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 EDWINNY ▲ what comes around goes around

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EDWINNY ▲ what comes around goes around Empty
Message(#)EDWINNY ▲ what comes around goes around EmptyDim 2 Juil 2017 - 1:59

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Edwinny
It was great at the very start. Eyes on each other, hopes that the best would come. Closer the better, too much time, losing track of us. Where was the real? Undefined, spiraling out of touch, forgot how it feels.

Les doigts encerclant le verre de bourbon, les yeux ailleurs. C’était l’apogée de l’ironie, entourée de ces tables où on pullulait de bonheur, d’étincelles, de mains baladeuses et de sourires en coin. Une histoire d’amour à la volée à ma gauche, une idylle secrète et des plus tactiles à ma droite, j’en avais la pudeur toute retournée et le cœur qui se serrait de lui imposer ça, à lui. Edward entrait dans le restaurant alors que je me disais qu’une pizza, un coca et une discussion sérieuse en bord de plage aurait mieux fait, mais voilà, autant faire les choses bien, mieux. Du moins, le tenter. Il est grand, imposant. Il entre et me repère de suite, sans attendre qu’on vienne lui indiquer ma table, sans rien attendre tout court comme à son habitude. Je dénote bien sûr les regards qui suivent son passage, pour la plupart de la gente féminine. Cette attraction qu’il a toujours dégagée m’amuse plus qu’elle me blase, reconnaissant encore une fois à quel point il se tient droit, stoïque, solide. Je lève les doigts à distance pour le saluer, mouvement inutile et un brin stupide, complimentant son évidence alors qu’il s’invente un passage entre les tables se dressant sur son chemin. Edward, oh Edward. Ses traits étaient plus tirés depuis Brisbane, plus concentrés. S’il s’investissait dans le boulot encore plus qu’avant, s’il s’y donnait corps et âme, je m’y accordais une part de blâme bien évidente dans tout ce que pouvait laisser transparaître son émotion triturée des derniers mois. À Londres, je n’étais pas la meilleure femme du monde, je n’étais pas des plus avenante, des plus charnelle, mais au moins, j’étais là. Présente, alliée avec qui il avait un peu moins l’impression de naviguer dans une marre de manigances et de secrets échafaudés par sa mère pour le garder pieds et poings liés à la réputation de sa famille. Depuis notre emménagement en Australie, il m’avait bien fait comprendre – et avec raison – que je n’étais devenue que l’ombre de moi-même, vulgaire souvenir, silhouette fuyante qui se réfugiait nulle part et ailleurs, loin de lui et de ce nous si complexe que nous avions mis en pause le jour où Noah avait été diagnostiqué malade. Il avait voulu bien faire en m’offrant mon oasis pour que je m’y isole lorsque j’en avais besoin, et malheureusement l’atelier était devenu ma seconde maison, après l’hôpital, rendant notre cohabitation au loft familial beaucoup plus aléatoire et divergente. À ça s’ajoutait bien sûr le retour d’Ezra dans ma vie – nos vies – et tout le raz-de-marée de sentiments, de doutes, de regrets et de colère qu’il entraînait avec lui. Pour Edward, ça avait le goût d’une histoire mise en suspens alors que jamais elle n’avait eu de point de départ. D’une rupture sans début, d’un quotidien caricaturé, d’espoir embryonnaire qui ne verrait jamais le jour. Vous comprendrez donc pourquoi il me semblait si épuisé, si défait, si désabusé en ma présence. Je n’étais plus la Ginny qu’il avait épousée – de force, mais tout de même – et je ne la serais probablement jamais à bien y penser. Un frisson plus tard et voilà que sa silhouette prend place à mes côtés, s’installant à la chaise qui lui était prévue, devant laquelle il a lui aussi un verre ambré servi. « C’est un 1983, baril chêne, de la Nouvelle-Orléans. J’ai voulu faire les choses bien. » je laisse un sourire fin caresser mes lèvres, alors que son amour pour cet alcool amer est bien connu de tous, et qu’évidemment, la soirée risque de mériter plusieurs verres de son côté pour faire passer le reste. La soirée, donc. Moment fatidique, compte à rebours, et il s’y attendait j’en étais persuadée. J’avais entamé des procédures de divorce avec Camber il y avait de ça plusieurs mois maintenant, et élucidé à travers plus d’une des horreurs que mes parents avaient mises de l’avant pour nous piéger dans cette union malsaine. Je respectais trop Edward pour le traîner encore trop longtemps à mes côtés, pour lui imposer tous mes états d’âmes, mes problèmes, mes craintes, mes séquelles, et j’avais décidé au Nouvel An de le libérer de ses chaînes en rompant notre contrat de mariage de la façon la plus blindée qui soit, question qu’il ne se retrouve pas harponné, au même titre que j’aurais pu l’être. Ici, il n’était même pas question d’argent, de parts ou de valeur, rien de tout cela. Je voulais simplement mettre fin à cet engagement qu’on nous avait imposé 5 ans plus tôt et qui avait déjà fait beaucoup trop de ravages sur nos vies respectives pour continuer dans cette direction. Brisée au moment du mariage, et même après, j’avais toujours été très distante, très difficile à cerner pour lui, et malgré nos moments de douceur, malgré ces points communs, malgré ces souvenirs, je savais bien au fond qu’il ne serait que plus heureux une fois le divorce prononcé. Guerre d’orgueil et d’égo, nos derniers échanges un peu plus costauds m’avaient fait comprendre qu’il aurait pu voir quelque chose de plus, qu’il aurait voulu du moins, et ce serait mentir que de dire que je n’étais pas moi-même déçue de ne pas avoir pu lui offrir mieux, d’avoir été si inapprivoisable, de ne pas avoir pu le combler, le protéger, l’aimer autant qu’il le méritait, que je l’aurais voulu. Son regard qui brille devant le verre posé devant lui, son sourire qui complète la scène alors qu’il réalise que j’ai déjà entamé le mien, que je ne suis pas une cause si perdue que cela peut-être, qu’au final, ce n’était pas qu’un échec mais qu’un autre chapitre, tout simplement. Et je m’avance. « Tu sembles aller beaucoup mieux. Ça me rassure. » sa convalescence venait tout juste de prendre fin et si son passage à l’hôpital m’avait retournée beaucoup plus que je ne l’avais montré, je me garde tout de même de mentionner la scène à laquelle nous avions eu droit après son opération. Ce sera pour une autre fois, pour un autre combat. « Tu as repris le boulot déjà ou on t’a forcé à rester au calme encore un peu ? » le connaissant perfectionniste et borné, je me doutais bien qu’il avait repris le rythme au bureau à la seconde où on lui avait donné son congé, mais j’espérais tout de même qu’il n’avait pas fait trop de folies et qu’heureusement, il avait bénéficié de quelques jours de sursis supplémentaires. Me doutant bien qu’il se fiche amplement de parler boulot avec moi alors qu’il sait que je n’ai jamais été des plus apte à suivre ce que la finance avait de bon à lui offrir, je décide donc le plus humblement du monde de mettre cartes sur table. S’il y avait bien quelque chose auquel je tenais avec Edward, c’était le respect. Et voilà que je m’y tenais, en lui évitant de constantes prises de nouvelles sans intérêt alors qu’on se doute tous les deux de ce qui suivra. « Edward, je… » je laisse un rire glisser, attrapant son regard amusé. « Je te promets qu’un jour, je finirai toutes mes phrases. Pas aujourd’hui, mais un jour, déjà. » je l’entends encore se moquer de toutes ces fois où je laissais mes mots en suspens, entre le stress et le doute et le malaise. Bienveillant, il n’avait jamais vraiment voulu me le reprocher, mais j’étais bien consciente que ce tic avait son lot d’agacement. « J’imagine que tu te doutes que si j’ai sorti la robe, le bourbon et le restaurant, c’est qu’il y a un truc dont je veux te parler. » Il me connaissait assez bien pour savoir que le moindre effort vestimentaire, la moindre tentative de sortir des environnements que je connaissais et qu’un verre de bourbon, tout ça et plus encore, ça signifiait gros entre les lignes. Inspirant doucement, accrochant mes iris aux siens, j’essaie d’articuler le plus doucement possible, bien loin de l’agression. « Edward, je pense qu’il serait temps qu’on réfléchisse à un divorce. » voilà. Petite phrase, immense bombe, je ressers mes mains sur elles-mêmes et je sens une vague de remords et de fierté et de douleur et de libération me submerger. Je n’en pouvais plus de lui cacher mes démarches, je n’arrivais pas à me contenter de lui faire passer les papiers sans plus explications, et jamais je ne me serais vu le lui imposer sans avoir son aval, son avis, ses impressions, ses interrogations d’abord. Poursuivant donc, je me risque à détacher mes doigts les uns des autres pour doucement les approcher des siens, me voulant rassurante, voyant ce geste comme un premier contact, une douceur, un soutien. « Tu le sais aussi bien que moi, nous ne sommes pas heureux dans toute cette histoire. » je n’ai pas lâché son regard une seule seconde, je le soutiens de toutes mes forces. Je lui dois au moins ça. « Il y a ça, et il y a surtout le fait que je crois avoir trouvé comment démanteler tous ce que nos parents ont pu faire contre nous pour nous bloquer à travers. Je crois qu’on pourra se sortir du contrat de mariage sans trop perdre, et en gardant notre dignité et nos droits sur Noah. » la mention du gamin vient toute seule, simple évidence. Qui dit divorce, dit séparation pour nous deux, mais pas pour Edward et Noah. Il l’avait élevé durant les dernières années avec moi et avait fait un travail de père incroyable sans qui je n’aurais clairement pas réussi à faire aussi bien. Voilà qui me semblait plus que juste. « J’aimerais qu’on en discute. » que j’avance finalement, le laissant se remettre de mon annonce probablement prévue, mais tout sauf attendue. « Nous sommes deux à être impliqués, nous prendrons donc la décision ensemble. »    

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Message(#)EDWINNY ▲ what comes around goes around EmptyJeu 6 Juil 2017 - 12:31

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It was great at the very start. Eyes on each other, hopes that the best would come. Closer the better, too much time, losing track of us. Where was the real? Undefined, spiraling out of touch, forgot how it feels.

Ça  pourrait être une journée comme les autres, fade, morose, sans importance, mais un message, un seul message me donne envie de croire que ça risque d’être pire. C’est au petit matin que je reçois un sms, d’une personne qui n’en a pas l’habitude, une personne que je ne vois quasiment plus malgré nos dernières rencontres qui ont pu être plus que déstabilisantes. Oui, ce matin je reçois un message de Ginny, me donnant rendez-vous dans un restaurant de Fortitude Valley, le The Burrow. Il ne m’en faut pas plus pour avoir des gros doutes sur la nature de cette soudaine invitation, tout simplement parce que ça ne lui ressemble pas, en cinq ans elle ne m’a jamais invité une seule fois dans un bar ou restaurant, ça a toujours été moi qui l’ai traîné pour y aller. Autant vous dire que je ne suis pas spécialement excité d’y aller, j’ai déjà une petite idée sur ce qu’elle veut me dire, mais je m’y refuse, je refuse de croire que ça arrivera un jour et pourtant une autre partie de moi sait qu’on y court à grande vitesse et que qu’on ne pourra pas esquiver indéfiniment le sujet. Il faut bien savoir une chose sur mon cas, j’ai la réputation d’être le connard de service, le mec qui ne se gêne pas pour faire des blagues misogynes tout en pensant ce qu’il dit et je l’assume, je suis comme je suis et j’emmerde ceux à qui ça ne plaît pas, mes parents en premier lieu. Mais je ne suis pas que ça, c’est seulement compliqué pour moi de l’admettre, me faire détester est tellement plus facile à vivre, je n’ai pas besoin de faire semblant d’être cet autre moi qui essaie continuellement de sortir, cette personne faible, trop émotionnelle, je ne pourrais pas supporter le poids de la vie. La sujet de la famille est tout aussi compliqué et sensible, mais j’aurais largement le temps d’y revenir dessus, car maintenant, me voilà devant ce fameux restaurant.

