It was great at the very start. Hands on each other, couldn't stand to be far apart. Closer the better. Now we're picking fights and slamming doors. Magnifying all our flaws. And I wonder why, wonder what for, why we keep coming back for more? △
ryleigh & charlie
« Tu ne m’écoutes pas, n’est-ce pas ? » Lointaine, la voix de Théodora me parvenait difficilement. Ce n’était que la pichenette qu’elle m’assénait sans ménagement sur le front qui me tirait de mes pensées, me ramenant à l’instant présent. « Excuse-moi. » marmonnais-je, sans grande conviction, en jouant de mon index sur le rebord de ma tasse de thé. Ma petite sœur me lançait un regard, un de ceux dont elle seule avait le secret, ce genre de regard qui laissait sous-entendre qu’elle savait ce qu’il se passait dans ma tête. Mais était-ce seulement possible qu’elle ait une idée de ce qui occupait mon esprit à l’instant présent ? Je n’en étais pas certain car moi-même je ne savais pas réellement comment me positionner par rapport à la situation actuelle. Ryleigh. Un doux prénom pour une jolie brune qui avait eu une importance capitale dans ma vie à un moment donné. Mais ça, c’était avant. C’était avant que les choses ne prennent un tournant décisif, avant qu’elle ne piétine sans scrupule les sentiments de l’adolescent que j’étais alors, avant que l’amertume et la douleur que son refus avaient fait naître chez moi ne me poussent à la sortir de ma vie pour de bon. Ryleigh. Des années que son prénom n’avait pas traversé mes pensées. Une histoire que je pensais définitivement terminée, un chapitre de ma vie que j’avais espéré clore en quittant la capitale anglaise. Gauthier faisait soudainement irruption dans la cuisine, réveillé depuis plusieurs heures déjà, nous saluant avant de nous demander ce que nous comptions faire de notre journée. « Je dois finir un devoir sur les enjeux du marché de la pétrochimie au Moyen-Orient. Je vais aller à la bibliothèque je pense. » lui répondis-je, espérant secrètement qu’en m’occupant l’esprit, le prénom de Ryleigh cesserait de résonner entre mes oreilles. Car depuis que j’avais reçu son texto quelques jours auparavant, m’annonçant, entre autres, son arrivée à Brisbane pour rejoindre Maura, le souvenir pesant de la demoiselle semblait me hanter. J’étais parti loin pour l’Australie, abandonnant derrière moi Connor et Maura, ainsi que mes parents, des études prestigieuses à Oxford et un brillant avenir à la clé pour soutenir Théodora dans sa grossesse. Mais cela serait mentir de dire que Ryleigh n’avait pas joué un véritable rôle dans ma prise de décision. Son choix de me repousser, de faire fit de mes sentiments malgré nos destins liés depuis toujours, avait grandement pesé sur la balance pour m’aider à choisir entre rester à Londres aux côtés de mon petit frère et partir pour de nouvelles aventures à Brisbane avec Gauthier, Théodora et son fils. C’était donc en partie à Ryleigh que je devais ma situation actuelle. « Tu ferais bien d’aller voir Maura. » me conseillait Gauthier en me lançant un regard lourd de sous-entendu. Il savait que je n’étais pas encore allé trouver ma grande-sœur depuis son arrivée en ville. Il fallait dire que ma relation avec cette dernière étant un peu compliquée, je n’avais rien fait pour lui trouver une place dans mon emploi du temps bien chargé. Sans dire que je n’étais pas content de la voir revenir vers nous, je trouvais tout de même son revirement d’attitude un peu étrange et soudain. J’avais jusqu’ici réussi à échapper aux fameuses et tant attendues retrouvailles, sachant pertinemment que ce ne serait pas des retrouvailles placées sous le signe d’une effusion de sentiments. « J’irais » soupirais-je, l’air pas réellement convaincu. « Je suis sérieux Charlie. » insistait l’aîné et je soupirais encore plus fort pour manifester mon enthousiasme. « Très bien. » capitulais-je. Je restais persuadé que ma visite auprès de Maura ne changerait pas grand-chose mais je n’avais pas envie de laisser à Gauthier le loisir de me rebattre les oreilles plus longtemps avec cette histoire. Je quittais alors la cuisine, abandonnant ma tasse de thé sur le rebord de l’évier pour aller me préparer. C’était donc sous les bons conseils de Gauthier que je me retrouvais deux heures plus tard devant les locaux du siège de la filiale australienne de l’entreprise familiale. Une sensation étrange m’envahissait alors. Si ces bureaux existaient depuis avant mon arrivée en Australie, je m’étais toujours juré que je n’aurai plus jamais à avoir à faire avec l’empire familial. J’avais quitté Londres et tout ce que j’avais toujours connu pour seconder Théodora dans sa grossesse mais aussi pour fuir l’héritage familial et mes déceptions amoureuses. Et aujourd’hui, j’avais la désagréable sensation que mon passé me rattrapait. D’abord Maura et maintenant Ryleigh. Dans un soupir résigné, je m’avançais pour passer la porte d’entrée des bureaux pour me diriger droit vers l’accueil. « Bonjour, je viens voir Maura Hazard-Perry. » m’adressais-je à la secrétaire. « Pour quel motif ? » me demandait-elle en vérifiant quelque chose sur son ordinateur. « Pour… Je suis son frère. » me contentais-je de répondre, aujourd’hui serait décidemment une bien étrange journée. « Malheureusement, Mademoiselle Hazard-Perry n’est pas disponible dans l’immédiat. Elle a une réunion avec des investisseurs. » Elle m’adressait une petite moue désolée et j’haussais les épaules. C’était de toute façon toujours la même chose. Rien n’avait changé depuis Londres et elle était exactement comme nos parents. Toujours occupée, obnubilée par son travail, bien trop surbookée pour avoir réellement du temps à nous consacrer. « Vous pouvez attendre dans la salle d’attente, je vous apporterai de quoi boire. » proposait-elle, lisant sûrement sur mon visage la lassitude. « Non, dites-lui simplement que je suis passé la voir. » J’estimais avoir fait plus que ma part, me traîner ici, revenir fouler le sol de cet empire que je méprisais au plus haut point, c’était déjà beaucoup trop pour moi. Je faisais alors volte-face pour prendre la fuite vers le seul endroit qui ne me rappellerai jamais mes parents : la bibliothèque. Il n’y avait que l’odeur poussiéreuse de bouquins qui saurait apaiser mon esprit assailli de souvenirs, pas nécessairement agréables. Et c’était à ce moment-là que mes pupilles se posaient sur elle. Ryleigh. Nul doute n’était toléré, j’aurai reconnu sa silhouette entre milles. Et alors qu’elle se retournait, un bref instant, mes iris s’accrochaient aux siennes, bleues perçantes. Je n’étais pas prêt. C’était beaucoup trop tôt. Avec Ryleigh, c’était toute mon enfance et mon adolescence qui me revenaient d’un seul coup, des souvenirs aussi doux que désagréables. Mais étrangement, avec elle c’était toujours le positif qui prenait le dessus. Enfin, presque toujours. Il avait fallu que nous gâchions tout, moi en avouant ce qui me pesait sur le cœur et elle en rejetant mes sentiments d’un revers de la main. Cette conversation avait hanté mes nuits pendant des mois et aujourd’hui encore, je voyais son expression qui se décomposait, ses lèvres qui bougeaient pour murmurer mon prénom comme jamais elle ne l’avait fait, et la sentence, irrévocable, qui était tombée ensuite. Face à celle avec qui j’aurai dû finir mes jours, selon papa et maman Hazard-Perry, je restais figé, incapable du moindre mouvement. J’avais comme la sensation que mon cerveau venait de prendre en masse, mes synapses gelées incapables de transmettre la moindre information. Je devais avoir l’air d’un imbécile, effrayé par les réminiscences d’un passé que j’avais pourtant tenté de fuir. Ryleigh. Son prénom résonnait de nouveau dans ma tête et j’en avais le vertige. L’envie de partir, de prendre mes jambes à mon cou pour laisser la belle brune hors de ma vie avant qu’elle ne vienne, une fois de plus, affaiblir l’homme que j’avais fini par devenir. Presque cinq ans que je tentais de me construire une vie ici, en oubliant tout de mon passé de jeune homme de l’élite londonienne. Et j’avais presque réussi. Ryleigh. Etait-ce mon enfer personnel ? Je commençais à le croire. Et était-ce l’éloignement qui m’avait fait oublier la délicatesse de ses traits ou était-elle simplement devenue encore plus belle en grandissant ? C’était définitivement mon enfer personnel. Je m’étais pourtant approché d’elle, mettant un pied l’un devant l’autre par je ne savais quel miracle, ne m’arrêtant qu’à un bon mètre d’elle. Une distance de sécurité qui n’avait pas lieu d’être lorsque nous étions plus jeunes. Une mesure d’éloignement que je nous imposais depuis cette conversation fatale. Pour me protéger d’elle, pour m’éviter de succomber à ses charmes à nouveau. Pourtant, malgré la distance, son parfum enivrant me parvenait déjà. Bon sang ! Et sans vraiment la regarder, comme si j’avais peur qu’elle ne me pétrifie d’un seul regard, telle Méduse, je tâchais de m’adresser à elle avec désinvolture : « Je ne m’attendais pas à te trouver ici. » confessais-je. La vérité étant que je ne m’attendais pas à la croiser, surtout aussitôt après son arrivée. Je m’étais bêtement bercé de l’illusion que Brisbane était une ville suffisamment grande pour que nous puissions nous éviter. Mais si l’immensité de Londres n’avait pas su nous séparer, comment la petite ville australienne en aurait-elle le pouvoir ? « Tu auras fini par devenir une Hazard-Perry malgré tout. » assénais-je finalement, en désignant le hall de l’empire familial d’un vague geste de la main. C’était une pique, une attaque déloyale, reflet de l’amertume qu’elle continuait de faire naître en moi. C’était une référence directe à ce mariage que nos parents avaient planifié dès notre plus jeune âge, à cet avenir forcé, à deux, un avenir que j’avais espéré un temps et un avenir qu’elle avait brisé pour les beaux yeux d’un autre garçon. C’était ma seule arme contre la belle anglaise, un stratagème de défense injuste mais c’était le seul que je maîtrisais à la perfection.
