-35%
Le deal à ne pas rater :
-35% sur la machine à café Expresso Delonghi La Specialista Arte
359.99 € 549.99 €
Voir le deal

 edjamin + renegades

Anonymous
Invité
Invité
  

edjamin + renegades Empty
Message(#)edjamin + renegades EmptyMer 5 Juil 2017 - 19:19

Tinder, c’est comme Uber. C’est plus ce que c’était. Ou alors c’est les nanas qui ont changé, prises dans ce courant féministe nouvelle génération où un type n’a même plus le droit de proposer de payer l’addition sans recevoir une tirade militante. Parce que les femmes fortes et indépendantes payent leur conso, mec. Elles te doivent rien, pas même un cocktail, suppo de la société patriarcale. C’est cinquante-cinquante, point c’est tout, et si t’as le malheur d’insister… Mais eh, poupée, si je paye le verre, c’est pas parce que j’en fais ton salaire pour la nuit que tu seras obligée de passer avec moi parce que tu me le dois. C’est parce que je suis un chic type, à mes heures, bien éduqué, tout ça. Quoi qu’il en soit, après m’être fait longuement assommé d’arguments prouvant mon machisme, dont une bonne partie n’étaient pas complètement faux, à la décharge de cette hystérique aux aisselles poilues, j’avoue que toute envie d’oppresser la femelle dans mon lit m’est passée. Je prétexte devoir relever la baby-sitter tôt, claque une bise polie et incroyablement respectueux de la supériorité féminine sur les joues de mon date de ce soir, et je quitte le bar. À vrai dire, j’enfourche ma moto, regrettant de ne pas être celui qui sera enfourché ce soir, et je fais le tour du pâté de maisons assez longtemps pour que la donze se soit cassée retrouver ses douze chats. Puis je reviens, comme une fleur. Par chance, la providence a mis un lot de consolation sur mon chemin, mais pas au féminin. Ed, croisé ici plus d'une fois, habitué, comme moi, buveur, dragueur, parfois looser. Espèce d’Alter ego d'une autre planète. Je m'installe au comptoir à côté de lui, avachi, le dos voûté par le poids du monde, le nez dans sa pinte, l’air misérable, malheureux. “Hé.” Sourcil arqué, je ne suis plus très sûr de vouloir ce tabouret précis, mais il est trop tard pour tourner les talons sans passer pour un trou du cul. Mes lèvres se pincent. Malaise. Il n’a pas l'air bavard. Je ne peux plus m'en aller et le laisser comme ça. Nous voilà bloqués, glorieux. Je cherche une bonne phrase, un truc qui sonne bien, une entrée en matière tonitruante ; “On dirait que tu vas avoir besoin de plus fort que ça.” est tout ce qui me vient, et c'est pas brillant. Je me tourne vers le barman, et je lance à Tommy, avec ce sourire du gars déjà fier de sa bêtise ; “Deux diabolo menthe, on the rocks.” Bien entendu, ça sera deux mojitos. Je n’ai pas l'impression d'arracher ne serait-ce qu'un rictus amusé à Ed. Du coin de l'oeil, je devine qu'il n’a pas bougé d'un pouce. Bientôt il aura de la mousse sur le museau. “Damn, man, on dirait qu’on vient d’égorger un chaton sous tes yeux. Juré, ta gueule va commencer à faire plus de six pieds de long, tu vas bientôt marcher sur ton menton.” Déprimant. En attendant les verres, le silence demeure. Peut-être qu'il est empaillé. Peut-être qu'il va sauter de son tabouret pour me bouffer la carotide comme un zombie. C'est où déjà la carotide ? “Tu vas m’obliger à te faire cracher le morceau comme un arracheur de dents ? Si la stratégie c’est que je paie des tournées jusqu’à ce que tu lâches ce qui va pas, tu te fourres le doigt dans l’oeil jusqu’au coude.” Seigneur, c'était mon père qui employait ce genre d'expressions.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

edjamin + renegades Empty
Message(#)edjamin + renegades EmptyVen 28 Juil 2017 - 15:05

Renegades
Edjamin

You can fool all of the people some of the time, and some of the people all of the time, but you can't fool all of the people all of the time.

Ça fait quoi… trois jours maintenant ? Trois jours que je n’ai plus mis les pieds chez moi, trois jours que je m’incruste par-ci par-là, quittant le lit au petit matin pour retourner à ce travail qui me bousille toujours un peu plus tant qu’on n’aura pas réglé les problèmes. Mais me revoilà de nouveau à traîner dans un bar, je n’aurais pas refusé la présence de cette femme que je croise régulièrement maintenant, au moins ça aurait été gage d’éclat pour ce soir, mais non, je suis seul avec ce qui ressemble à de la bière. Depuis quand je bois de la bière ? Je dois en être à ma troisième peut-être, j’en ai bu plus que ce que j’ai bien pu boire en bière dans toute ma vie, même à l’université je tournais déjà aux Bourbons et autres Whiskys ou alors à des mélanges d’alcools qu’on ne pourrait même pas imaginer aujourd’hui. Je n’ai plus qu’à m’amuser à admirer ces mecs débiles qui essaient de se mettre la première meuf qu’ils croisent dans leur lit, un spectacle plutôt divertissant, surtout quand c’est accompagné d’une bonne claque ou d’un coup de pied parfaitement bien placé. Puis finalement c’est chiant, je pensais que ça pouvait être plus drôle que ça de voir des mecs se faire remballer comme des vieilles merdes, mais ça me fait rappeler que d’une certaine manière et d’une façon moins violente, j’en ai fait moi-même l’expérience il y a peu de temps. Ouai, non, c’est pas drôle. Me retournant vers le comptoir pour me recommander une de ces bières dégueulasse, une main vient se poser sur mon épaule, d’un geste de la tête j’essaie de distinguer les traits du visage de cette personne et pendant un moment j’ai cru voir cette femme hyper sexy avec qui je me suis bien amusé, ouai, celle dont j’ai parlé un peu plus tôt. Un large sourire de voir que ma soirée pouvait être à nouveau sauvée, c’est finalement avec une tête d’un mort déterré que je reconnais ce mec que j’ai pas mal croisé. Comment s'appelle-t-il déjà ? Ben ? Benjamin ? Un truc dans le genre, non pas que je sois mécontent de le voir, mais j’avoue que j’aurais préféré voir ce joli petit minois qui répond au nom de Déborah. « Hé. »  Qu’il commence à me dire, comme à chaque fois que l’on se croise si je me rappelle bien. De déception, de désarroi, je retourne ma tête vers ma bière qui vient juste de m’être servi sous le nez, bière qui me donne vraiment plus envie de vomir qu’autre chose. Perdu dans le peu d'idées qui traversent mon esprit, c’est finalement Ben qui me ramène à moi en prenant enfin place à mes côtés. « On dirait que tu vas avoir besoin de plus fort que ça. » On dirait bien oui, parce qu’une gorgée de plus de cette immonde bière et on pourra m’accompagner aux toilettes pour que je puisse y vider toutes mes tripes. « Deux diabolo menthe, on the rocks. » Demande-t-il finalement au barman. Je pourrais être surpris, mais avec lui ça m’étonnerait qu’il ne se contente que d’une simple boisson sans alcool. Je ne le connais pas personnellement, mais les fois où on a pu se croiser, il ne prenait toute sorte de cocktail. « Damn, man, on dirait qu’on vient d’égorger un chaton sous tes yeux. Juré, ta gueule va commencer à faire plus de six pieds de long, tu vas bientôt marcher sur ton menton. » Puis ça me vient en tête que je ne lui ai même pas retourné son fameux de salutation. Crap, je crois que cette bière m’a vraiment retourné, note à moi-même, faire comme avant, ne jamais prendre de bière. « Tu vas m’obliger à te faire cracher le morceau comme un arracheur de dents ? Si la stratégie c’est que je paie des tournées jusqu’à ce que tu lâches ce qui va pas, tu te fourres le doigt dans l’œil jusqu’au coude. » J’arrive finalement à me réveiller, me retournant vers lui afin de poser une main sur son épaule et de prendre un air plus que sérieux, enfin presque sérieux, voire même peut-être pas du tout. « Désolé mec. Je crois que cette bière m’a tout retourné, je déteste la bière, pourquoi j’en ai commandé d’ailleurs ? » J’espère vraiment être réveillé pour de bon, faire le zombi comme ça, c’est tout aussi chiant que de boire de la bière. Je dois au moins le remercier de ne pas s’être enfuit devant ma tronche de déterré. « Ça fait un moment qu’on ne s’était pas croisé…  Au moins je sais que je vais avoir un bon partenaire de beuverie pour ce soir. » Ouai, je suis vraiment une merde pour remercier. « Tu m’as l’air bien en forme toi, comparé à moi... D’ailleurs pourquoi tu es sorti pour revenir quelques minutes plus tard ? » Si un peu plus tôt dans la soirée je n’étais pas si déprimé que ça, je l’avais tout de même reconnu de là où j’étais et je dois dire qu’il maîtrise tout aussi bien que moi l’art d’envoyer balader les femmes un peu trop gênantes et plus qu’ennuyeuses. «  C’était qui cette femme ? Un plan initial pour ce soir qui a bien échoué ? »

