| this is what makes us girls (azur) |
| | (#)Dim 9 Juil 2017 - 12:14 | |
| ≈ ≈ ≈ { we all look for heaven and we put our love first somethin' that we'd die for, it's our curse don't cry about it, don't cry about it } azur ✰ andrina « Tu ne peux pas rester là. » Nina fait ‘non’ de l’index, tandis qu’elle ne lâche pas des yeux l’autre jeune femme qui s’est permise de rentrer dans son appartement. La soirée se déroulait bien jusque-là, malgré l’immense bordel qu’était devenu sa maison suite à la fête qu’elle avait donné la veille, elle avait réussi à se trouver un petit coin de canapé pour installer ses fesses devant la télévision et regarder un DVD. Son réveil tardif et une gueule de bois – légère mais tout de même douloureuse – lui ôtèrent tout le courage et la motivation pour ranger et nettoyer son appartement, bien mis à profit par ses amis fêtards hier soir. Ce n’était pas une habitude pour elle de laisser son appartement dans un tel état mais aujourd’hui était une exception. Normalement, elle aurait dû être le seul témoin de tant de négligence et de désordre mais c’était sans compter la visite de ‘la fille de la chambre 512’. Elle la toisait encore. Nina n’en démordait pas, toujours sur place, elle se postait bien droite, cherchant à intimider l’adversaire de son air féroce. « Si tu es venue parce que je n’ai pas répondu à tes messages… ce n’est absolument pas parce qu’il est arrivé quelque chose à ton bouquin. J’étais juste… j’étais occupée. » Un semi-mensonge mais son ton tranchant servait à dissimuler la vérité. Nina savait, Nina le savait si bien. Elles avaient passé des mois entiers avec l’autre pour seule compagnie et Azur avait toujours été intarissable sur son amour pour les livres – autant pour la lecture que l’objet en lui-même -, ce qui avait vraiment plu à Nina, qui aimait l’écouter parler des personnages qu’elle rencontrait, des histoires qu’elle vivait en parcourant les lignes imprimées des livres que son meilleur ami lui offrait. C’est pourquoi, elle avait vraiment cru rêver quand elle s’était vue remettre un des livres préférés d’Azur entre les mains, l’autre soir, quand elle devait subir des examens à l’hôpital, à cause de son malaise quand elle avait appris la mauvaise nouvelle. Elle était, en plus d'être inquiète pour les Gilmore et l'annonce de la tumeur tapie dans le corps de monsieur, dans une colère noire de ne pas pouvoir partir pour leur apporter son soutien. L’épisode n’avait pas vraiment très amical, loin de là, elle s’en souvenait encore. Les infirmières avaient été infectes - presqu’autant que la bouffe qu’on lui avait servie – l’une après l’autre refusait qu’on lui fasse un traitement de faveur en la faisant passer avant tout le monde, sous prétexte qu’il y avait des cas plus urgents que sa petite personne. Elle avait crisé, offensée qu’on puisse lui parler ainsi mais en plus, qu’on ne la laisse pas rentrer chez elle car elle pouvait également utiliser ce prétexte pour exiger qu’on la laisse tranquille. Elle avait trouvé normal de leur rendre la monnaie de leur pièce à ces dindes. Puis, il y avait eu la fille de la chambre 512, sortie de nulle part. Un coup d’œil à son uniforme lui avait fait comprendre qu’elle avait rejoint leur côté, Dieu seul sait puisqu’elle avait encore le souvenir de leurs fuites et de leurs stratégies mises-en-places pour échapper aux infirmières qui s’occupaient d’elles, à l’époque. « Bon ok, t'as gagné. J'ignore peut-être où j'ai laissé ton bouquin mais il n'est pas bien loin. Laisse-moi le temps de le retrouver... » Nina commençait à perdre patience devant son manque total de réaction. « Quoi ? Tu ne parles pas anglais ? Tu n'as pas compris ce que je viens de te dire ? »
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| | | | (#)Mer 19 Juil 2017 - 15:08 | |
| ≈ ≈ ≈ { we all look for heaven and we put our love first somethin' that we'd die for, it's our curse don't cry about it, don't cry about it } azur ✰ andrina On me sous-estime franchement trop facilement lorsqu’on vient à se questionner sur ma nature un peu farouche. Une petite blonde frêle, ça ne peut pas faire peur à bien des gens, n’est-ce pas ? Sauf que ma patience bien trop courte peut révéler au grand jour une face peu glorieuse de ma personne. Osant hausser le ton lorsque nécessaire, je peux calmer les patients difficiles là où tous les autres ont échoués et je ne recule jamais pour mettre mon grain de sel dans des histoires qui ne sont pas les miennes. Je n'ai jamais dis non plus qu'il s'agissait d'une qualité, loin de là. C'est pour ça quand j'ai vu la patiente se plaindre de tout et de rien dans son brancard, sonnant toujours le poste des infirmières pour de l'eau, puis un thé, pour ensuite du jus parce que «le thé c'est dégueulasse», je ne me suis pas gênée pour aller la regarder dans le blanc des yeux et lui dire ma façon de penser. Sauf que ce regard noisette m'a fait remonter loin dans mes souvenirs, alors que je côtoyais les murs blancs du bâtiments de façon régulières pour des raisons toutes autres. Un silence qui s'est rompu par une remarque un peu sèche de ma part, ponctuée d'un rire tout de suite après. Pourquoi je ne me suis pas surprise pas à voir Nina couchée sur ce lit, visiblement excédée par le traitement qu'on lui fournit, la faisant passer après les cas plus urgents. Je sais que la laisser dans cet état me vaudrait un bip dès que j'aurais passé le par de sa porte. Comme de fait, j'étais de retour dans cette pièce moins d'une heure plus tard, mon sac sous le bras pour lui tendre l'un de mes avoirs les plus précieux. Sachant déjà mon amour pour le roman, surtout cette version offert par mon meilleur ami, je lui ai tendu, lui intimant de lire les premières pages. Une heure, c'était tout ce que je lui demandais, une heure pour se laisser absorber par l'histoire de deux âmes égarées sur les landes anglaises. La brune s'en est saisi, puis le poste des infirmières ne fut plus dérangé pour les heures à venir. Son congé lui ayant été rendu avant que ne puisse ravoir mon bien, je ne me suis pas gênée pour aller chercher son numéro dans son dossier. Silence, silence, silence. À un moment, ça va. De bon matin, je toque sur la porte de l'adresse que j'ai obtenu en rompant le code déontologique de ma profession, prête à camper là au besoin. Il est hors de question que je rentre chez moi sans les pages qui savent me transporter ailleurs, sans ces mots qui décrivent des émotions que je croyais même pas possible. L'excuse d'être occupée me fait seulement hausser les sourcils, connaissant bien les mots employés pour se défiler de ses responsabilités. « Si tu es venue parce que je n’ai pas répondu à tes messages… ce n’est absolument pas parce qu’il est arrivé quelque chose à ton bouquin. J’étais juste… j’étais occupée. » Je lâche un rire, excédée, me tendant quand j'entends la suite de ses propos. L'idée que le roman puisse être endommagé me donne envie de pousser Nina et de vérifier moi-même l'état de ce-dernier. Pourquoi ne veut-elle pas simplement me le redonner ? Après tout, il ne signifie rien pour elle... On le trouve même en version gratuite pdf sur google. Je commence à avoir chaud, et c'est pas bon signe. « Bon ok, t'as gagné. J'ignore peut-être où j'ai laissé ton bouquin mais il n'est pas bien loin. Laisse-moi le temps de le retrouver... » Les mots me manquent. Elle a fait quoi ? C'est ce que j'ai en retour pour avoir offert ma confiance à quelqu'un ? « Quoi ? Tu ne parles pas anglais ? Tu n'as pas compris ce que je viens de te dire ? » Son arrogance agit comme une décharge. « Pardon ? Non, mais tu vas me parler autrement! » Je dis, bien plus fort que je ne prévoyais au départ. « Comment ça tu sais pas où il est ? » L'idée même de ne plus jamais tenir la copie de mon livre favori dans mes mains me rend folle et je ne fais rien pour contenir ma rage devant Nina. « Rends-le moi, tout de suite. » Mon ton est froid, tentant vainement de cacher cette fragilité causée par cette peur grandissante. Plus qu'une seconde avant que je ne décide de partir moi-même à sa recherche, sans plus de cérémonie.