BESIDETHECROCODILE
Dernière édition par Charlie Hazard-Perry le Lun 12 Mar 2018 - 10:48, édité 1 fois
nouvelle vie, nouveau départ, nouveau décor. depuis que tu as atterri, tu n'as pas vraiment eu le temps de souffler. tu dois bien reconnaître que, pour une fois, tes parents ne t'ont pas déçus. tu ne leur avais pourtant demandé qu'un simple pied à terre, un endroit qui te permettrait de te poser. tu ne leur avais pas demandé autant. ils ont dû se dire qu'ils devaient bien t'offrir ce cadeau en échange de leur si peu d'intérêt te concernant. tu ne sais même pas s'ils ont été capable de penser de la sorte en fait. tu préfères te dire que c'est par remords ou regrets plutôt qu'autre chose, comme ça, tu n'as pas de réelle raison de les détester. c'est pourtant si dommage parce qu'ils sont tes géniteurs et s'ils n'avaient pas été aussi distants, t'aurais pu les aimer comme n'importe quel enfant devrait aimer ses parents. toi, ils doivent t'acheter avec cette villa bien trop magnifique et gigantesque pour toi toute seule. et comme si cela ne suffisait pas, il a fallut qu'ils te paient une voiture en prime, des fois que ce serait trop compliqué pour toi. quand le taxi t'a déposé à l'adresse indiquée, t'as pas su quoi dire, t'as pas su comment réagir. c'était presque trop pour toi. alors tu as levé les yeux au ciel et t'as dégainé ton téléphone portable pour un appel en visio avec ta fratrie. tout dans la démesure. alors, ce matin, quand tu t'es levée et que tu as vu la tasse de ton petit-frère, religieusement posée sur le plan de travail, tu as souri. parce que le vide de ce nouveau chez toi paraissait maintenant si superflu. y avait que le bruit des vagues pour combler le silence. maintenant, tu rayonnes. il n'est arrivé qu'hier, le cadet, mais ça t'a fait un bien fou, comme si tu étais enfin prête à avancer sans plus jamais te retourner. c'est donc chargée d'une toute nouvelle énergie débordante de positivisme que tu as pris le chemin des locaux du siège de l'entreprise des hazard-perry. premier boulot et premières responsabilités. il faut que tu sois à la hauteur. maura t'accorde une confiance aveugle, qui a tendance à te mettre la pression, mais il faut que tu prennes sur toi et surtout que tu respires. tu sais bien que tu peux le faire et tu y arriveras. ce n'est pas pour un rien que tu as travaillé comme une forcenée pour obtenir ton diplôme. bonjour mademoiselle egerton. le sourire aussi blanc que parfait de la secrétaire t'agresserait presque les yeux. et pourtant, tu le lui rends, parce qu'aujourd'hui est une bonne journée. tu te le répètes en silence depuis que tu as mis un pied en dehors de ton lit et tu crois dur comme fer que rien ni personne ne pourra entacher ce tableau si parfait. bonjour. y aurait-il des messages pour moi ? tu avais passé quelques coups de fil en fin de soirée, la veille, tu espères donc avoir eu quelques réponses d'ici à ce que tu remettes les pieds au bureau. tu tairas également le fait de désirer quelques nouvelles de quelqu'un d'autre, même si tu doutes sincèrement en avoir avant un certain temps. la secrétaire jette un coup d’œil à son ordinateur avant de reporter son attention sur toi. oui, vous avez eu la confirmation de votre rendez-vous de neuf heures. et un certain william a laissé un message il y a quelques minutes à peine également. il souhaiterait savoir vous comptez aller faire des courses. elle pousse un soupire, la secrétaire, les yeux regardant le ciel l'espace d'un court instant. tu te retiens de rire toi, parce que ça ne t'étonne même pas de lui. ton frère, pour foutre la merde, c'est le champion. qu'il ait décidé de passer par la secrétaire plutôt que de t'appeler directement n'est pas une grande surprise. ne faites pas attention à william, vous n'en n'êtes qu'au début de vos surprises. s'il vous ennuie de trop, raccrochez-lui au nez. c'est mon petit-frère, il comprendra bien vite qu'il peut m'appeler directement. que tu lui confies, ponctuant ta réplique d'un clin d’œil entendu. elle se sent toute gênée, la secrétaire. et toi, ça t'arrache un immense sourire. il vaudrait mieux pour elle qu'elle soit bien accrochée à son oreillette parce que, tel que tu le connais, il va lui en faire voir de toutes les couleurs et, en plus de ça, il y prendra un malin plaisir. après avoir échangé quelques paroles de plus, tu t'éclipses enfin pour rejoindre ton propre bureau et y préparer les documents nécessaires pour ton rendez-vous.
ce fut un plaisir messieurs. que tu conclus, un sourire imperturbable sur tes lippes. tu raccompagnes ces messieurs jusqu'au hall d'entrée, vantant les mérites d'un tel accord passé avec eux. parce que tu dois trouver des fournisseurs de qualité et de confiance. tu as vu et entendu ce qu'ils avaient à te proposer, tu as été convaincue, tu as édité un contrat après avoir eu l'accord de maura. le rendez-vous de ce matin devait donc conclure votre partenariat. premier succès en ta faveur, la journée est vraiment bien partie pour être formidable. enfin, presque. tes prunelles accrochent les siennes et t'as l'impression que le sol s'écroule sous tes pieds. tu crois d'abord à un mirage, il te faudra cligner plusieurs fois des yeux pour que tu comprennes que ce n'en n'était pas un. tout va bien mademoiselle ? tu te racles la gorge et retrouve ton sourire ravageur. oui, veuillez m'excusez, je viens de prendre conscience d'un appel urgent à passer. ils n'ont pas l'air de prendre mal ton moment d'absence et c'est ainsi que vous vous quittez, après une poignée de main que tu voulais à la fois ferme et chaleureuse. partagée entre l'envie qu'ils restent un peu plus longtemps et en même temps pas trop non plus parce que tu pourrais bien le rater. indécision, incompréhension d'un état dans lequel tu ne devrais pourtant pas te mettre. et puis, finalement, tu te ressaisies parce que tu n'as pas vraiment d'autre choix. tu prends donc une grande et lente inspiration. calme-toi, tout va bien se passer. on a dit qu'aujourd'hui, c'était une excellente journée. donc tout va bien se passer. et puis tu te retournes vers lui pour te rendre compte qu'il a fait quelques pas vers toi. c'est déjà ça finalement. je ne m'attendais pas à te trouver ici. tu arques un sourcil. vraiment ? tu te souviens pourtant très bien de lui avoir dit que tu travaillais pour sa sœur désormais et que c'était pour cette raison que tu étais dans les parages. tu l'avais prévenu pourtant alors cette remarque te semble superflue. la rapidité avec laquelle vous vous retrouvez, pourtant, reste impressionnante. mais toi, tu ne dis rien parce qu'il fallait bien que cela arrive un jour ou l'autre. finalement, peut-être que le plus tôt reste le mieux. tu ne saurais pas vraiment te décider sur la réponse correcte. tu auras fini par devenir une hazard-perry malgré tout. coup bas, violence morale, tu encaisses le choc en te mordant le bout de la langue. si seulement c'était aussi simple. je suis une egerton avant tout. que tu répliques un peu trop sèchement. parce qu'il sait très bien comment t'avoir, il sait très bien appuyer là où ça fait mal. et s'il lançait le début des hostilités avec autant de facilité, tu ne t'en remettrais peut-être pas une nouvelle fois. et puis, pas de ça avec moi je t'en prie. on a plus quinze ans. que tu rajoutes, sans vraiment trop le vouloir. parce que ça te ramène en arrière, à l'époque où tout était tellement plus simple mais tellement plus compliqué à la fois. comme une envie de cesser de regarder en arrière et de construire un avenir différent de celui qui se profile devant ton regard impuissant. et puis de toute façon, je suis bien mal partie pour être une hazard-perry un jour alors tu peux garder tes mots assassins, je n'en n'ai que faire. ton regard si clair s'assombrit un court instant. tu sais bien que c'est de ta faute si la situation a à ce point dégénérée. tu t'en veux déjà assez comme ça, ce n'est plus spécialement la peine d'en rajouter à ton avis. cela dit, l'amertume dans le ton de sa voix suggère que cette histoire est loin d'être digérée. si tu as l'intention de m'en mettre plein la figure, tu peux y aller, je ne te retiens pas. que tu ajoutes, lassée de devoir te battre avec lui. j'aurais au moins espéré que l'on puisse déposer les armes pour un temps. que tu avoues dans un haussement d'épaules. parce que tu en as marre de devoir te justifier, d'essuyer des silences bien trop longs ou de chercher à prendre de ses nouvelles qui ne viendront que par vagues froides. il te manque terriblement mais tu ne lui avoueras jamais parce que tu sais très bien que ça le blesserait plus qu'autre chose. peut-être que tu pourras le suggérer, mais pas aujourd'hui, c'est encore beaucoup trop tôt. ton ciel si clair s'est assombri dès que ses yeux ont croisé les tiens et tu n'as aucunement l'intention que le temps tourne à l'orage. quoi que tes remarques ne soient pas si tendres que cela. tu te défends comme tu le peux après tout.
