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Message(#)HASSAN&GINNY ▲ flowers in your hair EmptyLun 3 Juil 2017 - 13:33

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Hassan & Ginny
When we were younger, we thought everyone was on our side. Then we grew a little, and knew a lot. We demonstrated it to the world, all the things we said. We were self assured.'Cause it's a long road to wisdom, and it's a short one to being ignored.

« Hassan, ici ! » le sourire qui se dessine sur mes lèvres est contagieux, alors que Noah, enchanté, lève lui aussi la tête pour repérer la silhouette connue à l’autre bout du parc. La journée est fraîche, la veste de laine est de mise, mais je n’aurais raté pour rien au monde ce petit moment de douceur avec cet ange gardien, avec cet inconnu devenu rapidement beaucoup plus, un ami même, un soleil dans la vie de mon fils. Il était entré dans notre vie à tâtons, timide, respectueux, intentions de porcelaine et idées qui s’y agencent. Bénévole à l’hôpital, on l’avait souvent entrevu s’occuper des enfants amochés, petits cœurs brisés qu’on tentait d’aimer au mieux, avec qui on s’appliquait à rendre la vie plus belle, un peu. S’il avait su se faire une place de choix auprès des autres gamins, c’était un coup de cœur assuré qui avait animé les premiers pas de sa relation avec Noah, et Hassan avait su s’en faire un allié dès leurs débuts. La rencontre entre eux deux m’avait arraché plusieurs sourires, quelques éclats de rire et évidemment un grand pincement d’émotion au cœur. Noah était de ceux qui aimaient tout le monde, qui faisaient confiance, qui voyaient le bien, le bon, dans tout. Je me faisais violence pour garder ce trait en sa présence, même si plus sa situation évoluait et moins les chances se dessinaient autour de lui, j'étais moins prompt à l'espoir. Je m’en voudrais trop de lui montrer mes doutes, mes craintes, mes peurs, de le bombarder en lui dévoilant à quel point j’étais fragile, d’entacher son bonheur candide de mes doutes et mes regrets constants. Mais voilà que la présence d’Hassan faisait l’effet d’un baume, douceur infinie, alors qu’il avait su me sauver d’un regard, d’une parole, d’imploser face à ce fils si fort et sa mère si faible. Si notre accord silencieux lui avait donné le relais le temps que je retourne dans la pièce d’à-côté rafraîchir mes esprits, Hassan avait sauvé ma vie et celle de Noah plus de fois que je pourrais le compter, et pour cela je lui en serais éternellement reconnaissante. Un homme bien, un homme fort, une figure qu’on souhaite garder tout près, et qui avait de suite ravi Noah lorsqu’il nous avait offert de passer la journée à l’extérieur, petit pique-nique improvisé dans un parc, bouffée d’air frais qui ferait le plus grand bien à mon fils. J’ai la tête enfouie dans le panier que j’ai concocté le matin même, remarquant tout de même simplement à l’entendre que Noah s’est redressé et a traîné son petit corps enjoué vers le nouveau venu. Depuis Disney, j’avais pris un peu plus confiance en ses capacités et acceptais plus souvent les sorties. La simple idée qu’il perde des forces entre les allées et venues à l’hôpital m’avait trop longtemps retenue de le faire changer d’air, et si une semaine sous le soleil de la Floride l’avait tout de même autant secoué que fasciné, un petit après-midi tranquille sous les arbres et la verdure de Brisbane me semblait être un excellent compromis. Profitons du fait qu’il aille bien ces derniers temps, qu’il reprenne des forces, et qu’un donneur potentiel soit dans la ligne de mire pour rendre sa vie un peu plus douce, un peu moins chaotique. L’échantillonnage de sandwichs, de salades, de breuvages et de sucreries que j’ai réussi à assembler me ravi, et même si je n’ai – heureusement – rien cuisiné, la fierté prend le pouls sur tout le reste maintenant que je réalise que nous avons de quoi nous régaler pour la prochaine décennie. Autour de nous, j’ai même disposé une longue couverture question de pouvoir se prélasser, et sous la demande des plus répétitives de Noah, j’ai même apporté quelques livres qu’il a lui-même choisi, ses préférés, question de convaincre Hassan de lui en faire la lecture si le cœur lui en dit. À savoir que le grand brun avait ce don presque inhumain d’imiter à la perfection tous les personnages des contes de fée, et que Noah se fascinait de l’entendre passer d’une octave à l’autre lorsque l’heure de la lecture avait sonné. Le tout bien à l’ordre, je finis par attraper au vol le regard d’Hassan qui nous rejoint bien vite, Noah dans les bras, les deux déjà fourrés dans une discussion que je ne comprends guerre, mais qui me fait éclater de rire devant leur complicité presque naturelle, innée. « J’ai du souci à me faire déjà ? Quel mauvais plan avez-vous imaginé cette fois-ci ? » moqueuse, je fronce les sourcils à deux doigts de rire de plus belle, alors que Noah bat des cils en faisant l’innocent. « Non, on parlait juste de… » et le gamin qui rigole de plus belle, échangeant un regard complice avec Hassan, me cachant bien évidemment la suite des choses. Je secoue la tête de la négative, comme si tout ceci me laissait bien pantoise, mais la vérité, c’est que mon cœur est submergé d’une belle et grande vague de chaleur, de bonheur. Noah avait la chance d’être entouré de gens géniaux, de personnalités merveilleuses, douces, aimantes, qui le rendaient heureux et qui faisaient de sa vie, même si elle était des plus difficiles, un quotidien un peu moins gris, noir. Saul jouait le rôle de parrain à la perfection depuis des années, Edward avait tout donné dès les premiers jours, Matt, malgré notre situation des plus tendues en ce moment, avait été un oncle incroyable, Cora un cœur sur deux pattes. Même Ezra tout récemment arrivé dans l'existence de Noah promettait d’être une figure des plus bienveillantes. Et voilà que de nouveau, je me félicitais d’avoir ouvert notre vie à Hassan et à toute la bonté dont il faisait preuve. « Si tu me dis que tu as apporté quoi que ce soit pour cet après-midi, je pense que je vais faire une crise d’anxiété. On a des victuailles pour nourrir deux armées entières, et je n’exagère même pas. » amusée, je lui fais signe de me rejoindre au sol, et d’ainsi déposer l’autre petit corps agité de Noah qui déjà lui pointe les livres qu’il a savamment sélectionné de ses 7 ans de malice. « C’était une excellente idée que tu as eue, pour aujourd'hui. » que je souris, pointant du menton les différents peintres et artistes qui se sont installés à travers le parc pour l’après-midi, chevalet et prestations en prime. « Noah ne parle que de ça depuis des jours. » le gamin rosit des joues, et j’éclate de rire de plus belle. « Iced tea pour tout le monde ? » changeant de sujet, j’exhibe la carafe de thé glacé fait maison – ça au moins, je sais faire – avant de dégainer les verres sans plus attendre.  