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| | | | (#)Jeu 20 Juil 2017 - 0:17 | |
| Elle a passé des jours, des nuits à penser au miracle qu’Azur venait d’accomplir. Seule gardienne de son secret, Nina pensait que jamais plus elle ne ressentirait cet état de confusion agréable et étrange à la fois qui vous étreignait quand vous finissiez un livre. En lisant la dernière phrase et après que vos yeux se soient posés sur le dernier mot, il faut apprendre à dire au revoir. A quitter les personnages, quel que soit votre degré d’attachement pour eux. On se sépare, on se dit au revoir, momentanément quand ils n’existent plus sur les pages car sans aucun doute, ils survivent en vous, en laissant une marque indélébile de leur histoire. Des années entières, longues, vides de littérature s’étaient écoulées pendant qu’elle se trouvait incapable de finir aucun livre, retenue par le poids de la culpabilité et de la honte. Tout ça, elle l’avait gardé caché, ne trouvant personne à qui confier sa peine, sachant pertinemment qu’on ne serait pas en mesure de la comprendre. Si elle avait osé, ne serait-ce qu’à demi-mot, se confier sur ce mal qui l’avait gagné, on lui aurait ri à la figure parce qu’ils étaient incapables de l’imaginer un livre entre les mains. C’était tellement loin de l’image qu’ils se faisaient d’elle et personne n’aimait être contredit. La jeune femme en face d’elle ignorait sûrement qu’elle lui avait rendu un énorme service et comment aurait-elle pu s’en douter au vu de l’accueil que Nina lui avait réservé ? Elle ne ressentait pas une once de regret, ceci-dit. Enfin si, peut-être un peu quand elle se remémora toutes leurs confidences amenées par leur lien étroit, des années plus tôt, où elle était la seule présence qui ne lui était pas trop pénible, à l’hôpital. Un peu beaucoup même. Elle se trouva affreusement peu diplomate en lui parlant avec si peu de délicatesse mais la fatigue et son anxiété parlaient pour elle, elle avait tellement de choses à penser… bon, cela n’excusait pas le fait d’égarer les affaires des autres. Elle aurait déjà réagi cent fois plus méchamment qu’Azur qui haussait le ton avec elle maintenant mais cela ne l’empêcha pas d’être surprise par l’éclat de colère de son interlocutrice. Elle eût même un mouvement de recul. Son aînée avait beaucoup être plus petite qu’elle, en taille, elle l’écrasait carrément de toute la détermination qu’elle affichait dans son regard. Ça sentait les problèmes mais Nina se devait de jouer les divas quand les choses n’allaient pas dans son sens. « Tu es chez moi ici, tu peux remballer tes petits ordres. Tu peux même appeler la police, leur raconter comment je t'ai volé, je m'en fous. » Elle marqua une pause, juste le temps, de lâcher un petit gloussement. « Mais si t’es si motivée, ne te gêne pas, je te laisse le chercher toi-même. » Son air provocant sur le visage, sans oublier le petit sourire narquois, elle écarte les mains devant elle pour désigner tout son salon. Complètement à l’image de son appartement, on y voit toute la négligence dont elle a fait preuve cette semaine car elle n’avait toujours pas nettoyé les restes de la soirée du weekend dernier. Obligée de retourner au manoir des Gilmore souvent pour les soutenir après l’annonce de la maladie d’Henry, elle n’était revenue chez elle que la veille. La question du ménage n’avait pas été encore abordée dans sa liste de choses à faire et c’était sans honte qu’elle admettait vivre dans une porcherie… pour la bonne cause. « Pour te prouver ma bonne foi, je vais moi-même commencer le rangement devant tes yeux. » dit-elle en tournant le dos à Azur pour se diriger vers la cuisine pour en ressortir avec un grand sac poubelle. De là, elle ramassa les divers sachets de chips et autres déchets, regroupa les bouteilles en verre pour qu’elles puissent être recyclées plus tard, avec un air calme sur le visage. « … Oui, je fais ça à mon rythme… Si tu trouves le temps long, je ne verrai aucun inconvénient à ce que tu reviennes demain, tu sais. » Elle s’immobilisa, fixa quelques secondes Azur pour voir sa réaction avant de sortir son portable et d’ouvrir l’application téléphone. Le ménage devenait un moment de détente quand il était fait en musique, s’était-elle toujours dit et bientôt, en entendit les enceintes bluetooth diffuser Hey ya ! de Outkast. |
| | | | (#)Dim 23 Juil 2017 - 16:13 | |
| ≈ ≈ ≈ { we all look for heaven and we put our love first somethin' that we'd die for, it's our curse don't cry about it, don't cry about it } azur ✰ andrina Droite devant Nina, je le lâche pas une fraction son regard noisette, bien encré dans ce dernier. Le fait qu'elle me dépasse largement ne m'intimide pas une seconde, mais je tente tant bien que mal de cacher le désarroi dans lequel son comportement me plonge. N'importe qui d'autre, j'aurais compris. Un livre, surtout celui-ci qui se retrouve libre de droit sur internet vu son année de parution, est considéré comme le patrimoine culturel de tous. Sauf que cette copie, ma copie, dédicacée de celui qui me l'a offert juste sous la couverture, elle est unique. Je ne peux nommer aucun autre objet que je chéris à ce point. Une autre personne n'aurait pu comprendre mon attachement à ces pages reliées avec soin vu cette édition de collection, outre le prix élevé de l'objet. En vrai, personne d'autre n'aurait tenu cette édition dans leurs mains, mais j'ai décidé de faire confiance à Nina. Je voulais l'imaginer les yeux brillants, pleins d'étoiles, après s'être fait transportée sur les landes Anglaises et avoir vu ses âmes se déchirer et se faire du mal, sans jamais se retrouver réellement. Un portait de l'amour criant de vérité, le tout pour qu'elle puisse oublier pendant quelques heures son hospitalisation et qu'elle puisse remettre en perspective ses soucis. Non pas dans le but de minimiser ces-derniers, mais juste pouvoir les regarder avec de nouveaux sentiments. Mon espoir se fêle quand je l'entends me parler de la police dans une tentative complètement vaine de me faire rebrousser le chemin. Les ongles s'enfoncent dans mes paumes et mon coeur débat, incapable de réellement assimiler ses propos. Elle sait où il est, elle n'a pas le choix de le savoir. « Tu peux tout de suite laisser tomber ton attitude, tu sais bien que ça sert à rien de jouer à l'arrogante avec moi. » Je ne sais pas comment je fais pour rester si calme dans mes propos, j'ai juste envie de rentrer et de fouiller chaque recoin de cet appart encore plus en bordel que le mien. Je veux juste mon livre et partir. Hors de question que je repasse le seuil de cette porte sans la raison de ma venue en mains. Alors je la verrouille, quitte à rester toute la nuit s'il le faut, je m'en contre fous. Déterminée, je la suis jusqu'au salon pour le voir encore pire que j'imaginais... Nina continue sur sa lancée de femme qui n'en a rien à foutre, revenant de la cuisine avec un sac poubelle qu'elle remplit plus lentement que le rapprochement des continents. À ce rythme, on y est encore dans dix ans. « Donne-moi ça. » J'ordonne en lui arrachant le sac des mains, lui laissant plein choix de la playlist. Pendant quelques minutes, je fous presque la totalité de ce que je trouve dans le sac poubelle, mon regard affolé ne s'arrêtant que sur ce qui ressemble de près ou de loin à mon livre. Sauf qu'après le nettoyage d'une étagère, je laisse tout tomber par terre, paniquée à l'idée de ne plus jamais laisser parcourir mes doigts sur les pages que j'ai appris à connaître par coeur. « Alors, c'est quoi ? Tu as voulu jouer sur ta cote de popularité en organisant une fête pour ceux dont tu voulais l'attention ? Ils ont du laisser leurs biens à l'entrée ou ceux-là tu les as laissé repartir avec leurs affaires ? » Je joue vache. Comme elle, quoi. |