Observant par la baie vitrée du restaurant, je peux apercevoir Ginny, assise avec un verre déjà entamé. Je me dirige alors vers la porte, prenant une grande inspiration. Un serveur s’approche alors de moi, mais à peine eu-t-il le temps de s’approcher de moi que je lui fais signe de s’éloigner d’un revers de la main. Reboutonnant ma veste pour paraître plus présentable, je m’approche alors cette table, cette table où est assise une femme que j’ai rarement vu vêtue de cette manière, ce n’est pas pour me déplaire, mais ça ne fait que me conforter dans l’idée qu’une mauvaise nouvelle va arriver à mes oreilles. Une fois à ses côtés, je décide de prendre sa main tout en faisant cette révérence, celle que j’ai réalisée à notre première rencontre, un signe de nostalgie quand je repense au passé qui me paraît beaucoup trop éloigné. Je prends maintenant place sur ma chaise, attendant qu’elle parle la première. Regardant mon bourbon, je reste déstabilisé par ce rendez-vous organisé par Ginny. « C’est un 1983, baril chêne, de la Nouvelle-Orléans. J’ai voulu faire les choses bien. » Un sourire accompagne ses propos, m’en arrachant un par la même occasion. J’ai bien l’impression que je vais avoir besoin de plus d’un verre pour me faire passer ce qu’elle a à me dire. Le ton de sa voix et ce don qu’elle a de contourner le sujet, enfin de l’amener de manière délicate, sans me brusquer ne font que me conforter dans mon idée de base, je vais sûrement ressortir d’ici bouleversé plus que jamais, mais jamais je ne pourrai l’avouer. « Tu sais très bien que pour moi il n’y a que le bourbon du Kentucky qui vaut la peine d’être bu. » Un sourire un peu plus affirmé, je n’ai jamais perdu cette habitude de la taquiner, de la mettre mal à l’aise, c’est mon petit plaisir personnel, un moment de satisfaction. Bien évidemment je n’en pense pas un mot, prenant mon verre pour le boire d’une traite tout en faisant signe au serveur de venir m’en resservir un. Plongeant maintenant mon regard dans le sien, je suis dans l’attente, l’attente de savoir ce qu’elle veut vraiment me dire, d’enfin entendre ce qu’elle a à me dire depuis un moment. « Tu sembles aller beaucoup mieux. Ça me rassure. » Rebaissant les yeux sur mon verre qui vient tout juste de m’être resservi, je ne sais quoi lui dire, j’ai cette peur de dire une connerie que me hante chaque seconde, s’il y a bien un domaine dans lequel je suis doué, c’est bien celui de rendre les situations difficiles encore plus insupportables. « Tu as repris le boulot déjà ou on t’a forcé à rester au calme encore un peu ? » Un sourire forcé et je redresse mon regard, je ne sais pas si aller bien est bien approprié dans mon cas, pour vous dire je devrais normalement marcher avec une canne, mais je me refuse à m’abaisser à ce genre d’initiative et de paraître handicapé. Visiblement cette blessure m’a laissé des séquelles dont je vais avoir du mal à me débarrasser. « Je n’aime pas vraiment m’attirer la pitié des autres et paraître faible par la même occasion. Ce sont des incapables dans cette entreprise, à part moi je ne compte qu’une poignée de personne capable de tenir tête aux actionnaires, alors oui je suis obligé de reprendre mon poste maintenant. »

Buvant une simple gorgée du bourbon dont j’apprécie fortement le goût, j’ai bien conscience de paraître froid, désabusé, mais ce n’est qu’une carapace de défense de plus que j’ai mis en place depuis un moment. Un léger blanc dans notre conversation prend place après mon manque total de tact, mais une fois de plus c’est elle qui fait le premier pas, comme si elle voulait se débarrasser d’un poids trop longtemps porté à elle seule. « Edward, je… » Marquant une nouvelle pause, je ne peux pas dire que je suis étonné, elle a toujours eu ce problème de finir ses phrases. Je me demande même si ce n’est pas qu’avec moi que ça lui arrive. « Je te promets qu’un jour, je finirai toutes mes phrases. Pas aujourd’hui, mais un jour, déjà. » M’arrachant sûrement ce qui sera le dernier sourire de cette soirée, j’attends toujours qu’elle en vienne aux faits, ne voulant pas la perturber plus que ça, je la laisse essayer de trouver ses mots, de trouver la force de me dire ce qu’elle a en tête depuis un long moment. « J’imagine que tu te doutes que si j’ai sorti la robe, le bourbon et le restaurant, c’est qu’il y a un truc dont je veux te parler. » Je ne sais pas pourquoi, mais plus on avance dans la discussion et plus l’envie d’entendre ce qu’elle a à me dire disparaît. Pourquoi a-t-on toujours fait dans le compliqué ? le mot simple n’existe-t-il pas dans notre vocabulaire ? Une profonde inspiration, un regard qui change du tout au tout et j’entends déjà ses mots me parvenir à mes oreilles. « Edward, je pense qu’il serait temps qu’on réfléchisse à un divorce. » Je… Je ne sais pas quoi lui dire, je ne trouve aucun mot pour décrire ce que je ressens actuellement, comme je l’ai toujours fait je garde la douleur de cette nouvelle pour moi. C’est peut-être difficile à comprendre et je le sais, mais j’ai mes propres raisons pour ne pas vouloir du divorce, même si c’est ce qu’il y a de mieux pour nous deux. Je ne sais pas si elle pourra le comprendre un jour, j’ai déjà essayé de la raisonner, en vain. Je ne sens même pas ses mains se rapprocher des miennes afin de les enlacer. « Tu le sais aussi bien que moi, nous ne sommes pas heureux dans toute cette histoire. » Oui je le sais, enfin en parti, mais je ne peux me résigner, je ne peux l’accepter tout simplement. J’aimerais la convaincre une nouvelle fois, essayer de lui faire comprendre mon ressenti, mais ça m’est impossible. « Pas heureux... » Le regard livide, je ne sais même pas quelle expression je devrais afficher. « Il y a ça, et il y a surtout le fait que je crois avoir trouvé comment démanteler tous ce que nos parents ont pu faire contre nous pour nous bloquer à travers. Je crois qu’on pourra se sortir du contrat de mariage sans trop perdre, et en gardant notre dignité et nos droits sur Noah. » Si je n’ai pas été étonné par son désir de divorce, là c’est tout autre chose. Je sens comme de la colère monter en moi, pas de violence, simplement de la colère. « Attends, deux petites secondes. Tu veux dire que tu as envisagé le divorce depuis un moment, que tu as déjà commencé à faire les papiers, à essayer de régler tout ce problème qu’est notre " mariage " sans m’en avoir parlé une seule fois ? » Je ne sais pas comment le prendre, je ne sais pas comment réagir. Je suis tout simplement encore plus perdu. « Depuis quand ? Ça veut dire que l’autre jour au loft c’était déjà d’actualité ? Pareil pour l’hôpital ? Et tu... tu ne m’as rien dit… Tu as fait semblant tout le long ? Je… » Ce n’est pas tellement le désir de divorcer qui me fait le plus mal, plus maintenant, c’est surtout le fait qu’elle m’a tout caché depuis le début. « Tu avais déjà tout organisé avant ton petit voyage à Disney ? Avant même notre arrivée à Brisbane ? » Je ne sais plus quoi penser, je ne… Me frottant le front avec la main, je suis comme perdu. « J’aimerais qu’on en discute. Nous sommes deux à être impliqués, nous prendrons donc la décision ensemble. » Ironie de la situation, nous n’avons jamais vraiment eu de dispute, c’est quelque chose pour les autres non ? Nous n’avons jamais rien fait comme les autres couples, aucun voyage, aucune dispute, aucune nuit à passer sans réfléchir. « Non, nous ne sommes pas deux, tu as fait ça toute seule, alors discuter de quoi ? Tout semble déjà prêt non ? Alors pourquoi… Pourquoi continuer à faire comme si j’avais mon mot à dire ? Tu n’as même pas jugé bon de me prévenir. » Je ne vous ai pas dit qu’en plus d’être un connard j’étais aussi quelqu’un d’égoïste et d’impulsif ? Maintenant vous le savez. Je vais probablement regretter de lui avoir parlé de cette façon, mais pour le moment je n’arrive pas à m’enlever cette idée de ma tête. « Je pense qu’il n’y a plus rien à se dire sur le sujet. » Me relevant de ma chaise, je n’arrive plus à rester assis, j’ai cette impression que je vais exploser, je dois prendre l’air, je ne peux plus rester ici à faire semblant. « Dé… Désolé je dois sortir. »

Laissant un billet en guise de pourboire et me dirigeant vers la sortie, je peux déjà entendre le bruit des talons de Ginny m’emboîter le pas. « S’il te plaît, j’ai besoin de rester seul… comme à mon habitude. » Visiblement pas décidée à m’écouter une fois de plus, elle est toujours là, me suivant toujours un peu plus loin du restaurant. Ce qui ne m’arrange pas du tout, outre le fait que la colère se fait de plus en plus intense, c’est aussi ce sentiment d’abandon qui arrive, un sentiment d’abandon couplé à celui de la trahison, comme ce jour où ma mère m’a piégé. Encore une fois, j’ai l’impression que ma vie n’est faite que d’ironie, je ne veux plus voir ma mère à cause du mariage et c’est ce même mariage qui m’a finalement apporté ce que je recherchais depuis que je suis né, une famille.

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Dernière édition par Edward Fitzgerald le Jeu 4 Jan 2018 - 11:05, édité 2 fois
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Message(#)EDWINNY ▲ what comes around goes around EmptyJeu 6 Juil 2017 - 18:31