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Message(#)HASSAN&GINNY ▲ flowers in your hair EmptyJeu 17 Aoû 2017 - 14:36

Attrapant le pull à col tunisien qui attendait sur le bord de son lit, Hassan en avait remonté les manches puis entrouvert la baie vitrée qui séparait sa chambre de la petite terrasse qui s’y attachait, et pour laquelle il n’avait pas eu la moindre hésitation au moment de décider que cette pièce deviendrait sa chambre. Levant le nez pour scruter au-dessus de sa tête, il avait observé avec un brin de satisfaction le ciel qui se dégageait enfin après un début de matinée couvert, et laissé ouvert encore un instant pour aérer tandis qu’il rentrait terminer la tasse de thé refroidissant sur la table de nuit. D’ordinaire l’entraînement de rugby le tirait du lit à une heure plus que matinale le dimanche matin, avec la nécessité d’arriver plus tôt que les enfants pour sortir le matériel et faire en sorte que le côté préparatif n’empiète pas trop sur la demi-heure consacrée à l’échauffement ; Mais les congés d’hiver ayant momentanément suspendu les entraînements le brun s’était accordé une grasse matinée plus que bienvenue. Si l’insomnie avait peu à peu cessé d’être sa norme elle demeurait malgré tout encore une compagne récurrente, et lorsque son esprit s’apaisait assez pour lui accorder un sommeil réparateur il tentait d’en tirer le profit qui s’y attachait. Sa tasse de thé terminée il était redescendu au rez-de-chaussée sans s’étonner de ne plus y trouver Matteo, déjà presque sur le départ lorsqu’Hassan était descendu la première fois ; Son désormais colocataire redoublait d’inventivité pour s’occuper et s’absenter, les week-ends où Cami restait avec sa mère, Hassan ne pouvait pas le blâmer. Abandonnant sa tasse vide dans l’évier et remettant ainsi une fois de plus la corvée de vaisselle à plus tard, il avait jeté un coup d’œil à sa montre et estimé qu’il avait bien le temps pour une balade avec Spike, le genre de balade suffisamment longue pour se faire pardonner de ne pas l’emmener au parc avec lui à l’heure du midi. Comme souvent la promenade les avaient menés jusqu’au bord de la voie ferrée qui reliait Logan City au centre de Brisbane, et le grillage les séparant des rails ainsi que l’absence d’âme qui vive à proximité l’avaient persuadé de détacher la laisse du chien pour le laisser gambader un peu et dépenser son trop-plein d’énergie. Yasmine n’aimait pas trop qu’il vienne traîner par-là, la proximité de la voie ferrée sans doute, et ce que son esprit inquiet imaginait.

Malgré tout cela, Spike lui avait offert son meilleur regard de chien battu lorsque, après avoir rempli la gamelle d’eau fraîche à la cuisine, il avait tourné les talons pour quitter à nouveau la maison. L’idée de l’emmener avec lui n’avait pourtant pas effleuré Hassan, habitué désormais à ce que le gabarit de Spike – qui n’avait plus rien d’un chiot désormais – impressionne ceux qui n’y avaient jamais été confronté, et ne souhaitant pas mettre mal à l’aise Ginny ou son petit homme. Car c’est bien l’attendrissant duo que le brun s’apprêtait à rejoindre au New Farm Park pour le déjeuner, et après un rapide stop pour se procurer de quoi ne pas débarquer les mains vides malgré l’insistance de Ginny à ce qu’il s’en tienne à cela, c’est pile à l’heure qu’il avait entendu la jeune femme l’interpeler d’un « Hassan, ici ! » souriant tandis qu’il remontait l’une des grandes allées dessinées du parc. Levant également sa frimousse, Noah s’était élancé dans sa direction en gambadant, le gratifiant d’un « Maman a fait plein de choses à manger ! » enthousiaste et faisant claquer sa paume contre celle du brun « C’est parce qu’elle connaît ton appétit d’ogre. » Ébouriffant ses cheveux il s’était remis en marche, l’enfant accrochant sa taille avec curiosité en demandant « C’est quoi ? » tout en désignant la boîte en carton qu’il tenait à la main « Ça, c’est pour le dessert. » Coupant court à la curiosité de l’enfant, Hassan lui avait tendu le carton et l’avait hissé dans ses bras pour parcourir ce qu’il restait de trajet jusqu’à Ginny. « On pourra aller voir les animaux après le repas ? Ils ont même des wombats ici, tu sais ! » Il savait oui, ce parc étant une aire de jeux et un lieu de détente pour lui depuis qu’il était tout petit, mais ne souhaitant pas casser l’entrain de Noah il s’était contenté de répondre « C’est vrai ? » en feignant une pointe de surprise. « Mais il faudra demander à ta mère si elle est d’accord, pour commencer. » Dodelinant sa tête le petit avait répliqué « Oui, oui … Mais c’est toi qui demande, alors ? » Le temps qu’Hassan envisage de répondre tous les deux étaient finalement parvenus à la hauteur de la jeune femme, qui flairant peut-être qu’il était question d’elle avait questionné avec une sévérité trop feinte pour être sérieuse « J’ai du souci à me faire déjà ? Quel mauvais plan avez-vous imaginé cette fois-ci ? » Échangeant un regard avec Hassan, Noah avait secoué la tête en prétendant « Non, on parlait juste de … » et finalement laissé échapper un rire tandis que le brun le reposait au sol.

Noah n’avait pas menti, alors que Ginny s’occupait de sortir d’un grand panier tout – ou une partie, qui sait – de ce qu’elle avait ramené pour le repas il semblait à Hassan qu’elle avait oublié en le préparant qu’ils n’étaient que trois. Constat plus attendrissant qu’autre chose pour Hassan, déjà habitué à ce que la mère de Sohan et Yasmine s’imagine devoir nourrir quinze personnes chaque fois qu’elle invitait quelqu’un à sa table. « Si tu me dis que tu as apporté quoi que ce soit pour cet après-midi, je pense que je vais faire une crise d’anxiété. On a des victuailles pour nourrir deux armées entières, et je n’exagère même pas. » S’asseyant au sol pour se mettre à la hauteur de Ginny, Noah ne tardant pas à en faire de même, le brun avait esquissé un sourire amusé « Je vois ça, oui. » mais bien du justifier le carton que l’enfant venait de déposer avec le reste des affaires « Désolé, je ne voulais vraiment pas arriver les mains vides. Mais si ça n’est pas pour le dessert ce sera pour le goûter. » Et si ce n’était pas pour le goûter alors elle serait libre de les ramener chez elle et d’en profiter pour son petit déjeuner et celui de son fils le lendemain. « Ça vient d’un coffee shop qui a ouvert sur le trajet que j’emprunte pour venir ici, je m’étais jamais arrêté mais la vitrine faisait envie, alors. » Le nom un peu moins, sans doute parce que le côté superstitieux d’Hassan l’empêchait de s’imaginer sereinement boire un verre dans un endroit qui s’appelait Death quelque chose. « C’était une excellente idée que tu as eu, pour aujourd’hui. Noah ne parle que de ça depuis des jours. » Son visage souriant se posant à nouveau tour à tour sur la mère et le fils, le brun avait doucement secoué la tête « On n’a jamais assez d’occasions de prendre un peu l’air. » Et chacun pour des raisons différentes – Noah à cause de sa santé, Ginny parce qu’elle restait à son chevet, et Hassan parce que sa dépression n’était pas encore aussi maîtrisée qu’il le voudrait – n’avaient que trop peu de raisons de le faire, actuellement. Cette journée semblait donc la bienvenue pour tout le monde. « Iced tea pour tout le monde ? » Tandis que Noah approuvait d’un « Oui ! » franc, Hassan acquiesçait à son tour « Allez, et Noah va bien nous trouver quelque chose à quoi trinquer, uh ? » Comme s’il sentait là investi d’une mission de la plus haute importance, l’enfant avait adopté une posture des plus sérieuses pour se mettre à réfléchir. Le brun de son côté avait laissé son regard vagabonder du côté des peintres – amateurs, pour la plupart – installés à quelques endroits de la grande étendue d’herbe. « Certains sont là presque tous les jours. Ils ont toujours l’air tellement imperturbable quand ils peignent. » Ils faisaient presque partie du paysage du parc, au même titre que la végétation, ou que cette vieille dame qui nourrissait les canards du bassin principal et avait toujours une caresse pour Spike lorsqu’Hassan la croisait en début de soirée. « Maman aussi, quand elle peint elle a toujours l’air sérieuse. Et elle fronce les sourcils comme ça. » Plissant le nez et les yeux de façon un peu exagérée pour illustrer son propos, il avait arraché un rire amusé à Hassan avant qu’il ne se tourne à nouveau vers Ginny « Vraiment, comme ça ? » A son tour le voilà qui imitait la grimace du garnement.
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Message(#)HASSAN&GINNY ▲ flowers in your hair EmptyDim 20 Aoû 2017 - 14:11

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When we were younger, we thought everyone was on our side. Then we grew a little, and knew a lot. We demonstrated it to the world, all the things we said. We were self assured.'Cause it's a long road to wisdom, and it's a short one to being ignored.

