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 golden years (ilhan)

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Message(#)golden years (ilhan) EmptyVen 7 Juil 2017 - 11:01



≈ ≈ ≈
{ it's just a silhouette, a flick in the blinds
just a mind trick, i don't know why
but it reminds me of someone that I used to know }
ilhan ✰ andrina
Elle évoluait comme un spectre, en sortant du club, ses pas n’obéissaient à aucune logique. Devant elle, se dressaient les lampadaires sinistres, crevant la nuit noire et ils étaient sa seule compagnie à cette heure tardive. Enfin, si on ne prenait pas en compte le couple à l’autre bout du parking qui riaient à lui faire crever les tympans, sortant visiblement de la même soirée qu’elle. Un autre soir, elle serait restée jusqu’au petit matin mais un mal de crâne affreux l’avait gagné, lui donnant une parfaite excuse pour s’éclipser. Il était rare, pour Nina, de ne pas s’amuser dans ces fêtes où elle enchaînait shots après shots pour s’enivrer et perdre toute inhibition sur la piste de danse, autant grisée par l’alcool que par les regards portés sur elle. Seulement, les nuits sans sommeil s’étaient enchaînées, les angoisses sourdes tapies au plus profond d’elle qui surgissaient au détour d’une pensée quelconque et les maladresses qu’elle enchaînait à cause de la fatigue la laissaient dans un état de dépouillement le plus total ; elle n’avait plus d’énergie. Elle peinait à tenir debout sur ses grands talons, ses chevilles portant tout son poids, elle craignait de se ramasser par terre à chaque pas. Retrouver sa voiture ne fut pas une mince affaire, elle avait eu le temps d’oublier mille fois où elle l’avait garée et incapable de parcourir les allées pour la retrouver, elle se posta au centre du parking et attendit que la lumière des phares alors qu’elle appuyait sur le bouton viennent la renseigner sur l’emplacement de sa Mercedes chérie. Elle l’avait retrouvée deux semaines auparavant, comme neuve alors qu’elle l’avait si méchamment cabossée, fin mai, en se prenant un arbre. Devoir prendre la vieille Audi des Gilmore lui avait donné l’impression de trahir sa voiture adorée, mais heureusement, ce n’était plus que de l’histoire ancienne. Elle pouvait de nouveau se pavaner fièrement dans sa berline et reprendre ses vieilles habitudes de mauvaise conductrice.  

Elle retrouve le sourire quand son moteur pousse son joli ronronnement après qu’elle ait appuyé sur l’accélérateur. Nina fait de la route son terrain de jeu, dans ces moments-là, elle peut en oublier tout le reste. Elle a toujours éprouvé du plaisir à rouler et même là en ville, elle s’accorde à faire grimper les chiffres du compteur, tandis que résonne la musique prodiguée par la radio. Elle passe une autre vitesse, dans une ligne droite, en traversant la zone des bureaux à Pine Rivers. Les rues sont vides, contrastant réellement avec l’effervescence qui règne dans ce quartier la journée. Les pensées glissent dans sa tête, aussi rapidement que les paysages défilent, tout fuse. Nina est préoccupée par tant de choses en ce moment qu’elle ignore par quoi commencer, tout lui était tombé dessus, d’un coup. Elle refusait de faire face à ses responsabilités, bloquant ainsi sa situation dans un chaos total, laissant tous ses problèmes irrésolus. La preuve, ce soir, elle avait préféré aller danser et si quelqu’un d’autre qu’elle savait tout ce qu’elle traversait, il se serait sûrement offusqué qu’elle ait le cœur à la fête dans un moment pareil. Elle préférait s’étourdir avec de la musique et de l’alcool pour espérer oublier mais ce soir, elle ne pouvait pas, elle avait atteint ses limites physiques puisque son corps aussi était sévèrement atteint d’être autant sous pression. Son téléphone vibra, provoquant un bruit sourd contre l’emplacement où elle l’avait mis. Elle jeta un coup d’œil à l’écran pour savoir qui l’appelait à cette heure si tardive et ses craintes furent confirmées quand elle vit ‘Angelina’. Le temps de réagir, son interlocutrice avait déjà raccroché. Nina pesta, prit son téléphone et projetait de la rappelait, toujours en gardant un œil sur la route. Elle n’avait pas décéléré. Une mauvaise manipulation la fit appeler quelqu’un d’autre et elle jura, encore, toute seule avant de rechercher Angelina dans son journal d’appel. Coup d’œil à la route. Panique. Elle appuya de toute ses forces sur le frein, tout en gardant sa main sur le klaxon mais son cœur rata un battement quand elle entendit un bruit sourd. Un choc. Elle venait de percuter quelqu’un, elle en était certaine. Les oreilles sifflantes à cause du bruit assourdissant du klaxon, elle respirait fort, il lui fallut quelques instants pour se remettre de ses émotions. Maintenant, elle fulminait, son assurance n’allait jamais laisser passer ça et il suffisait pour qu’elle tombe sur un idiot pour se retrouver