Dernière édition par Ryleigh Egerton le Ven 7 Juil 2017 - 8:37, édité 1 fois
It was great at the very start. Hands on each other, couldn't stand to be far apart. Closer the better. Now we're picking fights and slamming doors. Magnifying all our flaws. And I wonder why, wonder what for, why we keep coming back for more? △
ryleigh & charlie
Elle était là, à quelques mètres, à quelques foulées. Et cette proximité soudaine me perturbait bien plus que je ne voulais le croire. J’avais bêtement cru qu’en quittant Londres, qu’en la laissant derrière moi avec tout un pan de mon passé que je m’évertuais à oublier, rangé dans une toute petite boîte bien enfouie au fond de mon cœur, l’impact qu’elle avait sur moi s’en serait retrouvé diminué. Mais c’était faux, une illusion dans laquelle je m’étais bercé pour continuer à avancer. Je n’avais peut-être pas beaucoup pensé à elle ces dernières années, bien trop pris dans le tourbillon de ma nouvelle vie, obnubilé par mon nouveau rôle de père de substitution, mais elle n’avait pas quitté mon esprit pour autant. Elle était juste passée au second plan, comme une douleur sourde, toujours présente, jamais vraiment loin dans mes pensées. Rien que de croiser son regard me rappelait avec une violence certaine l’ensemble des sentiments qu’elle s’évertuait à éveiller chez moi. Un mélange détonnant et étonnant d’affection, d’amertume, de fascination, de manque, d’envie, de colère, d’amour et de douleur. Comment un seul être sur terre pouvait me faire ressentir un tel panel d’émotions ? Le temps s’était comme suspendu. Un regard qui semblait durer et durer. Ca m’avait semblé durer une éternité. Mon cœur avait raté quelques battements et rien que l’avouer me tuait. Ressaisi-toi ! m’enjoignais-je dans l’espoir de me faire sortir de cette torpeur dans laquelle seule Ryleigh était capable de me plonger. S’en était fini de ce Charlie qui se laissait mener à la baguette par la belle brune. J’étais bien décidé à mener la danse, à la lui prouver que ma vie avait continué, sans elle. Qui l’aurait cru ? Pendant des années je m’étais fait à l’idée que mon destin serait à tout jamais lié à celui de la belle brune, que cela soit de mon plein gré et du fait des sentiments que j’avais pour elle ou que cela soit dû à la volonté de nos parents de nous construire un avenir commun en nous mariant. Mais aujourd’hui, ce n’était plus le cas. Elle avait elle-même cisaillé le fil de notre destin à deux et j’étais bien décidé lui montrer que je m’en étais finalement remis, qu’elle n’avait plus cette emprise sur moi, qu’elle seule ne pouvait plus décider de mon bonheur ou de mon malheur. Ryleigh Egerton n’était désormais rien de plus qu’une figurante dans le film de ma vie. Et comme poussé par ces pensées, je m’avançais vers elle, m’adressant à elle avec la première phrase qui m’était venue à l’esprit. Une demie vérité. Car si sa présence ici n’avait rien d’étonnant puisqu’elle travaillait pour le compte de ma sœur, je ne m’étais pas attendu à la trouver de sitôt, dans le hall. Si j’avais su que la confrontation était possible j’aurai repoussé mon entrevue avec Maura, juste dans le but d’éviter les souvenirs qui accompagneraient indéniablement mes retrouvailles avec Ryleigh. Et comme pour rétablir un certain équilibre, j’en avais profité pour lui lancer une pique. Ce n’était peut-être pas la meilleure stratégie pour lui montrer que j’étais passé à autre chose mais les répliques cinglantes étaient le moyen de communication que je maitrisais de loin le mieux. « Je suis une Egerton avant tout. » qu’elle répondait, sans grande surprise, me tirant un petit sourire en coin. Evidemment que c’était une Egerton, c’était d’ailleurs là le véritable fond du problème. Pourquoi avait-il fallu qu’elle naisse dans la famille qui était la plus proche de la mienne, pourquoi avait-il fallu que nos parents se mettent en tête de nous marier ? « Et puis, pas de ça avec moi je t'en prie. On a plus quinze ans. » répliquait-elle finalement alors que je levais les yeux au ciel. « Pourtant, c’est bien là le problème, non ? » A quinze ans, tout était pourtant si simple entre nous. Pas aussi simple que pour le commun des adolescents, puisqu’à l’époque nous comprenions tout juste ce que ce mariage arrangé impliquait, puisque la menace de cette union ressemblait étrangement à une épée de Damoclès pointée au-dessus de nos têtes. Mais à quinze ans nous étions encore innocents. A quinze ans, je n’avais pas encore ouvert la bouche pour exprimer pour la première fois de ma vie des sentiments qui n’étaient pas réciproques. A quinze ans, nous n’avions pas encore tout gâché. Si seulement il m’était donné de pouvoir revivre mes quinze ans, j’étais persuadé que mon avenir serait tout autre aujourd’hui. « Et puis de toute façon, je suis bien mal partie pour être une Hazard-Perry un jour alors tu peux garder tes mots assassins, je n'en n'ai que faire. » ajoutait-elle, me prenant de court. Pour sûr, cette réponse-là, je ne l’avais pas attendue. Mais bien loin de m’apaiser, elle déclenchait chez moi une réaction épidermique. Et son regard qui s’assombrissait n’aidait en rien. C’était facile de venir pleurer aujourd’hui, d’avoir l’air désolée. Elle ne savait pas ce que c’était, elle, que de livrer son cœur sur un plateau d’argent, surtout pour quelqu’un comme moi qui ne savait pas se confier, et de voir l’autre le rejeter sans ménagement. « La faute à qui ? » L’amertume était clairement palpable dans mon ton, bien plus que ce que j’aurais aimé qu’elle soit. Mais c’était plus fort que moi. Elle n’avait pas le droit de s’approprier cette douleur qui était la mienne. C’était de sa faute, c’était elle qui avait tenu dans ses mains notre destin et qui l’avait écrasé sans le moindre remords. Si je la rejetais aujourd’hui avec tant de violence hors de ma vie, c’était uniquement parce que c’était elle qui m’avait rejeté en premier lieu. « Si tu as l'intention de m'en mettre plein la figure, tu peux y aller, je ne te retiens pas. » Ainsi donc elle me congédiait et avec toute la théâtralité dont j’étais capable, j’exécutais une petite révérence « Ce fut un plaisir. » avant de faire volte-face pour prendre la direction de la sortie. Clairement, le temps n’avait en rien facilité nos rapports. J’étais pleinement conscient de ne pas faciliter nos échanges, mais je me rendais compte que c’était encore trop tôt pour moi. Je n’avais pas digéré notre histoire, je n’en avais toujours pas fait le deuil et chaque fois que mes yeux se posaient sur elle je ne voyais plus que cet être que j’avais tant convoité et qui m’avait glissé entre les doigts de la pire des façons. Mais Ryleigh, elle, ne semblait pas décidée à me laisser m’en aller aussi facilement : « J'aurais au moins espéré que l'on puisse déposer les armes pour un temps. » Sa voix qui résonnait dans mon dos me stoppait net dans mon mouvement alors que je me tournais à nouveau pour lui faire face. Je lui lançais alors un regard sévère, dur, comme moi seul en avait le secret. « C’est facile pour toi. » répliquais-je, d’un ton d’une froideur extrême. « Malheureusement on n’a pas toujours ce que l’on veut dans la vie. » J’haussais les épaules, pinçant les lèvres alors que mes yeux continuaient de la fixer, de se perdre dans le bleu de ses prunelles magnifiques. « C’est injuste ce que tu me fais. Et tu le sais. » ajoutais-je, plus doucement. « Tu ne peux pas me rejeter et me demander de rester ensuite. » C’était beaucoup trop facile pour elle, elle avait la bonne position. Elle ne souffrait pas à chaque fois que ma silhouette entrait dans son champ de vision. J’avais fui l’Angleterre, mon pays, abandonné Connor, pour fuir sa présence. Et voilà qu’elle venait de nouveau me hanter, s’étonnant presque de me trouver toujours aussi antipathique à son égard. Ryleigh obtenait peut-être toujours ce qu’elle voulait, mais puisqu’elle m’avait refusé la chose que je convoitais le plus au monde, j’étais décidé à lui refuser tout ce qu’elle attendait de moi. « Tu as fait ton choix il y a des années de ça. » concluais-je finalement, ne pouvant empêcher un voile de tristesse d'apparaître dans mon regard un bref instant et je détournais le regard, le temps de me ressaisir. « Mais tu verras, Brisbane est une ville intéressante. Et la météo y est plus clémente qu’à Londres. Je suis certain que tu t’épanouiras ici. » ajoutais-je avec un petit sourire triste. J’avais envie de m’éloigner d’elle, de mettre le plus de distance possible entre Ryleigh et moi, mais pourtant mes jambes refusaient de bouger, j’étais figé là, incapable du moindre mouvement. Foutue journée.
souffle court, palpitant qui s'emballe comme si tu retrouvais les sensations de tes seize ans. pourtant, tu ne devrais pas. te laisser enivrer par un simple échange de regard, c'est bien trop facile. et puis, c'est si loin tout ça. la situation ne devrait pas t'atteindre, te toucher à ce point. tu en es bien consciente mais tu es également bien incapable de faire autrement. tu ne peux pas nier le manque qu'il provoque en toi, depuis si longtemps maintenant. tu sais bien que tu as merdé, que tout ça, c'est de ta faute. mais ça fait trop longtemps, ça devrait être terminé maintenant. tu sais bien, toi, pourtant, qu'il a la rancune tenace le charlie. tu le connais bien trop pour ignorer ce détail bien trop important dans l'équation. proximité de vos deux êtres qui ont enfin fini par se retrouver après cinq années de séparation. tu ne saurais dire encore si c'est une bonne chose ou non. tout ce dont tu es certaine, c'est que ces retrouvailles vont être bien difficiles à vivre et surtout à encaisser. il ne perd pas de temps pour t'attaquer, te lancer une remarque cinglante que tu auras probablement largement mérité. quoi qu'après tout ce temps, il doit bien y avoir prescription. tu ne te laisses pas faire pourtant parce que ce n'est pas dans tes gênes de t'écraser. et il doit bien s'en souvenir, parce que de l'eau a peut-être coulé sous les ponts, le temps ne peut pas effacer plus de vingt ans de vie partagée. pourtant, c'est bien là le problème, non ? tu étouffes le rire qui monte au fond de ta gorge et secoues la tête de gauche à droite. t'as le réflexe de te mordre la lèvre inférieure. crois-moi, je suis bien heureuse de ne plus avoir quinze ans. ce n'était pas aussi facile que tu ne le penses à cette époque. tes yeux qui se plisse légèrement, t'as la gorge sèche. t'as la boule au ventre et les souvenirs qui se bousculent dans ta boîte crânienne. c'est le bazar là-haut et tu as du mal à t'entendre penser. parce que toi, à ce moment-là, tu ne le voyais plus vraiment comme cette moitié de toi que tu aidais à tout foutre en l'air dans les plans de vos parents. à ce moment-là, c'était bien plus que ça, c'était plus que de l'amitié, c'était plus que l'enjeu de vos vies irrémédiablement liées. non, toi, tu ressentais autre chose que tu n'as jamais été capable de lui avouer. parce que t'étais paniquée de faire un pas de plus. alors t'as jamais rien dit, gardant tout ça planqué tout au fond de toi. il n'a jamais su, lui. et tu ne le lui diras pas parce qu'il serait bien capable de ne pas te croire. et ça, ça te ferait bien plus mal que ce long silence qu'il a laissé s'installer entre vous. mais toi, t'arrives pas à t'arrêter là et tu lui dis que tu es mal partie pour porter son nom un jour. ce qui est totalement vrai d'ailleurs même si, aujourd'hui, tu n'aspires plus à une telle chose. tout ce que tu voudrais, c'est juste un échange calme, posé, réfléchi. tu en as marre de te battre et pourtant, tu n'en n'as pas fini. la faute à qui ? tu ne peux pas t'empêcher de lever les yeux au ciel. oh, c'est vrai, je suis la méchante sorcière de l'histoire. j'oubliais. mâchoire serrée, tu croises les bras sur ta poitrine. tu ne te remettras donc jamais en question. c'est bien dommage, il y aurait tant à dire pourtant, monsieur perfection incarnée. que tu craches sans aucun regret. c'est bien facile de te rejeter la faute sur le dos parce que tu n'as pas voulu foutre en l'air tes sentiments, t'as pas voulu laisser ton cœur imploser, t'as pas voulu te laisser aller. s'il s'avait à quel point ça a été difficile pour toi de lui dire non. s'il savait tout ce que tu as pu ressentir à son égard. mais non, il n'a rien vu de tout ça, lui. il n'y en avait que pour sa petite personne et ça, ça te met hors de toi. t'as bien du mal à accepter d'endosser seule le mauvais rôle. parce que t'es peut-être celle qui a dit non, mais il est tout aussi fautif que toi de n'avoir pas su capter tous les signaux que tu as pu lui envoyer avant. c'est pour cette raison que tu n'as plus envie de te battre aussi. parce que, finalement, toi, t'as jamais rien dit. conflit intérieur qui est le tien, le cul entre deux chaises, partagée entre l'envie de lui en coller une et celle de lui demander pardon. mais toi, t'es pas du genre à ramper alors tu lui dis qu'il peut se retirer si c'est encore une fois pour t'en mettre plein la tronche. sa révérence, le ton qu'il emploie. ça t'agace, bon sang que ça t'agace. t'as les bras qui retombe le long de ton corps, le soupire au bout de la langue et tu confesses que tu aurais aimé que vous puissiez déposer les armes. tu hausses les épaules parce que t'es fatiguée. le décalage horaire peut-être aussi, que tu n'as pas encore réussi à apprivoiser. c'est facile pour toi. malheureusement on n’a pas toujours ce que l’on veut dans la vie. tu te mords le bout de la langue devant la froideur de sa voix et son regard si dur. il ne comprend pas, il ne comprendra jamais. et tu ne veux pas lui expliquer, tu ne peux pas lui expliquer. toi, la brune au regard si bleu qui n'a jamais eu peur de rien. t'as seule crainte avait été de le perdre, lui. c'est pour ça que tu n'avais rien dit, à l'époque. et tu l'as perdu quand même. qu'est-ce que tu pourrais perdre de plus aujourd'hui ? c’est injuste ce que tu me fais. et tu le sais. tu ne peux pas me rejeter et me demander de rester ensuite. y a ton cœur qui bat dans tes tempes, t'as l'impression d'avoir le tournis, d'être devenue sourde l'espace d'un instant. violence d'une entrevue hasardeuse. aujourd'hui, c'était pourtant censé être une bonne journée. j't'ai jamais rejeté charlie. c'est toi qui est parti tout seul. t'es parti parce que t'avais pas compris que c'était trop tard. t'as jamais compris ça hein ? tout est de ma faute, c'est vrai parce que j'ai dit non. y a ta main qui tremble, qui passe sur ton front. y a ton regard qui pue la panique et ta voix qui déraille. tu souffles un bon coup, histoire de retrouver un semblant de contenance. t'as attendu que je t'échappe, c'était un peu trop facile, tu ne crois pas ? j'étais là charlie, j'ai toujours été là bon sang. c'est quand j'ai lâché prise que tu t'es pointé avec ta belle gueule et ce putain de sourire que j'ai plus jamais revu. ce sourire qui m'a tant fait mal parce que je savais que j'pourrais pas faire en sorte que tu le gardes à jamais. t'as baissé le volume sonore et tu jettes un coup d'oeil par dessus ton épaule. faire un esclandre dans le hall n'est pas vraiment dans tes projets. ce n'est ni l'heure, ni le lieu pour un règlement de compte. au moins, c'est bien, tu as ouvert les vannes. tu as lâché prise, un temps soit peu. tu as fait ton choix il y a des années de ça. mais tu verras, brisbane est une ville intéressante. et la météo y est plus clémente qu’à londres. je suis certain que tu t’épanouiras ici. rire amère qui s'échappe entre tes dents serrées. il te fait bien plus de mal en restant planté là qu'en te tournant le dos. et toi, t'arrives pas à le quitter des yeux, comme si t'étais irrémédiablement attirée par l'envie de capter le moindre détail de ce visage que tu as ignoré pendant bien trop longtemps. t'as raison, j'ai fait mon choix. après tout, c'était trop facile de te dire non. comme si je ne t'avais jamais aimé. que tu craches, un lueur de nostalgie au fond de tes iris et ce ton ironique que tu sais très bien employer. tu te sens tellement plus légère. tu te plantes sur toute la ligne et t'es persuadé d'avoir raison. seulement tu n'as vu que ce que tu voulais voir. t'étais persuadé d'être le seul à avoir mal et t'as jamais pensé un seul instant que j'pourrais en pâtir aussi. t'arrives même plus à être en colère. tu es juste lassée. tu murmurerais presque que ce ne serait pas étonnant. non bien sûr, y avait que toi et ton malheur. t'es mauvaise et tu ne t'en rends même pas compte. t'en as marre, il faut que cela cesse. la météo ne changera rien à tout ça. il pleuvra toujours. tes mots qui se perdent dans le silence assourdissant d'un hall vide de toute vie. seule la secrétaire reste plantée derrière son ordinateur. quelle connerie. aujourd'hui, c'était censé être une bonne journée. raté.