Mon regard de maman suit Noah qui s’élance vers le nouveau venu, avec la poussée d’énergie nécessaire pour se soulever de terre et finir blotti dans ses bras. Le gamin avait tout de suite adoré Hassan, dès leurs premières minutes à deux. En même temps, le jeune homme avait tout de quelqu’un d’adorable, grand cœur sur pattes qui ne se contentait pas de cumuler des heures de bénévolat comme si cela allégeait son karma tout seul. Il s’investissait vraiment, on le voyait à chaque geste, chaque intervention, chaque parole. Le petit plus, le détail qu’on remarque, duquel on s’ennuie, lorsque sa silhouette quitte le service pédiatrique jusqu’à la semaine suivante. Il ne se contentait pas seulement de passer quand on le lui demandait, et nombreuses étaient les journées où sa tête s’était engouffrée dans l’embrasure de la chambre 214, avide de prendre des nouvelles de Noah, de le faire rire un peu, de voir s’il se portait mieux que la veille, sans autre obligation aucune que d’aider. Foncièrement. Je me doutais qu’il passait aussi pour voir comment je me portais, si j’avais dormi un peu, mangé une bouchée. Ce n’était pas moi qu’il fallait surveiller, pas moi qu’on devait regarder du coin de l’œil, mais j’appréciais ses petites attentions, secrètes, sans prendre trop de place. Et on fonctionnait ainsi, à tâtons, laissant toute la place à Noah, œuvrant autour sans qu’il ne s’en doute, sans qu’il n’ait besoin de s’en inquiéter. Les voilà qui reviennent, complices, à mes côtés. Et cet air que mon fils arbore, cette expression de malice que je lui connais si bien, que je retrouve sous le soleil australien qui a enfin finit par se montrer le bout du nez, ça, ça n’a pas de prix. Il s’esclaffe, et je roule des yeux, faussement choquée, savourant chaque parcelle de bonheur qu’on pouvait offrir à mon fils, que ce soit ici, à l’autre bout du globe, à la maison, au creux de son lit, à l’hôpital. C’était précieux, c’étaient ses souvenirs, c’était en attendant. En attendant – qu’on décède d’une overdose de nourriture, apparemment. « À qui est-ce que tu mens?! » que j’éclate de rire, alors qu’Hassan propose qu’on garde le dessert pour plus tard. Il n’avait pas choisi le bon public s’il croyait un seul instant que toute sucrerie ne trouverait pas preneurs dans ce petit cercle restreint que nous formions. Lorgnant déjà sur ses offrandes, je me pousse un peu pour lui faire une place, remarquant du coin de l’œil que mon fils en est déjà à partager verres, couverts et ustensiles entre nous trois. Je l’avais bien élevé, bravo à moi, que je me félicite humblement, les yeux accrochés sur le dessert, les narines qui inspirent un mélange de fruits, de caramel, d’épices. Quelqu’un le saurait si je prenais une bouchée là, rapidement? La mention de mon ami me retient tout de même dans mon élan, coupant presque mon impulsion gourmande, lorsque je ne mets pas longtemps à additionner l’un et l’autre. Le logo sur le sac de papier brun ne le confirme que trop, et j’ai le souvenir de la soirée d’ouverture du café de Matt en tête, quelques jours à peine avant que tout explose, que tout se bousille, qu’il bousille tout. Mon frère et son projet, mon frère et ses pâtisseries, mon frère et tout le reste, que je ne laisserai pas assombrir le regard brillant que j’arbore depuis le petit matin, non, pas aujourd’hui. Hochant doucement la tête, ravalant pour cause de déni complet, je me réjouis de ne pas avoir encore amené Noah au café avant de répondre, tout bonnement. « C’est… tu as bien choisi. » le parfum des viennoiseries ne rachètera pas les erreurs de mon frère, mais je ne pouvais pas mettre la faute sur son commerce, sur ce qu’il construisait en parallèle. C’était pas moi, de démolir la vie des autres volontairement – c’était son domaine. Nuage passé, Hassan propose de laisser le premier toast de jus de fruits et de thé glacé de la journée à Noah, gamin qui trépigne déjà, se tortillant sur son coussin, pinçant les lèvres et fronçant les sourcils comme le petit être sérieux qu’il pouvait être parfois. Je partage même un regard avec Hassan, entre l’hilarité et la fierté, ne sachant pas si je dois chatouiller le gamin jusqu’à ce qu’il rende audible un cheers au hasard, ou si je lui laisse tout le temps du monde pour se fixer. Décidé, il finit par ouvrir les yeux et suivre son éclair de génie, accompagné d’une exclamation ravie. « Aux wombats! » aaaaaah, voilà. Hassan, comme moi, connaissait le zoo du parc pour l’avoir même mentionné quelques fois en reconnaissant des souvenirs en commun que nous avions d’une enfance à Brisbane, mais voilà que le gamin oublie tout le reste en se délectant d’un sandwich, et de la promesse d’aller les visiter un peu plus tard. « Il t’a parlé du zoo? » que je chuchote à l’attention d’Hassan, sachant déjà qu’il n’a pas dû se retenir, et que le jeune homme a sûrement redoublé d’ardeur pour garder la surprise, pour ne pas lui dévoiler tout ce que nous avions énuméré possible pour cette journée sans plan précis, justement. « Tu as fait comme si tu ne savais pas? » je garde le ton bas, même si mon air amusé trahi les manigances des kilomètres à la ronde. Encore heureux que Noah soit recouvert de ketchup après sa troisième bouchée, et qu’il s’affaire maintenant à chercher dans mon sac de quoi essuyer son minois tâché. Après, on dira qu’il retient de moi que son sens artistique, et ses tendances de rêveur… Monsieur la gaffe finit par effacer les traces de son dégât du revers de sa manche, m’arrachant un soupir - et un rire aussi, plus discret, me voyant clairement faire le même geste dans quelques minutes, si on me laissait trop longtemps avec les condiments. Hassan attire notre attention vers les peintres, une ribambelle de créatifs qui avaient élu domicile dans le parc pour tracer du bout de leurs pinceaux ce qu’ils y voyaient. Doucement, je me rappelle de l’atelier un peu dans le même genre, que j’avais partagé avec Rose, il y a quelques semaines, et un fin sourire se dessine sur mes lèvres. Nous étions un peu plus à l’ouest si je me souviens bien, près de la fontaine, des jardins en fleurs. J’adorais Logan City depuis toute jeune, et ce genre d’alternatives n’était qu’une raison parmi tant d’autres où je m’y sentais vraiment chez moi. « Ça ressemble un peu plus à ça… » voilà que je rebondis sur la blague des garçons, m’imitant en exagérant, eux se moquant de l’air que je peux bien faire lorsque je me concentre sur une toile – concentrais. Il faut dire que la peinture a pris un bon coup entre Londres et notre retour, mais peu à peu je reprenais mes marques dans l’atelier, peu à peu je peignais de façon plus sérieuse. Les workshops que j’organisais les dimanches aidaient pour beaucoup à casser cette maudite coquille, cette carapace inutile que j’avais dressée entre mes tableaux et moi. Pas à pas, petit à petit. « Parfois tu me dis que je fais pareil. » Noah intervient, se rappelant les fois où je le lui avais fait remarqué, lui qui entre dans une autre dimension complètement lorsqu’il se dédie à ses cahiers. Il adorait tellement dessiner, que je devais me faire violence lorsqu’il se perdait dans ses inspirations et en oubliait ses examens, ses devoirs, sa sieste. « C’est parce que tu as totalement maîtrisé comment devenir un peintre en 2 étapes faciles. » je me force à être bien sérieuse, prenant une gorgée de thé glacé, scrutant son air curieux, la question qu’il a au bout des lèvres.  « L’autre c’est quoi? » je laisse un temps raisonnable avant de lui répondre, jugeant qu’il mérite bien que je me moque de lui un brin. « Tenir un pinceau. » et voilà qu’on éclate de rire à l’unisson, arrachant même quelques regards aux peintres qui nous envoient la main, celle libre, pas celle où ils mélangeant les bleus, les jaunes, les verts. « Ce parc est parfait pour venir y peindre. » Hassan a toujours le regard qui jongle entre nous et le petit groupe, et je ne peux le blâmer. C’est fascinant de voir le focus, la bulle qui se crée autour de ces gens-là. « Il faudrait que j’organise un atelier ici, un jour. » l’idée s’impose d’elle-même, et je réfléchis à haute voix. Noah hoche vigoureusement de la tête, la bouche pleine de légumes, les gencives colorées, et j’ai là la confirmation dont j’avais besoin. La seule. « Tu viendras nous trouver imperturbables à distance? Ou tu te risqueras à te joindre au groupe? » j’ignorais où se situait Hassan, côté dessin. Je savais pour l’avoir entendu en parler, pour qu’il m’ait montré quelques photos, qu’il était du genre manuel. Il avait rénové bon nombre de parties de sa maison, et la passion avec laquelle il en parlait me soufflait qu’il avait ce hobbie de tatoué sur le cœur. Néanmoins, j’étais maintenant curieuse de savoir ce qu’il pensait de s’aventurer à peindre, tout bonnement. « On pourra faire une toile ensemble! » mon fils qui s’enthousiasme, mon fils et ses iris qui brillent, mon fils qui ne lui laisse absolument aucun autre issue possible.