mêlée à de gros problèmes judiciaires. Elle pria pour que ce ne soit pas grave et l’idée de filer lui traversa l’esprit. Que faire, que faire dans une situation pareille ? Et si elle l’avait tué ? Elle ne revit personne se relever… Les minutes lui semblèrent interminables alors qu’elle cogitait encore, se repassant le film des derniers événements à l’esprit. Elle avait freiné à temps, elle l’avait vu d’assez loin et non, elle ne l’avait pas percuté de plein fouet, sinon, la personne aurait sûrement atterri sur son pare-brise vu la vitesse à laquelle elle roulait. Elle jura. Si ce n’était pas grave, elle se disait qu’en se montrant assez avenante et gentille, la personne qu’elle avait percutée renoncerait à porter plainte. Elle oublia totalement le cas Angelina pour sortir de la voiture en claquant violemment la portière. « Mais où est-ce que vous aviez la tête ? Vous ne m’avez pas entendu venir ? » Il se révéla qu’elle venait de percuter un homme, jeune, qui restait encore à terre et elle n’eût pas la présence d’esprit d’aller l’aider à se relever. Au lieu de ça, elle resta plantée à une certaine de lui et continua à hurler. « Qu’est-ce qu’on peut bien foutre aussi tard, ici, putain ! T’es bourré, tu t’es perdu ? » Elle le mitraille de question, sans même se soucier de le savoir en état de choc ou non. Elle se décide, néanmoins, au bout d’un moment à faire quelques pas vers lui pour l’observer. Elle regrette instantanément ses paroles, son ton horrible et ses manières quand elle le reconnaît. Elle n’ose même pas bouger, trop stupéfaite de tomber nez à nez avec ce fantôme de son passé. Elle reconnaît son visage, il est devenu familier ces dernières semaines, elle l’avait croisé de nombreuses fois et elle n’avait jamais osé lui parler. « Ilhan... Ilhan, c’est toi ? » Sa voix est faible, son prénom est murmuré alors qu’une émotion indescriptible la gagne. « Je ne t’avais pas vu, tu peux te relever ? » Elle est familière avec lui, comme s’il n’y avait pas eu ces dizaines d’années écoulées depuis leur première rencontre, elle lui a toujours fait confiance. L’enfant encore en elle se souvient de cette main tendue, une première fois alors qu’elle était seule, de même pour leurs conversations fantaisistes et sa façon de l’admirer et de l’adorer à la fois. Il avait été son ami. L’un des premiers. L’un des rares à avoir pu être désigné comme tel. A son tour, elle s’approche, se penche pour qu’il puisse voir la main qu’elle lui tend. Elle est prête à l'aider mais s'attend carrément à un refus après sa façon horrible de lui parler.
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Message(#)golden years (ilhan) EmptyDim 16 Juil 2017 - 20:45


IT'S JUST A SILHOUETTE, A FLICK IN THE BLINDS JUST A MIND TRICK, I DON'T KNOW WHY BUT IT REMINDS ME OF SOMEONE THAT I USED TO KNOW


Il pouvait déjà entendre sa mère le sermonner pour avoir une nouvelle fois quitté son travail à une heure indue. Ils étaient rares ceux qui restaient travailler aussi tard, et à vrai dire Ilhan était bien souvent le dernier à partir le soir, c'était presque devenu un rituel pour lui. Il ne prenait aucun plaisir à rentrer à une heure pareille, simplement c'était un perfectionniste qui ne pouvait pas partir avant d'avoir terminé tout ce qui était en cours, et comme c'était le genre à traiter dix problèmes à la fois, forcément. Son patron ne disait rien quant aux heures supplémentaires qui commençaient à sérieusement s'accumuler, un employé comme lui il n'allait évidemment pas s'en plaindre. Au début il avait bien tenté d'attirer son attention quant à l'heure à laquelle il terminait le soir, mais il savait de toute façon que les choses ne changeraient pas. L'avantage, quand même, de finir aussi tard était la tranquillité des bureaux passée une certaine heure. Ilhan le grand solitaire ne s'en plaignait pas, bien au contraire, c'était même le meilleur moment de la journée pour lui quand il pouvait enfin goûter à sa chère solitude et ne plus devoir s'infliger d'interactions sociales avec ses collègues ou avec les clients. Au fond il ne pensait pas être adapté au monde du travail, c'était même évident qu'un élément comme lui aurait toujours du mal à s'y adapter et à y évoluer car cela lui demandait un énorme travail sur lui-même. Il estimait avoir progressé depuis l'année dernière, mais il ne se sentait toujours pas à sa place, ni à l'aise dans ces grands bureaux où tout le monde se côtoyait, et où il était encerclé du matin jusqu'au soir. Il avait un travail et son propre bureau, certes, mais qu'est-ce que ça pouvait être pénible certains jours de devoir sortir de sa bulle pour interagir avec les autres. Il ne s'y faisait toujours pas, c'était vraiment le côté le plus difficile de son travail, le contact aux gens. Ce soir encore Ilhan rentrerait chez lui en se disant, une nouvelle fois, qu'il n'était