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 just two ghosts (loyd)

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Message(#)just two ghosts (loyd) EmptySam 15 Juil 2017 - 20:59



≈ ≈ ≈
{ stars to fill my dream
i am a traveler of both time and space, to be where I have been  }
loyd ✰ andrina
Nina a laissé son portable à la maison.
Il y a comme un vide, une absence quand elle ne le sent pas collée à sa fesse, elle qui a pour habitude de le glisser dans la poche arrière de son jean. Elle erre, traîne sa carcasse déconnectée dans les rues de son quartier. Il n’y a personne qui ose mettre le nez dehors, à cette heure tardive de la nuit et vu le froid qui enveloppe Brisbane. Le brouillard est aussi de la partie. Dans la rue pourtant, elle peut distinguer trois silhouettes, une qui se dirigeait vers le bar où elle avait elle-même projeté de se rendre. Une autre, derrière, marchant à grandes enjambées, la tête tellement rentrée dans les épaules pour échapper au froid qu’il donnait l’impression de ne pas avoir de tête, à ses pieds, la troisième silhouette, galopant joyeusement, un chien. Le mec avec son compagnon canin n’est pas bien loin devant elle, sauf qu’il est arrêté par une fille, sortant de nulle part, naissant du brouillard et le trio attire son attention. Elle s’apprête à passer près d’eux, fixant plutôt l’adorable créature au pied de son maître mais un rire désagréable, comme si on égorgeait un veau, perce le silence. Tout comme le type plus loin, celui proche du bar, elle est obligée de chercher des yeux d’où vient ce son – même si elle le pense sorti tout droit des enfers. Elle surprend le visage de la femme, ses yeux doux, ses propositions pour ‘trouver un peu de chaleur par cette nuit d’hiver’ lancé au type promenant son chien. En passant près d’eux, elle détaille la femme, par réflexe. Ses habits n’étaient pas vulgaires, ni par leur coupe, ni par leur couleur et Nina la trouvait même plutôt jolie mais le personnage lui fut tout de suite antipathique. Si elle n’avait rien de sensiblement choquant, ses manières et sa voix, si aiguë qu’elle perçait ses tympans, lui faisaient vraiment mauvaise impression – et par là elle entendait : faisait crisser ses nerfs. Elle s’attarda sur l’homme avec qui elle flirtait mais même sans distinguer son visage et rien qu’en l’espace des quelques secondes que durait son passage à côté d’eux, elle pouvait se rendre compte que la femme aurait obtenu le même résultat si elle s’était adressée à un mur. Laissant cet intriguant spectacle derrière elle, elle fit comme le premier protagoniste de la rue et s’engouffra dans le bar.

Ouvrir une porte, ouvrir une porte pour entrer dans un autre monde, ça pouvait changer une vie. Elle ne savait pas à quoi s’attendre en passant la porte. Rien de spécial ne l’attendait sans doute, on allait lui apporter sa pinte de bière – qu’elle prenait demie-pêche à l’accoutumée mais elle aurait dérogé à l’ambiance du lieu – qu’elle allait siroter, elle observerait un peu les gens autour jusqu’à ce que ses oreilles n’en puissent plus du bourdonnement incessant ou jusqu’à ce qu’une bagarre éclate et elle rentrerait seule, sans devoir rendre de compte à personne. Le bar est bondé, pleins de gens différents. D’abord les gueules acariâtres, cassées, de ces mecs qui venaient ici comme on se rendait à l’église le dimanche, qui avaient fait de ce bar leur sanctuaire pour se retrouver, jouer aux cartes, le tout en faisant passer dans leur gorge des litres de whisky. Un des leurs disparaissait parfois, suite à une nuit d’errance perdu dans l’ivresse, appelé par la mer ou les hauteurs, peut-être, vite remplacé par le premier prêt à s'abimer le foie avec eux. Sans les connaître, elle les a déjà jaugés, elle pense les connaître. Partagée entre compassion et dégoût, elle s’imagine qu’il y en a des comme eux, des dizaines dans chaque bar, multiplié par le nombre de bar qu’il y avait à Brisbane, en Australie voire dans le monde, ça faisait sûrement un chiffre qui flirtait avec les millions, soit beaucoup, beaucoup d’âmes perdues. Hormis l’image désolante qu’ils renvoyaient, donnant le ton et l’ambiance à l’endroit, il y a d’autres gens à l’apparence normale, peu, mais comme elle, ils étaient sûrement là certains que personne ne viendrait les y trouver. En tous cas, elle, c’est ce qu’elle voulait. Alors évidemment, elle grince des dents et réserve un accueil aussi glacial que l’air extérieur à ce type qui s’assoit à sa table. Elle l’interroge du regard et entre en scène la fille de tout à l’heure, elle fait le lien. C’est le type que l’autre bécasse avait tenté de draguer et vu son air féroce quand elle osa un regard vers sa direction, elle ne semblait pas avoir lâché sa proie et gardait un œil sur lui depuis l'autre bout de la salle. Le ton tout à fait sérieux, elle s’adressa au type en face d’elle. « Est-ce que j’ai l’air si avenante que t’as pensé acceptable le fait de poser tes fesses vers moi ? » Y'avait peut-être pas son nom sur la banquette ou sur la table mais même passé minuit, la notion d'espace personnel existait encore, bordel. Ce n'était pas son problème à elle s'il n'y avait plus de table à squatter. Elle fronce les sourcils, le visage encore plus dur pour lui signifier qu’elle n’était pas vraiment encline à faire preuve de compassion. « Qu’est-ce que tu veux ? »
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Message(#)just two ghosts (loyd) EmptyLun 17 Juil 2017 - 15:42