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Message(#)HASSAN&GINNY ▲ flowers in your hair EmptyMar 19 Sep 2017 - 8:00

Il avait encore en tête l'expression de la jeune femme lorsqu'elle avait accepté la proposition de pique-nique avec engouement mais en décrétant qu’elle s’occuperait de les nourrir, elle insistait. Mais c’était plus fort qu’Hassan, venir les mains vides ce n’était simplement pas envisageable, contre-nature, et le sachet de pâtisseries à défaut de constituer un véritable repas lui permettait au moins de se sentir en accord avec lui-même sans toutefois trop empiéter sur la volonté de la jeune femme de prendre les commandes de la satisfaction de leurs estomacs à tous les trois. « A qui est-ce que tu mens ?! » s’était-elle pourtant exclamée avec force lorsqu’il avait glissé comme solution celle de garder les pâtisseries pour plus tard, pour le goûter, ou même pour plus tard encore si vraiment l’appétit et l’envie n’y étaient pas. Curieuse elle avait inspecté, humé le contenu du sachet kraft avec intérêt et sans doute un brin de gourmandise, semblant pourtant perdre un instant le fil de ses propres pensées avant de revenir à lui et d’assurer « C’est … tu as bien choisi. » en laissant Hassan un brin circonspect. Prenait-elle après réflexion son initiative pour de l’impolitesse ? Une volonté effrontée de ne pas avoir suivi à la lettre ses indications de la laisser gérer l’intégralité du repas, peut-être. « Je n’étais pas à l’aise à l’idée de venir les mains vides, n’y voit aucune indélicatesse … Ça sera ton festin avant tout. » Noah de son côté avait d’ailleurs déjà commencé à partager verres et couverts comme un vrai chef de file pendant que sa mère entreprenait de leur servir de quoi boire. Espérant encore ne pas avoir créé de fausse note irréversible, le brun avait laissé au garnement le soin de choisir quelque chose auquel trinquer, tâche que Noah semblait avoir pris avec un sérieux incomparable à en juger par l’expression d’intense réflexion qui s’était affichée sur son visage. L’œillade amusée échangée par les deux adultes en tentant de ne rien laisser paraitre avait finalement été interrompue lorsque le petit s’était exclamé « Aux wombats ! » avec une satisfaction certaine. Arrachant à Hassan un sourire amusé bien qu’il n’ait pas pipé mot et s’était contenté de suivre le mouvement à l’aide de son verre en plastique, il avait gardé un air imperturbable lorsque Ginny avait questionné à voix basse « Il t’a parlé du zoo ? » Et ajouté presque instantanément, presque inquiète que la surprise ne soit pas totale « Tu as fait comme si tu ne savais pas ? » Secouant vaguement la tête tout en buvant une gorgée de thé glacé, le brun avait attendu la seconde où Noah avait plongé le nez dans le panier à sandwichs à la recherche d’une serviette pour glisser à l’oreille de la mère de famille « Comme si je ne savais pas quoi ? Je ne suis au courant de rien du tout … » et terminer par un clin d’œil complice.

A leur tour ils avaient imité le petit garçon et s’étaient servis dans les victuailles pour trouver de quoi accompagner leur boisson. En d’autres circonstances il aurait été un peu méfiant quant au contenu des sandwichs, le jambon souvent utilisé comme ingrédient de base entre deux tranches de pain, mais la mention faite par Ginny lors d’une précédente conversation de son végétarisme réglait la question et permettait à Hassan de piocher sans crainte parmi les sandwichs. Leur regard à tous les trois dérivant de temps à autres vers les peintres installés ça et là le brun avait mentionné leur présence récurrente – certains étaient là presque tous les jours si la météo n’était pas pluvieuse – ainsi que la concentration extrême dont ils semblaient tous faire preuve. Un trait partagé par tous les peintres à en juger par les grimaces de Noah pour imiter sa mère, cette dernière se joignant finalement aux clowneries en décrétant « Ça ressemble un peu plus à ça … » et provoquant un nouvel éclat de rire collectif. « Parfois tu me dis que je fais pareil. » avait néanmoins fini par faire remarquer Noah, pas peu fier semble-t-il de partager ce trait avec sa mère. « C’est parce que tu as totalement maîtrisé comment devenir un peintre en deux étapes faciles. » Soudainement curieux voilà le garnement qui demandait avec intérêt « L’autre c’est quoi ? » s’attendant probablement à une révélation aussi sérieuse que l’air que se forçait à arborer la jeune femme. « Tenir un pinceau. » Pouffant de rire avec amusement Hassan avait rendu son salut à l’une des peintres installé tout prêt, avant de mordre dans son sandwich d’un air pensif. « Ce parc est parfait pour venir y peindre. Il faudrait que j’organiser un atelier ici, un jour. » Du ketchup à nouveau plein le nez, mais essuyé cette fois-ci par la serviette en papier tendue par Hassan au lieu de la manche précédemment utilisée, Noah avait offert un couinement de satisfaction à l’idée de sa mère. « Tu viendras nous trouver imperturbables à distance ? Ou tu te risqueras à te joindre au groupe ? » Terminant d’abord ce qu’il avait dans la bouche, Hassan avait secoué la tête et statué « Je serai là pour fournir les rafraichissements et de quoi se remplir l’estomac. » parce qu’il serait bien plus utile à cela qu’à tenter de faire illusion devant une toile vierge. Séduit par l’idée pourtant, Noah avait proposé avec enthousiasme en tapant dans ses mains « On pourra faire une toile ensemble ! » et provoqué un sourire amusé chez un Hassan qui n’avait toutefois pas attendu pour faire remarquer d’un ton plus raisonnable « Je doute que la peinture ou même le dessin ne fassent partie de mes talents cachés, malheureusement … Sauf si on parle de repeindre un mur ou une porte. » Pas découragé pour deux sous par cet aveu Noah avait secoué la tête en terminant son verre « Mais moi je peux t’apprendre ! Hein Maman ? » Attendri par la visible tendance du garçon à savoir trouver une solution à tout, le brun avait acquiescé d’un signe de tête « Si j’ai un professeur particulier, dans ce cas ça change tout. » Partageant un regard amusé avec Ginny, il avait pris quelques instants pour remplir leurs trois verres vides tandis qu’un rayon de soleil venait réchauffer un peu le coin d’herbe où ils s’étaient installés.