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J’aurais pu parier. Il n’avait assurément pas attendu le temps nécessaire avant de repasser costume et cravate, il répugnait la mise en garde, il avait repris les rennes sans même se poser la moindre question. Le rictus qui étrenne son visage me confirme qu’il n’a probablement pas retrouvé l’entièreté de sa forme physique, et je me doute bien qu’aux vues de la blessure qu’il a eue, Edward resterait marqué pour encore un bon moment. Évidemment, je ne m’attarde pas, hochant distraitement la tête, faisant fi de ce climat qui doit être des plus tendus au travail s’il voit ses collègues de la sorte. Aucune mention de Saul et c’est pour le mieux, entre lui et mon mari, je ne voyais pas du tout comment je pouvais m’en sortir indemne de toute façon. Nous ferons donc ainsi, avec un Edward tendu et mes confessions qui prennent encore trop de temps à mon goût avant de se verbaliser. Secondes qui deviennent minutes, je n’ai qu’à demi conscience des tables qui se remplissent puis se vident, des allers et des retours du serveur qui gravite autour de nous alors que nous n’avons même pas daigné regarder la carte. J’ai l’appétit qui se fait rare ces jours-ci, et je me doute qu’Edward n’a pas vraiment envie de se mettre quelque chose sous la dent, ni de laisser traîner le bourbon dans son verre trop longtemps. D’une lampée, il descend l’alcool avant d’en commander une deuxième ration, et je me retiens de lui dire d’y aller doucement, avec les médicaments et avec ses impulsions, mais ce serait peine perdue. Il n’a jamais apprécié que je joue à la maman avec lui et pour cause, je n’ai pas l’énergie ni l’envie de lui mettre un frein pour quoi que ce soit ce soir. Il sait, comme il sait, et comme je le vois froncer les sourcils et manquer de se mordre la lèvre au sang devant ce malaise qui s’effrite, ce silence qui s’égrène. Et je tente une première approche, puis une deuxième. Je pense y aller en douceur, je pèse mes mots et mes contacts, je suis fine puis posée, je suis réfléchie puis concrète. Et voilà que le mot, ce fameux mot, cette fin, cet arrêt franchit mes lèvres. Je marque une pause déjà, divorce ayant son effet en lui seul, mais il ne dit rien et je prends un peu trop de confiance. Il ne dit rien, il ne s’oppose pas, il prend le temps de réfléchir et je me dis qu’au final, ce n’est pas si pire que ça. Le plus gros a été dit, le morceau a été lâché, la bombe si c’en est bien une a été énoncée, et il ne reste plus qu’à lui donner le temps de digérer la nouvelle avant de poursuivre. Mais voilà, le temps, je ne le lui concède pas. Et dans toutes mes aises, dans ma bonne foi, dans mon envie de clarifier, de le respecter, de tout lui dire sans plus aucun secret, vérité pure et dure, je m’emporte. Et c’est une flammèche qui s’allume dans ses iris, une friction, une étincelle qui lance le brasier entier lorsque finalement, il retrouve la parole. Et il est incendiaire. J’ai l’instinct de recul, j’ai la pulsion d’aller vers l’arrière, me cambre sur ma chaise, retirer mes doigts des siens dans un mouvement de défense et voilà qu’il crache, amer, qu’il s’époumone. Je sens bien les regards qui fusent vers nous, le silence qui pèse maintenant plus que simplement de mon côté de la table, mais sur les banquettes avoisinantes. La musique d’ambiance me fait l’effet d’être une grosse blague, et je suis interdite, scotchée à ses lèvres qui deviennent assassines, à ses yeux qui sont submergés de dégoût, à ce qui me semble être un raz-de-marée dont personne ne me semble capable d’issue. « Edward, attends… » attends quoi, Ginny ? Que veux-tu qu’il attende ? Qu’il garde son venin pour plus tard ? Qu’il retienne sa vérité à lui, alors que tu lui imposes la tienne ? Je suis inconfortable le bois de ma chaise qui craque, et il pique, il tente de savoir depuis quand je lui cache le tout, depuis quand j’ai osé surtout, et même si j’insiste sur le duo que nous formons, sur nos deux noms et pas seulement le mien, je le sens plus blessé encore que je n’ai pu l’y pousser, jadis et aujourd’hui et toujours. S’il n’attend pas maintenant, il n’attend pas plus surtout, alors qu’il se lève d’un bond, quittant la table sous les coups d’œil à la dérobée de nos voisins. Et je reste là, pantoise, la tête basse, la mâchoire serrée. Pire encore que tout ce que j’avais pu imaginer, pire encore que ce à quoi je m’attendais, si cela peut encore avoir contexte ici. Puis, c’est à mon tour, de l’attendre. De l’espérer. De me dire qu’il reviendra, qu’il n’a besoin que de se poser un peu, que de penser, seul, que de prendre l’air, de faire le point, de… rien. Aucun signe, rien, et son dos qui passait la porte du restaurant il y a peu n’est plus du tout visible. Il est parti comme ils partent toujours, il s’est envolé et il ne me reste rien d'autre que ce verre de bourbon qu’il a commandé, à peine touché, faisant écho au mien qui semble ridicule, risée, atteinte à sa personne et à son intégrité. Je voulais faire les choses bien. À quoi bon, si je le déçois de toute façon ? Tout traîner pour le simple besoin de prendre la situation au sérieux, de jouer aux grandes personnes, de limiter les dégâts alors qu’il est déjà trop tard. Et où nous en étions, justement ? Je ne me reconnais pas lorsque mes doigts arrêtent de se triturer pour entourer le verre qui m’appartient et le monter à mes lèvres, buvant à mon tour sa totalité en tentant de garder le peu de contenance qui me reste. J’essuie mes lèvres humectées du revers de la main puis attrape mon sac et le reste du courage que j’ai, embrumée déjà par cette rasade d’alcool à laquelle je ne m’attendais pas moi-même. « Edward, arrête. » je suis plus directe, pas besoin d’attendre, plus envie, catégorique. Je veux qu’il arrête de crier, je veux qu’il arrête de tourner, je veux qu’il arrête de s’isoler, qu’on arrête surtout. Je veux y voir une fin, une conclusion, une résolution, que toute cette histoire qui goûte âcre, qui goûte faux, qui n’a jamais été autre chose que parure pour les uns, et blessures pour les autres, arrête elle aussi. Parce que je l’aime, et parce que je n’aime pas ce que nous sommes devenus. « Tu veux vraiment la jouer comme ça ? » il me laisse approcher sans le moindre regard, ignorant mes sourcils qui se froncent devant la constatation. « Tu veux vraiment laisser ton ego parler ? » voilà ce qui se trame, à mon sens. Je ne suis pas acide, je ne suis pas froide, pas autant que lui du moins. Je perçois, simplement. On ne s’emballe pas autant pour un mariage qui n’a fait qu’apporter son lot de déceptions. On ne s’enflamme pas de la sorte lorsqu’on n’y voit pas un échec, lorsqu’on n’a pas l’impression d’en sortir avec les honneurs. « Parce que même si c’est plus facile, je suis persuadée que ça n’aidera en rien à avancer. » voilà qu’il se pose un peu, voilà qu’il retrouve le silence à travers sa respiration saccadée. Et je profite de l’accalmie pour répondre à ses interrogations, pour ne pas lui faire l’affront de baser la conversation sur du vide, sur du beau, sur ce que ses oreilles ont besoin d’entendre, sur ce sur quoi son cœur a besoin de se fier.  « Depuis janvier. J’y pense depuis le Nouvel An. » je marque une pause, sachant que la rétroaction fera son effet et qu’il n’en sera que plus outré. S’il pense toutefois que j’ai préparé le tout avec l’envie machiavélique de me barrer sans rien lui expliquer, c’est qu’il me connait encore moins qu’il se targue. Et je ne mets pas longtemps avant de renchérir, incapable de le laisser en suspens de la sorte aussi longtemps. « Depuis que j’ai vu à quel point l’histoire avec Ezra t’avait détruit. Depuis que tu réduis tes visites à l’hôpital, depuis toutes les fois où lorsqu’on se voit, je dois marcher à tâtons parce que j’ignore où on se situe tous les deux, ce que tu attends vraiment de moi. » si chaque visite à l’appartement n’était pas des plus chaleureuses, c’était la dernière d’entre elle qui m’avait convaincue de mettre un terme à ce chaos, à ce vortex dans lequel nous nous tirions l’un l’autre sans y voir de potentielle sortie de secours. « Depuis que j'en ai assez de voir à quel point je t’ai déçu, laissé tomber. » il ne pouvait le nier, depuis notre arrivée en Australie ce n’était pas que ma vie à Londres que j’avais abandonnée, mais tout ce qu’on aurait dû, tout ce qu’on aurait pu construire tous les deux. « Depuis que j’ai honte que tu sois à mon bras, parce que je ne suis clairement pas celle qu’il te faut. » je retiens mon regard qui tangue vers le bas, soutenant toujours cette silhouette qui n’a pas daigné faire volte-face pour au moins acquiescer du regard à mes paroles, les comprendre, les voir. « Que je ne l’ai jamais été. » défaite en soi, mon propre échec à moi. Il ne m’aura pas fallu longtemps pour réaliser à quel point je n’étais qu’un boulet accroché à son pied, et le mettre en mots ne me fait que plus mal. Pour lui surtout. « Je suis désolée si tu y vois une trahison, si tu le sens ainsi. » et je le comprends, le voilà devant le fait accompli que je daigne lui partager que maintenant. Je n’aurais pourtant jamais cru qu’il aurait pu réagir de la sorte, le croyant plutôt blessé, mais libéré en somme. « C'est ironique, tu sais. Parce que je le voyais comme un moyen ultime de ne plus te jouer dans le dos justement, de te libérer, D’arrêter d’être un poids supplémentaire, de te rendre ta liberté. Je le voyais comme une seconde chance pour toi, d’avoir une vie, d’avoir plus, d'être véritablement heureux. » mes propres explications me nouent l’estomac, et je sais bien qu’il n’y verra pas assez, pas suffisamment pour taire cette impression de trahison qui doit le terrasser au moment où je n’arrête plus de parler, mais voilà. « Et ce n’est pas un adieu, Edward… tout ce que j’ai pu te dire avant, à l’appartement, à l’hôpital, à Londres… tout ce qu’on a vécu, tout ce qu’on a à vivre. » j’inspire, douloureusement, une brise fraîche m’arrachant un énième frisson. « C’est pas un adieu. C’est un merci. Un merci d’avoir été dans nos vies, d’avoir tout donné pour nous, d’avoir sacrifié 5 années de ton existence pour sauver les arrières de mes parents oui, mais pour construire une famille avec moi, pour Noah. » le passé qui se mélange au présent, et la nécessité de lui préciser un futur surtout. « Je ne veux pas que tu quittes nos vies, je ne veux pas que tu vois ce divorce comme une fin en soi. Je sais que tu t’en fiches, de ce que je veux, mais… » longue inspiration, dernier espoir de le voir se tourner peut-être. « C’est la fin du piège dans lequel nos parents nous ont foutu, oui. » allez Edward, retourne-toi s’il-te-plaît. « Mais c’est une tentative de recommencer, mieux. D’arrêter de mentir à Noah. D’arrêter de nous mentir à nous aussi. »  

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Message(#)EDWINNY ▲ what comes around goes around EmptyVen 14 Juil 2017 - 15:23

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It was great at the very start. Eyes on each other, hopes that the best would come. Closer the better, too much time, losing track of us. Where was the real? Undefined, spiraling out of touch, forgot how it feels.

Je ne peux pas dire que je suis surpris par cette annonce, je serais même le dernier des crétins pour ne pas savoir que ce mariage ne pouvait pas durer comme ça. Basé sur un tissu de mensonges, de manipulation, il n’y a vraiment rien de bon à y tirer, c’est exactement ce que je me suis dit à ce moment-là. Même si Ginny m’avait tapé dans l’œil la première fois que nous nous sommes rencontrés, je n’aurais jamais parié sur le fait de devoir me marier de manière forcée avec elle et pourtant nos parents n’ont pas perdu de temps, un an après, nous voilà déjà obligé à échanger nos vœux devant les amis, la famille, les projecteurs. J’ai fait couler beaucoup d’encre pour les journalistes, quand on fait partie d’une famille comme la mienne nous n’avons pas le droit à l’erreur et je les ai enchaînés, une à une, sans m’en soucier ce qui m’a valu cette punition, à ce moment j’avais trop à perdre pour pouvoir refuser, même si je déteste la grande majorité de ma famille, ce n’est pas pour autant que je déteste la vie que je peux mener grâce à elle. Je n’ai toujours pensé qu’à moi-même, de ce que je voulais, de ce que j’attendais des autres et je me contrefichais royalement de ce qu’ils pouvaient attendre de moi en retour, ça me paraissait si futile à l’époque. Si je précise bien, à l’époque, c’est qu’après ce mariage tout a changé, j’ai changé. J’ai été prévenu au dernier moment de ce petit détail inclus dans le mariage, une chose que Ginny et mes parents m’avaient bien caché, Noah. Il n’avait qu’un an, ce n’était qu’un ver de terre, une petite chose qui m’effrayait plus qu’autre chose. J’aurais pu ne pas assumer ce rôle de mari et de père qu’on m’a forcé à avoir, j’aurais pu simplement faire ma vie de mon côté, laissant tomber Ginny et Noah se débrouiller, mais j’ai vécu avec eux la première perte de connaissance de Noah, c’est à partir de ce moment-là que nous nous sommes rapprochés. Malgré ce rapprochement nous formons toujours un couple plus que dysfonctionnel, alors pourquoi je tiens tant à ce mariage ? C’est tout simplement pour ce qu’il représente pour moi. Je n’en ai jamais parlé à qui que ce soit, mais j’ai toujours eu ce complexe de ne m’identifier à aucune famille, de me sentir seul, abandonné, ça en est devenu une phobie. Alors, même si ça a mis du temps, même si ce mariage n’était pas désiré, de jour en jour, de semaine en semaine, d’année en année, j’ai commencé à m’intégrer et nous avons commencé à former cette nouvelle famille, aussi bizarre puisse-t-elle paraître. J’ai donc finalement réussi à trouver ce que je cherchais le plus au monde, car nous avons vécu des moments inoubliables et ce malgré la maladie de Noah. C’est pour ça qu’aujourd’hui il m’est tout simplement impossible de penser me séparer pour la deuxième fois d’une famille que j’ai tant aimée et le pire dans tout ça, c’est que je n’aurais jamais pensé que Ginny me ferait un coup comme ça dans le dos. Je ne l’aurais peut-être pas bien pris si elle m’en avait parlé dès le début, mais je n’aurais pas ressenti cette douleur à la poitrine, la même que je peux facilement identifier à ce que m’a fait ma mère quelques années plus tôt. C’est tellement dur de se retenir de ne pas exploser à ce moment précis, de ne pas partir en vrille, je n’ai jamais fait part de ce que je pouvais bien ressentir à qui que ce soit, Ginny aura été la première et elle sera sûrement la dernière, je ne veux plus ressentir cette douleur.

« Edward, attends… » La voix de Ginny continue de résonner dans mes oreilles. Je suis tiraillé entre le fait d’écouter ce qu’elle a à me dire et la colère qui ne fait que grimper, mais je pense que nos voisins de table ont suffisamment participé à ce qu’on leur a servi quand cette nouvelle m’a explosé à la tête. J’ai tellement de mal à garder mon calme, à respirer, il me faut définitivement de l’air, j’ai l’impression d’étouffer dans cette pièce. Une fois dehors, je prends une grande inspiration tout en expirant délicatement l’air que je viens tout juste de respirer. Titubant, je n’arrête pas de me remémorer les derniers mots de ce qui va sûrement être mon ex-femme. Sa voix me martèle la tête sans s’arrêter, son annonce continue de me briser le cœur à petit feu, ou tout du moins ce qu’il en reste avec les années passées. Après quelques mètres, je décide de m’appuyer contre un mur, n’ayant plus la force de faire un pas de plus. Je ne pensais vraiment pas revivre ce même déferlement de sentiments en moi et pourtant j’aurais dû m’y préparer, j’aurais dû voir venir cet instant présent. Je sens que mes crises d’angoisse reprennent, tout commence à tourner autour de moi, je n’arrive plus à réfléchir distinctement, ma respiration devient de plus en plus rapide. Comme dans un ultime geste pour retrouver une respiration normale, je déboutonne violemment mon costard avant d’arracher ma cravate d'un coup sec, comme je le savais déjà, ça ne sert à rien, ma crise a déjà commencé. Je renvois toutes personnes essayant de m’aider, c’est alors qui je vois Ginny arriver vers moi, visiblement elle n’a pas l’air d’avoir apprécié ma façon de lui parler, ce que je lui concède. Toujours à essayer de ralentir ma respiration pour stopper la crise, ma seule issue pour éviter qu’elle ne le remarque est de lui tourner le dos et d’essayer de continuer à avancer, je ne veux plus être pris en pitié.

