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Message(#)JAMIE&ARIANE ▲ this is all yours EmptyJeu 20 Juil 2017 - 7:42

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Jamie & Ariane
When the day that lies ahead of me seems irresponsible to face. When someone else instead of me always seems to know the way. When I wake up in the morning light, sunlight hurts my eyes. Something without warning plays heavy on my mind.

« Paraît que t’entend presque pas son accent anglais, au couteau. » « Y'a des rumeurs que c'était un tyran à ABC Radio. » « Il a un cul comme t’en rêve qu’ils disent. » « Tu savais qu’il avait loué un pont pour son ex?! » « On dit que c’est toi Ariane, qui te charge de son accueil! »

La belle grande famille, soudée, aimante, ouverte, qu’ils nous vendaient à GQ. La larme ironique à l’œil, l’émotion qui se voit à peine parce qu’absente, je fais lentement volte-face, dévoilant les visages de ces commères sans la moindre subtilité qui ont pris d’assaut la salle de lunch pour parler de la nouvelle recrue, que dis-je, de notre omniscient et bientôt officiellement nouveau patron. Oh, à elles seules, elles ne partagent pas l’opinion des autres et grand bien leur fasse, ce n’est que la première fois que j’entends quelqu'un - à savoir les filles de l’accueil et les assistantes - se prononcer à son sujet. Roulement de personnel, besoin de sang neuf, opportunité d’affaires et ils l’avaient embauché, les grands patrons. Loin de moi l’idée d’en faire tout un plat, je préférais et de loin voir le spécimen avant de m’en faire une idée – comme avec tout le monde finalement. Et sinon, ouais. La roulette russe était tombée sur mon nom, cette semaine, et en proie à être exilée encore une fois tout au bas de la liste des employés souriants, gentils, polis, à qui on refilait les meilleurs sujets mois après mois, fallait faire des concessions, des efforts. J’avais rien de la fibre de bienvenue, je m’en balançais de l’intégration, et je me disais qu’au final, quiconque bossait bien, fort, beaucoup et rigoureusement se ferait sa place ici ou ailleurs sans le moindre mal. À ça s’ajoute le fait qu’il avait sans doute mille fois plus de connexions que moi à l’interne et que la simple idée de lui montrer murs, fenêtres et photocopieurs me semblait être une risée pour le bonhomme, pour l’étendue de ce qu’il avait accompli avant. Bah, même si les ragots ne m’intéressaient guerre, même si j’écoute là, à demi-oreille, sucrant mon café en souriant bien grand aux autres avides de viande fraîche, j’avais fouillé sur le personnage. J’avais cherché un peu d’où il venait, ce qu’il avait bien pu faire avant, professionnellement parlant. Un curriculum impressionnant, des titres et des honneurs derrière la cravate, et une réputation de perfectionniste, de workaholic et nombreux synonymes. Ce serait vite, ce serait bref, une visite guidée en bonne et due forme, un arrêt au self pour lui montrer là où les bonnes choses – relativement parlant – se servent, un détour par la terrasse du toit si la journée finissait par être un poil moins grise, et un dernier stop au bureau du grand manitou, le sien, fraîchement repeint et mis au goût du feng shui du jour. « Yep, c’est moi ça. Jalouses? » sur le ton de la plaisanterie toujours, même si je vois bien à leur mine déconfite qu’en effet, comme le Keynes passera l’avant-midi avec moi, elles auront à rafler dur pour me soutirer quoi que ce soit. Si elles y arrivaient, ce dont tout le monde dans la pièce doute déjà dur comme fer, elles comprises. L’heure tourne, et j’ai tout juste le temps de passer à mon cubicule pour envoyer quelques confirmations par ci, et planifier le pm par là. 3 capsules à enregistrer, 2 courriers du cœur à boucler pour 16h, et un lancement d’une marque de lingerie aux allures futuristes à l’autre bout de la ville en soirée, pour les amateurs d’aluminium et autres motifs spatiaux expérimentaux. Ça allait le faire si je traînais pas trop. J’attache distraitement ma crinière qui part dans tous les sens – la douche avait encore fait des siennes ce matin, et on avait dû choisir entre l’eau glaciale versus l’eau polaire, je lisse les pans de ma jupe, et j’attrape une poignée de menthe au passage. Quoi? C’était pas parce que l’acte en soi me blasait qu’il fallait que je la joue chiante au maximum. J’avais des principes, du moins au boulot, et si au quotidien j’avais pas besoin de me faire de nouveaux amis, de nouvelles connaissances, déjà saturée, la Ariane au bureau était toute autre. Posée déjà, conciliante. Clara me croise alors qu’elle tourne le couloir vers la salle de réunion, et je prends une note mentale de lui demander si elle a gerbé à son atelier de cirque sans filet comme elle craignait ou si elle s’est comporté en lady. À voir. Ce n’est que quelques minutes plus tard que les portes de l’ascenseur s’ouvrent sur la fameuse flavor of the week. Mesdames et messieurs, le grand Jamie Keynes présenté pour vous. On lui a sûrement dit que quelqu’un l’attendrait à son arrivée pour faciliter l’expérience, à voir s’il savait qu’il serait collé avec une vulgaire pseudo-journaliste reléguée aux problèmes de couple et aux libidos fuyantes, ça, c’est autre chose. Pas besoin de me diminuer sinon, alors que je roule des épaules et qu’un sourire franc vient le saluer. Dans une heure maximum ce serait fini, terminé, on passe à autre chose. Allez Ariane, celle-là c’est pour ton karma. « Bienvenue, bienvenue. Vous avez bien trouvé? » fallait dire que l’affiche en format géant annonçant GQ faisait la moitié du building dehors, qu'il ajuste ses lunettes s’il avait fait le tour du bloc plus de 0.05 secondes. Je ne dis mot par contre, politesse oblige. « Un café, un thé, de l’eau, du scotch? » il est 9h30 du matin, mais ici, personne jugeait. Ou du moins, pas directement à votre visage. « C’est moi qui s’occupe de vous faire faire le tour du propriétaire. Ariane, enchantée. » main tendue, voix qui chante. On croirait presque que j’ai fait ça toute ma vie.  
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Message(#)JAMIE&ARIANE ▲ this is all yours EmptyLun 24 Juil 2017 - 23:46

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La silhouette de Vee se dandine devant moi, perchée sur ses hauts talons, brûlant la rétine dans son éternelle robe jaune poussin. Après avoir passé le portique à l’entrée, j’accélère le pas jusqu’à arriver à ses côtés; elle me jauge du coin de l’oeil, comme si de rien n’était, mais le petit rictus que je devine au coin de ses lèvres trahit l’enthousiasme qu’elle et moi tâchons de contenir pour mon premier jour. Et cela fait quelque chose, de mettre les pieds dans les locaux du magazine, non pas comme invité, visiteur, mais bien comme employé, un de ceux avec leur nom sur la porte du bureau. J’ai cette nuée de papillons de l’estomac, à la fois euphoriques et nerveux, un brin terrorisés. Je me planque derrière une paire de lunettes de soleil ; il n’y a que dans les locaux d’un magazine de mode qu’en porter à l’intérieur passe inaperçu, il y a tant d’autres excentricités à croiser dans les couloirs, pullulant entre les dressings et les salles de shooting. Elle marche rapidement, Vee, elle est souvent difficile à suivre, et elle ne ménage personne. Je n’ai pas besoin de l’être, elle le sait, mais elle connaît aussi le Jamie moins assuré qu’il n’en a l’air et qui sait si parfaitement feinter l’aisance qu’il en est parfois malmené. Celui qui a besoin d’une tape dans le dos, d’un filet, le temps de se donner du courage et d’entrer en scène. “Je vois que tu as opté pour le costume que je t’ai offert à ton anniversaire, note-t-elle en faisant mine de consulter ses mails sur son smartphone tout en poursuivant sa course à travers le hall jusqu’aux ascenseurs. Il te va comme un gant -évidemment. Ne porte plus jamais autre chose que de l’italien et du gris, James, c’est fait pour toi. Ils vont tous tomber sous ton charme.” Elle se glisse félinement dans la cabine avant que les portes ne tentent de se refermer sur moi. Un peu bousculé, je parviens à me faire une place sous son regard amusé, son sourire un brin moqueur face à la légère gaucherie nerveuse d’un nouveau venu dans le domaine où elle règne en reine. “Tu sais que je ne suis pas pour ce genre de choses, je rappelle avec un manque cruel de second degré, ayant toujours jugé et méprisé les relations et flirts entre collègues, et estimant qu’il n’est pas pire erreur que de lever la frontière entre vie professionnelle et vie privée. Et de toute façon, personne ne s’intéresse à un homme qui a un enfant en bas âge.” Vee arque son sourcil impeccablement dessiné pour mieux me toiser de bas en haut. “Que tu crois, hot dad.” Les portes s’ouvrent. Un clin d’oeil encourageant, et me voilà dans l’arène, réceptionné par le plus joli minois qu’ils ont sûrement pu trouver dans la rédaction pour un accueil aussi plaisant que possible. La jaugeant, je demeure silencieux et accepte sa poignée de main, approuvant toute formule de politesse machinalement articulée avec un sourire tout aussi poli et automatique. "Thé, merci." sont les premiers mots qu’on m’arrache tandis que j’ôte enfin ma paire de solaires et la glisse dans l’encolure de ma chemise, l’air déjà las d’avoir à me plier à quelque rite du nouveau venu qui n’a rien de nécessaire mais que j’accepte pour ne pas froisser la conscience collective de toute la rédaction et passer pour le type qui n’en a rien à faire. Je n’ai tout simplement jamais aimé être le nouveau de la classe, posé comme une fleur au milieu de la salle, face à tout le monde, forcé de se présenter, d’avoir l’air aussi normal et fréquentable que possible, tandis que les autres vous adressent un sourire hypocrite et vous analysent pour mieux se faire une idée de vous avant même que vous n’ayez eu l’occasion de dire votre nom vous-même. Ce que je redoute aujourd’hui plus que tout, c’est d’entendre un commentaire, même un murmure, de sentir un regard posé sur moi, me définissant comme ce type qui a frappé sa fiancée. Pourtant, j’ai conscience qu’y échapper relèvera du miracle et que ma toute première mission ici sera de finir de redorer mon blason afin de gagner la confiance de chacun. Je ne serai jamais tout blanc, je ne serai sûrement pas aimé de tous, mais s’il une chose à laquelle je tiens c’est d’être jugé au travail pour les paroles, les actes et les efforts fournis ici, entre ces murs ; c’est de donner à voir qui je suis et ce que je vaux réellement, de gagner le respect pour cela, et faire taire les chuchotements dans mon dos sur mon passage. "Alors, Ariane, faisons ça vite et bien, d'accord ? Pas besoin de me sortir la soupe que vous servez aux stagiaires, je sais à peu près comment fonctionne une rédaction et j'aimerais lancer un kick-off d'ici, disons, une heure. Ca vous paraît jouable ?" A ma gauche arrive de nulle part une autre femme armée d’un gobelet en plastique qu’elle me tend fièrement avec un large sourire, trop serviable, trop bien attentionnée, trop trop. Et la mixture, à l’intérieur, grisâtre et ornée d’une écumée d’un blanc cassé à donner la nausée, est sûrement censée être le thé qu’elle m’a entendu demander. A l’odeur, je devine de la menthe, ou est-ce les effluves du chewing-gum qu’elle mâche pour se donner l’air relax alors qu’ajouté à son tailleur noir et blanc l’allure est plus proche du bovin que de Kate Moss ? "Dites-moi que c'est une plaisanterie." je lâche trop froid, trop snob, trop dépité, tandis que la demoiselle se décompose et s’éclipse aussi vite qu’elle est apparue. L’événement est vite balayé, oublié, occulté, et mon attention revient sur Ariane avec qui je commence à longer le couloir. "Voyons les points clés, à commencer par qui fait quoi, notamment vous. Vous avez des cheveux remarquables en passant, on vous l'a sûrement déjà dit." A vrai dire, je me fais violence pour ne pas passer une main dedans et constater si la texture est à la hauteur de couleur et de l’aspect soyeux qui s’en dégagent, ne doutant pas qu’elle doit être habituée à faire cet effet là et, pourquoi pas, à en jouer à son avantage. Que nuance soit faite, malgré le sourire que j’adresse à la jeune femme, il ne s’agit en rien d’avances trop présomptueuses et prématurées. Néanmoins je ne m’étonne plus de constater la mauvaise interprétation d’un simple compliment par certaines personnes. Je reprends, fermant la parenthèse; "J'aimerais aussi avoir un aperçu de la prochaine maquette. Et mon bureau, bien sûr -est-ce que j'ai une assistante d'ailleurs ?"  
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Message(#)JAMIE&ARIANE ▲ this is all yours EmptyMer 26 Juil 2017 - 0:19

