L'annonce avait retenu son attention car le salaire était mirobolant par rapport à ce qu'elle gagnait au Canvas. C'était carrément le double sans le pourboire. Angelina n'avait jamais pensé à changer de travail, du moins pas dans l'immédiat, mais l'annonce qu'un de ses "amis" sur Facebook avait relayé lui avait tapé dans l'oeil. Le descriptif des missions était bref mais même Angelina qui n'y comprenait pas grand chose avait l'impression que c'était à sa portée. Il s'agissait d'être l'assistante personnelle du rédacteur en chef : gérer son planning, ses priorités et faire tout ce qu'il n'avait pas envie de faire à sa place si elle avait bien compris. Angelina se demandait ce que ça pourrait donner. C'était sûrement que de servir des verres dans un bar miteux à des connards irrespectueux. Angelina était resté les yeux rivés sur son portable pendant une bonne minute avant d'enregistrer la publication. Elle appela sa mère à qui elle demanda si il était possible de missionner quelqu'un pour lui faire un CV. Sa mère frétillait de joie, lui demandant pourquoi c'était et la pressant de question. Il était hors de question qu'elle lui en dise plus. Sa mère la suppliait de lui laisser lui trouver un travail depuis des années mais Angelina refusait à chaque fois. Il était hors de question qu'elle profite du nom de famille de ses parents adoptifs pour s'en sortir une fois de plus, si elle devait faire les choses elle les ferait par elle-même. Pas besoin d'un piston. Si elle obtenait le poste, c'est parce qu'elle était compétente pas juste parce que tout le monde craignait son père comme la peste. Alors elle avait fini par appeler, et avait décroché un premier rendez-vous. La nana au téléphone était pas hyper aimable mais Angie n'avait pas relevé. Ce n'était pas la première fois qu'elle avait affaire à une connasse au standard. Il lui en faudrait plus pour la décourager. Alors le jour J, elle s'apprêta. Troquant ses doc martens par des escarpins, elle avait pris soin de se laver les cheveux et de se maquiller. Ses parents gardaient Abel pour la journée, alors elle avait le temps. Elle arriva au rendez-vous avec 10 minutes d'avance et franchement, elle avait l'estomac complètement retourné. Elle stressait comme jamais. Ses mains étaient moites malgré la fraicheur automnale australienne, elle les passa sur sa robe et fit son entré dans le hall d'accueil. Se dirigeant directement vers l'accueil. "Bonjour, je suis Angelina Gilmore, j'ai rendez-vous avec Hadrien Krenaste dans dix minutes." La secrétaire leva les yeux vers elle et haussa les sourcils. La dévisageant. "Pour le poste d'assistante personnelle." Elle et sa collègue échangèrent un regard entendu, avant de regarder Angelina d'un petit air méprisant qui semblaient en dire long. Comme d'habitude, Angie était plus ou moins victime de son image de bimbo brune. "Non mesdames je ne suis pas une escort de luxe venant pour faire une pipe au big boss pendant la pause déjeuner."
(oscar wilde) ▽ Chaque fois qu’on produit un effet, on se donne un ennemi. Il faut rester médiocre pour être populaire.