« Edward, arrête. » Dans un mouvement brusque, je décide finalement de m’arrêter, de l’écouter même si ça risque de faire toujours plus mal. Qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi est-ce toujours aussi compliqué ? Pourquoi nous retrouvons nous toujours dans des situations extrêmes ? Je ne maîtrise plus rien et certainement pas ce que j’ai toujours refoulé, mes sentiments. J’aimerais bien faire comme dans cette série pour ado sur les vampires, appuyer sur un bouton et tout est fini, ne plus avoir à se sentir mal, ne plus avoir à souffrir. « Tu veux vraiment la jouer comme ça ? » Sa voix me semble différente, elle n’a jamais eu cette intonation avec moi, elle n’a jamais été aussi sûre d’elle qu’aujourd’hui. « Tu veux vraiment laisser ton ego parler ? » Est-ce donc pour ça qu’elle me paraît si remonté contre ma réaction ? N’a-t-elle donc jamais rien remarqué, jamais rien compris à ce que je pouvais bien ressentir ? Oui j’ai une façon plus que discutable de le montrer, je suis le premier à l’avouer, mais je pensais qu’elle l’aurait au moins compris, qu’elle l’aurait remarqué… dans cette histoire je n’ai jamais fait semblant. « Parce que même si c’est plus facile, je suis persuadée que ça n’aidera en rien à avancer. » Toujours incapable de sortir la moindre phrase pour lui répondre, je ne peux que constater qu’il n’y a toujours eu qu’un je et jamais de nous, je ne sais définitivement plus quoi lui dire si elle pense réellement que c’est par facilité que je préfère fuir l’inévitable. « Depuis janvier. J’y pense depuis le Nouvel An. » Fermant les yeux, je n’arrive toujours pas à croire qu’elle m’ait caché ça depuis plus de six mois, pourtant on en a eu des occasions où elle aurait pu m’en parler, des occasions où j’ai mis des mots sur ce que je ressentais, alors qu’elle n’a joué que de façade. Le seul moyen pour moi de ressentir une douleur différente et de frapper du poing ce mur contre lequel ma main avait pris appui quelques minutes avant. Pour le coup ça fait en partie son effet, mais maintenant je ressens deux douleurs bien distinctes, le sang coulant peu à peu de cette main qui perd de plus en plus de force à chaque mot prononcé par la jeune femme. « Depuis que j’ai vu à quel point l’histoire avec Ezra t’avait détruit. Depuis que tu réduis tes visites à l’hôpital, depuis toutes les fois où lorsqu’on se voit, je dois marcher à tâtons parce que j’ignore où on se situe tous les deux, ce que tu attends vraiment de moi. » Toujours lui, encore est toujours ce même prénom qui revient constamment dans nos conversations, je n’arrive toujours pas à la comprendre. Je me serais retrouvé à sa place, je n’aurais eu que faire des avertissements de la famille McGrath et j’aurais tout fait pour pouvoir la retrouver et voir mon fils, je n’arrive pas à comprendre ce qu’elle peut bien vouloir d’un homme aussi lâche et entendre son prénom ne fait qu'amplifier cette flamme qui me consume de l’intérieur. « Depuis que j'en ai assez de voir à quel point je t’ai déçu, laissé tomber. Depuis que j’ai honte que tu sois à mon bras, parce que je ne suis clairement pas celle qu’il te faut. Que je ne l’ai jamais été. » Je ne suis même plus vraiment déçu, ça ne serait pas suffisant pour définir ce que je ressens actuellement, je n’en suis plus à ce stade, mais ce n’est pas uniquement contre elle, je m’en veux terriblement de ne pas avoir fait ce qu’il faut par qu’elle comprenne réellement la réalité de ce que je peux bien éprouver. « C'est ironique, tu sais. Parce que je le voyais comme un moyen ultime de ne plus te jouer dans le dos justement, de te libérer, D’arrêter d’être un poids supplémentaire, de te rendre ta liberté. Je le voyais comme une seconde chance pour toi, d’avoir une vie, d’avoir plus, d'être véritablement heureux. » L’ironie, un merveilleux mot qui définit très bien la situation, pour la première fois de la soirée je suis d’accord avec elle, mais je n’arrive toujours pas à comprendre comment elle a pu penser que ma réaction irait dans son sens après m’avoir caché une telle chose ? « Et ce n’est pas un adieu, Edward… tout ce que j’ai pu te dire avant, à l’appartement, à l’hôpital, à Londres… tout ce qu’on a vécu, tout ce qu’on a à vivre. C’est pas un adieu. C’est un merci. Un merci d’avoir été dans nos vies, d’avoir tout donné pour nous, d’avoir sacrifié 5 années de ton existence pour sauver les arrières de mes parents oui, mais pour construire une famille avec moi, pour Noah. » Douce ironie effectivement, comment peut-elle penser ça ? Si je représentais vraiment quelque chose pour elle, pour Noah, elle n’aurait sûrement pas attendu si longtemps pour m’annoncer son envie de divorce. Est-ce moi qui ne tourne pas rond ? Comment ai-je pu en arriver là ? « Je ne veux pas que tu quittes nos vies, je ne veux pas que tu vois ce divorce comme une fin en soi. Je sais que tu t’en fiches, de ce que je veux, mais… C’est la fin du piège dans lequel nos parents nous ont foutu, oui. Mais c’est une tentative de recommencer, mieux. D’arrêter de mentir à Noah. D’arrêter de nous mentir à nous aussi. »

Je commence à rouvrir les yeux pour la première fois depuis plusieurs minutes maintenant. J’ai l’impression de redécouvrir le monde et la première chose sur laquelle se pose mon regard n’est pas Ginny, mais le ciel, ce noir, cette absence d’étoiles, ça résume tellement bien ce que je peux actuellement ressentir, ce vide, ces profondes ténèbres dans lesquelles je tombe sans ne jamais en voir la fin. Je trouve finalement la force de me retourner, de faire face à une Ginny que je n’arrive pas à reconnaître. « C’est donc tout ce que tu penses de moi ? Pour toi tout ceci n’est qu’une affaire d’ego ? Tu n’as donc jamais eu ce même revirement de situation que j’ai vécu après notre mariage ? » Je n’arrive toujours pas à penser et je laisse une fois de plus mon instinct dicter ce que j’ai à lui dire même si pour ça je vais devoir mettre des mots où ça fait mal, pour elle comme pour moi. « Ginny, écoute, je… » Ce vide que je ressens, a finalement étouffé cette rage en moi, j’arrive alors à lui parler plus calmement. « Je pensais que ce mariage signifiait plus pour toi qu’un vulgaire mensonge. Je pensais qu’on était passé outre cet événement qui nous a valu de nous lier jusqu’à la mort. » La déception doit clairement se lire sur mon visage, mes yeux commencent également à devenir humides. C’est tellement frustrant de ne plus rien contrôler, de s’abandonner à son seul instinct sans rien pouvoir y faire. « Je sais très bien qu’avec Noah ça a tout compliqué et je ne lui en ai jamais voulu, il n’a jamais mérité ce qui lui arrive actuellement et de voir qu’on ne peut toujours rien faire pour lui me fait toujours plus de mal. » Malgré le fait que je ne cherche plus mes mots, je continue de contourner le sujet, je continue d’éviter d’en parler, de lui dire, de lui avouer ce que j’aurais dû faire depuis bien longtemps, avant Brisbane. Je décide alors de refermer les yeux avant de les rouvrir une nouvelle fois et de prendre une grosse inspiration. « Ce qui me fait le plus mal, c’est que tu m’aies tout caché, que tu n’aies pas jugé bon de m’en parler avant. Tu ne peux pas savoir à quel point ça fait mal, surtout que ça me donne l’impression d’avoir été le seul à croire en nous. » Je ne sais pas la réaction qu’elle pourra bien avoir, mais j’en ai assez de tout garder pour moi, d’être le seul à savoir ce que je peux bien ressentir, ça serait la première et peut-être la dernière fois, mais je me dois d’être franc avec elle. « Ginny, je… j’ai…. tu sais jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, année après année, je n’aurais jamais parié à faire ça, à t’avouer ça, je n’aurais même jamais pensé pouvoir ressentir ça après le coup foireux de nos parents, mais… non, ce n’est pas une affaire d’ego. Je me suis tout simplement pris à mon propre piège, je me suis tout simplement mis à avoir des sentiments pour une femme brisée, une femme qui ne s’en est jamais rendu compte. Ça fait depuis plus de quatre ans que je ne joue plus de jeu, ça fait plus de quatre ans que tout ce que j’ai pu te dire, faire, penser est réel. Je suis tout simplement tombé sous le charme de cette femme, alors que mon but était l’inverse. Ça peut paraître insensé, impossible, surtout de par mes agissements récents, mais je t’ai aimé Ginny, sincèrement et profondément. » Je lui ai finalement avoué, je lui ai tout dit, ce poids qui pesait sur mes épaules disparaît enfin. Je ne sais pas ce qu’il va se passer par la suite, mais maintenant elle sait enfin ce qu’il y a au profond de ce cœur qui pouvait paraître fait de glace. « Je… Vous avez toujours tout représenté pour moi, toi, Noah. Vous m’avez changé et en bien. Je n’étais qu’un simple petit con qui courait après toutes les filles qui lui passaient sous la main. C’est avec vous que j’ai su devenir un homme, un père. » Maintenant que je suis dans les confidences autant y aller jusqu’au bout parce qu’il y a autre chose que je dois lui dire, je voulais simplement attendre pour ne pas que ce soit une énième déception à devoir supporter. « Je ne voulais pas te le dire maintenant, mais au point où nous en sommes, je ne vois pas pourquoi je devrais te le cacher. Il y a quelques jours, alors que j’étais à l’hôpital, j’en ai profité pour demander à faire un test de compatibilité de donneur d’organe. Je ne veux pas que ce soit un prétexte pour quoi que ce soit, car je tiens vraiment à sauver Noah si j’en ai la possibilité, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour l’aider et ça j’espère que tu le sais. Malheureusement, je n’ai toujours pas le résultat des analyses et je ne sais pas pourquoi ça prend autant de temps. » Ils sont ma famille, ceux pour qui j’ai tout quitté, moi, l’un des hommes les plus égoïstes au monde. « Et tu sais également que ce divorce va tout changer, ça ne va pas être simplement un retour à la normale. C’est être totalement dans le déni que de nier l’évidence. » Mon regard, qui était jusqu’alors profondément perdu dans le sien, est attiré par le ciel une nouvelle fois où une goutte d’eau est tombée et perle maintenant sur ma joue. J’aurais dû m’en douter, l’absence d’étoiles n’est jamais un bon signe, la pluie va donc bien se mettre à tomber et elle s’annonce plutôt intense. Mes yeux de nouveau captivés par les siens, je reprends là où j’en étais. « Mentir à Noah ? Je ne lui ai jamais menti, oui je ne suis peut-être pas son père biologique et pour ça je ne peux rien y faire, mais j’ai toujours fait tout ce que je pouvais pour lui, je me suis identifié à ce père qui n’était pas là pour lui. Ça va peut-être te déplaire et il a peut-être ses raisons, mais je n’aurais jamais laissé la personne que j’aime et enceinte qui plus est, partir à l’autre bout du monde sans ne rien faire. Ce n’est pas pour rien que nous avons pris la décision de partir pour Brisbane, je ne voulais pas te laisser partir seule. Maintenant j’aimerais qu’on arrête de parler de lui, ça ne nous concerne que nous deux même si ça a toujours été un trio depuis Brisbane, voir même un quatuor si tu vois ce que je veux dire. »


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Dernière édition par Edward Fitzgerald le Jeu 4 Jan 2018 - 12:00, édité 3 fois
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Message(#)EDWINNY ▲ what comes around goes around EmptySam 15 Juil 2017 - 5:35

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It was great at the very start. Eyes on each other, hopes that the best would come. Closer the better, too much time, losing track of us. Where was the real? Undefined, spiraling out of touch, forgot how it feels.