probablement pas compatible avec la société ni les autres. Et ça, peu importe le travail qu'il ferait et dans quelles conditions, il se voyait mal renoncer à cette idée car c'était un ressenti qui ne le quittait pas, qui était ancré en lui. Aux yeux de beaucoup son insertion professionnelle était un succès et sa progression fulgurante, mais Ilhan ne voyait pas vraiment les choses de la même façon et pour le vivre au quotidien, il savait bien tout ce que cette insertion avait comme conséquences et combien cela lui demandait d'efforts. C'était beau à voir c'est sûr, un jeune aspie qui était parvenu à trouver du travail malgré ses grandes difficultés sociales et qui évoluait dans une société au même titre que n'importe quel autre. Oui, mais qui pouvait dire comment il le vivait lui, personne n'avait connaissance de l'envers du décor parce que tout le monde préférait s'arrêter au fait qu'Ilhan s'était intégré comme une personne normale, qu'il gagnait sa vie et que c'était une belle revanche sur son trouble. Lorsqu'il s'égarait en pensées comme ce soir, Ilhan ne prêtait plus vraiment attention à ce qui l'entourait. Il se fermait au monde et se réfugiait dans sa coquille de protection, oubliait tout et tout le monde autour. Et ne pensait même plus à sa propre sécurité, comme en traversant la route par exemple. Il s'engagea sans même regarder si un véhicule arrivait, et sans signaler sa présence à un éventuel automobiliste qui pourrait ne pas le voir surgir dans la nuit. Vêtu comme il l'était, il aurait été difficile de le voir de loin et donc de l'éviter. Son imprudence, due au fait qu'il s'était totalement déconnecté de ce monde, allait lui valoir une belle frayeur. Soudain un klaxon, un flash, puis plus rien. Il rouvrit les yeux, étendu par terre, puis réalisa qu'il venait certainement de se faire percuter par une voiture. Fort heureusement le choc n'avait pas été très brutal. Il avait heurté le bitume mais il était conscient, et sonné, surtout. Une voix de femme s'éleva, et Ilhan ne réagit d'abord pas aux cris de celle-ci. C'est lorsqu'il tenta de se redresser et que celle-ci s'approcha que le ton de cette fameuse voix changea. Elle ne criait plus à présent, et contre toute attente, la jeune femme prononça son prénom. Il releva la tête, surpris, et son regard croisa celui d'une connaissance, une fille qu'il avait bien connu dans le passé. « Andrina. » souffla-t-il, peinant à croire qu'il avait bien la grande amie de son enfance devant les yeux, celle qui avait tant compté pour lui et avec laquelle il avait partagé tant de choses. Son passé venait de ressurgir devant lui, et c'était encore plus choquant au final que l'accident lui-même. Il ne s'en rendait pas compte, mais Andrina semblait inquiète pour lui maintenant qu'elle savait qui il était. Elle chercha à savoir s'il était en capacité de se relever. « Je crois. » Mais malgré ça, il resta assis par terre et son regard se perdit sur la chaussée, alors que la main d'Andrina lui était tendue. Il ne pouvait pas la saisir. Les circonstances faisaient qu'il en était incapable. Ilhan était perdu, à la fois en état de choc après la collision avec la voiture, et totalement déboussolé par le retour d'une vieille connaissance dans sa vie. Là pour lui rappeler l'enfant qu'il était autrefois, là aussi pour lui remettre en mémoire un passé qu'il avait en partie renié, parce qu'il avait vécu des choses qu'aucun enfant ne devrait vivre au temps de l'innocence. Elle avait été l'une de ses seules amies, elle avait compté comme personne à ses yeux mais tout lui semblait si lointain aujourd'hui. C'était presque une autre vie, un autre Ilhan, et il n'était pas préparé à un tel retour en arrière. Même s'ils avaient eu l'occasion de se revoir avant ça, notamment à la bibliothèque, tout avait été trop soudain ce soir. Il avait besoin de reprendre ses esprits et se trouvait prisonnier de sa torpeur. « Je... Je ne me sens pas bien. » Il sentait l'angoisse le gagner, ce sentiment si désagréable de catastrophe imminente et de peur grandissante, et s'il ne faisait rien c'était une véritable crise qui s'annonçait et le guettait. Avec tout ce qu'il était déjà amené à gérer en ce moment, voilà qu'Andrina surgissait du passé, et bouleversait sa petite routine de vie où les imprévus n'avaient guère leur place. Son équilibre était brisé, et le pire c'est qu'elle n'avait même pas conscience de ce qu'il était devenu après toutes ces années, elle ne le connaissait plus du tout et il y avait fort à parier que lui non plus. « Laisse moi ! » cria-t-il en s'agitant de plus en plus, et en tenant fermement ses mains plaquées de part et d'autre de son crâne. Il tremblait et ressentait comme des palpitations, c'était bel et bien l'angoisse qui montait et l'issue d'une telle situation était bien souvent la même : le mutisme et le total repli sur lui-même.


