tu aurais préféré que les choses se passent autrement, que le contexte soit différent. Tu sais que certaines personnes arrivent à se mettre d’accord et ne passent jamais par le tribunal si elles ne s’étaient pas mariées mais avec Angelina, tu préfères prendre tes précautions. La jeune femme est impulsive, trop impulsive et elle serait capable de partir en douce du jour au lendemain avec votre fils sans te donner de nouvelle si elle avait décidé ne plus vouloir partager la garde. Voilà quelque chose que tu refuses de voir arriver, tu comptes donc bien faire les choses et signer les papiers nécessaires pour avoir des recours si jamais il prend à Angelina une soudaine envie de disparaître comme elle l’a fait quatre ans plus tôt. C’était surtout pour cette raison que tu étais là aujourd’hui et aussi parce que tu avais envie d’être reconnu une bonne fois pour toute comme le père d’Abel par autre chose que par un test ADN. Tu comptais prendre tes responsabilités que cela plaise à Angelina ou non. Et clairement, vu son air en te regardant, cela ne lui plaisait pas du tout. « Je ne fais pas la tête Arthur, arrête de croire que j'ai sans cesse envie de te découper en morceau, je m'en fiche complètement. Je suis concentrée sur Abel et son bien-être à présent. » Tu lèves un sourcil ne la croyant pas une seconde. Si elle avait pu te tuer là de suite elle l’aurait certainement fait sans sourciller. Tu ne comprenais pas vraiment pourquoi, tu lui avais dis que tu allais lancer des démarches, que tu voulais avoir une réellement place dans la vie de ton fils. Elle n’avait pas le droit de lâcher une telle bombe sur tes épaules et d’espérer que rien ne change. Elle te connaissait trop bien pour savoir que jamais tu ne joueras au lâche qui n’assume pas ses responsabilités. « Nous voilà donc avec quelque chose en commun. » Cependant, tu doutais que le bien être d’Abel qu’envisageait Angelina soit le même que celui que tu avais en tête mais bon, le juge tranchera. « Mademoiselle Gilmore, vous êtes appelés à entrer. Vous aussi Monsieur Iver, Madame la juge va vous recevoir. » Tu laisses Angelina entrer avec Abel avant de les suivre. A l’intérieur se trouvent le juge et vos deux avocats.

Une demi-heure plus tard, c’est un sourire sur le visage que tu sors de la pièce contrairement à Angelina qui semble être au bout de sa vie. Tu ne comprends pas réellement pourquoi. Tu ne la prives pas de votre fils, tu veux juste partager sa garde comme toute personne qui veut assumer ses responsabilités. Oui c’est important que l’enfant soit avec sa mère mais ça l’est aussi dans l’autre sens. L’enfant a besoin des deux parents pour se construire et tu as en plus pas mal de temps à rattraper avec Abel. Tu remercies ton avocate en lui promettant de passer à son cabinet pour régler les derniers détails financiers au cours de la semaine. Angelina est déjà en train de sortir, toujours avec Abel à ses côtés. Malheureusement, il n’y a qu’une seule sortie de ce bâtiment, tu te mets donc à avancer dans le même sens que la jeune femme mais soudainement elle se retourne pour te jeter à la figure une réplique cinglante : « Je suppose que t'es content. Tu peux donner une petite prime à ton avocat il a très bien travaillé. » Une cocotte minute, voilà ce qu’était Angelina à cet instant précis. Elle s’était retenue jusqu’ici dans la salle avec le juge mais elle allait te passer sous son rouleau compresseur tout de suite. Cela ne te dérangeait pas, tu avais obtenu ce qui te revenait de droit. Tu soupires avant de lui dire : « Arrête de te voir comme une victime constamment Angelina. Je n’ai eu droit qu’à ce que j’avais droit en étant le père d’Abel. Oui tu n’auras pas ton fils avec toi tous les jours de toute l’année mais je ne te le vole pas non plus. Je sais que c’est difficile pour toi mais il faut partager et un enfant a autant besoin de son père que de sa mère. » Dis-tu fermement. Tu le pensais vraiment surtout qu’Angelina avait été adoptée et s’était toujours sentie abandonnée, elle ne devait pas vouloir ça pour son enfant. « Mais voit le bon côté des choses, tu vas pouvoir reprendre un peu de temps pour toi. » Lui dis-tu en haussant les épaules.

