C'était un coup de fil étrange qu'il avait reçu en début d'après midi. Kael se trouvait à l'appartement. Il sortait d'une séance de rayon et forcément comme après chaque détour à l'hôpital, il avait une demi-journée off afin de se reposer. Et il était entrain de regarder des vidéos qu'il avait filmé récemment. Comme toujours, il avait du mal à rester assis à ne rien faire mais là c'était différent. Alors il essayait d'écouter le médecin. Et donc même s'il ne bougeait pas du canapé, il s'occupait un peu. Puis le téléphone avait sonné. A l'autre bout du fil, c'était une voix qu'il ne connaissait pas. Une voix qui lui avait demandé s'il était bien Kael Harrington. Il avait trouvé ça bizarre puis la dame, une avocate du nom de Susan Peters, installée dans le centre ville, lui avait demandé de venir la voir parce qu'elle devait lui parler et que cela ne pouvait pas attendre. Le cadreur avait d'abord dit qu'il ne pouvait pas venir mais elle avait insisté alors il avait accepté de la voir. Mais comme il ne pouvait pas conduire, Kael avait fini par téléphoner à Kara. Il lui avait expliqué la situation et elle s'était proposé pour l'accompagner. Mais elle devait finir un travail avant ça. Le cadreur s'était donc ensuite préparé. Il n'avait pas fait trop d'effort, un jean, un pull et une veste. Parce que les températures commençaient à baisser sur Brisbane. Aussi incroyable que cela pouvait paraître, l'hiver s'était installé en Australie. Une chose avec laquelle Kael et la fratrie avait du mal à s'adapter dans ce nouveau. A Chicago, l'hiver arrivait en fin d'année et pas au milieu alors qu'il était censé faire bon. Bref, la jumelle avait fini par arriver et ils étaient partis en direction du centre ville. Kael ne comprenait toujours pas pourquoi il était « convoqué » au tribunal par une avocate. Dans la voiture alors que Kara conduisait, il posa son regard sur elle : « Tu crois que c'est pour un pv que j'ai oublié de payer ? » Il esquissa un fin sourire. Même s'il ne savait vraiment pas pourquoi on lui demandait de venir. « Ils sont capable de m'envoyer en prison, tu crois ? » Oui bon là, il plaisantait. Enfin il l'espérait. Il ne se souvenait pas avoir été en infraction quelconque avec la loi. « Si c'est le cas, maman va me tuer. » Enfin il se demandait quand même pourquoi cette bonne femme lui avait téléphoné. Ils arrivaient finalement au centre-ville. Avec Kara, il se rendait à l'accueil et sincèrement, il commençait à être nerveux. Il n'était jamais venu dans ce bâtiment. Et il était assez imposant. Et très grand, de quoi se perdre quand on ne connaissait pas. Kael se présenta à l'accueil en demandant le bureau de Susan. Un homme lui donna la direction qu'il devait prendre. Premier étage, bureau trente-trois. Les jumeaux prenaient la direction. Kael jeta un œil au tableau d'accueil de l'étage où ils étaient. C'était l'étage réservée aux affaires familiales. C'était quoi cette histoire. Instinctivement, Kael pensa à ses sœurs. Puis ils arrivèrent devant le bureau. Le cadreur frappa et une voix qu'il reconnaissait les autorisa à entrer.
Dans quoi est-ce que Kael se retrouvait embarqué ? L'avocate qu'il avait eu au téléphone n'en avait pas dit assez. Enfin suffisamment pour provoquer en nous une certaine inquiétude. En général, ce n'était pas très bon signe d'être convoqué au tribunal. Je me retrouvais donc à l'y accompagner, puisqu'il ne pouvait pas conduire. Une chance que j'ai pu terminer mon travail assez tôt. J'étais venue le chercher immédiatement après le travail. Autant y aller le plus vite possible. Au moins nous serions fixés sur la situation. J'espérais cependant qu'il ne s'agissait de rien de grave. J'avais beau cherché et j'ignorais ce qui pouvait conduire une avocate à appeler Kael. Il n'était pas du genre à s'attirer des ennuis. A moins qu'il m'ait caché un terrible secret.
« Je te promets d'essayer de te faire évader si ils t'enferment en prison. »
Je souriais légèrement. Je plaisantais. Il était peu probable que Kael finisse en prison... n'est-ce pas ? Je connaissais bien mon frère et je savais qu'il ne faisait rien d'illégal. C'était un type bien. Il n'était pas du genre à commettre des effractions. Enfin sauf des choses banales comme un mauvais stationnement ou une conduite trop rapide. Mais Kael n'avait pas conduit depuis un moment.
« J'espère que c'est pas encore à cause d'un membre de la famille inconnu qui décide de se manifester. »
J'ironisais mais c'était probable avec le père qu'on avait. Peut-être qu'on avait un autre frère ou une sœur qui nous recherchait ? Enfin faire appel à une avocate pour ça, c'était peut-être un peu excessif. Plus je me mettais à réfléchir aux différentes probabilités et plus mes idées étaient folles. Inutile de s'imaginer des choses. Nous verrions bien quand nous y serions. D'ailleurs on arrivait au centre-ville. Je stationnais la voiture dans le parking souterrain du tribunal et on rejoignait le hall ensemble.
« Ça va aller. »
Je le sentais un peu nerveux. Ce que je pouvais comprendre. Je prenais sa main un instant, la serrant dans la mienne. Puis je la relâchais alors qu'on arrivait à l’accueil. On nous redirigeait au premier étage. On arrivait rapidement au l'étage des affaires familiales. Cela présageait rien de bon. J'espérais que ce n'était pas notre père qui avait décidé de nous faire un procès. Non, non, n'importe quoi. Il pouvait pas nous intenter un procès, il n'avait aucun motif pour le faire. Nous arrivions devant le bureau trente-trois et après avoir frappé, on nous autorisait à entrer. C'était l'heure de vérité.