Un soleil radieux, peu de vent, oui, sans nul doute cette journée s’annonçait être l'une des plus belles qu'on n'est jamais eut jusqu'ici durant ce mois hivernal. Arriver au travail, mes secrétaires m'avaient fait rappeler un rendez-vous pour ce matin. Les gratifiants d'un simple sourire, je vérifiais une nouvelle fois s'il n'y avait pas d'autres volontaires pour mon poste d'assistante personnelle à mon bureau. Visiblement, non. Mademoiselle Gilmore, qui devait passer ce matin, était la seule à vouloir s'intéresser à ce travail. Même si son Curriculum Vitae ne m'intéressait pas du tout, puisqu'elle ne semblait acquérir aucune expérience dans le domaine, c'était sa lettre de motivation qui m'avait marqué, voir un peu ému. « Je fais ça pour mon fils. » Je ne sais plus vraiment si elle l'avait tourné de cette façon mais en tout cas, ça avait éveillé en moi ma douleur de jeunesse. J'aurais aimé que ma mère fasse ce genre d'initiative, pour moi, pour oublier l'accident de papa. Cette Angelina avait donc attisé mon intérêt pour cet enfant, qu'elle devait très certainement chérir de tout son cœur si elle souhaitait ce genre de post. Car oui, c'était un post auquel cette jeune personne devait s'y investir de tout son être, pas seulement pour la paye à la fin du mois, il fallait que cela lui plaise si elle souhaitait rester dans notre maison. Mais peut-être allais-je être surpris et me raviser sur mon choix de la raccompagner à la porte ? J’espérais me tromper, sincèrement, mais quand je reçus l'appel pour me dire qu'elle était arrivée, que j'avais ouvert la porte pour l'inviter dans mon bureau, ses propos me firent l'effet d'un jet d'eau glacé dans le dos. Elle ne manquait pas de tempérament visiblement... N'oublions pas pourquoi je l'avais autorisé à passer un entretien... Nous faisions ça pour son fils au fond. Quand je fus à ses côtés, sans qu'elle ne me remarque, je lui répondis sèchement suite à ses paroles peut convenable. « Charmant... Suivez-moi je vous prie. » Ça commençait mal, pourvu qu'elle se montre plus aimable par la suite, sinon c'était très, très compromis pour la jeune femme. Me retournant, je lui désignais de mon index de bien vouloir fermer la porte, accompagné d'un petit sourire. C'était une manière pour moi, de voir comment elle réagirait. Aller-t-elle la fermer sans broncher, tout en obtempérant sans rien dire ou au contraire, rouler les yeux aux ciels ? J'étais trop sensible aux réactions des autres que voulez-vous mais généralement, ça en disait bien long sur eux. Il me semblait d'ailleurs avoir remarqué qu'elle n'était pas des plus à l'aise, c'était sans doute pour cette raison qu'elle avait mal réagi devant mes employés. Ce n'était toutefois pas une excuse que son stress se répercute sur les autres. Ici, il fallait être maître de ses émotions, c'était l'une de nos règles. Je fixais beaucoup des limites et de règles, c'était surtout à cause du fait que j'aimais ou presque, tout contrôlé. Son test pour rester ici venait de commencer au moment même où ses talons avaient franchi mon bureau. Tout en marchant vers mon bureau j'avais repris la parole, me postant devant ce dernier, les doigts en appuis dessus, ce qui me faisait pencher vers elle. « Pardon si mes secrétaires se montrent un peu... Froide et peu amicale. Voyez-vous, elles ont eu connaissance de votre CV et elles ont tendance, à trop se focaliser sur l'apparence et à se faire des préjugés. J'ai beau leur dire que nous ne sommes pas dans une maison d'édition pour la mode, elles n'en font qu'à leur tête. Toutefois, les tenues à décolleter et jupes courtes ne sont pas autorisées ici, sachez-le. Mais nous ne sommes pas contre les jeans et les tee-shirts. Tant que les autres et vous, vous vous sentez suffisamment à l'aise pour travailler, c'est ce qui importe. » Bon, on allait peut-être arrêter notre blabla et ce pitch inutile non ? Il fallait que ce poste soit pris dans les plus brefs délais et jusqu'à ce jour, je n'avais eu que cette mademoiselle Gilmore en guise de réponse. Il ne fallait pas que je m'arrête seulement sur son CV, il fallait que je découvre par moi-même ce qu'elle avait dans le ventre. Cette fois-ci je l'invitais à s'assoir, j'en fis de même d'ailleurs. Le dos bien adossé à mon siège, j'étais curieux d'en apprendre un peu plus. « Si j'ai bien compris, vous avez un fils. Et vous avez ou travaillez toujours peut-être, en tant que barmaid c'est bien ça ? Ce poste est pourtant à temps plein, pensez-vous pouvoir gérer tout ce travail, sans fléchir ? Certes c'est du travail qui demande peut d'effort physique mais le mental doit suivre. En êtes-vous capable ? » Il fallait qu'elle soit la plus franche possible, je l'aurais vu de toutes les manières autrement. Sauf si elle était très forte pour cacher ses émotions.