| | | | (#)Sam 29 Juil 2017 - 16:46 | |
| Cela fait un bout de temps que ses attitudes et ses remarques n'intimident plus personne, Azur la défie même de continuer en lui indiquant que ses tentatives seront vaines, que ça ne marchait pas sur elle. C'est la preuve pour Nina que quelque chose cloche chez elle-même. La reine qu'elle se considerait être n'était même plus respectée, on ne lui obéissait même plus et on se permettait même de s'introduire chez elle et de l'obliger à faire des choses. Elle qui pensait avoir vaincu la dragonne quand elle l'a regarde se diriger vers la sortie, déchante quand elle l'a voit fermer le verrou à double-tour. Nina croit halluciner, d'abord, mais essuie l'épisode d'un secouement de chevelure quand elle se décide à jouer sa carte suivante. Azur peut bien la suivre, elle ne tient pas à la prévenir sur l'etat du salon, elles arriveront bien assez vite pour qu'elle constate les ravages de ses propres yeux. Phase 2 - le jeu de la provocation. Son adversaire, encore une fois, fonce tête baissée, pas le moins découragée du monde. Une telle détermination la fait sourire mais au fond, elle commence à s'en vouloir, elle sait ce qui anime la jeune infirmière, mieux que quiconque peut-être... Et pourtant, sa fierté lui somme de la pousser à bout. Elle n'assume plus ses bons côtés, ne veut garder que les mauvais, Azur n'a rien fait pour mériter autant d'acharnement de sa part, si ce n'est de réanimer l'amoureuse des livres en elle. Mais c'était réveiller l'une de ses faiblesses, en lui prêtant son livre, elle avait réveillé l'empathie, la sensibilité, des traits qui ne convenaient pas à Andrina, ils ne lui serviront pas à écraser les autres. Elle suit du regard la brunette de temps à autres, tandis qu'elle s'est affairée à mettre la vaisselle sale dans le lave-vaisselle. La tête encore dans la machine, elle se relève brusquement, alertée par un bruit sourd. Elle se tient droite, d'un air défiant, Nina ne cache pas son sourire narquois en la voyant comme ça. Ses lippes s'étirent à sa remarque. Elle avait oublié qu'Azur pouvait être teigneuse quand elle le voulait. « On fêtait la rémission d'un copain atteint d'ostéosarcome... » Andrina sait que cela taira les mauvaises langues. Ayant fini sa chimiothérapie et après quatre semaines d'examens intensifs pour évaluer son état, la conclusion avait été réjouissante. Comme il ignorait pour combien de temps on la maladie lui accordait du répit, il avait émis le souhait tout de même de se mettre la tête à l'envers, alors tout en veillant à son bien-être, Nina avait exaucé son cœur. C'était sûrement l'une des meilleures soirées de sa vie, comme si la noble cause élevait le niveau de la soirée et la rendait encore plus géniale. Elle n'était pas un monstre, les gens pensaient qu'elle ne faisait que ce genre de geste pour son image. « Tu vois... je ne pense pas qu'à moi... » poursuit-elle, nonchalante. Elle referme le lave-vaisselle. Son attention revient sur sa compagne. Il est temps de jouer la carte de la sincérité. Elle éteignit la musique, le silence revint révéler l'ambiance un brin tendue. « Je sais que tu penses que je suis une sale gosse et la façon dont je me comporte ne dément pas tes préjugés... mais tu peux te rassurer, ton livre n'a jamais quitté cet appart, il ne s'est retrouvé entre les mains de personne d'autre que moi. Fais-moi plaisir, pose tes fesses sur le canapé, accepte un verre d'eau. T'en as déjà assez fait. » Le bruit du verre sur la table basse ponctua la fin de sa phrase. Elle a l'air autoritaire avec ce poing posé sur sa hanche en attendant la réaction d'Azur, pourtant, son regard est plein de douceur. Elle n'avait jamais eu de mauvaises intentions envers elle mais on s'y trompait souvent puisqu'elle agissait volontairement comme la pire des garces. |
| | | | (#)Lun 7 Aoû 2017 - 21:39 | |
| ≈ ≈ ≈ { we all look for heaven and we put our love first somethin' that we'd die for, it's our curse don't cry about it, don't cry about it } azur ✰ andrina Mes yeux se posent sur les multiples objets qui jonchent la table basse, paniqués par l'absence du bouquin que j'ai caressé bien trop de fois du bout des doigts. J'ai presque envie de mettre cette montre oubliée dans un gobelet rouge dans le sac, mais ça serait me contredire. Moi qui vient voir Nina parce que j'attends qu'elle me rendre un truc que je chéris plus que tout, si je me mettais à foutre tout ce qui n'est pas à moi et à le potentiel d'être cher à quelqu'un à la poubelle, aussi bien lâcher prise et partir tout de suite. Sauf que rapidement, je n'en peux plus. J'explose, sans tenter de me contenir. Ma déception mêlée au stress et à la peur inonde rapidement la pièce principale de l'appartement, heurtant mon adversaire en plein coeur. Ce n'est pas une bataille que je devrais mener, pourtant je suis incapable de gérer plus d'une émotion à la fois tant celle-ci est intense. J'ouvre le feu, je provoque... Pour me calmer tout de suite après, à la mention de la raison de cette fête. Je fixe le regard noisette de Nina et malgré la lumière du jour qui parvient mal à s'infiltrer dans la pièce, je sais qu'elle dit la vérité. Je l'ai vu mentir, plus qu'une fois, et ce n'est pas ce qu'elle fait en ce moment. Comme un ballon piqué, je me vide de toute cette tension. Mes épaules s'affaissent, et je lâche un maigre « pardon » avant de passer une main sur mon front pour me masser les tempes. Je ne suis plus cette fille explosive qui provoque sans se soucier des conséquences, si ? Égoïste comme jamais, je n'ai pas du tout élargie ma pensée plus loin, daignant considérer ne serait-ce que pour une seconde les sentiments des autres. Je fixe mes chaussures, prenant place sur le bras du sofa. J'entends Nina qui ouvre le lave-vaisselle depuis la cuisine, mais je suis trop occupée à réaliser un examen de conscience pour relever les yeux vers elle. J'ai envie de lui dire que je suis désolée, mais je me terre dans mon silence, honteuse. La musique cesse, je l'entends qui revient vers moi. On dirait que c'est moi maintenant qui endosse le rôle de sale gosse dans l'histoire. Je me laisse glisser sur le canapé alors qu'elle me l'ordonne, m'y enfonçant un peu, comme si je voulais disparaitre, juste une seconde. Le bruit de verre sur la table basse me sort de ma fantaisie, et je suis bien contente de voir que l'air qu'affiche Nina est beaucoup plus doux maintenant, toute arrogance l'ayant quittée. « Laisse-moi au moins t'aider à chercher. » Je glisses les doigts sur mes cuisses pour les mener jusqu'à mes genoux pour me pousser légèrement et terminer sur mes pieds. « Si tu dis qu'il n'a jamais quitté l'appart, il ne doit pas être trop loin. À moins que ce soit un trois étages et que je l'ignore. » Je tente une blague, pas très drôle, mais elle a le mérite d'indiquer que je ne suis plus aussi en colère. Contournant Nina, je me dirige vers le couloir, comme si en y passant la tête je verrais mon livre sur un piédestal à l'autre extrémité. « Tu te souviens de la dernière fois où tu l'as vu? Je pense pas que ce soit dans le salon... » Un rapide geste de la main pour désigner la pièce. Sans l'attendre, je reprends mon exploration, à un meilleur rythme cette fois. En gros, je ne balance plus tout ce qui me tombe sous la main dans le sac poubelle. « Sinon, toi... quoi de neuf ? Qu'est-ce que tu deviens ? Spécialisée dans l'événementiel ? » Je ris, un peu, mon humour toujours aussi douteux. Des années sans se parler, sans avoir de nouvelles, impossible que je puisse deviner quelle genre de femme Nina est réellement, aujourd'hui. |