À l'instant même, Angelina regrettait de ne pas avoir écouter ses parents en embauchant l'avocat familial. Cet incapable allait lui coûter une blinde et elle n'était pas satisfaite du verdict. La belle brune sentit son portable vibrer dans son sac mais il était hors de question qu'elle réponde, c'était sûrement sa mère qui allait la presser de question pour savoir comment ça c'était passé et elle n'avait pas envie de lui répondre qu'ils allaient devoir partager leur temps en trois maintenant. Avant qu'Arthur ne fasse partie du tableau, il était convenu avec ses parents de leur donner Abel un week-end sur deux. À présent il était hors de question qu'Angelina se prive de son fils tous les week-ends. Rien que le jugement qui avait été rendu l'obligeait à tout remettre en perspective et ce n'était pas ce qu'elle avait prévu. Arthur avait certes vécu un choc en apprenant l'existence de son fils mais la vie d'Angelina aussi se retrouvait bouleversée. Elle regrettait à présent d'avoir donné un coup de pied dans la fourmilière avec ce test de paternité. Elle aurait préféré qu'il ne se passe rien et que tout reste comme c'était. Abel aurait grandi sans père mais elle aurait tenté de combler les deux rôles. Tant bien que mal certes mais au moins elle se serait épargné la peine de coeur horrible qu'elle ressentait à l'instant présent.

Évidemment Arthur resta fidèle à lui-même, d'un calme olympien. C'était ce qu'elle appréciait chez lui auparavant et maintenant elle ne supportait plus son expression impassible et son ton hyper calme qui contrastait avec son attitude à elle, toujours changeante. Jamais fiable. Elle se demandait comment elle avait pu croire que ça durerait entre eux, finalement qu'elle l'ait trompé ou pas : la finalité aurait été la même, ils n'auraient pas fini leurs jours ensemble. Mais Angelina avait hâte que la roue tourne. Néanmoins il marquait un point sur une chose, elle allait enfin avoir du temps pour elle. La brune s'adoucit dans l'instant, haussant les épaules. "Oui, je suppose que c'est le point positif, j'ai besoin de souffler..." Elle rêvait de partir en vacances, depuis quatre ans sa vie tournait exclusivement autour d'Abel. Elle n'avait plus de vie de femme ni de temps à elle, elle ne se souvenait même plus de la dernière fois où elle avait passé une journée à prendre soin d'elle. Elle n'avait jamais été du genre à aimer faire du shopping ou quoi mais rien qu'une journée juste à faire de la moto serait suffisant pour recharger les batteries. "Par ailleurs, avant que tu partes Art j'ai un truc à te dire J'aimerais que tu dises à ta grande copine Lydia que c'est la dernière fois qu'elle me hurle dessus et qu'elle me prend à parti devant notre fils Arthur. Ce que je t'ai fais, ce qu'il s'est passé entre nous, Abel n'a pas besoin d'être au courant. J'insiste là-dessus parce que la prochaine fois je serais pas aussi gentille et conciliante." Angelina n'avait toujours pas digéré son altercation avec Lydia, et si jusqu'ici elle n'avait rien dit pour éviter de faire scandale avant le jugement, maintenant elle y tenait. Elle ne voulait pas qu'on écorne l'image que son fils avait d'elle. Il aura vite fait de faire son propre avis sur elle en grandissant. "Si on pouvait préserver son innocence le plus longtemps possible, ça serait bien..."

Ce n’était pas difficile pour toi de voir dans le regard d’Angelina la colère et le dédain. Elle ne s’attendait pas à devoir te laisser autant de temps avec Abel, c’était clair et net. Pourtant, tu lui avais clairement dit ce que tu recherchais et tu ne lui avais nullement caché que tu ferais tout pour l’obtenir. Après avoir été privé de ton fils pendant trois ans parce qu’Angelina avait préféré fuir, il était normal que tu aies envie de passer avec lui plus qu’un week-end sur deux. Tu ne t’étais jamais trop fait de soucis par rapport à l’issue de ce rendez-vous parce que tu avais toutes les chances de ton côté. Père tenu à l’écart pendant trois ans qui découvrait sa paternité après un test de paternité où deux autres candidats s’étaient présentés. Père professeur à Brisbane, qui avait des collègues et amis partout en ville pouvant témoigner de son intégrité. Non, tu avais toutes les chances de ton côté que cela plaise à Angelina ou non. De toute manière, elle avait décidé de t’en vouloir donc rien de ce que tu ne pourras dire ne la fera changer d’avis, elle est têtue à ce point là. Elle semble s’adoucir cependant quand tu lui fais remarquer qu’elle aura enfin le temps de prendre du temps pour elle et pour se changer les idées. Peut-être que de cette manière elle ne t’en voudra pas pour quelque chose qui relève purement de tes droits. Elle vous avait fait faire des tests pour reconnaître votre paternité, la moindre des choses c’était d’accepter que tu l’exerces ! « Oui, je suppose que c'est le point positif, j'ai besoin de souffler... » Tu hoches la tête, tu ignores ce que souffler veut dire pour la jeune femme mais du moment qu’elle se détend un peu, cela ne pourra que faciliter vos échanges autour d’Abel.