Nina & Loyd

just two ghosts


Ouais ma fille, on ira se promener juste après promis, voilà comment le mythe du parrain part littéralement en fumée dans ce brouillard quand il s’adresse à son chien. Mais j’y peux rien si elle a cette bouille. Elle me tourne joyeusement autour, ne me quittant pas de ses yeux pleins d’espoir tandis que les miens sont fixés droit devant nous, sur la silhouette de ce petit con. Deux mois que je l’héberge, que je l’ai accueilli dans le gang et déjà il me fait des infidélités. J’aurais pu rester pleurer dans mes draps comme une cocue mais depuis ces deux dernières années, j’ai comme un coup constant de vengeance dans la salive. Et je ne frappe pas sans preuve, la filature reste le moyen le plus discret et le plus efficace d’obtenir ce que je souhaite, même si elle dure depuis une demie heure et qu’elle est subitement interrompue par le cri strident d’une chèvre. Une jolie chèvre blonde. Mais enrouée. Et c’est désagréable à entendre.
Jetant un œil par-dessus l’épaule de l’élément perturbateur, je note ma cible qui s’engouffre dans le bar le plus proche. Plutôt que de mater ce qu’il se passe derrière moi, tu veux pas plutôt m’aider à trouver un peu de chaleur par cette nuit d’hiver ? Est-elle seulement ivre ou aussi idiote ? Mon sourcil s’arque aussi fort que je dois me contenir pour ne pas l’envoyer paitre pendant que Judie s’assoit docilement à mes pieds. Les abysses de mon regard la dardent de condescendance pendant que dans une bouffée de vapeur je lui réponds simplement : bouge de mon chemin. Et sans attendre une quelconque réaction, je cloue mes mains au fond des poches de mon manteau et la bouscule plus ou moins violemment selon les points de vue, emboitant le pas d’une silhouette féminine. La tête vissée dans les épaules, je touche mon but lorsque j’entends la paire de talons qui me suit de loin. Jolie, mais complétement niaise. Je m’engouffre dans la chaleur du lieu et file droit vers le bar d’où je pourrais calmer mes esprits. La blonde me suit comme mon ombre mais ses yeux de taupe mettront un certain temps avant de me repérer dans cette foule. Entre ma proie et mon prédateur, une seule table me permet de présider mais une jeune femme y est déjà, seule. Attendant ma téquila, je me rends compte que la sagesse de mon compagnon à quatre pattes m’avait fait oublier sa présence alors pour me faire pardonner, je pose ma main sur le haut de son crâne ce qui lui fait lever le museau vers le ciel.
L’alcool en main, j’intercepte le serveur et attrape la pinte qu’il transporte. Une demie pêche ? Je m’étonne de cette boisson qui rime avec jeunesse et insouciance. Ai-je à peine le temps de poser mon postérieur que l’escadron d’accueil me prit de repartir. Pardon de te décevoir, mais t’es tout sauf avenante alors si tu veux ta pinte, ferme-là, le bleu de mon autorité se mêlant au brun de sa désinvolture, je me fais une remarque de vieux con : putain de jeunesse. Parce oui, elle vraiment très jeune. Trop jeune pour se faire passer pour celle qui accompagnera ma soirée. Ou alors c’est moi qui ai l’air d’un pédophile. Néanmoins, je faix glisser le contenant jusqu'à elle, qu'elle ne me traite pas de voleur. Mon regard balaie l’assemblée, contrôle constant de mon environnement, et Judie en profite pour échapper à mon contrôle, allant amicalement poser sa petite tête sur les genoux de la harpie. Je te foutrais la paix quant elle, je pointe la blonde du doigt, assistant au spectacle d’une poule cherchant un œuf, elle me foutra la paix. Je baisse les yeux, mon attention attirée par un rayon gris s’agitant avec folie. Judie … Avec dépit je m’avance dans mon siège pour poser ma main sur le pelage gris de ma chienne, sans la forcer, pour lui demander de se calmer.