Made by Neon Demon
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

edjamin + renegades Empty
Message(#)edjamin + renegades EmptyLun 7 Aoû 2017 - 1:42

Renegades
Edjamin

You can fool all of the people some of the time, and some of the people all of the time, but you can't fool all of the people all of the time.

Le pub est quasiment vide ce soir, c'est d'une tristesse. Si bien que nos commandes arrivent sur le comptoir en un rien de temps, et j'échange un sourire bourré de malaise avec le barman ; moi confirmant que je vais devoir m'occuper de l'autre énergumène légumineux et flasque, lui me souhaitant bon courage, parce que je vais en avoir bien besoin. L'échange tacite est interrompu par Edward qui se décide à revenir parmi les vivants -ou presque. Sa main sur mon épaule me fait frémir, si ça se trouve j'ai sous les yeux le patient zéro d'une épidémie de zombies et il m'agrippe pour m'arracher la jugulaire d'un coup de dents. Rien de tout cela bien heureusement ; ce n'est qu'un type déprimé, un pauvre gars qui ne sait pas ce qu'il fait là, pourquoi, ni comment trouver le courage de quitter cet endroit pour arrêter de fuir ses problèmes. Dans toute la sélection de poisons, il avait choisi celui qu'il aimait le moins, signe d'une certaine envie de se punir ou d'avoir l'illusion d'être raisonnable ? Lui seul le sait. Sauf que non, il n'en sait rien. « Les voies du Seigneur sont impénétrables mon ami. » dis-je d'une voix grave et sérieuse, prêt à dégainer la bible que j'ai toujours dans ma veste, car j'aime avoir mon Sauveur près de mon coeur en toutes circonstances, sa guidance, ses bonnes paroles à portée de main. Non, pas du tout, mais Edward n'a pas l'air de saisir la blague. Bon Dieu ce que ça va être laborieux. « Sérieux, aucune idée, c'est pas à moi qu'il faut poser la question, j'en bois quasiment pas non plus. T'as songé à l'intolérance au gluten ? » Là encore, la question est ironique, une plaisanterie, mais je m'attends à une réponse tout en premier degré de mon compagnon. Je sais bien qu'il n'est pas dans son état normal, je ne suis pas aveugle, et je ne lui tiens pas rigueur de son état ; on passe tous par des hauts très hauts et des bas très bas. Et on a tous besoin de quelqu'un pour faire comme si de rien n'était, tout en nous ménageant juste assez pour avoir l'illusion de vivre un moment normal, mais sans la difficultés habituelles de la normalité. Partenaire de beuverie, ça peut être mon nom, s'il en a décidé ainsi. « Oh, tu me flattes. Trêve de cérémonie, baise mon sceau de roi de la night et n'en parlons plus. » Je lui tends ma main qui ne porte pas la moindre bague, mais je compte sur lui pour jouer le jeu -même s'il a l'air bien plus enclin à me vomir sur les doigts. Certes, comparé  lui, je pète le feu, même pour quelqu'un qui a raté son date et qui ne risque pas de rentrer accompagné à l'appart'. Broes before hoes qu'ils disent. Visiblement, Edward m'avait repéré bien avant que je ne vienne le tirer de son désespoir dégoulinant sur le comptoir comme un élégant filet de bave. Il m'a vu partir, puis revenir, et il a vu la jeune femme avec qui j'ai passé la soirée, avec qui j'aurais pu passer la nuit si elle n'était pas aussi siphonnée que toutes les demoiselles de nos jours. « Voilà l'histoire ; on est venus boire un verre, tout allait bien, un bisou ici, une main bien placée, j'étais bien parti pour la tringler, et puis j'ai voulu payer l'addition. Et là, pétage de câble. Mademoiselle voulait payer sa part et m'a trouvé trop macho pour elle. » Question de point de vue je suppose, l'intention n'était pas d'acheter son cul -ou peut-être que si à la réflexion. « J'en ai conclu que c'était clairement pas avec elle que je prendrais mon pied ce soir, elle aurait sûrement refusé la levrette parce que bouh c'est avilissant, et un coup d'un soir sans levrette, franchement ? Hell no. » La base. La vérité c'est que je m'en fous, mais ça, personne n'a besoin de le savoir. Et puis l'objectif est de faire réagir Ed, le faire sourire, peut-être rire avec mes pitreries et mes répliques toutes droit sorties d'une comédie américaine à deux balles avec Adam Sandler. On y croit. « Du coup j'ai fait, genre, je dois libérer la baby-sitter, je me suis cassé à moto, j'ai fait le tour du quartier, et je suis revenu voir s'il y avait d'autres poissons dans la marre. » Mon bras passe autour des épaules du grand garçon, mais dans ma caricature du tombeur bien lourd qui colle aux dents qui est le rôle que je me suis assigné pour ce soir et que j'assume jusqu'au bout, je m'adresse à lui comme à une proie, une belle blonde siliconée, barbecuetée aux UV pour avoir un joli teint carotte qui iront tellement bien avec ses ongles de six centimètres manucurés. « Et jt'ai trouvé bien bonne, alors voilà, t'as tiré le ticket gagnant, le Brody en personne, petite chanceuse. » Un petit bisou sur la joue, une tape dans le dos, et je retrouve mon corps, mon caractère, je sors du personnage, coupez c'est dans la boîte. Je me permets enfin de prendre une grande gorgée à la paille de mon mojito, c'est bon, c'est frais -plus frais que la tronche d'Ed. « Surtout ne me dis pas ce qui va pas, okay ? je reprends, sérieusement cette fois, pensant presque chaque mot, assez pour que mes paroles ne soient pas toutes plus absurdes les unes que les autres pendant, quoi, cinq minutes. Je tiens pas à finir dans le même… état que toi, et je sens que c'est bien badant. Ta femme à tous les coups ? Non, chut, me dis rien j't'ai dit. Je t'ai répété combien de fois que cette greluche valait pas le coup ? Une centaine de fois ? Estime-toi heureux d'être débarrassé, c'est tout. La meuf refuse que tu la touche pendant des années alors que vous êtes mariés, c'est de l'abus. Combien d'années de blues balls ? Cinq, six ? Sérieusement, bro. Tu devrais être en train de danser sur le comptoir, pas le ronger avec les dents. » Vous n'imaginez pas à quel point l'alcool délie les langues et toutes les infos que j'ai sur pas mal de monde, parce que je suis ce type, vous voyez, celui qui se souvient toujours de tout, celui dont le cerveau ne s'éteint jamais complètement, celui qui retient tous les secrets que vous marmonnez après la troisième vodka orange ; ce gars qui est une encyclopédie à dossiers sales, honteux, sur la moitié de la ville. « Dis-moi plutôt ce qui te remonterai le moral, j'suis bon pour ça. »

Made by Neon Demon
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

edjamin + renegades Empty
Message(#)edjamin + renegades EmptyMar 19 Déc 2017 - 10:52

Renegades
Edjamin

You can fool all of the people some of the time, and some of the people all of the time, but you can't fool all of the people all of the time.