Dernière édition par Ilhan Saleh le Mar 18 Juil 2017 - 20:23, édité 2 fois
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Message(#)golden years (ilhan) EmptyMar 18 Juil 2017 - 11:44

Il s’est coupé les cheveux, depuis la dernière fois qu’elle l’avait aperçu dans la rue. Elle l’avait simplement vu, de loin, ignorant tout, des raisons de sa sortie au lieu où il se rendait, leurs chemins ne s’étaient pas croisés, aucun mot n’avait été échangé entre eux. Toujours aucun depuis toutes ces années. Même la fois où il lui avait suggéré ce livre d’astronomie, à la bibliothèque tandis qu’elle flânait, son comportement avait été si étrange, il était resté muet et s’était éclipsé aussitôt qu’elle avait accepté le livre. Ilhan. Elle se souvenait bien du petit garçon qu’il était, acceptant sa modeste compagnie après qu’elle lui ait apporté un peu de bois pour que sa cabane soit un peu plus imposante. Elle se souvenait aussi qu’il avait refusé son aide, qu’il lui avait clairement dit non quand elle avait tenté d'apporter une branche à son édifice mais cela ne l’avait pas vexée, elle l’avait trouvé étrange mais ne lui en avait pas gardé rancune. Preuve en est, les lettres qu’ils s’étaient envoyées encore longtemps après ce séjour à la colonie de vacances témoignaient de la sympathie qu’elle ressentait pour lui. Le temps les avait marqués, son aîné de quelques années devait avoir la vingtaine bien entamée. Sur son visage, dénué de rides évidemment, on lisait tout de même de la maturité. Ils étaient des adultes maintenant mais après tout ce temps, il aurait été bien difficile de trouver quelque chose qui les rapprocheraient. D’ailleurs, elle se demanda qu’en était-il de son côté ? Pourquoi ne lui avait-il pas parlé ? Pourquoi ils s’étaient toujours contentés de se regarder ? Chacun de son côté gardait ses propres souvenirs de l’autre pour lui, comme s’ils refusaient de reconnaître la réapparition de l’autre, en tous cas, elle, elle n’avait pas osé. Et maintenant, maintenant qu’elle revoit son visage, qu’ils sont seuls dans cette rue, elle se dit que le hasard est une drôle d’invention. Elle ne se doutait pas qu’elle le recroiserait là, qu’elle serait si inquiète parce qu’elle n’était passée qu’à deux doigts de le tuer, qu’elle lui hurlerait des reproches ainsi, croyant parler à un inconscient. C’était quel genre de retrouvailles, ça ? Pas de celles qui annonçaient le retour d’une amitié innocente et enfantine, c’est certain, ainsi, elle se dit qu’il fallait peut-être faire le deuil de leur ancienne relation, comme elle l’avait fait jusque-là et ne pas espérer qu’ils s’entendent comme d’antan. Elle-même savait qu’elle avait beaucoup changé et peut-être pas pour lui apparaître sous son meilleur jour, aujourd’hui. Il serait peut-être déçu si elle lui laissait entrevoir la personne qu’elle était devenue. Le genre de fille qui rentrait au petit matin, après avoir passé la soirée à chanter, danser, à boire, à se laisser aborder par n’importe qui et rire gorge déployée, sans penser au lendemain. Le genre de fille qui ne se remettait jamais en question et qui rejetait directement la faute sur les autres, considérant que le monde tournait autour d’elle et que tout, vraiment