It was great at the very start. Hands on each other, couldn't stand to be far apart. Closer the better. Now we're picking fights and slamming doors. Magnifying all our flaws. And I wonder why, wonder what for, why we keep coming back for more? △
ryleigh & charlie
L’esprit embrumé, je n’étais pas en pleine possession de tous mes moyens face à Ryleigh. C’était ses yeux bleus perçant dans lesquels je me perdais. C’était son parfum enivrant qui me montait à la tête. C’était la douleur des retrouvailles qui me retournait l’estomac, le cœur au bord des lèvres. Les faits avaient pourtant eu lieu il y avait plusieurs années de ça, mais le manque était toujours présent. C’était une double peine que je m’étais infligé en me décidant à avouer mes sentiments de l’époque à Ryleigh. Non seulement je m’étais pris la veste de l’année, puisqu’elle avait préféré un autre à moi mais en plus, je m’étais retrouvé forcé de repousser la jeune femme hors de ma vie pour essayer de panser mes blessures et de l’oublier. Sans grand succès quand on songeait à l’amertume avec laquelle je m’adressais à la demoiselle. Et parfois, dans le silence de la nuit alors que j’attendais que le sommeil ne vienne me rendre visite, je ne pouvais m’empêcher de songer que tout était bien plus facile quand nous avions quinze ans, quand nous étions encore innocents et inconscients. A cette époque, tout ce dont nous avions à nous soucier c’était de savoir comment rendre chèvre nos parents pour leur faire payer d’avoir voulu nous marier. Aujourd’hui les choses avaient bien changé. Mes sentiments pour la belle brune étaient venus mettre en péril notre relation, parvenant à détruire une amitié solide basée sur une enfance partagée presque au jour le jour. Si cette histoire aurait pu être bien vite enterrée et oubliée avec n’importe quelle fille autre que Ryleigh, j’avais du mal à me détacher d’elle, à passer outre son rejet car elle était encrée en moi, la faute à ses dix-huit années de complicité partagées. J’avais toujours la désagréable sensation d’avoir abandonné une part de moi entre ses mains suite à cette terrible conversation que je regrettais chaque jour un peu plus. Si seulement nous pouvions revenir à nos quinze ans où les choses n’avaient pas encore basculé. Mais Ryleigh n’était visiblement pas de cet avis-là. « Crois-moi, je suis bien heureuse de ne plus avoir quinze ans. Ce n'était pas aussi facile que tu ne le penses à cette époque. » Je la jaugeais alors, dubitatif. Etait-elle en train d’essayer de me faire croire que j’avais oublié les complications que le mariage arrangé dans lequel nous étions engagés avait induit ? Je n’avais rien oublié de ces nombreuses disputes que nous avions eues à ce sujet elle et moi à l’époque, je n’avais pas oublié non plus la colère que je ressentais parfois à l’époque rien qu’à l’idée d’être forcé et contraint de l’épouser quoi qu’il en soit. La pression parentale était beaucoup trop forte pour les deux adolescents que nous étions alors. Mais au moins à cette époque nous étions tous les deux dans le même bateau, nous déchirant parfois mais sans jamais parvenir à rester séparés bien longtemps. Nous comptions l’un sur l’autre, nous formions une équipe. La situation de l’époque n’était peut-être pas idéale mais elle me semblait nettement plus enviable que cette Guerre Froide que nous menions (enfin surtout moi) depuis plusieurs années. « Si tu le dis » soupirais-je, incapable de comprendre où elle voulait en venir. Peut-être que l’éloignement forcé que je nous avais imposé l’avait-il poussé à remettre en perspective tout ce que nous avions vécu ensemble. Je continuais de réagir à ses remarques avec amertume, peinant à garder un ton de voix neutre lorsqu’elle faisait remarquer qu’elle avait peu de chances d’un jour devenir une Hazard-Perry. Cette conversation était décidemment bien pénible parce qu’elle ne faisait que ressasser les souvenirs d’une époque désormais révolue. Je doutais que Ryleigh et moi puissions un jour surmonter cette crise dans laquelle je nous avais plongé. J’étais encore beaucoup trop impliqué, blessé dans mon ego de la pire des façons, comme elle-seule en avait le pouvoir. C’était d’ailleurs ça le plus frustrant : constater avec résignation l’effet qu’elle continuait de provoquer chez moi, cette attraction que je ne pouvais nier, cette emprise dont je ne parvenais pas à me défaire malgré mes tentatives et après cinq ans d’isolement à l’autre bout du globe terrestre. « Oh, c'est vrai, je suis la méchante sorcière de l'histoire. J'oubliais. » rétorquait-elle, de plus en plus agacée par mes propos. « Méchante sorcière, je ne sais pas. » me contentais-je de répondre, l’air suffisant. Clairement, j’avais bien conscience que l’échange était voué à l’échec et je ne cherchais pas à améliorer la situation. « La réalité étant ce qu’elle est, il se trouve que ce n’est pas moi qui en ait choisi une autre. » Parce que si j’avais eu beaucoup de difficultés à accepter le fait que Ryleigh ne m’aimait pas comme moi je l’aimais, qu’elle continuait de me voir comme son ami d’enfance plutôt que comme compagnon potentiel, c’était avant tout le fait qu’elle choisisse cet autre garçon plutôt que moi qui me rendait aussi amer. « Tu ne te remettras donc jamais en question. C'est bien dommage, il y aurait tant à dire pourtant, monsieur perfection incarnée. » crachait-elle et je levais alors les yeux au ciel, agacé par son comportement qui ne menait à rien. « Je suis disposé à t’écouter si tu le souhaites » répliquais-je du tac au tac. « Vide donc ton sac. » Après tout, si cela devait être notre seule confrontation sur le sol australien, autant le faire en bonne et due forme dans les règles de l’art. Et par pure provocation, grandement aidé par des années de pratique auprès de mes parents, je jouais la carte de la provocation, enfonçant un peu plus le couteau dans la plaie, poussant Ryleigh dans ses retranchements en jouant à l’imbécile une dernière fois avant de quitter ces lieux qui ne m’apporteraient rien de bon, que ce soit de la part de Maura ou de Ryleigh. Pas franchement étonnant que ces deux-là se soient toujours bien entendus. Mais la jeune anglaise ne me laissait pas m’en tirer pour si bon compte, exprimant son espoir d’une trêve qui déclenchait chez moi une réaction incontrôlée, réflexe de l’homme blessé qui se défendait comme il pouvait, aggravant son cas un peu plus. Et au milieu de la colère et du rejet, je m’autorisais (incapable de réellement le contrôler) à me montrer plus sombre, moins cynique, plus touché, blessé, meurtri. Et c’était au tour de la belle de partir dans les tours, me renvoyant à la figure ce qui me pendait au bout du nez depuis le début de cette conversation et je ne pouvais pas dire que cela m’étonnait réellement. Une partie de moi avait espéré déclencher chez elle une réaction de la sorte, la faire réagir tout court. « J't'ai jamais rejeté Charlie. C'est toi qui est parti tout seul. » J’avais ouvert la bouche pour répliquer, prêt à rétorquer que c’était peut-être moi qui était parti mais que c’était de son fait à elle, que c’était elle qui m’avait donné le motif pour partir, qui avait déclenché chez moi ce besoin de fuir. Mais elle poursuivait sur sa lancée, bien décidée à s’exprimer une bonne fois pour toute sans me laisser l’interrompre. Alors je fermais ma bouche pour écouter ce qu’elle avait à dire ensuite : « T'es parti parce que t'avais pas compris que c'était trop tard. T'as jamais compris ça hein ? tout est de ma faute, c'est vrai parce que j'ai dit non. » Et plutôt que de me pousser dans mes retranchements à mon tour, ces propos semaient le trouble dans mon esprit. Trop tard ? Mais pourquoi donc ? « Tu ne vas quand même pas essayer de me faire croire que c’est moi qui t’ai poussé à dire non ? Que tu étais contrainte de faire les choses de cette façon ? » C’était un choix qu’elle avait pris en son âme et conscience, un libre arbitre que je reconnaissais. Elle était libre de ses sentiments, j’étais libre des miens. De ce constat-là, j’étais parfaitement libre de mettre de la distance avec elle plutôt que de la regarder en aimer un autre. « T'as attendu que je t'échappe, c'était un peu trop facile, tu ne crois pas ? J'étais là Charlie, j'ai toujours été là bon sang. C'est quand j'ai lâché prise que tu t'es pointé avec ta belle gueule et ce putain de sourire que j'ai plus jamais revu. Ce sourire qui m'a tant fait mal parce que je savais que j'pourrais pas faire en sorte que tu le gardes à jamais. » ajoutait-elle, plus bas, presque plus calmement. « Bon voyons, c’est vrai que c’était calculé. C’était vachement sympathique en plus de te voir partir avec lui. » répliquais-je, acide, agacé par ses propos et ses sous-entendus que je ne comprenais pas totalement. J’avais peut-être un peu tardé à lui avouer mes sentiments, mais cela n’avait rien eu de prémédité. Je m’étais simplement levé un matin en me disant que la situation ne pouvait plus durer, que je ne pouvais plus attendre avant de me livrer à elle sur la nature de mes sentiments. Et le soir-même, j’étais rentré, le cœur en miette, après l’avoir vue opter pour cet autre garçon. « T'as raison, j'ai fait mon choix. Après tout, c'était trop facile de te dire non. Comme si je ne t'avais jamais aimé. » Un soupir las m’échappait, elle s’évertuait à ne pas vouloir comprendre. Elle m’avait refusé son amour, je lui avais refusé mon amitié. Je voulais bien croire que les choses n’étaient pas sans déception pour elle mais il me semblait que j’avais quand même plus de raisons qu’elle de me plaindre de la situation. « Tu te plantes sur toute la ligne et t'es persuadé d'avoir raison. Seulement tu n'as vu que ce que tu voulais voir. T'étais persuadé d'être le seul à avoir mal et t'as jamais pensé un seul instant que j'pourrais en pâtir aussi. Non bien sûr, y avait que toi et ton malheur. » Je l’observais, lèvres pincées, dubitatif et à mi-chemin entre une sorte de résignation et l’agacement. « C’est bon Ryleigh, je n’ai pas besoin de tes leçons de morale. » sifflais-je. C’était bien là mon moindre défaut, j’avais beaucoup de mal à me laisser remettre en place, à me remettre en question. Mais c’était plus fort que moi, j’avais du mal à ne rien dire quand Ryleigh m’accusait d’être égoïste quand tout dans son comportement puait l’égoïsme. « La météo ne changera rien à tout ça. il pleuvra toujours. » qu’elle concluait tragiquement et je soupirais de nouveau, levant les yeux au ciel. Elle s’était braquée, fermée comme une huitre à tout dialogue, tout comme je le faisais depuis des années avec elle. Et alors que j’aurai dû profiter de cette conclusion pour filer, m’échapper de son emprise, la laissant bouillonner dans son coin, je restais planté face à elle. « Je n’ai jamais dit que tu n’avais pas le droit d’avoir mal… Juste que.. » Que quoi ? Qu’il fallait que sa douleur ne soit pas comparée à la mienne ? Qu’elle prenne son mal en patience comme je le faisais ? Je laissais ma phrase en suspens, mes yeux venant retrouver les siens d’un bleu électrique qui me faisait chavirer le cœur. « Je besoin de temps, d’accord ? » Je la regardais, attendant une réaction de sa part, incapable de la laisser seule comme ça au milieu de ce hall. « Pour moi aussi cette situation n’a rien d’idéale. C’est juste que… Chaque fois que je te vois, c’est ce jour-là que j’ai en tête. » C’était là le fond du problème, la source de nos ennuis : j’étais incapable de passer à autre chose. Pourtant, ce n’était pas faute d’avoir envie. Elle me manquait terriblement, chaque entrevue avec elle me le confirmait et c’était encore pire maintenant que je n’avais pas eu le loisir de la côtoyer pendant cinq ans.
