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Message(#)— home is where the heart is (jadie) EmptyLun 24 Juil 2017 - 1:34

home is where the heart is
— Jamie Keynes & Jodie Patterson —

if you asked me
how many times you've crossed my mind
i would say once
because you never really left
L'appartement est encore envahi de boîtes. Certaines sont vides, carcasses gisant sur son plancher de bois alors que d'autres sont encore scellées. Intouchées et formant une grotesque forteresse de cartons. Elle est trop occupée par ses activités humanitaires pour avoir vraiment le temps de tout défaire. Quand elle se lève le matin, la première chose qu'elle fait, c'est avaler un café en vitesse avant de quitter l'étau de son appartement. Car elle a beau vivre à l'autre bout du monde à présent, le fantôme d'Oliver l'a suivi jusqu'ici. Il hante l'espace vide de sa nouvelle demeure. Ou bien, c'est peut-être la solitude qui lui donne cette impression... Chose certaine, Jodie est incapable de rester très longtemps chez elle sans se mettre à penser au défunt. Comme elle ne connaît pas encore beaucoup de monde, n'étant là que depuis quelques jours, elle ne peut pas remplacer l'espace qu'occupe Oliver dans son esprit par la présence rassurante d'amis proches. Le seul sur qui elle peut vraiment compter, c'est Jamie. Jamie qui partage aussi le fardeau qui lui fait courber l'échine depuis plus de vingt ans. Fardeau du deuil... douleur dont on ne se remet jamais vraiment. À certains moments, les choses se calment. Quand elle pense à l'amour perdu, un sourire naît sur ses lèvres car même la mort d'Oliver ne peut lui arracher les souvenirs heureux qu'elle a de lui. À d'autres moments cependant, c'est la détresse qui crispe son coeur de cruelle façon. Dans ses moments-là, elle a toujours eu l'impression que seul Jamie sait ce qu'elle ressent. Malgré les années et les kilomètres qui les ont séparés, elle considère qu'elle pourra toujours compter sur lui. C'est alors sans surprise qu'elle a accepté son invitation à dîner. Étrangère dans une ville inconnue, elle est reconnaissante de sa proposition ; elle aura ainsi l'occasion de renouer avec lui mais aussi de découvrir cette nouvelle ville. Enfilant une nouvelle robe d'été qu'elle avait acheté la veille en sachant qu'elle allait dîner avec Jamie, Jodie se prépare sans exagérer sur le maquillage et compagnie. De toute façon, elle préfère être au naturel.

Elle est en train de définir quelle bourse irait le mieux avec les tons fleuris de sa robe lorsque la sonnerie retentit. Il ne faut pas être un génie pour deviner que c'est Jamie qui vient d'arriver. Se dépêchant vers l'intercom, elle laisse savoir au jeune homme qu'elle arrive très bientôt. « Je te rejoins en bas dans quelques instants. » Ne désirant pas le faire attendre, elle choisit un sac à main au hasard, enfile de jolies sandales et descend par l'ascenseur sans oublier de verrouiller derrière elle. Elle garde son regard rivé sur le défilement des étages pendant la lente descente et quand les portes s'ouvrent, elle s'avance vers l'entrée de l'immeuble. À travers la vitre, elle aperçoit Jamie et tout de suite, un sourire naît sur ses lèvres. Une fois à l'extérieur, elle s'approche de son compagnon pour la soirée. « Bonsoir Jamie ! Je te remercie encore pour l'invitation. Tu n'as pas idée à quel point je suis heureuse de te revoir. » Des paroles qui cachent la douleur réelle qu'elle ressent soudain. Le coeur de la belle se tord au creux de sa poitrine parce qu'elle réalise à quel point Jamie ressemble à Oliver. Elle avait oublier à quel point il lui arrivait de les confondre. Pire encore, elle se surprend à se dire que si Oliver avait vécu il serait identique. Oui, s'il ne s'était jamais suicidé, Oliver et elle seraient heureux. Probablement mariés, avec de charmants enfants... et bien que les deux frères se ressemblent, ce serait avec Oliver qu'elle s'apprêterait à aller dîner. Pas Jamie. Bien vite, elle chasse de son esprit tous les tourments qui pourraient la hanter ce soir. Un sourire plus sincère se glisse sur ses lèvres. Elle ne peut pas changer le passé. Elle ne peut pas ramener Oliver mais au moins, elle peut profiter de la présence rassurante de Jamie.
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Message(#)— home is where the heart is (jadie) EmptyMer 26 Juil 2017 - 16:00

home is where the heart is
— Jamie Keynes & Jodie Patterson —

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C'est Jay, je suis en bas.” dis-je droit dans l'interphone. Petite phrase qui ne fait que souligner l'évidence ; à moins que Jodie n’attende quelqu'un d'autre, elle sait forcément que la personne sonnant à cette heure ci ne peut être que moi, et si mon doigt peut atteindre cette sonnette, alors je suis logiquement au pied de l'immeuble. Ces phrases toutes faites que l'on prononce sans réfléchir parfois. Pas que cela soit important. Peut-être la marque d'une bribe de nervosité qui n'a aucune raison d'être. Plutôt l’excitation, la hâte de la voir, Jodie, sur qui je n'ai pas où poser les yeux et dont je n’ai pas entendu le son de la voix depuis des mois. Étrange époque où nous sommes tous greffés à ces téléphones pour lesquels nous trouvons mille usages, mais pas le temps de simplement s’appeler. On s'écrit, parfois. On se tient informés. Elle a lancé sa propre force entre temps. Je me suis séparé de Joanne. C’est bizarre, à quel point il semble que toute une vie nous sépare de la dernière fois où j’ai pu claquer une bise sur ses joues, voir son sourire. Le compteur est remis à zéro lorsqu'elle apparaît dans le hall de l'immeuble, ravissante. Alors c'est avec un large sourire que je l'accueille sur le pas de la porte d'entrée. “Bonsoir, Milady.” je salue élégamment, avec la petite révérence de mise. Oh, je sais que cela l'embête, la taquine. Mais nous sommes bien loin de Londres ici, loin des obligations et des étiquettes étouffantes. Nous pouvons rire de ces titres qui ne valent rien une fois les frontières de notre pays natal franchies. Ce n’est plus que décoratif. J’étreins pudiquement la jeune femme, non sans affection. “Ca me fait plaisir. Tu m’as manquée.” Et d'une certaine manière, Jodie arrive quand j'en ai le plus besoin. Quand je pourrais faire usage d'autant d'amis que possible autour de moi, qu'importe à quel point je prétends vouloir rester seul. Rejeter pour mieux être réclamé est une stratégie dont résulte souvent une solitude bien réelle. Il est temps de faire demi-tour, et d'opter pour l’option consistant à accepter toutes les mains tendues. Il est temps de se relever. Joanne le fait bien, elle, passant à autre chose avec une déconcertante et blessante facilité. “Je suis tellement désolé de ne pas avoir pu faire en sorte de se voir plus tôt, dis-je alors que nous faisons quelques pas pour rejoindre la voiture, garée plus loin dans la rue. Avec mes débuts à GQ, je prends le train en marche, c'est de la folie.” Tant de noms à retenir, de rôles, de process, de plannings, le tout en assurant la sortie du numéro suivant, découvert en chemin, en pleine production, emprunt de la patte de mon prédécesseur. Bientôt mes marques seront prises et je serais à mon aise. En attendant, je ne compte pas les heures, je me laisse emporter, noyer par le travail qui me tient éloigné de toute autre pensée. “Tu devrais passer, à l'occasion. Je te ferais faire un tour du propriétaire.” De plus, je ne suis jamais contre une visite, d'autant plus que cela me force à prendre une pause, faire un break mérité que je ne m'accorde pas toujours. Nous arrivons près de l’Audi dont j'ouvre la portière côté passager afin que Jodie puisse s'installer. “Je t'en prie.” je souffle machinalement avec un léger sourire avant de refermer derrière elle et contourner le capot pour prendre place à mon tour. La route est courte, juste de quoi nous rapprocher du parc -à la réflexion nous aurions pu faire le trajet à pied, mauvaise estimation de la distance. Cette grande étendue de gazon, je la connais par cœur. J’ai vécu dans ce quartier six ans. J’y ai promené Ben parfois, quand je ne venais pas marcher seul. Puis avec Joanne bien sur, et Daniel, mais il n’est pas question d’y penser à cet instant. La nostalgie tend à teindre le moment présent de gris. Parfois, il est nécessaire de déposer un drap blanc dessus, sur les souvenirs qui heurtent, qui blessent. Il y a ce bout du parc où se donnent rendez-vous un cercle de food trucks, loin de la haute gastronomie, mais faisant dans le local, simple et bon. De quoi grignoter en marchant, être gourmand sans avoir honte. C'est donc d'un pas tranquille que nous prenons cette direction, les pieds écrasant les cailloux des chemins de terre bien différents de ceux que nous avons un jour connus, loin d'ici, dans ce qui semble être encore une autre vie. "J'espère que ton emménagement se passe bien. Comment est l’appartement ?” je demande, banalement, mais intéressé. Parfois les petites choses font tout. Les petites choses sont tout ce dont nous avons besoin. Un sourire qui flirte, flotte, au bord des lèvres, et un regard distrait, un coup d'oeil mutin, complice, appréciant simplement d'être là, et qu'elle le soit aussi.
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Message(#)— home is where the heart is (jadie) EmptyVen 28 Juil 2017 - 1:03