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Message(#)just two ghosts (loyd) EmptyMar 18 Juil 2017 - 9:26

Ce moment aurait dû lui appartenir pleinement. Sa sortie nocturne, en solitaire, lui permettait de prendre un peu l’air, de se changer les idées en découvrant un endroit où elle n’avait jamais mis les pieds avant et elle espérait que ce lieu l’inspire un peu, en quelque sorte. Prenant exemple sur ses aînées, elle allait soigner ses déboires avec de l’alcool… enfin de l’alcool pour petite fille. Yeux plissés, sourcils froncés, la brune défie du regard l’intrus qui a osé s’imposer en face d’elle, sa pinte entre les mains. L’individu la rembarre sèchement quand elle lui fait remarquer son intrusion, il fait mouche, elle reste interdite un instant mais reprend rapidement son air dédaigneux de circonstance. Elle aurait pu s’y attendre, il n’y a que des rustres ici et leurs manières laissaient vraiment à désirer mais elle était décidée à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Grossier personnage, se dit-elle, heureusement qu’il concède à lui passer sa consommation au bout de quelques longues minutes à se regarder en chiens de faïence. En parlant de chien, son regard glisse sur l’adorable créature aux pieds de l’inconnu. Elle a bien du mal à résister aux charmes de cette bouille souriante et sage, ses yeux parviennent à l’attendrir, elle qui a toujours eu un gros faible pour ces animaux, il ne lui a fallu que quelques secondes pour être sous le charme de l’adorable compagne du vieil ours en face d’elle. Le courant passe bien, il semblerait, elle se sent bénie quand la bête vient se frotter à elle ; Nina ne boude pas son plaisir, caresse doucement son pelage gris et lâche même un petit rire quand elle sent sa langue passer sur sa main. Le changement d’expression est flagrant quand elle se remémore la présence de l’individu, alors qu’elle se montre presque agressive, il garde une certaine désinvolture. Elle avait vu juste, il fuyait la tornade blonde. Elle est bien tentée de jouer les oiseaux moqueurs. Qu’est-ce qu’elle en avait à faire de ses histoires de bonne femme. « Tu n’as pas vraiment répondu à ma question. Je ne sais pas ce que tu me veux mais t’as pas l’air d’être là pour te saouler la gueule, ni pour retrouver des gens ou claquer ton argent en jouant aux cartes… » Et puis quel genre de type se laissait intimider par un mètre soixante – plus cinq en talons haut – quand lui-même donnait l’impression de pouvoir soulever des objets lourds et les reposer avec une certaine facilité, pour ensuite recommencer cent fois ? « Je ne vois pas ce que je peux faire pour toi. » Elle laisse la chienne retourner vers son maître, il semble embêté et quelque chose lui susurre que la femme blonde n’est pas son seul tourment. « Vous vous connaissez ? » Si c’était une professionnelle, peut-être qu’ils étaient familiers, qu’il était donc le genre de type à fréquenter les prostituées et peut-être qu’il y avait même plus qu’une histoire de fesse, qui sait. Rencontrer un parfait inconnu, c’était pouvoir faire mille et une hypothèses sur lui, sur les raisons de sa présence, sur toutes les choses qui étaient passées faisant que le hasard vous réunissait à cet instant précis. Elle but une gorgée de sa bière aromatisée. Son visage affichait maintenant un petit sourire insondable, elle paraissait avoir quelque chose en tête. « Je vais t’aider à dégager le parasite. » Cela avait toujours été sa spécialité de briser des couples et d’éliminer des rivales, ce serait bien la première fois que cette faculté allait servir les intérêts de quelqu’un d’autre qu’elle. En prononçant ses paroles, elle s’est prise à donner l’illusion d’être enjôleuse pour qu’on puisse croire, de loin, qu’ils étaient en plein jeu de séduction. Les yeux rivés dans les siens, elle minaude, pose un coude sur la table et son menton sur sa main, tandis que l’autre joue avec une mèche de ses cheveux. « Tu as une cigarette… un briquet ? » Devant son air indécis, elle ne peut s’empêcher de rouler des yeux, toujours souriante. « Fais-moi confiance, tu les reverras. Je ne suis pas une voleuse. »
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Message(#)just two ghosts (loyd) EmptyJeu 20 Juil 2017 - 4:29