| | | | (#)Mer 23 Aoû 2017 - 23:27 | |
| Si elle avait tenu une wish-list sur un carnet, on aurait pu voir inscrit ‘Retrouver le livre d’Azur et se réconcilier avec elle’, un souhait qu’elle aurait aimé rayer de la page après ce soir. En la voyant assise, recroquevillée dans son canapé en cuir, elle soupira. Andrina n’avait jamais voulu ça mais son caractère naturellement agressif et désinvolte l’emportait toujours dans ce genre de situations, instaurant de la tension avec toutes les personnes qui ne faisaient pas partie de ces proches. Ses bras tombent le long de son corps quand Azur insiste et lui propose son aide. Elle n’oppose aucune résistance verbale suite à ça mais n’en pense pas moins, l’idée de voir quelqu’un d’autre qu’elle nettoyer tout le bazar qu’elle avait causé la rendait mal à l’aise. En fait non, elle n’avait jamais ce genre d’états d’âme mais c’était juste parce que c’était d’Azur qu’il s’agissait. Qu’une autre fille veuille passer son salon au Karcher, elle n’aurait même pas sourcillé mais devant l’air fatigué et désespéré de son ancienne compagne d’infortune, elle sentait la culpabilité l’étouffer. Elle n’est pas assez rapide pour l’arrêter et confuse, ne sachant plus très bien comment s’y prendre, elle se contente de la fixer se lever et de la suivre du regard. On dirait presqu’Andrina a déconnecté son esprit, que son cerveau s’est éteint et que seul les mouvements de tête et ses rares clignements de paupières témoignent qu’elle est encore en vie. C’est une façon de fuir. Elle avait besoin de s’éloigner, de prendre du recul pour ne pas se laisser happer par la compassion parce qu’elle n’avait jamais su gérer ses propres sentiments et c’était encore pire quand ceux des autres prenaient la part sur les siens. Elle n’arrivait plus à réfléchir. Elle ne se l’était jamais avoué elle-même mais elle ressentait beaucoup d’affection pour ce brin de femme. Cette dernière était revenue dans sa vie d’une façon mémorable, avec tant de grâce, tant de beauté, à travers le prêt de son livre. Ça lui avait redonné le goût de la lecture, un vrai miracle. Sa bataille intérieure et son désarroi lui ont fait manquer les paroles d’Azur et elle tourne la tête pour s’apercevoir que la blondinette se la joue maintenant exploratrice. Elle ne perd pas le nord. « Je ne sais pas… la pièce à ta gauche, c’est mon bureau, c’est peut-être là, sur l’étagère avec les autres. Mais je ne crois pas qu’il y soit, je tenterai plutôt ma chance dans ma chambre. » Elle passe à côté d’Azur sans la regarder et trace son chemin. Le moment est gênant. Elles doivent sûrement toutes les deux le ressentir vu les blagues tentées par sa compagne pour détendre l’atmosphère. Nina ignore ce petit effort. « Ne te sens pas obligée de prétendre t’intéresser à moi pour me faire la conversation. » lâche-t-elle, cassante. Sa chambre est parfaitement rangée, rien ne traîne car elle regorge de rangements pratiques. Mais c’est justement le challenge, essayer de retrouver le livre qu’elle aurait pu glisser dans une armoire, dans un tiroir, dans une caisse de rangement ou dans un coin, caché par un bibelot. Elle tâtonne d’abord, en ouvrant les tiroirs d’une commode et en farfouillant par des petits gestes brusques, reflétant sa contrariété. Elle n’aurait pu cru que le silence serait si pesant. Il la force à revenir sur sa décision. « Azur ? » Elle s’est stoppée dans son geste et lève le nez pour chercher des yeux l’intéressée. « Je crois que je dois te remercier. » Elle se retourna, espérant que le face à face lui donnerait plus de courage pour déballer tout ce qu’elle avait à lui dire. « Ton livre, il m’a vraiment fait du bien. Je l’ai dévoré en deux nuits et c’est le premier livre que je finissais depuis des années. » commence-t-elle, sur le ton de la confession. « Je ne pourrai pas vraiment te dire le pourquoi du comment mais les faits sont là, sans le vouloir, tu m’as rendu un immense service. » Oui, l’étrange grimace qui apparaît sur son visage était une tentative de sourire. « Tu peux me faire confiance quand je te dis que je le retrouverai. Enfin… même si je crois que le livre n’est pas le seul problème. Je ne suis pas psy mais tu dois être sacrément en vrac pour venir criser dans mon appart… pour un livre. » Il n’y a pas de mesquinerie dans sa voix, plutôt une sorte d’inquiétude teintée de détachement. Elle n’était pas certaine de ce qu’elle avançait mais en y réfléchissant bien, elle est de plus en plus certaine que d’autres névroses se sont cristallisées dans sa quête de se livre. Les bras croisés, elle fixe la jeune infirmière silencieuse, guettant ses réactions et se demandant si leur connexion d’antan était encore d’actualité, celle de l’époque où c’était elles contre le monde, dans cet hôpital de malheur. |
| | | | (#)Mar 12 Sep 2017 - 1:59 | |
| Jamais l'envie particulière de mettre de l'ordre ne s'était emparée de moi par le passée, à la plus grande déception de ma mère qui, autrefois, soupirait beaucoup trop fort en passant un pas dans ma chambre (elle le ferait probablement encore aujourd'hui). Exténuée après avoir mis trois vêtements sur des cintres, je finis toujours par trouver une façon de vivre dans mon bordel. Lorsque le tout me submerge trop, littéralement comme physiquement, le rangement commence et je me retrouve en compagnie d'objet que je pensais avoir égaré il y a des lustres de cela. Le genre de trucs que j'aurais pensé parti à jamais dans une autre dimension avec toutes les chaussettes perdues dans les sèche-linges. Je souffle, consciente que mon arrivée en tyran ici a vraiment pu mettre la pression sur Nina et que mes émotions sont vraiment amplifiée par la nature de la chose. Si je ne lui ai jamais dis ce qu'il représentait pour moi, impossible pour elle de savoir. Je souffle, comme ma mère autrefois, sortant de ma torpeur à la regarder fouiller les tiroirs de sa chambre au bout du couloir, après qu'elle ait rompu ce silence un peu trop lourd, silence qui me laisse en tête en tête avec mes questionnements que je repousse à chaque jour. Ma question plus tôt n'a pas eu pour effet de détendre l'atmosphère comme je l'espérais, alors je préfère ne pas pousser la chose. Autrefois, alors que nous étions compagne d'infortune, nous n'avions pas besoin de passer nos heures en compagnie l'une de l'autre à parler pour s'évader du confinement de l'hôpital. On appréciait plutôt ce silence comme