tu as beau essayer, tu n'y arrives pas. être détachée, garder le calme imperturbable dont tu uses avec aisance quand tu as besoin d'être assassine, te sentir à l'aise dans tes escarpins, faire briller cette assurance que tu possèdes depuis que tu es gamine. il suffit qu'il te regarde pour que tout ce que tu es ne soit bousillé en une seconde. cette carapace inviolable qui te protège depuis tout ce temps, elle est réduite à néant dès l'instant où son regard croise le tien. comme si la distance et le temps n'avaient rien effacé de ce que tu avais pu ressentir autrefois. en revanche, vos disputes ne t'avaient pas manqué, elles. poids beaucoup trop lourd qui pèse sur tes épaules et écrase, par la même occasion, ton palpitant bien trop endommagé par les erreurs du passé. il s'emporte bien trop vite, l'homme aux yeux bleus. il ne te fait aucun cadeau, ne mâche pas ses mots. pour quelle raison le ferait-il de toute façon ? quand il parle de vos quinze ans, ça te laisse un goût amer au fond de la gorge, comme si la vague de souvenirs n'était pas la même pour vous deux. et cette vague était clairement différente. parce que, toi, quand tu avais quinze ans, tu éprouvais déjà d'autres sentiments à son égard. à quinze ans déjà, tu avais conscience d'éprouver quelque chose de bien plus fort que ce que tu n'avais pu ressentir jusque là. mais lui, lui il ne ressentait pas la même chose. tu le savais bien, toi. tu as cessé de compter le nombre de fois où tu lui as tendu des perches. il ne les a jamais saisies. alors non, tu ne regrettes pas l'époque de tes quinze ans. tu t'es plutôt acharnée à les oublier afin qu'elles ne te heurtent plus. jamais. en vain. parce que tu y repenses bien trop souvent encore et le revoir devant toi, aujourd'hui, n'aide en rien à ta guérison que tu pensais pourtant être complète. foutus sentiments à la con. et puis, il faut bien noter son comportement. cette froideur habituelle, cette façon de rejeter la faute sur toi sans pour autant vouloir accepter sa part de responsabilité. ça t'agace, ça te fait perdre patience. tu deviens cynique, cassante. tu te poses en victime pour essayer de lui faire comprendre qu'il n'est pas le seul à avoir souffert de la décision que tu avais prise à l'époque. et pourtant, tes efforts n'arrivent pas à le faire douter, ne serait-ce qu'une micro-seconde. les œillères qu'il porte sont à leurs places depuis bien trop longtemps maintenant et tu en arrives même à douter de ta capacité à pouvoir enfin les lui retirer. méchante sorcière, je ne sais pas. la réalité étant ce qu’elle est, il se trouve que ce n’est pas moi qui en ait choisi une autre. et voilà, c'est reparti pour un tour. tu soupires et lèves les yeux au ciel. oh je t'en prie charlie, t'aurais fait la même chose à ma place. tu n'en doutes pas une seule seconde. tu n'as pas essayé d'écouter, tu n'as pas essayé de comprendre. non, toi, t'as juste tourné les talons et point barre. c'est con, on aurait pu éviter tout ça. t'as beau croire en ce que tu avances, être persuadée d'avoir raison, tu sais qu'il trouvera quelque chose à redire et que tes mots se retourneront contre toi. parce qu'à ses yeux, tu es la méchante sorcière de l'histoire, quoi qu'il en dise. il n'est pas capable de se remettre en question, pas capable de voir plus loin que le bout de son nez. il n'y a que lui qui compte et tu ne te gênes pas pour le lui dire d'ailleurs. je suis disposé à t’écouter si tu le souhaites. vide donc ton sac. tu te retiens d'éclater de rire. t'es tellement prévisible, même après tout ce temps. tu te mords la lèvre inférieur et l'un de tes mains se faufile dans tes cheveux. t'es nerveuse, toi. parce que, dans ton état, tu serais capable de dire des choses que tu regretterais. tu dois peser tes mots parce que tu sais bien que ça pourrait faire plus de mal que de bien. toi qui cherche à apaiser les tensions, tu n'es pas certaine que cette discussion aille en ce sens. cela dit, tu ne peux pas rester silencieuse non plus. tu me fatigues charlie. que tu finis par souffler. la provocation, te pousser à bout, aller titiller la limite. trop prévisible, trop tentant. et pourtant, toi, ça arrive à te décevoir. comme si tu avais espéré un peu de fraîcheur, de changement, de nouveauté. mais non. tu ne vois rien, t'as jamais rien vu. tu comprends rien non plus, t'as jamais rien compris. tes épaules qui s'affaissent et ton regard qui l'évite. t'as tellement l'habitude de te prendre pour le centre du monde que tu ne fais même pas attention à ce qui se passe autour de toi. si seulement t'étais capable d'ouvrir les yeux charlie, si seulement t'avais le courage de retirer les œillères que tu portes depuis trop longtemps. calme olympien dans le ton de ta voix et pourtant, tu refuses de le regarder. comme si cela pouvait impacter plus si tes prunelles rencontraient les siennes. tu ne sais pas lire entre les lignes. pas étonnant, t'es un mec. tu retiens un rire amer, faisant de lui une généralité d'une banalité extravagante. tu prends la fuite quand la situation t'échappe. tu tournes les talons et tu te casses, comme si ça te passait au-dessus de la tête alors que ça n'a pour effet que de te détruire à l'intérieur. alors que si tu prenais le temps de rester, de parler plutôt que d'ignorer, d'accepter plutôt que de repousser ... mouvements de tête, de droite à gauche. tes dents qui viennent à nouveau capturer ta lèvre inférieure. t'façon, je ne sais pas vraiment à quoi ça sert que j'te dise tout ça, tu n'm'écouteras pas. haussement d'épaules. c'est vrai après tout. pourquoi t'écouterait-il maintenant alors qu'il n'a pas été capable de le faire plus tôt ? résignée, voilà dans quel état tu te trouves. tant d'années écoulées et pourtant, tu n'arrives toujours pas vraiment à exprimer le fond de ta pensée. parce que tu t'étais promise de ne jamais le lui avouer. tu te sens totalement incapable de lui dire que tu étais bel et bien amoureuse de lui à cette époque-là, avant même qu'il ne t'avoue ses propres sentiments. mais quand il l'a fait, lui, c'était beaucoup trop tard. t'avais mis tellement de temps à tourner la page, à essayer d'avancer. alors quand il s'est pointé, la gueule enfarinée, toi, t'as pas trouvé autre chose à lui dire que de refuser son offre. tu ne lui appartenais plus. ou du moins, pas complètement. t'as peut-être bien voulu lui faire mal, aussi fort qu'il te l'avait fait. mais t'as regretté, aussitôt ton refus prononcé. et histoire d'enfoncer le clou, monsieur s'était vexé et avait pris la fuite. comme d'habitude. tu ne vas quand même pas essayer de me faire croire que c’est moi qui t’ai poussé à dire non ? que tu étais contrainte de faire les choses de cette façon ? tu hausses les épaules, une nouvelle fois. sauf que, cette fois-ci, une légère moue enfantine prend place sur ton visage, appuyant silencieusement sa théorie. alors, plus bas, plus calmement, tu lui balances le couplet sur sa réaction tardive. cela dit, les œillères de monsieur sont bien trop incrustées pour être arrachées d'un coup sec. bon voyons, c’est vrai que c’était calculé. c’était vachement sympathique en plus de te voir partir avec lui. tu soupires, tu lèves les yeux au ciel. c'est exaspérant d'être borné à ce point-là. encore heureux que ce n'était pas calculé. que tu laisses échapper, indépendamment de ta volonté. tes lèvres se pincent, tu fermes tes paupières un court instant avant de reprendre un semblant de contenance. ça mène à rien tout ça. tu ne fais aucun effort, tu n'écoutes pas ce que je te dis. léger mouvement de la main en signe d'abandon. fatiguée, épuisée de tenter de te justifier sans avoir un interlocuteur attentif en face de toi. c'est pour cette raison que tu lui dis qu'il se plante sur toute la ligne, qu'il n'a pas pris en compte la possibilité qu'il n'ait pas été le seul à souffrir de ce refus qui s'était échappé d'entre tes lèvres ce jour-là. c’est bon ryleigh, je n’ai pas besoin de tes leçons de morale. tu lèves les mains comme pour te protéger, fais un pas en arrière, comme si tu voulais retirer ce que tu avais dit. sauf que pas vraiment. c'est juste le ton de sa voix qui te fait froid dans le dos. ça ne te ferait pas de mal pourtant. que tu balances, incapable de t'en empêcher. et pourtant, tu reprends aussitôt ta posture de défense, mains en l'air et visage presque désolé. parce que malgré ton agressivité détournée, tu lui as pourtant clairement fait comprendre que tu souhaitais que les choses s'arrangent ou du moins que les tensions s'apaisent. celui qui fut un jour ton meilleur ami a bien l'intention de te laisser planter là, te parlant de la météo et de ton acclimatation aisée à ce nouveau pays. toi, tu joues dans la poésie avec une métaphore sur la pluie et le beau temps. subtilité de cette femme si fragile derrière une carapace en béton armée, tu fais preuve d'une maturité nouvelle, à laquelle tu sais qu'il n'a pas pu avoir affaire puisqu'il ne t'adressait plus la parole. tu pensais qu'il en aurait profiter pour s'éclipser, comme il savait si bien le faire depuis des années. toi, t'es à bout, exténuée par cette nouvelle confrontation dont la finalité semble compromise. je n’ai jamais dit que tu n’avais pas le droit d’avoir mal … juste que ... j'ai besoin de temps, d’accord ? tu te mords le bout de la langue. le temps. il défile à une vitesse incroyable. trop d'années se sont écoulées et tu souffres de son absence. un peu plus tous les jours. il te manque une partie de toi. t'es pas complète depuis qu'il est parti, t'es plus vraiment toi-même. et ça te rend malade de devoir te battre aussi fougueusement pour tenter de le récupérer, ne serait-ce qu'avoir un semblant de sourire. pour moi aussi cette situation n’a rien d’idéale. c’est juste que … chaque fois que je te vois, c’est ce jour-là que j’ai en tête. tu humidifies tes lippes, hochant la tête légèrement. j'comprends, tu sais. étrangement d'accord avec lui, pour une fois depuis bien longtemps. tu es comme apaisée mais tu sais bien que cet état d'esprit n'est que passager. ça fait quoi, huit ans, pas loin d'neuf ... tu me manques charlie. surprise d'une sincérité sans limite. t'arrives même à te faire peur toute seule. tu dois pas avoir envie de l'entendre et pourtant j'ai besoin que tu le saches. parce que du temps, on ne sait jamais combien il nous en reste. tes pensées dérivent vers ta meilleure amie et sœur aînée de l'homme aux yeux bleus. la médecine a fait d'énormes progrès, tu es optimiste quant à son avenir. cela dit, un imprévu est pourtant si vite arrivé. t'as eu du temps charlie, j'veux bien croire que ce soit encore compliqué mais tu pourrais faire un effort quand même. je sais pas, ne serait-ce que pour que tu vois autre chose que ce jour-là quand tu me regardes. j'aurais au moins l'impression de ne plus être un monstre de foire, ce ne serait pas du luxe. tu oses une pointe d'humour qui n'en n'est pas vraiment. tu cherches encore les mots suivants mais rien ne te vient. peut-être que le temps n'a finalement rien arrangé, peut-être que t'as juste perdu tout contrôle et que ça te fout le trouille, peut-être que tu n'arriveras jamais à le retrouver. trop de doutes et pourtant, t'espères encore. pauvre conne.