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Le retour à la vie normale lui semble plus difficile que l’adaptation qu’elle a dû faire à son arrivée au Moyen-Orient. Après avoir passé six ans dans les tempêtes de sable et le chaos, le calme de Londres et maintenant celui de Brisbane ressemble plus à un rêve qu’autre chose. Quelle ironie de dire qu'elle se sentait plus à l'aise au milieu des obus et des balles que dans ses robes de bal. Et aujourd'hui, elle se retrouve à l'autre bout du monde une nouvelle fois mais très loin de tout ce qu'elle a connu dans le passé. Loin de l'aristocratie anglaise. Loin des zones de guerre où la vie ne tient qu'à un fil. À Brisbane, elle se plonge dans un tout nouveau monde. Son seul point de repère reste Jamie. Toujours Jamie. Malgré le temps et les pays et les séparaient, il finit toujours par revenir dans sa vie. Le voir ce soir au pied de son immeuble est un rare moment de répit. Charmant comme toujours, elle lui lance une moue moqueuse quand il l'accueille de son titre si désagréable. Lady… Elle n’aime vraiment pas jouer à l’aristocrate mondaine, ce que Jamie sait très bien, c’est pourquoi elle ne lui en tient pas rancune. « My Lord. » ajoute-t-elle pour jouer le jeu. Attrapant les pans de sa robe, elle le salue noblement avant d'accueillir avec un sourire ses prochaines paroles. Il dit qu’elle lui a manqué et ce serait mentir si elle disait que ce n’était pas son cas. Elles sont rares les journées où elle n’a pas eu une petite pensée pour lui, à se demander où il était et ce qu’il faisait. Elle ouvrait avec anxiété ses emails, à se demander s’il lui avait écrit, ayant besoin de ses nouvelles comme elle avait besoin d'oxygène. « Tu m'as manqué aussi. » Et il n'a aucune idée à quel point... Être loin de lui, c'est perdre un peu plus de ce qu'il lui reste d'Oliver. Les mois passés avec lui à Gaza étaient, ironiquement, les plus apaisants pour son coeur meurtri depuis la mort de l'aîné Keynes.

Quand il s'excuse de ne pas l'avoir contactée plus tôt, Jodie fait signe que ce n'est rien d'un simple hochement de tête. « Je serais ravie de t’y rendre visite. Et ne t’en fais pas, j’ai tellement de trucs à gérer aussi, je n’aurais pas été de très bonne compagnie les premiers jours. » Lorsqu'elle est débordée, elle devient extrêmement tête-en-l'air alors qu'au quotidien, elle est bien plus pragmatique et réfléchie que ses derniers temps. Elle fait tout son possible pour ne pas oublier ses tâches et c'est presque un miracle qu'elle n'ait pas oublié le dîner avec Jamie ce soir. Mais là voilà, s'éloignant de l'immeuble en sa compagnie. Le duo se dirige vers la sublime voiture de Jamie et il l’invite à entrer, ce qu’elle fait sur le champ. Le trajet jusqu’au parc ne prend que quelques instants mais la brune garde malgré tout son regard rivé sur la fenêtre à essayer de capter tous les détails qu’elle peut à propos de cette nouvelle ville qui l'accueille. Il fait très beau à l’extérieur, le ciel décoré de teintes pourpres alors que le soleil s’évanouit à l’horizon. Encore une fois, elle ne peut s'empêcher de penser que cette région est si différente de tout ce qu'elle a connu. C'est la première fois qu'elle se surprit à admirer le coucher du soleil. Après tout, dans son pays natal, les nuages et la pluie sont seigneurs du ciel alors qu'au Moyen-Orient, elle était bien trop préoccupée par la misère dont elle était témoin pour s'arrêter à regarder la nuit tomber. Une fois arrivés, ils se mettent à se balader dans le grand étendue de nature qui semble bien familier à Jamie alors, elle le suit, se laissant guider par ses pas. Le silence n'a jamais été lourd en sa compagnie et un sourire flotte vaguement sur ses lèvres en permanence. « C'est la folie. Je n'ai pas eu le temps de défaire mes boîtes. Je passe le plus clair de mon temps aux nouveaux bureaux d'UBA. Je dois tout mettre en place alors j'ai presque l'impression de vivre là-bas. » Un petit rire nerveux lui échappe. « Une fois que tout sera en place, j'aurai une meilleure idée. Mais je sens que je vais m'y plaire. » Ils marchent lentement car après tout, ils ont toute la soirée.

Elle prend ce petit instant hors du temps pour se poser. Elle n'a pas envie de penser à UBA, ni au passé. Tout ce qu'elle veut c'est rattraper le temps perdu. « Et toi ? J'veux dire... J'ai été absente pendant trop longtemps. Je veux savoir comment tu vas. Vraiment. » Elle ne veut pas savoir ce qu'il a mangé la veille pour déjeuner, ni d'autres histoires de boulot mais ce qui le préoccupe ses temps-ci. La belle a l'impression d'avoir si été déconnectée qu'elle doit se mettre à jour. Elle ne connaît pas tous les détails de la vie de Jamie. Il la tenait au courant des grosses nouvelles comme sa séparation de Joanne mais comme elle ne sait pas ce qui est arrivé exactement, elle est incapable de juger de l'état de son ami. Mais s'il aime cette femme comme elle a pu aimer Oliver, elle ne doute pas un instant qu'il doit être anéanti. Probablement qu'elle devrait être heureuse que la voie soit libre pour elle mais ce serait égoïste et c'est loin d'être dans la nature de Jodie. Si elle se fit à leur rencontre à Londres quelques mois plus tôt, elle a pu voir à quel point le couple était complet... alors elle a un peu de mal à comprendre comment tout a pu tomber en morceaux. Elle voudrait être de bons conseils et le supporter mais la vérité est qu'elle ne sait pas s'y prendre avec les histoires du coeur. Elle doit se contenter d'écouter et être présente pour lui tout simplement.
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Message(#)— home is where the heart is (jadie) EmptyVen 28 Juil 2017 - 4:55