tout, lui était dû sans qu’elle n’ait besoin de le demander. Le genre de fille, inconsciente, qui roulait trop vite alors qu’elle n’avait pas la tête claire… qui ne reconnaissait pas directement les conséquences de sa conduite à risque, jusqu’à voir vraiment un homme à terre, par sa faute. Elle se rassura en le voyant là, peut-être choqué mais encore, en possession de tous ses moyens. Il prononça son nom, dans d’autres circonstances, cela lui aurait fait plaisir. Pas là. Il y avait une atmosphère étrange. Finissant par écouter son instinct, elle s’avança doucement pour lui tendre une main quand il lui avoua ne pas se sentir très bien, prête à l’aider à se relever mais sa façon de réagir ensuite lui fit retirer rapidement sa même, en même temps qu’elle faisait un bond en arrière. « Qu’est-ce que… ?! » Elle resta immobile, les bras le long du corps, impuissante face à lui, ne sachant que faire. Qu’est-ce qui lui prenait ? Ilhan effrayait Nina. Le cri qu’il poussa, perça sa poitrine, de même que les tremblements qui le gagnaient. Elle refusait d’en voir plus et prit ses paroles au pied de la lettre. Loin d’elle la peur qu’il l’attaque personnellement, elle commençait déjà à reculer et peu à peu, fit de petits pas pour regagner sa voiture. Il allait bien et visiblement, il n’avait rien, elle était certaine qu’il trouverait le moyen de se débrouiller maintenant. Elle mit le contact, jeta un dernier coup d’œil à Ilhan avant de démarrer dans un grand bruit de moteur, le contourna avant de faire une forte accélération. Elle filait. Elle avait envie de s’éloigner, coûte que coûte. Fuir. Elle n’avait que ça en tête mais elle ne pouvait pas s’échapper de ses pensées, elle fit à peine deux kilomètres avant d’être regagnée par la culpabilité. Est-ce que la petite Andrina qu’elle était se serait enfuie, comme ça, après avoir fait une énorme bêtise ? En plus, elle avait blessé au passage l’un de ses amis les plus chers. Quel genre d’amie était-elle ? Même s’il n’y avait plus rien entre eux, elle se devait d’honorer la mémoire de ce lien si fort qu’ils avaient eu. Sur cette pensée, elle profita de la première occasion pour faire demi-tour et revenir sur ses pas. Elle ne le retrouva pas en meilleur état, pendant les quelques minutes où elle s’était éloignée et il avait bougé mais elle n’eût aucune peine à le repérer. Ils étaient les deux seules âmes dans le quartier, il semblerait. Elle laissa sa voiture, plus en plein milieu de la route cette fois, avant d'attraper son téléphone, une bouteille d’eau dans le vide poche et un paquet de mouchoir, un kit de survie improvisé pour courir le rejoindre. Ce n’est pas son petit sprint mais bien tous les événements, toute l’adrénaline et le stress engendrés, qui la rendent essoufflée. « Je suis revenue, Ilhan. Je reste, maintenant. Je ne peux pas te laisser. » Elle fit quelques pas vers lui, elle revenait à sa hauteur. Elle voulait lui avouer à quel point elle était coupable et désolée. « Ilhan, qu’est-ce qu’il t’arrive ? » Elle souffle. « C’est moi ? C’est de ma faute ? Ilhan ?! » Réponds-moi, le suppliait-elle intérieurement. Elle n’osait pas le toucher, encore l’image d’Ilhan en tête, qui lui ordonnait de le laisser.