La présence de Kara lui faisait du bien. Depuis toujours, quand les choses ne tournaient pas comme il fallait, que ce soit pour l'un ou l'autre, ils savaient tous les deux qu'ils pouvaient se serrer les coudes. Cela avait toujours fonctionné de cette façon. Encore une fois, le cadreur était heureux d'avoir une sœur qui le connaissait par cœur. Pas besoin de mot, elle savait, elle comprenait. Et c'était déjà un poids en moins. A l'approche du bureau de l'avocate, ses méninges s'étaient mises à danser la salsa. Parce qu'il partait vers l'inconnu dans le sens où il ne savait pas ce que lui voulait cette femme. Pourquoi elle le convoquait ainsi, de façon si cérémonieuse. Puis, il avait songé comme sa sœur. A ce que cela puisse concerner leur père. Titre qu'il ne méritait même pas. Peut-être qu'il voulait la garde alternée des plus jeunes. Même si cela l'étonnerai. Mais voilà, c'était une possibilité. Un dernier sursaut de sa part ? Une dernière vacherie comme il en avait le secret. Alors si c'était le cas, il fallait procéder à une enquête sociale pour savoir ce qu'en pensait les aînés ? Est-ce que leur mère était au courant ? Soudainement, il pensait à leur mère, qui commençait tout juste à refaire sa vie et être heureuse. Surtout que l'annonce de sa maladie n'avait pas facilité les choses. La famille n'avait pas besoin d'une complication supplémentaire. Pourtant, Kael poussait finalement la porte du bureau. Une femme d'une quarantaine d'année, le regard bienveillant et le sourire aux lèvres les accueillait alors que Kael venait de se présenter. Elle semblait être le genre de femme bienveillante, pas de celles qui mettaient les gens en taule. Mais cela ne rassura pas pour autant le cadreur. Il présenta Kara puis ils étaient invités tous les deux à savoir après que Kael avait assuré l'avocate que sa sœur pouvait rester. Susan Peters était un avocate spécialisée dans le droit des familles. Et cela ne rassurait pas l'américain. Parce que pour lui, cela concernait forcément ses petites sœurs. Et quand il s'agissait d'elle, Kara et lui étaient très protecteur. « Merci d'être venu si vite, monsieur Harrington. Je conçois que ma demande puisse surprendre mais je me devais de vous contacter le plus vite possible. » Kael jeta un œil à sa sœur qui semblait aussi interloquée que lui. « A vrai dire, votre appel était assez mystérieux. De quoi voulez-vous me parler madame Peters. Il s'agit de nos sœurs ? » Il fronça un peu les sourcils tout en disant ses mots. Et il sentait à nouveau la colère monter en lui. Il savait que leur géniteur était capable de tout. Et cela ne le rassurait pas. « Non, pas du tout. Il s'agit de vous. » Elle l'observa et son sourire s'estompa légèrement. « Je vous cherche depuis quelques jours. Mais avant d'aller plus loin, je dois m'assurer de votre identité. Auriez-vous une carte d'identité, un passeport sur vous ? » Voyant l'air intrigué de Kael, elle ajouta tout en prenant un dossier qui se trouvait sur le côté de son bureau. « Désolée mais c'est la procédure. » Le cadreur l'observa un instant puis voyant qu'elle était sérieuse, il finit par plonger l'une de ses mains dans la poche interne de sa veste. Il en retira son passeport. Document qui ne le quittait jamais étant donné qu'il était ici avec un visa de travail. Au moins contrôle, il devait le présenter. L'avocate s'en empara puis elle l'examina tout en ouvrant le dossier. Elle semblait contrôler les informations. Puis un sourire s'afficha sur son visage. Elle redonna le passeport à Kael tout en disant. « Je voulais m'assurer de votre identité. Maintenant que c'est chose faite, je peux vous parler d'Ava. » Le cadreur qui remettait son passeport en place, fronça à nouveau les sourcils. « Ava ? » L'avocate acquiesça de la tête. « Je sais que ce n'est pas vraiment une façon appropriée de vous annoncer ça, ni même le lieu et je m'en excuse. Mais il semble que vous soyez le père biologique de ce petit trésor. » Susan Peters lui donna une photographie en format A4 d'une adorable petite fille. Mais Kael avait du mal à faire le lien avec lui, complètement choqué par ce que la femme de loi venait de lui dire.
A présent dans le bureau de l'avocate, nous nous installions sur les fauteuils. Je posais mes prunelles bleues sur la femme. Son appel avait éveillé tellement de questionnements dans nos esprits. Elle acceptait que j'assiste à cet entretien, alors j'imaginais que ça avait un rapport avec nos sœurs ou avec notre père. Elle n'aurait probablement pas accepté que je reste si il s'agissait d'une question plus personnelle. De toute façon, nous étions au service des familles, alors ça ne pouvait que concerner notre famille. C'est ce qui m’inquiétait. On en avait déjà suffisamment bavé depuis un an. Depuis que Kael avait tout découvert et qu'on s'était embarqué dans cette aventure en Australie. Maman commençait tout juste à se reconstruire. Je ne voulais pas qu'elle est encore à souffrir. Tout comme mes sœurs. Je jetais un regard à mon frère tandis-ce que l'avocate reprenait la parole. Elle demandait à Kael des papiers, afin de pouvoir vérifier son identité. Une fois fait, elle poursuivait.
C'est alors qu'elle se mit à évoquer « Ava ». J'étais surprise par l'annonce qu'elle nous faisait. D'après elle, Kael était le père biologique d'une petite fille dont il ne connaissait même pas l'existence. Je jetais aussi un coup d’œil à la photo. La petite était adorable, mais j'avais encore du mal à croire ce que j'avais entendu. Kael n'était pas le seul à être sous le choc.