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Lorsque la proposition avait été faite à Jodie de venir également en Australie, de me rejoindre ici, à Brisbane, j’avais peu, pour ne pas dire aucune attente de la voir débarquer un jour pour autre chose qu'une simple visite de courtoisie, un court séjour, comme des vacances. Voilà que la jeune femme s’est trouvé un appartement et des locaux pour son association. Elle s'installe, forme son nid. Encore une fois, son chemin croise le mien et le suit parallèlement. Comme à Gaza, comme à Cambridge, comme à Londres, et ce depuis la première fois que Oliver me l’a présentée, il y a plus de vingt ans de cela. Je pourrais la considérer comme une sœur, ou plutôt, la belle-sœur que j'aurais pu avoir, et cela serait si simple. Mais il m’a toujours été impossible de la déposer dans cette case, lui attribuer ce label affectif. Nous avons vite partagé le chagrin de la perte de mon frère, et ensemble, nous avons grandi trop vite. Ensemble nous avons prétendu et aspiré à une vie normale. Et ensemble nous avons décidé de fuir un environnement d’étiquettes dans lequel nous n'avions jamais su ni voulu trouver une place. Les bons enfants devenus sauvages, renégats, rebelles, et désormais loin, très loin de toutes ces préoccupations. Ici, j’ai trouvé une nouvelle vie, parfois le bonheur ; plus que tout, ici je me suis trouvé. Et ce sera aussi le cas de Jodie à n'en pas douter. “J’en suis certain. Et puis je t’ai tellement vendu cette ville que si tu ne t’y sens pas bien je serais déçu vis-à-vis du pays entier.” dis-je comme si cela avait de l'importance pour qui que ce soit, mon estime de l'Australie, et plus que le peuple, la terre en elle-même. Mais elle ne se soulèvera pas pour me rattraper si je m'en vais, tout comme l'Angleterre n'est pas parvenue à me retenir. Je ne reviendrai pas, c'est dit et acté depuis longtemps. Je n'y ai plus ma place, et d'ici quelques temps, la belle brune non plus. Car malgré les réminiscences d'un mal du pays inexplicable lorsque nous étions loin, Londres a cessé d'être notre maison il a longtemps. Aujourd'hui, je n'y pense même plus. Je suis ici chez moi, je suis ici moi-même. Trop parfois, et cette bête là n’a décidément sa place qu'ici. Et malgré ce murmure qui m’a suggéré de plier bagages plus d'une fois lorsque les choses n’allaient pas dans mon sens, quelque chose de plus fort m’a aidé à me battre pour cette vie que je voulais. Il m’arrive parfois de me regretter. Il m’arrive de ne plus savoir pourquoi je me battais. Je sais que cela se voit, se sent, le vide, le flottement, ce petit air désorienté, l’air de douter de tout. La jeune femme n’est pas la première à demander comme je vais, vraiment, croyant qu'elle doit l'entendre, que je dois me dire tout haut. Non ; je serre les dents, pour une énième fois dans ma vie. Je prends sur moi, et j'attends que le vent tourne. “Ha. Non, Jodie, tu ne veux pas. Je t’assure.” je souffle, les mains dans les poches pendant que nous avançons lentement dans le parc, et le regard bas posé sur mes chaussures tapant dans un caillou de temps en temps. “Tu n’as aucune envie de m'entendre déblatérer à propos de Joanne qui est folle amoureuse de son ex, de Daniel dont je ne pourrais même pas te donner des nouvelles puisque je ne le vois plus en ce moment -mais il a bien grandi, il a un an et demi maintenant.” J'imagine qu'il va bien. Tant que sa mère ne m'informe pas du contraire. Tant qu'elle ne me force pas à le voir. “Je ne te raconterai pas la dernière fois que je suis tombé sur le type qui a voulu me mettre derrière les barreaux, ni comment Hannah s'en est fait son nouveau joujou.” Longue histoire, sans intérêt. Hannah n’a plus sa place d'antan dans ma vie. Saul Masterson appartient au passé. J’ai laissé tout cet épisode de ma vie derrière moi, qu'importe qu'on veuille s'obstiner à me voir comme un monstre. Je suis toujours là et j'avance enfin, voilà ce qui importe. “J’ai quasiment installé une tente dans mon bureau de GQ, je ne fais que ça, j’essaye de…” d’oublier, de l'oublier elle, d’occulter ces rêves idiots, ce qui est arrivé, ce qui n'arrivera jamais. De m’oublier moi, tandis que je me noie dans le travail, attendant l'impulsion qui m'inspirera à nouveau l'envie de vivre pour plus que cela. “J’attends que ça fasse moins mal avant d’envisager de tout simplement aller de l'avant. Et en attendant… j’envoie à peu près tout le monde valser pour mieux leur reprocher ensuite de ne pas être restés pour me supporter.” Illogique, cruel, snob ; j’essaye de faire croire que je le fais pour mon entourage, pour leur épargner ma compagnie, la réalité est que je veux, j'attends, j'ai besoin d'être rattrapé, réclamé, rassuré. Je me persuade que les plus solides resteront malgré tout, pardonneront, comprendront. Le fait est que si c'est ainsi que je traite amis et ceux qui tentent de l'être, alors il est parfaitement juste que je sois à mon tour rejeté. L’art de créer sa propre tour de solitude. “Tu ne veux pas ramasser les petits bouts, Jodie, et tenter d'en recoller quelques un, parce que je suis désolé de te dire que ce n’est pas possible. Ce n'est pas ton rôle aujourd'hui. Et je ne veux pas que tu perdes ton temps.” Elle essayera quand même. Je le sais. C'est plus fort qu'elle, c'est sa nature. Avec un peu de chance elle fera mine de me laisser baigner dans mon déni et la fuite de ma douleur. Malgré tout, à partir du moment où elle entrevoit la détresse, ses actions seront guidées par cela. Là encore, ce sera inutile. De sa part, je ne peux aucune peine, aucun trop plein de compassion. La brune a déjà bien assez à faire avec ceux qui ont véritablement besoin d'aide, et qui en veulent. “Ce que tu veux, c'est le Jamie content d'être là, de te voir, et qui peut te montrer tous les endroits sympas de la ville. Ce grand abruti là. Je pense que nous avons tous les deux bien besoin de lui…” Je soupire, hausse les épaules, force un sourire. Souris pour de vrai rapidement. Nous sommes arrivés près des food trucks, dont l’un d'eux est ironiquement nommé le Ritz. Un peu de tout, pour tous les goûts. “Mais avant tout, ma chère ; de la diététique.” Cela me rappelle les micro traiteurs de Camden Town où nous allions parfois prendre une barquette de curry avant d'aller s'installer dans un parc pour déjeuner. Nous allions descendre la rue pour humer toutes les effluves de nourriture et décider, au nez, quel serait le menu du jour.
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Message(#)— home is where the heart is (jadie) EmptyDim 30 Juil 2017 - 1:23

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— Jamie Keynes & Jodie Patterson —