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Message(#)golden years (ilhan) EmptyJeu 27 Juil 2017 - 19:27


IT'S JUST A SILHOUETTE, A FLICK IN THE BLINDS JUST A MIND TRICK, I DON'T KNOW WHY BUT IT REMINDS ME OF SOMEONE THAT I USED TO KNOW


Il n'y était sans doute pas passé loin à de nombreuses reprises, à toujours être dans la lune, dans son propre monde. Combien de fois avait-il traversé une rue sans regarder si un véhicule arrivait ? Bien trop. Jusqu'ici il n'avait jamais eu le moindre accident, et compte tenu de son cruel manque d'attention en tant que piéton inconscient cela relevait presque du miracle. Oui mais aujourd'hui, c'était de toute évidence la fois de trop. Aujourd'hui Ilhan n'avait pas pu éviter le véhicule dont il avait croisé la route en début de soirée, mais qui heureusement ne roulait pas assez vite pour le renverser réellement. Il avait eu de la chance, il n'avait été que percuté, mais cette petite collision avait tout de même suffi à lui ficher une belle trouille. Ilhan n'était pas stupide, il se rendait bien compte que dans d'autres circonstances il aurait pu très mal finir la soirée, et qu'il pouvait s'estimer heureux de tenir encore sur ses deux jambes. De là à le rendre plus vigilant par la suite, peut-être, car à coup sûr cet épisode le marquerait. Ilhan venait d'être sensibilisé à la sécurité routière en quelques secondes, pour lui forcément ça risquait d'avoir plus d'impact que les spots chocs qui passaient à la télévision. Mais plus marquant encore que l'accident, il y avait ces retrouvailles inattendues avec un symbole de son enfance, une personne qui avait indéniablement compté pour lui il y a de ça bien des années. Ils s'étaient croisés à une ou deux reprises depuis, mais la réunion des deux enfants qu'ils avaient été et qui étaient autrefois si complices n'avait pas eu lieu. Ilhan avait fui toutes ces fois où l'occasion leur avait justement été donnée de se retrouver, demeurant silencieux, distant. Le passé l'effrayait autant que l'avenir, et il ne désirait pas être assailli de souvenirs d'une autre époque. De bons souvenirs certes, les leurs l'étaient. Mais l'enfance d'Ilhan n'avait pas été ponctuée que de moments heureux, et alors que la vie ne lui avait déjà pas épargné grand chose entre son trouble et son hémophilie, le destin s'en était également mêlé dès l'âge de dix ans, transformant son quotidien en enfer. Il faisait parfaitement la part des choses entre ce qu'il avait vécu en colonie de vacances avec Andrina, et sa scolarité difficile marquée aussi bien par la cruauté des autres enfants que par la négligence de certains adultes. Mais tout s'était enchainé dans sa vie d'enfant et ces périodes se chevauchant, en résultait une véritable inhibition psychologique par rapport à l'enfance. Comment penser à leur insouciante et si belle amitié en colonie, sans penser aussi à tout le reste ? Ilhan faisait énormément de liens dans sa tête, tout était connecté ou presque pour lui. Et puis, Andrina avait brisé le silence qui avait jusque là régné entre eux, l'obligeant en quelque sorte à casser son propre mutisme et à renouer le dialogue après tout ce temps. Ça faisait beaucoup en un soir, et le choc de l'accident n'arrangeant évidemment rien, Ilhan ne tarda pas à adopter le comportement d'un fauve indomptable, bien décidé à ne pas laisser quiconque l'approcher. C'était Andrina, il la connaissait, mais tant d'années avaient passé depuis l'époque où ils étaient inséparables, depuis leurs lettres. Il lui cria de le laisser, pour qu'il ne doive plus subir ça. Non pas sa présence, mais les flots de souvenirs qui remontaient et les pensées qu'ils amenaient. Il ne voulait pas revivre l'invivable. Dans un premier temps Andrina s’exécuta, après être restée interdite face à l'attitude d'Ilhan. Lui ne ressentait aucun soulagement en la voyant s'éloigner, à vrai dire il n'aurait pas su dire ce que ça lui faisait. Mais pas du bien, c'était certain. Il resta assis sur la chaussée, le regard vide et les pensées si confuses. Et puis, il décida de se lever et de marcher. Pas nécessairement de rentrer, non, juste de bouger, un peu. Un calme pesant prit possession des lieux, que ses pas sur la chaussée ne parvinrent même pas à étouffer. Pour une fois, ce calme n'avait vraiment rien de paisible pour Ilhan, bien au contraire. Mais après plusieurs minutes, ce calme s'envola. Il perçut comme un sifflement de freins au loin, le laissant penser qu'un véhicule arrivait dans son dos. Il s'arrêta, sans trop savoir pourquoi. Peut-être qu'il l'avait senti, peut-être qu'il savait sans même avoir besoin de se retourner qu'elle était revenue. Et elle l'était, pour lui, elle disait ne plus vouloir le laisser à présent. « Tu es revenue pour moi. » il répéta, comme si cette idée lui semblait incroyable. Au nom de leur passé commun sans doute, elle n'avait pas pu partir et le laisser là même s'il le lui avait demandé avec force. « C'est trop dur... » lui souffla-t-il tandis que les traits de son visage devinrent graves. Andrina ne devait pas avoir conscience de tout ce que leurs retrouvailles faisaient remonter en lui, et comment pouvait-elle imaginer ce qu'avait été la vie d'Ilhan après qu'ils aient cessé de se voir, puis petit à petit de correspondre. « Non. Rien n'est de ta faute. » Elle n'y était pour rien, aussi bien dans son comportement que dans l'accident, c'était évident aux yeux d'Ilhan que tout était de sa faute à lui. Après tout, celui qui avait un problème c'était lui, depuis toujours. « Il y a... tellement de choses dans ma tête. J'ai... j'ai l'impression qu'elle va exploser. » Il tourna sur lui-même, comme désorienté, faisant les cent pas tout en s'agitant. « Tu... Tu ne sais pas, toi. Tu m'as connu à l'époque où tout allait encore à peu près bien... » laissa-t-il entendre sans en dire plus. Elle avait connu l'enfant un peu bizarre, solitaire, bien loin de partager la même joie de vivre et la même naïveté que les autres enfants, mais elle ignorait tout de l'adulte qu'Ilhan était aujourd'hui. De ce que les années avaient fait de lui, de l'ampleur de son trouble dans son quotidien. Le Ilhan qu'elle avait connu avait laissé place à un Ilhan bien différent qu'elle ne voudrait cette fois peut-être pas connaitre.