« … Mais vous en êtes certaine ? Comment est-ce que Kael pourrait être père sans même le savoir ? »
Je posais mon regard sur l'avocate, puis sur mon frère, pour revenir enfin sur la femme. Toute cette histoire était invraisemblable... enfin peut-être pas tant que ça. Plus je regardais cette photo et plus les choses s’éclaircissaient. Je pensais bien évidement à Nova, que Kael avait revu à Brisbane. Il m'avait parlé de cette rencontre, du fait qu'elle avait demandé à lui parler et qu'il n'avait pas répondu à son invitation.
« Nova... »
Dis-je doucement à Kael, qui probablement encore sous le coup du choc. En même temps, il y a de meilleures façons d'apprendre qu'on est père, n'est-ce pas ? Je reposais mon attention sur l'avocate.
« J'ai du mal à comprendre... pourquoi avoir convoqué Kael pour lui annoncer ? Où est la mère d'Ava ? »
Dernière édition par Kara Harrington le Ven 7 Juil 2017 - 18:25, édité 2 fois
Kael essayait de comprendre ce qui était entrain de se passer. Tout allait un peu trop vite à son goût et il avait l'impression que sa tête était entrain de tourner. Il restait circonspect à l'annonce de l'avocate, qui pourtant essayait d'y aller en douceur. Mais tout ce que Kael enregistrait, c'était qu'il avait une fille. Comment était-ce possible ? Oh, il avait eu des liaisons ici et là depuis qu'il était à Brisbane mais il avait toujours fait attention. Il n'était pas inconscient au point de risquer une quelconque cochonnerie. Pourtant, il ne pouvait détourner le regard de ce bout de chou. Ava. Elle était tellement petite... elle devait avoir un an ou un peu plus. Enfin, le cadreur n'avait jamais été doué pour donner l'âge des autres. Il quittait ses pensées quand Kara reprit la parole. Sa jumelle posait de bonnes questions et à vrai dire, il se disait la même chose. L'avocate les regarda un instant puis elle expliqua : « Tout nous prouve que vous êtes bel et bien son père. Vous êtes notés dans son carnet de naissance. » La femme de loi donna le papier en question. Et il découvrit son identité dans la case « père », tout comme celle de la mère. Nova. Il n'arrivait pas à y croire. Alors la dernière fois qu'ils s'étaient vus... qu'elle voulait lui parler... c'était pour Ava. Et lui, il avait refusé de lui parler. Et il n'était même pas allé chez elle alors qu'elle lui avait donné son adresse... Puis l'avocate reprit la parole aux questions de Kara. « Mademoiselle King est décédée dans un accident de voiture il y a trois semaines. » Kael releva le visage de la photographie pour regarder l'avocate. Il n'arrivait pas à y croire. Nova était morte ? Son cœur s'était emballé en pensant à son ex-compagne. C'était un nouveau choc pour lui. Et lui qui avait été odieux avec elle, la dernière fois qu'ils s'étaient parlés... Il regrettait. Il regrettait vraiment. Et il allait devoir vivre avec ça le reste de sa vie. « A l'ouverture de son testament, elle a parlé de vous comme le père de son enfant. Elle vous donne la garde exclusive d'Ava. Mais j'ai mis quelques jours à vous trouver. Bien sûr, si vous accepter la petite, il va falloir vous soumettre à un test officiel de paternité. Ensuite vous pourrez retrouver ce bout de chou. Personne d'autre ne s'est proposé pour s'en occuper... » Kael fronça un peu les sourcils avant que l'avocate n'ajoute ces quelques mots... « Les parents de mademoiselle King ont refusé de la prendre avec eux. » A nouveau, Kael sentait son cœur fait des loopings dans sa cage thoracique. Ses grands-parents avaient refusé de la voir. Pourquoi ? Parce que Nova était tombée enceinte de lui. Et que le cadreur avait très bien compris qu'il n'était pas assez bien pour eux. Mais c'était leur petite-fille... « Où est-elle à présent ? » L'avocate soupira doucement avant de répondre. « Elle se trouve dans un relais de l'assistance publique. » Elle prit un morceau de papier et elle nota quelques mots. « Voici l'adresse si vous souhaitez vous y rendre. Mais avant tout... faites ce test si vous voulez recueillir la petite sinon elle sera proposée à l'adoption. »
Ça faisait beaucoup d'informations à encaisser. D'une part, le fait que Kael soit père et d'autre part, le décès de Nova. Je portais mon attention sur mon jumeau. J'imaginais que tout ça ne devait pas être facile à encaisser. Les choses avaient beau s'être mal finies avec Nova, je savais qu'il l'avait aimé et que l'annonce de son décès était un nouveau coup de massue. Je reportais mon regard sur l'avocate qui continuait son monologue. Je pensais à cette petite fille, orpheline de mère et sans personne pour prendre soin d'elle. Nova était morte depuis trois semaines. Ava était donc à l'assistance publique depuis tout ce temps. Je venais juste d'apprendre l'existence de la petite et pourtant, j'avais mal au cœur de la savoir là-bas. Ce n'était pas l'endroit idéal pour une petite fille si jeune. D'après la photo, elle ne devait pas avoir plus d'un an et demi. Comment est-ce que la famille de Nova avait pu la laisser là-bas ? Kael m'avait parlé de sa famille, du fait qu'ils n'approuvaient pas leur liaison, mais Ava était quand même leur petite fille ! Enfin ça m'étonnait pas tant que ça. Je savais par expérience que certains n'étaient que de sombres égoïstes, ne pensant qu'à leur personne, au pouvoir, à l'argent. Les parents de Nova s'entendraient à merveille avec notre géniteur.
Je restais silencieuse. Je savais que Kael ferait le nécessaire. Il était encore sous le choc à cet instant précis, mais il avait toujours assumé ses responsabilités. Kael ne reproduirait jamais les erreurs de notre géniteur. On avait grandit sans lui et grâce à ça, on savait ce qu'il ne fallait surtout pas faire ! Finalement, William aura quand même servit à quelque chose.