Il ne se retourne pas. Et je n’en peux plus, je veux le voir, je veux comprendre, je veux qu’il parle, qu’il dise n’importe quoi, mais qu’il parle. J’en reviens à ces appréhensions d’avant, à ce que j’avais imaginé, à la scène que j’avais jouée en boucle dans ma tête. Entrée en scène, restaurant tamisé, bourbon servi. Il s’installe, il banalise, il rigole un brin. On nous laisse seuls, j’apporte la nouvelle, il reste silencieux. Il analyse, il critique, il grogne, mais il concède. Parce que c’est un soulagement. Parce que c’est un boulet en moins. Parce que je ne suis rien de mieux que sa femme forcée, arrangée. Parce que ces montagnes russes d’émotions et de drame qu’il peut vivre depuis les dernières années, depuis notre arrivée à Brisbane, ça pèse. Parce qu’il n’en veut plus, de ce statut qui sonne faux jusqu’au plus profond de ses convictions. Parce que cette alliance à son doigt le serre, autant qu’au mien. Parce que je n’ai même jamais su lui apporter qu’une seule, qu’une unique minute de bonheur, du vrai, pas juste du passif, pas juste de l’instantané non, du profond, de l’inné. Il se retourne enfin, Edward bouge, Edward fait volte-face et je plante mon regard dans le sien sans plus demander mon reste. Sa voix est enrouée, dure, fuyante, et je dénote ses gestes qui sont secs, sans le moindre synchronisme. Je reconnais, ces mimiques, ces rictus, ses lèvres qui se serrent, sa mâchoire qui se ferme. Je ne dis rien par contre, sachant à quel point il est horripilé par le moindre signe de faiblesse, que le moment n’est pas là, mal choisi, mais il me semble en pleine panique, angoisse à laquelle je me rattache comme cause, comme dommage, comme conséquence. Encore. « Quel revirement? » mes mots ne se cherchent plus autant, et je ne perds pas une seule de ses perches, je rebondis sur tout ce qu’il peut dire. Je tends l’oreille et j’avance un peu plus, je frissonne non pas par froid mais par malaise. L’envie de tout comprendre, de tout savoir se mélange au risque, à l’interdit, au refus et à tout ce qu’il engendre. Est-ce que tu veux vraiment savoir, Ginny? Et il perd ses mots, il s’affirme à la volée, assez que je retiens un sourire, de voir que je ne suis pas la seule dans cette situation. Miracle, l’alcool brûlant encore ma trachée me donne la confiance nécessaire pour ne pas céder sous son regard un peu moins hargneux, mais tout de même plus noir qu’à son habitude. Plus dérangé. « J’ai voulu y croire, j’ai tellement voulu. » qui glisse sur mes lèvres, que je ne retiens même pas. Son discours me semble tout droit sorti d’ailleurs, une autre personne, une autre vision même. Je ne l’ai jamais entendu être si émotionnel, si honnête. Il n’abordait pas ces sujets-là, il n’en voulait pas, c’était contre sa nature même, qu’il se targuait. Edward jouait, Edward s’amusait, Edward ne regardait pas à la dépense ou à l’extrême, il prenait. Mais voilà que son assurance doucement s’évaporait, qu’il me faisait l’impression d’être écrasé, suffoquant, dépassé. J’ai envie d’esquisser un pas dans sa direction, de le calmer, un contact chaste de plus, une promesse de rien, de vide, mais de présence, un peu, juste maintenant, suffisamment. Mais je n’arrive pas à trouver la force. Je n’arrive pas puisqu’il me bloque, il déblatère, il renchérit. Et j’assiste à son discours le cœur serré, l’estomac qui tourne, la tête qui menace d’exploser. De quoi, de comment? Il parle de Noah, il parle de nous, il parle de lui, de ce mariage, de mensonge, de passé. Il parle d’une histoire qu’on nous a écrit, qu’on a pris la liberté de nous créer, pour ensuite nous la balancer sans demander d’avis, d’approbation. Il parle d’un quotidien que nous avons dû tisser autour de nos propres jeunesses envolées, il parle d’une institution complète qui a perdu son sens à mes yeux, il parle et j’écoute, et je ne dis rien, et je ne comprends rien non plus. Mon souffle qui s’accélère alors que je perds complètement la carte, alors qu’il m’égare en chemin, le regard incrédule que je lui renvois comme énième preuve de mon complet déni, de mon incompréhension la plus totale. Une seule question reste, une seule interrogation se démarque des autres, alors qu’il insiste sur le fait qu’il y a cru, lui. « Mais pourquoi? Pourquoi Edward? » silence, tombe, complète. Et la bouffée de chaleur qui nait dans mon ventre, qui gruge, qui monte, qui m’effraie même. Bouffée d’horreur et de violence, de rage et de déception. « J’ai toujours été immonde avec toi. J’ai été froide, je t’ai refusé, j’ai été distante, égoïste. Je suis partie, je me suis barrée Ed, je t’ai coupé de tout. J’ai imposé nos problèmes, les miens, je n’ai jamais été aussi présente pour toi que tu as pu l’être pour nous, pour lui, pour moi. » j’ai la culpabilité qui dicte le moindre de mes mots, mais surtout, je fais état de toutes mes tares, de tout ce qui selon moi rend sa déclaration des plus illogiques. Des mois, des années plus tard et il y croyait encore? Alors que jamais je n’avais agi correctement avec lui, alors que j’avais toujours été cette ombre de moi-même, prétextant tout plutôt que de voir la vérité en face. « Alors, pourquoi tu y as cru? Pourquoi tu as continué d’y croire? Qu’est ce qui a bien pu excuser tout ça? Je suis mauvaise pour toi, je l’ai toujours été. » que je ne l’entende pas dire le contraire, il sait tout comme moi que c’est la vérité et la seule. Je n’avais rien de la candidate parfaite, j’avais échoué sur toute la ligne, et s’il me défendait de nouveau, je lui rirais probablement au visage. Erreur. « Je suis mauvaise pour tout le monde. » qui sort, qui se masque à travers le ciel qui gronde, qui s’envoie en gage d’excuses à Edward d'abord, à Ezra pour tout ce que j’ai bien pu lui faire subir en partant, à Ben pour ce que j’ai osé lui imposer derrière une voile de bonnes impulsions. Je devais partir, je ne savais pas où ni comment, mais je devais m’isoler, je devais leur faire le cadeau de sortir de leur vie à temps, de prendre mes distances, ambiante mais ambiance. Pas la fuite non, j’avais rêvé toute ma vie d’assumer enfin mes responsabilités. Mais le point, le vide, la pause. Nécessaire. Et à lui maintenant, de larguer sa bombe. Sa réponse à mes cris. À lui maintenant de prendre toute la place, la lumière, la noirceur. Je prie en silence pour qu’il s’arrête, pour qu’il ne dise rien de plus, pour qu’il ne s’enlise pas plus creux, pour que ce ne soit qu’une phrase de plus laissée en suspens pour les besoins de la cause. Mais il précise, il détaille, il confirme et je sens dans son timbre de voix que c’en est assez. Qu’il lâche l’éponge, qu’il ne veut plus rien, qu’il abandonne. Edward n’abandonne jamais. Sauf devant la cause perdue que je pouvais bien représenter. Et ça m’enrage. Ça me consume d’une rage sans précédent, ça me démange, ça me dérange. Parce que « T’as pas le droit… » je suis mobile, je bouge vers la gauche pour tourner à droite, je vise la ruelle pour filer vers le trottoir, je regarde les voitures passer pour me planter devant lui à nouveau. Papillon de nuit aux ailes brisées qui ne l’autorise pas à nous faire ça. « T’as pas le droit de dire ça, de me balancer ça maintenant. T’as attendu, tu as rien dit, jamais. » je secoue la tête de la négative, j’en perds la notion d’équilibre, et je m’appuie sur le mur de briques à ma droite comme si ça aiderait à faire passer le malaise. Ça n’aide pas. L’amour qu’il amène, qu’il me déclare comme ça, ces sentiments cachés, refoulés, douloureux, hagards. Il y mêle Noah et sa maladie, il y mentionne les tests qu’il a pu faire et déjà je n’écoute plus et je ressasse. Il t’a aimé Ginny. Il t’a aimé et tu lui as brisé le cœur. Tu l’as cassé et tu l’as laissé derrière. Et le pire, c’est que tu le savais. Merde que tu le savais, que tu le sentais. Mais t’as nié. Du début à la fin, tu as nié comme une lâche, comme une peureuse, comme une gamine qui n’en fait qu’à sa tête parce que si elle ne le voit pas, personne d’autre ne le verra. « T’as pas le droit. » un peu à lui, un peu à moi.  Depuis quand est-ce qu’on se demandait la permission, de toute façon? Depuis combien de temps est-ce qu’on agissait en tenant compte de ce qui était blanc, ou noir. Gris? Et le comble, c’est la mention du Beauregard. Le comble, et la douleur lancinante qui travers mon corps en entier lorsqu’il l’amène sur le sujet, lorsqu’il juge ses moindres gestes, lorsqu’il me met en plein visage ce qui n’a pas fonctionné, ce qui a tout gâché. Non, non, non, non. « Il… il a pas voulu… il pensait pas… il croyait… » le souvenir de mon dernier entretien avec Ezra, bien avant l’hôpital, bien avant sa rencontre officielle d’avec Noah, me revient à l’esprit et j’en perds mes mots, beaucoup plus chancelante que prévu. Jamais je n’avais même osé lui reprocher de ne pas avoir arrêté la course de mes parents vers Londres ce jour-là, mais les faits étaient là. Et entendre Edward les amener avec autant de froideur, autant d’objectivité, comme s’il s’agissait du choix le plus simple, le plus logique, et qu’au final, il aurait fait sans le moindre doute malgré tout ce que j’ai pu lui faire vivre me glace le sang. Je veux défendre Ezra, je veux nous défendre un peu, mais je n’y arrive pas. Je n’y arrive plus. Je n’en ai même plus l’envie, le pouvoir, le désir, le courage. Alors je me rétracte, je mords, je crache. « Il n'est pas inclus, là-dedans. Je garde ça à part, divisé, ailleurs. » Ezra n’avait absolument rien à voir avec cette conversation qui se tramait maintenant. Il ignorait pour les papiers jusqu’à tout récemment, il n’avait pas la moindre idée de ce que je préparais, et il n’avait pas besoin de savoir. Je ne le faisais pas pour lui, ni pour Edward, ni pour mes parents. Je le faisais pour moi et uniquement moi. Mais il n’écoute pas, et le voilà de nouveau acide, jaloux, possessif. Je veux retenir un rire nerveux, mais il s’échappe tout de même. « Et de toute façon, si tu souhaites qu’on compte, je peux très bien repasser sur les conquêtes qui se sont faufilées dans nos draps, mais ça, ce serait déplacé et pas correct, n’est-ce pas? » le nos draps me blesse un brin, sachant que je ne les aie étrennés qu’à demi-nuit depuis notre emménagement. M’enfin, pour la cause, on repassera pour le choix de mots. J’ai parlé trop vite, trop fort, trop mal et je la sens cette amertume, ces regrets, cette vague de culpabilité qui me tenaille et qui ne part pas. « J’ai toujours eu peur, qu’on devienne comme ça. Qu’on se crie dessus, qu’on s’insulte, qu’on se tire vers le bas. » je chuchote, il comprend. Le vent se lève un brin, et le tonnerre fait place à un éclair qui illumine nos visages difformes, le temps d’un flash qui nous situe, qui nous ramène à cette rue isolée qui est devenue le repère de nos pires secrets. « J’ai tellement espéré qu’on soit mieux que ça Ed. J’ai tellement voulu être ta femme, la tienne. Il n’y a pas une journée où je ne l’ai pas souhaité, espéré. Je voulais que ça marche, maladroitement j’en conviens, mais je ne compte plus le nombre de fois où je me suis réveillée en espérant que ce soit différent, mieux. » et je ne mentais pas, Dieu que je lui balançais la vérité, crue. Ç’aurait été si facile, si simple, meilleur, si j’avais pu développer cet amour-là pour lui, si j’avais assumé la relation, si je nous avais donné une chance. « J’ai aimé une fois. Et j’ai voulu en mourir, quand ça s’est fini. Tu l’as vu, tu étais là, t’as tout suivi. » le souvenir d’un corps frêle qui demande asile chez lui en échange d’un silence confiant, d’un arrêt sur image, d’un sauvetage imposé me revient de nouveau en mémoire pour lui exposer comment, même 7 ans plus tard, il m’apparaissait même illogique que je pense à développer quoi que ce soit pour qui que ce soit. Même si mes récents agissements avec Ben pourraient facilement être mis sous mon nez, je préfère démentir de nouveau, habituée à renier les restes. « J’en suis pas capable. J’ai jamais appris, j’ai jamais voulu, après. » je me répète, je tricote la même rengaine over and over, mais voilà, c’est la vérité. L’amour de jeunesse qui a terrassé le reste, qui ne sera jamais répété, que je ne pourrai jamais retrouver que je pense, naïvement. « Et tout ça me dépasse, parce que c’est soudain, c’est lancé dans le vide, ça arrive sans précédent, et je comprends pas de où ni de comment on en est arrivés là. » ces sentiments qu’il avance, cette remise en question qu’il impose, et cette pluie, absolument ridicule et ironie du sort qui commence à tomber par trâlée sur le couple d’handicapés, de malhabiles que nous formons depuis trop longtemps. « J’aurais jamais cru. Que quelqu’un comme toi puisse même considérer quelqu’un comme moi. » et le pire c’est que c’est la vérité. Son monde, le mien, nos différences, et tout ce qui se creuse à travers.


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EDWINNY ▲ what comes around goes around Empty
Message(#)EDWINNY ▲ what comes around goes around EmptyJeu 27 Juil 2017 - 4:20

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It was great at the very start. Eyes on each other, hopes that the best would come. Closer the better, too much time, losing track of us. Where was the real? Undefined, spiraling out of touch, forgot how it feels.

Le ciel commence à se couvrir peu à peu, nuage après nuage, le vent étonnamment chaud, des gouttes d’eau qui commencent également à tomber, à perler sur nos peaux, un temps orageux se prépare, non, ça serait plutôt une tempête ? Ironie de la situation, c’est un temps qui pourrait parfaitement correspondre à ce que nous vivons actuellement, un déferlement de sentiments, nous nous assénons nos quatre vérités, nous refusons de nous cacher, de nous retenir plus que ce que l’on a déjà bien pu faire, moi le premier. Même si ça n’a jamais été facile, ça n’a jamais été aussi compliqué de se tenir debout, droit, faisant face aux réalités des choses, faisant face à ce divorce qui devient maintenant une réalité et non plus une peur. Une peur que je savais proche de se réaliser, mais dont je voulais renier l’existence, car ça serait comme une goutte d’eau qui fait déborder le vase, une réalité de plus que je savais me briserait. Et je ne me suis pas trompé, cette réalité me brise littéralement en deux, je deviens vide, comme un blackout, comme ces nuages qui ont maintenant effacé la moindre trace d’étoiles, ne laissant plus qu’un fond noir sans lumière, étouffant la moindre once d’espoir. Même s’il n’y a rien à voir, je me surprends à contempler ce noir, ce vide dans le ciel, je me surprends à le contempler pour mieux comprendre ce qu’il se passe actuellement en moi, pour mieux comprendre ce que représente le désespoir, la solitude, la tristesse. J’ai toujours été quelqu’un d’optimiste, ne voulant voir que les bons côtés des choses, se refusant à se faire du mal en s’apitoyant sur son sort, mais aujourd’hui tout ceci me paraît bien futile. Toutes ces années n’auront donc servi à rien ? Je n’en ressors que plus mal, plus brisé, j’ai tellement espéré, j’ai tellement voulu, que la chute n’en est que plus dure à supporter. Je sais que c’est trop tard, je sais qu’il a toujours été trop tard pour nous deux, nous nous sommes rencontrés dans de mauvaises circonstances, au mauvais moment, mais c’est venu comme ça, ça m’est tombé dessus sans que je m’y attende. C’est tellement frustrant de se dire qu’il aurait peut-être fallu un mot, une phrase, une action particulière, pour que toute cette relation change, mais c’était plus fort que moi, je ne pouvais pas, je la voyais détruite, encore plus après le diagnostic de Noah, je ne voulais pas rendre la situation encore plus compliquée, je ne voulais pas y croire. Mais voilà, aujourd’hui je ne veux plus avoir de secrets, je veux qu’elle sache, je veux qu’elle connaisse mon point de vue sur ces six années de vie commune, ce que je peux bien ressentir et ce que je lui ai caché depuis si longtemps. Ca me refait un peu penser à cette fois où elle venait de revenir de Disney et qu’elle est passée à l’appartement, où j’avais essayé tant bien que mal à lui faire comprendre, mais en vain.

