« Le carrosse de Mademoiselle est avancé. Je t'attends en bas ;-) » Le soleil qui se réverbérait contre la façade de l’hôpital éblouissait plus que de raison et avait persuadé Hassan de chausser à nouveau ses lunettes de soleil après avoir retiré son casque. Habitué trouver le parking plein à cette heure de la journée où les visites étaient autorisées, il s’était garé en double-file non loin de l’entrée principale et s’était appuyé contre sa moto pour pouvoir surveiller les entrées et sorties à son aise, un œil sur le tourniquet et l’autre sur le défilement de son feed instagram. Qasim avait cessé de téléphoner depuis plusieurs jours, probablement lassé de n’obtenir que le répondeur comme unique réponse, pourtant Hassan le connaissait suffisamment pour savoir que son frère ne lâchait jamais le morceau aussi facilement ; S’il la mettait en veilleuse cela signifiait très probablement qu’il avait décidé de changer de tactique, rien d’autre, et bien qu’il était à peu près certain qu’elle n’était pas supposée vendre la mèche Fatima avait confirmé ses doutes l’avant-veille en admettant qu’Olivia et lui avaient prévu de venir passer le week-end prolongé du Picnic Day à Brisbane et de laisser les enfants chez les parents d’Olivia. Une idée suggérée par Olivia et Yasmine, dont il ne fallait pas chercher bien loin pour comprendre quel était l’objectif derrière l’initiative, mais qu’Hassan avait malgré tout décidé de ne pas commenter. Au fond c’était elles qui avaient raison. Une esquisse de sourire se dessinant machinalement sur ses lèvres tandis qu’il likait une photo postée quelques heures plus tôt par Priam, le brun avait relevé la tête en entendant son prénom et suivi Yasmine des yeux alors qu’elle sortait de l’hôpital. « Vous avez un bien joli casque, jeune fille. » Quittant la moto pour faire quelques pas vers la jeune femme, il l’avait saluée d’un baiser sur la joue après avoir remonté ses lunettes de soleil sur le sommet de son crâne. « Ça s’est bien passé ta journée ? » Remontant la fermeture éclair de son blouson, il avait profité que cela lui revienne à l’esprit pour ajouter « J’ai un des bouquins de cours que tu voulais, dans mon sac. Le deuxième était déjà emprunté, mais je retournerai voir la semaine prochaine. » Inutile en revanche de lui demander de préciser lequel des deux il avait ramené, il avait déjà préféré donner directement le post-it à la documentaliste de l’université plutôt que de chercher à retenir les titres des ouvrages médicaux. « Prête ? » Remarquant le contrairement au sien le blouson de Yasmine était toujours ouvert et en accord avec la température extérieure plus que clémente, Hassan s’était malgré tout permis de suggérer « Tu devrais le fermer, on ne reste pas à Brisbane y’en a pour une petite heure de route. » Continuant volontairement de garder le mystère sur la destination, il n’avait pas l’intention d’en dire plus, peu importe qu’elle se décide à le questionner ou pas, et se contentait de garder un petit sourire en coin. Attrapant le casque qu’il avait jusque-là laissé poser sur la selle de la moto, il retiré ses lunettes de soleil et l’avait enfilé avant de remonter la visière « J’ai une autre paire de gants si tu veux, ils seront peut-être un peu grands mais ça peut faire l’affaire. » L’idée étant de base qu’ils lui aillent à lui et servent de paire de secours, au cas où il en perdait un de la paire initiale. Faisant passer son sac à dos devant lui, il s’était installé derrière le guidon et avait attendu que Yasmine s’installe à l’arrière et se cale de façon à être à l’aise pendant l’intégralité du trajet. « Tu hésites pas à me faire signe si tu veux que je ralentisse, ou si tu as besoin qu’on s’arrête ? » Pas du genre à conduire à toute allure de façon générale, il était de toute façon d’autant plus prudent avec un passager derrière lui, et plutôt deux fois qu’une avec Yasmine. Yasmine qui ne mettrait probablement pas longtemps à comprendre qu’ils roulaient en direction de Gold Coast, sans que cela ne suffise vraiment à lui en dire plus sur ce qu’ils allaient y faire.