« Et une fois en possession des résultats du test, Kael pourra aller directement chercher la petite ou il y a un protocole spécifique ? »
Je ne savais pas du tout comment ça se passait. Après tout, notre famille n'avait jamais été confrontée à une telle situation. Si Ava était bien ma nièce et je pensais que c'était le cas, l'idée de la laisser à l'assistance public et à l'adoption était inconcevable.
Oui, beaucoup de chose à assimiler en très peu de temps. Kael était plongé dans ses pensées. Il comprenait à présent, pourquoi Nova avait été aussi insistante pour qu'il vienne chez elle. A ce moment-là, le cadreur n'avait pas compris. Il n'avait pas voulu la revoir, ni même lui parler. Alors que la jeune femme voulait sûrement lui parler d'Ava. Et lui, lui il avait fait le têtu. Il avait fait la sourde oreille et le différent. Alors que la revoir avait ranimé les sentiments qu'il avait encore pour elle. Oui il l'aimait encore. Et il regrettait à présent d'avoir agi de cette façon. Mais à ce moment-là, il était encore en colère et il avait laissé ses émotions prendre le dessus. Maintenant, il savait qu'il allait devoir vivre avec tout ça. Kael avait gardé la photographie d'Ava dans ses mains. Est-ce qu'il pouvait douter que c'était sa fille ? Non. Enfin, il voulait croire que Nova n'avait pas eu d'autre histoire après lui. Et puis, quand il voyait Ava, il pouvait remarquer qu'elle avait la même bouche et le même nez que lui. De toute façon, les autorités n'allaient pas lui laisser la petite si les résultats n'étaient pas probants. A la question de Kara, le cadreur reposa ses yeux sur l'avocate. « Non... enfin j'aimerai que ce soit aussi simple. Nous devons d'abord nous assurer que vous avez les moyens pour subvenir aux besoins de la petite, ainsi qu'un lieu de vie propice à accueillir une enfant de cet âge. » Expliqua-t-elle en portant son regard sur Kael. « Si vous avez un travail, cela ne devrait pas poser de problème. Et puis, vous semblez être en bonne santé, donc capable de prendre soin de ce petit bout de chou. » Kael observait la femme qui leur faisait face. Il remplissait quasiment toutes les conditions pour avoir la garde d'Ava. Sauf qu'on lui avait diagnostiqué une leucémie. Et ça, il ne savait pas si c'était un frein à une éventuellement venue de la petite. Le cadreur essayait de remettre un peu d'ordre dans ses pensées avant d'ajouter : « Je suis cadreur et j'ai un bon salaire... et je loue un appartement dans le centre... » Même s'il n'avait que deux chambres. Peut-être que cela allait poser problème. Peut-être qu'il allait chercher un appartement plus grand. Puis il finit par se lever de son siège en redonnant le dossier d'Ava. « Je vais me rendre à l'adresse que vous avez donné. Merci. » Il serra la main de la femme quand celle-ci prit la parole. « Je vais m'occuper de votre dossier. Alors si jamais vous avez besoin de quelque chose, n'hésitez pas à me contacter. » Elle donna une carte de visite avant que les jumeaux ne quittent le bureau. Kael jeta un œil à sa sœur. « Tu penses que j'aurais du lui dire ? » Demanda ce dernier en descendant les escaliers qui menaient au rez-de-chaussée. Bien sûr, il parlait de sa maladie. Qui au final, risquait de lui couter la garde d'Ava.
Je m’inquiétais de la marche à suivre pour pouvoir récupérer Ava. Je savais que les démarches pour une adoption pouvaient être compliquées. Enfin le cas de Kael était différent. Ce n'était pas une adoption, puisqu'il était le père biologique, mais ils ne lui confiraient pas la petite si la situation n'était pas optimale. J'espérais que les services de l'enfance n’effectuaient pas une enquête approfondie sur la vie de mon frère. Quoi qu'il n'ait rien à caché. Il gagnait son argent de façon honnête et il vivait dans un appartement confortable. La seule chose qui pouvait bloquer, en effet, était son état de santé. Kael n'en parlait pas à l'avocate. Il avait probablement la même inquiétude que moi. On quittait le bureau de l'avocate et bientôt, on se retrouvait dans les escaliers.
« Je ne sais pas... mais j'imagine qu'ils finiront par l'apprendre. Mais on fera tout pour leur montrer que ce n'est pas un problème, de toute façon. »
Et j'espérais que ça ne lui coûterait pas la garde d'Ava, mais je restais optimiste. Si cela arrivait, on pourrait probablement saisir un recours. Kael avait la chance d'avoir une grande famille, d'être bien entouré. On lui apporterait notre soutien et notre aide. En général les services à l'enfance appréciaient ce genre de choses. Du moins je l'imagine. C'est toujours mieux d'être un parent entouré plutôt que d'être isolé avec un enfant à charge.
« Comment tu te sens ? »
Demandais-je alors qu'on avait quitté le bâtiment. En arrivant, on s'était attendus à tout sauf à ça. Kael n'imaginait pas une seconde qu'il ressortirait en étant père. Je voulais donc savoir comment il allait, même si je me doutais que ça devait être beaucoup à encaisser d'un seul coup.