Nina & Loyd

just two ghosts


Je me satisfais de son silence, la préférant muette que pipelette. Je ne le connais pas, ni d’Eve, ni d’Adam ; mais autant de dédain me laisse navré de cette jeunesse dont les limites sont celles que l’on imagine même plus. Son air de peste s’adoucit instantanément lorsque la truffe chaude vient lui souhaiter bonsoir et je peux ainsi jeter un œil dans sa direction ; jeune, très jeune, trop jeune. Et pourtant une certaine prestance, sûrement acquise et non innée. Une petite diva ; une enfant qui se donne des airs de grande dame et dont pourtant le masque tombe lorsqu’une peluche sur pattes vient leur renifler les doigts. Qu’est-ce qu’elle fou là ? Regardant avec méprit cette nouvelle entente entre homme et animal, je reprends ma place au fond du siège, les bras croisés et les yeux toujours pointés sur elle. Je suis peut-être, sûrement, un vieux con mais je sais qu’on ne s’attendrit pas de si peu.
Son expression change du tout au tout lorsqu’elle semble se rendre compte que son masque est à ses pieds. Elle le ramasse avec délicate agressivité en détournant l’attention sur la raison de ma présence. Les abysses de mon regard la dardent sans ménagement ; elle m’agace ; et tu crois qu’elle te regarde la réponse ? Sans attendre de quelconque réaction, je détourne mon attention vers la foule qui sans se noyer dans ces lumières criardes et cette musique à s’en percer les tympans. Je la laisse m’annoncer qu’elle ne peut rien pour moi. Oh que si tu le peux ; la fermer. Judie revient sagement à mes pieds, s’assoit contre mon mollet et pointe son museau dans la même direction que le miens : notre cible est toujours là, au bar, regardant autour de lui comme s’il s’attendait à me voir débarquer. La chienne, la mienne, finit par se coucher sagement ; la truffe entre les pattes. Une simple réponse de ma part, non, lui est accordée à sa question. Je ne sais pas ce qu’elle s’imagine mais non, connaître cette blonde écervelée depuis déjà quelques minutes ; c’est la connaître depuis trop longtemps. Alors ces trois lettres allaient lui suffire à briser son imaginaire.
J’ai ma preuve ; il magouille avec le barman, lui tend quelque chose dans sa manche et reçoit de l’argent en retour. Mon ami, tu risques de recevoir un merveilleux accueil à ton retour dans le foyer familial. De mes propres phalanges abîmées, je te briserais la mâchoire et tout le reste. La loyauté j’en ai mais toi, tu connais ? Mon attention est comme attirée par cette silhouette qui s’allonge sur la table et son regard capte le miens. J’avais oublié qu’elle était là, oublié que cette jeunesse dérangeante n’avait pas encore prit les voiles. Il est minuit passé pourtant. Je l’observe minauder, se prendre pour la reine de mes nuits, la fièvre de mon entrecuisse et me demander finalement une clope et le feu qui va avec. J’arque un sourcil, indécis sur le comportement à adopter et surtout sur la nature de ses intentions. Je souris à l’entente du mot « voleuse » car si elle le savait, elle ne le prononcerait pas devant le patron de Brisbane. Ce sourire supérieur enraciné au coin de mes lèvres, je m’avance également, croisant mes propres bras, bien plus imposants que les siens, sur la table ; nous nous touchons presque. Je sors mon paquet de clopes et le dépose entre nous ; le briquet est à l’intérieur et elle le découvrira bien vite. Tu sais gamine, j’ai presque l’âge d’être ton père alors si j’étais toi, je me méfierais, nos yeux ne se lâchent plus et je peux lire en elle l’envie de jouer, tu n'sais pas sur qui tu peux tomber. Et tu ne le sais pas, mais tu es justement tombée sur le plus gros poisson de cette ville.




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Message(#)just two ghosts (loyd) EmptyJeu 20 Juil 2017 - 16:05

Nina mordait tout ce qu’elle trouvait et souvent, les gens s’approchaient tout de même, à leurs risques et périls. Mais elle n’était la princesse que des cours de récrés et régnait seulement sur les fêtes données en son honneur. Elle oubliait souvent que le monde ne tournait pas autour d’elle, qu’au dehors de sa vie édulcorée, il y avait d’autres gens qui vivaient, complètement ignorants de son existence. Le destin venait de mettre ce genre de personnes en face d’elle. Démunie de ses attributs de pouvoir à cause de son anonymat et puisque visiblement, il n’en avait rien à faire de ses beaux yeux ou de son argent, qu’elle ne l’intimidait même pas, elle était forcée de faire profil bas. Cela ne l’empêchait pas de le maudire intérieurement, fort, très fort, comme un enfant souhaitant qu’un de ses camarades tombe aussi après qu’il se soit lui-même cassé la figure et qu’on riait de lui. Il l’aurait regardé avec un air aussi féroce s’il avait voulu la changer en statue de sel, elle se doutait bien qu’il n’était pas enchanté par toutes ses questions. Elle fut prise d’une petite joie, s’il était agacé, elle s’en amusait. Sa satisfaction s’estompe rapidement. Elle grogne dans une barbe imaginaire et regarde ses doigts, boudeuse quand il élude sèchement sa question. Ses faux ongles, dignes d’une real housewife de Bervely Hills, cliquètent contre son verre, de façon infernale, après qu’elle ait demandé s’ils se connaissaient. Il nie. Et, c’est tout. Elle relève ses yeux vers lui, guettant s’il s’apprête à ajouter quelque chose. Niet. Il semble absorbé par autre chose, plus rien derrière elle, elle est trop blasée pour se retourner. Peut-être même qu’il ne fixe que le vide, un point comme ça, les sourcils froncés, ça ne la surprendrait pas. Il avait sûrement passé sa vie avec cette expression, elle le suivra jusqu’à la fin de ses jours, il mourra avec la même tête, le même air contrarié malgré ses yeux fermés, peut-être même que son avis de décès sur le journal le montrerait avec cette gueule. Cette pensée la fit sourire, alors qu’elle jetait un œil à la dérobée sur le bonhomme, puis une autre idée, plus amusante encore, fleurit dans son esprit. Elle débuta son petit jeu. Elle n’est pas intimidée quand lui aussi vient plus près, du moins, c’est ce qu’elle essaye de faire croire. Elle continue, soutient son regard alors qu’il coopère et glisse un paquet de cigarettes entre eux. Ses lèvres dessinent dans l’air ‘Merci’ sans qu’aucun son n’en échappent, elle reste ensuite hypnotisée par ses mirettes. Son océan se fait impénétrable, elle insiste, tente de plonger dans leur couleur mais elle n’en tire rien. Elle se contente de rêvasser les yeux ouverts, transportés vers un ailleurs brumeux. Il reste un mystère. Elle lui lance un sourire énigmatique quand il l’interpelle. Elle aimerait bien, elle aussi, qu’il ne sonde pas aussi facilement les tréfonds de son âme, comme il donnait l’impression de le faire. Son autre main se lève doucement vers le visage de l’inconnu et du bout de son faux ongle, elle trace une ligne imaginaire, partant de la naissance de ses cheveux, jusque son menton en passant par sa tempe, soulignant ainsi le contour de sa mâchoire. Secouant la tête de droite à gauche, elle souffle. « Personne n’oserait me faire du mal. » Elle se recula et sa main se posa sur le paquet de cigarettes qu’il avait sorti pour elle. « Je vais me repoudrer le nez. » Elle sourit ; elle avait toujours rêvé de caser cette réplique de Pulp Fiction, un jour, et le moment était parfait. Sur ses mots, elle se leva, glissa les cancéreuses dans la poche de son manteau et se dirigea vers les toilettes.