It was great at the very start. Hands on each other, couldn't stand to be far apart. Closer the better. Now we're picking fights and slamming doors. Magnifying all our flaws. And I wonder why, wonder what for, why we keep coming back for more? △
ryleigh & charlie
Le temps était une bien étrange chose, un concept abstrait qui se voulait aussi salvateur que destructeur. Voilà huit ans, huit années maudites que j’avais ouvert mon cœur à Ryleigh. Et s’il aurait été normal de penser qu’après autant de temps, les choses auraient pu se tasser, s’apaiser entre nous, il n’en était rien de toute évidence. Le temps avait, certes, atténué la douleur de la savoir si proche de moi et pourtant si loin, mais mon cœur se serrait encore et toujours à l’évocation de son prénom. Ma bouche était devenue sèche aussitôt que mes yeux clairs s’étaient posés sur sa silhouette que j’aurai reconnue entre milles, mon palpitant avait raté un battement ou deux et mon estomac s’était tortillé d’une bien étrange façon lorsque son parfum m’était parvenu. Huit ans et pourtant, j’avais toujours Ryleigh Egerton dans la peau. Ce n’était pourtant pas faute d’avoir essayé d’oublier jusqu’à son prénom qui avait hanté une bonne partie de mes nuits. Rien n’aurait pu me préparer à cette rencontre, à ces retrouvailles forcées bien trop prématurées à mon goût, pas même le texto qu’elle avait eu la bienséance de m’envoyer quelques jours plus tôt. Encore aujourd’hui, je ne parvenais pas à comprendre cette attraction qu’elle exerçait sur moi. Ryleigh était-elle donc une sorcière à ses heures perdues, s’amusant de mes sentiments, me forçant par un quelconque charme à continuer d’éprouver pour elle ces sentiments si forts et pourtant vains. Pourtant, nombreux étaient ceux qui avaient douté de ma capacité à aimer, qui doutaient encore à ce propos. Et je devais avouer en toute honnêteté que j’en avais fait partie, fut un temps. Mais j’avais fini par comprendre ce que c’était que cet élan amoureux, cette impression que votre existence trouvait soudainement un tout nouveau centre de gravité, autre que le centre de la planète sur laquelle nous nous trouvions. Et j’étais agacé, profondément énervé contre moi-même de continuer à me sentir aussi peu confiant, aussi peu moi-même (ou peut-être, au contraire, autant moi-même) en sa compagnie. J’avais espéré que cinq années loin l’un de l’autre auraient suffi, mais il n’en était rien. Clairement, quelque chose ne tournait pas bien rond chez moi. Et cette frustration que j’éprouvais vis-à-vis de la faiblesse de mon cœur, mêlée à cette vieille rancune que j’offrais à Ryleigh depuis ce fatidique jour, me rendait on-ne-pouvait-plus acide avec la demoiselle. Pour sûr, question comité d’accueil, on avait vu mieux. Système d’auto-défense testé et approuvé, j’attaquais avant de laisser l’adversaire abaisser ses cartes à son tour. J’envoyais les piques, distribuaient les répliques cinglantes sans manquer de balancer à Ryleigh ses quatre vérités. Mais elle n’écoutait pas. Elle m’entendait, faisait mine de s’intéresser aux mots qui sortaient de ma bouche mais elle n’en intégrait pas le réel sens, continuant d’essayer de rejeter la faute sur ma personne. Nous étions deux pauvres idiots à nous refiler une patate chaude. « Oh je t'en prie Charlie, t'aurais fait la même chose à ma place. » Aussitôt, mon visage se fermait un peu plus, mes lèvres se pinçaient pour ne former plus qu’une fine ligne en travers de mon visage. Je me fermais comme une huitre, suite à sa réplique. Comment Ryleigh pouvait-elle seulement croire que si je m’étais trouvé dans sa situation, je n’aurais même pas été capable de choisir une autre plutôt qu’elle, même si je l’avais voulu. Parce qu’elle s’était débrouillée pour qu’à ses côtés, aucune femme ne soit aussi intéressante, aussi belle, aussi vive d’esprit, aussi envoutante. Elle m’avait piégé, avait abaissé une à une mes défenses, ces remparts que j’avais érigé pour protéger mon cœur de bien des tourments, pour me planter un poignard dans le dos au pire moment. Je m’étais mis à nu pour lui avouer mes sentiments, allant alors contre ma nature profonde, me faisant violence de peur de la perdre et conscient que si je ne me donnais pas cette peine jamais je n’aurais la moindre chance de la faire mienne. Et pourtant, elle m’avait filé entre les doigts, je l’avais regardé me tourner le dos pour se jeter dans les bras d’un autre. Non, pour sûr, je n’en aurai jamais été capable. Mais je me refusais de lui avouer cette triste vérité. Elle m’avait brisé le cœur, elle n’allait pas non plus piétiner la fierté qu’il me restait. « Tu n'as pas essayé d'écouter, tu n'as pas essayé de comprendre. Non, toi, t'as juste tourné les talons et point barre. C'est con, on aurait pu éviter tout ça. » Je reniflais, méprisant. Elle divaguait et je ne comprenais pas la moitié de ce qu’elle voulait bien raconter. Sa réponse avait été très claire, son regard avait parlé pour elle avant même que mon prénom ne sorte d’entre ses lèvres. Il n’y avait rien d’autre à comprendre ni rien d’autre à écouter que ce qu’elle m’avait servi ce jour-là. « T’as raison, j’aurai mieux fait de me taire ce jour-là. Tourner sept fois sa langue dans sa bouche, il me semble que c’est l’expression consacrée n’est-ce pas ? » J’étais de mauvaise foi, faisant tout mon possible pour me rendre aussi insupportable que possible. Pourtant, je n’avais pas envie qu’elle me déteste, oh non. Mais c’était plus facile pour moi de rester loin d’elle et de son aura attractive, si elle ne manifestait pas l’envie de s’approcher de moi outre mesure. Mais comme elle me reprochait de ne pas l’écouter, je la défiais de vider son sac. « T'es tellement prévisible, même après tout ce temps. Tu me fatigues Charlie. » qu’elle répliquait-alors, désabusée et je lui servais pour toute réponse un sourire aigre. Et alors que je pensais qu’elle n’irait pas plus loin, que la conversation venait de trouver une fin, sa voix me parvenait aussitôt, me faisant relever les yeux vers son visage de porcelaine : « Tu ne vois rien, t'as jamais rien vu. Tu comprends rien non plus, t'as jamais rien compris. T'as tellement l'habitude de te prendre pour le centre du monde que tu ne fais même pas attention à ce qui se passe autour de toi. Si seulement t'étais capable d'ouvrir les yeux Charlie, si seulement t'avais le courage de retirer les œillères que tu portes depuis trop longtemps. Tu ne sais pas lire entre les lignes. Pas étonnant, t'es un mec. » Je levais les yeux à sa dernière réplique, sifflant un petit : « Ben voyons… » Mais ça m’agaçait de l’entendre me ranger dans un vulgaire sac avec le reste des mecs, comme elle disait. Si j’avais depuis longtemps fait une croix sur son amour, je m’étais toujours plus ou moins accroché au fait qu’elle semblait avoir une certaine estime de ma personne, au moins un minimum d’affection, tribu de ces années passées ensemble dès notre plus jeune âge. « Tu prends la fuite quand la situation t'échappe. Tu tournes les talons et tu te casses, comme si ça te passait au-dessus de la tête alors que ça n'a pour effet que de te détruire à l'intérieur. Alors que si tu prenais le temps de rester, de parler plutôt que d'ignorer, d'accepter plutôt que de repousser ... T'façon, je ne sais pas vraiment à quoi ça sert que j'te dise tout ça, tu n'm'écouteras pas. » ajoutait-elle, ignorant ma précédente intervention. Néanmoins, une petite voix au fond de ma tête, m’indiquait que j’étais touché. Ryleigh n’avait pas tort sur toute la ligne à mon propos. Elle m’avait fréquenté longtemps, et si elle ignorait beaucoup de choses sur moi, elle en connaissait aussi beaucoup d’autres. J’avais fui Londres, en partie pour suivre Théodora, mais également pour fuir mes parents et cet amour à sens unique. Ca avait bien trop difficile de la supporter toutes ses années, de la voix évoluer dans le même cercle de moi, tout en sachant que jamais je ne ferai partie intégrante de sa vie. Dans le silence, nos regards se jaugeaient, s’affrontant en silence alors que nous essayons l’un l’autre de déchiffrer les pensées de l’autre. Une part de moi avait envie de lui balancer de la façon la plus crue, la plus vraie, la plus honnête, que je n’avais pas eu le choix, que c’était la fuite ou le désespoir. Que c’était bien trop difficile de l’avoir à portée de main en sachant que jamais je ne pourrais la toucher. Alors je me taisais, mon regard se durcissant de nouveau, ma mâchoire se crispant. Et je finissais par lui demander si elle n’essayait pas clairement de me faire porter le chapeau pour tout. « Encore heureux que ce n'était pas calculé. Ca mène à rien tout ça. Tu ne fais aucun effort, tu n'écoutes pas ce que je te dis. » répondait-elle et je finissais par lâcher un grognement agacé avant de lui demander de m’épargner ses leçons de morale. « Ca ne te ferait pas de mal pourtant. » Ryleigh n’avait jamais eu froid aux yeux, c’était bien la seule à avoir le courage de m’affronter, même lorsque j’étais mal luné. Elle n’avait jamais eu peur de me rendre la pareille et visiblement les choses n’avaient pas changées. « Ne commence pas. » la menaçais-je alors, d’une voix blanche, témoin de ma montée en pression. Contenir mes émotions face à la brune, garder cet air neutre que je voulais tant lui renvoyer me demandait tout mon self control. Et sans trop savoir si c’était l’effet de ma menace ou simplement parce qu’elle s’était rendue compte qu’elle me cherchait ouvertement, mais son expression changeait aussitôt, s’adoussiçant quasiment instantanément. L’envie de prendre la fuite me reprenait alors, j’avais envie de quitter cet endroit, de mettre fin à ce supplice que de l’avoir en face de moi. Je gardais cependant mon calme, évoquant ce besoin de prendre mon temps encore pour panser mes blessures, lui avouant que ces dernières n’étaient pas totalement cicatrisées. « J'comprends, tu sais. Ca fait quoi, huit ans, pas loin d'neuf ... Tu me manques Charlie. » Cet aveu suivi de mon prénom me glaçait le sang, me figeait sur place bien que je n’en laissais quasiment rien