Tout en sortant du bâtiment, Kael écoutait sa sœur qui avait repris la parole. Contrairement à elle, il n'était pas si confiant. Il savait très bien que retirer une enfant dans une assistance publique relevait du parcours du combattant. En plus, son état de santé n'arrangeait rien. Le cadreur savait qu'il allait devoir se battre s'il voulait récupérer la garde d'Ava. « Tu parles. Dès qu'ils vont savoir que je suis malade, les services sociaux vont essayer de jouer là dessus. » Et peut-être qu'il n'allait jamais pouvoir obtenir la garde de la petite. Parce qu'il ne doutait pas que c'était la sienne. Mais il fallait encore que les tests adn prouvent la filiation entre Kael et la petite. Pour l'instant, cette dernière se trouvait à l'assistance publique. Parce que ses grands-parents n'avaient pas voulu d'elle. Elle était quand même leur petite fille. Elle était la fille de Nova mais apparemment, même ça, ça ne les atteignait pas. Enfin, au moins, Kael n'allait pas avoir à se battre avec eux devant les tribunaux. Même s'il trouvait ça triste pour Ava. Et cela lui faisait penser à la propre histoire des Harrington. Leur père biologique avait préféré sa famille australienne. Et le cadreur savait à présent qu'il n'avait plus rien à attendre de ce dernier. Cela ne le chagrinait pas. Kael n'avait jamais compter sur lui. Malgré tout, il pensait à ses sœurs. Et il ne voulait pas qu'elles pensent que c'étaient elles qui avaient un problème. Alors qu'elles étaient des filles extra. Kael ne voulait pas qu'Ava pense la même chose. Alors il allait déjà essayer de tout faire pour la sortir de l'assistante. Puis à la question de Kara, il posa ses yeux sur elle alors qu'ils venaient de monter dans la voiture. « J'en sais rien... Un peu trop de choses arrivent en même temps... Mais le plus important, c'est d'aller voir Ava et de faire ces tests. » Est-ce qu'il avait des doutes que la petite ne soit pas sa fille ? Non. Ava était née le 24 janvier 2016. Et neuf mois plus tôt il voyait encore Nova. Il ne voulait pas croire que la jeune femme avait pu le tromper. L'américain voyait certains de ses traits sur le visage de la petite fille. « Et s'ils confirment que je suis son père alors je me battrai pour qu'elle vienne vivre avec nous. » Même s'il savait que cela n'allait pas être facile, surtout à cause de sa santé défaillante. Kael avait loupé quelques boulots ces derniers temps parce qu'il était malade. Il faisait surtout du travail de montage. Mais il ne gagnait pas aussi bien. Puis il posa son regard sur Kara. « Tu crois qu'elle est ma fille ? » Il avait besoin d'avoir le sentiment de sa sœur sur cette histoire.
« Et tu feras tout pour leur montrer que cette maladie ne t'empêchera pas te t'occuper d'Ava. Et puis, c'est pas comme si tu allais être tout seul. Tu as toute une famille derrière toi. J'ose espérer que ça sera un bon point pour ton dossier. »
Il y une heure, on ne savait même pas qu'Ava existait et maintenant, on craignais de ne pas pouvoir la récupérer. Je voulais rester optimiste et penser que quoi qu'il arrive, on trouverait un moyen d'avoir la petite. Ava avait un père et pour moi, c'était inconcevable qu'elle aille vivre sa vie avec une autre famille. Je n'avais rien contre l'adoption. Je trouvais que c'était quelque chose de bien. Peut-être même que j'adopterais un jour. J'y avais pensé. Mais dans le cas d'Ava, il n'en était pas question ! Elle avait une famille. Elle avait Kael et sa place était auprès de nous. C'était d'ailleurs ce qu'avait souhaité Nova, puisqu'elle avait fait le nécessaire pour que la garde de la petite revienne à Kael.
« Je sais bien que tu le feras. »
Je me rappelais d'une conversation qu'on avait eu quelques semaines plus tôt. Kael m'avait annoncé qu'il était malade et qu'à cause de son traitement, ça allait mettre en péril ses chances d'avoir un enfant un jour. J'aurais préféré qu'il apprenne l'existence d'Ava d'en d'autres circonstances et que la petite n'ait pas perdu sa mère, mais l'existence de cette fillette était un cadeau. C'était une chance pour Kael d'être père. Peut-être sa seule chance et il n'allait pas la laisser passer, j'en étais sûre.
« Oui. Je pense qu'Ava est ta fille. Elle a ton nez et ta bouche... puis il n'y a que les Harrington qui sont aussi beaux. »
Je souriais, terminant avec un peu d'ironie. Bien qu'Ava soit vraiment mignonne. Après un court silence je reprenais la parole.
« Comment est-ce qu'ils ont pu la laisser là-bas ? Quel genre de grands parents font ça ? »
Dis-je en parlant des parents d'Ava. Il semblait qu'on est trouvé de la concurrence à William Harrington. Les parents de Nova ne valaient pas mieux.