Angelina n'avait pas l'impression de jouer sa vie mais peut-être un peu quand même. C'était sans doute pour cette raison que dans le plus grand des malaises elle avait sortie cette blague graveleuse enrayée quasi-immédiatement par l'arrivée surprise de son futur-ex-patron. Shit. pensa Angelina en fermant les yeux une demi-seconde. C'était clairement dans le top 5 des moments les plus embarrassants de sa vie. Voir dans le top 3. Carlisle allait mourir de rire lorsque sa meilleure amie lui raconterait la gaffe qu'elle avait faite. Néanmoins pour le moment, il s'agissait de sauver la face. Angelina vit volte-face, parée de son plus beau sourire, celui qu'elle sortait uniquement pour les grandes occasions. Elle faillit marmonner des excuses, mais puisqu'il l'invita à la suivre quasi-immédiatement, elle ne broncha pas. Se contentant de le suivre en jurant mentalement. Il l'invita à pénétrer dans son bureau mais lui annonça la couleur immédiatement, le malaise était palpable et Angie tira légèrement sur sa jupe lorsqu'il aborda le sujet de la tenue vestimentaire au travail. Une vague de soulagement passa sur le visage d'Angie, elle qui n'avait jamais trouvé aucun plaisir à mouler son corps dans une robe serrée, perchée sur des talons de 12cm se voyait rassurée. Elle ne serait pas obligée de jouer les mannequins ici pour asseoir sa légitimité, c'était une bonne chose et lorsque Hadrien Krenaste mentionna la possibilité de porter un simple jean et un t-shirt la jeune femme lui décocha à nouveau un sourire. "Ca me va très bien, je n'ai jamais aimé avoir les jambes à l'air." Quant au décolleté, elle n'avait pas grand chose à montrer, sa petite poitrine n'avait jamais déchaîné les foules, Krenaste pouvait être rassuré de ce point de vue.
Lorsqu'il l'invita à s'asseoir, elle en profita pour le détailler. C'était un beau mec. Aucun doute là-dessus et Angelina se surprit à penser que dans une autre dimension peut-être aurait-elle pu avoir envie qu'il fasse valser tout ce qui se trouvait sur son bureau pour la prendre sauvagement entre son iMac et les manuscrits empilés à côté. Hum. Ce n'était pas le moment de cultiver ses fantasmes. Angelina fit un effort monstrueux pour se re-concentrer sur celui qui serait peut-être son futur patron. Il parvint à récupérer toute son attention lorsqu'il parla de son fils, Angelina déjà assise droit comme un i se cambra un peu plus sous l'effet de la pression. Elle n'était pas du genre à garder les épaules basses. Ah ça non. Elle savait que pour obtenir le poste, il fallait qu'elle impressionne ce type qui n'avait pas l'air du tout impressionnable. Il fallait qu'elle réfléchisse et qu'elle donne la bonne réponse, elle n'avait pas le droit à l'erreur. Elle le sentait. Angelina tressaillit. Ouvrit la bouche pour répondre pour répondre. Aucun son ne sorti, elle réfléchissait encore. Finalement la réponse lui vint "Plusieurs fois dans ma vie, des opportunités se sont présentées à moi sans que je ne me sente capable. Je pense que je manquai de confiance en moi et de maturité. Aujourd'hui c'est différent, être mère m'a appris à être responsable, fiable et à être capable d'anticiper et de relativiser. Je pense que c'est la meilleure formation du monde pour n'importe quel métier qui inclue de gérer ou manager quelqu'un ou quelque chose." Elle marqua un temps d'arrêt, pour poser ses mains. Pour montrer à son interlocuteur qu'elle n'est pas impulsive et pas du genre à se laisser aller à des logorrhées verbales sans queue ni tête. "Je sais ce que vous pensez. Vous voyez que j'ai été serveuse pendant dix ans, que je suis plutôt jolie dans le genre bimbo brune pas très éclairée. Vous vous dites que je sais rien de la vie et que j'ai aucune idée de ce qu'un poste comme