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C'est fou comme le changement est inévitable dans la vie humaine alors qu'elle a l'impression d'être la seule à qui cette règle ne s'applique pas. Depuis le point tournant de la perte d'Oliver, elle est la même. Cette fille désespérée à aider les autres plutôt que de se questionner sur ce qu'elle veut vraiment. Jamie pourrait lui demander comment elle va et elle n'aurait pas grand chose à dire. Mais lui... tant de choses ont chamboulé sa vie. Et comme toujours, elle ne peut rien faire que d'écouter. Découvrir un Jamie avec un lourd fardeau sur les épaules qu'elle ne peut même pas alléger. Elle écoute son discours, les sourcils froncés. Elle déteste le voir dans cet état. Il ne mérite pas tout ce qui lui arrive. Et elle a beau savoir certains détails de tout cela, elle ne peut tout simplement pas croire que le Jamie qu'elle connaît puisse se montrer violent et que quelqu'un ait voulu le faire arrêter pour cela. Elle n'a jamais vu ce côté-là de lui et elle fait partie de ceux qui doivent le voir pour le croire. Elle n'a pas de mal à l'imaginer être père cependant. Il trouve dommage qu'elle n'a pas eu l'occasion de rencontrer Daniel. Il y a tant de choses qu'elle a manqué dans sa vie, se concentrant trop sur sa mission de sauver le monde. Elle a même un peu l'impression qu'elle a abandonné Jamie. Peut-être que si elle avait été présente pour lui ses dernières années, rien de tout ce qui lui est arrivé se serait produit. Même dans un cas comme celui-là, elle a l'impression qu'elle doit tout porter sur ses épaules. Elle voudrait tellement que la vie soit plus simple. Que personne ne souffre, que tous soient égaux. Mais la vie est laide et elle doit profiter de beaux instants quand ils viennent. Comme celui-là ; cette charmante promenade au milieu des arbres et de l'herbe verte. Elle n'est pas surprise de le voir refuser de s'apitoyer sur ses dernières mésaventures. Probablement qu'elle dirait la même chose. « Tu me connais très mal si tu crois que j'vais pas essayer de te ramasser à la petite cuillère. Qu'on le veuille ou non, c'est dans ma nature, tu le sais bien. » Et elle est sincère. Bien qu'elle ne sait pas comment, ni quoi dire, elle veut au moins essayer de lui remonter le moral. Ne serait-ce que par sa présence à Brisbane. Elle ose espérer que ce sera suffisant.

C'est plus fort qu'elle... quand elle voit une âme en détresse, elle sent le besoin urgent d'agir. De peur de se sentir aussi impuissante qu'à la mort d'Oliver. Chose qu'elle s'est promise de ne plus jamais laisser passer. Plus jamais. Il n'y avait qu'eux deux pour surmonter le suicide d'Oliver puis l'environnement hostile dans lequel ils vivaient à Gaza. Elle n'avait eu besoin que de sa présence pour oublier les horribles choses qu'ils voyaient dans la journée. Et elle est là aujourd'hui, et le sera toujours. Quoi qu'il arrive. Il le sait. « Et ne t'avise pas d'essayer de m'envoyer valser comme les autres. » ajoute-t-elle avec cet air moqueur de mère qui gronde son enfant. Elle n'a pas emmenagé à l'autre bout du monde pour se faire ignorer par la personne la plus importante dans sa vie. S'il essaie de la tenir à distance, il va vite se rappeler qu'elle peut être aussi têtue que lui. « Ok, Jamie le grand abruti. Je vais me contenter de dire ceci ; si jamais tu as besoin de moi pour quoi que ce soit, je serai là. Qu'il soit deux heures du matin ou en pleine tempête. » Elle aurait bien envie de le questionner davantage et de comprendre tout ce qui peut lui passer par la tête mais il a raison ; elle veut profiter d'une agréable soirée. Se plonger dans les douleurs du quotidien ne ferait que ternir leur balade. Alors elle répond à son sourire d'un encore plus sincère.

Arrivés au milieu des chariots de nourriture, elle est envahie d'odeurs plus alléchantes les unes que les autres. Elle réalise alors qu'elle meurt de faim et qu'elle n'a mangé qu'un bout de croissant le matin. Parfois, elle se demande où elle trouve l'énergie qu'elle a pour continuer. Ils défilent à travers ce long corridor de bouffe et tout ce qu'elle arrive à penser c'est qu'elle pourrait absolument tout acheter et elle ne serait pas rassasiée. « Ah oui, des bons repas santé. Je sais pas pour toi mais je serais bien tentée par ces hamburgers. J'en prendrais deux s'il vous plaît. » termine-t-elle à l'intention du cuisinier derrière le chariot où ils viennent de s'arrêter. Elle apprécie déjà son plat alors qu'elle n'y a pas encore goûté. Tout ce qui s'éloigne de la nourriture prétentieuse qu'on lui servait au manoir familial est un délice pour son palais. Elle se doute que Jamie la connaît trop bien, c'est pourquoi il l'amène ici plutôt qu'un restaurant chic. Et elle lui en est reconnaissante. Qui plus est, elle adore la nature et une balade dans ce magnifique parc lui permet d'oublier toutes les tâches qui l'attendent déjà à la maison. Bien qu'elle se sent encore comme une étrangère, ici dans ce parc avec Jamie, elle a l'impression d'avoir trouvé où elle se sent chez elle. « Alors c'est ça vivre normalement ? Sans avoir peur qu'une bombe nous tombe sur la tête ? Je t'avoue, je ne suis pas habituée. J'aurai probablement besoin d'aide pour m'y faire, tu me diras tous tes trucs. » Le petit sourire sur les coin de ses lèvres témoigne de son tempérament amusé et léger. Elle a presque oublié à quoi ressemble un quotidien où elle ne voit pas des enfants mourir dans les flammes d'un pays en guerre. À la place, elle se surprend à regarder passer une petite fille qui tient la main de sa mère, avec une énorme glace à la vanille dans à la main.
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Message(#)— home is where the heart is (jadie) EmptyVen 4 Aoû 2017 - 20:39

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Jamais ne peut-on rencontrer une âme plus généreuse et désintéressée que Jodie sur cette Terre, c'est une chose dont je suis persuadé. Dieu seul sait quand est-ce que la jeune femme s'accorde le droit de le service à elle, à ce qu'elle veut, à ce qu'elle mérite, si tant est que cela lui traverse parfois l'esprit. Ce n'est pas une nouveauté, ce n’est pas un acquis ; la jeune femme est née ainsi, et déjà lorsqu'elle côtoyait Oliver, elle faisait passer mon frère loin devant elle. Elle était là, elle partageait ses souffrances, sa détresse ; elle était pleine d'empathie sans rien pouvoir faire de plus, mais au moins cela me donne la conviction qu'il n’est pas parti parce qu'il se sentait seul. Il ne l'était pas, et il aurait été cruel de sa part de croire le contraire. Il est parti parce qu'il avait entrevu la vie toute tracée devant lui, et qu'il n'y avait pas d'échappatoire. Pas à ses yeux. Ce n’était pas lui. Et si mes parents ont toujours chanté les louanges du fils parfait qu'il était, c'était sans avoir la moindre idée de qui Oliver était, mais en adorant tout ce qu'ils projetaient sur sa mémoire, tout ce dont il voulait échapper. Du reste de cette grande famille, de ses amis, de son entourage, je doute, à dire vrai, que qui que ce soit puisse véritablement mettre le doigt sur le garçon qu'était Oliver. Mais Jodie avait gagné son coeur, et je gardais ses secrets. D'une certaine manière, nous sommes, à nous deux, ce qui reste de lui de plus vrai. Et je m’estime heureux, chanceux même, d'avoir eu quelqu'un comme Jodie pour partager mon chagrin, mais aussi tant d'autres épreuves. C'est une amie fidèle, loyale, si dévouée. Bien sûr qu'elle tentera de me réparer, même si je lui demande de ne rien en faire. “Je le sais bien.” je murmure avec un petit sourire attendri. J'espère qu'elle sera celle qui restera. Celle qui prendra mon parti, qui se battra pour moi, avec moi, et même contre moi et mes démons qui me poussent à rejeter tout mon entourage dès que je me sens en détresse. J'espère qu'elle sera celle qui tiendra bon pour moi, toujours présente pour m'empêcher de me sentir seul, mal aimé et détestable. “Je vais essayer, je ne promets rien. Je ne sais plus tenir de promesses en ce moment de toute manière.” je réponds en haussant les épaules ironiquement. Moi qui ait toujours eu une seule parole, des mots gravés dans le marbre, capable de se tenir à ce qu'il jure contre vents et marrées, il n'en est plus rien désormais. Je ne me fie plus à ce que je pensais savoir de moi et de l'existence humaine. Une conviction naît un jour et se retrouve ballottée le lendemain. Non, je ne sais plus ; je ne sais plus rien, et plus rien n'est sûr. Je suis simplement là, toutes armes baissées, sans murs, sans frontières, sans repères. J'attends que les formes, les couleurs et les sensations fassent sens à nouveau. J'attends un signe, peut-être un miracle. Même si attendre n'est pas forcément la solution. C'est au moment où je m'y attendais le moins que le destin, la vie, le ciel a fait atterrir Jodie sur le sol australien dans un grand coucou métallique. Au moment où j'en avais le plus besoin. “Tu fais bien de me préciser, parce qu'on a bel et bien eu une tempête ici l'année dernière. Du coup je saurai qui appeler.” j'ajoute en arborant un air idiot, celui qui n'est capable que de faire une première écoute des paroles et les prendre au pied de la lettre, sans comprendre que Jodie, encore une fois, m'assure qu'elle ne me laissera pas tomber. Alors plus sérieusement, je prends une de ses mains et la porte à mon visage pour y déposer un baiser furtif, et souffler un discret “merci”.