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Il faut dire qu’il gagne des points en voulant abréger le truc avant même d’avoir commencé. Pas insultée, pas froissée, je repasse rapidement le plan de match prévu pour lui faire esquisser quelques pas à travers le bureau et confirme amplement que le tout est plus que faisable. « Parfaitement. Et pour info, les stagiaires n’ont pas droit au scotch, juste au vin bon marché qui reste après les apéros avec les assistantes. » Fallait dire qu’ici, le budget passait souvent pour impressionner les autres rédacteurs de magazine sous la même bannière, ou les têtes d’affiche, les premières de couverture et leurs drames ambulants. Pas les besoins en hydratation de l’équipe. L’anglais typique à son apogée que je pense donc, notant mentalement que c’est un tea man. J’ignore pourquoi je m’attardais autant à vouloir connaître les préférences en breuvage de tous ceux sur l’étage, ce genre de détails qui m’importait plus que leur date d’anniversaire ou leur plus grande peur. Clara était la reine de la sangria blanche, Dorian commençait toujours sa journée avec une menthe à l’eau. Mais voilà qui est fait, et je ne lui en tiens pas rigueur. J’aimais le thé aussi – avec un soupçon de crème irlandaise. C’est Stephany, l’une des langues crochetées de la cafétéria, qui résonne à la demande du Keynes et qui apparaît comme une fleur, le gobelet en main. Je retiens un rire, lèvres pincées, bras croisés sur ma poitrine, alors qu’elle se la joue adjointe modèle, oreille attentive, mais qu’elle le reluque pas plus subtile encore que le spanx qu’elle porte sous sa jupe et qui ne remonte pas aussi haut qu’il le devrait, marques en prime. J’attends tout de même que la brunette se soit éclipsée face à la remarque de snobinard de l’autre, et mon sourcil haussé ne fait que confirmer mes mots qui claquent. « Pas sûre que ce soit le meilleur moyen qu’elle ne crache pas dans la prochaine infusion, mais je dis ça, je dis rien. » à voir s’il rira ou pas, ça n’était pas non plus une raison pour la simple chroniqueuse que j’étais de tenir tête au nouveau patron, mais bon voilà. Le respect, aussi cliché soit-il, était une des valeurs que j'appréciais le plus au bureau. Parce qu'ailleurs, pas tant. dans un bar, alors qu’une haleine fétide et que des mains trop baladeuses tentaient leur chance, là, le respect pouvait bien manger mon poing enrobé d’une jolie dentelle. De ça, j’apporte quand même une légère nuance, espérant faire amende honorable de la part de cette pauvre biche égarée qui a joué un peu trop yolo avec le thé du bonhomme. « On ajoutera à la visite un passage chez Andrew. Il devrait avoir un earl grey ou un oolong pas mal à troquer contre… ça. » voilà qui rassurera les troupes ou du moins, qui calmera les ardeurs. Andrew, en charge du département des réseaux sociaux, était le cliché typique du hipster, l’archétype du mec à Ray Ban, cardigan trop grand, opinions trop fortes, vinyles d’une autre époque. Il connaissait tout ce qu’il y avait à savoir de Snapchat, il maîtrisait le tweet, il jonglait avec buffer et il carburait au thé parce que la théine faisait des miracles sur l’hypothalamus selon ce qu’il avait pu lire sur Reddit. « Votre bureau figure aussi à la liste. Pour l'assistante, je crois qu'on vous a déjà fait une pile de candidats potentiels à travers lesquels valider. » je précise, au mieux de mes connaissances. Du hall, je l’invite donc à me suivre alors que je prends par la droite, premier couloir visible lorsqu’on sort de l’ascenseur. C’est joli, tout de même. Malgré les néons et les murs blancs immaculés, on sent tout de même l’effort avec les quelques plantes, les différents covers qu’on a affichés fièrement le long de l’allée. Jamie reprend la parole, confirmant ce besoin de pouvoir, de contrôle que j’avais pu un brin déceler à la lecture de ses différentes expériences. Le summum ? Cette remarque sur mes cheveux, et donc, la pique que je suis habituée de sortir au moins 44 fois par jour, top chrono. « C’est une perruque en fait. » je fais ma maligne, sourcil dansant. « Aujourd’hui, c’est roux, demain bleu. Vendredi ? J’hésite entre le chapeau de fruits, ou le mohawk bien punk des 80s. » si j’avais ajouté un rire à la chose, on aurait presque pu croire que je blaguais – mais laisser une aura de mystère autour de ma crinière des plus naturelles me suffit toujours à ne pas m’en blaser et à tout raser en guise de rébellion boboche. « Je suis en charge du courrier du cœur. » que je poursuis, attrapant son regard alors que je lui fais signe de poursuivre la marche vers l’open space. « On m’a embauchée il y a trois ans parce que j’arrivais à parler de sexe et de cœurs brisés facilement, sans tomber dans le gros porno bien crade. Du coup, j’ai eu un bureau, un salaire, un bonzaï, 3 pages dans un magazine et un podcast hebdomadaire. » ce boulot aux allures de conversations entre deux adolescentes sur 40 heures par semaine me convenait, même s’il passait souvent pour du pas sérieux, du pas utile. « J’ai perdu le décompte des mariages sauvés et des bébés nés à cause de mes références au Kama Sutra. Je vous mettrai ça sur votre bureau première chose demain si ça vous branche. » là, le rire se glisse, parce que j’ai tout de même du plaisir à parler de mon job, et surtout à le faire au mieux de mes connaissances. Arrivés à la hauteur où la majorité des employés se trouvent, je laisse mon regard passer d’une extrémité à l’autre, détaillant tous ceux déjà en poste, ceux qui s’installent, les arrivés sur le coup de 8h, et ceux qui manquent encore à l’appel. Horaire à l’amiable, tant que chaque dossier était terminé en fin de journée, personne ne vous en tenait rigueur. « Imaginez l’open space comme une parodie de films d’adolescents, et ça devrait le faire. » que je présente l’endroit à Jamie. « Le quatuor là-bas, c’est ceux en charge de la rubrique mode. Ils sont peu, mais leurs pigistes et leurs stagiaires sont partout à travers l’étage, et font tout le boulot pour eux ou presque. Y’a que les shootings et les entrevues auxquels il n’y a que ces 4 là qui ont droit. Les populaires, clairement. » du menton, je l’invite à regarder droit devant maintenant. « Et eux, ce sont les artistes, les curieux. Ils parlent de psycho, de culture, d’arts. On les reconnait grâce à leur plume géniale, et à leur passion commune pour la musique, le théâtre de genre, et les films en noir et blanc de Pologne, sous-titrés en tchèque. » enfin, le troisième groupe et non le moindre se dessine un peu plus au fond, derrière les photocopieurs. « Puis on a aussi les jocks, les sportifs. Sports extrêmes, voyages, entraînement, ils sont toujours en train de parler du dernier hike qu’ils ont fait, ou de comment avoir l’air musclé sans le moindre effort. Fascinant. » j’apparais tout de même un brin bitchy, mais il ne faut pas se laisser avoir par les apparences. Je savais reconnaître le talent de mes compères, et le mettre de l’avant. La preuve « J’ignore encore comment ils font tous pour rendre les sujets les plus superficiels aussi intéressants et bien ficelés, mais ils gèrent. En vrai. » on croirait que je les estime – ce qui est vrai, en somme. Attention, ne le dites pas trop fort tout de même, faut que je garde ma contenance à la prochaine soirée de Noël. « Sinon, pour votre kickoff, je me disais que... » j’engage le chemin maintenant vers les bureaux, deuxième arrêt du tour. « Certains le font dans leur bureau, porte ouverte, en mode cool vibe. D’autres dans le hall, pour rester dans les traditions. Mais mon endroit préféré, ça reste la terrasse. Je vous montre après, si vous voulez. Vous comprendrez. »
 
 
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Message(#)JAMIE&ARIANE ▲ this is all yours EmptyLun 7 Aoû 2017 - 8:44

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Jamie & Ariane
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Bien assez tôt, le portrait d'Ariane est dressé, fiché et classé dans un coin de ma tête. Jeune femme avertie de son charme flirtant constamment sur la frontière entre hypocrisie et honnêteté, n'a pas la langue dans sa poche quitte à piquer et se montrer un brin bitchy ce qui n'est pas étonnant dans les locaux de magazines de mode, n'aime pas perdre son temps et estime sûrement avoir mieux à faire, ce qu'il me reste à déterminer est laquelle de ces deux chemins elle empruntera vis-à-vis de son nouveau patron, à savoir, un, lécher mes bottes et me prendre dans le sens du poil afin de se faire bien voir et qui dit bonne place dans l'estime du supérieur dit espoirs de laxisme, ou deux, faire preuve d'une trop grande honnêteté pouvant relever du manque de jugeote comme cela est le cas à propos du thé apporté par sa collègue et sèchement rejeté, se fichant bien de qui je suis, d'où je viens et du poste que j'occupe. Autrement dit une personne que je suis susceptible d'adorer ou de détester. On dit qu'être au sommet de la pyramide ne vous autorise pas à agir comme le dernier des goujats ; je dirais qu'au contraire, quitte à mériter un poste haut placé avec toutes les responsabilités qui sont livrées avec un emploi du temps de ministre et une réduction considérable du temps consacré à la vie privée, pour ne pas dire que cette portion se laisse absorber par le rester jusqu'à complètement disparaître ; quitte à se saigner et être saigné nuit et jour par son travail, autant se permettre d'être une personne exécrable, car être moi et elle, je ne suis pas celui qui peut perdre son travail en un claquement de doigts ou être la victime d'un climat professionnel devenu tellement impossible qu'elle n'aurait pas d'autre choix que de partir. C'est un peu tout ceci qui se trouve dans le regard que je lui adresse tandis que la jeune femme prend la défense de sa collègue sans grande subtilité. Après tout ce que j'ai traversé pour obtenir ce poste, croyez-moi, je peux être le pire des jerks si l'envie m'en prend. Je peux exiger un thé digne de ce nom. Et seulement parce que je suis d'humeur tolérante autant que j'ai la volonté de ne pas ruiner ce premier contact dès le départ, je ne réponds pas. Sauf que l'univers, l'alignement des planètes, le destin veut qu'il en soit autrement, et quand Ariane m'informe que oui, j'ai une assistante, mais le seul bémol c'est que la personne en question ne le sait pas elle-même car elle n'a pas encore été engagée, je ne peux m'empêcher une réplique cinglante ; « Parfait, et comment suis-je supposé planifier tous les entretiens à faire passer sans une assistante pour le faire ? » Moi-même ? Certainement pas. A-t-elle la moindre idée de ce que c'est de débarquer à un poste pareil entre deux numéros ? De devoir prendre le train en marche après en avoir bavé durant des mois, prendre des repères, comprendre les process, les différents contacts, découvrir les vices cachés du management d mon prédécesseur, le tout en étant immédiatement à la hauteur afin que personne ne remarque qu'il y a eu changement, transition. Et au milieu du déluge, je suis supposé planifier des rendez-vous moi-même ? La réponse à cette question a plutôt intérêt à être négative, et la solution, apportée sur un plateau, tout comme ce fichu thé. C'est donc sans et fort d'une première déception que nous commençons la visite. J'écoute le parcours d'Ariane d'une oreille, écoutant les bruits de l'open space de l'autre, et observant les salles, les bureaux, l'organisation et même le nombre de photocopieuses témoignant de l'absence totale de politique de réduction des impressions papier que je serai obligé de promulguer sous mon règne. « Quelle success story. » je souffle, signe que je suis parfaitement capable d'être attentif à tout cela en même temps, même si je survole, même si ne me souviendrai pas de tout dans dix minutes. « Il vous faudra me déposer vos papiers sur mon bureau deux fois par mois à partir de maintenant de toute manière. » j'ajoute en balayant malheureusement la piteuse tentative d'humour vantard de la jeune femme. Et alors que nous arrivons enfin à la partie intéressante de cette visite, à savoir les présentations, l'élaboration des fondations de ces fameux repères dont j'aurai tant besoin pour que cette machine fonctionne et… non. Alors qu'Ariane parle et parle et continuer de s'écouter parler, je passe une main sur mon visage en me demandant qui et pourquoi c'est elle qui a été désignée pour m'accueillir. Entre a et rien du tout, je crois que je me serais aussi bien débrouillé seul. « D'accord, et donc je suis supposé les appeler Madame Populaire et Monsieur Sports Extrême ou bien est-ce que ces gens ont des noms ? » je demande, cynique et mauvais comme tout, la motivant elle aussi à cracher dans la première infusion qu'elle pourra me servir avec un sourire de façade supposé dissimuler tout le mépris que je serais parvenu à accumuler de sa part. Un jour. « Qu'importe, nous ferons un tour de table plus tard. » je soupire. Je balaye le temps perdu d'un signe de la main, agacé, et j'invite Ariane à poursuivre. Le plus vite nous aurons terminé et le mieux ce sera. Honnêtement je payerais cher pour qu'elle se garde ses commentaires et s'en tienne aux faits sans se permettre de penser ou d'avoir un avis sur tout, rien de cela m'importe ou ne m'intéresse, mais je prends sur moi l'envie de la congédier et je la suis avec une certaine résignation. « Désolé de vous décevoir, je suis un traditionnel, ennuyeux et fervent utilisateur de ce qu'on nomme des salles de réunion. » Vous savez, ces salles faites pour accueillir des réunions, dont des kick off et autres conférences de rédaction, là où les employés se réunissent en emportant tout leur sérieux et leur expertise avec eux afin de prodiguer un échange constructif et permettre l'avancement général loin de la distraction de leur écran d'ordinateur ou d'une belle vue. Fascinant, je sais. « Mais je vous suis à la terrasse, je vous en prie. » Mon sourire est rarement aussi hypocrite, je ne m'en cache pas, elle le devine sûrement. Bientôt elle aura autant hâte que moi que nous soyons débarrassés l'un de l'autre. Nous arrivons dehors, où je ne mets d'un pied et garde la moitié de mon corps à l'intérieur, signe qu'il n'est pas question de s'extasier sur la vue pendant plus de trente secondes car nous ne sommes pas là pour ça. « Joli. Nous avions une terrasse dans le même genre chez ABC, mais personne ne l'utilisait. » Pas le temps, pas l'occasion, il s'agissait surtout du repère des fumeurs auxquels je me joignais lors de ma courte période de petit consommateur de tabac, une passade. A quelques rares occasions, nous organisions de grands déjeuners entre nous et nous nous installions dehors, lorsqu'il faisait beau et doux. C'est l'un des bons souvenirs que je garderai de là-bas. « Bien, la suite, ne perdons pas de temps. »
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Message(#)JAMIE&ARIANE ▲ this is all yours EmptyMer 16 Aoû 2017 - 12:34