Hassan était dans l’un de ses bons jours. Une de ces journées où sa mélancolie restait tapie dans un coin et le laissait se sentir un peu plus léger, lui accordant un brin de répit. C’était sporadique, et un peu déroutant pour les proches du brun qui voyaient parfois son humeur changer du tout au tout d’un jour à l’autre, comme ça, sans autre raison qu’une difficulté encore réelle à réguler et gérer ses émotions au quotidien. Ils allaient et venaient parfois un peu sans raison, ces bons jours, bien que toujours bons à prendre, mais aujourd’hui nul doute que la perspective de kidnapper Yasmine pour la soirée avait eu une grande influence sur la balance de son humeur. En témoignait le sourire qui avait illuminé son visage lorsque la jeune femme l’avait interpelé en traversant le parking pour le rejoindre « Tu fais très bad boy mystérieux comme ça, on te l’a déjà dit ? » Laissant échapper un léger rire, il avait arboré un ton et un air faussement sévère « Tiens donc, tu traînes avec des bad boy à moto toi maintenant ? Si ta mère savait ça. » Brandissant son casque avec fierté et obtenant un compliment amusé de la part du brun, Yasmine avait assuré d’un ton boudeur « Il manque un peu de rose et de paillettes à mon goût. » avant de déposer un baiser sur sa joue. Retournant à la moto dont ils s’étaient éloignés un instant, Hassan s’était renseigné sur la journée de la jeune femme, lui trouvant au passage meilleure mine que ces derniers temps. « Parfait, j’ai aidé à mettre au monde un petit Ethan, je suis sûre qu’il va devenir un vrai briseur de cœurs vu comme il était mignon. Et la tienne ? » Dodelinant légèrement la tête, faisant ainsi comprendre que sa journée à lui s’était avérée beaucoup moins palpitante, il avait résumé cela à « De la paperasse, trop de paperasse, beauuucoup trop de paperasse. MAIS, il y avait des frites au self ce midi, uh. » avant de néanmoins admettre avec un peu plus de sérieux « J’avais juste oublié le temps et la patience que prenaient le fait de diriger un mémoire, surtout arrivé au second semestre quand tous les élèves se rappellent en même temps qu’il serait grand temps de s’y mettre. » La procrastination étudiante dans toute sa splendeur. Mais puisqu’il en était à parler de cela, il n’avait pas oublié de mentionner les deux manuels dont Yasmine avait espérer l’éventualité qu’ils soient disponibles à la bibliothèque universitaire, et dont il avait pour l'instant été capable de lui dégoter un sur les deux. « T’es parfait. » Son nez se plissant avec un brin d’amusement, il avait remonté la fermeture de son blouson en conseillant à la jeune femme d'en faire de même compte tenu du trajet qui les attendait. Ignorant ostensiblement le « Et on va où ? » qu’elle lui avait lancé, il s’était contenté d'un sourire énigmatique avant d’enfiler son casque.

Proposant une paire de gants qu’elle avait refusé en en arborant une seconde bien plus à sa taille, elle avait justifié « Je me suis dit que j’aurais meilleur temps d’investir. » et arraché un nouveau sourire au brun qui, une fois installé derrière le guidon avait encore pris le temps de lui rappeler de se manifester si elle avait besoin de s’arrêter, ou qu’il ralentisse « Tu peux foncer, j’ai fait ma pause pipi avant de partir. » - « Et prévoyante avec ça, que de points gagnés pour devenir ma copilote attitrée. » Son dernier sourire disparaissant derrière la visière rabaissée de son casque, il s’était finalement mis en route, abandonnant Toowong dès la première bretelle d’autoroute en direction du sud. L’excuse de leurs casques respectifs lui permettant d’ignorer les questionnements de la brune quant à leur destination, Hassan avait quitté l’autoroute deux ou trois sorties en avance pour le simple plaisir de ralentir un peu et leur permettre de profiter du paysage qu’offraient les kilomètres de plage – parfois quasi-désertes à cette époque de l’année – s’étendant jusqu’au quartier de Broadbeach, leur destination finale. « Si tu voulais m’emmener à la plage il y a plus proche tu sais ? » Relevant la visière de son casque maintenant qu’il roulait à faible allure en cherchant un endroit où se garer, il avait fait remarquer avec légèreté « Tu ne peux pas nier que c’est autre chose que nos plages artificielles. » Rien d’étonnant au fait qu’une partie de plus en plus grande des habitants de Brisbane soient prêts à parcourir la centaine de kilomètres qui les séparaient de Gold Coast pour venir profiter de vraies plages. Garant finalement la moto dans l’une des rues adjacentes à l’avenue, il s’était retrouvé affublé d’une fugace sensation de vide lorsque Yasmine avait décroché ses bras d’autour de sa taille pour mettre pied à terre, avant d’en faire lui aussi de même. « Bon, la balade était chouette, cinq minutes de pause et on rentre ? » Le regard que lui avait lancé l’infirmière lui arrachant un léger rire, il avait rangé ses gants dans sa poche gauche, les clefs dans celle de droite puis retiré son casque. « Ou sinon … » Ouvrant son blouson, il avait fouillé dans sa poche intérieure pour en sortir deux billets qu’il avait tendu à Yasmine « … on peut traîner un peu, et attendre que ça commence. » Ça, ou le festival de musique pour lequel la brune avait  tenté d’obtenir des places quelques mois plus tôt sans y parvenir. « Enfin si tu veux, sinon je trouverais bien quelqu’un pour nous débarrasser de ces deux bouts de papier … » Tentant de récupérer les deux billets il s’était heurté à la rapidité de réflexe de sa désormais copilote.