Elle avait gardé un œil sur la blonde qui embêtait l’inconnu plus tôt et savait qu’elle l’y retrouverait dans les toilettes. Elle l’ignora tout d’abord, passant près d’elle, sans même lui jeter un regard. Elle se colla au mur, de manière à l’avoir dans son champ de vision. Ainsi installée, de son allure désinvolte, elle ne la quitta plus des yeux, tout en portant une cigarette à ses lèvres. Alors qu’elle s’apprêtait à l’allumer, la blonde, une couche toute fraiche de rouge à lèvres appliquée sur sa bouche, s’adressa à elle. « Tu ne peux pas fumer, ici. »
[…]
Leur conversation l’avait laissée estomaquée. Elles étaient restées longtemps à se parler, elle avait persuadé la fille qu’elle était comme elle, une prostituée, et cela avait réussi à lui faire lâcher un peu plus d’informations.

En sortant des toilettes, elle se rendit compte que Mitchell n’était plus assis à leur table et qu’il n’y avait même plus de trace de sa pinte. C’était gentil de sa part, s’il avait réglé sa consommation. Elle devait se rendre à l’évidence, il s’était envolé, comme s’il n’avait été qu’une apparition, elle ne voyait plus son visage parmi les autres gens. Sentant qu’il n’y avait plus rien qui la retenait, elle quitta le bar. Puis, à peine sortie, de la brume sortit une petite silhouette à quatre pattes. Elle reconnaissait la chienne du bonhomme mais aucune trace de lui, à l’horizon. Sans même réfléchir, elle se lança à la poursuite de la chienne.
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Message(#)just two ghosts (loyd) EmptyMer 26 Juil 2017 - 4:29