Pour l’instant repus, son appétit restant bien moindre en comparaison de ce qu’il avait été à une époque, Hassan avait ouvert son blouson et tourné son visage face au soleil avec presque autant de satisfaction qu’un chien ou un chat cherchant la flaque de soleil sur le parquet de la maison. Il avait hâte que l’été revienne, le soleil avait toujours eu un rôle dans sa capacité à cultiver sa bonne humeur, et ces derniers mois plus qu’à l’accoutumée il s’appuyait là-dessus comme sur une béquille. « Alors dis-moi … » avait-il finalement repris en reposant les yeux sur Noah. « Il parait que tu as amené de quoi lire, avant qu’on … » Oups ? « … ait fini de digérer. » Oui, voilà, le secret restait sauf. Agitant prestement la tête, l’enfant avait tout juste laissé le temps à sa mère de lui tendre de quoi essuyer ses doigts et ainsi éviter de tâcher les livres de sauce, et s’était saisi des deux livres jusque-là enfouis au fond du sac. « Oui ! Celui-là, et celui-là. » Disant cela il avait brandi deux livres qu’Hassan ne connaissait absolument pas, le premier parlant de toute évidence de dragons – du moins c’était ce que laissait supposer l’illustration de la couverture – et le second dont la couverture n’aidait absolument pas à deviner ce dont il était question. « Celui-là Maman me l’a déjà lu, deux fois … Mais je l’aime beaucoup. » Il désignait le premier, l’histoire de dragons. « Et celui-ci ? » Laissant ses petits doigts glisser sur la couverture du second, il avait répondu « Je ne sais pas, on ne l’a pas encore lu. C’est Papa qui me l’a offert. » d’un ton pensif. Hassan ne l’avait croisé qu’une fois ou deux, le père, la situation qui les liait le petit, Ginny et lui – Edward, s’il avait correctement retenu – semblait peu commune et le brun n’était pas le genre user de curiosité mal placée. Au lieu de cela il avait offert une œillade malicieuse à Ginny avant de proposer à Noah « Et pourquoi ce ne serait pas toi qui nous ferait un brin de lecture, cette fois-ci ? Ce livre-là ou l’autre, comme tu préfères. » Ne s’attendant probablement pas à cette subite inversion des rôles, le garçon avait eu quelques secondes d’hésitation, sans que l’on sache bien si c’était la proposition qui le faisait hésiter ou s’il tentait de choisir lequel des deux livres aurait sa préférence. « Mais s’il y a des mots que je ne connais pas ? » Hassan avait haussé doucement les épaules « On t’aidera, pas vrai ? » La parole à Ginny.
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Message(#)HASSAN&GINNY ▲ flowers in your hair EmptyLun 9 Oct 2017 - 14:14

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When we were younger, we thought everyone was on our side. Then we grew a little, and knew a lot. We demonstrated it to the world, all the things we said. We were self assured.'Cause it's a long road to wisdom, and it's a short one to being ignored.

Le moment était à garder gravé, imprimé, enregistré. Noah qui rigole, le verre de thé glacé bien haut. Hassan qui farfouille dans ses affaires, qui en extirpe de quoi assouvir la dent sucrée de tous ceux présents. Les petites choses, les détails, les sourires, les oeillades, les mots échangés, les câlins à la volée. C’était infime le bonheur, c’était une goutte d’eau dans l’océan, c’était une feuille du haut de sa branche, une étoile dans la galaxie, et c’était nous, au beau milieu d’un parc ensoleillé, peuplé de tous les coins, vivant, grouillant d’activité, de discussions, de paroles infusées de gaieté de coeur et de la beauté du beau, tout d’un bout. « C’est honorable, tout ça. Je prends. » que je réponds, usant du même ton sérieux dont Hassan fait preuve lorsqu’il affirme qu’il sera le waterboy lors d’un prochain rendez-vous articulé autour d’une classe de peinture. Loin de moi l’idée de forcer qui que ce soit à tenir un pinceau, si ce n’est Ben parce que je savais déjà qu’il finirait avec une oeuvre hilarante du bout des doigts. Autrement, je prenais l’entrain et l’intérêt qui passaient en raffolant de chaque seconde, de chaque bribe que d’autres artistes m'autorisaient à partager avec eux. Et le brun se ravise, voyant à quel point Noah insiste, entendant sa petite voix douce s’emporter à la moindre possibilité de se dresser devant un canevas avec son ami à ses côtés. Hassan ne se sent pas de refuser une telle offre, et je ne pourrais pas l’adorer plus pour céder. « Attention, je suis très sévère. » aucune véracité ici, et c’est un rire communicatif qui nous anime alors que Noah roule des yeux et qu’Hassan semble tout sauf convaincu par mes paroles. Je me vois bien, d’assister le jeune homme, de le rassurer surtout, de l’encourager à avoir du plaisir plus que de la technique. Et même s’il ne semble pas particulièrement être à son aise face à ce scénario hypothétique, je sens qu’à force il devrait être de ceux qui y prendraient goût pour l’ensemble de la chose, pour le processus bien plus que le résultat. La meilleure façon de faire, à mes yeux. Les garçons finissent par passer d’un sujet à un autre le temps que je rêvasse, que je laisse mes prunelles dériver tout autour, que je ravitaille et les verres, et les assiettes. C’est un après-midi tout en douceur et j’ai bien à moi d’en profiter seconde après seconde, sans penser à rentrer à l’hôpital, sans penser à rentrer à la vie normale. Une pause, un arrêt sur image. « On est là bonhomme, on bouge pas. » Noah se réjouit de diriger la lecture, même si le petit trémolo dans sa voix me confirme qu’il doute un brin de ce qu’il connaît, de ce qu’il pourrait avoir en erroné. Il a fait un progrès énorme depuis quelques semaines, et même si l’école à l’hôpital ne lui offrait pas autant de latitude que celle traditionnelle, je voyais les efforts que le gamin pouvait mettre lui donner toute la confiance nécessaire pour déposer son doigt sur la page, l’index sous les lettres qui s’effritaient, et oser une phrase ou deux à voix haute. Il avait du mordant le bonhomme. Sa voix en sourdine, j’en profite pour me pencher vers Hassan, le regard de maman qui couve Noah dans sa lecture. « Il va vraiment mieux. Et sortir prendre l’air comme ça, c’est l’idéal, ça le remonte comme jamais. » le jeune homme savait à quel point l’état de Noah avait joué au yo-yo depuis un moment - et même s’il était entouré d’un personnel médical hors pair qui le connaissait par coeur et qui l’avait sauvé de bien des maux, ce n’était pas une raison pour croire que tout irait bien en toute connaissance de cause. Il flirtait entre la vie et la mort à chaque jour, et plus le chrono avançait, plus j’anticipais que l'élastique ne se tendrait pas aussi loin aussi longtemps. « C’est quoi, ça? La lettre là? » que Noah interroge, nous montrant la page et l’objet de son soucis. Un simple coeur qu’il n’arrive pas à lire, que je corrige en le faisant répéter plusieurs fois, avant que l’image ne s'imprègne dans son petit crâne recouvert de sa tignasse blonde désordonnée. « Fais les voix Hassan, fais la grosse voix qui gronde! » et je m’appuie sur les coudes, ayant assisté ce genre de spectacle des dizaines de fois. Noah qui implore Hassan de jouer sur ses vocalises, du plus aigu au plus grave. J’entends déjà les éclats de mon fils lorsque les accents viendront s’en mêler, et j’assume à peine m’amuser autant si ce n’est plus que d’être leur spectatrice.