un échappatoire au blabla incessant du personnel soignant qui nous intimait toujours quelque chose de plus à faire, un énième conseil, un énième exercice. Sauf que ce silence est différent. Il est empreint d'un malaise fortement causé par mon arrivée sauvage dans cet appartement et l'attitude que se donne Nina suite à ma provocation. Nous ne partageons plus ce semblant de proximité qui nous a déjà lié par le passé, le message est clair. Je roule les yeux suite à sa remarque qui mets fin à mes efforts pour relancer la conversation. « Tu sais bien que je ne t'aurais pas posé cette question si j'en avais rien à faire de ta vie. » Pas le temps pour les semblants de politesse, encore moins avec elle, celle qui m'a bien fait comprendre que notre temps est trop précieux pour le perdre avec ce qui n'en vaut pas la peine. On en reste là, le bruit de nos recherches remplissant l'espace. Je pousse des livres sur un étagère, cherchant à voir si mon volume s'y trouve, quand Nina m'interpelle. Le ton de sa voix n'a rien à voir avec celui qu'elle a employé il y a quelques minutes. Non, c'est une confidence, un peu comme avant. Lentement, je repose les livres que je tenais sur leur étagère respective avant de reprendre la parole. « Je sais que tu le retrouveras... » Mon ton est doux, sincère. Attendrie par l'effet que mon roman préféré a pu avoir sur elle, je suis incapable de rester froide alors qu'elle me partage ce que les personnages lui ont fait vivre. Un peu comme moi chaque fois que je passe mes doigts sur ces pages que je connais par coeur. Ma main droite replace une mèche derrière mon oreille alors que Nina mets le doigt dans le mille. « C'est un cadeau de mon meilleur ami. J'y tiens beaucoup. » Comment déclarer une évidence, comme si ça, elle ne l'avait pas déjà deviné. « Je... Je t'ai déjà sûrement parlé de lui, à l'hôpital. » Et il est clair que je ne fais pas référence à cette fois où elle a sonné le bouton qui appelle directement le poste des infirmières, mais bien de notre séjour où nous étions toutes les deux patientes. Chaque jour de visite, j'attendais comme une pauvre dinde qu'il daigne faire acte de présence. J'espérais, complètement naïve, qu'il reviendrait vers moi parce qu'il ne pouvait pas vivre sans moi. Cette affirmation aurait été le meilleur des scénarios, parce que des excuses de sa part pour mon séjour prolongé à l'hôpital ne m'aurait pas fait de mal non plus. Ses multiples tentatives pour me repousser n'ont jamais suffit à faire taire cet espoir que j'alimentais de tout de mon être, mais il n'est jamais venu. Et aujourd'hui, je suis toujours une vraie idiote à penser qu'il ne me refera pas le coup, encore une fois.
- de l'amour:
Pardon pour le délais de réponse
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| | | | (#)Mar 17 Oct 2017 - 23:03 | |
| En tirant les tiroirs l’un après l’autre puis en les refermant après avoir fouillé un peu dedans, Andrina essayait de penser à un objet qui aurait pu l’emmener à se retrouver dans la même situation qu’Azur en ce-moment. Est-ce qu’il existait un objet auquel elle tenait assez pour pouvoir être si paniquée à l’idée de ne plus le revoir ? Elle ne songeait à rien en particulier alors se forçait à faire l’inventaire de toutes ses possessions matérielles. En faisant le tour, elle se disait que tout avait de la valeur dans ce qu’elle possédait, étant née dans un milieu privilégié, elle cultivait ce goût du luxe, des serviettes de bain aux parures de lit, en passant par la vaisselle et les luminaires, sans parler de ses vêtements et de ses bijoux. Elle n’était pas une shoppeuse compulsive, au contraire, elle choisissait tout avec soin mais c’était normal d’aimer ce qu’on achète, non ? Elle s’était attachée avec le temps à tous les objets qu’elle avait acheté, elle le reconnaissait, au-delà du côté esthétique. Ils lui plaisaient mais c’était tout… Elle n’avait rien hérité de ses parents, de ses grands-parents ou d’amis, on ne lui avait jamais rien offert qui revêtait une quelconque signification. Une expérience analogue aurait pu être la perte de sa toute première bague Cartier, elle avait été chagrinée pendant une semaine mais l’avait finalement retrouvée dans la voiture d’une copine. Alors non, elle ne pouvait pas se mettre à la place d’Azur, ni compatir à son mal-être, elle possédait juste une vague idée de ce qu’elle devait ressentir. Erreur de timing. Erreur de ton. Nina n’a rien à reprocher à Azur mais les nerfs à fleur de peau, c’est bien difficile pour elle de faire preuve de compréhension. Le soupir, le roulement des yeux après un innocent “quoi de neuf ?” lâché avec hésitation, c’est plus fort qu’elle. Naturellement pour elle, il était plus facile de se réfugier derrière son masque d’indifférence et de froideur que de faire la conversation.
Mais en remettant les objets en place, en recherchant son livre, c’est aussi ses idées qu’elle remet en place. Elle entrouvre une fenêtre, elle finit de lui tourner le dos, de faire comme si elles n’étaient pas toutes les deux dans la même pièce, elle finit d’ignorer leur passé, le fait que quelques années auparavant, la présence d’Azur, c’était la seule raison de ne pas se pendre avec le fil qui la perfusait. Elles s’étaient rendues la vie un peu plus facile, sans se parler beaucoup mais justement, le silence était déjà plus agréable que le discours infantilisant des infirmières. Elles s’étaient bien trouvées. Les souvenirs sont plus vifs qu’elle ne l’aurait pensé, la petite blonde l’a marquée, sûrement parce qu’elle pourrait clairement évoquer tous les faits marquants d’Azur lui a partagé et surtout, elle se souvient d’un certain Orion. Leurs deux beaux prénoms sonnent comme des poèmes mais tel qu’elle se rappelle des deux ensemble, à travers tous les récits de sa camarade, l’histoire se rapproche plus d’un feuilleton tragique que d’un contre de fées. Nina hoche doucement la tête. « Je m’en doutais. Je me souviens de… votre histoire. » Avec toute la désinvolture qu’elle peut afficher, elle fait mine d’aller du côté des tables de chevet pour traverser la pièce, juste pour se trouver plus proche de la jeune infirmière. Elle espère pouvoir obtenir quelques confessions puis elle se souvient qu’elle l’a désigné par “cadeau de son meilleur ami”. Le calcul était rapide même pour une handicapée des sentiments comme Nina et des relations de convenance. « Je… Je trouve que tu parais bien mais je ne saurais pas dire si c’est parce que vous êtes enfin ensemble ou si tu as décidé de tourner cette page du passé. » Elle manque peut-être de tact, avec son ton à la limite du sarcasme mais il n’y a rien de moqueur. La gamine se fait intrusive mais elle a envie de connaître ce qui s’est passé dans les épisodes qu’elle a raté. L’envie est grande, elle se sent de s’asseoir sur le lit et de laisser encore Azur lui déballer tout ce qu’elle avait sur le cœur, comme quand elles étaient à l’hôpital ensemble. En pensant au lit, un truc lui revient en tête, elle se tourne dos à Azur et passe sa main entre le sommier et le matelas, en dessous des oreillers. Ses doigts trouvent quelque chose, un truc rigide, avec des côtés, des rebords, un truc qui a la même texture au toucher que le livre qu’on lui a prêté quelques semaines avant. Pas de doute possible... mais elle se tait, elle ne dit rien même si elle vient de remettre la main dessus. Elle le laisse gentiment à cet endroit et fait comme si elle n’avait rien trouvé. Juste parce qu’elle a peur qu’Azur s’en aille à jamais dans la nature si elle lui redonnait son livre maintenant, privant Nina de la suite de son histoire. Elle se souvient des faux-espoirs d’Azur quand on lui annonçait des visites, elle se souvient des sourires qui ne la quittaient pas pendant qu’elle lui racontait une anecdote qu’elle avait vécu avec lui. Nina, elle était certaine qu’on pouvait présenter devant ces yeux le plus beau diamant au monde, elle le trouverait moins éclatant que le sourire qui éclairait le visage de la patineuse désarticulée. Elle ne sait pas ce qui poussait les gens à se faire du mal comme ça, ni d’où venait toute la passion qu’on pouvait ressentir pour un autre être mais l’idée était belle. Au fond, l’amour, ça l’a toujours intriguée et ça l’intriguera toujours. - Spoiler:
à mon tour de m'excuser pour mon retard, chaton, j'espère que ça te plaira
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| | | | (#)Sam 23 Déc 2017 - 2:54 | |
| Pourquoi on s'attache ? Aux objets, aux gens ? On ne sait jamais ce que la vie peut nous réserver, des bonnes surprises comme des terribles. Reposer son bonheur sur les autres, les impliquer comme une partie prenante de notre vie est un risque nous prenons bien trop facilement. Qui sont ceux qui peuvent affirmer pouvoir se tirer de n'importe quelle situation sans l'aide de personne ? Être indépendant, fort, stable. Nous ne sommes qu'une bande d'être incapable d'évoluer si ce n'est en groupe. Seul, on tourne en rond, on cherche des réponses, on cherche à se faire rassurer, à se faire aimer. Ensemble, nous sommes plus fort, c'est ce que l'on dit, pas vrai ? Mais à quel prix, jusqu'où devons nous nous confier aux autres, leur laisser notre vie entre leurs mains sans savoir ce qu'ils en feront. Naïve, je m'approche de Nina qui se trouve un peu plus loin dans la chambre et je pose une fesse sur le rebord du lit, songeuse. Au fond, je voudrais bien me définir comme une femme forte, qui agit en son intérêt premier avant de se centrer sur celui des autres. Je voudrais être comme ce bout de femme qui ne semble craindre rien ni personne à l'autre bout de la pièce. À avoir besoin des autres, on finit toujours par se faire décevoir, laisser tomber, d'une manière ou d'une autre. On ne peut compter que sur soi, parce que dès qu'on laisse la possibilité à quelqu'un de nous rendre heureux, la porte pour nous faire souffrir s'ouvre juste à côté. Bien grande. Mes doigts glissent sur la couette de lit et je tends une oreille aux propos de Nina sur ma relation avec Orion. Notre histoire. Je ne sais pas si c'est comme ça que je classifierais mon passé avec cet homme qui a su me faire vivre toutes les émotions du monde. Peut-être que je ne devrais plus le qualifier de mon meilleur ami, parce qu'après tout, ce titre appartient au passé. Il n'est aujourd'hui qu'un mystère duquel j'ose attendre des réponses que je sais très bien qui ne me viendront jamais. Je souris en coin suite à la remarque de mon ancienne compagne de chambre, celle à qui j'ai bien trop parlé de celui qui faisait battre mon coeur à l'époque, malgré le fait qu'il l'ait réduit en million de petits morceaux bien trop de fois. Je ne vois qu'une solution pour enfin être avec lui : celle de revenir dans le passé et de tout recommencer. « Non, je ne suis pas avec lui. » Je laisse planer un silence, je replace une jambe sous mes fesses. Nina a dû entendre parler d'Orion trop de fois pour une vie, je ne pense pas qu'elle souhaite que j'ouvre ce chapitre nouveau, surtout qu'il n'y a rien de plus à dire que ce qu'elle sait déjà. Je souffle, repensant à la raison de ma visite. Le livre peut bien attendre, je sais qu'il n'est pas bien loin. Puis, c'est peut-être de parler justement qui me fera sentir mieux, au lieu de m'enfermer à nouveau dans un univers fictif qui n'a eu pour but que de me retirer du monde. « Je l'ai revu récemment, pour la première fois depuis l'accident. On s'entend... bien. Mais sans plus. » Je n'ai pas envie de détailler sur nos disputes qui se sont terminées de la façon la plus clichée du monde. Ça me fait rougir de honte puis rouler les yeux face à tant de naïveté. « Et toi ? Quelqu'un ? » Je relève les yeux pour croiser le regard brillant de Nina. Elle a beau se la jouer au-dessus de nos faiblesses communes à tous, je sais qu'elle est bien plus que ce qu'elle laisse prétendre. Il n'y a qu'à voir comment je l'ai jugée et comment je lui ai hurlé dessus en arrivant chez elle pour réaliser à quel point je me laisse prendre au jeu, acceptant les gens comment ils veulent être perçu. Mais pas elle. On a passé trop de nuits à faire semblant de dormir et faire rager les infirmières pour que je ne m'arrête qu'à sa façade qui semble tomber de plus en plus. |
| | | | (#)Ven 5 Jan 2018 - 0:49 | |
| Azur se rapproche du lit. Le regard sombre de Nina reste rivé sur elle, interceptant sur le visage de l’infirmière une drôle d’expression. Un voile de tristesse ? Un brin de nostalgie ? La nuance est difficile à apprécier, de là où elle est mais une chose est certaine, la petite blonde avait laissé tomber son manteau de colère. Azur, l’inclinaison est toute prise quand on songe à son prénom, c’est le ciel qui s’impose dans son esprit quand elle voit la femme-enfant. Elle ne l’avait jamais vu à l’oeuvre mais avec son corps gracile, elle se l’imaginait facilement glisser sur la glace et transporter quiconque, posait les yeux sur elle dans un autre univers, un autre monde béni par la grâce et la magie. Un ailleurs où on s’envolait quand elle virevoltait, elle, la petite danseuse portée par ses lames de fer. Le genre de filles qu’on pense capable de voler, juste parce qu’elles ont ce petit truc pas tout à fait terrestre et complètement aérien, comme si elles avaient gardé de traces de paradis avec elle. Sauf qu’Azur, Azur, on ne la reverra plus jamais patiner près des étoiles parce qu’on l’avait brutalement brisée et les oiseaux sans ailes, c’est connu, n’ont plus rien pour se cacher et garder leurs secrets. Son histoire avait diverti Nina… trois secondes… mais elle ne ressentirait jamais de compassion pour une inconsciente prise dans le piège de l’amour. La seule personne qui comptait à ses yeux était elle-même et elle ne mettrait jamais quelqu’un d’autre sur un piédestal, elle ne se mettrait jamais ainsi en danger et n’accorderait à personne la possibilité de la rendre vulnérable. Sept milliards d’âmes sur terre, une seule Andrina Farrell. Plutôt traverser un champ de mine que de tomber amoureuse, elle se persuadait volontiers qu’elle aurait une plus grande probabilité d’en ressortir saine. Mais, elle se demandait pourquoi une partie d’elle-même restait si curieuse, au point de ne pas lui rendre son fichu bouquin, de faire comme si elle ne l’avait pas senti dans sa main, en passant sa main entre le sommier et le matelas. Elle savait très bien qu’elle perdait du temps avec ce genre de sentimentale, il n’y avait rien de beau à être fou d’amour au point de pardonner à l’autre tous les maux qu’il vous a fait. C’était