Cependant, Angelina semblait avoir quelque chose d’autre à te dire, sur un tout autre sujet. « Par ailleurs, avant que tu partes Art j'ai un truc à te dire J'aimerais que tu dises à ta grande copine Lydia que c'est la dernière fois qu'elle me hurle dessus et qu'elle me prend à parti devant notre fils Arthur. Ce que je t'ai fais, ce qu'il s'est passé entre nous, Abel n'a pas besoin d'être au courant. J'insiste là-dessus parce que la prochaine fois je serais pas aussi gentille et conciliante. Si on pouvait préserver son innocence le plus longtemps possible, ça serait bien... » Tu regardes Angelina en levant un sourcil. Tu n’as rien entendu de cette entrevue de la part de Lydia mais elle était vraiment en train de la menacer ? Sérieusement ? Et puis vu l’état de Lydia en ce moment, tu doutais fort qu’elle ait hurlé sur Angelina. Elle ne l’aurait pas fait quatre ans auparavant, elle ne le fera pas aujourd’hui. D’ailleurs, cela te fait te demander si tu as déjà entendu Lydia crier … En presque dix ans d’amitié, aucun souvenir correspondant à cette description te vient à l’esprit. « Je ne comptais pas parler à Abel de notre histoire, du moins pas avant des années. De toute manière, il a trois ans, je doute qu’il comprenne réellement quelque chose donc je ne vois pas l’intérêt de lui dire. » Dis-tu en haussant les épaules. Tu avais envie d’avancer, pas de tout le temps revenir sur le passé. Abel connaîtra l’intégralité de votre histoire un jour certainement mais quand il sera bien plus grand, voire adulte. Il n’a aujourd’hui pas la capacité de les comprendre de toute façon. « Pour ce qui est de Lydia, je doute qu’elle ait crié, Lydia ne crie pas de manière générale. Je n’ai pas à lui dire ce qu’elle doit faire, cela la regarde. D’ailleurs, elle ne m’avait pas parlé de cette entrevue. Et je préfèrerais que tu ne menaces pas mes amies si possible. » Lui dis-tu simplement parce qu’il était hors de question que vous vous engagiez dans un espèce de chantage aux menaces.

C'était ça le problème avec Arthur. Il était tellement habitué à lui donner tort et à la faire passer pour la psycho qui exagère tout qu'il n'était même pas capable de voir quand ses propres amis merdaient. Et là pour une fois franchement, ce n'était pas Angie qui était venue chercher la merde pour provoquer encore et encore du drama. Cette fois-ci elle n'avaitrien demandé. C'était quand même fort de café que de remettre en question sa parole alors que leur propre fils était témoin de ce qu'il s'était passé au parc. Lydia était sortie de nulle part et avait agressé verbalement Angelina, lui reprochant ce qu'elle avait fait et tout un tas de trucs qui ne la regardaient pas. Ca avait été un véritable affront pour elle et elle l'avait encore en travers même si elle pouvait comprendre que son comportement avait engendré des réactions spéciales. Angelina n'était même pas surprise de voir Arthur prendre la défense de son amie, il avait toujours fais ça et avec le recule elle se disait qu'elle s'était trompé sur son compte. Il n'aurait jamais été capable de la protéger car il était incapable de la voir tel qu'elle était. Il ne voyait que le pire en elle, il n'avait aucune empathie. Il était froid et franchement détestable, Angelina commençait à se demander ce qu'elle avait bien pu lui trouver. Comment était-ce possible d'être aussi... Distant ? Angelina considérait qu'ils avaient vécu quelque chose de fort ensemble et qu'il ne pouvait pas oublier ça mais visiblement c'était le cas. Elle comprenait la situation compliquée dans laquelle elle l'avait mise mais quelque chose lui disait de se méfier de ce mec à présent. Elle ne le sentait pas.