« Tu penses que je pourrai lire à papa quand il viendra? »  les minutes passent et la question reste en suspens. Je sourie, gardant mes réflexions pour moi encore un peu. Le divorce, Ezra, le malaise ; Edward se sentait bien plus pris au piège qu’il ne le devrait et limitait au mieux ses visites à l’hôpital le temps que la situation se tasse, et qu’on en vienne à faire l’annonce à Noah au sujet de son papa, de ses deux papas, plutôt. « Bien sûr, il sera super content d'entendre ton progrès. » j’ébouriffe ses mèches et il se dérobe, se dégage après quelques exclamations pour aller jouer en retrait, là où un aménagement a été fait pour glisser, se balancer, grimper. Il voit bien sûr à mon regard que le moins de cascades le mieux, et je lui fais amplement confiance lorsqu’il finit par rejoindre les autres enfants déjà attroupés. Une longue inspiration plus tard, et je tourne la tête vers Hassan, ressentant le besoin de clarifier, ou au moins d’alléger le quelques suppositions qu’il pouvait peut-être se faire sur Edward et ses absences. « Il est vraiment occupé, avec le boulot et tout. Edward. » un maigre mensonge qui faisait bien, et qui surtout donnait du leste au Fitzgerald qui ne méritait absolument pas d’avoir le mauvais rôle dans cette histoire. « Noah en parle beaucoup ces jours-ci, je pense qu’il commence à être bien blasé d’avoir que moi comme visiteur. » et je blague, je ridiculise, je simplifie. Pas besoin de s’apitoyer sur mon sort, mais j’accompagne le tout d’un haussement d’épaule et d’un rire le moindrement amusé. Une gorgée plus tard, je me sens un peu mieux, l’esprit un peu moins furtif. Le moment présent, on avait dit. « Merci, encore. D’être là, même si ça semble pas énorme pour toi. Pour nous, pour lui, ça vaut beaucoup. » Je m’efforçais toujours de faire savoir à Hassan que jamais on ne pourrait le prendre pour acquis. Il n’était pas obligé de faire ça, il n’était pas obligé d’étirer son bénévolat à passer la journée avec nous, à s’en faire autant, et pourtant, je savais que n’importe quand, à n’importe quelle heure, il serait là, prêt à faire sa part, à aider.  « On va le rejoindre? » le trio de gamins qui jouait tout autour vient de sagement retourner auprès des parents, la voie était donc libre pour que je puisse assumer mon amour pour les murs d’escalade enfantins au grand jour.

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Message(#)HASSAN&GINNY ▲ flowers in your hair EmptyDim 22 Oct 2017 - 15:07

Ce n’était pas vraiment son domaine, prendre les pinceaux pour donner vie à quelque chose de nouveau. Redonner une seconde vie à quelque chose d’ancien beaucoup plus, un vieux coffre, une porte usée par les années, les murs d’une pièce qui ne ressemblait plus à ce qu’on voulait qu’elle soit, c’était une des cordes que le brun avait à son arc mais elle n’aidait pas à ce que Noah, lui, avait en tête. « C’est honorable tout ça. Je prends. » affirmait quant à elle Ginny avec humour tandis qu’il ne se voyait plus que comme garçon de café d’un jour, derrière le plateau à rafraichissement et le regard curieux plutôt que derrière le pinceau et sa toile vierge. Et le petit garçon de se proposer comme professeur particulier avec la vigueur et l’enthousiasme de son âge, la mère poussant la surenchère en affirmant « Attention, je suis très sévère. » avant qu’un éclat de rire ne les prenne tous les trois, car si sévère Ginny pouvait peut-être l’être – Hassan n’en savait rien, il n’avait jamais rien vu de tel mais il n’avait jamais vu la jeune femme ailleurs qu’entre les murs aseptisés de l’hôpital – lui en tout cas peinait à se l’imaginer ainsi. L’imaginer hausser le ton pour quitter la voix douce et armée de calme avec laquelle elle s’exprimait, avec son fils, avec lui, et probablement avec une majorité. L’œil attentif autant qu’attendri, elle l’avait regardé fouiller dans le sac à la recherche de ses trésors de livres, hésitant entre les deux de longues secondes comme si du choix – cornélien – devait déprendre la direction de l’après-midi toute entière. Et c’est le livre du père, finalement, qui avait reçu les faveurs de l’enfant tandis qu’Hassan lui proposait de prendre la charge de la lecture, pour commencer ; Noah cherchant le regard de sa mère comme pour chercher avis ou approbation, celle-ci acquiesçant d’un signe de tête en assurant d’un sourire « On est là bonhomme, on bouge pas. » pour le persuader qu’il pouvait entamer sans lecture sans avoir à douter ni de l’intérêt ni de l’attention de son auditoire.

L'hésitation facilement perceptible dans sa voix soudainement timide, le petit garçon se laissait le temps de déchiffrer et de buter sur les mots pour en tirer le meilleur parti, sa mère profitant de sa concentration pour glisser à l’oreille d’Hassan avec discrétion « Il va vraiment mieux. Et sortir prendre l’air comme ça, c’est l’idéal, ça le remonte comme jamais. » Le sourire d’Hassan s’étirant avec calme, sa tête avait dodeliné avec douceur lorsque ses yeux s’étaient reposés sur Noah « Y'a rien de plus efficace que le grand air, quoi qu’en disent certains toubibs. » Pas qu’Hassan leur jetait la pierre à tous, il savait bien qu’il leur devait la vie, au corps médical du Saint-Vincent. Mais il y avait de ces remèdes pour lesquels ils n’étaient pas les dieux tous puissants. « Et le moral c’est cinquante pour cent du travail, il parait. » Voir même plus, dans certains cas, même si on ne tenait pas non plus là un remède miracle. Appliqué, abattant la tâche à la hauteur de ses connaissances, Noah s’était interrompu avec questionnement, le nez plissé par l’hésitation et qu’il avait relevé vers les deux adultes afin que Ginny l’éclaire de ses lumières de maman lorsqu’il avait questionné « C'est quoi ça, la lettre là ? » Passant de mains en mains le livre avait d’abord terminé dans les mains de la jeune femme pour donner solution au mystère, avant de repasser par celles de Noah qui relisait le mot comme pour être certain de l’imprimer dans un coin de son crâne, puis d’atterrir finalement dans celles d’Hassan alors que le garnement demandait « Fais les voix Hassan, fais la grosse voix qui gronde ! » en estimant avoir suffisamment lu aujourd’hui pour retrouver sa place de spectateur. « Grrrr, comme la voix du dragon ? » S'enthousiasmant dans un rire devant les pitreries vocales d’Hassan – à qui il ne fallait pas le dire deux fois – Noah s’était installé sur le ventre, ses pieds battant parfois derrière lui tandis qu’il écoutait avec délectation les aventures du dit dragon, pour lesquelles le brun redoublait d’imagination dans son rôle de conteur un brin comédien. La bougeotte le reprenant finalement Noah avait profité d’une pause pour étancher sa soif, et questionner sa mère d’un air pensif « Tu penses que je pourrai lire à papa quand il viendra ? » Hésitante, comme prise au dépourvu par la question finalement, Ginny avait retrouvé aussitôt son sourire et passé une main dans les cheveux du garnement en assurant « Bien sûr, il sera super content d'entendre ton progrès. » qui avait suffit à satisfaire l’enfant qu’il était.