Je crois ne m’être jamais senti aussi mal, ou en tout cas pas depuis un long moment. Il faut dire que je n’avais plus trop d’espoir pour ce mariage et ce même après quelque tentatives de ma part pour essayer de lui montrer l’autre face de notre relation, celle qu’on n’a pas eu la force de développer à deux. C’est probablement le fait de s’être raté à plusieurs reprises qui me fait me sentir si mal aujourd’hui, elle était trop aveugle pour voir les signes sous ses yeux et pour  une fois j’étais trop dur avec moi-même pour penser pouvoir la mériter. Je ne sais pas où va m’amener cette fin de soirée avec Ben, mais il a au moins le courage de m’avoir approché, si les rôles étaient inversés j’aurais très probablement passé mon chemin en espérant qu’il ne m’ait pas remarqué, tenir compagnie à un mec qui a dix verres de plus dans le nez n’est jamais très amusant. « Les voies du Seigneur sont impénétrables mon ami. » Je le fixe, avec ce regard qui essaye de comprendre le sens de la phrase, mais il n’y a rien à faire, je n’ai strictement rien compris à ce qu’il vient de me dire. J’essaye de retourner la phrase dans tous les sens pour la comprendre, mais ça ne fait qu’intensifier mon mal de crâne et me donner le tournis en imaginant réellement la phrase tourner dans ma tête. Je dois avoir atteint un stade plutôt critique. « Sérieux, aucune idée, c'est pas à moi qu'il faut poser la question, j'en bois quasiment pas non plus. T'as songé à l'intolérance au gluten ? » Encore en proie à la réflexion, je marque quelques secondes avant de lui répondre. « C’est quoi ça le gluten ? » Je n’ai jamais cru quand on me disait que l’alcool pouvait rendre débile, finalement c’est peut-être possible et c’est en voyant son regard rempli de désespoir que je commence vraiment à avoir de la peine pour lui en ce moment. J’essaye alors de me rattraper comme je le peux en le complimentant. « Oh, tu me flattes. Trêve de cérémonie, baise mon sceau de roi de la night et n'en parlons plus. » C’est en lui prenant la main que je remarque une fois de plus, un peu trop tard, du second degré dont a fait preuve le gamin assis à côté de moi. « Pfff, tu ne portes même pas d’anneau, roi de pacotille. Je me suis peut-être finalement trompé sur ton compte. » Lui dis-je avec ironie. Nous sommes tellement différents l’un l’autre et pourtant ça ne nous empêche pas de nous supporter et de discuter, bon la plupart du temps nous ne parlons que des femmes, mais ça reste un sujet de discussion comme un autre, au moins nous sommes d’accord sur ce point. Je n’ai donc pas manqué de le repérer avec cette jeune femme quelques minutes plus tôt avant de réapparaître seul, comme par magie. « Voilà l'histoire ; on est venus boire un verre, tout allait bien, un bisou ici, une main bien placée, j'étais bien parti pour la tringler, et puis j'ai voulu payer l'addition. Et là, pétage de câble. Mademoiselle voulait payer sa part et m'a trouvé trop macho pour elle. J'en ai conclu que c'était clairement pas avec elle que je prendrais mon pied ce soir, elle aurait sûrement refusé la levrette parce que bouh c'est avilissant, et un coup d'un soir sans levrette, franchement ? Hell no. Du coup j'ai fait, genre, je dois libérer la baby-sitter, je me suis cassé à moto, j'ai fait le tour du quartier, et je suis revenu voir s'il y avait d'autres poissons dans la marre. » Son histoire est probablement trop longue pour que je puisse en retenir tous les détails, mais j’arrive quand même à discerner les mots crus qu’il peut avoir, je ne sais pas vraiment pourquoi je me mets, sûrement le fait qu’il n’ait pas réussi à choper ce soir, tout du moins pas pour le moment. « Et jt'ai trouvé bien bonne, alors voilà, t'as tiré le ticket gagnant, le Brody en personne, petite chanceuse. » Si je n’étais pas aussi mal, je l’aurai probablement renvoyé sur son joli petit tabouret en refusant qu’il me touche, mais voilà, je n’ai même pas la force de lever mon petit doigt. « Je ne sais pas si j’ai vraiment de la chance pour le coup. Mais pour le coup tu as fait le bon choix, ce genre de meuf boarf, ennuyeuse à en mourir.  » « Surtout ne me dis pas ce qui va pas, okay ? Je tiens pas à finir dans le même… état que toi, et je sens que c'est bien badant. Ta femme à tous les coups ? Non, chut, me dis rien j't'ai dit. Je t'ai répété combien de fois que cette greluche valait pas le coup ? Une centaine de fois ? Estime-toi heureux d'être débarrassé, c'est tout. La meuf refuse que tu la touche pendant des années alors que vous êtes mariés, c'est de l'abus. Combien d'années de blues balls ? Cinq, six ? Sérieusement, bro. Tu devrais être en train de danser sur le comptoir, pas le ronger avec les dents. » Si le sujet n’était pas si sensible je serais probablement en train de rire à plein poumons, mais je n’y arrive pas et ce même si c’est ce que je pensais de Ginny la première fois que nous nous sommes rencontrés, depuis il y a eu pas mal de changements. « Ne t’inquiète pas pour eux, j’étais tout de même plutôt libre, pour le coup je n’avais pas trop à me plaindre. C’est seulement que c’est toujours plus compliqué quand tu te rends compte que tu es passé à côté de quelque chose, simplement parce que le karma a décidé de tout faire pour que ce ne soit jamais le bon moment pour l’un ou pour l’autre. » Si seulement il était possible de revenir en arrière, peut-être que j’essayerais de m’y prendre autrement, de tout faire pour ce ‘ nous ‘. «  Mais bon, aujourd’hui je suis en instance de divorce et j’ai l’impression d’avoir fait la plus grosse connerie de ma vie. Ironique quand l’on sait qu’au départ aucun de nous deux ne voulaient de ce divorce. » Il serait peut-être temps que je me retienne un peu, il ne vaudrait mieux pas qu’il soit au courant de toute l’histoire non plus. Je le suis dans la commande de son mojito, ça doit bien faire une éternité que je n’ai pas pris de cocktails, tout comme ce fut le cas avec la bière, mais au point où j’en suis, je ne suis plus à ça prêt. « Dis-moi plutôt ce qui te remonterai le moral, j'suis bon pour ça. » Quelque chose pour me remonter le moral… Il pourrait peut-être bien y avoir un sujet où il peut m’aider. « Tu sais la brune que j’ai rencontré une fois dans un bar, celle a qui j’ai littéralement refusé ses avances avant même qu’elle n’aligne une deuxième phrase ? Je l’ai recroisé il y a un ou deux mois, peut-être trois finalement, bref,  je me suis pris le plus gros vent de ma vie. Pour la première fois je n’ai pas réussi à conclure à la fin de la soirée. »  Je pense que je ne serais plus là pour en parler aujourd’hui si jamais ce jour était tombé proche de l’annonce du divorce. « Rassure moi, j’ai encore mes chances avec la gente féminine non ? » Je le regarde avec cette tête qui mériterait une centaine de claques. « Franchement je ne comprends pas, ok elle devait sûrement m’en vouloir, mais merde, j’avais tout fait à la perfection pour qu’elle tombe directement dans mon lit à la fin et qu’est-ce que je récolte ? Un bisou, un simple putain de bisou avant qu'elle ne me tourne le dos et se casse. » J’attrape mon verre pour le finir cul sec avant de faire signe au barman de m’en servir un autre et de me retourner vers lui. « Tu me diras, peut-être que je n’ai plus l’habitude de faire face à des meufs rebelles. »

Made by Neon Demon
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

edjamin + renegades Empty
Message(#)edjamin + renegades EmptyJeu 28 Déc 2017 - 20:18

Renegades
Edjamin

You can fool all of the people some of the time, and some of the people all of the time, but you can't fool all of the people all of the time.