comme parler à un héroïnomane, Azur, elle suinte l’amour, elle était camée, accro à ces miettes de souvenir auxquels elle s’agrippait. C’est plus cette pensée qui fait froncer les sourcils de la jeune femme que de savoir qu’un, ils ne sont pas ensemble et que deux, ils ne sont plus que des étrangers l’un pour l’autre. « Moi ? Quelqu’un ? » Nina glousse comme si elle venait d’entendre une blague. « Dis-moi quels avantages il y a à avoir “quelqu’un” ? » Les nombreux visages qui lui vinrent à l’esprit, elle les avait rangé dans la case distraction de son esprit. Ils n’étaient rien de plus, ils ne seraient jamais rien de plus. Son regard ne trompe pas, elle jugeait complètement Azur et se sentait à mille lieues au-dessus d’elle par sa faculté à se tenir loin de tous sentiments. Nina était si changeante, il lui fallait un rien pour se braquer et redevenir un bloc de glace. Et de tous les sujets qu’il ne valait mieux pas évoquer auprès d’elle, l’amour, était le sujet le plus tabou. Banni à jamais parce qu’elle savait qu’il était dangereux rien que de trop y penser. « Tu savais que cela arriverait un jour parce qu’il ne t’a jamais aimé comme toi tu l’aimes, mais tu t’accroches encore à cette illusion — c’est ça qui te rend aussi misérable aujourd’hui ? » Elle ignore si son interlocutrice l’a remarqué mais son visage s’est crispé et elle s’oblige à serrer fort le point pour ne pas exploser et secouer le petit oiseau déplumé. Elle se contente d’être tranchante avec ses mots. « C’est de ta faute, tu es stupide. » Prends ça dans ta gueule, ange déchu. Je te crache dessus. Elle lance un regard dur à la créature assise sur son lit. Elle ne peut pas s’en empêcher, il fallait lui dire que la vie n’avait rien d’un conte de fées. Andrina n'avait cure des considérations humaines, si elle se sentait l'envie d'exprimer son opinion, elle le faisait toujours à sa façon. Il était inutile de hausser la voix, l’étudiante le sait mais c’est un sujet trop sensible pour qu’elle puisse rester neutre, elle sent son ton se durcir mot après mot. « Pourquoi j’ai l’impression que tu me tiens le même discours qu’à l’époque où on était à l’hôpital ensemble ? Rien a changé ? Y’a que moi qui y ait grandi depuis ce temps ? » Reprendre conscience du temps qui passe générait toujours la même grimace sur le visage des gens. « Tu vas passer ton temps à lui courir après, vous allez vous rater, vous blesser et inlassablement recommencer ? » |
| | | | (#)Mer 17 Jan 2018 - 23:00 | |
| Le silence qui suit ma question envers Nina suffit à me faire comprendre que je n'ai pas eu la bonne réponse pour elle et que je ne me suis pas engagé sur le bon chemin. Un pli se dessine entre ses deux sourcils et sa lèvre sursaute d'une façon quasi imperceptible, comme de dégout. Autrefois, je me serais sentie petite dans mes souliers, soucieuse de plaire à mon interlocutrice et cherchant à sauver cette image qu'elle a de moi. Aujourd'hui, voir son visage se voiler et savoir qu'elle ne boira pas le récit de mes malheurs ne me fait ni chaud ni froid. Je sais que je cours à ma perte, je l'ai toujours su. Facilement évitable, ô combien prévisible, elle porte le nom de cette constellation qui obscurcit ma vie au lieu de l'éclairer. C'est sûrement pour cela que je ne parle pas de mon passé. Pas pour ne pas écoeurer les gens de ma naïveté et m'éviter leurs commentaires, mais parce que je n'ai pas besoin qu'on me rappelle à l'ordre. Dieu sait combien ceux qui le font ont raison de le faire. Plus grande fan de mes aventures, c'est cette envie de me blesser qui me guide, parce que si je suis encore victime de ses actes j'aurai une bonne raison de m'apitoyer sur mon sort ? Si c'est ça le romantisme, j'aimerais mieux m'amputer le coeur au lieu de continuer d'agir de la sorte. Au pôle complètement opposé on retrouve ceux qui ont réussi à faire comme s'ils ne ressentaient rien. Le ton dédaigneux, presque sarcastique de Nina qui me renvoie ma question en pleine figure me fait presque rouler les yeux. Je ne saurais dire qui de nous est la pire avec les sentiments... Ok, moi, sans aucun doute. Ses propos tranchants finissent quand même par m'atteindre, mais je ne m'enflamme pas malgré cette perche bien tendue. Stupide. J'approuve, je serais complètement imbécile de ne pas l'accepter. Insouciante aussi, on peut le mettre dans le lot. « Tu sais, ce n'est pas parce que tu fais comme si tu n'avais pas de coeur que tu seras à l'abris. » Cette phrase ne fait pas réellement de sens d'entrée de jeu, mais c'est la première qui me vient. Mes épaules s'haussent pour s'abaisser dans un soupir, voyant que rien n'a réellement changé ni chez Nina, ni chez moi. « T'as sûrement raison sur ça, je suis stupide. Pour des tas de raisons, pour lui reparler certainement. » Je me relève, m'empressant de finir ce discours qu'elle démolira sans même hésiter. « Il n'est pas question de rien avec lui. Rien du tout. » Foutaise. Une claque doit démanger la main de Nina, avec raison. « Crois moi ou pas, c'est toi qui voit, mais moi qui sait. » Reparler à celui qui a gâché ma vie ne m'apporte peut-être rien de positif, mais ça me permet d'atténuer cette sensation de foutaise de gueule. Ça me permet de garder quelques unes de nos belles années intactes dans mes souvenirs avant qu'il ne vienne tout gâcher. « Et grandir, sérieusement Nina ? Tu ne penses pas que de te bloquer à tous sentiments et te blinder fait de toi une personne plus mature ? » Un jour l'amour lui tombera dessus et la chute sera beaucoup trop rude. Et ce jour là, je serais là pour la traiter de stupide tout en lui tendant un pot de glace pour apaiser tant bien que mal cette peine qu'elle aura trop évitée. « Ce n'est pas en évitant de faire des erreurs que tu apprendras quoique ce soit. » Près de la porte, j'attends presque mon congé. Nos opinions si différents ont tous les deux des points valides. Dommage qu'on soit des têtes brûlées, incapable de plier, coincées dans notre petite pensée que l'on croit idéale et absolue. |
| | | | (#)Ven 19 Jan 2018 - 23:00 | |
| La naïveté ou quelque chose d’aussi dégoûtant émanait de cette femme. Pauvre d’elle, si aveugle, si déraisonnée. Les gens comme elle, ça schlinguait le romantisme et l’espoir à plein nez, assez pour lui donner la nausée. A l’époque, elle avait été distraite par ses histoires, peut-être même qu’elle croyait au grand amour, elle aussi mais c’était loin. Elle avait grandi dans la solitude, cela l’avait peut-être rendue aigrie mais elle était toujours vivante, alors pourquoi en faire des montagnes juste pour l’amour ? Si le monde avait été construit pour deux personnes, alors elle et sa fierté prendrait toute sa place. Elle n’avait besoin de personne pour la compléter, se disait-elle, en s’endormant seule le soir, ignorant le creux qui l’habitait à l’intérieur, sentiment maintenant devenu familier. Là, où elle aurait pensé que la brune en face d’elle ferait profil bas ou défendrait sa position, au contraire, elle attaque Nina. A tort. Prétendre ne pas avoir de coeur lui avait bien servi jusqu’ici. Il valait mieux être seul que pitoyable et blessé, s’accordait-elle à penser, refuser de confronter la misère dans sa propre vie, incapable de s’ouvrir à quiconque. Si un jour elle s’était senti proche