celui que vous proposez peut inclure." Elle se demanda alors si il avait fait le lien entre elle et son père, un avocat célébrissime sur Brisbane via leur nom de famille commun. Angelina espérait qu'il n'avait pas remarqué que c'était une Gilmore, sans quoi il lui demanderait inévitablement pourquoi elle n'avait pas sollicité le gigantesque réseau de son père. Et surtout pourquoi elle avait un job miteux comme celui de serveuse au Canvas alors qu'elle pourrait être une brillante juriste ou n'importe quoi d'autre. Angelina fit taire son angoisse. Ce n'est pas comme si elle lui ressemblait physiquement, elle avait été adoptée. "J'ai appris à lire à 7 ans. Je sais parler le français, l'espagnol et j'ai quelques notions de russe. Je sais jouer du violon, du piano. Je sais jouer aux échecs et j'ai un très bon revers au tennis." Cet entretien partait totalement en couille. Il n'allait jamais la rappeler. "Ce que j'essaie de vous dire c'est que peut-être que sur papier je suis pas la candidate rêvée mais je ferais n'importe quoi pour avoir ce job. Justement parce qu'il n'est pas fait pour moi. J'ai besoin d'un nouveau challenge de ma vie et ce job est celui-ci. Je sais que je suis capable. J'ai juste besoin qu'on me donne ma chance."
(oscar wilde) ▽ Chaque fois qu’on produit un effet, on se donne un ennemi. Il faut rester médiocre pour être populaire.
Suite aux paroles peu flatteuses de la brune, je l'avais toutefois invité à me suivre, lui faisant un petit topo sûr comment la maison fonctionnait. Sa réaction sur le fait que les tenues légères n'étaient pas obligatoires, me fit plaisir, c'était vrai. Par ailleurs, la pauvre demoiselle en avait tiré sur sa robe, comme pour la rallonger, se sentant certainement mal à l'aise de s'être aussi bien habillé. Au moins, cela certifié le fait qu'elle avait fait un effort pour se mettre sur son trente et un pour faire bonne impression, un peu trop peut-être ? Cette dernière avait même rajouté qu'elle n'aimait pas avoir les jambes à l'air, j'en avais étiré un faible rictus amusé. Tient donc ? J'aurais pourtant dit le contraire, elle semblait de celle qui aimait passer des soirées avec le premier inconnu qu'elle croisait. Pour finir, je l'avais finalement invité à s'assoir, histoire que cet entretien soit plus agréable dans nos deux cas. Un petit crayon à papier avait osé se mettre de côté, n'étant alors plus en ligne avec le reste, je le repoussais du petit doigt, aussi vite et précis qu'il m'était possible de le faire. Il était de nouveau droit, parfait. Il fallait que je lui dise la vérité, ce post n'était pas à prendre à la légère, il fallait qu'elle le sache tout autant que la tenue. Manque de confiance en elle, de maturité ? Très intéressant et surtout enrichissant tous ces petits détails, ça en disait long sur sa personne. Cela voulait dire qu'elle avait connu pas mal de difficulté et pour qu'elle en arrive jusqu'ici, c'est que pas mal d'épreuves s'étaient présentés devant elle. En l'écoutant, être mère a donc été ce pont qui l'a fait comprendre qu'il fallait franchir tous ses obstacles qui se dressaient devant elle. Traverser ce pont à dû être semé d'embûche, la brune a dû tomber mais s'est certainement relevé, coûte que coûte. C'était ça qui m'avait plu chez elle, sans nul doute en effet. Ce sont ces petits efforts pour un enfant qui font ce que nous sommes, si ma chère mère avait pu en faire de même... Malheureusement pour moi, cette dernière n'avait pas semblé beaucoup portait d'intérêt à mon égard contrairement à Mademoiselle Gilmore qui avait beaucoup d'amour à revendre à son petit bout de chou, très probablement. Ses paroles s’interrompirent, lorsqu'elle posa ses mains sur la table. Cela annonçait-il qu'elle avait d'autres révélations