Aux food trucks, Jodie jette son dévolu sur les burgers proposés par un vieux Airsteam réaménagé, celui tenu par Reda, immigré, la cinquantaine bien tassée, qui se plaint souvent de son dos mais complètement gaga de ses filles -et de baseball, seul point qui lui fait regretter de ne pas avoir eu au moins un fils avec qui aller aux matchs. Il porte d'ailleurs la casquette de l'équipe locale. Reda adore Brisbane et tout à propos de cette ville l'enthousiasme. Les nouvelles têtes d'autant plus. Il se penche par-dessus son comptoir afin de me serrer la main, un large sourire aux lèvres. Dire que je suis un habitué serait un grand mot, mais fut un temps où j'étais un consommateur assidu. Avant de rencontrer Joanne, quand j'étais célibataire et parfois fainéant. “Salut, ça va oui. Tu m’en fais un végétarien, comme d’habitude ?” C'était une des raisons de mon abonnement ici, le steak de légumes qui n'était pas mauvais du tout. J'ai arrêté la viande assez tôt dans ma vie et j'ai pu constater qu'être végétarien, aux yeux de la majorité des personnes, s'assimilait à un être se nourrissant uniquement de salade, alors qu'il était particulièrement plaisant d'avoir droit, moi aussi, à un bon burger pour accompagner celui de Jodie, plus carnivore. “Deux burgers qui roulent. Et qui est la jeune femme avec toi ? Je ne vous ai jamais vue dans le coin.” “Jodie, une amie. Elle vient de s'installer à Brisbane, je lui montre les bonnes adresses et tu es notre premier arrêt.” Il rit grassement, d'un rire communicatif, d'un sourire contagieux. “Ah ! J’suis flatté, et vous êtes bien charmante miss Jodie.” Elle l'est, il faut l'admettre. Jodie a cette beauté pure, cette légèreté hypnotique qui émane d'elle et qui la rend presque impossible à rater où qu'elle aille. On ne peut s'empêcher de la regarder, de scruter, d'admirer, d'observer ses mimiques et le mouvement délicat de ses lèvres à chaque mot qu'elle prononce. Elle a quelque chose, Jodie, quelque chose que la majorité des femmes n'ont pas, un je-ne-sais-quoi. “Tu remarqueras que l'air est presque pur, tu peux respirer à grandes bouffées et voir le ciel. Pas mal hein ?” dis-je en pointant la grande étendue bleue au-dessus de nos têtes et qui, au loin à certaines hauteurs de la ville, se confond avec l'étendue au sol, l'eau de la mer qui se confond avec l'Océan, et tout au bout, loin, très loin, cette Amérique du sud que j'ai toujours rêvé de visiter. Pas de guerres sur cette grosse île, pas de peur à avoir. Même le terrorisme est une préoccupation qui paraît lointaine. “Il n’y a pas vraiment de truc. Je n’y pense pas, je n’en parle pas, c'est tout. Je suppose que ça peut paraître sans cœur, mais… j'estime que j’ai eu mon rôle et que en ai terminé avec depuis longtemps. Je ne veux pas garder une partie de moi coincée là-bas.” Jodie en a choisi autrement et elle a toute mon admiration pour cela. “J’ai bien assez à penser ici pour être honnête.” Je le sais, cette phrase est usée, crachée à tout va par tous ceux qui ne veulent tout simplement pas admettre que, option une, ils s'en fichent ou ne se sentent pas concernés, option deux, ont de la compassion mais vivent mal leur impuissance vis-à-vis des événements de l'autre bout du globe. Tout cela pour dire que c'est la phrase typique de la personne qui se dédouane, et sûrement est-ce mon cas. Après avoir perdu ma fiancée, vu ma famille coupée en deux, après avoir perdu mon père, envoyé ma mère chez les fous, après avoir perdu l'esprit plus d'une fois en vingt ans, perdu entre ce qui était réel et ce qui n'était que le fuit de ma paranoïa ; après avoir beaucoup vécu trop vite, trop tôt, trop intensément, j'estime que mes priorités sont ailleurs. Comme faire en sorte d'aller de l'avant. Les burgers sont rapidement prêts, emballés dans du papier, disposés dans un sac, et payés. “J'espère que vous apprécierez. À la prochaine Jay. Miss Jodie.” Je remercie Reda et le salue d'un signe de tête. Nous trouvons un banc où nous installer plus loin. Pas de nappe blanche, de banquette confortable, pas de cloches, de vin assorti, pas de couverts dédiés (pas de couverts tout court), pas de serveur, pas de toit, pas de règles. Et c'est comme ça que la vie doit être faite. Un banc, un burger, une amie. Comme ça, et pas autrement. “J’aurais aimé être là à l'inauguration de UBA. Je sais à quel point ça te tient à coeur. Mais tu me mettras sur la liste des invités pour les prochaines occasions, et je t'offrirai une danse pour me faire pardonner.” je reprends avant de prendre une grande bouchée, quasiment assuré de m'en mettre partout à un moment donné.
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Message(#)— home is where the heart is (jadie) EmptyMar 8 Aoû 2017 - 13:18

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Un sentiment de déjà-vu la prend aux tripes. Voir Jamie se fermer de la sorte lui rappelle trop Oliver. Comme son frère, Jamie est un homme complexe, brillant et vif. Un homme qui peut se montrer lumineux un instant puis jouer avec les limites. Heureusement, Jamie ne résiste pas. Il accepte la main qu’elle tend vers lui. L’épaule offerte si jamais il a besoin de s’y soutenir. Elle sait que ça ne sera pas ce soir, ni demain qu’il se confiera. Tout ce qui importe c’est qu’il sait qu’elle est là pour lui. Présence silencieuse et amie dévouée. Elle n’a peut-être pas été présente ses dernières années et elle ne connaît pas tous les détails de ce qui a pu arriver mais ce qu’elle sait, c’est que Jamie mérite d’être heureux. Peu importe ce que cela implique. Elle a été choquée d’apprendre tout ce qui lui est tombé dessus depuis leurs dernières retrouvailles. Il est passé d'un extrême à l'autre. Heureux. Détruit. Si bien accompagné. Abandonné à son sort. D'une certaine manière, elle arrive au meilleur moment dans sa vie. Elle aurait été torturée de le voir chaque jour, heureux mais sans elle. « Ne dis pas une chose pareille. L'erreur est humaine et je crois que le meilleur est à venir. C'est pour ça que je suis là, ou une des raisons en tout cas. » Rien arrive sans raisons, elle en est persuadée. Quand il lui prend la main pour venir y déposer un baiser de remerciements, elle arrête de respirer. Le temps s'arrête, son coeur s'arrête. Tout s'arrête autour d'elle. Pourquoi faut-il qu'elle soit ainsi hantée par ses sentiments insensés. Sentiments qui ne seront jamais partagés, c'est certain.