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Message(#)golden years (ilhan) EmptyMer 2 Aoû 2017 - 17:23

Immonde. Son comportement, son être tout entier, son âme, tout ça pouvaient être qualifié ainsi. Elle avait creusé de ses propres mains la terre où elle allait enterrer l'enfant qu'elle était, après avoir souillé sa générosité innocente, jadis désintéressée. Ses pensées, déjà corrompues depuis longtemps rejettent la faute sur cette figure du passé, aimée, qui revient maintenant mais la rejette. Tout est de la faute d'Ilhan, elle se le répète encore et encore alors que c'est elle qui s'enfuit, le laissant derrière elle dans un état incertain. Il ne devait pas se trouver là ! Pourquoi lui ? Il la forçait à se draper dans le mauvais rôle et pire, comme il faisait la jonction entre deux périodes de sa vie bien distinctes, le contraste ne faisait qu'accentuer la dure réalité. Il était bien réel, elle l'avait blessé involontairement et avait exprimé sa colère en lui criant de partir ; il ne voulait pas la revoir. Ainsi interprété dans son esprit, cette pensée lui crevait le cœur de douleur. Qui cherchait-elle à convaincre en faisant marche arrière ? Qui avait le plus besoin d'être convaincu de son humanité ? Ilhan, qui gardait le souvenir de son double du passé ? Ou elle-même, qui en se perdant entre ses différents masques, ne savait plus qui elle était vraiment. Elle est là, depuis six années, à Brisbane et bien qu'elle ne l'ait pas oublié, ce n'est qu'en le renvoyant à la bibliothèque qu'elle refait le lien avec l'adresse inscrite avec soin sur les enveloppes. Elle a gardé les siennes, de lettres, dans un carton à Sydney mais elles sont encore là. Même un immense effort de mémoire ne pourraient lui rappeler les mots exacts mais elle en garde une sensation de chaleur, profondément, elle se souvient de lui avoir parlé de ses rêves d'enfants, de sa solitude et naïve, elle se remémorait lui avoir proposé qu'ils deviennent frères et sœurs.  La puissance des souvenirs l'étouffe et font monter des larmes au bord de ses paupières. Elle les ravale,  c'est le cocktail entre fatigue et émotions qui pourrait la faire céder mais elle surmonte ça, par devoir. C'est l'amitié, cette force qui la pousse à revenir vers lui, même si cette notion reste abstraite, inconnue d'Andrina, elle sent qu'il subsiste quelque chose, comme un lien indestructible. Ce qu'elle choisit d'ignorer, alors qu'elle s'élance pour traverser la route, c'est qu'ils ne sont plus des enfants, les années ont passé et ils sont devenus les adultes qu'ils craignaient d'être, fatalement. Elle se berce d'illusions en se raccrochant à leur histoire.