Du reste Hassan n’aurait pas pipé mot, pas dans l’idée de se permettre le moindre commentaire à ce sujet tandis que Noah abandonnait la couverture du pique-nique pour s’élancer vers l’aire de jeux ou d’autres enfants s’égosillaient déjà joyeusement. Songeuse, pourtant, la brune avait laissé passer une longue inspiration avant de remettre les choses en ordre « Il est vraiment occupé, avec le boulot et tout. Edward. Noah en parle beaucoup ces jours-ci, je pense qu’il commence à être bien blasé d’avoir que moi comme visiteur. » Derrière le sourire et la plaisanterie glissée avec sagesse, on voyait presque la lassitude et la fatigue que la situation actuelle déposaient avec lourdeur sur les épaules de la jeune femme. « Ça ne doit pas être facile pour vous non plus, comme situation. Ça va, toi ? » Ça lui avait déjà sauté aux yeux, en ses temps d’hospitalisation, le fait que parfois Qasim ou Yasmine semblaient plus au bout du rouleau que lui, le mal physique du malade remplacé par le mal psychique de ceux qui voulaient être là, être forts. Et il n'en savait rien, alors il s’imaginait le dénommé Edward se noyant sous une montagne de boulot pour ne pas penser au reste, au pire. « Merci, encore. D’être là, même si ça semble pas énorme pour toi. Pour nous, pour lui, ça vaut beaucoup. » Elle ne le savait pas, mais il suffisait parfois de lui dire ça pour faire fondre un petit peu son cœur de vrai gentil. C’était sa nature, de n’être jamais autant satisfait et heureux que lorsqu’il avait été une aide ou un réconfort pour autrui. « C’est beaucoup pour moi aussi, je t’assure. Pas pour les mêmes raisons, mais ça me fait autant de bien qu’à vous. » Ça pansait certaines plaies, dans un sens. « Et puis c’est difficile de résister à cette bouille, c'est pas pour rien que Noah est la coqueluche du service. » Et parce qu’il était là depuis longtemps, bien trop longtemps pour n’importe quel petit garçon, mais ça c’était la fatalité qui décidait. Le brun étirant ses bras au-dessus de sa tête avec un soupir d’aise pour ses muscles noués, il avait offert un sourire malicieux à Ginny qui proposait « On va le rejoindre ? » et s’était mis debout en même temps qu’elle avant de décréter « Le dernier arrivé aux balançoires a perdu ! » en détalant presque dans la foulée. Perdu quoi, dieu sait, ce n’était pas vraiment le propos après tout, d’autant plus que l’égalité parfaite les avait frappés tandis qu'ils attrapaient chacun une corde de la balançoire en reprenant leur souffle. « Tu sais qu’il est écrit Pour les enfants de 2 à 10 ans, sur le panneau là-bas ? » Est-ce que cela l'avait empêché de prendre place sur l’une des deux balançoires ? Pas le moins du monde. Pas d’autres enfants à l’horizon que ceux dont les parents pliaient bagages, un peu plus loin, et Noah qui dévalait une dernière fois le toboggan avant de venir à leur rencontre. « On mange quand le dessert ? » Le plus petit estomac mais pas le plus rassasié de toute évidence « Ça, faut voir avec le chef. » Oui Ginny c'est bien de toi que je parle, disait le regard du brun tandis qu’il revenait sur la jeune femme avec malice. L'autre famille s'en allait, la fillette du trio d'enfants saluant timidement Noah de la main avant d’attraper le bras de sa sœur « Un vrai Dom Juan. » s’était amusé Hassan avec douceur.
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Message(#)HASSAN&GINNY ▲ flowers in your hair EmptyMar 24 Oct 2017 - 8:34

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When we were younger, we thought everyone was on our side. Then we grew a little, and knew a lot. We demonstrated it to the world, all the things we said. We were self assured.'Cause it's a long road to wisdom, and it's a short one to being ignored.

C’était devenu un réflexe de défendre Edward, de défendre la relation que je lui avais obligée. Entre lui et moi, ça n’avait jamais été plus à vif que depuis la dernière année, depuis l’annonce du divorce que je lui avais balancé, depuis Ezra, depuis la maladie de Noah, depuis Brisbane. Il avait beau m’avoir été imposé, le Fitzgerald avait toujours fait au mieux avec la situation, tentant de passer le plus de temps possible avec Noah, d’agir avec lui comme un père et pas que de substitution. De voir le garçon dépérir et de savoir Ezra dans les parages l’avaient beaucoup ralenti dans ses démonstrations et dans ses allées et venues à l’hôpital. Je ne pouvais le blâmer – Noah qui le mentionne le cœur gros à Hassan avait motivé ma réponse peut-être un peu trop empressée. Le jeune homme balaie à peine ma mention, levant un regard doux dans ma direction, avant de me demander comment je me porte, comment moi je gère le tout. Je retiens un soupir de passer, parce que ça ne sert à rien de s’éterniser. « Ça fait bien longtemps que je ne me le demande plus. » ma voix est trop détachée pour que je le sois vraiment, mon rire trop nerveux. J’espère qu’il ne tiquera pas trop. « Mais oui, ça va... j’essaie fort. Pour Noah surtout. » parce qu'à mes yeux, mon moral était bien le dernier de mes soucis. Mais il se remontait pour lui, ce petit bout de bonhomme, là, qui s’élance vers les installations et autres jeux le sourire aux lèvres. Je le ne voyais pas se retrouver avec une mère dépressive, comme jadis. Il mérite mieux. Une mère sur laquelle il pourra se tenir, grâce à laquelle il prendra racine, sur laquelle il se reposera, il tirera ses forces pour avancer, pour aider sa condition. Pas le droit à l’erreur. Des mots qui font du bien, un merci qui vient du cœur, et sa réponse m’arrache un énième sourire. Parce qu’il ne suffit pas de le dire, mais de le penser, et tout de suite, ce qu’on vit là, même si c’est simple, même si ce n’est rien, même si ce n’est qu’un après-midi sans gros planning dans un parc à profiter du soleil sans se casser la tête, sans se forcer, c’est le plus beau cadeau qu’on puisse faire à mon fils, et c’est tout ce qui compte. « Alors on est chanceux de s’avoir. » mes doigts cherchent les siens en signe de remerciement supplémentaire, mais je me surprends à retenir le mouvement. Hassan était un bon ami à force, mais je sentais qu’il y avait encore un petit filtre entre nous deux, filtre que le contact physique n’était pas encore à même de percer. Mais ça me plaisait, de prendre le temps, de peaufiner, de profiter de cette amitié qui s’approfondit, de ce lien qui se tisse, fort, dans des moments privilégiés comme maintenant. Mon défi vient casser la conversation, l’envie d’aller jouer, les fourmis qui me démangent dans les jambes. Je n’ai pas envie de sombrer dans le sentimental, je n’ai pas envie de devenir trop nostalgique, je n’ai pas trop envie d’alourdir le tout, et le sourire de gamin qu’Hassan me renvoit confirme que nous sommes sur la même longueur d’ondes et que le moindre potentiel de maturité a bien vite quitté notre espace lunch. La course est brève, le souffle se perd, j’arrive à la même seconde que mon adversaire et j’éclate de rire, d’un bon rire vrai, franc, qui fait du bien, qui soulage. « Tu triches toi et tes grandes jambes d’adulte! » qu’il sous-entende encore une fois qu’on est trop vieux, alors que je retrouve ma jeunesse le temps d’une poignée de secondes.

Le regard complice qu’on partage alors que Noah séduit de son ignorance la jolie fillette qui le quitte à contrecœur ne fait que renchérir la légèreté qui s’est installée entre nous. « S’il savait, il en abuserait. » et comment. C’est bien le dernier de ses soucis, de penser à avoir une copine, à rencontrer des filles, à développer une idylle de bac à sable, à charmer. Gamin de 7 ans qui a dû vieillir trop vite, se responsabiliser trop tôt, et le reste a bien vite pris la seconde place, si ce n’est la dernière. La preuve, les pensées de Noah sont bien loin de sa nouvelle admiratrice, et beaucoup plus avisées vers son estomac d’ogre qui grogne l’envie de sucre. « Depuis quand tu demandes? » que je rétorque, curieuse, les jambes battantes au rythme du mouvement de la balançoire sur laquelle je me suis posée. « Depuis que je sais que tu veux la même tarte que moi! » ah, bien voilà. J’hausse le sourcil, sachant très bien de quelle pâtisserie il parle, celle avec la crème fouettée et les framboises sucrées. Le voleur. Attendrie par son regard de supplication, par sa petite danse du garçon qui veut que je lui cède, j’étire le bras pour ébouriffer ses cheveux à défaut de pouvoir lui poser un baiser sur la joue parce qu'on est en public. Il se dégage, honteux. « Maman, pas ici! » et je me suis retenue, le pire. Pfeuh, avoir su, j’y serais allée avec la totale côté mère collante. « Et il est même pas encore adolescent, t’as vu ça... » mes mots accompagnent sa course vers nos affaires le temps d’aller chercher le sac de desserts amené par Hassan. Aussi vite confiée à mon ami, aussi vite le petit blond revient se poster devant nous, offrant les victuailles à son complice, me gardant pour la fin. Puis voilà qu’il dévisage ma pauvre manœuvre de faire un élan supplémentaire sur ma balançoire, avant d’agiter les doigts vers le papier kraft qui craque sous ses doigts agiles. « T’es trop grande. » il juge mes jambes qui s'allongent, ma nuque qui s'arque dans le manège. Et je prends toute la place en faisant tourner mes chaînes. « T’es trop sérieux. » et voilà qu’il m’oublie, maintenant qu’il prend une bouchée de la tarte qu’il convoite depuis le début, qui laisse une traînée de miettes sur ses lèvres, qui tombent pour la plupart au sol. Il gémit de bonheur, il savoure et je souris. Bêtement. « Parfois je me dis que je suis la meilleure mère de l’univers. » sachant qu’il avait à peine touché à son sandwich. Sachant que son infirmière m’aurait sûrement dit de limiter ses portions de dessert. Sachant qu’il se goinfrait probablement dans cette part et dans une autre, sans demander son reste. « Et surtout la plus humble. » autant le préciser. La journée avance doucement, l’air frais nous fait du bien, le parc s’anime un peu plus, au fil des minutes. « On en refera, des sorties comme ça, hen? Tu promets? » je me tourne vers Hassan, la voix d’une enfant qui parle pour moi. Le sucre, les jeux, le cœur léger, et l’impression d’être une fillette à nouveau. « Ouais allez Hassan, dis oui. » Noah s’ajoute à moi pour supplier le jeune homme, et je me fais violence pour retenir un rire supplémentaire.  