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All you need is five minutes. Je le sens tout de suite, il le sent probablement lui aussi. Ça passera pas. Après l’épisode du thé sur lequel il a retroussé le nez, et maintenant ce commentaire des plus désabusés sur ma tentative de décrire mon boulot simplement, question qu’il assimile le poste, voilà que ce rictus, que ce ton, que cette démarche, que cet air, tous se mêlent ensemble pour en faire un type pas du tout intéressé, plus blasé encore que je puisse l’être, et difficile à gérer pour cause de fermeture complète. Ça ne m’atteint pas, au sens où je l’imagine bien être du pareil au même avec tout le monde, son statut ici comme celui d’ailleurs le lui concède. Néanmoins, j’espérais tout de même rendre cette visite le moindrement sympathique, même faussement, histoire de ne s’emmerder et bâiller en plein open space sur des termes et des contextes qu’il devait déjà connaître mieux que moi. Il veut se la jouer professionnel ? Bah, ça sera ainsi. Je peux bien sacrifier mon humour et mes quelques bribes de gentillesse pour aller straight to the point. « C’est déjà numérisé sur Dropbox, à la semaine. Vous avez les accès depuis l’activation de votre carte d’entrée. » j’étais parmi ceux ici qui se faisaient un plaisir de compiler rapidement et efficacement son travail, de façon à justifier chaque dollar investis en ma cause. C’était pas facile de faire mon boulot de nos jours, alors que toutes les Carrie Bradshaw de ce monde prenaient leur retraite post-20 ans de sex and the city, et la réalité voulait que ce que je raconte pour gagner mon salaire ne soit pas considéré comme un boulot mais bien un hobbie, tout au plus. J’avais à cœur mes chiffres, mes statistiques, le nombre de clics sur mes versions numériques, les auditeurs qui revenaient semaine après semaine sur le podcast. C’était en attendant oui, en attendant que je me botte les fesses pour lancer mon livre, que je peaufine ces chapitres qui traînent entre mes cahiers et mes dossiers virtuels, mais ça devrait le rassurer un temps sur ma valeur, au-delà de ce qu’il dénigrait sans même ouvrir la bouche. Oh, voici qu’il l’ouvre, et pour de nouveau déverser son cynisme sur ces présentations qui ne lui convenaient absolument pas. J’aurai essayé pour la dernière fois. L'évidence des noms adossés aux bureaux ne semblaient pas lui suffire, la précision est donc des plus essentielles pour calmer ses pulsions sarcastiques en battant des cils. « Isla est en charge de la mode. Dorian au culturel, Ashleigh et Deklan se partagent les sports extrêmes. » sec, net, concis. Pour ce qui est du tour de table, je ne me vois pas du tout l’y amener, pour la simple et bonne raison que je ne suis pas du même grade qu’eux – et qu’après cette visite je risque d’aller m’enfermer à double tour dans mon bureau le temps d’inspirer profondément et de me rappeler à de nombreuses reprises pourquoi je tiens à garder ce job et à quel point lui envoyer une ou deux piques entre les dents ne ferait pas de bien à ma cause. Laissons mon regard noir et mon sourire fin se charger du reste. « Les connaissant ils débarqueront à votre bureau en fin d’après-midi. Prévoyez rien de bien important à finir, ils vont coller. » je les avais vus à l’œuvre avec le prédécesseur, ainsi qu’avec tous les autres rédacteurs en charge des diverses sections. C’était leur tradition – alcool fort, potins de bas étages, critiques tout sauf constructive du monde du magazine. S’il m’apparentait autant à un mal de crâne que ce que je pouvais lire entre ses remarques acerbes, j’étais que l’entrée avant ce qui l’attendait, de force. Petite victoire, quand tu nous tiens. Pourquoi ne pas pousser le supplice jusqu’à ce qu’il démolisse sans le moindre remord ma proposition de trêve, l’amenant sur mes pas vers la terrasse qui était de plus en plus utilisée depuis le nouveau roulement de l’équipe, mais qui ne semblait pas répondre à ses standards. Presque étonnant. « Elles ont pas gagné leur nom pour rien. » le sarcasme se joue à deux et je profite de l’occasion pour y afficher mes couleurs juste assez. Voilà que Jamie se permet un retour à ABC le temps de faire le parallèle et c’est forte d’une image claire et limpide du genre de patron qu’il pouvait y être que je l’imagine aux premières lignes de ceux qui boycottaient la terrasse et autres synonymes. Brr, l’air frais, le soleil et le confort d’une équipe de qui on veut s’assurer les bonnes grâces? Tellement out.  « Dommage. Les meilleurs brainstorms arrivent ici. On y a imaginé nos couvertures les plus audacieuses aussi. » autant prendre pour acquis que ce règne-là était derrière nous, et que les employés ne verraient plus la lumière du jour sous la nouvelle tutelle. J’ignorais comment le leur annoncer, je préférais donc laisser l’autre dictateur se faire la joie de piétiner leurs rêves sur trame de salle de conférence bien beige, de néons qui manquent de contact à toutes les 3 minutes, et de climatisation qui vous ronge les os. « Enfin, c’est vous le patron, c'est vous qui savez ce qui est le mieux pour nous. Je vous montrais simplement les options. » comme elle est polie la petite, comme elle se plie au nouveau venu sans la moindre envie de négocier. Je me mords la joue de sourire de force, et je ne m'en cache même pas. J’allais prendre sur moi et laisser de côté le fantasme, le mirage, le rêve d’avoir sous les yeux le genre de patron cool qui mise sur le renforcement positif pour bien diriger ses gens, et plutôt me fier à ce qu’on pouvait raconter dans la salle de lunch si ça continuait. Ou simplement éviter le moindre contact autre que professionnel le temps de m’acclimater à son régime de terreur, au choix. De nouveau à l’intérieur, je ne me fais pas prier pour accélérer la chose, et le fait maintenant passer du côté du couloir où les facilités se trouvent, à savoir « Salle à manger, salle détente, et salles de réunion par là. » Et pour le thé, Andrew est à la troisième porte à gauche, il finalise la sélection de teasers avec les photographes pour le mois qui vient. Petite satisfaction personnelle de garder l’info pour moi. On fait avec ce qu’on peut. Quelques pas plus loin nous mèneront au cul-de-sac comme on l’appelle amoureusement. Un grand U de portes closes, aux murs décorés de photos coups de cœur tirées des shootings. « Après l’open space, c’est ici l’endroit où on passe le plus clair de notre temps, pour recevoir les commentaires des rédacteurs, et faire les derniers ajustements. » il y reconnaîtra les noms que j’ai mentionnés plus tôt, à savoir les têtes pensantes de chaque rubrique. Évidemment, ses iris s’arrêtent sur ce qui l’intéresse depuis le début, à savoir son propre espace, son trône de fer, son antre créative ou whatever he wants. « Et enfin, votre bureau. » Voilà, mené à bon port, et en plus en un morceau. Des gens auraient parié le contraire, à voir les regards qu’on nous a lancés durant notre périple. La porte entrouverte et la pile de dossiers d'embauche sur son bureau me précèdent maintenant que j’entre pour compléter le truc, et répondre à ces dernières questions au mieux de mes connaissances. Autant bien conclure, et m’assurer qu’il n’ait plus rien à me demander une fois que je passerai la porte. Parce que ce sera tout, et que ce sera salvateur. « Vous permettez? » il acquiesce, le petit prince qui avait rappelé à plusieurs reprises que son assistante se devait d’être nommée et vite, et que la fin du monde et la 3e guerre se déclencheraient au même niveau s’il se retrouvait seul à gérer la chose me motive à parcourir les feuilles rapidement, sachant pertinemment que mon avis passera sûrement à la poubelle dans la seconde où je l’aurai laissé seul. M’enfin, il pourra pas dire que je tenais pas à mon boulot. « Si vous voulez une assistante qui vous lèche les bottes à mort, prenez la 2e sur la pile. La 5e sera ennuyante, mais professionnelle. Et la 7e  … bah ouais, la 7e. » l’exemple accompagne mes mots alors que justement, la 7e candidate passe devant la porte, déhanché, mini-jupe et regard enjôleur en prime. Forte de mon énième conseil qu’il n’écoutera probablement pas, je replace la pile de papiers comme elle était lorsque je l’ai trouvée.
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Message(#)JAMIE&ARIANE ▲ this is all yours EmptyVen 25 Aoû 2017 - 4:43

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Jamie & Ariane
When the day that lies ahead of me seems irresponsible to face. When someone else instead of me always seems to know the way. When I wake up in the morning light, sunlight hurts my eyes. Something without warning plays heavy on my mind.