Ce type est complètement fait, cuit, imbibé. Il a le nez dans la mousse, le dos voûté comme le plafond d'un église, et les yeux si plissés que d'ici deux heures ils seront bridés de manière permanente. « C’est quoi ça le gluten ? » est la question qui me fait réaliser que je ne vais pas tirer grand-chose de ce pauvre gars, et je balaye ça d'un revers de la main, l'air de lui dire de laisser tomber. Il l'attrape, prenant mes mots au pied de la lettre, parti pour réellement embrasser la bague qui n'existe pas. J'arque un sourcil, la mâchoire lâche. Ça ne va pas du tout. J'essaye de le distraire en lui racontant mon histoire de ce soir, mais je vois bien qu'il peine à saisir un mot sur deux et qu'au final cela m'amuse plus que lui. Il y en a que l'alcool rend triste, d'autres joyeux, et il y a ceux comme Edward, que l'alcool rend bien trop littéral. « Je ne sais pas si j’ai vraiment de la chance pour le coup. Mais pour le coup tu as fait le bon choix, ce genre de meuf boarf, ennuyeuse à en mourir.  » « Certes… Mais peut-être que je devrais relever le challenge un de ces jours, tenter de jouer dans une autre ligue, faire dans l'exotisme, la féministe. » Quoi que je ne sais pas si, une fois dans l'action, j'arriverai à passer outre les mollets rasés il y a deux semaines. Pour l'honneur, peut-être. « Et à la fin, quand elle aura pris son pied, je pourrais sortir un carnet plein de noms, lui redemander le sien parce que j'aurais probablement oublié, l'ajouter à la liste et lui dire de se casser, et alors elle comprendra qu'elle aura été le joujou du plus grand suppôt de la domination patriarcale, aka le Brody en personne ! » Je m'emporte, je m'exalte, enthousiasmé par cette victoire hypothétique qui aurait un doux goût de vengeance pour cette soirée gâchée. Je devine le regard du barman posé sur moi, à la fois surpris et exaspéré. Je réalise que mes bras sont en l'air comme si je venais de faire un K.O sur le ring de la guerre des sexes. Alors je les baisse, tout doucement, et me cache derrière une gorgée de mojito. « C'est diabolique, j'aime beaucoup ce plan. » je conclus, et je le note dans un coin de ma tête pour une prochaine fois. Ed, lui, il est ailleurs. Il me laisse déblatérer et il reste en lui-même, fermé comme une huître, à moitié endormi sur le comptoir. Du mieux que je peux, je tente de planter un sourire sur sa face. L'idée, c'est qu'il ne puisse pas penser à ses problèmes, à ce qui le mine, qu'il n'en parle pas et que nous fassions comme si rien de tous ses soucis n'existent. Mais j'imagine qu'il a besoin de s'ouvrir, de l'ouvrir tout court, même quand je lui demande de me laisser en dehors de sa misère. « C’est seulement que c’est toujours plus compliqué quand tu te rends compte que tu es passé à côté de quelque chose, simplement parce que le karma a décidé de tout faire pour que ce ne soit jamais le bon moment pour l’un ou pour l’autre. » « Non mais tu sais quand je t'ai dit de pas me dire je le pensais bro'... » «  Mais bon... » « Alright... » « ...aujourd’hui je suis en instance de divorce et j’ai l’impression d’avoir fait la plus grosse connerie de ma vie. Ironique quand l’on sait qu’au départ aucun de nous deux ne voulait de ce divorce. » J'ai bu quelques gorgées pour mieux subir ces niaiseries. « Ouais, à mourir de rire. » je lâche avec un cynisme que je parie qu'il ne notera même pas. Quand je lui ai proposé de lui remonter le moral, je pensais plutôt à un échange de confidences drôles, des histoires dégueues et cocasses, un jeu à boire -ce qui aurait été la moins bonne des idées. Au lieu de cela, Edward m'a l'air en quête de réconfort et de conseils, dépité par ses piteux résultats en matière de flirt actuellement. « Tu sais la brune que j’ai rencontré une fois dans un bar, celle a qui j’ai littéralement refusé ses avances avant même qu’elle n’aligne une deuxième phrase ? » J'acquiesce d'un signe de tête même si, non, pas vraiment. « Je l’ai recroisé il y a un ou deux mois, peut-être trois finalement, bref,  je me suis pris le plus gros vent de ma vie. Pour la première fois je n’ai pas réussi à conclure à la fin de la soirée. » Dur. Je sens d'ici les effluves de sang d'un ego qui s'en est mangé plein les dents. Et de l'alcool. Pas mal d'alcool. « Rassure moi, j’ai encore mes chances avec la gente féminine non ? » Pas si tu continues de ressembler à un déchet auquel on a envie de boucler la ceinture autour de la barre du comptoir pour éviter qu'il se casse la gueule, l'ami, mais je garde la réflexion pour moi sur ce coup là. « Franchement je ne comprends pas, ok elle devait sûrement m’en vouloir, mais merde, j’avais tout fait à la perfection pour qu’elle tombe directement dans mon lit à la fin et qu’est-ce que je récolte ? Un bisou, un simple putain de bisou avant qu'elle ne me tourne le dos et se casse. »  Visiblement ce bisou n'avait rien de magique et ne pouvait pas aider à guérir la déception d'Edward. Je saisis, je comprends, je le prendrais plutôt mal moi aussi, mais j'aurais sûrement tourné la page depuis longtemps, dès l'heure qui aurait suivi l'incident. « Tu me diras, peut-être que je n’ai plus l’habitude de faire face à des meufs rebelles. » Tu m'étonnes, après s'être coltiné bobonne tout ce temps. « C'était qu'une erreur de parcours, t'en fais pas. » dis-je en lui flanquant une tape dans le dos, espérant ne pas déclencher une crise de dégueulis par ce geste. J'éveille mon docteur Mamour intérieur et retourne le problème de mon ami dans tous les sens avant de lui servir ma science toute chaude du micro-ondes. « Si tu veux mon avis, tu devrais laisser tomber cette nana et tout simplement t'en dégoter une autre. Mais quelque chose me dit que tu ne le feras pas, parce que tant que tu ne l'auras pas eu, il te manquera quelque chose. Parce qu'elle l'a pris, avec ce bisou. Et tu sais ce qu'elle a pris ? Le pouvoir. Du pouvoir sur toi, l'ami. » Je devrais tenir des conférences de coaching en séduction. Ca paye tellement mieux qu'avocat commis d'office. Mais je ne crois pas que je supporterai d'être entouré de spécimens comme Ed toute la journée, tous les jours. Quoi qu'il en soit, il a droit à une séance gratuite. « Cette nana, d'après la classification officielle, est une Princesse ascendant Chieuse. Pas le genre que tu peux piéger en faisant genre d'être indifférent et en attendant qu'elle revienne en rampant,vparce qu'elle n'en a rien à cirer de toi non plus. Avec elle, tu n'auras pas ce que tu veux tant qu'elle n'aura pas ce qu'elle veut. Mais si tu arrives à lui faire croire que ce n'est que si elle te donne ce que tu veux qu'elle aura ce qu'elle veut, alors tu peux réussir à emballer. » J'ai perdu Ed au bout du troisième mot, je le sens, je le vois. « Tu n'as rien compris à ce que je viens de dire, c'est ça ? » Il faut admettre que c'est un certain niveau de stratégie qui nécessite peut-être des connaissances sur la gente féminine que cet homme n'a pas. Ou bien manque-t-il tout simplement de neurones, de patience et de charme pour atteindre pareille compréhension des mécanismes du sexe opposé. Cela va toujours plus loin que le simple échange « je te paie un verre et viens on baise ». « Rends toi indispensable, c'est ça l'idée. » je résume façon « pécho pour les nuls ». Je ne peux pas faire mieux. Néanmoins, si j'avais su à ce moment-là que je conseillais ce type pour qu'il réussisse à séduire ma propre sœur, le discours aurait probablement été bien différent.