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Message(#)HASSAN&GINNY ▲ flowers in your hair EmptyJeu 2 Nov 2017 - 21:49

Il n’y avait pas que Noah dont la ténacité le laissait admiratif, en vérité. Celle de Ginny forçait le respect également, probablement parce qu’il avait l’impression de toujours la voir ainsi, droite comme un « i » et jamais très loin du chevet ou de la chambre de son bambin, comme si le temps qui passait n’avait aucune emprise sur elle et ne parvenait pas à la détourner une seule seconde de son rôle de mère. Et ce n’était même pas de cela qu’il s’étonnait, mais simplement du fait qu’elle semblait plier, plier, mais craquer ? Jamais. « Ça fait bien longtemps que je ne me le demande plus. » lui avait-elle finalement avoué d’un ton pensif, tandis qu’il s’inquiétait de savoir si elle allait bien. Pas si ça allait bien, si elle allait bien. « Mais oui, ça va … J’essaie fort. Pour Noah surtout. » C'était pas forcément le plus évident de savoir lequel était la béquille de l'autre, si c'était elle qui jouait la force pour son fils ou si c'était le fils qui lui permettait d'être forte, y'avait sans doute un peu des deux, et dans sa discrétion Hassan s'était contenté de hocher la tête. Il n'avait pas grand-chose de plus à en dire, et Ginny menait fièrement sa barque en solitaire dans cette affaire. Mais le brun malgré tout sentait son cœur se réchauffer en l’entendant assurer que cela avait plus de valeur qu'on l'imaginait, ces après-midis de grand air où le temps se suspendait, parce qu’elles en avaient au moins autant pour lui, dont le quotidien manquait cruellement de ces moments de légèreté. Probablement parce qu’il ne savait plus où les trouver, ou ne les cherchait pas au bon endroit. « Alors on est chanceux de s'avoir. » La main de Ginny trouvant la sienne un instant, il avait serré ses doigts avec un sourire qui valait mille mots, avant qu’à cet aveu un peu trop plein d’émotions ne succède à nouveau le brin d’insouciance dont ils avaient tous besoin et qui avait vu les deux jeunes gens abandonner fugacement leurs costumes d'adultes pour se précipiter vers les balançoires avec une candeur qu’ils n’avaient presque pas eu besoin de forcer. Elle était là, chez elle et chez lui, elle ne demandait qu’à s'exprimer un peu quand on la laissait faire, et avait fait papillonner les yeux d’Hassan avec fausse innocence tandis que Ginny arguait « Tu triches toi et tes grandes jambes d'adulte ! » pour expliquer cette non-victoire qui les classaient exæquo. « Ça s’appelle le talent, très chère. » qu’il avait minaudé l’air de rien, avant qu’un rire ne l’emporte, puis prenant place sur la seconde balançoire tandis que du côté du bac à sable on se séparait en échangeant un signe de la main et une œillade timide.

Dom Juan de la première heure mais qui s’ignorait encore, Ginny commentant « S’il savait, il en abuserait. » tandis que Noah délaissait les jeux désormais vides pour les rejoindre, l'esprit plus accaparé par le dessert que part l'effet qu’il faisait aux fillettes de son âge. « Depuis quand tu demandes ? » questionnait la mère faussement suspicieuse, le garnement rétorquant avec aplomb « Depuis que je sais que tu veux la même tarte que moi ! » Le rire avait échappé à Hassan presque malgré lui, tandis qu’il faisait un ou deux tours sur la balançoire pour en enrouler la corde en commentant l'air de rien « Je crois bien que ça sonne le début des hostilités. » tandis que Ginny ébouriffait tendrement la tignasse de son rejeton, provoquant sa molle protestation « Maman, pas ici ! » avant de détaler jusqu’à leurs affaires, la maman roulant des yeux d’un air faussement blasé « Et il est même pas encore adolescent t'as vu ça … » Laissant la balançoire tourner pour revenir à sa position initiale, il avait adopté l'air à demi-compatissant « Faites des enfants qu’ils disaient, uh ? » Montant jusqu’au cerveau la réflexion avait flétri son sourire un quart de seconde, ravalé aussi vite que Noah était revenu avec son butin, le dessert, Hassan le laissant choisir pour lui puis s’emparer de la tarte convoitée par Ginny, jugeant avec sérieux sa tentative pour chaparder le sachet kraft. « T’es trop grande. » - « T’es trop sérieux. » À se demander qui tirerait la langue à l’autre le premier. « Vous êtes trop mignons. » avançait Hassan l’air de rien, de son côté, ses papilles se délectant de la dose de chocolat qu’il leur accordait tandis que Noah goûtait lui au divin gâteau à la framboises objet de toutes les convoitises. Ça ressemblait presque au meilleur gâteau depuis la création de l’univers, à le regarder, et ayant finalement obtenu une autre des gourmandises du sachet Ginny observait un sourire au coin des lèvres « Parfois je me dis que je suis la meilleure mère de l’univers. Et surtout la plus humble. » De la crème jusque sur le bout du nez, Noah s’était interrompu dans sa dégustation pour demander avec le plus grand sérieux « Ça veut dire quoi, humble ? » arrachant au passage un ricanement à Hassan dont le regard s’était posé sur Ginny, curieux de l’entendre éclairer la lanterne de son rejeton à ce sujet.

La dégustation s’était terminée dans la même légèreté, le soleil accompagnant les secondes et les minutes qui passaient, et redisparaissant progressivement derrière les arbres tandis que Noah montrait les premiers signes de fatigue après une journée que le plein air rendait plus éreintante qu’à l’accoutumée. « On en refera, des sorties comme ça, hen ? Tu promets ? » Une dernière fois Hassan s’était balancé comme si l’enfant qui sommeillait n’était pas encore décidé à retourner se loger au fond de son crâne, et Noah de renchérir en offrant son plus beau regard de supplication « Ouais allez Hassan, dis oui. » Retenant un rire, le brun avait offert sa main au garnement pour que s’en suive le check secret développé à force d’heures entières partagées dans les couloirs de pédiatrie, et avait finalement affirmé « Oui, promis. Croix de bois, croix de fer. » en glissant un clin d’œil à Ginny. Délogés alors de leurs balançoires par d’autres enfants à qui les grands dadets qu’ils étaient se devaient de céder leurs places, le trio avait regagné son coin de pique-nique et entrepris de remettre un peu d’ordre dans tout cela « Il est l’heure d’aller voir les wombats, non ? Moi je dis qu’il est l’heure. » Et il ne fallait pas le dire deux fois pour arracher à Noah une nouvelle exclamation, la journée ne pouvant pas se terminer autrement qu’en y ajoutant les animaux promis avant le repas du midi, et devant lesquels enfant et adultes s’étaient tous trois extasié avec un attendrissement non feint.
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