Plus un mot ne traversa mes lèvres jusqu'à l'ultime “Merci” qui conclut ce désastreux premier contact après une fin de visite glaciale et une dernière tentative de la jeune femme de me tendre une main -à nouveau déboutée, mais avec bien moins de cruauté et de plaisir. Je garde un goût amer de ce tout premier moment à mon nouveau poste. Bien sûr, ce n'était pas ainsi que je m'imaginais les choses ; le désappointement est palpable alors que je fais le tour du grand bureau afin de m'asseoir dans ce qui est désormais mon fauteuil. J'adresse un dernier regard à Ariane, lui faisant comprendre que je ne la retiens pas plus longtemps. Elle quitte la pièce avec, sûrement, cette même amertume pâteuse sur la langue et ce soufre dans le nez que moi. Et la suite de la journée n’est pas plus brillante. Oui, l'équipe a bel et bien tenté d'en savoir plus sur le nouveau venu ; malheureusement toutes leurs tentatives d'approche ne me laissaient que la désagréable impression d'être échappé du cirque du coin, une bête de foire que l'on vient examiner avec une curiosité mal placée. Ils avaient en l'idée d'envahir le bureau tout l'après-midi ; ils retournèrent à leur poste respectif en moins d'une heure. Ma porte demeura alors close jusqu'à mon départ. En seulement quelques jours, je me suis rendu inatteignable. Ou plutôt, je suis devenu celui que l'on ne souhaite pas approcher. Je les imagine tirer à la courte paille pour déterminer qui osera venir me voir, se ronger les ongles à la moindre demande, le silence s'imposer lorsque mes pas se devinent dans le couloir ; j'espérais trouver ici le moyen d'enfin respirer, et me voici dans le même pétrin que chez ABC. Qui a besoin d'une tour d'Ivoire lorsque l'on a une bonne vieille porte de bureau ? En deux semaines, l’enthousiasme s’est envolé au profit du dépit. Et je ne mets pas le doigt sur ce qui cloche ; est-ce eux, est-ce moi ? Tout ce qui me saute aux yeux, c'est ce désastre et cette nouvelle chute que je vois venir, s'approcher dangereusement. Je perds tout courage. Cela devait être facile. Finalement, ce n’est qu'une fichue épreuve de plus, et je n'ai pas l'énergie, pas la volonté de relever le défi. Je suis résigné à faire au mieux dans ces conditions. Le coeur n’y est pas. À dire vrai, la tête non plus. J’ai peur, plus que tout, de réaliser que le travail ne suffit plus. Mon refuge, mon vaisseau d'où je traversais les mauvais moments de la vie. Même ici, il m’est impossible de ne pas songer qu'il serait temps de revoir mon fils, que cela implique de voir sa mère, que je n'y suis toujours pas prêt, qu'ils me manquent atrocement. La plupart des jours, la distance qu'imposent les journalistes entre eux et moi est une bénédiction pour eux. Le temps passe et je ne suis plus capable de faire une phrase sans sarcasme défensif. Même lorsqu'il n’est rien contre lequel se défendre. Cette solitude, ce vide, je le nourris moi-même. Et surtout, surtout, personne ne peut le voir, personne ne le doit. “Alors ?” Sauf Vee. Victoria, elle, n’a pas besoin de plus d'un regard pour lire en moi, et nul besoin de plus d'un mot pour le faire savoir. À la table du restaurant où nous avons décidé d'aller déjeuner, elle ne me laisse pas plus que le temps de m'asseoir pour souffler. “Vous tenez un top dix des rédacteurs en chef qui se sont fait haïr par toute leur équipe le plus rapidement ? Parce que je pense que je tiens un record.” je réponds, faisant mine d'en rire afin que tous les clients ici ne puissent pas deviner sur mon visage que mes nerfs sont usés. “J’en ai eu quelques échos, oui.” Voilà qui me désespère. “À ce point ?” Oui, jusqu'aux bureaux voisins, jusqu'à Vogue, on murmure à propos du régime nord coréen du sixième étage instauré depuis un mois. Je passe une main dans mes cheveux, lèvres pincées, visage fermé. Je me vois déjà remercié, à peine arrivé, et Vee le devine parfaitement. “James, chéri, tu paniques.” Je secoue la tête avec une conviction qui ne fait pas illusion. “Je ne panique pas. Je… juste...” “Oh que si. Mais les faux départs, ça arrive. Ne te laisse pas miner, et rattrape le coup.“Je n-” “Pas de ça. Tu voulais ce poste, tu as travaillé dur, tu y es, tu y restes. Je ne vais pas te laisser t’auto-saboter.” déclare-t-elle, déterminée et quasiment menaçante, pour mon propre bien, tandis qu'elle dépose avec élégance sa serviette sur sa jupe rose. Cela dit, plus un mot à propos du travail n’intervient pendant le repas. Vee me laisse cogiter avec cela. Et elle a raison ; je suis mon seul ennemi.

Le lundi suivant, premier arrivé, comme chaque matin, je réunis les affaires et les dépose dans un carton. Mon assistante, Fiona, arrivant plus tard avec un thé pour moi, se met également à la tâche après avoir saisi que, non, il ne s'agit pas d'une plaisanterie. Tandis que l’open space se remplit, mon bureau se vide. Sous le regard médusé des rédacteurs, les cartons s'empilent. Sûrement se réjouissent-ils trop tôt. “Qu'est-ce que vous faites…?” finit par me demander l'un. “Je déménage.” Toutes mes affaires prennent place sur un autre bureau, non pas dans le fameux cul-de-sac, couloir des grands manitous, mais dans l’open space, à peine en retrait du reste de l'équipe. Plus de murs, plus de porte, plus d'ivoire. Un technicien passe s'occuper de la mise en place de ce nouveau poste de travail improvisé, arrivant en partageant l'ascenseur avec une tripotée de gros bras venus vider la terrasse désormais. Cela fait, le ballet reprend, cette fois avec leurs bras chargés de cartons. “Qu'est-ce que -” “Nouveau mobilier pour la terrasse, la salle de réunion principale, et un babyfoot.” Des canapés, des fauteuils, des poufs à ne plus savoir quoi en faire, des coussins, du vert, du jaune, du violet ; le coup de fouet commence par les locaux, l’environnement, et se poursuivra avec un traité de paix. “Kick off dans une heure !” je lance comme tous les lundis matins, avec un petit sourire cette fois, un optimisme embryonnaire, mais renaissant malgré tout. Pendant que les principaux lieux de vie font peau neuve, ce qui a demandé de longues négociations avec le directeur du magazine qui n’ont débouchées qu'à un accord à condition que tout ceci sorte de ma poche, je pars en quête du bureau d’Ariane. Sur la porte ouverte, je frappe discrètement. “Je dérange ?” Sans attendre de réponse, j'entre et prends place dans une chaise. “Je plaisante, je m'en fiche.” j'avoue en toute honnêteté en haussant les épaules. Mais rapidement, ce grand tyran que je leur sers depuis des semaines s'évapore. Lui trouve les mots facilement ; il est comme un personnage dont toutes les répliques sont déjà écrites. Pour moi, il s'agit de m'ouvrir enfin, rien qu'un peu. Alors les mots m'échappent et les phrases dans ma tête ne m'ont plus l'air d'avoir le moindre sens. Je perds toute confiance et je crains de me prendre un mur, qui ne serait qu'un juste retour des choses. Mais je dois tenter. Je dois faire mieux. “Nous sommes partis sur un mauvais pied.“ dis-je pour commencer par le plus bel euphémisme qu'il soit possible de faire à propos de mon premier jour à GQ. Il n’y a rien à en dire, rien qui changera ce jour, ni tous les autres, et ce n’est pas en achetant de jolies choses que je parviendrai à bâtir une relation de confiance entre l'équipe et moi, je le sais bien. Mais c'est une offrande, un gage de bonne foi. Quant à Ariane, son traitement spécial est un dédommagement pour avoir été ma première victime et avoir reçu, gratuitement, un traitement terrible. “En fin de semaine il y a cette… soirée, pour mon arrivée. C'est super guindé, bourré de gens riches et célèbres, il y aura sûrement du champagne à dix dollars la lichette et des petits fours végétariens -sans oublier de la coke, bien évidemment, on parle de 50% de mannequins après tout mais nous allons faire comme si ça n'existait pas.” Quelle plaie, sérieux, ai-je l'air de dire à propos d'un événement qui promet pourtant d'être réussi, mais puisque ma réputation est celle d'un détestable snob, c'est l’allure que je me donne au centuple, atteignant le ridicule, afin de prouver à la jeune femme à quel point j'ai conscience de mes torts. Puis j’ôte à nouveau le masque, aussi facilement que je l'enfile. “Quoi qu'il en soit, je me demandais si tu accepterais de m'y accompagner.” je reprends sérieusement, sincèrement. “Et je ne plaisante pas cette fois, c'est une vraie proposition.” Une proposition qu’Ariane peut me jeter à la figure avec un rire, je ne lui en tiendrais pas rigueur. Où elle peut l'accepter, et me laisser une chance. Juste une, pour lui montrer, leur montrer, que la première impression n'est pas toujours la bonne.
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Message(#)JAMIE&ARIANE ▲ this is all yours EmptyMer 30 Aoû 2017 - 11:58

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When the day that lies ahead of me seems irresponsible to face. When someone else instead of me always seems to know the way. When I wake up in the morning light, sunlight hurts my eyes. Something without warning plays heavy on my mind.

Je claque la porte de son bureau en la retenant à peine, le soupir qui suit. Ce mec, quoi. Il sort d’un autre monde, il est amplement décalé, éloigné, indissociable de l’univers où on évolue tous ici, et il risque de s’y plaire comme un petit roi, à nous regarder de haut, à nous juger au passage, comme il se doit. J’ai besoin d’une clope et d’une pause, j’ai besoin d’air et de vide, et sachant qu’il évitera la terrasse comme si elle était son poison, j’y trouve le refuge dont j’ai besoin pour lâcher un grognement et un autre, fumée au bec. De longues minutes qui passent comme des heures, le boulot que j’y fais en silence, la brise qui chasse le reste. Demain, ce sera un autre jour, et une autre excuse de m’enfermer dans mon bureau pour y bosser sans demander mon reste. Et on oubliera le tout, on se détachera, on gardera ce beau grand mur professionnel dressé pour le plus grand bonheur de tous, déception à part.