Made by Neon Demon
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

edjamin + renegades Empty
Message(#)edjamin + renegades EmptyMer 17 Jan 2018 - 8:31

Renegades
Edjamin

You can fool all of the people some of the time, and some of the people all of the time, but you can't fool all of the people all of the time.

Si je suis ici aujourd’hui c’était dans l’espoir d’oublier, de ne plus penser à toutes les emmerdes qui peuvent bien m’attendre ou même à ce foutu divorce qui me bouffe plus que j’aurais pu le penser. On dit de l’alcool qu’il est une solution à nos problèmes, même si c’est éphémère, mwai, je l’ai bien profonde celle-là, car en aucun cas je me sens mieux à l’heure actuelle, au contraire, je me sens encore plus con qu’avant en prenant cette bière à la con qui me déglingue. J’ai bien conscience de me faire passer pour un mec qui a totalement perdu les pédales, et en soit c’est la vérité, mais c’est dans ce genre de cas où l’on se rend compte que sa vie a toujours été qu’échec sur échec et il n’y a rien à faire hormis de subir cette idée. « Certes… Mais peut-être que je devrais relever le challenge un de ces jours, tenter de jouer dans une autre ligue, faire dans l'exotisme, la féministe. » Le féminisme, un mot qui correspond à ce groupe de femmes qui se sont trouvés une mode, sans compter qu’elles voudraient certainement bien voir notre cou pendu à une corde, que ce soit le mien ou celui de Ben. Le vrai féminisme est mort depuis plusieurs années les filles, Elizabeth Cady Stanton doit se retourner dans sa tombe la pauvre. « Et à la fin, quand elle aura pris son pied, je pourrais sortir un carnet plein de noms, lui redemander le sien parce que j'aurais probablement oublié, l'ajouter à la liste et lui dire de se casser, et alors elle comprendra qu'elle aura été le joujou du plus grand suppôt de la domination patriarcale, aka le Brody en personne ! » Je commande un autre verre de bourbon alors que j’avais laissé de côté cette fameuse pinte de bière tout en écoutant la beaufitude en personne me parler. Je dois moi-même m’incliner, dans ce domaine c’est sûrement le meilleur en ce bas monde et je plains la femme qui côtoiera sa vie. « Vu sous cet angle… Mais personnellement je reste persuadé  que tu le regretteras un jour. » Il s’emporte, il se voit déjà vainqueur dans cette petite gueguerre où chacun se vante de faire partie du sexe fort. Une chose dont je suis sûr, c’est qu’il n’est pas prêt d’arriver à ses fins, pas de cette manière en tout cas. Il suffit ne serait-ce que de leur adresser un mot un peu trop mal placé pour pouvoir se manger une tarte dans la gueule et se faire traiter de sexiste, bon c’est un peu vrai, mais ça il ne faut pas le dire. Je vais devoir patienter encore quelques minutes avant de pouvoir éliminer toute cette bière qui se balade dans mon ventre, j’espère que le bourbon va vite faire partir cette merde en se mélangeant avec.  « Non mais tu sais quand je t'ai dit de pas me dire je le pensais bro'... » Je commence peut-être à trop parler, à toujours déblatérer plus de merde et Ben doit commencer à regretter d’être venu vers moi aujourd’hui. « Alright... » À sa place j’aurais déjà lâché un bon gros high kick pour lui remettre les idées en place et lui faire fermer sa gueule. Il n’y a rien de pire que d’écouter un mec bourré se lamenter sur sa vie et c’est ce que je fais actuellement, j’en suis presque à le plaindre. « Ouais, à mourir de rire. » Et je continue à trop l’ouvrir, à parler de tout ce qui me passe par la tête, de plus en plus chiant je ne sais pas si je vais réussir à la fermer à un moment ou un autre. Il doit probablement penser à l’autre blonde qui se situe derrière moi, faisant semblant de m’écouter, ne saisissant que les deux ou trois pauvres mots qui se fraient un chemin vers ses oreilles. Puis il daigne enfin à reporter son attention sur moi et ma pauvre vie qui doit lui paraître bien minable. « C'était qu'une erreur de parcours, t'en fais pas. » Une tape dans le dos qui aurait pu être de trop si je ne m’étais pas retenu au dernier moment de faire ressortir tout ce que j’ai bien pu boire ce soir. Au moins ça m’aurait peut-être aidé à aller mieux. « Si tu veux mon avis, tu devrais laisser tomber cette nana et tout simplement t'en dégoter une autre. Mais quelque chose me dit que tu ne le feras pas, parce que tant que tu ne l'auras pas eu, il te manquera quelque chose. Parce qu'elle l'a pris, avec ce bisou. Et tu sais ce qu'elle a pris ? Le pouvoir. Du pouvoir sur toi, l'ami. » Je donne tout ce que j’ai pour ne pas me perdre dans ce qu’il dit, la moindre des choses quand on sait que je dois sûrement les lui casser en ce moment-même. « J’ai surtout eu cette impression qu’elle m’ait chopé par les couilles et les a réduits à néant. De confidences off bien sûr. » Comment en suis-je arrivé à demander des conseils dans tout ce qui touche à la séduction. Finalement, j’emmerde les effets de l’alcool. Si Matt était là, il serait probablement en train de bien se foutre de ma gueule et rigoler à n’en plus finir avec son vieux rire à la con.  « Cette nana, d'après la classification officielle, est une Princesse ascendant Chieuse. Pas le genre que tu peux piéger en faisant genre d'être indifférent et en attendant qu'elle revienne en rampant, parce qu'elle n'en a rien à cirer de toi non plus. Avec elle, tu n'auras pas ce que tu veux tant qu'elle n'aura pas ce qu'elle veut. Mais si tu arrives à lui faire croire que ce n'est que si elle te donne ce que tu veux qu'elle aura ce qu'elle veut, alors tu peux réussir à emballer. » Je plisse les yeux, essayant de comprendre ne serait-ce qu’un seul mot de ce qu’il vient de me dire. Mais j’ai bien retenu les mots chieuse et princesse et en y réfléchissant bien ça décrit plutôt bien Deb. Je dois lui accorder le fait qu’il arrive à bien cerner les gens. « Tu n'as rien compris à ce que je viens de dire, c'est ça ? » Je lève mon pouce en l’air pour lui faire signe qu’il a visé juste. « Rends toi indispensable, c'est ça l'idée. » J’ai finalement réussi tant bien que mal à comprendre ce qu’il veut dire par ‘ se rendre indispensable ‘, on verra bien quel effet ça pourra bien avoir sur la brune. « Tu sais quoi ? Tu mérites une récompense pour tes conseils qui seront, je l’espère bien, très utiles. » Je fais signe au barman de nous servir ses meilleurs shooters, avant de les déposer devant Ben. « J’espère que tu ne vas pas me laisser les boire tout seul ? » Je prends alors le premier verre avant de le descendre d’une gorgée. Au moins ça va pouvoir me réveiller. « Et toi alors ? Tu ne vas pas me faire croire que tu n’as rien de croustillant à me dire à par cette petite histoire avec la féministe de tout à l’heure, ça ne marche pas avec moi ça. » Ou peut-être que si, peut-être que sa vie et tout aussi nul que la mienne. Il va probablement chercher à se pendre ou à me pendre, au choix, si je continue de le faire chier avec mes problèmes, alors rien de mieux que de changer de sujet. « Ça ne doit pas être très difficile en ce moment, mais j’espère que ta vie est plus joyeuse que la mienne, sinon on risque de dévaliser tout le bar avant la fin de la soirée. »