C'est sa silhouette, qu'elle perçoit sous la lumière du lampadaire. Elle se meut lentement, semble hésiter entre la gauche et la droite, tout en finissant par aller toujours tout droit. On l'a croirait tirer par un fil, en avant, une sorte de marionnette mobile qui s'immobilise quand elle refait une apparition. Elle scrute son visage, il ne montre aucune expression particulière alors qu'elle sent confuse de bonheur. C'est un sentiment étrange, elle ne sourit même pas mais son coeur déborde de joie, rien que de le voir tourné vers elle. C'est une porte d'entrée, elle s'y engouffre tête baissée, attirée par toutes ces promesses qui planent. Au dessus d'eux, les étoiles mais son attention est uniquement portée sur Ilhan. Surprise par l'aura qu'il dégage, elle ralentit sa course jusqu'à s'immobiliser à une certaine distance de lui, comme une précaution pudique et chargée de respect quand on entre dans un temple religieux. Elle hoche lentement la tête, elle entend que derrière sa phrase, il ne fait pas que constater une évidence. La phrase est belle, l'idée derrière encore plus car elle emplit son coeur vide d'espoir. Son sourire s'adoucit mais elle baisse le regard, sa gêne s'appelle pudeur. Ilhan l'intimide. Elle relève cependant la tête après sa réflexion, elle laisse son incompréhension transparaître, qu'est-ce qu'il trouvait dur ? Encore hésitante, elle cherche à se faire pardonner après s'être justifiée de sa présence. Le jeune homme dément avant de lui donner des pistes, tenant lieu d'explications. L'aveu la laisse tremblante et son visage esquisse une grimace de désarroi, elle est autant bouleversée par ses mots, criant de justesde – ils font écho à ses propres ressentis. De l'autre côté, il la laisse tétanisée d'impuissance de ne rien pouvoir faire pour lui. Elle est paniquée à l'idée qu'il se dérobe, qu'il puisse fuir ces retrouvailles inopinées plus vite qu'une comète. À ces mots, elle sent qu'il est comme elle, perdu entre ces deux mondes et il le formule même à haute voix. Elle n'aimait pas son sous-entendu. L'idée  à de savoir  un ami malheureux  la mettait dans la tourmente, elle aussi, sans connaître la nature de ses  problèmes. Des trucs d'adultes, à coup sûr. Elle sait que les choses ont changé. On était tous contraints de sanctifier pour toujours cette époque perdue qu'est l'enfance, même en tentant de la cristalliser dans nos pensées, ses secrets nous échappaient pour toujours et jamais plus nous ne pourrions y retourner. La peine s'installe sur ses traits tandis que ses yeux suit des yeux sa silhouette longiligne, d'homme.  
« Ilhan ! » Elle apprécie avoir son prénom sur les lèvres, faire coller sa langue sur le palais pour l'interpeller, après tout ce temps. Prononcer son prénom, ce n'est pas anodin, c'était comme tendre le bras pour essayer de se rapprocher du ciel, ça nourrissait l'impression de le tenir. Elle voudrait qu'il arrête de gigoter pour écouter ce qu'elle veut lui dire. « Je sais que le temps a filé, qu'on ne peut pas revivre le passé. » Elle parle avec sincérité, sans savoir si c'est l'émotion ou le silence qui font résonner ses paroles, comme ça. Il n'est pas si loin mais elle est certaine qu'il l'entende, comme elle parle fort. « Je voulais juste te dire que mon coeur a explosé quand je t'ai revue. J'étais très heureuse. » Elle ne se sentait pas digne de son amitié. Plus maintenant. « Je suis désolée, que nos chemins se recroisent dans ces circonstances, je suis tellement tellement désolée. » Elle restait postée au même endroit mais ses bras se mouvaient, prouvant sa difficulté à exprimer simplement ce qu'elle ressentait avec des mots. « C'est drôle on est juste là, tous les deux, on s'est retrouvés et je suis juste contente de savoir que tu existes et qu'on est sous le même ciel. Je veux juste savoir si tu vas bien et je m'en irais. » La tristesse dans son sourire est sincère. Elle n'a pas de rôle à jouer devant Ilhan. «Je ne peux pas revenir dans ta vie et tu n'aurais sûrement pas envie de revenir dans la mienne... » déclara-t-elle, l'air de plus en plus peiné au fur et à mesure que ses mots franchissent ses lèvres. Son corps parle aussi, elle n'a pas arrêté de faire non de la tête. Reste à savoir si cela s'adressait à Ilhan pour lui faire comprendre qu'il ne faut pas l'écouter, la croire, que ce n'est pas ce qu'elle désire ou si c'est pour elle, pour appuyer ses propos et se persuader que c'était la bonne chose à faire. Il hoche la tête, sans un mot et elle comprend. Elle aurait aimé être une autre personne, pour lui, ils auraient été boire un verre, se seraient raconté leur vie mais elle en était incapable. Elle profita de sa confusion pour tourner les talons et partir, au moins, elle savait qu'ils étaient sous le même ciel et rien que cette pensée parvenait à la réconforter de devoir s'éloigner de fantôme d'un passé qu'elle avait tant aimé.
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