Trouvant finalement le courage, je me retourne, je la fixe dans les yeux, elle ne tarde pas à me répondre à chaque mot que je peux bien prononcer. «  Quel revirement? » Faisant abstraction de sa réponse, je continue, il ne faut pas que je m’arrête maintenant ou je n’aurai probablement pas la force de continuer, pas la force de garder ce regard plongé dans le sien. Alors je continue, je continue, commençant par évoquer le mariage, la base de notre rencontre, ce qui par la suite m’a conduit à ressentir ce que je ne pensais pas être possible jusqu’à ce moment.  «  J’ai voulu y croire, j’ai tellement voulu. » Pour moi ce sont des mots qui sonnent faux à mes oreilles, je ne peux pas l’affirmer, mais comme moi, elle n’a jamais montré ne serait-ce que le moindre signe d’intéressement. Je ne peux pas me mettre à sa place, mais j’ai du mal à la croire, vraiment. Puis je continue dans mes explications, je continue à lui montrer mon point de vue sur tout ceci, lui dire ce que pour moi représente ces dernières années passées avec elle et Noah. Ça sonne peut-être tout aussi faux pour elle que ses précédents mots pour moi, mais ce n’est que la vérité, une vérité que j’ai toujours voulu cacher. Plus silencieuse, elle ne me fait plus de remarques, elle me donne l’impression d’être absente, de ne jamais avoir pu penser ça venant de moi, j’aimerais avancer, la rassurer, lui dire que ce n’est peut-être pas trop tard, mais foutaise, ça serait me mentir une fois de plus et de lui mentir à elle, mais je n’arrive toujours pas à me dire que je peux accepter cette demande de divorce, pas maintenant, pas aujourd’hui, pas alors qu’il y a tant de questions qui restent en suspens. Je veux ce qu’il y a de mieux pour elle, mais je ne peux pas m’empêcher de me sentir égoïste et de penser à Noah, comment me verra-t-il quand tout ceci sera bâclé ? Qu’est-ce que je serai ? Sachant qu’elle ne passe qu’une fois tous les mois pour venir à l’appartement, que c’est à moi de prendre des nouvelles de Noah avec mes rares visites ou par sms, je sais très bien qu’elle se fait des illusions en se disant que rien ne changera. Mais je commence à m’égarer, je n’en suis pas encore là. «  Mais pourquoi? Pourquoi Edward? » Elle me pose une question dont je n’ai même pas la réponse, comme je l’ai dit ça m’est tombé comme ça, petit à petit, jour après jours, sans que je m’en aperçoive vraiment, sans que je puisse réagir. Ne trouvant pas de réponse, je ne peux donc pas lui en donner, pas une cousu de mon imagination en tout cas. Puis elle continue, me coupant dans mon élan. «  J’ai toujours été immonde avec toi. J’ai été froide, je t’ai refusé, j’ai été distante, égoïste. Je suis partie, je me suis barrée Ed, je t’ai coupé de tout. J’ai imposé nos problèmes, les miens, je n’ai jamais été aussi présente pour toi que tu as pu l’être pour nous, pour lui, pour moi. » Elle marque un petit silence, me laissant le temps de réfléchir à ce qu’elle a choisi de me répondre. Elle résume tout de même très bien la situation et ce qu’on a vécu, mais le fait qu’elle soit si distante n’a jamais eu pour effet de me dégoûter d’elle, bien au contraire, ça me faisait juste mal de voir que rien n’évoluait comme je le voulais et qu’on continuait d’avancer dans l’inconnu sans se soucier de ce que l’on pouvait vraiment faire à la place. «  Alors, pourquoi tu y as cru? Pourquoi tu as continué d’y croire? Qu’est ce qui a bien pu excuser tout ça? Je suis mauvaise pour toi, je l’ai toujours été. Je suis mauvaise pour tout le monde. » Je ne sais pas, je ne sais plus, je n’ai même peut-être jamais su, mais j’ai l’impression qu’elle se contredit un peu en me disant qu’elle voulait y croire et maintenant me demander à moi-même pourquoi j’ai bien pu y croire, comme si c'était logique qu'il n'aurait jamais rien pu se passer entre nous. Mais je ne m’attarde pas sur la chose. Je ne sais pas quoi lui répondre, il n’y a pourtant pas trente-six mille réponses, car finalement la réponse est toute conne, je l’avais en moi depuis tout ce temps, je n’ai simplement pas voulu la lui partager.

Je préfère donc lui dire directement, sans contournement, sans mots qui pourraient laisser une certaine ambiguïté, parce que aujourd’hui je suis sûr d’une chose et j’ai enfin l’occasion de le lui dire, même s’il est sûrement et malheureusement trop tard pour moi. Je lui dis, je lui fais part de mes sentiments les plus profonds, ce que je peux ressentir pour elle, ce que j’ai toujours ressenti les quelques mois qui ont suivi notre mariage. Quelque chose de réelle, de concret, quelque dont je peux enfin être fier de ressentir au lieu de cette haine constante envers moi-même et mes parents. Je le lui dis, je ne me cache plus, j’ai finalement réussi à retirer ce voile sur ce dont je ne lui ai jamais fait part, une vérité qu’elle ne comprend visiblement pas, qu’elle se refuse à croire par déni. «  T’as pas le droit… » Me dit-elle d’une voix fébrile, d’une voix moins assurée. Alors que tout comme moi elle était statique, le regard plongé dans le mien, elle se met à bouger, à droite, puis à gauche, cherchant désespérément un repère qui lui permettrait de lui faire digérer plus facilement la nouvelle. Elle était donc si peu intéressée, qu’elle n’a jamais pu penser que je pourrais développer ce genre de sentiment pour elle ? Je savais que sa réaction ne serait pas enjouée, mais je pensais qu’elle aurait pu me comprendre, mais non, son souffle continue d’accélérer.  « T’as pas le droit de dire ça, de me balancer ça maintenant. T’as attendu, tu as rien dit, jamais. » Je me suis toujours répété ces mêmes mots, ça doit être sûrement l’un de mes plus grands regrets, mais je ne pouvais pas, je ne devais pas, pour elle, pour Noah, je ne devais pas compliquer notre situation. Ne sachant plus où se mettre, elle prend appui sur un mur, le corps lourd, elle me donne l’impression d’être effondrée. « T’as pas le droit. » Insistant un peu plus sur ses précédents mots, elle continue de secouer la tête par refus, ne voulant pas entendre ce que j’ai à lui dire, le seul moyen de protection qu’elle arrive à se trouver. Mais je n’arrive plus à tenir en place, tout comme elle je ne peux plus rester statique, d’une foulée rapide, je me retrouve une fois de plus devant elle, les yeux toujours plus profondément ancrés dans les siens. Posant délicatement mes mains sur ses joues pour la forcer naturellement à plonger elle aussi ses yeux dans les miens, je me veux rassurant, je ne veux pas qu’elle perde ses moyens, je ne voulais pas lui faire un tel électrochoc. Dans ma tête c’était simple : Tu lui avoues, elle essaie de comprendre, elle grimace, puis elle arrive finalement à accepter cette nouvelle. Mais rien, je sens mes mains soutenir difficilement ce corps frêle qui s’écroule toujours un peu plus. « Chuu, chut. Calme-toi, regarde-moi. Je ne veux pas te voir dans cet état. Je ne veux plus rien te cacher. C’est peut-être dur à entendre, mais je n’arrive plus à garder ça pour moi, je me devais de t’en faire part. » Secouant un peu la tête, j’essaie également de remettre mes idées en ordre, de ne pas succomber à mon tour à toute cette pression qui s’accumule sur nos épaules pour mieux disparaître par la suite. « Je… J’ai toujours voulu te le dire, mais ça n’a jamais été le bon moment, je n’ai jamais réussi à trouver le bon moment. Je me suis toujours refusé de compliquer la situation plus qu’elle ne l’était déjà, je ne voulais pas pour toi, pour Noah. » Je n’ai surtout jamais eu le courage. Puis je viens à parler de ce gars, celui avec qui tout s’est toujours mal passé depuis notre première rencontre. Ce n’est pas parce qu’il cherche à se rattraper avec Noah, avec Ginny, que comme elle, je suis prêt à lui faire confiance, que je suis prêt à reconnaître que c’est un chic type. Pensant en finir avec ce sujet, je désire en parler une dernière fois, une dernière fois avant de revenir à ce qui est plus important que de parler de ce type à la tête d’ahuri. «  Il… il a pas voulu… il pensait pas… il croyait… » Plus déstabilisée que jamais, je la retiens toujours pour ne pas qu'elle s'effondre  par terre, pour qu'elle ne baisse pas les bras. « Je m’en fiche de ce qu’il croyait ou non, je veux simplement en finir avec ce suj… » Elle ne me laisse pas le temps de finir, elle ne me laisse pas le temps de lui expliquer le pourquoi du comment il est une fois de plus redevenu un sujet dans notre discussion. « Il n'est pas inclus, là-dedans. Je garde ça à part, divisé, ailleurs. » Elle n’arrive plus à m’écouter jusqu’à la fin, préférant réagir avec de l’impulsivité, je me vois en elle, mais cette impulsivité ne lui est pas familière loin de là. « Ecoute, je sais, c’est pour ça que… » Une fois de plus, me voilà coupé, réduit au silence, forcé d’écouter une fois de plus des paroles qui risquent d’être toujours plus crues, plus froides, mais c’est toujours le cas quand on en vient à parler de celui qu’elle a toujours aimé. «  Et de toute façon, si tu souhaites qu’on compte, je peux très bien repasser sur les conquêtes qui se sont faufilées dans nos draps, mais ça, ce serait déplacé et pas correct, n’est-ce pas? » Je n’arrive moi-même plus à tenir, à ses derniers mots, je lâche prise, je lâche mon contact avec son visage, mes bras tombant d’eux-mêmes le long de mon corps, me retenant au dernier moment en m’appuyant contre le mur de mes deux mains, les yeux baissés, la tête inclinée, elle a frappé là où ça pouvait faire mal. Car oui, je suis le seul fautif pour ça, je lui ai toujours dit que je n’étais pas quelqu’un de bien, mais de l’entendre sortir de sa bouche alors qu’elle ne m’a jamais rien reproché là-dessus, ça fait mal, toujours plus mal.