La jeune brune s'esclaffa, sentant les nerfs lui monter. "Bon et bien tu as raison, remet une fois de plus ma période en doute. Laisse tes amies s'en prendre à moi devant notre fils c'est très intelligent et totalement approprié pour son équilibre. Si ça ne te dérange pas que tes amies viennent me manquer de respect et se mêler de ce qui ne les regardent pas, alors soit. Qu'est-ce que tu veux que je te dise, t'es incapable d'être objectif c'est toujours moi qui ai tort." Elle poussa un long soupir, elle était en colère au fond mais elle en voulait pas lui montrer. Le juge n'était qu'à une quinzaine de mètres et ce n'était pas le moment de se faire remarquer par des éclats de voix et donner une fois de plus raison à Arthur en se comportamtn comme une hystérique. "Je ne menace pas ton amie, j'en ai vraiment rien à foutre d'elle, j'ai une vie, j'ai plus important à faire mais je préfère te le dire. Et justement, ça devrait te mettre la puce à l'oreille,  si elle ne s'en est pas vantée c'est peut-être qu'elle sait qu'elle est allée trop loin." Elle marqua une pause, en profitant pour remettre sa chaussure à Abel qui trouvait amusant de l'enlever toutes les cinq minutes et de voir sa mère se baisser pour lui remettre. "J'en ai marre de toute cette négativité Arthur, je veux juste que ce co-parenting se passe bien et franchement je m'engage à faire des efforts mais j'ai besoin que tu en fasses aussi." Elle était sincère, elle voulait que ça fonctionne pour le bien de son fils. Devenir mère l'avait fait grandir et elle voulait mettre cette nouvelle maturité à contribution.

Angelina semblait vouloir profiter de cette occasion pour te faire part de sa rencontre avec Lydia. Depuis que tu étais entrée dans la procédure de reconnaissance d’Abel, tu n’avais pas eu le temps de revoir Lydia ce qui d’ailleurs te rappela qu’il serait peut-être temps de l’appeler car elle n’était pas au mieux de sa forme en ce moment. Cependant, tu avais du mal à imaginer Lydia venir agresser Angelina pour la simple et bonne raison que Lydia était incapable d’agresser qui que ce soit. Tu connaissais Angelina cependant et tu n’avais aucun mal à imaginer qu’elle pouvait se sentir agressée rapidement donc il n’avait certainement pas fallu grand chose. Venir faire des reproches à Lydia ne te traversa même pas l’esprit. Si Lydia voulait parler à Angelina, c’était son problème. Mais ce qui gênait la jeune femme c’était que l’échange se soit passé devant Abel. Tu doutais que votre fils ait compris quoi que ce soit à l’échange entre les deux jeunes femmes, certainement trop occupé à jouer. Tu étais en train de comprendre cependant à quel point Angelina tenait à l’image qu’elle renvoyait à Abel. La critiquer devant son fils voulait dire qu’elle pouvait à tout moment exploser et ce n’était pas ce qu’elle voulait. C’était ça le fond du problème en réalité, pas vraiment Lydia, juste cette histoire d’image préservée. « Bon et bien tu as raison, remet une fois de plus ma période en doute. Laisse tes amies s'en prendre à moi devant notre fils c'est très intelligent et totalement approprié pour son équilibre. Si ça ne te dérange pas que tes amies viennent me manquer de respect et se mêler de ce qui ne les regardent pas, alors soit. Qu'est-ce que tu veux que je te dise, t'es incapable d'être objectif c'est toujours moi qui ai tort. » Non, ce n’était pas toujours elle qui avait tord, ce n’était pas ce que tu étais en train de dire. Mais c’est facile de rejeter la faute sur les autres, de ne pas accepter les critiques. Angelina n’avait pas eu le temps de les entendre ayant pris la fuite peu après la fin de votre relation. Mais ton entourage n’avait pas eu des mots tendres à son égard. De plus, Lydia avait été là pour toi quand tu avais craqué après l’annonce de la paternité d’Abel, elle t’avait vu brisé après votre rupture puis une nouvelle fois il y a quelques temps. Cela ne t’étonnait pas vraiment qu’elle ait été voir Angelina. « Lydia a été là à la fin de notre relation, Lydia a été là quand j’ai appris pour la paternité d’Abel. Elle m’a vu au plus bas à ces deux moments donc tu peux comprendre qu’elle se sente un peu concernée. On se mêle tous de ce qui nous regarde pas quand on pense que cela va aider nos amis. Je l’ai fait, Lydia l’a fait. » Dis-tu dans un premier temps. Tu savais qu’Angelina n’avait pas eu les meilleures relations amicales, de ton côté cela avait toujours fonctionné ainsi. « Ce n’est pas toujours toi qui as tord, si