Au stand de food, elle remercie le charmant cuisinier qui lui fait tant de compliments. Jamie et lui semblent s'entendre très bien, l'ambiance chaleureuse qui s'installe donne le sentiment à la brune qu'elle se sentira bien dans cette ville. Les cuisiniers de rues à Londres sont déprimants, impolis. Il faut chercher activement pour trouver le petit coin parfait pour avoir un semblant de sourire des commerçants. « Vous êtes gentil. Merci. » Elle reste polie et humble, un simple sourire sur la lippe. Ses manières de Lady refont parfois surface, surtout quand elle essaie de bien paraître face à un inconnu. D'un côté, elle sait que c'est son éducation qui lui permet de si bien réussir à diriger UBA aujourd'hui. Elle suit par la suite Jamie jusqu'à un coin pour manger tout cela. Il y a longtemps qu'elle n'a pas profité d'une soirée comme celle-ci. En toute simplicité. Elle n'aurait jamais cru que ça lui ferait tant de bien. Elle a le sentiment d'avoir étouffé sous l'eau pendant toute sa vie et d'enfin atteindre la surface pour inspirer à fond. Alors qu’elle avale de grandes bouchées du premier burger, l’explosion de saveurs la comble de bonheur. Elle ne s’est pas sentie aussi bien depuis une éternité. Nouvelle ville, nouveau départ. Et Jamie à ses côtés pour l’accompagner dans tout ce changement. Elle ose espérer que les océans qui la sépare de l’Angleterre et du Moyen-Orient lui permettront d’oublier les souvenirs. Selon Jamie, il n’y a pas de truc. Il a laissé cette époque de sa vie derrière lui. Elle voudrait que ce soit si simple. Elle a malheureusement passé bien plus de temps là-bas que le jeune homme pour mettre derrière tout ce qu’elle y a vu. Elle n’ajoute rien pour le moment, trop occupée à dévorer son burger qui vient de lui être servi. Lorsqu’il avoue avoir aimé être là au coup d’envoi de sa fondation, elle sourit malgré sa bouche pleine, obligée de mettre la main devant ses lèvres pour ne pas avoir l’air ridicule. Elle termine d’avaler la délicieuse nourriture et pose un moment le burger et son emballage sur ses genoux. « Je ne manquerai pas de t’inviter. Tu n’as pas à te faire pardonner. » Jamais. Pas avec elle en tout cas. « Mais je ne dirai pas non à une danse, ça c’est certain. » Elle rêve de ses bras autour de son corps délicat et une danse est ce qui se rapproche le plus d’une telle intimité. Celle qu’ils avaient à Gaza est restée sur cette terre écorchée. Elle voudrait bien retrouver la chaleur de ses étreintes, et tout le réconfort que ça lui procure mais elle n’ose plus espérer.

Il a continué à vivre sa vie de son côté. Il a été amoureux, fiancé, il a un fils. Et bien qu’il a été trahi, elle ne l’a jamais vu que comme une amie et petite amie de son frère. Même si celui-ci n’est plus là, elle s’accroche encore à lui sous la forme de Jamie. Elle voudrait arrêter de ressentir cette tempête d’émotions mais elle n’arrive pas à contrôler les battements de son coeur qui s’emballe à la simple idée de partager une future danse avec lui. Pour éviter de se laisser aller à la rêverie, la brune prend une nouvelle bouchée du burger. « Si jamais tu as besoin d'aide avec la fondation d'Oliver, je suis toujours disponible. » En réalité, elle n'a pas beaucoup de temps car UBA prend tout son temps. Mais pour la cause d'Oliver, elle fera toujours du temps. « J'aurais voulu qu'on puisse passer la fête de sa mort ensemble. Ça n'a pas été facile, je dois bien être honnête. Tu peux croire que ça fait déjà vingt ans ? Est-ce que je suis si vieille que ça ? » lâche-t-elle avec un rire incrédule. Connaître une telle tragédie amoureuse à un si jeune âge... Personne ne devrait traverser cela. Pourtant là voilà, vingt ans plus tard, incapable de passer à autre chose hormis de s'accrocher sous la forme du frère à ses côtés. « Je suis contente d'être ici aujourd'hui, en tout cas. Tu avais raison, Brisbane est très acceuillante. » Elle a rarement regretté une décision dans sa vie et elle a le pressentiment que de venir habiter ici viendra confirmer la règle. Il est temps qu'elle arrête de courir sous les bombes. Tenter le destin n'est pas une bonne idée et elle a compris le message après être tombée malade. Plus ou moins... Elle continuera toujours de s'acharner à aider les autres mais au moins, elle est en sécurité à Brisbane. Elle est en sécurité auprès de Jamie, qui lui a tellement manqué qu'un sourire flotte sans arrêt sur son visage. Est-ce qu'on se sent toujours ainsi quand on a le sentiment d'être légère ? Sans le poids du monde sur les épaules. Sans le deuil qui étouffe ? Si c'est cela, elle est là pour rester.
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Message(#)— home is where the heart is (jadie) EmptyDim 13 Aoû 2017 - 12:27