Il espérait pouvoir récupérer Ava. Mais il savait qu'il y avait des choses qui étaient contre lui. Déjà sa maladie. Il n'était pas encore en rémission. Il faisait encore des séances de rayons. Autant dire qu'il n'était pas au bout de tout ça. Alors il ne savait pas si cela allait rentrer en ligne de compte ou non. Après, il n'avait rien pour accueillir la petite. L'appartement n'avait que deux chambres. Il n'avait pas le matériel de puériculture. Et puis c'était déjà compliqué pour lui de jongler entre l'hôpital et son boulot... Mais il allait tout faire pour qu'Ava vienne vivre avec eux. « J'espère aussi. Je n'ai pas envie de la laisser là où elle est. » Absolument pas. Même si c'était encore un choc pour lui, il était hors de question de laisser la petite dans ce genre de lieu. Elle y était déjà depuis trois semaines d'après les paroles de l'avocate. « Elle a déjà passé trop de temps seule. Elle ne devrait même pas être là-bas. » Non ce n'était pas sa place. Ce n'était la place d'aucun enfant à vrai dire. Malheureusement les parents de Nova n'avaient pas voulu entendre parler d'elle. Ils n'avaient même pas voulu la voir. Ce que Kael avait du mal à comprendre. Pourquoi rompre tout lien avec Nova ? Parce qu'elle avait eu une histoire avec lui ? Parce que le cadreur n'était pas assez bien pour elle ? Parce qu'ils voulaient autre chose pour leur fille unique ? Et à cause de tout ça, ils laissaient une petite fille de quatorze mois seule avec des étrangers... alors qu'elle avait perdu sa mère, la seule personne qui avait été là pour elle ? Et pourquoi au final ? Parce que Kael n'était pas de leur milieu ? Ou parce qu'il n'avait pas la « bonne » couleur de peau ? Le cadreur ne comprenait pas. Nova lui avait plu dès le premier regard. Il était tombé amoureux d'elle. Il n'avait pas vu sa couleur de peau. Ce n'était pas important. Aucunement. Il ne s'était jamais attardé sur ça. Mais pour les parents de Nova, cela avait été différent. Ils n'avaient jamais accepté Kael. Et maintenant, c'était Ava qui en subissait les conséquences. Dans la voiture, il essayait de mettre un peu d'ordre dans ses pensées. Il avait gardé l'adresse où se trouvait Ava sur son téléphone. Il l'avait posé sur un socle pour qu'il puisse servir de gps. Aux mots de Kara, il esquissa un sourire. « Elle tient surtout de son père. » C'était encore bizarre d'employer ce mot. Il avait quasiment fait un trait sur cette éventualité, surtout depuis qu'on lui envoyait des rayons à travers le corps. C'était un peu mal barré pour espérer avoir une famille plus tard. Mais Ava était un cadeau qu'il n'espérait pas. Et elle n'attendait que lui. Là, quelque part. « Le même genre de parents que le nôtre... » Kael refusait d'être contre leur géniteur. Même s'il mettait du temps, ce qu'il ne souhaitait pas. Il allait récupérer la petite. Même s'il appréhendait un peu. Quelques minutes plus tard, ils arrivaient à l'endroit précisé par l'avocate. Le bâtiment était lugubre, tout en pierres grises. Il espérait que l'intérieur était différent, surtout parce qu'il devait accueillir des enfants. Les jumeaux étaient ensuite entrés. Une femme les avait accueilli, pas très agréable. Kael jeta un œil à sa sœur quand l'employé leur expliqua qu'elle devait s'assurer qu'ils pouvaient voir la petite. Juste un coup de fil. Kael était nerveux. Il jeta un œil à Kara puis regarda son reflet dans l'une des vitres du bureau. Il essaya de se recoiffer un peu. Il portait un jean, une chemise à carreau et un veste. « J'espère qu'elle ne va pas avoir peur... » Il avait peur qu'elle éclate en sanglots en les voyant. Parce qu'ils n'étaient encore que des inconnus pour elle.
Beaucoup de choses s'étaient passées cette année. On avait découvert le véritable visage de notre père, on avait quitté notre Amérique natale pour l’Australie. Les médecins avaient diagnostiqué une leucémie à mon frère. Et maintenant, on apprenait qu'il avait une fille. Ça faisait énormément de choses en encaisser en un cours laps de temps. Mais je voulais croire qu'on s'en sortirait, encore une fois. Ava méritait de grandir auprès de son véritable père et je savais que personne ne pourrait mieux s'occuper d'elle que Kael. Il avait beau être malade, il saurait prendre soin de sa fille. Il l'avait fait tellement de fois avec nos petites sœurs.
« Elle restera pas là-bas. On va se battre pour qu'elle vienne vivre avec sa famille. On s'est toujours battus, n'est-ce pas ? William s'est jamais occupé de nous et pourtant, on s'en est sorti. On s'est aussi battu pour réaliser nos rêves. Maintenant, tu te bats encore contre cette fichue maladie et je sais que tu as assez de force aussi pour te battre pour elle. »
Je marquais un silence. Kael, nos sœurs et moi avions toujours été combatifs et on ne tenait ça de notre mère. Elle nous avait toujours appris à nous dépasser, à affronter les choses et à rester positif. Je reprenais la parole en blaguant.
« Sinon, on peut toujours prévoir de la kidnapper, c'est un bon plan b. »
Je souriais. J'étais pas sérieuse, mais je voulais un peu détendre l’atmosphère. On en revenait ensuite aux parents de Nova. Si Ava était à l'assistance publique, c'était de leur faute. Ils n'avait pas voulu de la petite parce qu'elle était la fille de Kael. N'importe quoi ! Ces gens devaient être sans cœur pour laisser leur propre petite fille dans un endroit pareil. Plus tard, nous arrivions devant cet endroit. Franchement, il ne m'inspirait pas confiance. La femme qui nous accueillait n'était pas non plus très chaleureuse. On aurait pu penser que les employés dans ce genre d'endroits seraient plus aimables. La bonne femme passait un coup de fil pour savoir si on pouvait voir Ava. J'espérais qu'on pourrait.
« J'espère aussi... mais c'est notre première rencontre. C'est possible qu'elle se mette à pleurer, après tout, on est que des inconnus pour elle. »
La petite avait perdu sa mère et elle se retrouvait dans cet endroit, je ne m'attendais pas à ce qu'elle vienne vers nous facilement. Elle allait probablement être craintive ou se mettre à pleurer. C'était normal. La femme revenait vers nous après vérifié les papiers de Kael et passé son coup de fils. Elle nous annonçait qu'on pouvait voir la petite. C'était un bon début. Elle nous demandait de la suivre. Elle nous guidait jusqu'à une pièce. Vraisemblablement un endroit où des familles pouvaient faire connaissance avec les enfants. Elle nous demandait de patienter encore un instant.