tu veux je lui dirais de venir te voir quand tu n’auras pas Abel, tu n’auras pas à te retenir et abimer ton image de cette façon. » Tu doutais que Lydia reviendrait voir Angelina, elles n’avaient jamais pu s’encadrer il y a quatre ans, tu doutais que les choses soient différentes aujourd’hui. « Je ne menace pas ton amie, j'en ai vraiment rien à foutre d'elle, j'ai une vie, j'ai plus important à faire mais je préfère te le dire. Et justement, ça devrait te mettre la puce à l'oreille, si elle ne s'en est pas vantée c'est peut-être qu'elle sait qu'elle est allée trop loin. » Tu doutais que Lydia ne t’en ait pas parlé pour cette raison. Vous n’aviez juste pas pris le temps de vous voir et de vous parler. Et puis tu ignorais ce qui s’était dit durant cet échange, peut-être qu’il valait mieux que cela reste entre elles. Tu n’ajoutes rien, tu seras aussi têtu qu’elle s’il le faut. « J'en ai marre de toute cette négativité Arthur, je veux juste que ce co-parenting se passe bien et franchement je m'engage à faire des efforts mais j'ai besoin que tu en fasses aussi. » Tu la regardes en levant un sourcil. Elle est sérieuse ? Ce n’est pas toi qui as installé cette négativité mais bien elle ! Tu n’avais jamais voulu que cela se passe mal non plus. « C’est toi qui as installé cette négativité quand tu t’es vexée parce que j’ai refusé ta proposition au bar. C’est toi qui as coupé tout contact jusqu’à aujourd’hui, c’est toi qui t’ais mis dans la tête que je voulais te voler ton fils alors que je veux seulement avoir le droit de l’avoir dans ma vie aussi. Moi j’ai toujours été clair dans ce que je voulais et je n’ai jamais voulu instaurer une quelconque négativité. » Dis-tu en haussant les épaules.

Angelina avait de plus en plus le sentiment que sa relation avec Arthur était sans issue pour mille raisons. Ils n'étaient pas du tout sur la même longueur d'onde et la communication était aussi mauvaise que le réseau téléphonique de Free. Angie en avait marre de ressentir toujours ce même poids sur ses épaules et il était temps qu'elle s'en débarrasse. Elle était encore sous le coup de la colère à cause de la décision du juge mais au delà de ça elle sentait que ça ne servait à rien de batailler. A présent le mieux était de tout mettre de côté pour le bien de leur fils, et le meilleur moyen pour Angie de tenir la distance était de rester le plus loin possible de son ex. Puisqu'il était incapable d'être bienveillant ou de faire l'empathie, puisqu'il donnait raison au monde entier et qu'il adorait la faire passer pour une folle paranoïaque elle allait limiter ses contacts au maximum avec lui. Elle était lasse de devoir sans cesse lui courir après ou prouver qu'elle n'était plus la crazy bitch qu'elle avait été auparavant. Elle était en train de sombrer lentement dans la dépression et sa relation avec lui y avait grandement contribué. Cette soirée au bar était un point de non-retour et elle n'apprécia pas qu'il remette ça sur la table. "J'étais dans le mal ce soir-là, j'avais juste besoin qu'on prenne soin de moi mais bref, j'ai même pas envie d'en reparler. Et non, j'ai pas l'impression que tu veux me voler mon fils. J'ai bien compris que tu voulais l'avoir dans ta vie, et franchement tant mieux c'est mieux pour lui." En espérant qu'il ne serait pas source de déception comme elle l'avait été pour lui. Arthur était quelqu'un de froid, de distant, il l'était déjà quand ils étaient ensemble maintenant qu'elle y réfléchissait avec le recul. Elle se demandait même si il l'avait un jour véritablement aimé. Car il ne se comportait définitivement pas comme quelqu'un qui avait eu des sentiments pour elle et c'était peut-être ce qui la blessait le plus au final. Voir que leur idylle de six mois n'avait été qu'un bref passage éclair dans sa vie. Bref. Ce qui était fait était fait et n'était plus à faire. Elle n'avait rien de plus à faire ici, elle n'avait pas non plus envie de rester là à entendre Arthur prendre la défense de tout le monde, elle se sentait déjà assez acculée comme ça et la fatigue accumulée ces deux dernières semaines causées par le manque du sommeil du au stress commençait à se faire ressentir chez la jeune maman. "On va y aller, Abel dort mal en ce moment à cause du changement de température je pense que je vais le faire dormir un peu. Abel, dis au revoir à Papa." Ces simples mots étaient tellement étranges pour elle mais elle allait devoir s'y habituer. Abel avait désormais un papa et une maman.