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Les événements ayant inévitablement menés à ma séparation avec Joanne ont eu bien des impacts ; comme une bombe larguée au milieu de l'océan, elle s'enfonce en profondeur pour cause des dégâts invisibles à la surface, elle atteint le coeur, puis dans son explosion, elle forme des remous, des vagues devenant de plus en plus grandes par la force des courants, et ces vagues s'échouent sur bien des rivages avec chacune leur intensité. J'ai perdu Joanne, j'ai déchiré ma famille en deux, mais cela ne s'est jamais résumé qu'à cela, et bien d'autres poids sont sur mes épaules afin de m'empêcher de me relever. Après le scandale, tout a changé, et je me suis senti comme ces enfants qui étaient emmenés sur les ruines de leur maison après une attaque afin de tenter de récupérer les objets vitaux ou précieux. Je me suis accroché à tout ce que je pouvais. Puis j'ai appliqué le genre de sagesse qui a toujours été trop rare dans ma vie ; parfois, la meilleure manière de combattre le courant, c'est de le laisser nous emporter. Et j'ai été frappé de plein fouet par toutes ces vagues, j'ai chaviré durant des mois, le périple n'est pas encore terminé. Je serai toujours le type qui a frappé sa fiancé pour quelqu'un. La mémoire est de plus en plus longue de nos jours, et les erreurs tenaces. Nous nous croyons tous plus tolérants que nous ne le sommes vraiment, alors que nous sommes tout simplement devenus des experts dans la dissimulation de tous les jugements dont nous sommes chargés. C'est un monde d'étiquettes, plus que jamais, certaines pour l'apparence, d'autres pour les actes, et je sais ce qui est accroché à mon front. Je sais que ça le sera pour un long moment. Ainsi, j'aurais pu perdre mon travail à la radio ; à la place, je m'y suis senti comme un paria jusqu'à ce que je puisse m'en aller. Le siège chez GQ m'a été offert, à l'unique condition de redresser la barre, et c'est ce que je me suis évertué à faire. J'ai déménagé, ne pouvant plus supporter de rester sous le toit où nous avions vécu tant de choses ; j'ai emménagé juste assez loin pour avoir l'illusion qu'une fine frontière me sépare de Joanne. J'ai repris la thérapie à un rythme soutenu, ainsi que la médication, parce que mon tempérament, mes émotions qu'ils appellent mon trouble, tout ce que je suis, n'est pas acceptable. Ceci est ma nouvelle cage. Et parmi les dommages collatéraux, il y a la fondation d'Oliver. Toujours debout, toujours en fonctionnement, rien n'a changé pour l'établissement en Angleterre, mais en Australie, l'impulsion que la petite blonde avait inspirée a été avortée. Je me suis rendu de plus en plus extérieur à tout ceci, déléguant autant que possible afin que ma disgrâce n'atteigne pas la cause qui me tient tant à coeur. Aujourd'hui, la poussière retombe à peine, mon nom se décrasse doucement, et peut-être est-ce le temps de m'en occuper à nouveau -avec l'aide de Jodie, puisqu'elle le propose ; « C'est gentil. Depuis que Joanne a rendu son tablier, j'ai engagé quelqu'un d'autre, basé à Londres. On a du mettre en suspend le projet de Brisbane par manque de temps, et parce que ça n'était plus le bon moment… Mais j'espère le relancer bientôt, tout était quasiment prêt, je ne peux pas juste abandonner. Si tu veux t'y joindre, tu es la bienvenue. » Joanne voulait faire bâtir tout un complexe un peu en bordure de la ville, un bâtiment particulièrement écologique où les jeunes et les familles pourraient se retrouver et se réinsérer en douceur avec la nature comme vecteur. Les plans étaient prêts, le terrain choisi, il ne manquait que le feu vert et la campagne de recrutement pour peupler cet endroit. C'était un projet parfait qui mérite tant de voir le jour. Néanmoins, Jodie sera déjà particulièrement prise par sa propre association, et même si je sait qu'elle aidera avec plaisir, il n'était pas question de l'user. Il me paraît également plus important qu'elle se concentre sur son propre projet. Nous avons un deuil commun, mais je me suis souvent évertué à pousser la jeune femme à aller de l'avant, à ne pas laisser sa vie sur pause à partir de ce soir-là, il y a vingt ans. Elle doit avancer. Le temps passe et les morts ne reviennent pas ; la vie d'Oliver s'est arrêtée, mais pas la nôtre. « Eh oui, tu commences à avoir tes premières rides, ça y est. » je la taquine avec un petit sourire. Pour ma part, j'ai les tempes grisées depuis l'aube de mes trente-cinq ans, alors les signes de l'âge ne me font aucunement peur ; c'est une fatalité avec laquelle je vis sans rechigner, et sans chercher à les masquer. Je me suis souvent demandé, et je crois que Jodie aussi, à quoi aurait ressemblé Oliver à notre âge. Je lui ai imaginé des visages qui ne m'ont jamais complètement convaincu. Puis je regarde en arrière, et je me rends compte que les traits de mon frère deviennent plus flous avec le temps, comme la pluie faisant baver l'encre sur le papier. « Ca n'a pas été facile, non… Ca fait vingt ans, mais dans ces moments-là, on dirait soudainement que c'était hier. » Avant de m'envoler avec Joanne pour Londres et le gala de la fondation, j'avais été complètement dénué de toute énergie, de toute volonté durant quelques jours. Je ne pouvais quasiment pas quitter mon lit. Et je me demande s'il y en a d'autres, des personnes comme nous, qui portent encore un deuil aussi présent, intense, des dizaines d'années plus tard, à chaque date anniversaire. Je me demande si cela finira par s'estomper, ou si, tous les ans, le temps remontera jusqu'à ce soir précis qui nous a tous meurtris. En quittant Londres, j'ai aussi fui ce fantôme. Vivre pour deux ne fonctionnait plus, je devais penser à moi, à ma propre vie qu'il était impossible de partager avec un mort. Il n'était pas là, il ne l'était plus, alors pourquoi s'accrocher si fort pendant si longtemps ? Quand j'ai pris mes billets, j'avais décrété que j'en avais assez. Je devais laisser cette peine derrière moi. Pourtant les certitudes, comme les rêves, sont faits pour mourir. Et un deuil laisse place à un autre, celui de ce mariage qui n'aura jamais lieu, et de cette famille désunie. « C'est la terre des secondes chances. » je souffle. Des nouvelles vies. « Je suis certain que Oli aurait adoré. Enfin… C'est l'endroit parfait pour aller de l'avant, et mettre le passé derrière soi. On est si loin de Londres ici que toutes les années passées là-bas, et le monde qu'on connaît là-bas, semble appartenir à une autre vie, la vie de quelqu'un d'autre. Maintenant tu peux être absolument qui tu veux. Et ça, c'est une vraie chance. » A condition d'en faire bon usage. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, j'arrive au bout de mon burger. Je m'en lèche littéralement les doigts avant de finir d'essuyer la graisse sur ma serviette, et je termine également mon soda pour faire glisser le tout. « C'était bon, hm ? N'hésites pas à revenir, je suis sûr que Reda sera absolument ravi de te revoir de temps en temps. » dis-je avec un petit rire, le regard malicieux. Puis je quitte le banc et invite Jodie à faire de même. Nous n'allons pas rester là toute la soirée, pas quand il y a mieux à faire, et pour cela j'ai une idée ; « Allons vers la plage. Quand tu auras vu ça, tu oublieras même que Londres existe. » Une promenade sur les berges de la Tamise ne valent certainement pas la sensation prodiguée par le sable sous les pieds et les vagues venant les caresser régulièrement. Et même les plus beaux monuments de la capitale anglaise, ou les buildings de la City, ne valent pas quelques palmiers et un couché de soleil flamboyant. « Mais nous avons besoin d'une glace pour le chemin. » Toujours, les priorités. Alors c'est avec deux cornets que nous quittons le parc afin de nous rendre à la plage. Toute la concentration nécessaire pour ne faire tomber aucune boule de crème glacée ou éviter que celle-ci ne fonde à la vitesse grand V en tâchant nos vêtements au passage empêche toute conversation pendant quelques minutes, mais pas les regards complices et les petits sourires mutins, notamment quand j'ai de la vanille sur le bout du nez, et elle sur le menton. J'arrive au bout de mon cornet quand le sable est dans notre champ de vision. Immédiatement, je retire mes chaussures et les prend à la main, accompagné de la belle brune s'est sûrement trop rarement accordé le temps de flâner sur la plage.
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Message(#)— home is where the heart is (jadie) EmptyJeu 28 Sep 2017 - 0:39

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Ce burger est délicieux. Ce petit instant hors du temps en compagnie de Jamie l’est tout autant. Elle n’aurait pas pu souhaiter mieux en arrivant ici. Au départ, elle avait été inquiète. Incertaine de faire le bon choix. L’inconnu restera toujours terrifiant même pour une vagabonde comme elle. Elle se rappelle quand elle est descendue de l’avion pour se rendre à Gaza. L'incertitude. Un monde complètement étranger. À présent, le passé se répète car c’est encore avec Jamie qu’elle affronte l’inconnu. Et heureusement, Brisbane n’est pas une zone de guerre. Ce n’est pas un pays déchiré par les conflits. Ce n’est qu’une ville comme une autre. Rien d'effrayant. Rien de dangereux à chaque coin de rue. Pourtant, elle n'est toujours pas totalement à l'aise. Par chance que le jeune homme est là pour lui montrer le coin. Il est son guide, le plus important pilier dans sa vie. Ce n'est pas étonnant qu'elle se tourne vers lui pour trouver le nord. « Raison de plus pour moi de t’aider. La fondation d’Oliver est trop importante pour la laisser en suspend. Ce serait une façon pour moi d’honorer sa mémoire. » Parce que si elle ne fait rien, dès qu’elle se retrouve seule dans son appartement, le passé la rattrappe et la tourmente. Oliver lui manque énormément. Son rire contagieux, l'odeur familière de son parfum et la chaleur de ses étreintes. Sa simple présence à ses côtés et ses doigts qui se mêlent aux siens avec tendresse. Sa façon particulière de pencher la tête sur le côté quand il écoutait avec attention les anecdotes de sa journée. Ce sont des milliers de petits détails de ce genre que faisait d'Oliver le jeune homme qu'il était. Celui qu'elle aimait avec une telle passion qu'elle fait echo encore aujourd'hui.