paraitre. Une part de moi avait envie de lui crier qu’elle me manquait aussi, de la prier de ne pas me laisser reprendre ma distance avec elle, mais je pinçais mes lèvres plus fort pour retenir ce cri du cœur. Je m’étais assez ridiculisé, assez livré à Ryleigh. « Tu dois pas avoir envie de l'entendre et pourtant j'ai besoin que tu le saches. Parce que du temps, on ne sait jamais combien il nous en reste. » qu’elle ajoutait, inconsciente de ce que ses révélations provoquaient chez moi. Un frisson me hérissait légèrement les cheveux sur la nuque à l’évocation du temps qui filait inexorablement. Huit ans, bon sang. Huit ans que Ryleigh avait plus ou moins quitté ma vie et j’étais encore vivant, en chair et en os. Moi-même j’avais du mal à m’y faire. « T'as eu du temps Charlie, j'veux bien croire que ce soit encore compliqué mais tu pourrais faire un effort quand même. Je sais pas, ne serait-ce que pour que tu vois autre chose que ce jour-là quand tu me regardes. J'aurais au moins l'impression de ne plus être un monstre de foire, ce ne serait pas du luxe. » Elle me tirait alors un faible sourire en coin, qui disparait cependant bien vite. Comment se faisait-il qu’une seule personne puisse faire naître en moi des sentiments aussi contradictoires que puissants ? J’avais envie de la serrer contre moi, au moins autant que j’avais envie de mettre le plus de distance entre elle et moi. Autant envie de l’étreindre que de la faire sortir de ma vie à tout jamais. Dans un mouvement à peine conscient, ma main s’était approchée de son visage, survolant la peau de sa joue un instant. La brûlure de ce contact me faisait aussitôt reprendre mes esprits et ma main retombait le long de mon flan, rapidement. « D’accord » capitulais-je, presque à contre cœur, conscient de ne pas avoir trop le choix de toute façon. J’étais condamné à vivre dans la même ville que cette fille, autant essayer d’y voir plus clair. Ce n’était pas un grand discours mais Ryleigh devait me connaître suffisamment pour mesurer l’effort que cette simple interjection me demandait. Par ce simple mot je lui signifiais qu’à la prochaine rencontre, je prendrais sur moi pour essayer de faire comme si de rien n’était et pour ne pas prendre la fuite. « Gauthier sera ravi de te savoir en ville. » glissais-je alors, la fixant étrangement, comme hypnotisée par ses iris saphir. Mon corps était tiraillé entre le besoin de quitter cet endroit et la volonté de ne pas trop m’éloigner d’elle malgré notre relation chaotique. Prenant néanmoins sur moi, je m’adressais à elle, sur le départ : « Tu voudras bien dire à Maura que je suis passé la voir ? » Pour sûr, mes retrouvailles avec ma grande sœur attendraient que je me sois remis de mes retrouvailles avec la belle brune.
jouer la carte de la subtilité n'était visiblement pas ce que tu avais de mieux à faire. comme si tu avais oublié qu'il ne pourrait pas lire entre les lignes. tu le lui reproches et pourtant, tu persistes à ne pas vouloir mettre les mots justes sur ce que tu avances. incapable d'avouer que tu l'avais aimé, incapable d'avouer que ce qu'il ressentait, à l'époque, avait bel et bien été réciproque. ça éviterait pourtant bien des complications à votre histoire. ou alors, à l'inverse, cela en rajouterait d'autres. t'arrives pas vraiment à contrôler la situation et ça t'agace fortement. maniaque du contrôle, y a tout qui te glisse entre les doigts sans que tu n'y puisses rien. t'as beau calculer les risques, lui dire ce que tu ressentais ne te semblait pas être une si bonne idée que ça. alors tu te contentes de rejeter la faute sur lui sans qu'il n'y comprenne rien. t’as raison, j’aurai mieux fait de me taire ce jour-là. tourner sept fois sa langue dans sa bouche, il me semble que c’est l’expression consacrée n’est-ce pas ? tu lèves les yeux au ciel, pousses un soupire et montres que tu abandonnes par un geste très explicite de tes mains qui montent pour retomber le long de ton corps. laisse tomber, tu ne veux pas comprendre, ça ne sert à rien. fatiguée de tenter de t'expliquer sans pour autant pouvoir en dire trop. tu y arriveras probablement un jour, mais pas aujourd'hui. t'aimerai pourtant, être en mesure de lui dire que tu l'aimais, lui dire que t'as eu tellement mal de devoir le repousser, lui dire que t'aurais voulu avoir le courage de mettre en péril votre amitié si importante pour lui parler de ce que tu ressentais. il paraît qu'avec des si, on mettrait paris en bouteille. tu n'as pas tenté l'expérience, pas simple peur de perdre ce que tu possédais déjà. parce que son aveu a été si tardif et que tu ne savais pas si, au moment où toi tu as senti les choses évoluer, il aurait été en mesure de te donner ce que tu attendais ou bien si cela briserait quelque chose entre vous. il a eu le beau rôle au moins. il n'a pas eu à dire non, lui. il a eu la tâche facile de simplement se retirer. tu es bien consciente de ce que ça a dû lui coûter de poser son cœur entre tes mains, t'es certainement la mieux placée pour savoir l'effet que ça fait. cela dit, lui, il n'a pas conscience de ce que ça a dû te coûter, à toi, d'avoir à le piétiner comme tu l'as fait. par simple instinct de conservation, de protection. difficulté d'une vie qui a pris un virage bien trop violent. t'en as marre de jouer, t'en as marre de te faire rabaisser, t'en as marre d'avoir le mauvais rôle. t'aimerai juste retourner à ce jour si pénible pour changer le cours des choses. parce que t'aurais dû le faire, parce que t'as juste pas eu le courage, parce que ça aurait heurté ta fierté de plein fouet, parce que t'étais pas prête et pour tant d'autres raisons. et il te pousse un peu plus à bout en te demandant de vider ton sac. tu savais qu'il le ferait et tu n'hésites pas à appuyer sur sa prévisibilité. son expression a une légère tendance à te ravir. c'est pour cette raison que tu décides de mettre les pieds dans le plat plutôt que de te taire, comme tu l'aurais fait par le passé. tu étales ce que tu ressens, à la fois dans la retenue, la subtilité mêlée à l'agressivité dont tu peux faire preuve parfois. tu le respectes pourtant bien trop pour te permettre de l'incendier comme tu l'aurais fait avec d'autres. caractère bien trempé digne de ton nom de famille, tu retiens les chevaux mais optes tout de même pour une pique qui le blessera en le mettant dans le même sac que tous les hommes. tu n'en penses pas un mot cependant mais tes talents d'actrice font le boulot pour toi. charlie, il n'est pas comme les autres. ta sœur ne serait certainement pas d'accord avec toi. elle ne l'a jamais été en ce qui concerne la présence du brin à tes côtés et encore moins quand elle a comprit ce que tu ressentais véritablement pour lui. sujet de discorde permanent au sein de ta fratrie pourtant si soudée. tu continues sur ta lancée, ne t'arrêtant pas en si bon chemin. s'il veut savoir ce que tu penses, autant que tu ne laisses rien au hasard. le silence de charlie en dit long. tu as touché la corde sensible. tu le connais bien, tu sais que tu as marqué un point quand il n'a rien à ajouter. pour la simple et bonne raison que tu réagis de la même façon. malgré cette querelle incessante, vous restez pourtant si semblables. jeu de regards, à celui qui tiendra le plus longtemps sans faillir. vous êtes forts à cet exercice. il finit par te demander si tu ne rejettes pas clairement la faute sur lui et tu te vexerais presque si ce n'était pas un peu le cas. tu t'efforces pourtant de lui faire comprendre qu'il a une part de responsabilité à jouer dans cette histoire mais tu n'y arriveras pas. pas tant que tu n'auras pas prononcé les mots que tu te refuses à dire. il te dit qu'il n'a pas besoin de tes leçons de morale et, fidèle à toi même, tu lui tiens tête. ça ne lui ferait pas de mal, que quelqu'un soit en mesure de le remettre à sa place. tu dois bien être l'une des seules, si ce n'est peut-être même la seule, personnes à toujours te dresser devant lui, peut importe son état d'esprit, surtout quand il était de mauvaise humeur. ne commence pas. tu secoues légèrement la tête et ton regard à la fois rempli de malice et de cette détermination sans faille, devance tes paroles. je reprends là où je m'étais arrêtée, nuance. que tu souffles, bien décidée à ne pas lâcher le morceau. parce que, tant qu'à faire, tu ne comptes pas céder le moindre petit bout de terrain de plus. cela fait bien trop longtemps que tu attends ce moment et ce n'est certainement pas pour t'écraser dès le premier round. hors de question que tu renonces à l'idée même de pouvoir récupérer ne serait-ce qu'une infime emprise sur le britannique. tu te surprends même à lui dire qu'il te manque. cette révélation t'effraie au plus au point. prise de conscience de la faiblesse de ton âme écorchée par son absence. prise de conscience d'un instant de perte de contrôle totale sur tes mots qui se font la malle sans que tu n'ais le temps de les retenir. tu poursuis ton argumentaire en appuyant sur le fait que le temps défile à une vitesse ahurissante. t'arrives même, avec une pointe de nostalgie et de doute, à évoquer l'instabilité d'une vie. tu penses inévitablement à maura, à sa maladie et à la possibilité d'une fin tragique. parce que tu as l'espoir vivace mais que tu as déjà eu le temps d'explorer tous les scénarios possibles depuis qu'elle t'a mise dans la confidence. tu refuses de croire qu'elle est condamnée, tu sais qu'elle va s'en sortir, tu y crois dur comme fer et jamais tu ne pourras songer à un futur différent de celui que tu dépeins dans tes songes. tu chasses tes pensées divagantes pour te concentrer à nouveau sur l'instant présent, incitant l'anglais à faire des efforts pour qu'il ne te voit plus comme l'ennemi. huit ans, c'est bien trop long pour te faire payer ton refus. tu estimes avoir remboursé ta dette avec ce si long silence, tu estimes être en mesure de revenir dans sa vie, tu estimes avoir fait ta part du marché. t'as besoin de créer de nouveaux souvenirs pour que ce jour sombre s'efface de ses iris lorsque son regard se pose sur toi. t'as besoin d'un