Un éclair surgit, je ne les compte plus vraiment depuis qu’ils sont apparus, la pluie se faisant un peu plus intense, comme cette douleur dans la poitrine qui commençait enfin à partir, petit à petit, mais qui revient toujours plus accentuée. Je ne peux définitivement rien ajouter à ses propos. «  J’ai toujours eu peur, qu’on devienne comme ça. Qu’on se crie dessus, qu’on s’insulte, qu’on se tire vers le bas. » Me dit-elle d’une voix plus calme, peut-être même chuchoté, je veux tout de même préciser, car elle n’a pas tout à fait raison. « Peur de quoi ? Qu’on devienne quoi ? Est-ce qu’il y a déjà eu un nous ? Je ne vois pas d’insulte, je ne nous vois pas nous tirer vers le bas, je vois seulement deux âmes perdues qui cherchent désespérément à comprendre son opposé. » Je ne veux pas qu’elle voie cette scène comme quelque chose de mauvais, car mettre des mots sur des sentiments, sur des idées alors qu’on ne pouvait même pas imaginer ça venant de l’autre, ça fait obligatoirement mal, surtout quand on s’aperçoit qu’on est passé à côté de la chose la plus importante : l'amour. «  J’ai tellement espéré qu’on soit mieux que ça Ed. J’ai tellement voulu être ta femme, la tienne. Il n’y a pas une journée où je ne l’ai pas souhaité, espéré. Je voulais que ça marche, maladroitement j’en conviens, mais je ne compte plus le nombre de fois où je me suis réveillée en espérant que ce soit différent, mieux. » Je n’arrive plus à la comprendre, elle ne comprend pas que je puisse tomber amoureux d’elle, mais elle n’a pas arrêté de souhaiter qu’elle ressente la même chose pour moi ? Cette nouvelle fait d’autant plus mal car elle ne fait que confirmer ce que j’ai toujours su, mais dont j’ai toujours essayé de refuser. Finalement, il n’y a jamais vraiment rien eu entre nous, rien, même pas un début de quelque chose, même pas le début d’une toute petite chose. «  J’ai aimé une fois. Et j’ai voulu en mourir, quand ça s’est fini. Tu l’as vu, tu étais là, t’as tout suivi. » N’arrivant toujours pas à soutenir son regard, je ne peux que me rappeler de cette scène, de cet instant où j’ai trouvé Ginny devant ma porte. Ça fait d’autant plus mal que la raison pour laquelle elle n’arrive pas à avancer et toujours ce mec, toujours et encore. Je ne peux pas me mettre à sa place, jusqu’à aujourd’hui je n’ai jamais vraiment ressenti ce genre de sentiment, ce genre d’amour pour quelqu’un, je n’avais toujours ressenti que de la haine. Si j’étais encore plus con, je le tiendrais sûrement responsable, la cause pour tout cet amour qui n’a jamais été partagé. Je trouve la force de me déplacer, de me reculer, la regardant peu à peu s’éloigner avec la distance que je remets entre nous. Je me retourne une fois de plus, levant la tête vers le ciel, fermant les yeux, ses paroles résonnent dans ma tête, non pas les dernières, mais cette espérance qu’elle a bien pu avoir pour moi, pour elle, pour nous. Je ne peux pas croire que le destin soit si cruel. La pluie se fait plus intense, toujours en diapason avec cette douleur interne qui me ronge toujours plus lentement. Puis j’ouvre de nouveau les yeux, la pluie se mélangeant à des larmes, des larmes dont j’aimerais renier l’existence. Ça fait tellement mal, nous nous sommes ratés, nous n’avons jamais eu l’occasion d’être réellement nous-mêmes, toujours une putain de connerie du passé qui nous a toujours rattrapés et qui nous rattrape toujours, je souhaite seulement que ce ne soit qu’une douleur passagère, que demain tout sera effacé, que je redeviendrai ce Edward plein de confiance et non cet Edward fragilisé, perdu, déchu. «  J’en suis pas capable. J’ai jamais appris, j’ai jamais voulu, après. » J’entends la voix de Ginny derrière moi, qui essaie toujours de se justifier. «  Et tout ça me dépasse, parce que c’est soudain, c’est lancé dans le vide, ça arrive sans précédent, et je comprends pas de où ni de comment on en est arrivés là. » Soudain… oui et non, soudain pour elle, mais je vis avec depuis maintenant cinq ou six ans, je n’arrive même plus à me souvenir… Mais je n’arrive également pas à comprendre comment on en est arrivé là… Tout était si simple à Londres, même quand c’était compliqué. «  J’aurais jamais cru. Que quelqu’un comme toi puisse même considérer quelqu’un comme moi. » Je referme les yeux, énième tentative de me redonner la force de revenir auprès d’elle, de ressentir son souffle, de pouvoir de nouveau admirer ses pupilles. Dans un nouvel élan de courage, je me retrouve une nouvelle fois en face d’elle, profitant de l’occasion pour de nouveau toucher ce visage, pour la rassurer une nouvelle fois… me rassurer ? Passant ma main dans ses cheveux pour lui remettre cette petite mèche en place, j’essaie tant bien que mal de trouver les mots justes. « Je te l’ai déjà dit, subtilement, mais je te l’ai déjà dit, tu m’as toujours hypnotisé et je n’ai jamais su pourquoi, ni comment, mais c’est pourtant la réalité. Nous sommes sûrement deux opposés, mais j’ai toujours voulu être ce qui pouvait se rapprocher le plus de ton univers si spécial à mes yeux. »  Ne contenant toujours pas ces larmes qui déferlent comme la pluie sur mon visage, je n’arrive pas à savoir à quoi elles sont dues, est-ce des larmes de tristesse par rapport à cette situation ? est-ce des larmes de bonheur en essayant de me remémorer nos rares souvenirs heureux ? ou est-ce tout simplement des larmes de colère envers moi, envers nous ? « J’ai tellement aspiré à mieux pour nous. Je veux simplement que tu envisages que cela soit possible pour moi de t’aimer, tu dois arrêter de te dénigrer, arrête de penser à autre chose que nous, car je sais qu’il est toujours là dans ta tête, quelque part, profondément ancré. Mais s’il te plaît essaie l’espace d’une seconde de l’ignorer, de ne plus vivre dans le passé, de ne plus vivre ancré à ce sentiment perdu qui te fait si mal et dis-moi, dis-moi si on aurait pu vivre autre chose que cette pseudo vie dont on essaie de jeter la faute sur nos parents. » La base du problème vient bien d‘eux, je ne le nie pas, mais comme je lui ai déjà dit, on aurait pu changer ce destin qu’ils nous avaient tout tracé. Je veux savoir ce qu’elle peut réellement ressentir, ce qu’elle éprouve vraiment à mon égard, car depuis tout à l’heure ce n’est que contradiction après incompréhension. Elle me dit qu’elle n’a jamais pu et qu’elle ne pourra jamais, mais que d’un autre côté elle l’espérait. Je n’arrive vraiment pas à comprendre, je suis peut-être plus con que je ne pouvais le penser, peut-être même le dernier des cons quand je suis dans un tel état. « Toi, Noah, actuellement vous êtes tout pour moi, j’ai une façon plus que discutable de le montrer, comme tu as très bien su me le faire comprendre, mais… Je ne veux pas perdre cette famille, pas comme j’ai perdu celle qui m’a élevé. Je ne veux pas de nouveau ressentir ce déchirement, guérir cette douleur qui a mis tellement de temps à disparaître et qui n’a disparu que parce que tu étais à mes côtés avec Noah. » Ma main retrouvant une fois de plus le chemin de sa joue, je contemple son visage comme si c’était la dernière fois que je le voyais, comme si c’était un adieu, mais peut-être que ça en est bel et bien un. « J’aimerais être celui qui règle tous tes problèmes, j’aimerais être celui qui te ferait de nouveau te sentir capable d’aimer, mais je sais maintenant que c’est impossible… » Comment j’ai pu croire ça possible étant la base de nos problèmes, étant la base de ce mensonge qu’est soi-disant notre mariage. « J’aurais tellement aimé faire mieux pour vous… Etre tout simplement le bon. » Et c’est à ce moment que je lui dis qu’il m’est impossible d’accepter ce divorce même si je veux tout le bien de monde pour Ginny et Noah ? Je ne peux accepter ce divorce, je ne suis pas prêt, mais ce qui me fait peur c’est que je ne le serais peut-être jamais. « Désolé, je ne peux également pas te donner ce que tu veux aujourd’hui, ce pour quoi tu m’as fait venir. Je ne peux m’empêcher d’être égoïste et… et… j’ai toujours une once d’espoir pour nous, car tu es la première à qui je peux me confier comme ça, la première pour qui j’ai enfin réussi à sentir quelque chose de vrai. » Le monde est vraiment mal foutu, peut-être que j’arriverai de nouveau à ressentir ce genre de sentiment pour une autre femme, peut-être que ça arrivera plus vite que je ne peux le penser, mais pour le moment il est toujours question de nous. « S’il te plaît, parle-moi. » La pluie continue de tomber par averse, de temps en temps accompagné par des éclairs, puis d’un courant d’air chaud, il fait même étrangement tempéré pour cette période de l’année et le temps qu’il fait. « Je ne veux plus entendre autre chose que nous, parce que je ne me suis jamais senti aussi perdu qu’aujourd’hui. » L’homme fort, confiant, fier, beauf, n’est plus, enfin il s’est absenté depuis plusieurs minutes maintenant, pour laisser placer à un homme plus enclin à écouter, à ressentir, à parler. Je veux qu’elle me comprenne, qu’elle comprenne mes choix, qu’elle m’explique les siens, qu’elle me dise ce que je représente réellement pour elle, pour Noah, car un simple tu es comme un père pour lui, ne me suffit plus, c’est trop simple, beaucoup trop simple pour nous qui marchons au compliqué depuis le début. « Je veux vraiment qu’on fasse abstraction de ce passé qui te gêne, voir ce que la Ginny qui devrait être devant moi a à me dire, a à me faire part à son tour. » Elle a sûrement peut-être déjà essayé tout à l’heure, mais j’étais moins enclin à écouter et il y avait beaucoup trop de colère envers nous-mêmes, mélangé à tout un tas d’autres sentiments, il n'est plus vraiment question du divorce dans mes questions, mais de tout ce qu'on a vécu.





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Dernière édition par Edward Fitzgerald le Jeu 4 Jan 2018 - 12:47, édité 3 fois
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Message(#)EDWINNY ▲ what comes around goes around EmptyJeu 3 Aoû 2017 - 5:52