Made by Neon Demon
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

edjamin + renegades Empty
Message(#)edjamin + renegades EmptyJeu 22 Fév 2018 - 21:46

Renegades
Edjamin

You can fool all of the people some of the time, and some of the people all of the time, but you can't fool all of the people all of the time.

Pas facile de parler de choses censées avec un type bourré. Mieux vaut ne pas utiliser trop de mots, et le peu sélectionnés doivent faire moins de trois syllabes.C’est ce que je saisis quand je me vois conseiller Ed à propos de sa situation comme si j’avais pu accompagner mes paroles d’un dessin pour être certain qu’elle comprenne tout. Je ne sais pas s’il a imprimé ce que j’ai dit, ni même s’il s’en souviendra demain ou s’il l’appliquera, mais au moins, il a mon expertise, et un Brody sait décrypter les femmes. La plupart. Presque. « Tu sais quoi ? Tu mérites une récompense pour tes conseils qui seront, je l’espère bien, très utiles. » Et sur ce, Edward nous commande une tournée de shooters qui m’ont l’air tout sauf raisonnables -et je me demande depuis quand je m’en soucie, puis en relevant les yeux vers le regard vitreux de ce gars, je comprends pourquoi ça me frappe. J’ai l’impression non seulement de laisser un soldat à terre en acceptant qu’il se saoule un peu plus pour une raison aussi futile qu’une nana, mais de lui fournir une nouvelle arme chargée pour s’achever lui-même. « J’espère que tu ne vas pas me laisser les boire tout seul ? » “Noooon, bien sûr que non…” je réponds, réfléchissant encore à la stratégie à adopter afin que lui n’en touche pas un seul et ne risque pas de finir la tronche terre en essayant de quitter son tabouret pour aller aux toilettes plus tard -car vu tout ce qu’il s’est enfilé, ce sera un passage obligé dont la cuvette se souviendra. « Et toi alors ? Tu ne vas pas me faire croire que tu n’as rien de croustillant à me dire à part cette petite histoire avec la féministe de tout à l’heure, ça ne marche pas avec moi ça. » “C’est que…” je n’aime pas spécialement me plaindre, étaler mes problèmes, leur donner une réalité en mettant des mots dessus. J’aime les blagues, les vannes vaseuses, le rentre dedans à deux balles, parce que c’est gratuit, facile, et que ça change les idées en un claquement de doigts. « Ça ne doit pas être très difficile en ce moment, mais j’espère que ta vie est plus joyeuse que la mienne, sinon on risque de dévaliser tout le bar avant la fin de la soirée. » Sur le moment, ça me paraît assez vrai ; je ne crois pas que ma vie soit pire que celle d’Ed et de fait j’ai encore moins de raisons de me plaindre. “Je crois que t’as déjà bien entamé la réserve, je sais pas si je vais pouvoir te rattraper.” Puis mon regard tombe sur les shooters qui trônent face à nous, et c’est comme si une grande ampoule s’allumait au-dessus de ma tête. “J’ai une idée.” Sans plus réfléchir, sans même avoir vraiment réfléchi dès le départ d’ailleurs, j’aligne les shooters  et les gobe d’une traite, un à un, instoppable, déterminé, la vodka au goût de lendemain difficile qui s’écoule dans ma gorge et me brûle déjà l’estomac. Mais quand je retourne le dernier verre sur le comptoir avec la fierté du cowboy sur le point de livrer un duel, j’ai la fierté d’avoir épargné à mon comparse plus d’alcool qu’il n’en a besoin, et accessoirement d’avoir réprimé mon haut le coeur au bout du troisième shot. Néanmoins, pas de ce genre de bonne action tous les soirs. “Et maintenant, on va faire un truc super fun, ça s’appelle “tu sautes dans un taxi pour rentrer chez toi et tu te reprends en main après avoir passé vingt-quatre heures à décuver parce que t’as plus vingt ans”. Crois-moi, tu vas adorer.” Ca y est, la paternité a déteint sur moi, cette touche de sens des responsabilités qui s’immisce doucement dans ma vie, qui s’installe, qui s’impose parfois et outrepasse mon naturel fêtard, rebelle, sans limites, sans règles. Forcément l’autre grand gaillard ne se laissera pas déloger du bar si facilement et j’ai conscience qu’il est trop lourd pour mes bras poids plume. Ce mec là s’adonne à une obscure activité qui s’échappe encore à ce jour : le sport. Et dans un combat entre ma volonté et la gravité, je ne donne pas cher de ma carcasse écrasée par le presque-cadavre d’Edward. “Sérieux Ed, tu fais de la peine, me force pas à tomber dans la pitié en te traînant par terre jusqu’à la sortie.” dis-je, les bras ballants, tentant en vain de le motiver à me suivre dehors. Rien à faire. “Ok, tu sais quoi ? Il y a bien un truc en dehors de la tarée féministe. Je t’en parle, mais en échange, tu pars juste après.” je reprends en retrouvant ma place sur mon tabouret au comptoir. Nouvelle idée ; si je lui parle de mes tracas, peut-être qu’il se montrera plus docile. Est-ce qu’il y a une logique ? Peut-être. Si le plan fonctionne, alors on dira que oui. Un signe au barman et un nouveau verre plein arrive devant moi pendant que je songe à ce que je pourrais livrer au déchet à côté de moi, pendu à mes lèvres et les oreilles grandes ouvertes. “Il y a pas mal de trucs en fait…” Maintenant que j’y pense. Je prends une gorgée pour m’encourager. “D’abord, ma soeur a eu un bébé. Mais elle l’a pas gardé, elle l’a juste laissé à l’hôpital…” Je ne me suis jamais permis de me demander comment je le vivais. “Je croyais qu’elle était venue d’Irlande pour me voir, mais la vérité c’était qu’elle voulait échapper aux parents. Pas qu’elle ait encore dix-sept ans mais… enfin, si, dans sa tête.” Est-ce que je suis vexé ? Un peu. Mais concernant Debra, mieux vaut toujours garder ses espérances basses. “Ensuite y’a cette nana qui s’avère être la mère de mon gamin et qui a disparu de la circulation pendant un an.” Une nouvelle gorgée pour le courage d’assumer que son retour m’a plus retourné que ce que je me suis accordé le temps de l’être. “Et elle frappe à ma porte l’autre jour, comme une fleur, alors que j’arrivais presque à penser qu’elle était morte. Ou en tout cas, que je ne la verrais plus jamais, et Adam non plus.” Troisiè-dernière gorgée. Nouveau verre. “Et ma meilleure amie est folle de jalousie de cette nana que j’aime bien, qui est aussi une amie, mais l’autre amie croit qu’elle est plus qu’une amie alors que je la vois vraiment comme une amie, tu me suis?” Je ne suis pas sûr de me suivre moi-même. “Mais mon amie ne me croit pas vraiment et elle et l’autre amie sont clairement pas amies et… Voilà, quoi.” Finalement, peut-être que j’en ai gros.