à me faire ? Très bien, écoutons dans ce cas. Ses réflexions me marquèrent. Comment lui avouer qu'elle n'avait absolument pas tort ? Bien entendu qu'elle ressemblait à une bimbo qui n'avait pas l'air d'avoir grand-chose dans le crâne. Bien entendu, que ce post n'était certainement pas à prendre à la légère et que ses dix ans de barmaid n'allaient pas l'aider dans ce genre de travail. Mais Gilmore semblait si sur d'elle, si avenante et déterminée. Que pouvais-je dire en plus de tout ce qu'elle venait me dire ? Rien, absolument rien. Ma tête n'avait fait que s'incliner en acquiesçant de haut en bas. Cette jeune demoiselle ne manquait vraiment pas de caractère, c'était peu dire et au plus profond de moi, cela me plaisait. Bavarde lui convenait tout aussi bien aussi visiblement, une fois qu'on la lançait, on ne l'arrêtait plus. Par contre, un bref rire sortit de mes lèvres lorsqu'elle affirma qu'elle avait un très bon revers au tennis. J'aimerais bien voir ça me dis-je. Mais le fait est, qu'elle sache parler le français, l'espagnol et qu'elle ait d'autant plus quelques notions de russe, me mit la puce à l'oreille. Voilà qui était d'autant plus intéressant. J'avais peut-être quelque chose pour elle après tout, qui sait... Un nouveau challenge hein ? Elle pense en être capable, vraiment ? En revanche là, elle venait vraiment de booster mon attention depuis le début de ce début d'entretien. Une seconde chance ? Tout le monde en veut une bien entendue ! Rien n'est donné, rien n'est facile et surtout pas une seconde chance. Mais pour cette enfant alors ? Qu'allait-il lui arriver si sa mère n'avait pas eu de seconde chance comme elle le disait et tout ça par ma faute qui plus est ? Oh non je ne pouvais m'y résoudre... Pendant quelques secondes, je m'étais imaginé dans la peau de ce petit garçon, qui attendait surement une bonne nouvelle de sa mère, qu'elle qu'en soit la réponse. « Très bien. » Décroisant mes doigts entrelacer entre eux, soulevant mes coudes qui s'étaient posés sur la table, je me mis à chercher quelques papiers dans un de mes tiroirs. « Un exercice cela vous tente ? » Un tas de feuilles vinrent claquer avec autant de dureté que mon geste sur mon bureau. « J'ai tout d'abord postulé ce post, car il me faut effectivement une assistante très active et dévoué dans ce rôle qui n'est pas à prendre à la légère. Malheureusement, vous n'avez pas les compétences requises pour ceci. » Petite pause, histoire de voir comment elle allait réagir, toutefois je n'en avais pas fini avec elle pour autant. « En revanche, j'ai un autre post pour vous. Je ne pensais pas en avoir besoin de sitôt mais puisque vous semblez être forte en langue étrangère, voici quelques extraits qu'il faudrait me traduire pour dans quatre jours. Mais puisque nous sommes Mardi et que c'est votre première traduction, je vous laisse deux jours de plus. En êtes-vous capable, pensez-vous avoir suffisamment de temps pour me le rendre lundi prochain à la première heure sans faute ? »
Angelina avait tout donné et elle voyait mal comment elle pouvait faire mieux. Elle avait essayé d'être la plus authentique possible et peut-être qu'elle avait été un peu maladroite en déblatérant son discours wonder woman quitte ou double. Angelina n'était pas habituée devoir se vendre, à devoir convaincre quelqu'un de lui faire confiance. En particulier un homme. En général, son visage et son corps faisaient le boulot, les mecs étaient bien trop occupés à la mater pour prendre le temps de se méfier et l'affaire était dans le sac. Elle se souvenait encore du jour où elle avait débarqué au Canvas pour quémander un job, Carlos son patron l'avait regardé d'un oeil circonspect, devinant sûrement qu'elle n'était pas tout à fait majeur avant de