« Et puis? » que la voix candide de Daphne résonne, toute pimpante, gardant la file dans laquelle nous nous trouvons, que dis-je la cafétéria entière, aux aguets devant ma potentielle réponse. Ils savent bien que je m’en balance et qu’ils ne sauront rien pour le leur avoir répété maintes et maintes fois avant, pour tout et n’importe quoi, mais encore les voilà tous pendus à mes lèvres. J’attrape l'une des tasses sur les plateaux, j’hausse les épaules, laisse les minutes passer, leur intérêt se dissiper. Il ne se dissipe pas. « J’vous laisse constater par vous-même. » je n’ai pas besoin de regarder derrière mon épaule pour constater qu’aujourd’hui encore, tout comme hier, le Keynes grogne et se divise. Il passe en trombe dans la cafétéria, on le voit à peine, mais on le sent, on le sait, on ne l’ignore pas, on le craint. Probablement ce qu’il veut, très heureusement ce qu’il reçoit. Chaque jour, c’est la même répétition, sans aucune surprise, comme si on revivait le jour de la marmotte encore et encore. Le bruit de sa porte qui se claque dès qu’il a son thé matinal, la penture qui s’entrouvre une fois, le pm, alors que son assistante vient lui faire le brief en prévision du lendemain. Un mur que je vous dis, un mur que certains essaient de percer en plissant des yeux dès qu’une ouverture transparaît, à offrir des billets et des promesses à Fiona pour qu’elle flanche. Les gens sont curieux, les gens sont déplacés, les gens m’emmerdent, et je ne me fais pas prier pour les snobber d’un grand sourire, la grande entrée de notre terreur hiérarchique que j’ai déjà oubliée pour faire ce pourquoi je suis payée à la base – mon travail. Qu’il me fasse chier ou non ne changera rien, qu’il soit sympa ou pas ne révolutionnera pas le monde du journalisme, et limite, ça simplifie de beaucoup les choses qu’il reste dans les baskets de celui d’avant, et de probablement celui d’après. Pas besoin de se casser la tête à chasser des tabous, il ne nous surprendra pas. Jusqu’à ce que les chuchotements dans l’open space me fasse lever la tête de mon manuscrit, deux semaines plus tard. Hugo est passé à l’appart ce week-end avec la tête qui bouillonne, et il m’a fait bien rager à exhiber ses 4 premiers chapitres comme un roi, balayant du revers de sa verve habituelle à quel point je n’ai pas suivi mon plan initial et comment mon propre roman prend la poussière. Je suis arrivée à GQ à l’aube d’abord, et je me suis promis de quitté mon bureau que lorsque j'aurai la première phrase, que dis-je, le premier mot. C’est pas mal, pour une débutante, pour une écolière en rattrapage, et ça m’enrage. Encore plus alors qu’il est impossible de se concentrer, et que le brouhaha à côté fini par me convaincre de fermer les dossiers, de passer à autre chose, avant de finir par m’arracher la tignasse et recouvrir mon plancher de longues mèches rousses désespérées. Apparemment, mon timing est particulièrement on point, puisque c’est la silhouette de Jamie que je vois apparaître dans l’embrasure de la porte. Son questionnement me ferait presque rire si je ne me voulais pas bitchy, mais il avance ce qu’on sait tous et toutes – il s’en balance, si ce n’est pas le bon moment. Au moins, il a le mérite d’être honnête. « Bon matin vous aussi, boss. » j’insiste, rendant la scène encore plus haut perchée qu’elle ne l’est. J’imagine qu’il vient s’assurer que je survis bien sur son régime de tyran et qu’il n’aura pas besoin de passer un coup de fil à l’assurance emploi pour mon cas avant de vérifier au bureau suivant, mais la réalité rattrape bien vite mon raisonnement et me cloue sur place. Là, impossible de ne pas hausser le sourcil. En effet, comme première impression, j’ai vu mieux. Encore heureux qu’on soit sur la même longueur d’ondes. Ce qui dénote par contre, c’est cette voix qu’il utilise maintenant, et le discours dans lequel il s’embourbe ensuite. Là où certains auraient vu une invitation pendre au bout de son nez, je refuse complètement d’y comprendre une possibilité, persuadée qu’il ne s’agit là que d’une autre banalité, devant laquelle ma porte se refermera dès qu’il aura disparu. De ce fait, je compatis. Presque. « Je suis certaine que vous vous amuserez quand même. » il ne semblait pas du tout vouloir s’y traîner, autant montrer un semblant de bonne foi avant qu’on ne me prenne à mon propre jeu. Ce qui arrive dans la seconde d’après, et il met des mots sur ce que je n’aurais pas du tout cru possible. S’il voulait faire amende honorable, de simples excuses m’auraient bien convenu– là, c’est la cavalerie complète qu’il a sommée. Where’s the catch? que je m’entends lui répondre, à demi à la blague, mais aucun mot ne franchit mes lèvres. Il n’aurait pas de temps à perdre à venir se moquer avant de s'éclipser, il ne ferait pas ça si vraiment il ne s’en donnait pas le choix. L’ambiance est lourde et niaise, les regards s’évitent, je ne le sens pas à sa place, et je finis par hocher doucement de la tête, toujours pensive. « Je dois valider un truc avant. Je vous dirai. » sèche, presque trop, je me reprends lorsqu’il finit par s'apprêter à quitter mon bureau et qu’il nous évite respectueusement à tous les deux de rester trop longtemps dans ce calvaire d’attente et de pots cassés. « C’est... Merci de l’invitation. » Je passe le reste de la journée à l’observer du coin de l’œil, creep jusqu’aux ongles. Au kick off, je dénote même un sourire sur ses lèvres, un rire aussi, rien de bien particulier, mais quelques comportements qu’il ne s’autorisait peut-être pas autant avant, des trucs naturels, des réactions qu’on a tous, qu’il réprimait probablement par crainte d’avoir l’air… humain? Là où les collègues bavent sur son amélioration des locaux, je tends l’oreille lorsqu’il s’adresse plus légèrement à Fiona, lorsqu’il baisse le ton durant son appel, parce qu’au cubicule d’à-côté il y a un brainstorm qui prend vie. Ce sont des détails, des trucs qui m’énervent, qui me remette son invitation en tête, et qui me donnent presque envie d’accepter, juste parce que. « Au pire tu profites du champagne, tu portes une jolie robe puis tu te barres. » Clara a toujours eu ses priorités au bon endroit. Toutes les deux à profiter des nouveaux canapés d’extérieur que le patron a aménagés sur le toit, je prends une longue gorgée de thé avant de rouler des yeux. Elle avait bien vu que quelque chose me tracassait pendant l’enregistrement du podcast de la semaine, j’avais pas tenu très longtemps avant de lui confier, devant ses grands yeux suppliants. « C’est pas mon genre ces soirées-là. C’est celui de ma mère, ça. » maman Parker qui raffolait de ce genre de séance du plus loin que je me souvienne, elle qui évoluait dans ce monde à la perfection. « File-lui son numéro, alors. » j’éclate de rire, baisse un brin le ton pour ne pas trop attirer l’attention du groupe d’à-côté. « Et l’avoir comme beau-père ?! » l’idée ferait frissonner la plupart des employés ici, babyfoot ou pas. « Y’aura des gens influents Ariane. Je sais pas de comment ou de où ça peut t’aider, mais d’avoir des contacts c’est toujours positif. » elle marque un point. Longue inspiration plus tard, je me résigne à peine. « J’ai pas besoin d’amis. » entre Sofia et les autres, y’avait une marge. J’étais peut-être bien loquace au boulot, mais quand je sortais des murs de l’immeuble, le moins était le mieux. « Jamie non plus. C’est un geste purement stratégique, autant pour lui que pour toi. Profite. » et un hochement de tête, un. L’idée de me coller à son bras toute une soirée ne m’apparaissait pas comme une récompense en soi, mais il fallait bien être honnête et voir que de son côté tout comme du mien, on en retirerait quelque chose. Il continuerait d’avancer dans ces frasques vers une domination plus sympathique du bureau, je rencontrerais peut-être une ou deux personnes qui seraient utiles, pour ma carrière, ou whatever that means.

19 heures a tiqué il y a déjà de longues minutes lorsque je quitte mon bureau, besace sur l’épaule, prête à aller chercher à manger pour repasser ici et terminer ce qui reste. La lueur qui attrape mon attention sur la volée et l’attire jusqu’à l’open space dévoile un Jamie sourcils froncés, thé tiède qui traîne, ordinateur qui chauffe. Il est seul et concentré, il est silencieux et sans artifice. Là, comme ça, sans l’épée de Damocles au-dessus de sa tête à devoir bien paraître, bien se tenir, bien se comporter ou pire, retrouver ses habitudes des deux dernières semaines, il est beaucoup moins imposant, beaucoup moins hautain, beaucoup moins effrayant. « Je dérange? » que je paraphrase, prenant appui sur l’une des tables dans son parallèle. « Je plaisante, je m’en fiche. » je bats des cils, totalement innocente, réalisant que pour la peine baratiner le patron du genre n’est pas gage de me mettre dans ses bonnes grâces, ni d'imiter un semblant d'amitié en devenir. J’abrège donc le silence et le malaise qui nous suivent depuis la matinée, depuis qu’il m’a invitée. « Si la place est toujours libre, je prends. »
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Message(#)JAMIE&ARIANE ▲ this is all yours EmptyJeu 7 Sep 2017 - 4:20

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La proposition est maladroite, l'invitation tombe comme un cheveu sur la soupe. Ariane ne m'aime pas, elle l’a fait comprendre, elle l’a rendu de notoriété publique, pourtant je décide de m'encombrer de sa rancœur et de ses regards froids pour cette occasion dont je suis supposé être le roi. Et bien qu'être le centre de l'attention n’a jamais été particulièrement problématique pour moi, cela n’est pas la posture dans laquelle je suis le plus à l'aise. Je suis parfaitement capable de tenir un discours face à des centaines de personnes, et ce avec une aide indiscutable, pourtant j’aurai toujours le trac, l'appréhension, l'envie de tourner les talons. J’aime les bains de foule autant qu'ils me laissent, j'apprécie une soirée en mon honneur autant que je la redoute. Hannah serait venue avec moi si elle en avait encore quoi que ce soit à faire, et nous aurions passé le temps en critiquant les tenues de tous les invités, une coupe de champagne au bord des lèvres pour dissimuler les petits sourires. Elle m'aurait fait rire, m’aurait mis à l'aise et m'aurait rappelé que cet univers est le mien, qu'il m'appartient autant que je suis à lui, et que je le contrôle si je le veux. La comédienne me manquera toujours pour cela. C'est l'empreinte qu'elle laisse derrière elle. Quoi qu'il en soit, je ne peux pas venir seul, je ne veux pas emprunter une des cover girl de Vee pour la soirée, et je veux retrouver le confort que Hannah savait apporter à travers ses challenges. Je crois que Ariane peut le permettre. Dans sa manière de faire comprendre subtilement son mépris à travers des mots, des expressions qui traversent son visage. Cela peut paraître étrange, mais j'ai toujours apprécié l'honnêteté d'une personne sachant me faire face, quelqu'un qui ne craint pas de me regarder dans les yeux. Et force est de constater que je connais la couleur de ceux de la rouquine sans avoir à réfléchir. Quant à elle, difficile de décrypter ce qu'elle pense de ma proposition. Le délai qu'elle réclame avant de se décider sent la mauvaise fausse excuse, mais je l'accepte avec bonne foi. “Bien évidemment.” j’acquiesce d'un signe de tête avant de quitter le bureau, la laissant à son travail. Il me paraît plus probable que la jeune femme refuse cette invitation si bizarre, néanmoins, cela ne sera pas non plus une grande perte et le pas vers elle, vers une réconciliation, aura été fait de mon côté. Je ne lui demande pas de m'apprécier soudainement, ni elle, ni les autres journalistes. Je suis parti du mauvais pied et il me faudra du temps afin d'effacer une première impression déplorable, ce que j'assume, et je m'attèle immédiatement à la tâche. J'effectue un dernier tour sur la terrasse, dans la salle de réunion relookée et m'assure que tout est en place, harmonieux. C'est avec un sourire satisfait que je retourne à mon nouveau bureau. L’open me rappelle les années BBC. Ce n’est pas particulièrement bruyant, et ce n’est jamais silencieux pour autant. On s’habitue rapidement au bruit incessant des claviers et des souris, on apprend à ne plus remarquer les conversations téléphoniques. Là, je me sens plus actif, plus efficace, plus accessible. On m’alpague depuis le bureau à deux mètres de moi, on passe me voir plutôt que de m'envoyer un mail par flemme de traverser le couloir. Et je ne suis pas un albatros au-dessus de leurs têtes, inspectant leurs moindres faits et gestes -j’ai bien assez à faire moi-même. Vers quatre heures, je m'accorde même un thé sur la terrasse désormais pleine de couleurs. Et même si je devine aisément que la solitude qui s'impose à moi est celle allant de paire avec le statut de boss, celui qui ne fait pas totalement partie du clan, ce dont je suis habitué depuis ABC, je reçois un peu plus de sourires que d'habitude, et je vois dans chacun d'entre eux une petite victoire qui m'encourage à poursuivre, multiplier les efforts. J'attends encore la réponse d'Ariane, qui apparait le soir même face à mon bureau. “Laisse-moi terminer ce mail et… d'accord, installe toi.” Je ris doucement, pris à mon propre piège, en ayant le réflexe de remonter mes lunettes sur mon nez -celle qui apparaissent toujours après une certaine heure ou un certain quota de temps passé devant un écran. Au moins, elle me permettent de ne pas voir flou le visage d'Ariane lorsqu'elle m’apprend finalement qu'elle accepte d'être ma cavalière la semaine prochaine. “Vraiment ?” Je ne cache pas ma surprise, mais je ne l'étend pas bien longtemps pour autant, d'ici que cela la fasse changer d'avis. “C'est… absolument génial !” L’enthousiasme est réel, pas même exagéré d'une quelconque manière. Et il y a même cette pointe de reconnaissance qui me pousse à ajouter ; “Merci. Je suis sûr que nous ferons une bonne paire pour survivre à cette soirée.” Même si cela ne doit consister qu'en elle m'envoyant des piques pendant des heures, au moins je serai assuré de toujours passer les portes à la fin de l'événement. “Je pensais que tu en profiterais pour me rembarrer en bonne et dûe forme. Je ne doute pas que cela t'ai traversé l'esprit.” Cela aurait été mon cas, à sa place. D'ailleurs, j'aurais sûrement refusé par orgueil. “J'espère que tu n'acceptes pas avec l'espoir d'obtenir une promotion.” La jeune femme serait alors bien déçue du résultat. Il n’est pas question de l'acheter, ou de me faire acheter. Il n'est pas non plus question de prétendre, de faire plaisir à l'un ou à l'autre. Uniquement d'une occasion de se corriger, de se voir sous un autre jour et donner une seconde chance. Comme soulagé, je laisse mon dos atterrir au fond de ma chaise et je m’avachis, fatigué. Mon regard glisse sur l'heure en bas à droite de l'écran de mon ordinateur. “Ouah, il est tard.” C'est assez évident si l'on prend la peine de regarder à travers les fenêtres pour remarquer le soleil descendant de plus en plus bas, mais cela n’a pas été mon cas depuis une poignée d’heures. Soudainement mon corps se réveille de la léthargie, l'anesthésie du travail, et je sens ma tête lourde, mes yeux fatigués, et mon ventre vide. “Tu étais sur le départ ? Je pense aller me chercher quelque chose à dîner ici. Il me reste… le monde à refaire. Il y a un traiteur chinois à deux pas, ça ne paie pas de mine mais c'est plutôt bon. Tu te joins à moi ?” Je pousse le bouchon peut-être un peu trop loin en lui proposant cela. Ariane considérera sûrement avoir assez eu affaire à moi pour aujourd'hui, et sa charité s'arrêtera certainement à l'invitation à la soirée, pas au dîner dans l’open space. Quoi qu'il en soit, je remets mes mails à plus tard et je me lève, attrapant ma veste au passage et enfilant les manches d'un geste rapide, quasiment un pied dans l'ascenseur.
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Dernière édition par Jamie Keynes le Mer 20 Sep 2017 - 6:03, édité 1 fois
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Message(#)JAMIE&ARIANE ▲ this is all yours EmptySam 9 Sep 2017 - 15:13