Elle voudrait arrêter de l'aimer juste pour un instant. Avoir un moment de répit. Chose difficile à faire maintenant qu'elle est venue rejoindre Jamie à Brisbane. Peut-être qu'elle aime se faire mal. C'est la seule chose qui explique sa venue ici. Chercher à comprendre ne sert à rien. Elle est là. Elle s'est installée en ville et espère ainsi trouver enfin un foyer. Un endroit où elle se sent à la maison. Londres n'a jamais été sa maison même si elle y est née. Peut-être que Brisbane le sera. Et comme son compagnon de soirée le fait remarquer, elle n'est plus toute jeune. Elle sait que Jamie la taquine. Elle n'a que 36 ans... pas 50 ans. Mais c'est étrange comme elle se sent vieille parfois. « On est plus des gamins, ça c'est clair. » Un léger ricanement la secoue. Pas après tout ce qu'ils ont vus. Pas après tout ce qu'ils ont vécu, que ce soit ensembles ou chacun de leur côté. Dès qu'ils terminent de manger, elle le suit. Elle lui fait entièrement confiance et son idée de prendre une crème glacée lui plaît.

C'est dans le silence qu'ils se dirigent vers la plage et Jodie en profite pour savourer son cornet. Le goût de vanille vient plaquer un sourire sur ses lèvres sans qu'elle en ait conscience. Ou bien est-ce les regards complices qu'elle échange avec Jamie ? « Wow… la dernière fois que j’ai vu du sable, c’était en Égypte, quand les soldats américains m’amenaient d’urgence à l’aéroport. Mais ce sable-là était synonyme de guerre et de désolation. Ici c’est si… paisible. » Le son des vagues qui glissent sur la berge a de quoi d'apaisant. Elle commence à comprendre pourquoi Jamie a adopté cet endroit. C'est si loin de l'atmosphère mausade de la capitale anglaise qui ne voit pratiquement jamais la lumière du soleil. Voyant que Jamie retire ses chaussures, elle l'imite. Elle prend ses talons dans l'une de ses mains et commence à avancer sur la plage sans quitter l'horizon du regard. Là-bas, le soleil commence à se coucher. Il donne un aspect enflammé aux quelques nuages. Quelques étoiles commencent à apparaître dans le ciel. « En tout cas, merci pour le souper. Je viendrai voir Reba à nouveau c'est sûr. » Le duo s'avance sur la plage et, tout en parlant, ils s'approchent de l'eau. Quand les premières vagues viennent danser contre ses pieds, Jodie soupire de contentement. Elle marque une pause, enfonçant ses orteils dans le sable mouillé. « Je dois t'avouer que ça fait du bien d'être loin de Londres. Mes parents me parlaient sans arrêt de mariage. Ils me présentaient les fils de leurs amis à peine quelques heures après que j'aie quitté l'hôpital. Des lords, évidemment. » Elle lance un regard sarcastique au jeune homme. Si y'a bien quelqu'un qui comprend, c'est Jamie. Les deux moutons noirs de l'aristocratie anglaise. Lui et elle. Elle et lui. Avec tant de points communs que s'en est effrayant. « J'espère que tu as raison et que je vais réussir à trouver ma propre voie ici. Il est un peu tôt pour le dire, mais je suis optimiste. » La jeune femme a toujours préféré voir le bon côté des choses même quand il n'y en a pas. Alors elle compte bien donner sa chance à Birsbane ; cette ville de la deuxième chance comme il dit.
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Message(#)— home is where the heart is (jadie) EmptyMar 3 Oct 2017 - 14:17

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i would say once
because you never really left
Il y avait des plages en Angleterre ; des galets gris et noirs, entre les rochers et les falaises escarpées, toutes affublées d'histoires macabres, de légendes, de mysticisme ; du sable épais et froid, compacte, humide près de l'eau opaque qui se retire si loin qu'elle disparait du champ de vision ; rien de comparable aux plages australiennes pour sûr. Même s'il faut souligner que, oui, il arrive au soleil de percer dans le ciel anglais, encore une fois les plus hautes températures de l'Europe ne vont pas au delà de celles du printemps australien. C'est un dépaysement certain, et sûrement pas déplaisant. C'est cliché, mais je suis véritablement tombé sous le charme de la plage, du climat qui règne aussi bien dans l'air que dans le coeur des habitants. Bien souvent j'ai trouvé refuge ici ; je me suis assis au bord de l'eau, les pieds caressés par les vagues, seul avec mes pensées. Quand je le peux, c'est également ici que je balade mes chiens. Je ne doutais pas que cela plairait à Jodie, et c'est pour cette raison qu'il s'agit d’un passage obligé pour cette première promenade. Avançant sur le sable, je la laisse s'extasier devant un paysage encore inconnu. Son esprit doit s'arracher à l'Égypte, à la guerre à laquelle elle a dédié sa vie durant des années. Elle doit se construire de nouveaux souvenirs et tenter d'enfin vivre pour elle. Loin de Londres, loin du Caire, loin des obligations. Est-ce que le deuil, est-ce que le poids du monde, paraît moins lourd sur ses épaules depuis l'autre hémisphère ? Je l'espère. J'espère qu'elle ne regarde pas en arrière, qu'elle n'aura pas de regrets d'ici quelques jours. Après tout, je suis heureux qu'elle soit près de moi désormais, d'autant plus en des temps difficiles. La jeune femme m'avoue qu'à Brisbane, elle échappe à la pression imposée par ses parents qui attendent d'elle un mariage profitable, et peut-être, des petits-enfants qu'ils puissent rencontrer avant de s'éteindre. Jodie ne paraît pas prête à s'engager dans quoi que ce soit de la sorte. Je lui souris, amusé. “Il est plus que temps, à leurs yeux, j'imagine.” Je le sais, en réalité, qu'à son âge, à notre âge, nous devrions déjà avoir une famille à nous. Objectif presque accompli pour ma part, si l'on occulte la séparation, l'éclatement, l'état pitoyable d'un foyer divisé en deux et d'un coeur en bien plus. “Je ne te lâcherai pas.” j'assure à Jodie, prêt à la suivre, l'aider, la soutenir dans tout ce qu'elle souhaiterait entreprendre dans sa nouvelle vie australienne -illustrant par le geste en prenant sa main dans la mienne. Nous poursuivons la balade sur quelques pas encore avant que, soudainement, j’attire la brune dans mes bras, la soulève du sol, et la jette dans l'eau un peu plus loin, traître, mutin et très fier de mon sale coup. Elle lâche ses chaussures à temps et celles-ci atterrissent sur le sable tandis que leur propriétaire, elle, disparaît sous la surface de l'eau dans un grand splash. Lorsque sa tête émerge, trempée et ayant manqué de boire la tasse, j’éclate d’un rire franc ; “D'accord, ce n'était pas tout à fait vrai !” Je m’attends à sa vengeance, à finir aussi mouillé qu'elle des pieds à la tête. Impossible de me couvrir et éviter la vague qu'elle projette vers moi, puis l'autre et encore la suivante. En quelques coups dans l'eau, je suis comme sorti d'un bain tout habillé. Enfoncés dans l'eau jusqu'à la taille, la bataille de poursuit jusqu'à ce que le premier de nous ne deux déclare forfait. Essoufflés, échoués sur le sable, le calme reprend sa place petit à petit, ponctuant les rires nerveux, amusés, soulagés qui s'espacent de plus en plus. Et pendant ce temps, devant nous, le ciel rose tourne au bleu, s'assombrit et marque la fin de la journée.
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