lui faire signe de passer derrière le comptoir pour rejoindre le staff. Ça avait été aussi simple que cela, il avait vu une belle brune débarquer dans son bar et en avait aussitôt pris son parti. Sauf que cette fois-ci ce ne serait pas aussi simple. Hadrien Krenaste ne se laisserait en aucun cas impressionné par un mouvement de cheveux calibré ou un regard de biche effarouché, bien au contraire c'était exactement ce à quoi il s'attendait mais Angelina lui avait servit autre chose. Elle retint son souffle, attendant qu'il ouvre la bouche, qu'il lui donne sa chance. Lorsqu'il lui proposa un exercice, Angie eut du mal à déglutir mais elle donna le change avec un sourire qui se voulait engageant. "Bien sûr." Quel genre d'exercice allait-il lui soumettre ? Est-ce que ce serait dur ? Est-ce qu'il y allait avoir des questions bizarres ? Elle avait la bosse des maths et se débrouillait plutôt pas mal à l'écrit mais ça faisait une éternité qu'elle n'avait rien fait de tout ça à part compter sa caisse et les pourboires au bar. Angelina savait que ce qui allait venir était décisif, maintenant qu'elle était assise dans ce bureau elle avait vraiment envie d'avoir le job. Elle était prête à arrêter de travailler au Canvas si on lui promettait le job. Bordel, trop de pression.
Elle savait qu'Hadrien examinait le moindre de ses gestes mais quand il lui déclara qu'elle n'avait pas les compétences pour devenir son assistante, son visage se décomposa en un instant. Putain la conne elle y avait cru, elle fit du mieux qu'elle put pour masquer sa déception mais le choc était rude. Elle avait cru pourtant un moment l'avoir 'touché', avoir réveillé quelque chose chez lui qui suffirait à le motiver à lui donner une chance. Visiblement elle s'était trompée... Angelina se sentait tellement mal. Mais elle devait donner le change. Elle était en train de jouer son avenir là et celui de son fils par la même occasion. Angelina se redressa sur sa chaise, tentant de se donner un air assuré mais elle était quasi-sûre que son malaise se lisait parfaitement sur son visage. C'était difficile pour son égo d'entendre qu'elle n'était pas compétente. Elle avait envie de se rebiffer un peu et la déception commençait à faire place à l'indignation. Comment ce mec après lui avoir parlé 10 minutes pouvait-il savoir si elle était compétente ou non. "On a discuté 5 minutes et vous êtes déjà capable de me dire si je suis compétente ou pas pour le poste ? Vous êtes plutôt du genre perspicace." fit remarquer Angelina d'une voix froide. Cette fois-ci elle n'avait plus trop envie de battre des cils. Ce mec là la prenait pour une conne, ou en tout cas pour son égal. "Je pense que c'est largement suffisant, je vous le rendrai sous quatre jours sans problème. Ne vous sentez pas obligé de m'accorder un traitement de faveur juste parce que je n'ai fais que serveuse." Elle savait qu'elle devrait se taire et se montrer sous son meilleur jour mais c'était plus fort qu'elle, Angelina était incapable de jouer les soumises dociles trop longtemps avec quique ce soit. Après tout, elle avait déjà un job elle n'était pas à la rue. Elle n'avait pas besoin de laisser cet inconnu lui dire qui elle était et ce qu'elle était capable de faire. Il ratait vraiment quelque chose. "Monsieur Krenaste, sauf votre respect j'ai l'impression qu'on ne s'est pas trop compris... Je suis venue pour le poste d'assistante personnelle, pas pour le poste de traductrice. Je sais pas forcément ce que je vaux mais je sais au moins ce que je veux. Si vous pensez que je n'ai pas les capacités alors autant économiser du temps et me congédier maintenant."
(oscar wilde) ▽ Chaque fois qu’on produit un effet, on se donne un ennemi. Il faut rester médiocre pour être populaire.