Nina & Loyd

just two ghosts


Elle est aussi naïve qu'ignorante et c'est la raison pour laquelle son petit numéro est amusant vu d'ici. Elle adopte les attitudes d'une grande dame, de celles qui règnent en silence, qui contrôlent avec une main de fer gantée de soie. Mais elle n'en a pas la trempe, et ne l'aura peut-être jamais. Je l'observe et capture les moments où l'enfant qui sommeille en elle oublie son masque. Un brin d'autorité, presque parentale, de ma part et là voilà qui ferme son claquet, semble réfléchir à la conduite à adopter pour ne pas perdre la face. Je sens qu'elle cherche une solution dans mes yeux de loup, que son âme tente de venir caresser la mienne. Je souris, découvrant mes crocs, laissant l'agneau s'imaginer fier comme un bouc. Elle s'approche de moi, un sourire aux lèvres et lève ses longs doigts dans ma direction. Je ne la quitte pas des yeux mais je remarque ces faux ongles, pimpant de superficialité, autre preuve de mon analyse. Dans mon monde, les princesses comme elle, on les viole. Je ne tique pas et pourtant sa griffe vient se poser sur ma cicatrice, peau rosée camouflée par la naissance de mes cheveux, peau trop fine pour être insensible. Je canalise la décharge qui court dans mon dos et la laisse faire pendant qu'elle me susurre que personne n'oserait lui faire du mal. Un rire supérieur s'échappe entre mes lèvres et je m'adosse au fond du siège, les bras croisés sur le torse, tu devrais faire attention à qui tu dis ça, gamine. Parce que moi, je ne lui ferais aucun mal, c'est une proie bien trop facile mais les rues sont peuplées d'autres loups bien plus sanguinaires que je ne le suis. Je la regarde prendre la poudre d'escampette avec mes clopes quand mon œil est attiré par un tout autre mouvement.
Elle court ma proie, ma véritable proie. Parce qu'elle a croisé mon regard, parce qu'elle y a lu la vengeance et les coups à venir. Ma filature s'effrite mais ça n'a plus d'importance. Judie à mon mollet, je vais plonger dans l'air frais de la nuit ; c'est mon domaine, mon royaume. Et ma main n'est peut-être pas gantée de soie mais son fer est résistant. Une silhouette à ma droite prendre la fuite dans l'ombre brumeuse de Brisbane et déclenche ainsi mon instinct de prédateur. Malgré ma corpulence, je le rattrape très rapidement au cœur du parc le plus proche et fond sur lui comme un aigle sur un mulot. Il se débat un instant, enfonçant son petit poing dans mon visage une seule et unique fois ; c'était sa seule chance. Les sourcils froncés et luisant de sang, je l'attrape par le col et le plaque contre un arbre, tu connais mon point de vue sur la loyauté, hein ? Un sourire découvre mes dents salies par mon propre sang et face à son silence effrayé je ne peux que continuer ; pas de deuxième chance. Il tremble sous la pression de mes poings dans son cou, une larme luit dans le coin de son œil mais c'est trop tard. Une seule frappe et je sens les os de sa mâchoire s'écraser contre mes phalanges. Il hurle, il pleure, me supplie presque. Agacé par autant de faiblesse, je le relève d'une main agrippée à son épaule et le pousse à s'enfuir, dégage de ma vue. C'est un gamin ; un trop jeune gamin alors je ne le maltraiterais pas plus qu'il ne l'a déjà été. Je suis un criminel mais pas un salop. Il ne rentrera pas chez lui, il le sait ; puisque chez lui, ça m'appartient, et qu'il y serait mal accueilli. Sa prochaine destination est l'hôpital et lorsqu'on lui demandera la raison de cette fracture de mâchoire, il écrira d'une main tremblante sur un bout de papier qu'il a été simplement désobéissant. Ni plus, ni moins.
Seul dans l'obscurité, je passe une main dans ma barbe et constate que malgré ses petits bras de puceau ; il frappe fort. J'entends les halètements joyeux du canidé qui accompagnent mes jours. Je m'accroupis pour l’accueillir près de moi ; elle me fait des joies comme si on ne s'était pas vus depuis des années. Je ne suis pas avare en caresses. Une branche qui se rompt ; je lève des yeux plissés vers un buisson étonnamment lumineux pour voir y sortir la diva du bar, son téléphone lui servant de lampe torche. Je pousse un soupir et lève les yeux aux ciel en me redressant, t'es collante tu sais ?




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Message(#)just two ghosts (loyd) EmptyMer 2 Aoû 2017 - 17:27

– Tu ne peux pas fumer ici.  
La gamine sait, mais elle persiste et allume sa cigarette avec une lenteur insolente. L'inconnue blonde soupire, elle se retourne, range son maquillage dans son sac.
– J'en ai connu, des comme toi. À nos débuts, on est encore effrontée, farouches parce qu'on pense les dominer. Mais nuit après nuit, on s'use, on se perd, le diable au corps pour quelques billets. Et un soir, on se rend compte qu'on a vendu notre âme.    
« Je ne suis pas une pute. »
– Tu t'y feras, à ce mot, tu le revendiqueras même, crois-moi. Mais ne rêve pas trop, il n'y a pas de prince charmant, pas de sauveur, pas de salvateur.  
Elle a le visage triste, sans exprimer la tristesse. C'est juste l'émotion, imprimée dans ses traits à chaque instant, pour toujours, elle garde la trace de son histoire. Nina aimerait l'entendre, elle l'inspire et ne bronche pas quand la blonde rend la main vers elle, elle lui tend la cigarette. Elle expire longuement la fumée, avant de reprendre la parole.
– Il en a d'autres entre ses doigts, des comme toi.
« Qui ça ? »
– Mitchell.  
[...]
C'est l'histoire d'Andrina, pâle copie d'une Alice moderne, qui s'enfonce aux pays des cauchemars, en suivant la chienne grise. Elle devrait retourner chez elle, fuir l'hiver, fuir le froid, fuir ces bruits peu rassurants qui parviennent à ses oreilles... pour éloigner le monde d'elle en s'isolant dans sa tour d'ivoire. Qu'est-ce qui l'anime ? On pourrait soupçonner son goût de la mise en scène qui la pousserait à finir l'histoire, vivre le dénouement, confondre l'antagoniste pour faire tomber le rideau. Il y a de ça, mais c'est surtout quelque chose de plus spontané, viscéral. C'est l'adrénaline qui excite le cœur et qui fait pulser tout son corps à ce rythme alors qu'elle peine pour suivre le canidé, manquant de trébucher sur un rebord. Alors que la petite masse noire tourne et s'enfonce dans une haie, elle ne réfléchit pas à deux fois et fonce tête baissée.  Ses paupières clignent, rapidement, pour tenter de percer l'obscurité. Le noir est trop dense. Dans la poche intérieure de son manteau de fourrure, reste son ipod touch dont elle use de la fonction lampe torche. Elle sort des fourrées, entourée de cette lumière blanche et par réflexe, dirige le faisceau en plein dans le visage de l'homme pour distinguer ses traits. C'est lui. À sa voix aussi elle peut le reconnaît mais bien trop choquée, elle ignore ses palabres. « C'est... c'est ton sang ? » bredouille-t-elle, hésitante. À la lumière artificielle, les ombres modèlent la face du type en une apparition terrifiante. « Qu'est-ce que t'as fait ? » sa voix est étranglée par la panique. « Qui t'es ? » La réalité la frappe de plein fouet alors qu'elle se remémore la conversation dans les toilettes du bar. Mitchell, le visage derrière le g rand banditisme dans la ville. Lui ? La gueule de sa chienne s'imposait dans son esprit quand elle repensait à lui. Elle n'avait pas compris tous les réseaux, tous les détails que déballait la fille mais elle avait percutée le plus important : il était dangereux et puissant.