Sans doute par son côté purement station balnéaire totalement absent de Brisbane, Gold Coast avait ce petit air de vacances et de dépaysement qui n’était pas pour déplaire à Hassan ; Le lieu avait longtemps été un repère de ses années d’étudiants pour les journées plage ou les soirées feux de camps, les barbecues en pierre disséminés le long des plages terminant d'en faire le spot parfait. Paradis des surfeurs aussi, paraît-il, mais de cela en revanche le brun se contentait de croire les adeptes sur parole sans songer ne serait-ce qu’un instant à vérifier par lui-même. Se délectant du paysage encore quelques instants, il avait joué les girouettes pour le seul plaisir d’entendre Yasmine protester avec impatience « Arrête de me faire mariner je veux savoiiir ! » en arborant une mine boudeuse, et laissé échapper un rire avant de lui mettre les billets pour le festival sous le nez en attendant sagement sa réaction « Noon ? » L’empêchant de récupérer les deux bouts de papier avec autant de vigueur qu’un chiot avec un jouet neuf, elle avait claironné avec enthousiasme « Tu rêves ! » tandis qu’il proposait sans sérieux de s'en débarrasser auprès du premier venu. « Tu vas être obligé de m’accompagner là-bas maintenant ! C’est trop tard pour faire demi-tour. » La laissant se pendre à son cou pour embrasser sa joue, il avait de nouveau fait appel à ses talents de comédien pour soupirer avec exagération « Raaaah, quel sacrifice tu me demandes, c’est bien parce que c’est toi. » alors que Yasmine elle, se répandait à nouveau en questions « C’est vraiment trop cool ! Mais comment tu as fait pour avoir ces billets ? J’en ai cherché pendant des jours. Ça a du te coûter une fortune en plus ! Tu es fou ! » Arborant un air trop sérieux pour être honnête le brun avait dodeliné légèrement la tête « Mais je suis plein de ressources, qu’est-ce que tu crois ? » Mais ne souhaitant pas s’attribuer à tort les lauriers d’un simple – mais heureux – concours de circonstances il avait admis « Un élève de mon cours essayait de revendre les siennes pendant l’interclasse, la semaine dernière, une annulation de la personne qui devait l’accompagner je crois. » Et le malheur des uns faisait le bonheur des autres, comme on dit. « Bref, du coup il me les a vendues. Ça a d’ailleurs eu l’air de lui faire un drôle d’effet de réaliser que oui, les profs aussi ont une vie en dehors de leurs cours. » Et si Hassan se contentait de s’en amuser d'un ton narquois, c’est parce qu’il se souvenait parfaitement avoir raisonné de la même manière concernant ses propres professeurs, avant de passer de l’autre côté de la barrière. « Mais du coup, tadaam. » Sourire triomphant. Ils étaient là, et ils allaient pouvoir faire honneur à ces billets tombés du ciel comme s’ils avaient prévu de terminer dans la poche de Yasmine et Hassan en définitive. « On peut y aller quand ? C'est loin d'ici ? » Excitée comme une puce, la brune avait recommencé à questionner. « Par contre je te préviens ! À cause de tes cachotteries j'ai pas pu prendre ma panoplie de festival. Donc tu vas être obligé de me trouver des lunettes de soleil aussi cool que celles en forme de cœurs que tu m’as acheté la dernière fois. » Pouffant avec amusement, il avait laissé à nouveau glisser sur son nez ses propres lunettes de soleil « On devrait bien réussir à trouver ça en chemin. Et c'est sur l'ancien parklands, c’est à deux stations de métro d'ici mais j’étais pas sûr de trouver où me garer là-bas. » Et sa moto lui semblait plus en sécurité ici que là-bas, aussi. « Allez, en route mauvaise troupe. » avait-il en tout cas décrété pour qu’ils se mettent en marche et rejoignent le quai du métro aérien après avoir acheté chacun un aller-retour au guichet automatique. Bondée, la rame regorgeait de personnes dont l'accoutrement festif laissait supposer qu’ils se rendaient tous dans la même direction, et tâchant de ne pas perdre Yasmine dans la marée humaine descendue à bon port il avait désigné du doigt l’une des nombreuses cabanes éphémères alignées le long de la grande allée piétonne sur