L'atmosphère entre nous deux étaient plus que tendu, autant qu'un string. Je connaissais que trop bien ce genre de femme, celle qui use plus de leur atout féminin que de leur cerveau et j'étais loin d'être le genre d'homme qui se laisserait embobiner par son corps de rêve. Parce que oui, il fallait que je sois honnête avec moi-même, elle était bien foutue. Un homme reste un homme après tout. Sauf que le souci, c'est qu'une bimbo, enfin je veux dire une femme comme elle, sera très mal vu dans la maison, ça avait même d'ailleurs commencé avec mes secrétaires. Si en plus de cela, elles apprenaient que mademoiselle Gilmore devenait mon assistante personnelle, il était clair qu'elles auraient fini par croire que cette dernière m'aurait fait une fellation dans mon propre bureau... Rien que d'y songer ça me gêne beaucoup, même encore maintenant. Toutefois, les compétences de la demoiselle n'étaient pas assez requise pour qu'elle puisse obtenir ce post. La brunette n'avait jamais travaillé derrière un bureau et rajouter à cela le fait, qu'elle ne savait absolument pas ce qui l'attendait derrière ce post. Étant donné que je suis exigeant et très maniaque, il fallait que tout soit parfait et selon mes exigences, je redoutais donc que mademoiselle Gilmore ne soit pas à la hauteur. C'était donc pour cela, que je lui donnait un "exercice", une sorte de mise à l'épreuve en quelque sorte pour savoir ce qu'elle valait vraiment. J'avais un traductrice qui allait partir d'ici quelques jours, c'était l'occasion qu'elle fasse ses preuves. Contre toute attente, bien qu'elle semblait d'accord par ce que je lui proposait, son visage changea vite d'aspect lorsque je lui appris que ce post n'était pas fait pour elle. Ça semblait très mal parti... La voyant se redresser, je sentais qu'elle essayait de cacher sa déception mais je sentais aussi que j'allais m'en prendre plein la figure, étant donné comment je l'avais surprise à l'accueil. Toutefois, je restais impassible, me contentant de la regarder tout en écoutant ce qu'elle avait à me dire. Perspicace... Voilà un mot qui résonna dans ma cervelle jusqu'à qu'elle reprenne la parole. Choqué par le fait qu'elle me rendrait donc ce dossier dans les délais, ce fut la suite qui me fit tomber sur les fesses, enfin ce n'est qu'une image bien sûr. Et la suite je l'attendais, commencer une phrase par "Monsieur" suivit du nom de la personne ne présageait rien de bon malheureusement. Mais j'avoue que j'adorais les personnes avec du tempérament, très certainement parce que je n'en avais pas moi-même. Elle ne sait pas ce qu'elle vaut mais sait ce qu'elle veut... Voilà une déclaration qui me laissa sans voix, du moins pendant un moment. « Et bien je pense, que pour avoir ce que vous désirez, il faut commencer par savoir ce que vous valez. » C'est là que je me surpris à sourire mais de manière si sincère, en aucun cas pour me moquer d'elle mais pour la rassurer. « Comme je vous le disait, ce post n'est vraiment pas à prendre à la légère, puisqu'il inclut aussi le fait, que vous serez amenée à quitter le pays, en ma compagnie évidemment, pour des conférences. Vous sentez vous prête, à laisser tomber votre job de barmaid qui semble bien fonctionner depuis des années ? Vous sentez-vous même capable de laisser votre garçon tout seul pendant quelques jours ? » Je lui laissais un blanc de réflexion car apparemment, la brune n'avait pas envisagé cette hypothèse, c'était pourtant indiqué dans l'offre d'emploi. Continuant de sourire et me montrant peu affecté par ses précédents propos, je repris. « Toutefois, je suis prêt à faire une exception, une sorte de coalition, d'alliance ou de pacte, interpréter-le comme vous le souhaitez. Si vous vous montrez motivé, investi et épanoui en tant que traductrice et que ce travail ne vous fait pas peur, je vous passerais certains dossiers pour soulager mon assistante qui doit elle aussi bientôt nous quitter. Ainsi, nous saurons tous les deux ce que vous valez et de plus, cela vous aura fait une expérience supplémentaire. Qu'en pensez-vous ? »