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Malgré ce que Clara aura pu me dire, malgré le bon sens, malgré l’opportunité, je ne m’y voyais tout simplement pas y aller. J’avais pas envie de jouer la potiche de un, et j’avais pas non plus le goût de m’exhiber à son bras pour une question d’apparence de deux. Les potentiels contacts professionnels que je pourrais me faire me viendraient de façon naturelle et pas forcée, pas parce que j’aurais sauté sur une occasion de me pavaner en échange de quelques cartes d’affaires. Ainsi, ma décision était prise, et elle restait honnête, assumée. Jusqu’à ce que je tombe sur Jamie installé dans l’open space, tout seul, à la merci, sans son aura de dictateur qu’il avait si bien entretenue jusqu’à seulement quelques heures plus tôt. Ce n’est pas le type en abus de pouvoir que je reconnais, alors qu’il joue bien tout seul, éclairé par les néons, perdu au beau milieu des piles de dossiers qu’il doit gérer. Je passe quelques secondes à l’observer, pas creep pour autant, simplement intriguée. Il avait l’air de quoi, le grand méchant Keynes, lorsque personne ne regardait? C’était ça qui m’intéressait, au-delà de sa carrière impressionnante, de son pedigree enviable. La vraie valeur de quelqu'un restait celle que personne ne connaissait, personne à part lui-même et encore. Un détail, un déclic, une impulsion, et je finis par le rejoindre sans qu’il ne le réalise, me posant à ses côtés, jouant à son propre jeu. C’est embryonnaire, il a encore beaucoup à prouver, mais il le sait - et je sens déjà un peu plus le potentiel d’apprivoisement qu’on vit là, de suite. Auquel il se prête, même. Je ne mets pas trop de temps pour lui répondre, à savoir accepter contre toute attente son invitation. Dans les faits, je me faisais chier à m’imaginer au beau milieu d’une soirée de ce genre, mais l’effort venait pour l’avoir vu baisser sa garde, pour l’avoir senti un peu plus juste. Je me trompais sûrement, j’imaginais déjà quel point je ravalais d’ici quelques semaines quand je réaliserais que donner une chance me revenait toujours en pleine gueule, mais là de suite j’avais presque envie de le croire. Le tester un peu, certainement, mais lui donner le bénéfice du doute aussi. Y’a pas que lui qui pouvait être fair dans l’histoire. Apparement, il est aussi déstabilisé par mon oui à l’entendre que moi à le lui dire, et provoque un petit rire désabusé pour la peine. « On en sort donc aussi étonnés l’un que l’autre. » j’ai encore de la difficulté à concevoir que dans sept jours, je passerai un trait de rouge sur mes lèvres, j’enfilerai une robe choisie à la va vite dans les fringues de Sofia et passerai la porte de Conde Nast avec lui - autant ne pas trop y penser tout de suite, et éviter les crises d’urticaire pas nécessaires. « Faudra me faire un léger brief avant pour que je sache où viser et qui éviter. » mon ton tempère le sien, qui est largement plus enthousiaste que j’aurais pu le penser. S’il se promenait entre les deux extrêmes, entre le mec difficile et celui proche de ses émotions, j’essayais encore de cerner le personnage et ce n’était pas une mince affaire. Limite, ça m’énervait, alors que je croyais l’avoir lu dès nos premiers échanges. Pourtant, c’était quelqu’un d’autre complètement qui s’adressait à moi, qui mettait de l’eau dans son vin, qui me semblait plus ouvert à la discussion, quelle qu’elle soit. Se méfier donc. Il lira bien vite dans mes sourcils froncés et mon sourire en coin que ma réponse n’est pas venue rapidement, simplement, et qu’à la base j’avais probablement plus envie de l’inverse. Busted. « Honnêtement, j’ai failli refuser en plein open space après m’être étouffée de rire avec mon propre thé imbuvable - mais je me suis dit que ce serait trop prévisible. » sarcastique, j’oserais pas piquer de la sorte l’autorité si je n’avais pas senti qu’il était un poil plus détendu, autrement j’aurai joué la carte tu ravales, tu gardes pour l’apéro avec l’équipe de graphisme. Maligne, j’insiste même, dangereusement détachée maintenant que la journée est passée, que la pression est retombée, et qu’il ne me reste que les tâches quotidiennes à boucler avant de me barrer pour retrouver mon lit. « Too soon? » il fallait bien qu’il assume comment il avait pu être snob avec la pauvre attitrée à la théière, et en rire serait le premier pas vers l’absolution. Walk the walk, talk the talk qu’ils disent. Jamie finit par ajouter le plus sérieusement du monde qu’aucune promotion n’est à la clé - et je ne pourrais pas être plus rassurée. J’avais rien d’une pretty woman, et me faire payer en récompenses salariales pour jouer les escortes était bien au-delà de mes compétences. De mes intérêts. « Et que vous n'offrez pas en imaginant un aller simple Lewinsky-Clinton. » je renchéris, flirtant entre l’hilarité et le roulement d’yeux catatonique. C’était clair et net, ça ne cachait aucun motif, c’était une simple amende honorable et déjà, c’était difficile à croire. Fallait pas ajouter des layers supplémentaires. Je me prépare à me lever pour retourner à ma besogne, et à mon ravitaillement, avant que le Keynes ne m’annonce qu’il prévoyait lui aussi rester tard pour boucler un peu plus de boulot. Rien d’étonnant à la vue de ses affaires qui s’éparpillent sur la table, de son portable qui s’illumine de notifications à la seconde depuis que je me suis posée à ses côtés et sa to-do list qui s’allonge sur quelques pages de cahier de notes. J’hausse les épaules, l’imitant en me redressant, passant derrière pour me faufiler dans l'ascenseur. « J’avais prévu rester tard aussi, j’ai un deadline serré à tenir paraît-il. » que j’explique, innocemment moqueuse, pendant qu’il enclenche le bouton vers la descente. La cage bloque un peu, rien de trop grave, et les vieilles portes de métal se referment en grinçant avant d’enclencher le mécanisme. Et là, pas de fausses représentations. J’allais pas coller à son bureau, tout comme il n’allait pas coller au mien. Je sentais Jamie tout aussi débordé que je pouvais l’être, et le chinois serait beaucoup plus pratico pratique qu’autre chose. Le silence s’installe donc entre nous, silence meublé de musique lounge qui enchaîne une consonance kitsch de tambourin, de flûte de pan et de piano. J’imagine que ce serait bien si une conversation se profilait, si on discutait un peu, si on faisait dans le small talk . Autrement, ça augurait bien mal pour cette fameuse soirée de célébration, et on risquait vite de tourner en rond à force d’hocher de la tête bêtement et de pincer les lèvres. Allons-y avec du facile, donc, et je pense vite, j’accompagne. « Alors… vous avez pu jouer au babyfoot un peu? » probablement pas, tenant compte du fait que la table n’est arrivée que ce matin seulement, et qu’il n'apparaît pas s’être décollé de son poste de la journée sauf pour la réunion hebdomadaire, et maintenant. Je rattrape le tir, les mains dans les poches, le regard qui l’implore presque d’y mettre un peu du sien aussi. « Il y a des rumeurs, personne peut statuer si vous êtes imbattable ou complètement nul. Les paris sont hauts.  » on parle d’une tournée au bar pour le prochain 5 à 7 d’équipe, ce qui n’est pas rien. On se rassemblait toujours une bonne dizaine les vendredis soirs au McTavish. C’était pas glamour, ça détonnait avec tout le fame qui passait les portes du bureau quotidiennement, mais ça faisait du bien de relâcher la pression autour d’une pinte. J’étais pas la plus assidue, je manquais la majorité des moments de ce type, mais j’y passais tout de même sporadiquement depuis le début de la tradition, dont une fois depuis l’arrivée dans l’équipe de Jamie. J’avais arrêté de compter après la première gorgée le nombre de questions sur son cas dont on avait pu me bombarder.
 
Quelques minutes suffisent pour qu’on rejoigne le fameux traiteur dont il parlait. L’air est frais, encore un peu humide de la pluie qui a pu tomber toute la matinée. Même si le soleil a eu le temps de réchauffer les rues et la ville depuis, l’atmosphère est encore bien légère, et une longue inspiration après être restée bloquée entre 4 murs depuis plus longtemps que j’ose me souvenir me fait le plus grand bien. Ensemble mais pas vraiment, nous traversons la rue, passons la porte du restaurant, donnons chacun notre commande. Quelques oeillades s’attrapent dans l’attente de nos sacs respectifs, mais ce n’est pas encore ça. En même temps, je n’ai pas envie de forcer la chose. Il n’est pas mon pote, il ne le sera peut-être même jamais, et il pense probablement la même chose de son côté. Gardons les rapports professionnels et sympathiques, et je me ferai avec plaisir porte-parole pour lui mentionner lorsqu’il laisse son côté dictateur prendre le dessus. Menus en main, additions réglées, c’est toujours à deux sans visiblement s’accompagner que nous reprenons le chemin vers l’immeuble. Je n’imagine pas du tout le reste de la soirée comme elle s’annonce pour être véritablement, alors que je le précède cette fois dans l'ascenseur. À mon avis, je filerai dans mon bureau, il retrouvera le sien, quelques banalités seront échangées, et on assimilera le reste - ou pas - d’ici à notre prochain moment deux à deux. Pas besoin de faire dans la dentelle. Mais c’est une toute autre issue qui se dessine pour nous lorsque la cage bloque encore une fois les portes fermées, et qu’on la sent se hisser difficilement vers un étage puis un autre, avant de s’immobiliser complètement. Le panneau lumineux nous indique le 3e, il nous reste encore pas mal de planchers à passer avant d’être à destination, et rien ne semble prêt à bouger d’un millimètre. « Sérieux... » que je m’entends râler comme une adolescente en pleine crise d’hormones, m’avançant vers le clavier pour appuyer sur le bouton d’urgence par réflexe. « C’est arrivé le mois passé, ils sont venus le réactiver une heure plus tard. C’pas si grave. » je suis pas étonnée, pas alarmée non plus, juste vachement emmerdée. Pas de réponse à l’autre bout de la ligne qui sonne encore et encore, assez pour que je raccroche avec l’idée de retéléphoner dans quelques minutes. Oh well. « Dumpling? » j’ai l’estomac qui gargouille et mon sac sent beaucoup trop bon pour que je le laisse s’en sortir indemne encore longtemps. Bonne joueuse, je lui tends en premier le plat de raviolis frits, lui laissant le choix entre ceux aux légumes, ceux aux crevettes et ceux aux champignons. Il se sert, je fais de même, et tente de patienter sans trop soupirer. L’attente n’en sera que pire si je me la joue blasée et irritée. Autant maximiser l’espace clos en allégeant l’ambiance et en distrayant les troupes. « C’est cool ce que vous avez fait. Bon après, faut assumer que l’équipe redemandera des cadeaux, mais c’est un bon départ. Un bon second départ. » je me reprends, sourire malicieux au bout des lèvres, notant que malgré le fait qu’il me tutoie à tous vents depuis notre première rencontre, je reste bloquée au vous sans aucune autre intention d’en changer. Sentant qu’il n’est peut-être pas non plus fan de la première impression laissée, et des efforts qu’il devra mettre pour la chasser. Et j’instaure un terrain neutre, voulant gagner du temps et de la productivité. Un autre appel à la ligne d’urgence reste sans réponse, et je m’installe donc au sol, abandonnant patiemment pour le moment, dégainant mon portable pour joindre l’utile au presqu’agréable. « J’dois répondre à un mec qui cherche à casser sa peur de l’engagement - et je bloque, j’ai l’impression de me répéter. Si vous avez un truc original à ajouter, sentez-vous à l’aise. »
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Message(#)JAMIE&ARIANE ▲ this is all yours EmptyMer 20 Sep 2017 - 4:07

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Jamie & Ariane
When the day that lies ahead of me seems irresponsible to face. When someone else instead of me always seems to know the way. When I wake up in the morning light, sunlight hurts my eyes. Something without warning plays heavy on my mind.