laquelle débouchait la sortie du métro. « Là, on devrait trouver de quoi se fondre un peu mieux dans le paysage. » Lunettes multicolores, tee-shirts à l'effigie du festival, peinture éphémère pour le visage, bijoux fantaisie et autres babioles débordaient en effet des stands. « Et je sens comme une odeur de hot-dog, là, alors après ça je propose une pause manger. Je crois que le coup d'envoi est à vingt heures trente, on est laaaarges ! » En attendant il craquerait probablement encore pour des frites, mais hey, ce n’était pas le bon jour pour être raisonnable. La laissant fouiner de son côté sur le stand, il s’était de son côté intéressé aux lunettes de soleil et en avait saisi une paire qu'il avait chaussé sur son nez, en lieu et place de celles qu’il portait jusque-là « De quoi j'ai l’air ? » avait-il alors questionné en se tournant vers Yasmine. D’un trentenaire arborant une paire de lunettes en forme d'ananas jaunes et bleus, probablement.

Y’avait quelque chose de festif dans l’ambiance qui se dégageait des rues, et cela même avant d’emprunter le métro et de débarquer là où la fête avait réellement lieu. La bonne humeur des gens était communicative et parvenait à réveiller même les bons instincts d’un Hassan pour qui cela ne relevait plus forcément de l'automatisme. Yasmine semblait avoir rajeuni de quelques années, elle, il suffisait de la voir s’exclamer avec candeur « Je veux tout ! » tandis qu’ils approchaient du stand censé leur permettre d’adopter une allure un peu plus en adéquation avec l’événement. Prospectant au milieu des articles avec un faux œil d’expert, l'esprit parfois un peu déconcentré par l’odeur de nourriture à ses yeux beaucoup plus capitale que n’importe quel article en plastique, il avait malgré tout attrapé une paire de lunettes fantaisie imposant ainsi deux ananas colorés sur son visage « Je crois bien que je ne t’ai jamais vu aussi beau. » Assurait la brune de son œil expert, avant de déposer sur sa joue un baiser qui l’avait laissé songeur un instant. Est-ce qu’il fallait y voir un indice, une preuve ? Est-ce que cela voulait dire quelque chose, ou alors rien du tout ? Est-ce que quelque chose avait changé, chez elle, chez lui ? « Et moi je suis belle ? » Chassant toutes ces questions de ses pensées en secouant la tête, Hassan avait laissé un nouveau sourire étirer ses lèvres et répondu d’un ton cérémonieux « La plus belle de toutes. » Continuant de fouiller malgré tout la jeune femme avait jeté son dévolu sur une autre paire plus soft – si des lunettes à étoiles roses fushia pouvaient être qualifiées de soft – tandis qu’Hassan décidait lui d’adopter définitivement ses ananas. Il serait toujours temps d’en faire cadeau à Ava lors de sa prochaine visite. Ajoutant à cela un kit de maquillage presque indispensable à la situation – oui oui – tous les deux avaient quitté le stand, Hassan rangeant son portefeuille lorsque Yasmine avait proposé « Puisque tu as payé les fournitures c’est moi qui t’offre le repas.» mais menant la marche avec candeur jusqu’aux stands de nourriture. Tandis que lui se réjouissait (et se délectait) de la présence de hot-dogs de volaille qui puissent convenir à son régime sans porc, la brune optait elle sans grande surprise pour une option entièrement sucrée, qui avait arraché à Hassan un « Je vois qu’on confond toujours faim et gourmandise, c’est du propre. » malicieux, comme si son hot-dog à lui ne relevait pas aussi de la pure gourmandise. À choisir il avait simplement toujours été plus salé que sucré, contrairement à elle. Acceptant en tout cas de tenir la pomme d’amour le temps qu’elle s’occupe des churros, ils s’étaient dirigés tranquillement vers les files d’attente permettant d’accéder aux scènes du festival, Yasmine justifiant « Je ne veux pas arriver en retard ! » avec impatience, et bien qu’ils ne l’étaient en réalité pas du tout. Il y avait quelque chose d’attendrissant à la voir aussi impatiente, quelque chose qui avait arraché à Hassan un sourire que la jeune femme lui avait rendu sans la moindre idée de ce qu’il avait dans la tête.