Angelina était déçue, elle se demandait pourquoi elle avait cru une seconde que cette opportunité pouvait en être une. Elle n'avait qu'une envie c'était se casser d'ici le plus vite possible. L'homme qui était en face d'elle ne la prenait définitivement pas au sérieux et il n'y avait pas grand chose à faire pour le convaincre. C'était comme si il avait déjà décidé de ce qu'il penserait d'elle et qu'il n'y avait pas de marche arrière possible. Angelina avait tenté de contrer ses sous-entendus désagréables en essayant de remettre les choses dans leur contexte. Elle avait rappelé les raisons pour lesquelles elle était là, elle ne voulait pas se faire prendre pour une idiote et se retrouver à occuper un poste dont elle n'avait pas envie. Après tout elle se plaisait au Canvas et elle avait envie de se donner la chance de repasser manager. Angelina savait que son patron Carlos pouvait la faire monter s'il le désirait, elle devait juste continuer de faire ses preuves pour lui montrer qu'elle ne s'échapperait plus comme une voleuse pour voguer vers de meilleurs horizons. Et c'était exactement ce que ce dénommé Krenaste voulait lui faire faire : lui faire prendre un risque. Angelina ne pouvait s'empêcher de penser à ce qu'il se passerait si il décidait qu'elle ne ferait pas l'affaire. Elle se retrouverait au chômage dans la foulée, alors ok ses parents étaient assez riches pour la couvrir mais avec la découverte récente du chômage de son père ce n'était pas le moment de leur rajouter des ennuis.
Quand il répondit qu'elle devait être prête à quitter le pays et donc par conséquent s'éloigner de son fils, Angelina sentit son coeur se serrer dans sa poitrine. Oui, elle avait vraiment été idiote de penser que ce nouveau job était envisageable. Ce n'était pas possible pour elle... Elle avait déjà du mal à s'adapter au nouveau rythme de garde alternée qu'elle partageait avec le père de son enfant alors si en plus elle devait carrément voyager à l'international... D'un autre côté avec son niveau d'études inexistant c'était une situation inespérée pour elle. Angelina se sentait complètement coincée à ce carrefour de sa vie. Elle fixait Hadrien Krenaste sans être capable de lui répondre. Elle cilla légèrement et répondit "Je pense que c'est une opportunité comme on en voit peu vu mon profil donc je suppose que je serais capable de prendre ce risque." Sa voix et sa posture se voulaient assurées mais au fond d'elle Angelina hurlait. Elle avait l'impression de perdre totalement le contrôle de la situation et de se ridiculiser. Le beau blond termina sa tirade en lui proposant de lui confier d'abord des traductions pour ensuite intégrer progressivement des missions propre au job d'assistante personnel. Angelina hocha la tête en signe d'accord, après tout pour ce qui était des traductions ce n'était pas grand chose, elle se savait capable de le faire. Elle essaya de se demander ce que son père lui dirait pour la remotiver, pour la faire reprendre du poil de la bête mais à vrai dire Angie avait déjà l'impression d'avoir perdu la partie. "Entendu. Faisons comme ça." Elle ne le laissa même pas la congédier, au lieu de ça, elle se leva de sa chaise et la poussa pour la rapprocher du bureau. "On se revoit dans quatre jours." La tornade brune tendit sa main vers Hadrien en guise d'au revoir. Lorsqu'il se leva pour la lui serrer, elle remarqua une nouvelle fois à quel point il était beau, charismatique. Et sexy. Ce type là devait avoir aucun mal à rentrer dans une pièce et hypnotisé la totalité de la gente féminine présente. Visiblement ils étaient deux à avoir des facilités en matière de séduction. Angelina tourna les talons, se promettant de réussir malgré tout à surprendre celui qui semblait prêt à lui donner sa chance.