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Et il m’aimait. Au passé, à l’imparfait, avant, pas maintenant. Du moins, je crois, j’espère, je pense, je ne sais plus. Tous ces moments qui repassent en vrille, toutes ces phrases, ces gestes, ses actions et ses paroles qui s’entrechoquent, et mon corps qui perd le ballant, qui vise à droite mais part à gauche, qui tangue devant mais s’appuie derrière. Le mur de briques qui trouve mon dos, mon échine qui a de la difficulté à rester droite sous la pression, des épaules à la poitrine, du ventre à la gorge. Et je l’accuse parce que je réalise, je lui fiche le blâme parce que je le savais. Les contradictions qui se cognent d’un côté à l’autre de mon crâne, avec des accusations, les miennes. Il n’avait pas le droit de choisir ce moment-là pour me faire ces aveux, d’attendre à la dernière seconde, alors que j’avais ramassé tout mon courage pour lui demander une fin, de vouloir prolonger, de croire que c’était le bon moment, le bon timing. Edward qui s’impose dans ma tête et dans mon cœur comme une possibilité, comme le potentiel qu’il était, qu’il avait toujours été. N’était-il pas resté à mon chevet alors que j’avais voulu m’enlever la vie? N’avait-il pas passé un nombre incalculable d’heures à mes côtés alors que Noah cumulait les visites à l’hôpital, à me tenir la main, à espérer pour le mieux, pour cet enfant qui ne partageait pas son ADN? Il n’avait jamais osé me brusquer, il avait toujours attendu, il m’avait écoutée, supportée, comprise. On me l’avait imposé, mais jamais il n’avait pris plus de place que la sienne, celle que je lui avais donnée, maladroitement certes, mais à mes côtés. Alors oui, j’avais ravalé, j’avais cru qu’il n’avait aucun autre intérêt que ce lui de bien paraître, de réussir dans une sphère qu’il n’avait pas pu contrôler sur l’autel, mais qui l’arrangeait une fois ses parents loin de son cas, une fois la bague au doigt. J’avais cumulé ces années à tâtons, à ne pas penser ni même croire qu’un potentiel avenir amoureux pourrait se dessiner pour nous, puisqu’à mon sens, qu’à ma logique, Ed penchait du côté du mariage d’intérêt, et non de celui d’amour. Mon cœur résonne de comprendre, de savoir pourquoi maintenant, pourquoi tout court. Ma tête voit l’évidence, comprend la rythmique, sait exactement d’où et de quand tout a commencé, et certainement à quel moment cela a fini. Il est en aussi mauvaise posture que moi, regard voilé, souffle trouble, et si je tendais l’oreille, j’étais persuadé que j’entendrais son cœur se briser de me voir agir de la sorte, nier en boucle, refuser toutes avances, aussi pures et chastes soient-elles. La distance entre nous deux se réduit et ses iris attrapent les miens, s’assurant toujours que j’écoute, que je ne me défile pas, que je ne lui glisse pas entre les doigts à nouveau, comme toujours. C’est un tout autre homme à qui j’ai affaire ici, c’est un mélange étrange, une composante différente, des réactions, des mots, des actions, que je ne lui reconnais pas, mais qui ne jurent pas non, qui sont simplement autres, qui divergent, mais qui lui vont bien. Il s’ouvre, il se confie, il parle, et malgré la douleur lancinante d’incompréhension qui n’en finit plus de grandir, j’ai envie de sourire, d’essuyer ses larmes, de lui prendre la main, de lui dire que tout ira bien. Je ne le sais absolument pas, d’où le problème, le malaise. La pression de ses doigts autour de ma taille, de ce tuteur qui de nouveau arrive au moment où j’en ai le plus besoin, qui me rattrape quand j’ai simplement envie de tout laisser tomber. Où est-elle, la Ginny forte, pleine de prestance, qui a abordé le dîner avec toute la confiance du monde?  « Je… tu…. » je quoi, tu quoi? Je ne veux plus rien entendre? Tu as bien fait? Je manque d’air? Tu vas trop vite? Il m’empresse de me calmer, il explique ses raisons, il prône l’honnêteté, et je me demande bien où je me retrouve, là, en cette ruelle froide et trop sombre, trop tranquille à mon goût. L’orage gronde, il poursuit. Il n’y avait pas de bon moment. Il n’y avait rien de parfait, il n’y avait rien de simple, il n’y avait rien de facile entre nous. Encore moins maintenant, alors que l’impact de ses aveux fait encore son chemin à travers mes pensées, dommages pas tout à fait élucidés. Ma vie à consonance de « et si » et de « si j’avais su » qui me donne un haut le cœur, qui me dégoûte devant cette perte de contrôle, devant ces faiblesses que je cumulais. Qu’est-ce que je devais faire, pour que ça arrête? Pour que tout se calme, pour que je puisse prendre le temps de réfléchir, de comprendre, d’accepter? Noah ayant été au centre de toutes mes pensées depuis si longtemps, il me semblait complètement ridicule, déplacé et difficile de considérer quoi que ce soit d’autre. Et pourtant. C’est probablement cette vague de colère, d'incapacité émotionnelle, de complet dépassement qui me pousse à être sur la défensive, à vouloir exclure violemment Ezra de la conversation, à vouloir sauter aux conclusions quelles qu’elles soient. Je le pique et il recule, je le vois tituber au même titre que moi, et je porte ma main à ma bouche, surprise de mes propres paroles, de ce mécanisme de défense que je ne me reconnais pas et qui vient de prendre le dessus sur tout le reste. Comment pouvais-je être aussi agressive, aussi fermée, aussi à vif? Edward déclenche en moi une nouvelle vague de doutes et je préfère baisser le regard, trop absorbée par mes propres sentiments contradictoires. Je sens bien sa présence à mes côtés, ce coup qui l’a assailli, agressé, dont je suis la seule auteure. Complètement KO, complètement au sol, nous faisons bien peur à voir, à être aussi défait l’un que l’autre. J’ai fait mal et je le ressens, je ne me reconnais plus et il perd pied. « Je suis désolée… c’est sorti tout seul, je… c’est pas… » c’en est devenu un blague. Nos souffles se mélangent, la proximité de son corps réchauffe à peine le mien, maintenant que la pluie commence à tomber, que le ciel tonne, et que je fais fi du reste. Il ne s’était jamais privé d’aller voir ailleurs, il ne m’avait jamais fait l’impression de me regarder de la même façon que ces filles-là, de me traiter comme elle. Justement, parce que tu n’es pas comme elles, qu’on me souffle, et j’étouffe un rire. Cette dualité qui en remet, qui en rajoute. Une moitié de moi refuse toujours de voir la vérité en face, et l’autre s’y adapte un peu mieux chaque seconde qui passe. La verbalisation de cette crainte envers nous, de ce couple brisé que nous formons, qui représente tout ce que j’ai toujours haï, résonne faussement à ses oreilles et il ne tarde pas à me le faire savoir. « Après tout ce temps, crois-tu qu’on en soit encore capables? » de se comprendre, de comprendre ce qu’une entité complètement différente de la mienne peut penser, vouloir, nécessiter. Que moi, que mes torts et travers deviennent un peu plus déchiffrables pour lui, tangibles. Cela me semblait bien naïf de croire qu’après avoir vécu tous les deux, qu’après avoir passé les dernières années l’un près de l’autre, on puisse finalement comprendre, élucider. Mais… « J’aimerais qu’on essaie. » je ne pouvais toutefois pas me résoudre à abandonner. À abandonner le fait qu’Edward m’ouvre autant son cœur, qu’il soit si proche, si dévoilé, si vrai, et lui tourner le dos. Je le lui dois, du haut de tout ce que j’ai bien pu lui faire vivre. Et j’essaie même, je tente, maladroitement peut-être, mais j’essaie de mettre des mots sur cette déception que je ne ressens que trop. J’avais voulu tomber amoureuse de lui, je l’avais souhaité au plus fort. Ça n’avait pas été facile, ça ne le serait jamais sûrement, mais j’avais vraiment tenté de chasser Ezra et ce goût d’inachevé au mieux de mes forces. J’avais laissé ces moments avec Edward, petites bribes de notre histoire des plus difficiles, souvenirs parsemés, se frayer une place dans mon cœur. Il y avait des instants où, je l’avoue, j’avais ressenti plus que de la gratitude envers lui, plus que de l’amitié, du respect. De l’amour, très certainement. Un amour étrange, différent, auquel je n’étais pas habituée, mais un amour certes. Je n’étais pas restée de glace devant lui pendant tout ce temps, mais je n’avais pas non plus réussi à laisser mes barrières tomber, à lui donner une chance, ne sachant pas de quoi il en retournait. Voilà mon erreur à moi, celle d’avoir voulu sans rien faire pour, celle d’avoir tenté sans m’en laisser le droit. J’ignore où j’en serais, s’il m’avait avoué cela plus tôt, j’ignore ce qui serait advenu de nous si Edward m’avait confié ce qu’il ressentait, en réponse à mes prières non exaucées. Je ne le saurais jamais, et c’était bien là le drame, la complexité de la chose. L’occasion manquée de deux humains ayant peut-être pu, si on leur en avait donné la chance, s’ils s’étaient donné la chance. « J’ai voulu t’aimer… mais je croyais que tu n’en avais rien à faire. Je croyais que tu n’étais pas là pour ça que… que tu ne le voudrais jamais. Je n'ai pas cherché plus loin... ça faisait trop mal de toute façon. » son expression perdue, ses iris me cherchant, me poussent à expliquer plus, mieux, le fond de ma pensée. Si je n’avais pas eu si peur, si je n’étais pas terrifiée encore, la suite aurait été bien différente. Si mon histoire avec le Beauregard ne m’avait pas autant démolie, j’aurais très fortement été plus démonstrative, plus confiante même, peut-être. Je l’ignorais, mais j’aimais à y croire. J’aimais me dire que dans un autre monde, dans une autre vie, j’étais cette Ginny qui croquait dans la vie à pleines dents, qui aimait fort et bien, qui faisait confiance, qui profitait de chaque jour, à ses côtés même, qui sait. Que mon passé n’ait pas pu entacher mon présent, ni même mon futur. Elle était belle la vie que j’imaginais, yeux fermés, tête relâchée sur le mur derrière nous. Elle était simple et elle m’allait. Je n’avais pas besoin de drames au fond, je n’avais besoin que de m’ouvrir un peu plus. La blague, que je pense, refermant un peu plus mes bras autour de moi, me laissant glisser à sa hauteur, jambes elles aussi ramenées sur mon torse. Edward m’a quittée, Edward est parti plus loin et à travers la pluie, je dénote à peine sa silhouette, ombre parmi les ombres. Il est toujours là, sa présence m’est familière, mais la distance qu’il a remise entre nous me force à plisser les yeux, à le chercher au beau milieu de la pluie qui se fait de plus en plus abondante. Est-ce qu’il oublie de nouveau, est-ce que j’ai échoué à tenter de lui démontrer la moindre de mes bonnes intentions? Un battement de cils plus tard et je sursaute. Edward se penche à ma hauteur, doigts délicats et agiles qui passent une mèche derrière mon oreille, qui remontent mon menton, qui captent mon regard. Il ne le lâche plus. Pourquoi moi? Qu’avais-je de mieux, de différent, d’unique? La question me semble si pédante, la formuler à voix haute d’autant plus. Encore ce manque de confiance, encore ces doutes. Si je n’étais pas du même monde, s’il en aimait d’autres encore, qu’est-ce qui avait bien pu le faire changer d’avis à mon propos? Il répond, d’abord calmement, explicitement. Hypnotisé, opposés, réalité. J’hoche à peine de la tête, j’essaie de capter chaque mot de son interprétation, j’essaie de me retrouver dans ce qu’il avance, mais la seule chose que je peux remarquer à l’instant, c’est la larme qui coule le long de sa joue. La pluie la balaie, et elle se vrille vers le sol, mais une autre la succède, et une autre. Mon cœur se serre de l’avoir mis dans un tel état, d’avoir pu penser qu’il prendrait le tout à la légère, d’avoir pu si mal le lire, si mal le comprendre. De ne même pas avoir tenté plus tôt. Lui remettre la faute m’allait bien, me convenait au final. Parce que si j’avais été plus maligne, si j’avais vraiment voulu savoir, je l’aurais confronté bien plus tôt. Je ne me souvenais plus de la dernière fois où j’avais pu pleurer devant quelqu’un, où j’avais laissé aller le masque, où j’avais été un peu plus vraie, un peu plus fragile. Voilà qui est chose faite, alors que mes propres larmes se marient aux siennes et qu’il poursuit, la voix enrouée. Ce qu’il me demande est au-dessus de mes forces, ce qu’il me demande est difficile, et horrible et improbable. Effacer Ezra, effacer sa présence, son amour, notre histoire. Noah en somme, et tout ce qu’il a pu m’apporter comme bonheur, comme réconfort. Edward souhaite que je vois plus loin que ça, que je détache ces vilaines chaînes qui me gardent accrochées à notre avant et pas au mien, celui de Ginny, Ginny toute seule, Ginny et ses doux et grands rêves. Pas la jeune femme qui avait décidé de reléguer l’amour à d’autres, mais celle qui, peut-être, espérait encore. Je dois mettre du temps, je dois mettre l’effort, je dois tout donner pour espérer ne serait-ce que toucher du bout du doigt à cette autre réalité, à ce mirage qui me semblait déjà si élémentaire plus tôt. Si mes parents ne s’en étaient pas mêlé, si la famille que nous avions formée l’avait été par amour, le plus naïvement du monde. Muette, je suis incapable d’avancer un seul mot, impossible pour moi de l’arrêter alors qu’il s’emporte de nouveau, qu’il se laisse aller dans cette envolée, dans ce poignant discours, et qu’il me confesse tout ce que Noah, tout ce que notre petit noyau a pu lui apporter. Ces blessures pansées, ces idéaux retrouvés, ces déchirements recousus. Instinctivement, ma main vient se déposer sur la sienne, qui réchauffait déjà ma joue. Scotchée à ses lèvres, je tente de toutes mes forces de ne pas m’écrouler à nouveau alors qu’Edward en rajoute, qu’il se perd dans ses propres déceptions, qu’il regrette de ne pas l'avoir été, lui, le bon. « J’ignore s’il existe, tu sais. » que je souffle. Ezra l’aurait fortement été à l’époque, bien sûr. Il avait le goût des promesses, de celles qu’on espère arriver à tenir longtemps, toute une vie. J’aurais pu le suivre partout et pour tout – j’aurais dû. Mais maintenant, mais aujourd’hui, après tout ce qui avait bien pu se passer avec Noah, avec son père, avec Ben et maintenant avec Edward, j’avais encore plus l’impression de m’éloigner de moi-même plutôt que de prendre le bon chemin. Trouver quelqu’un pouvant m’accompagner, espérant m’aider à avancer, me semble alors plus que ridicule et tout sauf nécessaire. « Je… je comprends. » pouvait-il vraiment en être autrement? Je frissonne, la pluie, son contact, ces mots, tout me fait l’effet de n’être qu’un immense vortex, une suite interminable à travers laquelle je suis vouée à tourner jusqu’à l’épuisement. Et oui, aussi étrange cela puisse paraître, je comprenais. Je comprenais son refus, je comprenais ses questionnements, je comprenais cette incapacité à vouloir me l’accorder, pour la simple et unique raison que tant de questions d'avant méritaient de trouver leurs propres réponses. « S’il-te-plaît. Promets-moi que je ne serai pas la dernière. » je m’entends murmurer, à son oreille. Je ferme les yeux, appuie ma joue contre la sienne, prends le temps qu’il faut. Si demain, si dans un mois, si dans un an, notre situation n’en serait probablement plus là, j’espérais qu’il trouve, qu’il soit heureux, qu’il ne fasse qu’avancer à partir de maintenant, avec ou sans moi, mais surtout pour lui. Mon mutisme et mon silence ne font plus bon ménage et bien vite, Edward redevient lui-même. Ou en fait, l’a-t-il toujours été. Se détachant, reprenant un peu plus de place, de coffre, il assume maintenant la prochaine question, il l’impose. Perdu, au bord du gouffre, il est boussole sans direction qui tente de s’accrocher à mes iris, à mes mains, à mes épaules, à ma voix pour s’y retrouver. Et c’est à moi de parler, c’est à moi de lui donner autant, d’essayer tout du moins. Je sens déjà l’inconfort naître dans mes entrailles alors qu’il implore, et je ne me sens pas de me refermer à nouveau, de lui tourner le dos sous prétexte qu’il en a trop dit, et que je ne m’en remettrai probablement jamais. Et j’inspire, profondément, longtemps, une vie. « Je ne veux pas que tu penses, jamais, que tu n’es pas ma famille. Que tu n’as pas ta place à nos côtés, aux miens. Oui, tu l’as méritée après toutes ces années et après tout ce que tu as pu faire pour nous, mais surtout… je te l’ai donnée. Ils te l’ont donnée à la base, mais j’ai toujours voulu que tu sois là ensuite, je n’ai jamais eu à me forcer. » Edward est un peu plus attentif, se posant doucement à mes côtés, alors que je lui laisse une place le moindrement à l’abri. La pluie n’a pas cessé, mais je ne me verrais pas entrer, retourner dans ce restaurant qui a vu les premières bribes de cet échange, qui n’en verrait pas la finalité. « On ne peut pas savoir ce qui aurait pu arriver si… s’il n’avait pas été là, avant. Mais au risque de faire mal, au risque de le regretter je… j’aurais pu t’aimer Edward. J’aurais dû. » une confession de plus, qui fait mal, qui dit vrai. Si j’avais fermé mon cœur, qui pouvait savoir comment il aurait réagi s’il avait réellement su. « Tu respires un peu trop la confiance et l’égo, et tu en joues très bien. Mais tu es aussi quelqu’un de bien, tu sais. » je laisse échapper un petit rire, alors que ma tête trouve naturellement sa place sur l’épaule d’Edward. Se reposer, laisser passer, lâcher prise un peu plus. « Tu ne baisses jamais les bras. Tu es persistant, tu l’es souvent un peu trop, tu n’abandonnes jamais. Tu m’as impressionnée un nombre incalculable de fois, tu es fort et puissant, tu es exactement ce dont on a pu avoir besoin, ce dont j’ai pu avoir besoin, quand tout s’écroulait autour de nous. Sans toi, sans cette force là… » et encore plus ce soir. Cette version de lui que je rencontrais, cet homme qui était assis à mes côtés, cet Edward que je découvrais ne confirmait que plus mes paroles. « … ni Noah ni moi ne serions ici aujourd’hui. Et c’est pour ça que tu n’es pas seulement qu’un père de remplacement pour lui. Qu’un mari arrangé pour moi. Tu l’as élevé, tu lui as tout donné, tu m’as accompagnée, tu m’as… aimée. » chose dite, chose comprise. J’ai gardé l’air de nostalgie, j’ai gardé le temps au passé, notant maintenant plus que jamais que la chance était épuisée, inutilisable. « J’ignore comment on va faire pour la suite, je ne pourrais pas être plus perdue en fait. Mais je ne veux pas que tu nous quittes, je ne veux pas que tu partes, je ne l’autorise pas. J’en serais pas capable. » la simple mention me soulève l’estomac et le cœur. Ce qui venait serait ardu et compliqué et impossible, mais le savoir tout près me rassurerait au mieux. Voudrait-il encore être là, même si Ezra prenait la place qui lui était dûe? Arriveraient-ils à cohabiter, et à couvrir Noah non pas de l’amour d’un père, mais de deux? « Pourquoi est-ce que j’ai l’impression qu’on ne fait que toujours se dire au revoir? » peut-être parce que justement, c’était ce qu’il nous restait. Parce qu’on n’avait jamais pu se le dire, vraiment, avec tout l’amour du monde.

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