Patientant au final moins longtemps que ce que le brun se serait imaginé, il avait piqué un churros dans le cornet de Yasmine en la voyant caler un peu, et après s’être débarrassés de leurs déchets et avoir été vaguement fouillés par un vigile ils avaient enfin pu rentrer, Hassan se laissant entraîner sans résistance par la jeune femme vers le milieu d’une foule déjà compacte, tandis que sur scène quelques derniers techniciens vérifiaient que tout était à sa place. « Dire qu’à une époque je voulais être une rock star. Ça aurait presque pu être moi sur cette scène ! » Sourire amusé sur les lèvres, Hassan avait penché la tête sur le côté et fait mine de prendre un air boudeur « Tu m’aurais filé un accès backstage à tes concerts, j’espère ? Et des photos dédicacées. » Faisons un instant comme si des photos de Yasmine Hassan n’en possédait déjà pas des tas, voulez-vous. « Mais oui j’ai vaguement souvenir de t’entendre t’égosiller dans ta brosse à cheveux en sautant sur ton lit, fut un temps. Qui sait, il n’est peut-être pas encore trop tard pour une reconversion … » Ricanant de bon cœur, il s’était souvenu du maquillage acheté avant qu’ils ne fassent une pause nourriture, et récupérant le kit dans la poche intérieure de son blouson il avait reposé sur la brune un regard espiègle « Viens-là, il est temps de te refaire une beauté. » Avec une satisfaction non dissimulée il avait utilisé les couleurs de la palette de maquillage pour dessiner un cœur sur la joue droite de Yasmine, puis un soleil sur sa joue gauche. « C’est du grand art, c’est dommage que tu ne puisses pas voir à quoi ça ressemble. » avait-il même eu l’audace de lui assurer, alors que l’un et l’autre connaissaient parfaitement l’absence de talent d’Hassan pour le dessin ou tout ce qui s’en rapprochait. « T’as gardé le programme qu’on nous a filé à l’entrée ? » Il venait de réaliser qu’il avait jeté le sien à la poubelle en même temps que le carton qui allait avec son hot-dog. « Y’a un des groupes programmés qui était chez ABC la semaine dernière, d’ailleurs, mais j’ai pas retenu leur nom … » Probablement parce qu’il n’avait pas vraiment écouté. « Mais bon, tu t’y connais probablement mieux que moi. » Lui se foutait un peu de la musique, s’il fallait être tout à fait honnête. Sa volonté en réussissant à récupérer ces billets et en amenant Yasmine ici, c’était avant tout de lui changer un peu les idées … Entre cet attentat sur le bateau de croisière, Qasim, les problèmes de santé d’Amjad et d’autres choses, la brune non plus n’avait pas eu des derniers mois faciles. Et lui-même avait suffisamment été une source d’inquiétude par le passé pour tenter de lui renvoyer l’ascenseur s’il le pouvait. Et malgré ça il n’avait jamais été aussi peu certain de ce qu’il apportait ou non à la jeune femme, lui lançant à de ces regards qui posaient plus de questions que les mots tandis que les premières notes de musiques retentissaient, pile à l’heure pour le soleil qui venait de passer derrière la scène pour commencer à se coucher.