Tu ne vas pas le nier, tu ne comprends absolument pas le comportement d’Angelina. Un coup c’est tout l’un, un coup c’est tout l’autre, la moindre action est imprévisible et c’est toujours ta faute. Peut-être que c’est simplement quelque chose à accepter ? Parce que au final, tu venais d’avoir ce qui t’importait le plus aujourd’hui. La garantie que si Angelina décidait de partir du jour au lendemain, elle ne pourrait pas amener Abel avec elle sans rien dire. Apprendre à le connaître et jouer ton rôle de père était primordial mais savoir qu’on ne te l’arracherait pas sans raison était le plus important à tes yeux. Tu allais maintenant pouvoir te concentrer sur Abel, apprendre à le connaître, lui offrir un père aussi par la même occasion, un père que tu n’avais pas eu de ton côté non plus en grandissant. Angelina voulait tourner la page de la négativité dans votre relation mais c’était elle qui avait tourné les talons l’autre soir au bar quand tu avais refusé ses avances, c’était elle qui avait refusé tes coups de téléphone, tu ne pouvais pas réellement faire mieux de ton côté. « J'étais dans le mal ce soir-là, j'avais juste besoin qu'on prenne soin de moi mais bref, j'ai même pas envie d'en reparler. Et non, j'ai pas l'impression que tu veux me voler mon fils. J'ai bien compris que tu voulais l'avoir dans ta vie, et franchement tant mieux c'est mieux pour lui. » Si prendre soin d’elle voulait dire coucher avec elle, non, tu n’étais pas prêt à faire cela, pas quand tu avais tourné cette page et que tu essayais de construire une relation de co-parenting. Angelina devait trouver cela froid et débile mais tu t’en fichais, tu avais des principes et tu les respectais. Elle reconnaissait tout de même que la présence d’un père dans la vie d’Abel était le plus important ce qui était déjà pas mal mais tu ne doutais pas qu’elle avait prié pour que ce ne soit pas toi. « Là-dessus, nous sommes d’accord. » Dis-tu avec un petit sourire. Tu pouvais voir qu’Abel commençait à en avoir assez d’être coincé ici et puis Angelina semblait fatiguée alors tu sentais qu’ils allaient partir. Tu ne repartais pas avec Abel aujourd’hui mais dimanche soir, tu allais certainement passer le récupérer ou lundi à la sortie de l’école, tu ne savais pas ce que préfèreras Angelina mais la semaine prochaine, il sera avec toi. « On va y aller, Abel dort mal en ce moment à cause du changement de température je pense que je vais le faire dormir un peu. Abel, dis au revoir à Papa. » Tu hoches la tête, ne trouvant pas grand chose à redire. Tu te baisses et tu fais un bisou à Abel avant de le prendre dans tes bras. Il ne semble pas très content de comprendre que tu pars mais c’est ainsi. Bientôt il comprendra ce nouveau fonctionnement qui l’attend. Au départ ce sera difficile mais tu espères qu’il s’y fera. Te relevant, tu dis à Angelina : « Je t’appellerai dans la semaine pour savoir comment on s’organise. Reposez-vous bien. » Dis-tu avant de tourner les talons et de quitter le tribunal. Voilà une bonne chose de faite, tu peux désormais regarder la vie avec confiance

the end