Elle est vulnérable à cet instant, proie potentielle du loup de Brisbane et sans aide extérieure possible. Elle est seule face à lui et qui sait ce qui peut arriver au brebis égarée dans la nuit noire ? « Réponds!  » hurle-t-elle, soudainement, dans un dernier élan de courage pour tenter d'intimider l'adversaire. Elle ne se convainc même pas elle-même. Ses jambes étaient tétanisées mais elle était prête à lui crever les yeux avec ses faux ongles... s'il ne l'immobilisait pas avant. Sa respiration devient incontrôlable ; elle ne parvient plus à éloigner la peur.
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Message(#)just two ghosts (loyd) EmptyVen 4 Aoû 2017 - 4:46

just two ghosts
Nina & Loyd


Ça faisait un moment que je n'avais pas prit une pêche comme celle-là ; une jolie incision au niveau de la bouche, ça va me rendre un peu peu flippant que d'habitude. Mais gamin, je vais te dire une chose, si tu veux faire mal, frappe la tempe, pas la mâchoire. De toute façon, c'est pas avec tes petits bras de sauterelles qui tu mettras un jour quelqu'un k.o. Il fuit à vive allure, ses jambes à son cou et le souffle haletant pendant que je me baisse, acceptant la gravité terrestre, pour accueillir comme il se doit la muse de mes jours. Elle frétille, elle se dandine de joie comme un pédé devant une saucisse ; j'te laisse deviner qui est la saucisse. Fidèle amie qui ne porte aucun jugement, honnête âme qui me regarde chaque soir la langue pendante, les yeux pétillants comme si aujourd'hui, je n'avais fait de mal à personne.
Une branche se brise en face de nous et les oreilles grises se dressent en haut de son crâne. Une lumière presque aveuglante et c'est la silhouette de la diva de mousse qui apparaît. Encore elle, à se demander si je ne lui ai pas tapé dans l’œil. Je soupire et me redresse lentement pendant qu'elle ignore ma question. Le faisceau de lumière en plein visage, ma main vient cacher mes yeux bleus irrités par cette situation. Elle tremble, hurle, panique ; je ne sais pas ce qu'elle a entendu dans les murmures de la rues, je ne sais pas non plus ce qu'elle ignore mais elle ne devrait pas être là. Non elle ne devrait pas se mettre en travers de mon chemin. D'un geste, Judie s’assoit et ne bouge plus, absorbée par le spectacle. Un pas après l'autre, je m'approche de la jeunesse, lentement et sans un mot. Plus je m’approche et plus s'offre à moi son visage crispé par l'horreur. Ses traits poudrés se déforment peu à peu, grimace terreur, elle n'impressionne plus personne, la princesse aux faux diamants. Elle ne recule pas, les jambes tremblantes de tétanie ; elle ne peut pas fuir cette situation qu'elle a elle-même cherché. Doucement, je pose ma main sur son poignet braqué vers moi et l'incite, -non, l'oblige- à baisser son téléphone afin que mon visage retrouve le calme de la pénombre, je t'avais pourtant dit de faire attention, ma voix est calme et placide. Je ne la quitte pas des yeux, transperçant ses remparts d'un simple regard, on t'a jamais dit de ne jamais suivre les inconnus ?
Maintenant que plus rien ne nous sépare, je fais un pas de plus, puis deux et je sens presque son souffle saccadé glisser sur ma peau, douce mélodie de la peur, glorieuse symphonie de la proie prise au piège. Le mien est lent et serein ; elle le sent aussi probablement. Face à moi, une poupée de cire, figée dans une position des moins naturelles, paralysée dans les mouvements qu'on lui donne. Tu ne vas pas hurler, les mains derrière le dos, ses yeux sont piégés dans les miens, tu ne vas pas demander de l'aide, à chaque négation, mon visage danse lentement de droite à gauche, tu vas rentrer sagement chez toi, et ranger mon visage dans un lieu dont tu oublieras l'emplacement. Une voix calme et sèche, je ne lui laisse pas le choix ; une intonation dont la douceur impérative frise la psychose. Ma main entre dans sa sphère, venant emprisonner son menton sans ménagement, la contraignant à ne regarder que moi, sinon je vais être obligé de te faire taire, et tu n'en as pas envie, crois-moi. Et moi non plus.
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Message(#)just two ghosts (loyd) EmptyMer 9 Aoû 2017 - 18:26