Alors qu'Ariane pourrait ouvrir le feu et s'en donner à coeur joie, je devine qu'elle agrémente ses piques, ses taquineries de rondeurs visant à ne pas me vexer, prendre le risque de me braquer en si bon chemin vers une meilleure cohabitation. Face à la douce honnêteté dont elle fait preuve, laquelle me paraît plus motivée par le respect pour mes efforts que pour mon statut de supérieur, je ne peux pas m'empêcher de sourire. C'est gentil de sa part, et cela est presque agréable, ces moments vaches que j'encaisse, j'accepte volontiers, ayant conscience de ne recevoir qu'un agréable revers de mon propre comportement. La jeune femme peut tirer, être dure, un peu cruelle, je crois que ce léger sourire demeurera ; qu'elle soit désignée pour me flageller afin que mes erreurs soient pardonnées, je prends. Je ne veux plus d’ambiance glaciale, de guerre froide entre moi et eux, moi et elle. Je leur ai tout simplement montré mon plus mauvais profil dès le départ, sans les ménager. Et il y a bel et bien de bons côtés à découvrir, si la chance m'est donnée de les montrer. “Quoi qu'il en soit, je suis heureux que tu ne te sois pas étouffée avec ton thé par ma faute, j'aurais eu peu d'utilité pour une cavalière morte.” dis-je le plus sérieusement du monde, en apparence. Sur le même ton, les choses sont mises au clair ; il n'y aura ni augmentation à la clé pour Ariane, ni d’avantages en nature pour moi de sa part. J’arque un sourcil, hausse les épaules et feinte une grande déception, un espoir déçu et une fierté blessée ; “Tu n’es pas mon genre de toute manière.” À dire vrai, entretenir la moindre relation de ce genre avec une femme de mon entourage professionnel n’est pas mon genre. Dans un autre contexte, Ariane aurait pu avoir mon attention, j'imagine. Il n’est pas vraiment dans mes priorités de remplir le vide à côté de moi dans mon lit actuellement. Trop de préoccupations, trop de travail pour cela -le travail a toujours bon dos dans ces moments, alors que je suis bien content de rester dans les locaux du magazine jusqu'à pas d'heure pour échapper à la solitude qui m'attend sous mon propre toit. Je rentre à la maison selon le courage du jour. Ce qui est assez égoïste vis-à-vis de mes chiens, il faut l'admettre. Mais qu'en savent-ils des peines de coeur ? Une pause est néanmoins de rigueur. L’appel du ventre m'arrache à mon bureau en compagnie d'Ariane. Certains diront que j'en fais trop, à vouloir jouer au bon copain avec elle afin qu'elle fasse passer le mot ; le boss n’est pas si inhumain que ça. Pourtant c'est ainsi que je suis au quotidien, bien plus que tout ce que j'ai pu montrer jusqu'à présent. Et je ne sais pas si c'est par curiosité ou par politesse, mais la jeune femme me suit, faisant même l'effort de déjouer le silence qui s'installe rapidement entre nous. “Eh bien, disons que si on suit la logique de ma stratégie de domination totale de cette équipe, alors j’ai sélectionné avec soin un jeu auquel je peux tous vous battre et montrer que je suis le patron sur tous les fronts.” je réponds avec ce sourire en coin, mutin, joueur, et provocant un peu, cherchant Ariane et attendant la réplique. Je n’ai pas peur de me recevoir le fond de sa pensée dans la figure, que ce soit une plaisanterie ou qu'elle en rigole pour ne pas m'en coller une. Il n’est pas aisé d'entretenir une conversation avec une personne qui vous paraît parfaitement antipathique au premier abord, que ce soit à ses yeux ou aux miens, si bien que le silence retombe bien vite, un peu nerveux, frustrant, mais nécessaire. Ainsi, nous n'échangeons pas dans la rue, ni au traiteur, et à peine sur le chemin du retour -uniquement pour signaler que le feu est passé au vert pour les piétons à ce carrefour où tous les conducteurs se mettent soudainement à tâter l'amplitude de leur pédale d'accélération. Lorsque les portes de l'ascenseur se referment, les odeurs émanant de nos plats embaument immédiatement l'air et ouvrent un peu plus grand l'appétit. Je n’ai qu'une hâte ; rejoindre mon bureau, déguster le tout, et terminer cette salve de mails afin de shooter la prochaine couverture une nouvelle fois. De la première session, tout est bon à jeter. Du moins à mes yeux, et malheureusement, c'est le seul regard qui compte ici. Néanmoins, je ne retrouverai pas tout de suite le confort de ma chaise de bureau ; la cabine s'arrête au milieu de sa route à travers les étages, et nous voici éclairés par la seule lumière de l'éclairage de sécurité. Rien ne sert de s'énerver sur la machine, la mécanique n’a que faire de nos protestations, pourtant quelques gros soupirs sont lâchés. Ce n’est la soirée parfaite de personne que d'être bloqué dans un ascenseur. Nous nous résignons bien vite. “L’univers nous dit que nous aurions dû rentrer chez nous.” dis-je en haussant les épaules. S'il repart en descendant, le message sera d'autant plus clair. S'il repart avant le petit matin. Est-ce qu'il sert encore à quelque chose d'appuyer frénétiquement sur le bouton d’alarme ? Y'a t'il qui que ce soit pour nous extirper de là ? Nous n'avons nul autre choix que d'attendre et de le découvrir par nous-mêmes. Bientôt nos postérieurs font fi de l'inconfort du sol et nous faisons de la cabine notre espace de pique-nique de fortune. J'attrape volontiers quelques beignets de légumes proposés par Ariane et la laisse piocher dans mes chips au wasabi en échange. Encore une fois, elle est là première à rompre le silence. Ne rien dire ne m'aurait pas gêné outre mesure, mais qui me connaît sait que j'aurais sûrement fini par m'endormir là. Je prends le compliment de la jeune femme avec un sourire. À dire vrai, je ne pense pas que ses collègues soient réellement du genre à réclamer d'autres cadeaux. Quand bien même, ils sauront assez tôt que l'unique mode de fonctionnement de cette générosité est le mérite, et que l'abus de tournois de baby-foot sur les heures de travail mèneront à la disparition de celui-ci façon David Copperfield. Quant à sa proposition de l'aider à conseiller un de ces nombreux cas d’engagophobie, je la balaye d'un rire, secouant vivement la tête. “Je n’ai vraiment aucun conseil à donner en amour. Je suis la pire personne au monde pour ça. Mais tu le sais probablement déjà.” Je pars du principe que tout le monde ici est au courant de mon passif, et qu'en trois clics, ils se sont informés sur le nouveau patron -ce type qui a été malheureusement mis dans la lumière pour s'être montré violent vis à vis de sa propre fiancée. “Peut-être que tu aurais un conseil pour moi, je devrais t'écrire moi aussi.” j’ironise afin de ne pas complètement plomber l'air. Quoi que j’en suis arrivé au stade où tout conseil se révélerait inutile ; j'ai déjà perdu Joanne, il n’y a plus rien à faire à ce sujet. Le dîner en tête à tête se poursuit jusqu'au retour du courant dans l'ascenseur. La lumière revient, la cabine s’active. Ariane et moi échangeons un regard soulagé, un petit rire nerveux. Rangeant les restes de nouilles et de beignets dans les cartons et les sacs, je constate qu'il ne reste quasiment rien. “Oh, je sais ce qu'il s'est passé. Deux gros égos et du chinois à emporter : surcharge.” Malgré cette parenthèse, quand les portes s'ouvrent, la rouquine et moi ne nous sommes pas transformés en meilleurs amis du monde. Elle file à son bureau fissa, moi au mien. C'est avec un soupir d'exaspération que je constate que la panne de courant à éteint tous les appareils et que mon travail en cours s'est envolé. L'ordinateur n’a pas apprécié les caprices de l'électricité et boude à son tour en lançant une longue inspection du système. Oui, le message de l'univers est clair ; c’est terminé pour ce soir. Alors je récupère mes affaires, veste et sac sur l'épaule. Je pensais dire au revoir à Ariane en effectuant ce petit détour dans l’open space, mais une fois non loin de son bureau, c'est une toute autre idée qui me traverse l'esprit ; “Qu’est-ce que tu paries ? Champion ou looser ?” D'un signe de la tête, j'indique le babyfoot dans l'espace de pause un peu plus loin. Lieu de rendez-vous des shootés à la caféine et aux potins. “Tu veux savoir ce qu'il en est ?”
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Message(#)JAMIE&ARIANE ▲ this is all yours EmptyMer 20 Sep 2017 - 13:21

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Jamie & Ariane
When the day that lies ahead of me seems irresponsible to face. When someone else instead of me always seems to know the way. When I wake up in the morning light, sunlight hurts my eyes. Something without warning plays heavy on my mind.

L'ascenseur qui ralentit sa course pour finalement s’immobiliser complètement. J’ai l’estomac qui rugit, et un nem en travers des lèvres lorsque je tente d’appuyer une énième fois sur le bouton d’urgence, sachant très bien que mon calme olympien du moment ne durera pas si on me la fait nuit blanche dans les méandres de l’immeuble. Jamie semble s’acclimater à la situation beaucoup plus facilement que moi et j'en suis presque étonnée, l’ayant vu prendre les mouches pour des éléments beaucoup plus minimes beaucoup moins importants précédemment. D’où une mauvaise journée pouvait s’accrocher à n’importe qui, lui d’abord. « L’univers a pas le Reader’s Choice à gagner pour une 3e année consécutive. » que je laisse glisser sur mes lèvres tachées de sauce sucrée qui trouveront leur salut via la serviette de papier que j’y passe distraitement. La cérémonie arrivant à grands pas n’étant qu’une excuse supplémentaire au malaise qui s'installait un peu plus lascivement entre nous deux, déjà en phase d’apprivoisement, et non de complète immersion. Suffisant pour que je sente le besoin de relancer la conversation, de souligner ses agissements du jour, le progrès qu’il avait lui-même articulé pour se faire une place un peu plus enviable à travers l’équipe. Il accuse le tout d’un sourire, je n’insiste pas non plus - c’était bien, de poser ses intentions, de vouloir faire mieux. Mais ce serait ses agissements qui compteraient au final, qui marqueraient les mémoires, et pas juste de belles paroles entre deux réunions au coin de sa table en plein open space. La perche que je lui tends au sujet de ma propre chronique, du boulot qui me reste à faire, rebondit tristement contre ses épaules affaissées et sa mine basse. Ah bon, un autre sujet chaud? Entre le wasabi et les légumes frits, j’y croyais presque aux tentatives communes d’alléger l’ambiance, de défaire les mauvaises impressions. « En effet. » que je sais déjà, que j’ai tout lu, tout entendu. Fallait simplement rester dans la salle de pause du personnel de soutien pour être au fait et au su de tout ce qui avait bien pu se passer dans la vie sentimentale de notre cher et tendre patron durant la dernière année. Pire que Perez Hilton, on trouvait là des langues de vipères qui avaient teinté la plus mince histoire en capharnaüm digne des plus grands soap américains, et j’avais comme à mon habitude servi mon café l’oreille distraite, avant de regagner mon poste. Néanmoins, quelques items étaient restés logés comme des parasites entre mes neurones, dont l’un particulièrement intéressant qui avait fait un tabac peu de jours avant l’annonce de la nomination du Keynes dans son nouveau rôle. « Le truc du pont c’était quand même marquant. Y’a eu du pied qui s’est joué sous la table, ou…? » à entendre ce qu’il a pu dire plus tôt, je prédis déjà la fin larmoyante de la chose - autant ne pas trop s’y éterniser. Et je plonge à nouveau mon regard sur mon portable, faisant défiler les quelques notes pitoyables que j’ai pu prendre avec le cerveau complètement à plat, tout juste avant que je ne quitte mon bureau pour de plus savoureux pâturages. Il étire le cou suite à mon invitation, sûrement pour voir ce que j’y ai transcrit à la va-vite. Je ne m’en offense pas et lui laisse amplement le temps de détailler ce qui se trouve à l’écran. Espérant qu’il ait un éclair de génie, le cliché typique de celui qui n’a aucun lien avec le reste, qui scande l’eurêka et génère les hommages ; ce n’est qu’un faible soupir que nous partageons tous les deux, donnant le coup final aux restes asiatiques qui traînent ça et là dans la cabine. Il m’invite à analyser sa propre situation, je préfère hausser le sourcil et nier. On s’en sortira indemnes tous les deux, c’est déjà un excellent prix de consolation. « J’ai lâché prise déjà, je préfère garder mes réflexions pour moi et vous voir voler de vos propres ailes. » c’est si bien dit, si bien articulé qu’il ne peut débattre. Et il ne voudra pas, je parie. Trop nouveau, trop sensible, trop intime. Au-delà de ça, il n’avait absolument aucun intérêt à écouter ce qu’une gamine pensait de ses échecs amoureux et de leurs dommages collatéraux. Mais le silence s’y remet, et me laisse l’espace nécessaire pour penser. En vrai, s’il me téléphonait, s’il m'écrivait? Qu’est-ce que j’aurais bien, de génie, à lui avancer? De révolutionnaire censé tout changer? Était-il en phase finale, comme son air désordonné semblait le suggérer? Ou y’avait encore un espoir, un petit, un mince? « Je vous dirais sûrement un truc bateau, du genre d’arrêter de vous mettre la pression. » que je lâche dans un soupir, me faisant violence, brisant ma décision précédente, mais usant de tact - ou presque - pour converser sur ce sujet hypothétique que serait sa demande de conseils. « De vous changer les idées le temps que ça passe, de ratisser les bars de la ville pour vous sentir homme à nouveau. » en d’autres mots, de sortir, d’oublier, de nier. Cétait la pire chose à faire, qu’on se le dise, mais parfois, c’était nécessaire pour alléger la coupure. Impossible à nier, il passait plus de temps ici qu’ailleurs depuis les dernières semaines, et même si son attitude avait laissé à désirer avec les employés, il n’y avait aucun doute au sujet qu’il remplissait son poste à la perfection. Rien ne passait sous son radar, rien n’était laissé à la traîne, rien ne tombait à la dérive. Il avait son mot à dire sur chaque autorisation, il connaissait par coeur les nombreuses procédures, il avait imposé son oeil acéré et son doigt inquisiteur dans tout et rien, et force était d’admettre que mis à part son travail, tout le reste lui était superflu. Pourquoi s’empêtrer de suggestions à l’eau de rose s’il avait simplement besoin de s’agiter un peu, de sortir de ses vieux plis, de se faire du bien pour chasser le mal? Il aurait tout le temps de réfléchir, au petit matin, lorsque la réalité le frapperait. Il aurait tout le temps aussi, lorsque tous ceux qui comptent finiraient par s’évaporer devant son comportement de workaholic acide qui ne lui gagnerait que quelques zéros supplémentaires sur sa paie. Let loose man, serait donc mon conseil primo, secundo et tertio, pour être assurée que le message passe. Et après, la prise de conscience. Mais elle serait plus douce à saveur de dirty martini, l’odeur d’une Ashlee ou d’une Pam qui parfume le collet retroussé de sa chemise. La conversation reprend, ou du moins, elle se ponctue de quelques commentaires supplémentaires, d’une blague, de deux. Et l'ascenseur qui finit par se remettre en marche quelques minutes, ou quelques heures ensuite. J’ai perdu le compte, Jamie probablement aussi, et je passe le pas de la porte d’acier avec la tête qui me martèle déjà, signe que je ne servirai à rien d’autre qu’à empiler les coquilles et les fausse figures de style si je touche à mon clavier.