peu plus de douceur, bien que tu sois du genre à te complaire dans l'animosité et les rapports de force. t'as besoin de changements, t'as besoin de retrouver ce que tu as perdu ou du moins d'en entrevoir un tout petit bout. tes paupières se ferment automatiquement au contact de sa main sur la peau de ta joue. contact électrisant qui déclenche un frisson le long de ta nuque. instant bien trop court mais qui suffit amplement à te mettre le cerveau hors-service le temps que cela dure. d'accord. fin sourire qui se dessine sur ton visage et tes dents qui viennent attraper ta lippe inférieure. tu acquiesces en silence, satisfaite de la capitulation inespérée de celui qui fut pendant longtemps ton meilleur ami. c'est un pas de plus que tu prends sans rechigner parce que tu te dis que c'est toujours mieux que rien. et puis, tu le sais bien, toi, ce que ça lui coûte de ravaler sa fierté pour accepter d'enterrer la hache de guerre, ou du moins d'essayer. la route est encore longue, tu ne te fais pas d'illusions. de nature lucide, tu te doutes bien que la situation ne changera pas en un claquement de doigts. mais, au moins, tu as la satisfaction que cette entrevue ait une fin plus positive que ce à quoi tu aurais pu t'attendre en premier lieu. gauthier sera ravi de te savoir en ville. à l'évocation de l'aîné de la fratrie hazard-perry, tu ne peux t'empêcher d'élargir ton sourire. au moins un pour qui ma présence ne sera pas un supplice. que tu ne peux t'empêcher de glisser sans aucun remord. tout avait toujours été si simple avec gauthier. jamais un mot plus haut que l'autre entre vous et ton seul lien permanent avec charlie lorsqu'ils ont quitté la capitale anglaise. le seul avec qui tu ais gardé un réel contact. tu ne caches pas l'impatience de le retrouver, tu ne pourrais pas de toute manière. tu te gardes cependant de dire que ta relation avec connor s'est largement améliorée. il n'est un secret pour personne qu'après charlie, ta préférence aura toujours été pour gauthier. tu voudras bien dire à maura que je suis passé la voir ? il ne compte visiblement pas s'éterniser et tu n'es certainement pas en position de le blâmer. cela dit, tu jettes un rapide coup d'oeil à ta montre. elle devrait en terminer avec sa réunion d'ici une dizaine de minutes. tu ne veux pas l'attendre ? tentative de capter son attention encore un instant. t'es pas désespérée à ce point ryleigh, arrête tes conneries. ta raison n'a pas tord et tu te reprends presque aussitôt. je lui dirais. que tu finis par promettre. mais charlie, tu te risques quand même à prendre les devants, ne tarde pas trop avec maura ... on ne sait jamais ... tu laisses ta phrase en suspend, presque volontairement. tu n'aurais probablement pas dû l'avertir mais tu as toujours eu du mal à lui mentir, encore aujourd'hui. déjà qu'il t'est difficile de tenir ta langue face à ton aîné, la difficulté est encore plus grande face au britannique. une fois de plus, tu te mords la lèvre inférieure, joignant tes deux mains, légèrement mal à l'aise. et, soudain, tu pries pour qu'il ne relève pas et qu'il quitte le hall avant de poser la question de trop qui pourrait bien te mettre dans un sale pétrin.
It was great at the very start. Hands on each other, couldn't stand to be far apart. Closer the better. Now we're picking fights and slamming doors. Magnifying all our flaws. And I wonder why, wonder what for, why we keep coming back for more? △
ryleigh & charlie
J’étais désagréable, je m’efforçais d’être insupportable. Je me donnais véritablement du mal pour être tout bonnement imbuvable. C’était presque un talent inné chez moi, une botte secrète dont je n’hésitais pas à me servir pour parvenir à mes fins. Je n’étais, pour autant, pas nécessairement un mauvais bougre, pas réellement méchant au fond, mais lorsque la situation s’y prêtait, je savais me montrer on ne pouvait plus antipathique. Et Ryleigh faisait les frais, presque gratuitement, de ma capacité à me montrer cinglant. C’était bien ironique comme scène, presque surréaliste, quand on songeait que pendant presque dix-huit ans, elle avait été une des rares à être épargnée de ce type de comportement chez moi. Là où les choses étaient cependant encore plus étranges, presque tristes même (il fallait bien l’avouer), c’était qu’au fond de moi, je ne parvenais pas à savoir si je me montrais aussi désagréable envers elle parce que j’étais réellement en colère contre elle ou simplement parce que c’était le seul moyen que j’avais à ma disposition pour me protéger d’elle. A coup de répliques acerbes, je m’assurais que la jeune femme ne tenterait pas trop de renouer contact avec moi, quelle conserverait cette distance entre nous que je lui avais imposé depuis huit ans. Mais c’était sans compter sur la ténacité de la jeune femme, autrefois qualité que je lui appréciais, aujourd’hui défaut que j’exécrais chez elle. Ne pouvait-elle simplement pas renoncer à cette altercation et me laisser disparaitre ? Evidemment que non, au même titre que je n’étais pas capable, de mon plein gré, de tourner les talons pour prendre la fuite. J’étais cloué sur place, hypnotisé par ses iris azur et amadoué par son parfum enivrant. Ryleigh Egerton, mon enfer personnel, aurait raison de moi. Elle était la seule, en dehors de Théodora, à avoir jamais eu le courage de m’affronter réellement. Elle n’avait pas froid aux yeux, elle n’avait pas peur de mon air hautain et de mes mimiques dédaigneuses. Elle était intrépide, déterminée. Et cette altercation me rappelait avec amertume toutes les choses qui avaient eu raison de mes sentiments des années plus tôt, autant de détails qui m’agaçaient aujourd’hui. Elle ne me rendait pas la tâche facile, déterminée qu’elle était. Elle revenait à la charge, essayant de me faire entendre raison alors que je tentais de me fermer comme une huitre, hermétique à tout opinion autre que le mien. Et plus je la repoussais, moins je faisais d’efforts pour tenter de comprendre ce qu’elle essayait de me dire, plus elle insistait. Elle s’accrochait à moi, déterminée à ne pas me laisser m’en tirer à si bon compte. La belle ne se démontait pas, elle persistait à s’opposer à moi, me rappelant avec justesse qu’elle n’était pas novice en la matière. Jamais Ryleigh n’avait plié à mes exigences et face à mon caractère, et je me rendais compte que les choses n’étaient pas prêtes de changer de ce point de vue-là. Et à mesure que son regard bleu me transperçait, je sentais mes remparts s’effondrer. Mais je tenais bon, bien décidé à ne pas capituler aussi facilement. C’était évidemment sans compter sur Ryleigh qui semblait décidée à ne plus jouer selon les règles : elle avait raison de toute ma volonté lorsqu’elle annonçait que je lui manquais. Et cet aveu faisait étrangement écho au vide dans ma poitrine qui manifestait sa présence depuis bien trop longtemps. Bon sang, qu’elle me manquait aussi. Mais c’était mal, c’était irrationnel et je n’avais absolument rien à y gagner. Je m’étais déjà heurté à son refus, je ne pouvais décemment m’abaisser à lui montrer à quel point, ni les kilomètres, ni les années, n’avaient eus totalement raison de son impact sur ma personne et sur ma vie. Et rester neutre, ne pas manifester la moindre réaction positive comme négative me demandait toute mon énergie. A tel point que j’en venais à me laisser aller à frôler son visage de mon index, geste manqué qui me tirait un frisson le long de l’échine. Je venais de céder à Ryleigh, de lui donner l’accord d’essayer de regagner sa place dans ma vie, c’était comme lui donner l’accès pour venir me torturer chaque jour un peu plus. Et je me maudissais déjà d’être si faible face à elle, d’être si influençable. Une voix en moi ne pouvait s’empêcher de me traiter d’idiot, de me conseiller de fuir à tout prix l’attraction que j’avais pour cette fille mais je n’y arrivais pas. Je tâchais alors de détourner un peu la conversation en faisant mention de Gautier et elle ne tardait pas à me répondre : « Au moins un pour qui ma présence ne sera pas un supplice. » Je levais les yeux au ciel, en soupirant un peu, bien que pas réellement agacé. Sa présence à mes côtés était un supplice mais je doutais sincèrement qu’elle puisse s’imaginer ce que je vivais moi, de la voir en face de moi, si près et pourtant hors d’atteinte. Et après avoir pris une profonde inspiration, je me décidais à faire volte-face, à mettre le plus de distance possible entre Ryleigh et moi, amorçant mon départ en lui demandant de prévenir Maura de mon passage. « Elle devrait en terminer avec sa réunion d'ici une dizaine de minutes. tu ne veux pas l'attendre ? » demandait-elle mais je secouais légèrement la tête, lèvres pincées. « C’est plus raisonnable que je remette ça à dans quelques temps. » lui répondis-je. Mes retrouvailles avec Ryleigh avaient épuisé tout mon stock de self service et j’étais tout sauf prêt à affronter ma relation conflictuelle avec Maura. Mon altercation avec Ryleigh m’avait mis les nerfs à vif et je n’avais pas la patience pour une seconde altercation à la suite. « Je lui dirais. Mais Charlie, ne tarde pas trop avec Maura ... on ne sait jamais ... » lâchait-elle mystérieusement et j’hochais doucement la tête, perturbé par le ton grave qu’elle employait tout à coup. « Même si je le voulais, Brisbane n’est pas une ville assez grande pour me permettre de ne jamais croiser Maura. La preuve en est aujourd’hui » glissais-je pour toute réponse, sans comprendre l’allusion qu’elle avait fait. Un dernier regard en direction de la belle, son regard bleu m’électrisait aussitôt que je le croisais. Il fallait vraiment que je m’éloigne d’elle avant qu’elle ne me réduise à néant les neurones qu’il me restait. « Merci » lui glissais-je, avant de faire un pas en arrière, comme aimanté par sa présence. Et avec toute la volonté dont j’étais capable, je faisais volte-face pour prendre la direction de la sortie, d’un pas plus rapide que je ne l’aurai souhaité. Ryleigh Egerton aurait ma peau, j’en étais certain. Il allait donc falloir que je ruse pour ne pas la laisser faire.