Made by Neon Demon
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

edjamin + renegades Empty
Message(#)edjamin + renegades EmptyMer 21 Mar 2018 - 15:18

Renegades
Edjamin

You can fool all of the people some of the time, and some of the people all of the time, but you can't fool all of the people all of the time.

Je commence enfin à me sentir un peu mieux, digérant tant bien que mal la bière qui est passée par là, mais maintenant c’est à mes yeux de me jouer des tours, se fermant à quelques occasions pour mieux s’ouvrir afin de suivre la conversation. Non pas qu’elle soit chiante, au contraire, mais je commence à subir les contrecoups de mes nombreuses nuits blanches accompagnées ou non pour la gent féminine et de quelques verres de bourbon. Il doit bien me penser faible le Ben, on a pas l’habitude d’avoir des conversations aussi sérieuses et surtout aussi détaillées sur ma vie et sur ce que je peux bien ressentir, on s’est toujours contenté de conversations légères, discutant surtout de la dernière paire de fesses que l’on a bien pu avoir au niveau de notre bassin. C’est donc tout naturel que je paie ma tournée pour le remercier et surtout pour qu’il oublie ce que j’ai bien pu lui dire ce soir. J’essaie donc de m’assurer que je ne vais pas être le seul à boire cette tournée de shooters, qui je l’espère va accélérer le lavement de mon estomac, on combat le mal par le mal non ? Et si sa réponse sera je l’espère différente, son regard ne m’a pas l’air très approbateur. “ Noooon, bien sûr que non… ” Sa réponse ne m’a pas l’air très convaincante, mais on verra bien quand nos verres seront prêts. Je ne sais pas vraiment pourquoi, peut-être pour changer de sujet, enfin surtout pour ne plus parler de moi, mais je lui pose cette question, histoire de faire comme si je m’intéressais à sa vie, comme je l’ai déjà dit je lui dois bien ça. “ C’est que… ” Même si je ne le connais pas tant que ça, je peux très bien voir que ce n’est pas vraiment son truc de parler de sa vie, ses problèmes et tout ce qui va avec tout simplement parce qu'en temps normal je suis pareil que lui. Il ne serait sûrement pas du même avis que moi, mais bon. « Un petit effort, je suis certain que tu as quelque chose à me dire. » Et je me fais un peu plus insistant, voyant très bien que sans vraiment le pousser il ne lâchera pas le moindre petit mot, la moindre petite info que je pourrais me mettre sous la dent. Je ne suis pas très doué pour pouvoir trouver des arguments, mais peut-être qu’à force de faire le mec chiant il finira par parler pour pouvoir me faire taire. “ Je crois que t’as déjà bien entamé la réserve, je sais pas si je vais pouvoir te rattraper. ” Je regarde alors mon verre et tous ceux que j’ai bien pu vider et qui sont en train d’être lavés par le barman et je me rends compte que je ne pensais pas avoir autant bu, well, ce n’est qu’un détail. Les shooters arrivent finalement sous nos yeux et pour la première fois je vois Ben avoir les yeux qui s’illuminent, comme s’il était enfin apte à accepter mon cadeau de remerciement. ” J’ai une idée. ” Et sans que je m’y attende, le voilà qui s’enfile les shooters tout seul, un puis deux, trois, tous jusqu’au dernier. Mon regard a suivi chacun des verres qu’il a pu porter à ses lèvres et mon visage se veut dépitée de ne pas avoir pu en boire ne serait-ce qu’un seul. Moi qui voulais qu’il en profite, je me dis maintenant que j’aurais peut-être dû lui poser une limite parce qu’il en a bien trop profité ! “ Et maintenant, on va faire un truc super fun, ça s’appelle “ tu sautes dans un taxi pour rentrer chez toi et tu te reprends en main après avoir passé vingt-quatre heures à décuver parce que t’as plus vingt ans ”. Crois-moi, tu vas adorer. ” Je… Mon regard se veut attristé par la triste réalité, je pensais que la soirée continuerait en toute beauté, mais non, Ben se la joue cassage d’ambiance et veut me faire promettre de rentrer chez moi plus tôt que prévu. Certes, c’est sûrement la meilleure des idées, mais je ne me sens pas capable de retourner dans cette grotte qui me sert de loft. J’ai envisagé de déménager, mais les affaires de Ginny s’y trouvent toujours là-bas. « Déjà ? Je pensais qu’on  pourrait s’amuser un peu plus longtemps, ça commençait à devenir intéressant en plus… » Que je boude tel un gosse à qui on refuse un jouet. Ce n’est pas vraiment une réaction habituelle de ma part, mais j’ai l’impression que rien n’est normal chez moi ce soir, donc je n’en suis plus à un détail près. “ Sérieux Ed, tu fais de la peine, me force pas à tomber dans la pitié en te traînant par terre jusqu’à la sortie. ” Je continue à faire comme si je n’entendais pas ce qu’il me disait, continuant à boire ce verre d’eau qui ne me satisfait pas plus que ça même s’il participe grandement à ce que j’aille un peu mieux sur le moment. “ Ok, tu sais quoi ? Il y a bien un truc en dehors de la tarée féministe. Je t’en parle, mais en échange, tu pars juste après. ” Ma petite oreille se veut un peu plus intéressée par ce qu’il a à me dire maintenant que le sujet revient à ma question de base. Alors oui, j’ai vraiment la flemme de partir, mais il utilise la même technique que moi, il insiste et ça commence à être un peu lourd, donc visiblement ça marche vraiment bien parce que lui comme moi on a tous les deux cédés. « Très bien… C’est une façon de ne pas avouer que tu as peur de mon talent de séducteur… » C’est bien évidemment une énorme blague venant de moi qui doit sûrement faire fuir n’importe quelle fille avec mon haleine de chacal et ma tête de déterrée.  Il reprend place sur le tabouret à côté de moi et se livre à des confessions. “ Il y a pas mal de trucs en fait… D’abord, ma soeur a eu un bébé. Mais elle l’a pas gardé, elle l’a juste laissé à l’hôpital… Je croyais qu’elle était venue d’Irlande pour me voir, mais la vérité c’était qu’elle voulait échapper aux parents. Pas qu’elle ait encore dix-sept ans mais… enfin, si, dans sa tête.” Je continue de l’écouter attentivement avec mon verre d’eau en main, visiblement c’est aussi plutôt compliqué côté familiale pour lui, mais bon, rien de ce que je pourrais vivre au quotidien, il a encore un peu de marge avant de me rattraper.  Il boit une nouvelle gorgée avant de reprendre la discussion là où il l’a laissé. “ Ensuite y’a cette nana qui s’avère être la mère de mon gamin et qui a disparu de la circulation pendant un an. Et elle frappe à ma porte l’autre jour, comme une fleur, alors que j’arrivais presque à penser qu’elle était morte. Ou en tout cas, que je ne la verrais plus jamais, et Adam non plus. Et ma meilleure amie est folle de jalousie de cette nana que j’aime bien, qui est aussi une amie, mais l’autre amie croit qu’elle est plus qu’une amie alors que je la vois vraiment comme une amie, tu me suis ? Mais mon amie ne me croit pas vraiment et elle et l’autre amie sont clairement pas amies et… Voilà, quoi. ” Je lève un sourcille alors que j’ai à peine suivi ce qu’il vient de me dire. Je n’ai pas fait attention au nombre de gorgées qu’il a bien pu prendre entre chaque confessions et j’ai seulement compris qu’il y avait un délire d’ex disparue, d’amie jalouse et de… je ne sais plus trop quoi d’autre. Lui qui faisait le malin comme quoi il n’avait pas grand-chose à dire, il s’est quand même bien déversé. « Ah ouais et après ça tu oses me dire que tu n’avais rien de croustillant ? La bonne blague ! Tu as même de la chance, que ce soit ton ex, ton amie ou ta meilleure amie, les filles viennent vers toi alors que moi c’est tout le contraire… » Je ne dis pas ça pour me plaindre une nouvelle fois, c n’est que la stricte vérité après tout. Je lève mon verre ayant bien conscience de l’effort qu’il a probablement dû faire pour m’avouer tout ça, espérant que ce ne soit pas des bobards pour me faire plaisir. « Une promesse est une promesse, tu peux appeler Alfred mon voiturier ? J’aimerais te donner moi aussi des conseils, mais quelque chose me dit que je suis une grosse merde pour ça. » Et dans tous les cas je sais pertinemment qu’il n’en aurait rien à foutre de ce que je pourrais bien lui dire, il ne m’a pas l’air du genre à écouter ce qu’un vieux con ivre comme moi pourrait bien lui dire. « Tout ce que je peux te dire, c’est qu’il faut croire aux secondes chances… Si ton ex a fait la conne, mais qu’elle veut se pardonner, tu ne devrais pas l’en empêcher… » Je dis ça, mais j’aimerais garder Ezra éloigné de Ginny et de Noah sans vouloir lui laisser l’occasion de se rattraper par rapport à ce qu’il a bien pu faire, ou ne pas faire justement, par le passé.