Le cadreur avait gardé ses yeux mordorés sur sa sœur. Il l'écoutait et cela lui faisait du bien ce genre de paroles. Un fin sourire s'afficha sur les lèvres de Kael alors que sa sœur avait toujours ses mains sur le volant, les menant jusqu'aux services de l'enfance. Il l'embrassa sur la tempe avant d'ajouter : « Oui, on la ramènera avec nous. Il suffit de leur montrer que l'on a tout ce qu'il faut pour l'accueillir. » Enfin, qu'ils allaient avoir tout ce qu'il faut pour qu'Ava puisse venir vivre avec eux. Parce que forcément, leur appartement n'était pas destiné à accueillir une petite fille en bas-âge. Mais ce n'était qu'une question de temps. Même si le cadreur avait tendance à vouloir aller vite. Il savait qu'il ne devait pas non plus se précipiter au risque de commettre des erreurs. Et là, il s’agissait de sa fille. Alors il devait faire attention. Il ne voulait pas la perdre. Parce que si c'était le cas, Kael savait très bien qu'elle allait se retrouver enfermé dans le système, accueilli par une famille qui pourrait ne pas faire les choses correctement. Alors non, il allait faire attention. Il esquissa un nouveau sourire avant d'ajouter : « Mais j'aime bien ton plan b. » Même si sincèrement, il espérait ne pas en arriver là. Il ne savait pas si la garde d'Ava allait poser problème ou non. L'avocate lui avait parlé d'un testament. Mais pour l'instant, il n'en avait pas lu une copie. A vrai dire, il était un peu perdu. Ne sachant pas vraiment ce qu'il était censé faire, administrativement parlant. Surtout qu'il n'était pas australien. Est-ce que cela aussi, ça allait jouer un rôle dans la garde d'Ava ? Nova était américaine. Mais il lui semblait qu'elle lui avait dit que sa mère était australienne... quand ils s'étaient vus la dernière fois. Voilà pourquoi elle se trouvait ici. Kael soupira intérieurement. Ils étaient arrivés dans le bâtiment dédié à l'enfance. Et l'extérieur était lugubre. Même la femme qui les avait accueilli, ne semblait pas très charmante. Le cadreur espérait que la personne qui s'occupait d'Ava était un peu plus humaine... Le cadreur s'était rapidement recoiffé en observant son reflet dans l'une des vitres du bureau dont ils faisaient face, sa sœur et lui. Aux paroles de Kara, il soupira avant de se redresser. « Oui et c'est en parti de ma faute...Si j'avais accepté de voir Nova, peut-être qu'on en serait pas là aujourd'hui. » Il ne savait pas. Vraiment pas. Peut-être que si la jeune femme l'avait invité chez elle, c'était pour lui présenter Ava... A l'école, elle devait avoir sept mois... Tout ce temps perdu... Naturellement, il reconnaissait ses torts. « J'étais têtu et trop fier... » Trop blessé encore par ce que la jeune femme avait fait. Le quitter sans aucune explication. Maintenant il comprenait. Elle était tombée enceinte. Et par peur, elle avait pris la fuite... Pourquoi est-ce qu'elle ne lui avait pas parlé ? Pourquoi ne lui avait-elle pas fait confiance ? Les jumeaux avaient ensuite été dirigés vers un autre service. Et à mesure qu'ils arpentaient les couloirs, Kael se rendait compte que les salles, les couloirs étaient peints de couleurs vives, avec des dessins un peu partout. Ce qui réchauffaient les lieux sans aucun doute. Une fois dans la pièce, Kael sentait la nervosité l'assaillir un peu plus. Il y avait des tables rondes dans la salle, des tables d'enfants avec des petites chaises tout autour. Il y avait des parcs, des jeux par terre. C'était sûrement une salle de jeux. En face d'eux, il y avait une vitre assez large pour couvrir le couloir qu'elle longeait. Et là, une femme était apparue. Elle était assez jeune. Les cheveux blonds relevés en une queue de cheval, elle avait un sourire sur les lèvres et le regard baissé. Kael s'était levé de son siège. C'était sûrement la femme qui s'occupait d'Ava. Il déglutit en voyant l'employée jeter un œil dans leur direction alors qu'elle avançait, probablement en donnant la main à la petite qu'il ne voyait pas encore. « La voilà. » Chuchota le cadreur à sa sœur. Les yeux de Kael étaient posés sur la porte qui s'ouvrait. Il avait le cœur qui battait la chamade. « Bonjour. » Commença la jeune femme en entrant dans la pièce. Elle tira doucement sa main et amena Ava jusque dans la pièce. La petite marchait. Elle semblait avoir du mal, pas très assurée sur ses jambes. Cela devait être nouveau pour elle. Ava était habillée d'une petite salopette en jean et d'un petit pull rose. Ses cheveux bouclés étaient attachés sur le sommet de sa tête avec une barrette. La petite était silencieuse, elle les observait mais elle se cachait un peu derrière la jeune femme qui l'avait amené jusqu'ici. Cette dernière reprit la parole. « Vous devez être son père. Je suis Tara Cooper, l'une des puéricultrices du centre. » Elle serra la main de Kael puis de Kara. Puis elle lacha la main de la petite. Cette dernière leva les yeux sur les jumeaux avant que Kael se mette à sa hauteur. « Bonjour Ava... » Il ne voulait pas lui faire peur et gardait donc un peu ses distances.
J'étais prête à faire mon maximum pour pouvoir aider Kael. Je ne connaissais pas encore Ava, mais je voulais qu'elle puisse grandir auprès de son père. Elle n'avait déjà plus de mère. C'était primordial qu'elle puisse grandir avec sa vraie famille. Je hochais donc la tête aux paroles de mon frère. Oui, on leur montrerait qu'on avait tout ce qu'il fallait pour l’accueillir. Bien sur, notre appartement était trop petit, mais on allait trouver une solution. On pourrait louer un appartement plus grand, avec une chambre supplémentaire. Il allait par contre falloir se mettre à la recherche assez rapidement. Ca pouvait être assez compliqué de trouver le bon appartement parfois.