de la jeune femme, ce sentiment devait s’être envolé dès qu’elle avait quitté l’hôpital parce que là, sa façon de penser s’opposer complètement à celle de l’étudiante. Nina secouait vivement la tête de gauche à droite, croisant les bras sur sa poitrine, le corps parlait aussi. « Tu ne contrôleras plus rien à la seconde même où ses yeux se poseront sur toi, Azur. » Quand l’amour vous frappait en plein coeur, il devait vous rendre aveugle puis diffuser dans vos veines un doux poison et alors, mille et une illusions vous brouillaient l’esprit. « Il t’a déjà gâché la vie et tu reviens comme un petit chien pour en réclamer encore. » cracha-t-elle, durement. Azur n’en démord pas et la cloue de nouveau au pilori. Déroutée, Nina ne dit rien pendant un moment, le visage toujours impassible et les pensées qui fusent à mille à l’heure dans sa tête. La seule réponse qui franchit ses lèvres fut l’une des plus clichés possibles. Les muscles de la mâchoire se contractèrent en même temps qu'elle écrasait ses doigts dans sa paume. « Tu ne me connais pas. » Si c’était le cas, Azur saurait que oui, que la gamine se considérait plus maline que tout le monde à éviter les pièges et les vertiges de l’amour. Elle se tenait même en grande estime pour ça, de ne pas être réduite au même sort que des filles comme l’infirmière, à mendier l’amour même vers ceux qui vous avaient déjà blessé une fois. Brusquement, elle décroisa les bras et en deux-temps trois mouvements, se pencha pour récupérer le livre qu’elle avait laissé coincé entre le sommier et son lit. Impossible qu’elle ne se souvienne pas qu’elle avait déjà fouillé cet endroit et qu’elle ne se pose pas de question sur le comportement de Nina. « Pas besoin de se faire du mal quand on apprend des erreurs des autres. » lâcha-t-elle, en lui abandonnant le bouquin dans les main. Azur ne semblait pas vouloir d’autres formes d’explications, maintenant qu’elle avait la raison de sa venue entre les bras, Nina comprenait qu’elle n’ait pas envie de s’attarder avec elle. Elle la suivit à distance rejoindre la porte, ruminant dans son esprit à quel point ce serait fâcheux que leur entrevue se termine ainsi mais pas le choix, l’amour égalait la bêtise, dans sa tête. Impossible pour elle de ne pas réagir devant quelqu’un qui semblait si gravement atteint de cette maladie. Au fond… elle était bien intentionnée en lui disant tout ça. N’était-ce pas pour la protéger ? Pourtant, il était difficile de voir les bons sentiments de Nina quand elle vous regardait comme ça l’air de planifier votre assassinat. Elle prenait un malin plaisir à lui faire la morale mais elle n’allait pas insister, elle ne la maltraiterait plus verbalement. Même si les filles comme elles, elle les détestait. Et de toute façon, Azur avait eu son lot de punition venant aussi bien d’Orion et que d’elle, à force de vouloir se raccrocher à ce mirage, elle était la seule responsable de son auto-destruction. « Investis dans les gens qui investissent en toi. Ou tu vas amèrement le regretter. » Sa voix ne fut pas plus douce et elle garda le même air impassible malgré la confusion qu’elle lisait dans le regard d’Azur. « Ceci n’est pas une menace mais un conseil. » Elle poursuivit, ses paroles dépassant un peu sa pensée puisqu’elle avait été prise dans cet élan d’honnêteté. « Fais-en ce que tu veux… » finit-elle par souffler, son ton dur appuyant son air sévère. Elle recula de quelques pas. Une flèche de regret vint s’écraser contre son cœur aussitôt ces paroles franchirent ses lèvres parce que depuis toujours, c’était une routine avec elle, elle avait toujours été incomprise. Alors, elle laissait Azur faire ce qu’elle voulait de cette information, la croire ou non, l’avis des autres ne lui importait guère. |
| | | | (#)Sam 17 Mar 2018 - 21:53 | |
| En terme d'amour, est-il préférable de s'abandonner à autrui et prendre la chance d'être blessé, ou de se choisir, quitte à ne jamais partager ce qui rend tant de gens fous ? La société nous pousse toujours vers les deux extrêmes, nous encourageant à n'en faire qu'à notre tête et n'avoir besoin de personne pour être heureux, tout en nous rentrant profondément dans le crâne que le bonheur est à deux depuis notre plus jeune âge. Si certains réussissent à trouver facilement l'équilibre entre leur amour propre et leur envie d'être aimé, il est clair que Nina et moi avons été reléguées aux pôles diamétralement opposés. Petite, écrasée, aveuglée, je m'enferme dans des souvenirs de jeunesse en espérant une fin heureuse avec celui qui a causé tout mon mal. Du haut de sa tour de verre, Nina pense tout savoir et tout comprendre en regardant les autres souffrir, convaincue que personne ne pourra l'atteindre grâce aux barrières qu'elle érige. Son regard chocolat se pose sur moi et ses lèvres pulpeuses se pincent un bref instant ce qui me serre le coeur. Parce qu'elle mérite de connaître l'amour. Elle mérite d'être aimée comme personne d'autre avant ne l'a été. D'avoir le coeur si gros qu'elle pensera qu'il va exploser. Ou ça, ce n'est que ma vision personnelle: celle de la pauvre imbécile qui tend le bâton à son agresseur pour qu'il la frappe à nouveau. Et pourtant, malgré la bienveillance cachée de la brune, je ne peux me résigner à avouer qu'elle a raison d'une certaine façon. Trop campée dans nos positions opposées, on ne peut concéder la victoire à l'autre sans renoncer à quelque chose de bien trop profond dans nos convictions. Ses yeux me fixent toujours, parlant plus que tout ce qu'elle peut me dire. Je ne la connais pas... J'hausse les épaules, parce qu'au fond, nous sommes pareil. Si on creuse un peu plus loin, nous sommes guidées par nos insécurités et sommes trop têtues pour l'avouer. Ce n'est pas pour rien que nous avons développé ce lien un peu plus profond que la normale alors que nous étions clouées dans des lits de fer avec une interdiction de bouger. La seconde d'après, je tiens mon livre entre mes mains. Rassurée, je ne peux m'empêcher de le serrer un peu plus fort, comme une accro à qui on vient de donner sa dose. Mes pas me mènent à la porte et je caresse la couverture usée du bout des doigts, inquiète quand les papillons ne font plus la fête dans mon estomac. C'est comme si le charme était rompu. Les mauvais mots sont restés dans la chambre et je soutiens le regard de la brune alors qu'elle me prodigue son dernier conseil. Son air dur et froid ne m'empêche pas de peser ses mots et d'y voir une réelle envie pour moi d'aller mieux. Parce que malgré tout, je la connais, Andrina Farrell. Peut-être trop peu, mais juste assez pour la comprendre. Contre toute attente, je souris, peu encline à terminer notre échange sur ces notes amères. « Et toi, laisse la possibilité aux gens d'investir en toi. Parfois, ça en vaut la peine. » Ma main se pose sur la sienne, la serrant pendant une brève seconde. Femmes de trop de mots et de peu de contacts physiques, je ne saurais dire si nous avons déjà partagé une accolade dans le passé, mais j'en doute fortement. Sa peau soyeuse est chaude sous mes doigts glacés, mais je ne m'attarde pas, refermant la porte derrière moi quelques seconde plus tard. |
| | | | | | | | this is what makes us girls (azur) |
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