Made by Neon Demon
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

edjamin + renegades Empty
Message(#)edjamin + renegades EmptyVen 6 Avr 2018 - 8:44

Renegades
Edjamin

You can fool all of the people some of the time, and some of the people all of the time, but you can't fool all of the people all of the time.

Beuverie ou séance de psy, cette soirée prend des airs de film cucul la praline où les hommes s'interrogent sur le sens de la vie, de l'amour et du flirt pendant que les nanas pleurent sur leur célibat avec un pot de glace -et tout est bien qui finit bien. Et moi le dernier suis-je du genre à me laisser aller à la confession, pas pour entretenir la moindre façade de vie plus aisée qu'elle ne l'est et qui n'aurait aucune crédibilité me connaissant, pas pour me la jouer mystérieux ou parce que je pense que cela n’a pas d'intérêt ; parce que ce n’est pas moi, de me plaindre, me laisser perdre le sourire, m'attarder sur les complications qui n'ont ni début ni fin. Mais c'est l'activité principale d'une bonne partie de la population après une certaine dose d'alcool, je conçois, et puisque c'est apparemment le seul moyen d'arracher Edward à son tabouret, je joue le jeu. Ce qu'il prend pour une tactique détournée pour qu'il ne me fasse pas d'ombre auprès des proies inexistantes de ce bar n’est vraiment qu'un moyen désespéré de l'empêcher d'allonger sa liste de regrets du lendemain de cuite qui fera bien assez mal comme ça. “Mec, la seule chose que tu peux espérer choper avec cette gueule et cette haleine, c'est une bulgare héroïnomane séropositive.” je rétorque en l'invitant à s'inspecter un peu avant de s'avancer sur ses prétendus talents de séducteur. Un babouin transgenre n'en voudrait pas. Une fois que j'ai l'attention d’Ed, je me lance dans ce résumé en grandes lignes moins vagues que prévues de mes dernières actualités, un an de vie plus chamboulée que je ne veux le croire. Oui, il y a à dire, à commenter, et sûrement à se plaindre pendant des heures. Mais ce que je lui donne là est déjà bien plus que qui que ce soit, dans la mesure où tout ce qui concerne Heidi n’est bien entendu jamais arrivé aux oreilles de la première concernée. Quant à ma sœur, elle se passe des commentaires de ma part sur ses choix, qu'elle n'écouterait pas de toute manière. Pour ce qui est de Ginny, ce n’est ni à l'une, ni à l'autre, ni à Matt que je pourrais me confier. Et je me rends compte que mon répertoire de contacts bien fourni est ponctué de trop rares amis proches, et ceux à qui je pourrais absolument tout raconter ramène ce chiffre à néant. Alors, cela apparaît plutôt futile, que les femmes gravitent autour de moi sans effort. “Well, je sais où trouver des bulgares héroïnomane, si c'est que ça.” dis-je avec un petit sourire moqueur, les lèvres au bord de mon verre. Un coup de nuque et j'en termine la dernière gorgée. Je vais pas m'épancher, et Edward a eu ce qu'il voulait, je ne réclame aucun conseil de sa part, je m'en passe bien, alors c'est l'heure de s'arracher. Mes yeux roulent, ma tête qui acquiesce, je donne l'air de savoir exactement ce que je fais dans tout ce micmac -je pardonne, je gère, j'essaye d'élever un gamin au milieu du bordel- mais la vérité, c'est que cela m’a fait du bien, d'articuler tout ceci auprès d'une personne totalement extérieure. Je ne suis pas un rancunier très tenace, je ne vais pas empêcher Loan de voir Adam. Je ne suis pas suicidaire non plus, alors j'évite le nom de Ginny devant Heidi. Et tout le monde se porte bien. Happy ending. “Ton chauffeur s'appelle vraiment Alfred ? Si je l'appelle je vais voir débarquer la batmobile, ou bien ?” je plaisante en subtilisant le téléphone des mains poisseuses d'alcool sec d’Ed. Il faudrait deux mois de salaire minimum pour m'acheter le même appareil. Je me demande si la qualité des selfies est bonne. Le chauffeur est facile à trouver, tout en haut de la liste de contacts, et il décroche avec efficacité tandis que je me paie sa tête; “Alfred ? Le devoir nous appelle, Gotham est en péril et…” Il m’interrompt, sec comme du pain d'il y a trois jours. “Euh, ouais… Ouais, complètement rincé… Au McTavish… On bouge pas.” Et je raccroche, boudeur comme un enfant. “Pas drôle.” La voiture ne devrait pas tarder, alors je traîne la carcasse du pochtron jusqu'à l'extérieur, là où un peu d'air frais ne peut lui faire que du bien. Je ne sais pas s'il est fumeur, mais moi pas -ou plus, à cause de mon fils- et mes narines sont titillées par les volutes âpres de la cancerette d'à côté, au bord de la bouche rouge d'une serveuse en pause. Le petit nuage flotte au-dessus de nous, et je l'inspire à plein poumons. “Tu sais, à propos de ton divorce… je reprends, mains dans les poches, laissant Ed s'appuyer comme un cadavre sur la façade du pub. Tu devrais essayer de voir ça comme un nouveau départ. L'occasion de passer l'éponge, mettre les choses à plat, y voir plus clair et pas seulement à travers le fond d'un verre.” L’alcool, la solution de facilité, la fuite qui a bon goût, l'option temporaire qui repousse la remise en question, les choix, les trucs de grands. Oui, je suis rarement mes propres conseils, exceptés ceux consistant à ne pas aller en prison. C'est joli à l'oreille, cet air de penseur qui ne passe pas la majorité de ses weekends à faire très exactement la même chose. L'avantage des gens que l'on ne croise qu'une fois de temps en temps, c'est qu'ils sont comme Vegas ; auprès d'eux, on peut être à peu près ce qu'on veut. “Ça vaut c'que ça vaut, je suis meilleur en conseils à propos des donzes qu'en gourou de philosophie de vie, peut-être que tu devrais pas m'écouter.” Définitivement pas. Pour mettre fin à la supercherie, voilà que deux ans de salaire sous forme de voiture se garent devant nous, ce qui a l'air d'un Alfred typique vissé au volant, témoin de ma bonne action du jour. “Tiens princesse, c'est ton carrosse.”

Made by Neon Demon
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
  

edjamin + renegades Empty
Message(#)edjamin + renegades Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

edjamin + renegades