J’essaie tout de même pour la forme, inscrit une ou deux notes à la va vite sur un post-it qui traîne non loin de mon écran, mais l’incapacité de mon portable à se relancer me donne presque de l’urticaire. Une panne d’électricité qui avait grillé tout l’équipement de l’étage semblerait-il, du moins, à voir Jamie s’agiter devant son propre cubicule avec l’oeil mauvais. Mes vêtements puaient la friture de toute façon, et je rêvais d’une longue douche, d’une nuit brève, d’un plaid lourd dans lequel m’enrouler jusqu’à ce qu'un sommeil de plomb m’emporte. La jeunesse folle, je vous dis. « Un plus gros bonus à Noël. » que je m’entends dire, presque sérieuse, la tête du boss qui s’immisce pour une deuxième fois aujourd’hui à l’entrée de mon bureau. Je bats des cils, je souris bêtement, assez nunuche pour qu’il voit la blague, pour qu’il sente le sarcasme. Il était pas né encore celui qui me convaincra de parier ce fameux bonus à tout vent - maintenant que je prévoyais déjà l’utiliser pour m’envoler vers la France et ses croissants dont je rêvais depuis des mois par dépit, par ennui, par manque, cruel manque. La dernière bouchée remontait à un an et demi. « Une fille peut tenter. » j’hausse les épaules, attrape mon sac, ferme la lumière. Et il est sérieux. Jamie rigole pas, et il avance même vers la table, pendant que je croyais pertinemment que ce n’était qu’un au revoir promettant une partie future, dans un avenir pas encore décidé. Où nos deux mondes se croiseront à nouveau dans un univers où les ascenseurs s’arrêtent, où les soirées au champagne à 100 balles sont choses fréquentes, où un lord comme lui s’adresse à une sous-fifre comme moi. « Vous, qui servez le thé à Stephany lundi matin. » le temps de réflexion avant le gage a été pris maintenant que ma silhouette suivait la sienne vers la table, et que je déposais distraitement mes affaires au sol. Cette simple image salvatrice me donne un frisson de satisfaction le long de l’échine, et il comprendra à mon expression que je l’imagine poli comme jamais, attentif, soigné - et repentant. La pauvre, elle avait passé la matinée suivant sa débandade à renifler sans grâce aucune dans la cabine du fond des toilettes. « Et moi, j’dois faire quoi? » parce qu’il y a toujours un revers de médaille, parce qu’il y a toujours une épée de Damoclès qui pend au bout du nez, qui pendra, selon la logique du jeu. Je farfouille dans mon porte-monnaie pour en sortir une pièce que je glisse dans la machine, libérant les balles nécessaires. Et hop, les siennes que je tends dans sa direction, les miennes trouvant place dans la poche arrière gauche de mon jeans. « Pas besoin de chercher longtemps, la partie sera pas très longue. » et un clin d’oeil plus tard, je prends place face à lui de l’autre côté de la table. Il n'a pas à savoir que je passais mes soirées étudiantes au pub du coin qui entretenait des parties de babyfoot comme il y brassait sa propre bière. Je préfère garder ça pour la finale, lorsque son regard ahuri accompagnera ma balle de la victoire.  

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Message(#)JAMIE&ARIANE ▲ this is all yours EmptyJeu 28 Sep 2017 - 2:58

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Jamie & Ariane
When the day that lies ahead of me seems irresponsible to face. When someone else instead of me always seems to know the way. When I wake up in the morning light, sunlight hurts my eyes. Something without warning plays heavy on my mind.

Si on en oublie les néons derrière le faux plafond où se loge la poussière qui nous donnent un teint cadavérique, la compagnie un peu collante de notre reflet dans le miroir du fond qui ajoute deux zombies workalcoholic à la troupe, et la froideur des grandes portes métalliques bloquées entre deux étages, la cabine de l'ascenseur serait presque un lieu cosy et parfait pour improviser un pique-nique. Que manque-t-il à part une petite table et ses bancs intégrés en plastique à disnette blanc et indigo qui font la différence entre les vrais campeurs et les amateurs ? Une glacière avec un peu de rosé bon marché sûrement, et la pseudo musique du cours de zumba en plein air d'à côté. Oui, parfait, n’est-ce pas ? Le spot est à retenir pour une prochaine fois, pour ces jours où le monde entier est insupportable pour nos nerfs à vif, lorsque la patience est à bout et le calme et la solitude de rigueur ; il suffit de s'installer dans l’ascenseur et appuyer indéfiniment sur le bouton d'arrêt d'urgence. Je me demande si Ariane trouve que l'endroit serait idéal, si hype et chill, pour les kicks off matinaux. Il y a sûrement des coussins de couleur à ajouter ici aussi pour faire le job, et je ne sais pas quel plante feng shui à mettre dans un coin. Mieux vaut rire de la situation, et je fais jouer tout mon cynisme pour éloigner mes pensées de tout ce que je devrais être en train de faire actuellement, et dîner dans l'ascenseur n'était pas dans la liste. C'est également la meilleure manière d'aborder le sujet Joanne, que je suis presque surpris de ne pas avoir à citer, expliciter, pour que Ariane admette en connaître tous les détails. Même ceux que je n'aurais jamais songé trouver dans la bouche de quelqu'un et me pousse à me demander qui a vendu la mèche, qui s'est donné un tel plaisir à me donner l'air si ridicule. “Ah, le pont… J’emmerde ce pont.” dis-je l’air de ne plus y avoir pensé depuis bien longtemps, que cela appartient si bien au passé et ne peut plus m'atteindre. Ce qui est fait est fait après tout, et cela remonte à quelques mois désormais. Je devrais être au-dessus de cette mascarade désormais, pourtant m’y retrouver si brièvement projeté me coupe l'appétit. Je grignote ici et là sans plus de conviction et sans m’attarder sur le goût, l'idée étant de vider juste assez ces boîtes pour me persuader que ce genre de souvenirs ne me fait pas sentir si mal que ça. Tous les masques ne peuvent pas tomber tout à coup face à la jeune collègue, celui du patron tyrannique suffira pour ce soir. “C’est un conseil plutôt mauvais. T’es virée.” je réagis avec un rire franc à sa suggestion de docteur du coeur d’aller rassurer ma virilité dans les bars. Cela est très exactement le genre de stratégie que j'évite. Je ne suis pas un dragueur de comptoir, et je ne le trouve pas très convaincant en homme à femmes. J’ai mes périodes où l’on peut dire que je me cherche, ce qui n’a jamais été concluant pour autre chose que découvrir ce que je ne veux pas être. Si j'ai écumé les bars un jour, ce n’était pas pour effectuer un comparatif des bières ; pendant des années j’ai terminé ces soirées dans la lumière des gyrophares, d'un côté l'ambulance, la police de l'autre, plus ou moins autant amoché que mon adversaire du jour. C’est ainsi que Joanne m’a trouvé, c'est de ce mauvais chemin qu'elle m’a arraché. Je pensais qu'elle avait également avorté ma courte période de coureur de jupons, bien plus récemment, parce que nous avions une famille à guérir, à ressouder, un amour auquel donner une énième chance. Et ce foutu pont m’en a donné la preuve contraire. Alors je ne sais pas quelle sera la prochaine bêtise, la prochaine tentative désespérée de remplir un peu le vide, mais il est certain que je me tiens éloigné des bars. Le travail est pour le moment la meilleure alternative, ce que l'univers ne semble pas décidé à me laisser appliquer jusqu'au bout ce soir. Au contraire, il me pousse vers Ariane et m’encourage, je ne sais pourquoi, à me montrer plus amical, plus ouvert. À livrer une autre facette de moi loin de tout ce qu'elle a connu jusqu'à présent. Et elle m'accorde cette chance, ce bénéfice du doute, en me suivant jusqu'au babyfoot de la salle de repos une fois libérés de la cage d'ascenseur. Les paris sont lancés, challenge accepté ; nos affaires s'entassent dans un coin, la cravate grossièrement fourrée dans la poche de mon pantalon, les manches retroussées, prêt à en découdre. Pour Ariane, la récompense en cas de victoire sera de m'obliger à faire amende honorable auprès de sa collègue, première traumatisée par mes intransigeances. “Un thé de la machine à café, n’est-ce-pas ?” je réponds avec un petit rire en attrapant les balles. La première est déposée au centre, et la guerre est déclarée. Les poignées roulent, les ressorts vrillent, les regards vont un bout à l'autre du terrain en suivant le jeu qui trouve son avantage tantôt du côté de la jeune femme, tantôt du mien. Les buts sont propres, maîtrisés, d'un côté comme de l'autre, preuve de longues heures de pratique, peut-être à une époque lointaine. Ça conteste parfois, un peu mauvais joueur, mauvaise perdante. La balle de match nous arrache une goutte de sueur au coin du front et termine par une impeccable, imperturbable traversée du terrain d'un bout à l'autre, droit dans les cages d’Ariane, résistantes aux attaques jusqu'au bout, jusqu'à ce coup. Un discret haussement d'épaules innocent suffit à célébrer la victoire assez pudiquement pour ne pas risquer de vexer la jeune femme. Puis je récupère mes affaires, l'air de rien. “Je choisirai votre robe.” Un gage qui n’a rien de bien méchant mais qui impliquera une confiance aveugle de sa part. Et quelque chose me dit qu'elle est bien plus du genre à ne compter que sur elle-même, à se dire que l'on est jamais mieux servi que par soi-même, plutôt qu'à déléguer la moindre décision a un tiers. Encore moins à quelqu'un qui ne s’est montré que purement infréquentable. Sacoche à l'épaule, je me tourne pour lui adresser un dernier sourire. “Bonne nuit Ariane.”
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