L'air lui manquait et son cerveau connaissait un moment de flottement semblable à celui qui précédait le générique d'un film. Elle n'aurait pas été surprise si la pellicule de sa vie allait dérouler dans sa tête tous les instants depuis sa naissance, des images de souvenirs conscients ou inconscients, heureux ou non. La gamine n'a que vingt ans. Vingt ans qu'elle portait comme des trophées, qu'elle sublimait d'apparats pour échapper  tremble de tout son corps dans les derniers instants avant le noir, les derniers instants avant la mort. Le froid mord sa peau mais ce n'est pas comparable aux yeux de ce type sur elle. Son regard à lui-seul est déjà violent, tellement glacé qu'il la brûle. Elle ne peut pas le soutenir, elle fixe son visage, oui, mais prend soin d'éviter ses pupilles. Elle a le souffle coupé dès que leurs peaux entrent en contact, il n'y a rien de violent. Le loup l'attrape, sachant l'agneau à sa portée, il n'a même pas d'efforts à faire pour la forcer à baisser sa lumière, elle n'oppose aucune résistance, la poupée de chiffon. La sensation prouve qu'il est bien réel même quand il disparait dans l'obscurité et quand il lâche quelques mots pour lui rappeller son conseil de tantôt, elle frissonne. Elle n'aurait jamais dû céder à sa curiosité, se dit-elle, cette pensée émerge dans son esprit, tout de suite recouverte  par les battements de son propre cœur qui résonne en elle comme jamais. Les mots de la prostituée avaient été une chose, elle avait évoqué cette figure, le danger qu'il représentait mais être confrontée à cette réalité donnait une toute autre dimension à ce qui n'était avant, qu'une histoire. Elle ne souffle pas un mot, elle ne joue plus, la gamine, parce qu'on est rentrés dans la cours des grands et que là, c'est les plus forts qui s'imposent. Il vient plus près d'elle et elle ouvre plus grand les yeux, expression où se mêlent dégout et terreur, ses traits sont horrifiants sous la lumière blafarde de l'une hivernale. Les trainées de sang sur son visage apparaissent noires. À cet instant, elle ne se doute pas encore que cette image viendra la tourmenter encore longtemps dans ces cauchemars. Il a les pleins pouvoirs sur elle, torture même son esprit. Il semble s'en délecter, vu à la lenteur à laquelle il vient la trouver. Il est si près qu'elle louche sur sa bouche quand il lui intime de ne pas faire de vagues et de l'oublier. Elle comprend à ce moment, le prix de sa vie se négociait par son silence et sa fuite et qu'il n'allait pas lui faire de mal si elle coopère. Pas de soulagement pour la petite, il la menace. Le voyou est calme, son autorité naturelle parle pour lui, il maîtrise la situation. Andrina ne peut s'empêcher de gémir quand il vient presser sa mâchoire. Quand il l'attaque ainsi, elle retrouve ses réflexes se disant qu'il était temps de fuir. Qui sait pour quel forfait de temps était valable la générosité de la brute.  Ces bêtes-là ne fonctionnant qu'à l'instinct, il pouvait changer d'avis en une fraction de seconde et décider de satisfaire son sadisme. C'était peut-être le genre de fou que la peur faisait bander. On entend un bruit sourd, le bruit de son iPod écrasé par terre est étouffé par les feuilles. Elle n'y pense déjà plus quand il serre plus fort, attirant son regard par la même occasion. Il pouvait facilement la défigurer, rien qu'à la force de ses doigts. La tête part en arrière, sur les côtés, ballet désespéré pour tenter de se dégager de cette emprise mais à chaque mouvement, la douleur dans bas de son visage lui rappelle qui est le plus fort. « Cr...euf...v. » Crève. Elle ose encore l'invectiver. Entre ses doigts, de sa bouche déformée, on peine à comprendre mais tant pis s'il ne comprend pas, le cracher lui fait du bien. La gamine enrage d'être à sa merci, enrage d'être si vulnérable dans cette situation où elle s'est elle-même fourré, enrage de ne pas pouvoir le dominer. Tant pis, elle usera de la fourberie murmurée par son instinct de survie. Il lui suffit de lever un peu le nez pour dégager sa bouche et d'un mouvement vif, elle vient planter ses dents sur les doigts, misant plus sur la surprise que sur l'intensité. Maladroite mais les sens rongés par l'adrénaline, elle parvient à fuir l'animal nocturne. Ses jambes se mettent lourdement en mouvement et elle profite de sa rapidité pour s'enfuir, oubliant son gadget électronique. C'est surtout sa peau qu'elle veut sauver en détalant comme un lièvre. Privée de sa vue à cause de l'obscurité, devant elle tout est noir. Elle s'y enfonce à grandes foulées, toujours dans la direction opposée aux aboiements qui parviennent à ses oreilles.

promenons-nous dans les bois,
pendant que le loup n'y est pas.
si le loup y était,
il nous mangerait.
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