« Arrête Kael. Tu ne pouvais pas savoir qu'elle t'avait caché l'existence de votre enfant. Ava à quoi ? Quatorze mois ? Nova est partie et elle ne t'a jamais recontacté jusqu'à ce que tu la croise ici. Elle aurait pu t'en parler avant. Tu avais toutes les raisons de lui en vouloir. Tu ne peux pas te blâmer pour ce qui est arrivé. C'est pas ta faute. »
Je ne voulais pas que Kael se sente coupable de toute cette situation. Il n'y était pour rien. Il ne pouvait pas deviner que Nova avait mit au monde leur fille. Il ne pouvait pas savoir que c'était sans doute pour ça qu'elle avait voulu lui parler il y'a quelques mois. On ne pouvait blâmer personne pour toute cette situation. Enfin si, les parents de Nova. Sans eux les choses auraient été différentes. Bref. On était arrivé au service de l'enfance. J'espérais qu'on pourrait bientôt emmener Ava avec nous. Mais ce n'était pas la question aujourd'hui. On était là pour la rencontre une première fois. Nous avions attendu quelques minutes avant qu'une femme vienne nous présenter Ava. Mes yeux se posaient sur cette petite puce. Ma nièce. Elle était vraiment adorable. Elle me semblait aussi impressionnée. Ce qui n'était pas étonnant. Elle avait perdu sa mère du jour au lendemain et s'était retrouvée avec tout un tas d'inconnus. Nous étions des étrangers de plus à ses yeux. Je venais serrer la main de la puéricultrice. Je laissais Kael faire le premier pas avec Ava. La petite était craintive. Elle tentait de se cacher derrière la puéricultrice, mais elle ne pleurait pas. Enfin pas encore.
« Je vous propose qu'on aille s'installer là-bas... ne vous inquiétez pas. La réaction d'Ava est tout à fait normale. La plupart des enfants sont craintifs quand ils rencontrent de nouvelles personnes. Parfois, certains se mettent à pleurer. On va aller s’asseoir et peut-être qu'elle viendra d'elle-même vers vous. »
La jeune femme désignait le coin « salon » qui se trouvait dans la pièce. Il y avait des sièges et aussi un coin avec des jeux pour les enfants.
Malgré les mots de Kara, il ne pouvait s'empêcher de penser que s'il avait agi autrement, il n'en serait pas là. Il n'aurait pas à faire connaissance avec sa petite fille dans les locaux aseptisés de l'assistance publique. Ce n'était pas normal. Lui qui avait déjà un passé assez lourd avec son géniteur, avait la hantise de mal faire les choses. Et on ne pouvait pas dire que cela commençait bien. Il n'avait pas été là les premiers mots de vie de sa fille.Et maintenant, elle était ici avec des inconnus alors qu'elle avait une famille. Ce n'était pas normal. Alors non, il ne pouvait pas savoir pour Ava, mais s'il n'avait pas été têtu ou trop fier pour accepter de voir Nova, Ava et lui ne seraient pas des inconnus à ce moment précis. Enfin, il était prêt à faire son maximum pour avoir la garde de la petite. Il voulait faire en sorte de trouver un nouvel appartement ou peut-être une maison dont le loyer pourrait être dans ses moyens. Il avait envie de faire les choses bien pour que l'assistance publique ne lui retire pas la garde de la petite. Et puis, il y avait encore sa maladie. Même s'il n'en avait pas parlé avec l'avocate, il se doutait bien que cela allait peser dans la garde d'Ava. L’État n'allait pas lui confier la petite fille s'il n’était pas certain qu'il était capable de s'en occuper malgré sa maladie et ses allées retours à l'hôpital. Il ne voulait rien laisser au hasard. Et avec Kara, ils allaient se mettre en quête de la maison idéale. Et il était même prêt à changer de travail. Il était prêt à se sédentariser et faire des horaires normaux pour avoir Ava avec eux. Ce n'était vraiment pas un problème pour lui. Cela en valait le coup. En attendant, il était plus que nerveux à l'idée de voir la petite. Il l'avait vu en photo mais ce n'était pas la même chose. Là, le cadreur appréhendait un peu sa réaction et la façon dont elle allait se comporter avec lui ou avec Kara. Il tira sur le col de sa chemise, nerveusement au moment où la petite arrivait dans la pièce. Elle semblait assez impressionnée, les observant, se demandant sûrement qui ils pouvaient être. Elle s'était ensuite cachée derrière l'employée. Aux mots de cette dernière, Kael acquiesça de la tête. Avec Kara, ils allèrent s'asseoir au salon. La puéricultrice emmena Ava qui semblait tout à coup, très intéressée par le coin à jouets de la pièce. Elle lâcha la main de la femme et se diriger vers les jeux. Kael l'observa, restant silencieux. Et dire que le matin même, il ne savait rien de son existence. Ava s'amusait avec des cubes, les insérer dans une petite maison prévue à cet effet, ne semblant pas du tout ennuyée par la présence de Kael et de Kara. L'employée s'était assise devant eux, gardant un œil sur la petite avant de prendre la parole. « Ava est une petite très intelligente. Elle est constamment entrain de sourire et adore expérimenter de nouvelles choses. Elle va facilement vers les autres même si elle est un peu timide au début. » Oui, elle semblait très débrouillarde pour son âge. « Elle ne se décourage pas facilement. Elle est têtue mais c'est une adorable petite fille. » Kael esquissa un sourire. Têtu et déterminé, c'était tout lui. « Par contre, elle est assez difficile avec la nourriture. Mais ne vous inquiétez pas, c'est juste une période où les enfants découvrent les différents goûts. Et cela n'est parfois pas facile pour eux, de tout assimiler. » Ava s'amusait toujours. Elle s'exclamait parfois quand elle arrivait à mettre un cube dans la maison. Ce qui amusait Kael. Il se détendait un peu. La situation n'était pas évidente et il savait qu'il allait avoir besoin de temps.
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